Régulièrement engagée dans l’exploration de la littérature contemporaine de langue allemande, la revue Germanica a souhaité consacrer un numéro à la poésie, domaine qui se révèle particulièrement riche depuis les années 2000. Si ce paysage de la poésie contemporaine peut paraître aux yeux des uns comme « hétéroclite » et « embrouillé », alors que d’autres saluent, au contraire, l’« hétérogénéité réjouissante des écritures », c’est qu’il manque encore des travaux qui permettent de mieux s’orienter dans les productions les plus récentes, la recherche académique s’étant bien plus intéressée au roman ou au théâtre de ces deux dernières décennies qu’à la poésie. En cela, elle reflète la situation marginale qu’occupe la poésie dans le champ littéraire, le marché éditorial valorisant depuis longtemps la forme romanesque.
Or, la poésie est régulièrement évoquée et mise en avant dans les pages littéraires des grands journaux. Parmi les derniers événements largement commentés, on trouve l’attribution du prix Georg Büchner 2017 à Jan Wagner qui, en 2015, avait déjà été le premier poète lauréat du prix du Salon du livre de Leipzig. À cette époque, Roman Bucheli annonçait sous le titre « Les poètes arrivent » un intérêt croissant du public pour la poésie et une nouvelle vague poétique. En 2016, Die Zeit proclamait un nouveau « miracle poétique », en allusion au Fräuleinwunder, à l’occasion de la nomination d’un recueil de Marion Poschmann parmi les finalistes du Prix du salon du livre de Leipzi…