L’article témoigne des efforts d’un petit groupe d’enthousiastes qui, avec le soutien des pouvoirs publics et d’une chambre de commerce, rêvent de transformer les 35000 étudiants d’une Université, toutes disciplines confondues, en « entrepreneurs ».
Le projet a, en lui-même, quelque chose de surréaliste qui le rend sympathique, même si l’on n’est pas convaincu a priori du fait qu’il soit souhaitable (et faisable) de transformer tous les étudiants du premier cycle en adeptes de l’entreprise de soi, même si l’on n’est pas convaincu que l’on puisse (ni que l’on doive) instiller à tout le monde des dispositions psychologiques à entreprendre selon un dispositif pédagogique de masse standardisé et médiatisé par un site internet, des brochures et autres gadgets.
Mais laissons là la discussion des intentions, qui sont affaire de préférences individuelles, pour nous attacher à l’examen de la démarche de mise en œuvre.
Cette démarche est-elle adaptée à son objet ? Et puisqu’il s’agit de former de futurs « entrepreneurs », est-elle exemplaire du point de vue des critères usuels de la bonne gestion d’une entreprise, à savoir la pertinence, l’efficience et l’efficacité ? Autrement dit, les promoteurs de l’esprit d’entreprise sont-ils eux-mêmes en état de monter une entreprise qui marche, dans des délais raisonnables et avec des ressources ? Y a-t-il adéquation entre leurs dispositions personnelles, la théorie de la gestion de projet dont ils sont équipés, les ressources dont ils disposent, les alliés dont ils peuvent s’entourer, les forces antagonistes qu’ils doivent surmonter et le projet qu’ils ambitionnent de mener à bien …