Notes
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[1]
Les études de Barros et al. (2013), Boubaker et al. 2015) et Labégorre et Boubaker (2015) traitent de la divulgation volontaire d’informations dans le contexte français.
1 – Introduction
1Les activités de recherche et développement (R&D) sont considérées comme l’une des forces motrices de la croissance économique de l’entreprise. Kamien et Schwartz (1975) montrent, en effet, que la croissance, le développement et la capacité à créer de la valeur des entreprises sont étroitement liés à la capacité d’« innovation ». Les théories de la croissance endogène expliquent davantage l’importance du rôle de la R&D. Elles considèrent que la contribution de la R&D à l’accroissement de la productivité des entreprises peut se faire par l’élargissement de la gamme des produits vendus ou encore par l’amélioration de la qualité des produits existants (Romer, 1990 ; Aghion et Howitt, 1998). Il semble donc y avoir un consensus sur l’importance de la R&D dans la croissance des organisations.
2La communication financière est considérée comme un domaine de recherche important qui a attiré de nombreux chercheurs en comptabilité depuis quelques décennies (Huafang et Jianguo, 2007). Certes, la divulgation volontaire d’information sur la R&D est essentielle pour une meilleure évaluation de l’entreprise et pour attirer davantage les investisseurs potentiels, cependant il est intéressant de s’interroger sur les facteurs qui poussent certains dirigeants à initier ce type de divulgation. Cette étude s’intéresse particulièrement au rôle des mécanismes d’actionnariat dans le choix d’informer le marché sur les activités de R&D.
3Le choix de diffuser des informations au-delà des exigences légales et règlementaires est justifié par des considérations d’agence qui reposent sur l’idée qu’il existe des conflits d’intérêts entre actionnaires et dirigeants mais également entre actionnaires majoritaires et minoritaires (Jensen et Meckling, 1976). [1] Deux hypothèses théoriques contradictoires expliquent la relation entre la structure de propriété, et plus particulièrement, la concentration d’actionnariat et la divulgation volontaire. La thèse de l’alignement et la thèse de l’expropriation. L’hypothèse de l’alignement des intérêts suppose que les actionnaires contrôleurs représentent un gage de sécurité pour les actionnaires minoritaires et peuvent être amenés à diffuser volontairement des informations financières étant donné que les gains résultants d’une telle action leur reviennent en grande partie (Shleifer et Vishny, 1997). Alors que la thèse d’expropriation des minoritaires stipule qu’en raison des conflits entre actionnaires contrôleurs et minoritaires, les premiers auront tendance à retenir l’information en interne et à utiliser cet avantage informationnel pour en extraire des bénéfices privés.
4Cette étude se focalise sur la divulgation volontaire d’information sur les activités de R&D, une composante essentielle pour la création de valeur et le choix d’investissement. Elle examine plus particulièrement l’effet de la structure de propriété sur la divulgation volontaire d’informations relatives à ces activités. Le choix d’opter pour cette composante est aussi motivé par la rareté des recherches qui explorent les déterminants de la divulgation volontaire d’informations sur les activités R&D dans les rapports annuels. Les résultats empiriques existants concernant les variables de gouvernance d’entreprise sont très limités dans ce domaine et peu concluants (Nor et al. 2010 ; Nekhili et al, 2012 et 2015).
5Notre étude contribue à la littérature antérieure à plusieurs égards. Elle mobilise un corpus théorique adapté aux spécificités du contexte français caractérisé par une forte concentration de son actionnariat et une faible protection des intérêts des minoritaires. Par ailleurs, notre étude vient combler les limites des études antérieures. En effet, la majorité des études de la divulgation volontaire se limitent à une seule année (par exemple Entwistle, 1999 ; Jones, 2007) et ne peuvent aider à explorer la divulgation d’information volontaire sur les activités R&D dans le temps. En outre, certaines études se focalisent sur les activités R&D dans des secteurs à forte intensité en R&D (Jones, 2007), par conséquent, les résultats de ces études ne peuvent être généralisés à d’autres secteurs. De plus, notre étude construit un indice qui mesure la divulgation d’information sur les activités de R&D dans les rapports annuels. Cet indice repose sur celui de Botosan (1997) et est inspiré des travaux de Entwistle (1999), Ding et al. (2004) et Jones (2007). Il est calculé suite à l’examen du contenu des rapports annuels des entreprises françaises pour identifier les informations de R&D qui sont spécifiques au pays étudié.
6Notre étude examine un échantillon de 341 entreprises françaises cotées sur une période de 12 ans allant de 2001 à 2012 (4092 observations). Sur la base de régressions en données de panel, les résultats montrent que la concentration de la propriété et du vote a tendance à réduire le niveau de divulgation volontaire d’information sur la R&D. Ce résultat est plus fort en présence d’une famille parmi les actionnaires contrôleurs et lorsque l’écart entre les droits de propriété et les droits de vote est élevé. Ces résultats valident l’hypothèse de l’expropriation des actionnaires minoritaires surtout dans un environnement qui ne protège suffisamment pas les intérêts de ces derniers. En effet, les actionnaires contrôleurs peuvent utiliser leur avantage informationnel pour en extraire des bénéfices privés au détriment des intérêts des actionnaires minoritaires.
7Ce papier est organisé comme suit. La deuxième section développe les hypothèses relatives à la relation entre la concentration de propriété et la divulgation d’information volontaire sur les activités de R&D. La troisième section présente la méthodologie de recherche y compris l’échantillon, le mode de collecte des données, la procédure de constitutions de l’indice. La quatrième section présente les résultats et la discussion. La dernière section conclut le papier.
2 – Revue de la littérature et développement des hypothèses
8Les investissements en R&D sont des activités importantes qui affectent de manière significative la productivité, la performance et la valeur des entreprises. L’information liée aux activités de R&D est pertinente pour tous les protagonistes sur le marché financier. Par conséquent, la divulgation d’information sur les activités de R&D est nécessaire pour communiquer sur les efforts des managers et pour nourrir le marché en information nécessaire aux investisseurs afin qu’ils puissent en toute connaissance de cause former un jugement sur les entreprises cotées sur le marché boursier.
9La structure de propriété est un facteur déterminant des choix stratégiques de l’entreprise, et par conséquent de sa performance. La littérature dans ce domaine est majoritairement réalisée dans le contexte américain, caractérisé par des entreprises à propriété diffuse. Par contre, l’actionnariat en Europe et plus précisément en France est caractérisé par une forte concentration. Faccio et Lang, (2002), en analysant plus de 5000 sociétés européennes, trouvent par exemple que la propriété est concentrée dans plus de 63% des entreprises de l’échantillon. Dans une autre étude effectuée sur un échantillon de 510 entreprises françaises cotées pendant la période 1998-2000, Boubaker (2007) montre que près de 94,5% des entreprises sont contrôlées à un seuil minimum de 10%. L’actionnaire contrôleur utilise différents moyens pour asseoir son pouvoir sur l’entreprise : structures pyramidales, actions à droit de vote double, participations croisées, etc. (Boubaker et Labégorre (2008, 2009)). Il semble donc, qu’en Europe, le conflit qui est censé opposer les actionnaires aux dirigeants n’est pas aussi important que celui opposant actionnaires contrôleurs aux actionnaires minoritaires. Les différentes formes de structure de propriété ont beaucoup attiré l’attention des chercheurs. Ces derniers ont examiné l’influence de la structure d’actionnariat sur la performance (Rajaa et Paquerot, 1999), la liquidité des titres (Ginglinger et Hamon, 2007), le retrait de la cote (Belkhir et al. (2013) et Boubaker et al. (2014)), la maturité de la dette (Ben-Nasr et al., 2015), le choix de la dette (Boubaker et al. (2017), la détention de cash (Boubaker, Derouiche et Lasfer, 2015), et la communication financière des entreprises (Labelle et Schatt, 2005).
10Nous nous proposons d’étudier l’effet de la présence d’actionnaires contrôleurs, de l’écart propriété et vote, et de la présence de famille sur la divulgation des informations sur la R&D.
2.1 – La Concentration de l’actionnariat
11La structure d’actionnariat des sociétés françaises est concentrée (Broye et Schatt, 2003, Faccio et Lang, 2002 ; La Porta et al. 1999). La France se caractérise également par une faible protection des actionnaires relativement aux pays de droit coutumier. Dans ce contexte, Charreaux (2006) affirme que récemment et au vu de la prédominance des structures concentrées au niveau international, le débat sur la théorie de l’agence s’est légèrement déplacé vers les rapports entre les actionnaires dominants et les petits porteurs de capitaux. Claessens et al. (2002) suggèrent que la prédominance de cette structure de propriété dans la plupart des pays doit imposer son ampleur sur les systèmes de gouvernance des entreprises. Ainsi, la concentration du capital est un élément favorable à l’exercice d’un contrôle efficace par les actionnaires (Agrawal, et Knoeber, 1996 ; Bethel et al. 1998).
12Plusieurs études ont porté sur la relation entre la concentration de la propriété et la qualité de la divulgation de l’information financière (Chau et Gray, 2002 ; Eng et Mak, 2003 ; Lakhal, 2006 ; etc.). L’étude de la relation entre la concentration de propriété et la divulgation volontaire repose sur deux hypothèses théoriques. La première est celle de l’alignement des intérêts. Celle-ci suppose que les actionnaires contrôleurs représentent un gage de sécurité pour les actionnaires minoritaires et peuvent être amenés à diffuser l’information étant donné que les une grande partie gains résultants d’une telle action leur reviennent (Shleifer et Vishny, 1997). Ils pourront ainsi tirer bénéfice de la divulgation d’information volontaire sur les activités de R&D pour une meilleure évaluation de l’entreprise sur le marché. Dans leur étude sur les sociétés Malaisiennes cotées, Haniffa et Cooke (2002) montrent une relation positive significative entre la proportion d’actions détenues par les dix premiers actionnaires et le niveau de divulgation volontaire. Xiao et Yuan (2007) montrent que la divulgation volontaire augmente lorsque la propriété des détenteurs de blocks dans les entreprises augmente. Lim et al. (2007) confirment ce constat pour les entreprises australiennes.
13L’hypothèse théorique alternative est celle de l’expropriation des actionnaires minoritaires qui stipule qu’en raison des conflits entre les actionnaires contrôleurs et les actionnaires minoritaires, les premiers ont tendance à retenir l’information et à utiliser cet avantage informationnel pour en extraire des bénéfices privés. Banghoj et Plenborg (2008) font valoir qu’un niveau plus élevé de concentration de la propriété est associé à moins d’informations volontaires, puisque les actionnaires contrôleurs ont le privilège d’obtenir ces informations. En se basant sur un échantillon de 207 entreprises françaises cotées sur la période 1998-2001, Lakhal (2006) montre également une relation négative entre la concentration de la propriété et la divulgation volontaire des résultats.
14Les résultats provenant des études empiriques révèlent ainsi une relation négative et significative entre la concentration de la propriété et la divulgation volontaire d’information par les entreprises confirmant la thèse de l’expropriation des actionnaires minoritaires (Garcia-Meca et Sanchez-Ballesta, 2010). Cependant, d’autres résultats empiriques indiquent une relation positive entre la concentration de la propriété et niveau de divulgation volontaire d’information par les entreprises confirmant la thèse de l’alignement des intérêts (Huafang et Jianguo, 2007). Li et al. (2012) suggèrent que l’amélioration de la divulgation volontaire sur le capital intellectuel est moins probable dans les entreprises à concentration de la propriété élevée. Ils soutiennent l’hypothèse théorique de l’expropriation par les actionnaires contrôleurs des intérêts des actionnaires minoritaires. Au meilleur de notre connaissance, aucune étude empirique n’a confirmé l’existence d’une relation entre la concentration de la propriété et la divulgation d’informations volontaires liées aux activités R&D dans les rapports annuels (Nekhili et al. 2012 ; Abdelbadi et Elshandidy, 2013 ; Nekhili et al. 2015)
15Sur la base de la discussion précédente, la concentration de la propriété est à l’origine de conflits d’intérêts entre actionnaires contrôleurs et minoritaires. Ces conflits sont exacerbés dans un environnement caractérisé par une faible protection des actionnaires minoritaires. Les actionnaires contrôleurs dans ce contexte ont tendance à exproprier les actionnaires minoritaires et à retenir les informations en interne sans les partager avec eux. Par conséquent, l’hypothèse de l’expropriation des actionnaires minoritaires suggère que la concentration de la propriété diminue la probabilité de divulguer volontairement plus d’information sur les activités de R&D dans les rapports annuels des entreprises françaises. Nous formulons ainsi l’hypothèse suivante :
16H1 : Il existe une relation négative entre la concentration de la propriété et le niveau de divulgation volontaire d’information dans les rapports annuels sur les activités de R&D.
2.2 – La Séparation entre droits de vote et droits de propriété
17La Porta et al. (1999) soulignent l’importance de la concentration de l’actionnariat dans les pays de l’Europe continentale et de l’Asie de l’est. Dans ces pays, les entreprises sont largement dominées par des actionnaires contrôleurs, qui détiennent des droits de vote en excès par rapport aux droits de propriété. Plusieurs mécanismes permettent aux actionnaires contrôleurs de séparer les droits de propriété des droits de contrôle et d’accroître, par conséquent, leur pouvoir. Il s’agit principalement des classes d’actions assorties de droits de vote différenciés, des structures pyramidales et des participations croisées. Ces mécanismes permettent aux actionnaires de contrôle de dominer une entreprise en ne détenant qu’une fraction relativement faible du capital.
18Lorsque l’actionnariat est concentré entre les mains des actionnaires contrôleurs, ces derniers détiennent souvent un pourcentage élevé des droits de vote qui excède leurs droits aux flux financiers. De ce fait, ils créent une situation qui leur est favorable en renforçant leur pouvoir tout en minimisant leur participation au capital par la création de droits de vote multiples et par la mise en place de structures pyramidales. Bebchuk et al. (2000) montrent que la séparation entre la propriété et le contrôle, amplifie significativement les coûts d’agence dus principalement aux décisions non optimales prises par les actionnaires contrôleurs. Lorsque cette séparation augmente, l’actionnaire contrôleur s’enracine davantage et assume de moins en moins les conséquences de ses décisions (thèse d’expropriation). Par ailleurs, en présence d’un écart entre droits de votre et droits de propriété, les actionnaires contrôleurs sont plus incités à exproprier les petits porteurs et ont moins d’incitation à la divulgation volontaire d’information. Par conséquent, les entreprises ayant une forte dissociation entre les droits de vote et les droits de flux de financier sont moins susceptibles de fournir volontairement des informations au marché sur l’entreprise. Le non-respect de la règle « une action, une voix » en France à travers les droits de vote double par exemple, confirme la faible protection des investisseurs en France (La Porta et al. 2000) et donne des droits de votes pour les actionnaires contrôleurs en excès de leurs droits aux flux financiers (Fan et Wong, 2005). La théorie de l’agence soutient que le problème résultant de l’absence de convergence entre les intérêts des actionnaires de contrôle et ceux des investisseurs minoritaires est amplifié quand il y a un écart entre les droits de contrôle et les droits aux flux financiers (Liu et Magnan, 2011). Schmid (2009) observe que la déviation du contrôle de la propriété est associée à un comportement plus égoïste par l’actionnaire contrôleur. Claessens et al. (2002) montrent que la valeur des entreprises baisse avec la séparation entre les droits de contrôle et les droits de propriété. Ils expliquent ce résultat par l’incitation élevée à l’expropriation et l’enracinement induit par ce type de propriété. Dans le même esprit, Lin et al. (2013) constatent que les investisseurs financiers évitent les entreprises contrôlées par un actionnaire qui possède des droits de contrôle au-delà des droits de la propriété, puisque ces entreprises souffrent de graves problèmes d’agence. L’impact de l’écart propriété-vote sur la divulgation volontaire d’information a fait l’objet de rares études alors que celui sur la divulgation des informations sur les activités de R&D n’a pas été jusqu’à présent exploré. Étudiant les pays de l’Asie de l’est, Fan et Wong (2002) montrent que la séparation des droits de vote et des droits de propriété accentue l’expropriation des actionnaires minoritaires par les actionnaires contrôleurs et conduit à une moindre qualité des résultats. Liu et Sun (2010) ont trouvé une relation négative entre la présence d’un actionnaire contrôleur et la qualité de la divulgation d’information par des entreprises. Cette relation est d’autant plus forte que la déviation entre les droits de propriété et les droits de vote est élevée. Plus récemment, Tinaikar (2014) se concentre sur la relation entre la structure de propriété et la divulgation d’information sur les mécanismes de rémunération des dirigeants. Ils trouvent que l’écart propriété vote est lié à de faibles niveaux de divulgation. D’après ce qui précède, nous pouvons conclure que la séparation entre les droits de vote et les droits de propriété amplifie les problèmes d’agence entre les actionnaires contrôleurs et les actionnaires minoritaires et engendre un enracinement de l’actionnaire contrôleur. Par ailleurs, la thèse d’expropriation est renforcée par un pouvoir exacerbé des actionnaires contrôleurs, ce qui nous amène à émettre l’hypothèse suivante :
19H2 : Il existe une relation négative entre la séparation entre les droits de vote et les droits de flux financiers et le niveau de divulgation d’information volontaire sur les activités de R&D.
2.3 – L’actionnariat familial
20On parle d’un actionnariat familial lorsque le fondateur ou les descendants de la famille fondatrice continuent à occuper des postes de direction et sont détenteurs des blocs d’actions (Burkart et al. 2003). La propriété familiale se caractérise par une concentration de la propriété, une faible diversification, un long horizon de placement et une rétention de postes clés de direction (Morck et al. 1988). Masulis et al. (2011) montrent que la disponibilité limitée des capitaux et le faible développement des marchés boursiers dans certains pays sont des raisons pour la formation de groupes d’entreprises familiales. Les recherches académiques montrent que la propriété des firmes en Europe continentale est principalement concentrée entre les mains de familles (La Porta et al, 1998). Le lien entre la propriété familiale et la divulgation d’information volontaire peut être expliquée par deux hypothèses théoriques : L’expropriation et l’alignement des d’intérêts. Selon la thèse de l’expropriation, les familles contrôleurs ont tendance à exproprier la richesse des actionnaires minoritaires. Masulis et al. (2011) dans un contexte international affirment que les entreprises familiales sont soumises à des problèmes d’agence surtout dans les pays qui protègent mal les actionnaires minoritaires. Burkart et al. (2003) affirment que la famille contrôleur utilise tout son pouvoir dans les entreprises familiales afin d’exproprier la richesse des actionnaires minoritaires à travers, à titre d’exemple, des rémunérations excessives, des transactions avec les parties liées et des dividendes spéciaux. Les auteurs affirment aussi que l’expropriation de la famille est plus élevée dans les pays avec une faible protection des actionnaires. Claessens et al. (2002) trouvent que le contrôle familial est associé à une réduction de la performance des entreprises asiatiques lorsque les intérêts de la famille et celui des actionnaires minoritaires ne sont pas parfaitement alignés et lorsque la famille profite de bénéfices privés au détriment des actionnaires minoritaires. Vue sous cet angle, la présence de familles a tendance à réduire le niveau de divulgation volontaire d’information. En effet, les familles contrôlent l’accès à une large gamme d’informations, et sont donc peu enclines à divulguer des informations au-delà des exigences obligatoires. Chau et Gray (2002) constatent que les entreprises familiales sont moins soumises à des demandes de divulgation de l’information, par rapport à leurs homologues non familiales. Ho et Wong (2011) trouvent à une relation négative entre l’actionnariat familial et la divulgation d’information volontaire dans les rapports annuels des entreprises à Hong Kong. Ashiq et al. (2007) ont également examiné l’effet de la propriété familiale sur la publication d’information volontaire, et ont constaté que le niveau de divulgation d’information volontaire des entreprises familiales est inférieur à celui des entreprises non-familiales. La thèse de l’alignement quant à elle repose sur le fait que les intérêts des familles et celui des actionnaires minoritaires sont alignés en raison des blocs d’actions détenues par les membres de la famille et de leur présence à long terme au sein de l’entreprise. L’effet d’alignement implique que la propriété concentrée créé une plus grande surveillance par les actionnaires contrôleurs (Shleifer et Vishny, 1997), ce qui suggère que le contrôle des familles pourrait inciter à mieux surveiller les entreprises. D’après cette thèse, les familles ne sont pas susceptibles d’exproprier la richesse des actionnaires minoritaires et de tirer des avantages privés au détriment des intérêts de ces derniers. Ces familles ont de fortes incitations à créer une réputation à long terme et de léguer leurs entreprises à leurs descendants. Par ailleurs, les familles sont également soucieuses de la performance à long terme de leur entreprise (Ball et Shivakumar, 2005). Selon Chen et Jaggi (2006), les propriétaires de la famille font un meilleur suivi des actions de gestion et souffrent moins de l’asymétrie d’information. Ils sont ainsi amenés à ne pas retenir les informations en interne pour une meilleure évaluation de l’entreprise sur le marché et une protection de la réputation de l’entreprise. Eu égard de la divulgation volontaire sur les activités de R&D, Nekhili et al. (2012) trouvent une relation négative entre la présence des familles et la divulgation d’informations sur les activités de R&D. Ces résultats soutiennent l’hypothèse théorique de l’expropriation des actionnaires minoritaires.
21D’une façon générale, le paysage des entreprises françaises est dominé par des entreprises familiales à propriété concentrée (LaPorta et al. 1999). Ces entreprises souffrent de conflits entre actionnaires contrôleurs (les familles) et actionnaires minoritaires qui sont exacerbés par la faible protection des intérêts des minoritaires. Les familles ont un accès privilégié à l’information et sont donc peu motivées par sa diffusion en externe, ce qui nous conduit à formuler l’hypothèse que :
22H3 : Il existe une relation négative entre la propriété familiale et le niveau de divulgation volontaire d’information concernant les activités de R&D.
3 – Echantillon et Méthodologie
3.1 – Échantillon et collecte des données
23L’étude s’est basée sur toutes les sociétés françaises cotées appartenant à l’indice CAC All Shares. Cet échantillon a cependant subi plusieurs restrictions. En effet, nous avons écarté les entreprises n’ayant pas fait l’objet d’une cotation permanente sur les 12 années d’étude retenues, soit de 2001 à 2012. De même, nous avons éliminé les entreprises du secteur financier à savoir les banques, établissements de crédit, sociétés de financement, et les compagnies d’assurances, compte tenu de leurs caractéristiques financières et comptables spécifiques. Ces restrictions ramènent notre échantillon final à 341 entreprises, soit un échantillon global entreprises-années de 4092 observations. Le tableau 1 retrace la procédure de sélection de notre échantillon final.
Procédure de sélection de l’échantillon
Critère de sélection | Nombre de sociétés |
---|---|
Entreprises françaises cotées CAC ALL SHARES | 515 |
| 42 |
| 82 |
| 35 |
Échantillon total | 341 |
Observations retenues (2001-2012) | 4092 |
Procédure de sélection de l’échantillon
24La collecte de données relatives à la divulgation volontaire d’information concernant les activités de R&D, aux mécanismes de gouvernance et aux caractéristiques du conseil d’administration s’est effectuée à partir d’un dépouillement manuel des rapports annuels des sociétés françaises cotées.
25Ces rapports ont été téléchargés auprès du site web de l’Autorité du Marché Financier (AMF) et à partir des sites web des entreprises françaises sur une période allant de 2001 à 2012. Les informations comptables et financières nécessaires pour la mesure des variables de contrôle ont été extraites de la base de données Thomson One Banker.
3.2 – Méthodologie
26Nous rappelons que l’objet de cette étude est de tester l’effet de la concentration de l’actionnariat sur le niveau de divulgation volontaire d’information concernant les activités de R&D dans les rapports annuels. À cet effet, nous présentons dans un premier temps, la variable dépendante, celle de la divulgation volontaire d’information et les variables indépendantes, celles de la concentration de l’actionnariat. Par ailleurs, comme la divulgation volontaire n’est pas uniquement déterminée par des facteurs de gouvernance, nous allons faire un état des variables communément utilisées dans la littérature pour avoir une influence sur la divulgation volontaire. Il s’agit des variables de contrôle que nous proposons d’étayer dans un second temps. Enfin, nous exposons notre modèle économétrique et les tests réalisés.
3.2.1 – L’indice de divulgation volontaire d’information sur les activités de R&D
27Le niveau de la divulgation volontaire d’information concernant les activités de R&D est mesuré par un indice de divulgation. Cet indice est basé sur un certain nombre d’études en la matière.
28L’indice retenu est élaboré à partir d’une liste d’items inspirée des travaux d’Entwistle (1999), Ding et al. (2004) et de Jones (2007). Cette liste est composée de 37 items.
29Le score de divulgation volontaire d’information relatif aux activités de R&D est calculé pour chaque entreprise sur la période allant de 2001 à 2012. Il est égal à la somme des points obtenus par les items volontairement inclus dans le rapport annuel de l’entreprise. À l’instar de Cooke (1989), nous avons opté pour un score non pondéré. En effet, chaque item présent dans le rapport annuel prend la valeur de 1 et ce, afin d’éviter toute subjectivité dans notre analyse.
30Cependant, un tel score présente un inconvénient majeur. Il ne donne qu’une simple mesure de l’étendue de la diffusion d’informations volontaires. Un score relatif est donc calculé pour distinguer la non-diffusion d’un item de sa non-pertinence pour une entreprise donnée (Moore et Buzby, 1972). Le score relatif est le rapport entre le score réel qui n’est autre que l’agrégation des points obtenus par chaque item effectivement validé à la lecture du rapport annuel et le score total des items étudiés (37 items). Le score réel est préalablement calculé en évaluant la fréquence de chaque item selon une lecture dichotomique (1/0) du rapport annuel. Une lecture dichotomique suit des règles précises permettant l’évaluation de la fréquence de chaque item.
31Le score est ainsi calculé par l’intermédiaire de la formule suivante :
33avec
34n = le score total
35xij = 1 (0) si l’élément d’information i est publié (non publié) par l’entreprise j
36Sj = est le score réel de l’entreprise j.
37Afin de mesurer le niveau de divulgation volontaire des informations concernant l’activité de R&D, nous nous sommes basés sur le score de divulgation proposé par Botosan (1997). Ce score mesure le niveau global de la communication comme la somme des scores obtenus par les cinq catégories d’informations qui comprennent (1) des informations actuelles et futures sur les dépenses, (2) les résultats opérationnels, (3) les résultats commerciaux, (4) des informations sur la comptabilité, la budgétisation et (5) la stratégie. Toutes ces catégories sont utilisées à des degrés divers dans Entwistle (1999), Ding et al. (2004) et Jones (2007).
38Le score de divulgation volontaire d’information sur les activités de R&D, à partir duquel nous avons compilé une liste d’items utiles pour l’évaluation de ces activités (37 items) est reparti de la manière suivante : 10 items pour les informations actuelles et futures sur les dépenses, 9 items pour les résultats opérationnels, 9 items pour les résultats commerciaux, 4 items pour la comptabilisation des dépenses de R&D, 2 items pour le financement de ces activités et enfin 3 items pour la stratégie R&D.
39L’annexe A présente la liste des items retenus pour le calcul des scores de divulgation volontaire d’information sur les activités de R&D ainsi que la fréquence de chacun des items constituant l’indice dans l’échantillon global. Le panel A englobe les items sur les dépenses de la R&D. L’item le plus représenté dans cette catégorie est les dépenses de R&D par unité de recherche, à raison de 30,88%, suivi de près par le nombre d’employés dans les programmes de R&D pour une proportion de 30,58%. La proportion la plus faible concerne l’item infrastructure de R&D publié par seulement 33 entreprises de l’échantillon global, représentant une proportion de 9,7%. L’item relatif à la comparaison du budget à la concurrence est présent dans 10,58% des rapports annuels. En effet, ces informations sont d’ordre stratégique et les concurrents sont susceptibles de les utiliser en leur faveur. De plus, ce type d’information nécessite une étude du marché de la concurrence pour identifier les budgets engagés dans les projets entamés, ce qui peut s’avérer couteux pour l’entreprise.
40Le panel B est dédié aux items relatifs aux résultats opérationnels de l’activité R&D. Une grande majorité des entreprises, soit un pourcentage de 88,52% divulgue des informations sur la satisfaction des clients. Ceci est évident étant donné que les entreprises ont tendance à mettre en avant les avantages de leurs projets pour une meilleure évaluation de leurs entreprises sur le marché, et pour attirer les investisseurs potentiels. Nous constatons également que les informations concernant les réunions avec les analystes financiers sont très peu divulguées (12,05%). Pareillement pour les informations sur la description de la propriété des innovations réalisées par l’entreprise, celles-ci sont présentes dans 13,11% des cas et ce, en raison de la confidentialité liée à ce type d’informations concernant les nouveaux projets.
41Pour ce qui est des items relatifs aux résultats commerciaux des activités de R&D, le panel C montre que plus que la moitié des entreprises de notre échantillon ont tendance à divulguer des informations sur les gains et le renforcement des parts de marché de l’entreprise qui peuvent être attribuables aux activités de R&D, soit 59,7%. Par ailleurs, les entreprises diffusent des informations sur les nouvelles commandes et les nouveaux marchés obtenus à raison de 47,05%. Ces informations sont en faveur d’une valorisation de l’entreprise sur le marché. Celle-ci pourrait prétendre lever des capitaux sur le marché grâce à ses perspectives d’avenir favorables.
42Les panels D et E englobent des items sur l’activation des dépenses de R&D ainsi que sur le mode de financement de ces dépenses. Il est à noter que les entreprises divulguent très peu d’informations sur les modes d’activation de ces dépenses, leurs modes d’amortissement ainsi que le financement de ces activités autre que par les dettes. En effet, avant l’introduction des normes IFRS, l’activation de ces dépenses étaient à la discrétion des dirigeants. Suite à l’adoption de ces normes, il semble que les entreprises continuent de diffuser volontairement peu d’informations sur ce type de dépenses.
43Les items liés à la stratégie englobent la précision des types des activités de R&D engagées, la description des programmes de R&D et les objectifs de l’activité de R&D. Ces items sont faiblement représentés avec des proportions respectives de 27,5%, 25% et 12,35%, respectivement. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que ces informations stratégiques sur les activités de R&D fournissent beaucoup d’informations aux concurrents, mais sont inéluctables pour une meilleure appréciation de la valeur de l’entreprise.
3.2.2 – Les variables indépendantes
44Les variables indépendantes incluent des mesures de concentration d’actionnariat, de la séparation entre les droits de propriété et les droits de vote et la structure familiale. Nous avons utilisé deux mesures de concentration de propriété. L’indice de Herfindahl de la concentration de la propriété. Il correspond à la somme des carrés des pourcentages d’actions détenues par les deux actionnaires les plus importants. Nous mesurons également la concentration par le pourcentage de votes détenus par le premier et le second actionnaire contrôleur.
45La dissociation entre propriété et contrôle de l’actionnaire contrôleur est mesurée par la différence entre les droits de vote de ce dernier et de ses droits au cash-flow divisée par ses droits au cash-flow. L’actionnariat familial est mesurée par une variable muette égale à 1 si la famille détient la majorité des actions et à 0 sinon.
3.2.3 – Les variables de contrôle
46La revue de la littérature montre l’existence de plusieurs facteurs qui peuvent influencer la divulgation volontaire d’informations concernant les activités de R&D et améliorer ainsi la validité des résultats.
47La Taille de l’entreprise : Watts et Zimmerman (1990) affirment que les grandes entreprises ont plus tendance à divulguer plus d’informations pour éviter les pressions politiques. Les grandes entreprises sont attirent plus l’attention des analystes financiers et offrent de ce fait plus d’informations au marché (Hussainey et Al-Najjar, 2011). Par rapport aux petites entreprises, les grandes firmes divulguent plus d’informations d’une manière volontaire en raison de leur capacité à couvrir le coût de la divulgation et à répondre à la demande accrue de l’information par les différentes parties prenantes (Hossain et al. 2005). Un nombre important d’études trouvent une association positive entre la taille des entreprises et l’étendue de la divulgation volontaire d’information dans les rapports annuels (Ho et Wong, 2001 ; Eng et Mak, 2003 ; Gul et Leung, 2004 ; Hossain et al. 2005 ; Lim et al, 2007). En outre, Jones (2007) et Abdelbadie et Elshandidy (2013) constatent une association positive entre la taille de l’entreprise et la divulgation d’information sur les activités de R&D. Nous mesurons la taille de l’entreprise en utilisant le logarithme népérien de l’actif total et anticipons un lien positif entre la taille de l’entreprise et le niveau de divulgation volontaire sur les activités de R&D.
48La performance de l’entreprise : Les entreprises rentables peuvent être incitées à divulguer plus d’informations d’une manière volontaire, afin de communiquer leur bonne performance aux investisseurs et dans le but de lever plus de capitaux dans des meilleurs conditions sur le marché financier (Meek et al. 1995). Cependant, Ho et Wong (2001) et Eng et Mak (2003) ne trouvent aucune relation significative entre la rentabilité des actifs et le niveau de divulgation volontaire d’information. En ce qui concerne les informations sur les activités de R&D, Lim et al. (2007) fournissent la preuve empirique que la rentabilité a un impact sur les informations financières publiées liées aux activités de R&D. En outre, Li et al. (2008) suggèrent que la rentabilité peut être considérée comme le gain des investissements continus dans le capital intellectuel, ce qui pousse les dirigeants à divulguer plus d’informations pour signaler l’importance de leurs décisions d’investissement. La performance de l’entreprise est mesurée par le rendement des actifs. Nous prévoyons l’existence d’un lien positif ente cette variable et le niveau de divulgation volontaire sur les activités de R&D.
49L’endettement : Plusieurs études empiriques ont utilisé l’endettement en tant que déterminant de l’étendue de la divulgation volontaire d’information des entreprises. Les entreprises fortement endettées sont divulguent plus d’informations afin de minimiser les risques juridiques (Watts et Zimmerman, 1990). La dette peut être aussi une source de problèmes d’agence entre les actionnaires et les créanciers financiers, ou entre les dirigeants et les actionnaires (Jensen et Meckling, 1976). Les actionnaires et les créanciers financiers peuvent réduire l’ampleur des coûts d’agence de la dette, en adoptant une politique de divulgation volontaire des informations. L’association positive entre l’endettement et la divulgation volontaire d’information a été établie par Zéghal et al. (2007) et Ahmed et Courtis (1999). Cependant, d’autres études trouvent une relation négative entre le niveau de la dette et la divulgation volontaire d’information (Abdelbadie et Elshandidy, 2013). Les coûts d’agence peuvent être contrôlés par la dette, qui joue un rôle de surveillance, réduisant ainsi le besoin de communiquer des informations de manière volontaire. Nous mesurons l’endettement par le ratio dette totale sur total actif. Nous anticipons que l’endettement de l’entreprise a un impact sur l’indice de divulgation volontaire d’informations sur les activités de R&D.
50L’intensité des dépenses en R&D : La littérature documente une corrélation positive entre l’intensité de l’activité de R&D et la divulgation volontaire d’informations sur ces activités (Nekhili et al. 2012 ; Merkley, 2014). En effet, l’entreprise qui engage des dépenses importantes en R&D a plus tendance à en informer le marché et les investisseurs potentiels. Entwistle (1999) et Percy (2000) montrent, respectivement, pour le contexte Canadien et Australien, une corrélation positive entre l’intensité des activités de R&D et le niveau de divulgation d’information sur ces activités. Quant à Ding et al. (2004), ils comparent les pratiques de divulgation d’information sur les activités R&D en France et au Canada et constatent que contrairement à la France, l’intensité des activités R&D au Canada a un lien fort avec la divulgation des informations sur la R&D. Conformément aux recherches antérieures, nous mesurons l’intensité des activités R&D par les dépenses annuelles en R&D, déflatées par les ventes totales. Nous anticipons une relation positive entre l’intensité des dépenses en R&D et le niveau de divulgation d’informations volontaires sur lesdites activités.
51La capitalisation des R&D : Sous certaines conditions, la loi française donne aux entreprises le choix de capitaliser ou non les coûts de R&D. Les dépenses de R&D ne peuvent être capitalisées que si elles sont considérées comme un projet d’investissement, dans lequel on peut évaluer la faisabilité technique, la rentabilité, et le coût du capital du projet. Dans le cas contraire, ces dépenses sont considérées comme des charges de la période durant laquelle elles sont engagées. Ce double mode de traitement des coûts de R&D est compatible avec les normes américaines (U.S G.A.A.P) pour lesquelles le coût de la R&D est traité comme une dépense, et avec les normes internationales d’information financière (IFRS), qui exigent la capitalisation des projets rentables de R&D. Dans le contexte français, Cazavan-Jeny et Jeanjean (2006) ont examiné 197 entreprises au cours de la période 1993-2002 et trouvent un impact négatif de la capitalisation des dépenses R&D sur les cours boursiers. Ils expliquent ce résultat en faisant valoir l’argument que la capitalisation des dépenses R&D conduit à une situation avec plus de discrétion managériale. Nous mesurons la capitalisation des dépenses R&D par une variable dichotomique égale à 1 si l’entreprise active ses dépenses de R&D et 0 sinon. Nous nous attendons à ce que le lien capitalisation des dépenses de R&D et la divulgation volontaire d’information soit positif.
3.2.4 – Modèle économétrique
52Notre méthodologie se fonde sur une analyse de régressions en données de panel pour un échantillon de 341 entreprises françaises cotées sur la période 2001-2012. Afin de mieux cerner l’effet de la concentration d’actionnariat sur la publication volontaire des informations concernant l’activité de R&D, nous avons opté pour le modèle suivant :
54avec
55i = 1,…, 341 et t = 1,…, 12.
56β0 : la constante du modèle
57εit : le terme d’erreur.
58Nous avons procédé avec des équations séparées pour chacune des mesures de la concentration de propriété pour éviter que nos résultats ne soient biaisés par la présence de forte corrélation entre ces variables.
4 – Analyse et discussion des résultats
4.1 – Analyse descriptive
59Le tableau 2 présente les statistiques descriptives pour notre variable dépendante, le score de divulgation volontaire d’information par année ainsi que la moyenne pour l’ensemble des observations. Nous constatons que le score de divulgation des informations sur l’activité R&D enregistre une croissance modérée au fil des années de notre période d’étude. En 2001, la moyenne du score est de l’ordre de 25% et passe en 2012 à 42,8%. Cette évolution témoigne de l’intérêt croissant que les entreprises françaises accordent à ce type de divulgation. Les dirigeants deviennent, en effet, de plus en plus conscients de la nécessité de divulguer des informations sur les activités de R&D, une composante essentielle du capital intellectuel et des actifs immatériels. Cette composante donne une idée sur les perspectives d’avenir de l’entreprise et peut de ce fait, avoir une influence considérable sur la valeur de l’entreprise.
60Par ailleurs, le tableau 2 montre que l’adoption des normes comptables internationales IFRS a nettement amélioré l’environnement informationnel des activités de R&D. Nous remarquons que le score moyen de divulgation passe de 26,89% en 2004 à 30,35% en 2005 (année de l’adoption desdites normes) pour atteindre les proportions de 40,45%, 41,48% et 42,78%, respectivement en 2010, 2011 et en 2012. Ces observations indiquent que les normes IFRS ont contribué à cette évolution. En effet, ces normes plus précises et détaillées ont modifié le traitement comptable des dépenses de R&D et ont exigé plus d’informations concernant les actifs immatériels d’après les apports de la norme IAS 38.
Statistiques descriptives du score de divulgation par année
Min | Max | Moyenne | Écart-type | |
---|---|---|---|---|
2001 | 0 | 71,87 | 25,60 | 25,52 |
2002 | 0 | 71,87 | 25,63 | 26,75 |
2003 | 0 | 68,75 | 26,75 | 22,63 |
2004 | 0 | 68,75 | 26,89 | 26,02 |
2005 | 0 | 68,75 | 30,35 | 23,73 |
2006 | 0 | 75 | 30,87 | 24,52 |
2007 | 0 | 68,75 | 31,86 | 21,81 |
2008 | 0 | 68,75 | 31,33 | 26,54 |
2009 | 0 | 75 | 35,79 | 25,17 |
2010 | 0 | 78,125 | 40,45 | 25,98 |
2011 | 0 | 81,25 | 41,48 | 22,84 |
2012 | 0 | 78,125 | 42,78 | 22,55 |
Score global | 0 | 78,125 | 32,88 | 25,28 |
Statistiques descriptives du score de divulgation par année
61Pour ce qui est du score global calculé sur l’ensemble de la période d’étude, le tableau montre que l’indice global moyen de divulgation volontaire s’élève à 32,88% montrant que les entreprises de l’échantillon publient près du tiers des items relatifs aux activités de R&D. Cette proportion est relativement faible et dévoile que les entreprises françaises sont assez conservatrices et hésitent à publier des informations sur les activités de R&D. L’indice global de divulgation varie entre 0 et 78,125. Ceci nous amène à conclure que la divulgation volontaire varie considérablement entre les entreprises françaises cotées. Ce résultat peut être attribuable à l’appartenance sectorielle. En effet, certains secteurs sont plus susceptibles de publier des informations sur les activités de R&D que d’autres, comme le secteur des hautes technologies pour lequel l’intensité des dépenses R&D est la plus élevée (Maaloul et Zeghal, 2015).
62Le tableau 3 présente les caractéristiques de notre échantillon pour les 12 années d’étude pour l’ensemble des variables d’intérêt et de contrôle. Nous constatons que les entreprises françaises ont un actionnariat relativement concentré. En effet, les droits de vote détenus par le premier actionnaire est de 29,24%. L’écart entre droits de propriété et les droits de vote est de l’ordre de 29,56%. Cet écart est relativement élevé et il trouve son origine dans la présence en France des structures pyramidales et des actions à droit de vote double. L’actionnariat familial représente pour sa part un pourcentage de 51,44%., ce qui montre l’importance des entreprises familiales dans le tissu économique en France. Les dirigeants détiennent en moyenne une proportion d’actions de 15,36% similaire au taux affiché dans l’étude de Nekhili et al. (2012) en France. Les entreprises qui activent leurs dépenses en R&D représentent près du tiers de l’échantillon et l’intensité des dépenses en R&D s’élève en moyenne à 33%.
Statistiques descriptives des variables indépendantes et de contrôle
Min | Max | Moyenne | Ecart type | |
---|---|---|---|---|
Panel A. Variables indépendantes | ||||
Firstvote | 0,04 | 79 | 29,24 | 16,36 |
Secondvote | 0 | 0,41 | 10,45 | 9,82 |
Herfindahl | 0,0066 | 64,30 | 16,45 | 14 |
Discrepancy | 0 | 86,38 | 29,56 | 22,07 |
Family | 0 | 1 | 51,44 | 49,8 |
Panel B. Variables de contrôle | ||||
LnTA | 8,83 | 27,03 | 19,08 | 2,82 |
Leverage | 0 | 63,10 | 14,94 | 15,82 |
ROA | -1,43 | 1,52 | 0,22 | 6,2 |
RD_int | 0 | 0,98 | 0,33 | 12,20 |
RD_cap | 0 | 1 | 32,79 | 49,48 |
Statistiques descriptives des variables indépendantes et de contrôle
63Ce tableau présente les statistiques descriptives de nos variables pour un échantillon de 4092 observations. ScoreDiv est le score de divulgation d’informations sur la R&D. Firstvote est le pourcentage des droits de vote détenus par le premier actionnaire. Secondvote est le pourcentage des droits de vote détenus par le second actionnaire. Herfindahl est la somme des carrés des pourcentages d’actions détenus par les actionnaires. Discrepancy est la différence entre droit de votes et droits de propriété rapportée par les droits de propriété. Family est une variable muette égale à 1 si le contrôle est exercé par une famille et 0 sinon, LnTA est le log népérien du total actif, Leverage est le total des dettes sur total actif. ROA est le rapport entre le résultat avant impôt et le total actif. RD_int est l’intensité des dépenses de R&D. RD_cap est une variable dichotomique qui prend la valeur de 1 si l’entreprise active ses dépenses de R&D et 0 sinon.
4.2 – La matrice des corrélations
64Le tableau 4 présente la matrice des corrélations de Pearson entre les variables explicatives. L’objectif étant de vérifier l’absence du problème de multicolinéarité entre les variables indépendantes. La matrice des corrélations présente le degré ainsi que la significativité de la corrélation entre les différentes variables de l’étude. Le principal constat à tirer de l’observation de cette matrice est que les coefficients de corrélation entre les variables indépendantes du modèle sont faibles. Selon Gujarati (2003), il faut que les coefficients de corrélation excèdent 0,8 pour que la multicolinéarité affecte la qualité des estimations. Les valeurs du VIF varient entre 1,01 et 2,87 et sont de ce fait, largement en dessous du seuil critique de 10, ce qui laisse entendre que la multicollinéarité ne présente pas un risque sérieux pour notre étude (Neter et al. 1989).
Matrice de corrélations de Pearson
Matrice de corrélations de Pearson
Ce tableau présente la matrice de corrélations de Pearson de nos variables pour un échantillon de 4092 observations. ScoreDiv est le score de divulgation d’informations sur la R&D. Firstvote est le pourcentage des droits de vote détenus par le premier actionnaire. Secondvote est le pourcentage des droits de vote détenus par le second actionnaire. Herfindahl est la somme des carrés des pourcentages d’actions détenus par les actionnaires. Discrepancy est la différence entre droit de votes et droits de propriété rapportée par les droits de propriété. Family est une variable muette égale à 1 si le contrôle est exercé par une famille et 0 sinon, LnTA est le log népérien du total actif, Leverage est le total des dettes sur total actif. ROA est le rapport entre le résultat avant impôt et le total actif. RD_int est l’intensité des dépenses de R&D. RD_cap est une variable dichotomique qui prend la valeur de 1 si l’entreprise active ses dépenses de R&D et 0 sinon.4.3 – Analyse multivariée
65Le tableau 5 montre que la concentration des droits de vote chez les actionnaires contrôleurs est associée négativement avec le niveau de divulgation d’information dans les rapports annuels sur les activités de R&D. Cette association est significative au seuil de 10%. Il existe aussi une relation négative entre les droits de vote du second actionnaire contrôleur et l’étendue de cette divulgation. Ces résultats montrent que la concentration des droits de vote a tendance à réduire le niveau de divulgation volontaire d’information sur les activités de R&D. Plus particulièrement, en présence d’un second actionnaire contrôleur, la relation négative signifie qu’il y a une coalition entre les deux actionnaires contrôleurs les plus importants, ce qui accentue le pouvoir de l’actionnaire contrôleur et rend l’environnement informationnel de l’entreprise plus opaque. Ce résultat est en conformité avec la thèse selon laquelle la présence d’actionnaires de contrôle multiple peut les amener à s’associer pour exproprier les actionnaires minoritaires. Les actionnaires vont utiliser dans ce cas les informations privées pour former une coalition lau lieu d’exercer un rôle de surveillance sur l’actionnaire contrôleur dans le but d’extraire des bénéfices privés (Attig et al. 2008).
66Le tableau 5 montre aussi une relation négative et significative au seuil de 5% entre l’indice de concentration de propriété de Herfindahl et le niveau de divulgation volontaire d’information sur les activités de R&D. Ainsi, les entreprises dont l’actionnariat est concentré ont tendance à retenir plus l’information. Ces deux résultats confortent note hypothèse H1. Plusieurs études ont porté sur la relation entre la concentration de la propriété et la qualité de la divulgation de l’information financière (Chau et Gray, 2002 ; Eng et Mak, 2003 ; Lakhal, 2006). Notre résultat est conforme avec ceux relatifs au niveau de divulgation volontaire dans les rapports annuels par Banghoj et Plenborg (2008). Ce résultat est également similaire à celui trouvé par Li et al. (2012) dans le cadre de la divulgation volontaire d’information sur le capital intellectuel. Cette relation négative suggère que les entreprises avec des niveaux plus élevés de concentration de la propriété ont des conflits d’intérêts exacerbés entre les actionnaires contrôleurs et minoritaires soutenant l’hypothèse d’expropriation par les actionnaires contrôleurs des intérêts des actionnaires minoritaires. La disponibilité de l’information dans les réunions privées auxquelles participent des actionnaires contrôleurs peut diminuer leur motivation à améliorer la divulgation publique de ces informations d’autant plus que le contexte français est caractérisé par une faible protection des intérêts des minoritaires. Le motif d’expropriation constitue ainsi une raison plausible permettant d’expliquer ce résultat.
67Le tableau 5 montre également que le l’écart entre les droit de vote et les droits de propriété influence négativement et de façon significative le niveau de divulgation volontaire d’information au seuil de 5%. Ce résultat conforte les résultats précédemment trouvés, et suggère que le motif d’expropriation est renforcé grâce à l’écart propriété-vote. Ainsi, les actionnaires contrôleurs sont davantage incités à exproprier les petits actionnaires et ont moins d’incitation à la divulgation volontaire d’information. En effet, les conflits d’intérêts des actionnaires de contrôle et ceux des investisseurs minoritaires est amplifié en présence d’un écart entre droits aux flux financiers et les droits de contrôle (Liu et Magnan, 2011) suggérant que les actionnaires contrôleurs peuvent s’enraciner davantage confortant ainsi la thèse de l’enracinement. Ce résultat est particulièrement intéressant étant donné qu’aucune étude à notre connaissance n’a exploré l’effet de l’écart propriété-vote sur la divulgation volontaire d’information sur activités de R&D.
Etude de l’impact de la concentration d’actionnariat sur la divulgation volontaire de la R & D
Etude de l’impact de la concentration d’actionnariat sur la divulgation volontaire de la R & D
Ce tableau présente les résultats des régressions estimées avec la méthode MCG. Firstvote est le pourcentage des droits de vote détenus par le premier actionnaire. Secondvote est le pourcentage des droits de vote détenus par le second actionnaire. Herfindahl est la somme des carrés des pourcentages d’actions détenus par les actionnaires. Discrepancy est la différence entre droit de votes et droits de propriété rapportée par les droits de propriété. Family est une variable muette égale à 1 si le contrôle est exercé par une famille et 0 sinon, LnTA est le log népérien du total actif, Leverage est le total des dettes sur total actif. ROA est le rapport entre le résultat avant impôt et le total actif. RD_int est l’intensité des dépenses de R&D. RD_cap est une variable dichotomique qui prend la valeur de 1 si l’entreprise active ses dépenses de R&D et 0 sinon. ***, **, * indiquent que les tests sont significatifs aux seuils respectifs de 1%, 5% et 10%.68Le tableau 5 montre que la présence d’une famille parmi les actionnaires contrôleurs a un effet négatif sur le niveau de la divulgation volontaire d’informations sur les activités de R&D. La relation est significative au seuil de 5%. Ceci confirme notre hypothèse H3 et va dans le sens des résultats précédemment trouvés sur l’effet de la concentration de propriété. En effet, cette dernière peut prendre plusieurs formes, dont la plus fréquente, surtout dans les pays à faible protection des actionnaires minoritaires telle que la France, est la propriété familiale (La Porta et al.1999). Ainsi, la présence de familles a tendance à réduire le niveau de divulgation volontaire d’informations. Les familles contrôlent l’accès à une large gamme d’informations dont les informations sur les activités de R&D, et sont donc peu enclines à divulguer des informations au-delà des exigences légales. Ce résultat est conforme aussi aux études précédentes dont celles par Ho et Wong (2001) pour Hong Kong et Ashiq et al. (2007) pour les États-Unis. Ces auteurs ont constaté que le niveau de divulgation volontaire d’information des entreprises familiales était inférieur à leurs homologues non familiales. En ce qui concerne la divulgation volontaire d’information sur les activités de R&D, notre résultat est conforme à la thèse d’expropriation par la famille contrôleur des intérêts des actionnaires externes et converge avec les résultats trouvés par Nekhili et al. (2012) en France.
69Les variables de contrôle sont pour la plupart significativement associées avec le score de divulgation d’information volontaire sur les activités de R&D (Trois variables sur cinq). Il s’agit de la taille et la performance de l’entreprise et de l’intensité des dépenses en R&D. Les résultats montrent que la taille affecte positivement le niveau de divulgation volontaire d’information. Un tel résultat peut être expliqué par le fait que les grandes entreprises sont plus susceptibles d’attirer l’attention des analystes financiers et offrent de ce fait plus d’informations sur le marché (Hussainey et Al-Najjar, 2011). Elles ont par ailleurs la capacité de couvrir le coût de la divulgation. En outre, les coûts d’agence augmentent avec la taille de l’entreprise, ce qui incite les grandes entreprises à divulguer plus d’informations dans les rapports annuels afin de réduire les conflits d’agence. Jones (2007) et Abdelbadie et Elshandidy (2013) confirment également l’association positive entre la taille de l’entreprise et la divulgation d’information sur les activités de R&D.
70De même, nous observons une relation positive et significative entre la performance comptable mesurée par le ratio du rendement des actifs et le niveau de divulgation d’informations sur les activités de R&D. Les entreprises ayant une rentabilité élevée peuvent être incitées à communiquer plus au marché dans le but de lever des capitaux supplémentaires sur le marché financier (Meek et al. 1995). Les activités de R&D révèlent de l’information stratégique sur la performance de ces projets pour attirer les investisseurs potentiels. Li et al. (2008) suggèrent que la rentabilité peut être considérée comme le gain des investissements continus dans le capital intellectuel, afin que les dirigeants puissent introduire plus d’informations pour signaler l’importance de leurs décisions d’investissement.
71Enfin, nos résultats montrent l’existence d’une relation positive et statistiquement significative au seuil de 1% entre l’intensité des dépenses en R&D et la divulgation volontaire d’informations sur les activités de R&D, ce qui implique que lorsque l’entreprise engage des dépenses importantes en volume en R&D, elle aura plus tendance à en informer le marché et les investisseurs potentiels. Ce résultat est dans la lignée de Nekhili et al. (2012) et Merkley (2014).
5 – Conclusions
72Malgré l’importance des activités de R&D comme facteur de création de valeur et de croissance économique, force est de constater que les investisseurs ont de la difficulté à évaluer efficacement les efforts de l’entreprise en termes de R&D. En effet, les investissements en R&D, composante du capital intellectuel, posent le problème de leur reconnaissance comptable, qui n’est pas toujours évidente étant donnée la difficulté liée à leur contrôle et à l’évaluation des flux de trésorerie futurs qu’ils génèrent. Le recours à la divulgation volontaire d’information concernant les activités de R&D devient ainsi inéluctable pour une meilleure visibilité de l’entreprise sur le marché. C’est dans ce cadre que ce travail de recherche s’est ainsi interrogé sur les facteurs pouvant déterminer l’étendue dela divulgation volontaire d’informations relatives à la R&D dans un contexte de propriété concentrée. L’objectif de ce papier est ainsi d’analyser sur un échantillon de 341 entreprises françaises cotées sur une période allant de 2001 à 2012 les déterminants de la divulgation volontaire des informations concernant la R&D.
73Les résultats des régressions montrent que la concentration de la propriété et du vote a tendance à réduire le niveau de divulgation volontaire d’information sur les activités de R&D. Ce résultat est plus important en présence d’une forte déviation entre les droits de propriété et les droits de vote et en la présence de famille parmi les actionnaires contrôleurs. Ces résultats valident l’hypothèse de l’expropriation des actionnaires minoritaires surtout dans un environnement de faible protection des intérêts de ces derniers. En effet, les actionnaires contrôleurs peuvent utiliser leur avantage informationnel pour en extraire des bénéfices privés au détriment des minoritaires.
Tableau des items sur la R&D et leurs fréquences
Les items de R&D pour les Entreprises | Nombre des entreprises publiant cet item (4092) | Pourcentage des entreprises publiant cet item | |
---|---|---|---|
Panel A. Items sur les moyens de la R&D | |||
1 | Les Frais de R&D | 1035 | 25,29 |
2 | La variation des Frais de R&D | 517 | 12,64 |
3 | La Comparaison du budget à la concurrence | 433 | 10,58 |
4 | Le Personnel de R&D | 1119 | 27,35 |
5 | Les Infrastructures de R&D | 397 | 9,70 |
6 | Les Partenariats de R&D | 806 | 19,70 |
7 | Nombre d’employés dans les programmes de R & D | 1251 | 30,58 |
8 | Nombre d’unités de recherche | 517 | 12,64 |
9 | Localisation géographique des unités de recherche | 926 | 22,64 |
10 | Les dépenses de R & D par unité de recherche | 1264 | 30,88 |
Panel B. Items sur les résultats opérationnels de la R&D | |||
11 | Innovations encours | 2648 | 64,70 |
12 | Innovations abouties | 1564 | 38,23 |
13 | Descriptions des propriétés des Innovations réalisées | 536 | 13,11 |
14 | Les Brevets | 1925 | 47,05 |
15 | Les Lancements | 1179 | 28,82 |
16 | La Position technologique | 1444 | 35,29 |
17 | Description des nouveaux produits | 1251 | 30,58 |
18 | La satisfaction des clients | 3622 | 88,52 |
19 | Documentation sur les conférences avec les analystes | 493 | 12,05 |
Panel C. Items sur les résultats commerciaux de la R&D | |||
20 | Les succès des Lancements | 1143 | 27,94 |
21 | Echecs Commerciaux | 541 | 13,23 |
22 | Gains ou Renforcements des Parts de Marchés attribuables à la R&D | 2443 | 59,70 |
23 | Nouvelles Commandes ou nouveaux marches obtenus | 1925 | 47,05 |
24 | Incidence sur le chiffre d’affaire | 1721 | 42,05 |
25 | Incidence sur la productivité opérationnelle de la firme | 1131 | 27,64 |
26 | Explication de la performance économique par le rôle positif de la R&D | 1600 | 39,11 |
27 | Les prix obtenus pour les travaux de R&D | 216 | 5,29 |
28 | Potentialités futures des innovations | 758 | 18,52 |
Panel D. Items sur l’activation de la R&D | |||
29 | Montants Activés | 698 | 17,05 |
30 | Mode d’Amortissement | 205 | 5 |
31 | Durée d’Amortissement | 120 | 2,94 |
32 | L’utilisation des IFRS dans la comptabilisation des R & D | 1288 | 31,47 |
Panel E. Items sur le Financement de la R&D | |||
33 | Financement Classique : Dette ou Fonds Propres | 1275 | 31,17 |
34 | Autres Financements : Aides (Subventions) | 469 | 11,47 |
Panel F. Items liées à la stratégie | |||
35 | Précision du ou des types de R&D entrepris | 1125 | 27,5 |
36 | La Description des Programmes de R&D | 1023 | 25 |
37 | Les objectifs ou le rôle de la R&D | 505 | 12,35 |
Tableau des items sur la R&D et leurs fréquences
Définitions et mesures des variables de l’étude
Variables | Définitions | Mesures |
---|---|---|
Variable dépendante | ||
ScoreDiv | Score de divulgation | La somme des items publiés dans les rapports annuels sur le total des items possibles. |
Variables indépendantes | ||
Firstvote | Vote du premier actionnaire | Le pourcentage des droits de vote détenus par l’actionnaire contrôleur le plus important. |
Secondvote | Vote du second actionnaire | Le pourcentage des droits de vote détenus par le second actionnaire contrôleur le plus important. |
Herfindahl | Indice de concentration de Herfindahl | La somme des carrées des pourcentages d’actions détenues par tous les actionnaires nominatifs |
Discrepancy | Séparation propriété-vote | La différence entre les droits de vote et les droits de propriété de l’actionnaire contrôleur le plus important au seuil de 10% |
Family | Actionnariat familial | Une variable muette égale à 1 si la famille détient la majorité des actions et 0 sinon |
Variables de contrôle | ||
LnTA | Taille de la firme | Le logarithme népérien du total actif |
Leverage | Endettement | Le rapport entre la dette et le total actifs |
ROA | Rendement de l’actif | Le rapport entre le résultat net et le total actifs |
RD_int | Intensité de recherche et développement | Les dépenses de recherche et développement divisées par le chiffre d’affaires |
RD_cap | La capitalisation de recherche et développement | Une variable dichotomique qui prend la valeur de 1 si l’entreprise active ses dépenses de R&D et 0 sinon. |
Définitions et mesures des variables de l’étude
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : entreprise familiale, concentration de propriété, recherche et développement, divulgation volontaire, écart propriété vote
Mise en ligne 02/04/2019
https://doi.org/10.3917/g2000.355.0185Notes
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Les études de Barros et al. (2013), Boubaker et al. 2015) et Labégorre et Boubaker (2015) traitent de la divulgation volontaire d’informations dans le contexte français.