Notes
-
[1]
La crédibilité de la source renvoie à deux dimensions selon Eisend (2002) : la fiabilité et la compétence. La fiabilité fait référence à la croyance du récepteur que la source émet une information honnête sans aucune motivation de tromperie, alors que la compétence est liée à l’expérience perçue de la source.
-
[2]
Le cynisme est considéré comme un doute systématique et une suspicion de motivations cachées des entreprises (Boyer, 2006)
Introduction
1Depuis les années 80, les entreprises ont commencé à intégrer la dimension environnementale dans leurs publicités (Leonidou et al., 2011). À travers cette communication, les marques ne cherchent pas seulement à obtenir des avantages économiques et concurrentiels, mais elles visent également à offrir des bénéfices environnementaux et sociaux aux consommateurs (Viardot, 1994). Mais, la publicité environnementale n’a pas réussi à transmettre les avantages environnementaux réels de la marque (Do Paço et Reis, 2012) et à garantir une image écologique honnête auprès des consommateurs (Peattie et Crane, 2005). Les messages environnementaux souffrent souvent d’une faible crédibilité [1] et suscitent le scepticisme des consommateurs (Winn et Angel, 2000). Une lecture des forums sur les réseaux sociaux montre des formes de contestation à l’égard des publicités environnementales. Aussi, la multiplication des actions de plusieurs organisations non gouvernementales (exemple : les amis de la terre) contre les publicités environnementales mensongères confirme l’ampleur du phénomène de la contestation. Selon Monnot et Renniou (2013), la contestation des discours est le résultat d’une évaluation négative du message et des émotions négatives qui lui sont associées.
2Sur le plan théorique, les chercheurs qui se sont intéressés à la communication environnementale ont abordé les limites de celle-ci. Ainsi plusieurs travaux (Benoit-Moreau et al., 2009 ; 2010 ; Delmas et Burbano, 2011) ont exploré le phénomène du greenwashing. D’autres ont étudié la crédibilité des messages (Carlson et al., 1993) et des écolabels (Ozanne et Vlosky, 2003 ; Dekhili et Achabou, 2014). D’autres encore (Calfee et Ringold, 1994 ; Do Paço et Reis, 2013) se sont penchés sur la question du scepticisme des consommateurs. Cependant, le concept de la contestation dans ce domaine a été complètement négligé. À notre connaissance, une seule recherche (Monnot et Reniou, 2013) a abordé cette question. En effet, les auteurs ont apporté un éclairage sur la définition du concept. L’objectif de notre recherche est donc de contribuer à enrichir la littérature sur la contestation des publicités environnementales. De manière plus spécifique, nous nous proposons d’explorer les raisons qui portent le consommateur vers la contestation, et d’identifier ses manifestations et ses conséquences.
3Sur le plan opérationnel, nos implications apporteront aux manageurs un certain nombre de leviers permettant de mieux communiquer sur l’environnement.
4Dans cet article, nous mobilisons dans une première partie la littérature sur la publicité environnementale en nous appuyant sur la théorie du signal, avant de développer le concept de la contestation et son lien avec les notions proches du scepticisme et de résistance. Dans une seconde partie, nous développons la démarche méthodologique adoptée. Nous présentons et discutons les principaux résultats obtenus dans une troisième et quatrième parties. Et nous terminons notre développement par une conclusion qui propose quelques recommandations managériales et pistes de recherche, et qui rappelle les limites de l’étude.
1 – Revue de littérature
1.1 – La publicité environnementale : un signal à destination du consommateur
5Les différents auteurs qui se sont intéressés à la publicité environnementale (Libaert, 1992 ; Viardot, 1994 ; Frois, 1999) stipulent que celle-ci ne vise pas seulement à construire une image positive et une légitimité sociale de l’entreprise mais aussi à créer un climat de confiance auprès des différents publics. La publicité environnementale est aussi mobilisée par les entreprises pour encourager le consommateur à s’intéresser aux produits respectueux de l’environnement (Carlson et al., 1996 ; Peattie, 1995). Elle apparaît donc comme un signal envoyé au consommateur pour attester que le comportement d’une marque est socialement acceptable et approprié (Philippe et Durand, 2009). La performance environnementale étant difficile à observer directement, l’évaluation de celle-ci se fait souvent moyennant la publicité mise en avant. Les signaux sont utilisés pour donner une indication directe ou indirecte sur les intentions, les motivations et les objectifs des entreprises (Porter, 1980). La théorie du signal est en ce sens utile pour comprendre le comportement des deux parties : l’expéditeur et le récepteur. Le premier choisit la manière de communiquer et les informations à mobiliser, et le second décide de la façon d’interpréter le signal (Connelly et al., 2011).
6Lorsque les signaux sont conformes aux attentes de la cible, ils sont alors perçus positivement. En revanche, dans le cas de perceptions négatives des signaux, de leur cohérence et de leur sincérité, la réputation de la marque peut être entachée (Philippe et Durand, 2009). En ce sens, Heil et Robertson (1991) estiment que l’interprétation du signal et les réactions des consommateurs face à celui-ci sont déterminés par les caractéristiques du signal lui-même, notamment sa clarté.
1.2 – La contestation : définition et enjeux
7Le terme de contestation désigne « l’action de remettre en cause l’ordre social, politique, économique établi et de critiquer systématiquement les institutions existantes et l’idéologie dominante » (Larousse). Étymologiquement, contester vient du verbe en latin « testari », précédé du préfixe cum en latin ou con en français, et signifie : « témoigner avec force ». Le terme de contestation est souvent utilisé en droit en lien avec la contestation des lois. Contester à l’époque de l’Empire romain signifiait « plaider en produisant des témoins ». Cette origine judiciaire procure au mot « contester » la signification de dénier quelque chose, la refuser tout en prouvant qu’on a raison. Le terme est également répondu en sciences politiques pour désigner tout désaccord avec les valeurs politiques dominantes (Extermann, 1978).
8Dans la discipline du marketing, le terme de contestation n’est pas nouveau ; plusieurs chercheurs ont, en effet, employé l’expression de « contestation du marketing » pour faire référence aux critiques que certaines communautés ont formulé à l’encontre des pratiques marketing. La contestation dans ce cas concerne l’utilité du marketing, son efficacité et son usage comme un moyen pour favoriser la culture consumériste. Dans le domaine de la communication, quelques auteurs (Quesnel, 1971 ; Piquet, 2003 ; Granier, 2008) ont évoqué la « contestation de la publicité », observée à travers des actions de groupes de consommateurs. Par exemple, un courant anti publicitaire a émergé il y a quelques années et a accompagné l’évolution de la publicité.
9Dans le cas particulier de la communication environnementale, la contestation de la publicité peut prendre des formes diverses en fonction de la force de celle-ci. L’individu exprime d’abord un doute autour du discours écologique, qui peut concerner l’émetteur, ses intentions et sa faible performance environnementale (Gillespie, 2008). Le doute peut ensuite conduire à une évaluation négative de la publicité (Winn et Angell, 2000) et à un manque de confiance (Boyer, 2009). En ce sens, Monnot et Renniou (2013) situent la contestation sur un continuum allant du scepticisme à la résistance. Lorsque l’individu conteste fermement l’argument mis en avant dans le message parce qu’il le perçoit comme une forme de pression, celui-ci finit par exprimer une résistance au discours (Roux, 2007 ; Cottet et al., 2009).
10L’évaluation négative de la publicité peut trouver ses origines dans la multiplication des allégations environnementales (Winn et Angell, 2000). Elle est aussi le résultat de la mobilisation de discours environnementaux ambigus et complexes (Kangun et al., 1991), dont la compréhension nécessite souvent un niveau de connaissances élevé (Carlson et al., 1993).
11Au-delà du doute, l’individu peut critiquer, désapprouver et nier l’information véhiculée dans le discours au motif que celle-ci tente de le manipuler. De nombreuses entreprises, en mettant en avant des produits respectueux de l’environnement sans intégrer réellement la préoccupation environnementale dans leurs pratiques (Kangun et Polonsky, 1995), ont été accusées d’un manque de transparence et de greenwashing (Benoit-Moreau et al., 2010 ; Delmas et Burbano, 2011 ; Einstein, 2012 ; Cordelier et Breduillieard, 2013). Ainsi, la communication verte souffre de plus en plus d’une faible crédibilité du point de vue des consommateurs (Dekhili et Achabou, 2014).
12Pour contourner ce risque, plusieurs entreprises ont adopté des labels environnementaux qui ont été accompagnés de plusieurs effets positifs (Montoro-Rios et al., 2006). Ils aident, selon Thøgersen et al., (2010), à réduire l’asymétrie d’information et à faciliter le choix des produits grâce au recours à la qualité environnementale. Cependant, certains auteurs ont relevé des limites liées aux labels. Il s’agit particulièrement de la faible harmonisation des programmes de certification notamment à l’échelle internationale, du manque de crédibilité des organismes certificateurs (Ozanne et Vlosky, 2003) ou encore de l’insuffisance de la communication autour des labels et de leurs significations.
13Pour un meilleur éclairage du concept de la contestation, il nous semble nécessaire d’aborder les concepts du scepticisme du consommateur et de la résistance à la publicité.
1.3 – Le scepticisme du consommateur face à la publicité environnementale
14Le scepticisme vis-à-vis de la publicité a été défini par Boyer (2006) comme étant la tendance à douter ou à ne pas être convaincu de la véracité des promesses publicitaires. Il s’agit d’une attitude négative du consommateur au regard des motivations et revendications des publicitaires.
15Deux types de scepticisme envers la publicité ont été relevés dans la littérature : le scepticisme dispositionnel et le scepticisme situationnel (Mohr et al. 1998). Le premier s’intéresse à la publicité en général, il est considéré plus comme une réponse perceptuelle proche d’une réponse cognitive qu’un trait de personnalité (Boyer, 2006). Le deuxième constitue une réponse qui varie selon le contexte de la publicité. Un lien de causalité unit les deux concepts puisque le scepticisme dispositionnel est considéré comme un facteur explicatif du scepticisme situationnel (Obermiller et Spangenberg, 1998).
16Plusieurs dimensions ont été associées au concept du scepticisme. Obermiller et Spangenberg (1998) ont mis l’accent sur la crédibilité du discours publicitaire. Plus récemment, Boyer (2006) a proposé deux dimensions : la tendance à douter et les attentes du consommateur sceptique. Dans le cas de la publicité environnementale, Erroglu et al. (1998) ont relevé les dimensions relatives à l’exagération dans le contenu de la publicité, la tentation à tromper le consommateur et l’incrédibilité du discours publicitaire. Dans la continuité de ces travaux, Do Paço et Reis (2012) ont proposé un modèle de scepticisme envers la publicité environnementale. Les résultats de leur recherche indiquent que les consommateurs les plus sensibles à l’environnement sont ceux qui sont les plus sceptiques envers la publicité environnementale. L’ensemble des recherches sur le scepticisme des consommateurs (MacKenzie et Lutz, 1989 ; Obermiller et Spangenberg, 1998) s’accorde sur les conséquences défavorables du scepticisme sur l’efficacité publicitaire : moins de réponses positives aux annonces, une tendance à éviter la publicité, un impact négatif sur le comportement d’achat et une résistance à la publicité (Cottet et al., 2009).
1.4 – La résistance à la publicité
17Roux (2007) associe la résistance à « un état motivationnel adverse provoqué par des pratiques, des logiques ou des discours marchands jugés dissonants’’ (Roux, 2007, p.68). Le concept de la résistance à la publicité a été relié à d’autres notions comme l’irritation, l’attitude négative vis-à-vis de la publicité, l’intention de la manipulation et surtout la résistance à la persuasion. McGuire (1964) a défini la résistance à la persuasion comme la capacité à résister à une « attaque persuasive » ; il la considère comme une variable personnelle « prêt à bondir » en cas de besoin. Pour Knowles et Linn (2004), la persuasion et la résistance à la persuasion apparaissent indissociables. Les auteurs utilisent la métaphore du tir à la corde pour illustrer les interactions entre résistance et persuasion : lors de chaque épisode persuasif, la force « résistance » tire dans le sens opposé à la force « persuasion ».
18Concernant la résistance à la publicité environnementale, Cottet et al. (2010) distinguent trois niveaux : une expression libertaire, une sanction du comportement non éthique des firmes et un engagement citoyen. Plusieurs caractéristiques individuelles et situationnelles peuvent amener à la résistance à la publicité : le scepticisme, l’insatisfaction générale, l’expression de soi, le niveau d’éducation et l’envahissement publicitaire (Cottet et al. 2009).
19La résistance va plus loin que le scepticisme, le cynisme [2] et la contestation étant donnée qu’elle est plus performative. Elle consiste à saisir chaque opportunité pour ne pas faire, faire le contraire, ou faire autrement que ce qui est attendu par le message. Il s’agit moins de discours ou de critiques que d’actions (Scott, 1990). Si la résistance renvoie à une impossibilité d’acceptation d’une publicité évaluée négativement et au maintien d’une attitude défavorable (Roux, 2007), la contestation se distingue par l’existence d’un espace commun d’interaction, de débat et de discussion entre le contestataire et la partie contestée. Cet espace, même s’il peut être un lieu d’affrontements, il peut également conduire à modifier une attitude et à faire accepter le message publicitaire au consommateur. La contestation est ainsi une forme de voix qui consiste à critiquer l’ordre établi ou un message (Arsene, 2011).
2 – Méthodologie
20Afin de comprendre le concept de la contestation de la publicité environnementale, nous avons conduit en France, entre janvier et juin 2014, une étude qualitative qui considère à la fois le point de vue des contestataires et celui des professionnels du domaine de la publicité environnementale. Cette approche bilatérale permet de confronter les points de vue des deux parties – consommateurs et entreprises. Elle détermine dans quelle mesure les entreprises sont au courant du phénomène de la contestation exprimée par la cible et comment le gèrent-elles.
2.1 – L’étude auprès des contestataires
21Nous avons choisi dans cette étude deux méthodes de recueil de données : la netnographie et les entretiens semi-directifs. La netnographie est une méthode d’enquête qualitative qui utilise Internet comme source de données en s’appuyant sur les communautés virtuelles comme les forums et les pages sur les différents réseaux sociaux (Bernard, 2004). L’intérêt de la netnographie relève du fait qu’elle permet d’observer l’interaction des individus en ligne. L’objectif était de comprendre les causes de la contestation de la publicité environnementale. La première étape de la netnographie consiste à faire une « entrée » (Kozinets, 2002). Tout d’abord, nous avons identifié les communautés présentant une concordance avec nos questions de recherche. Il s’agit essentiellement du forum « Marre de l’écologie à tout bout de champ », du blog « Anti-pubs » et de plusieurs pages Facebook (« Antiécolo », « Toi aussi tu en as marre des écolos et tu ne veux pas vivre dans un arbre ? », « Bad ads », etc.).
22Ensuite, nous avons collecté une quantité importante d’informations (Kozinets, 2002), en adoptant une observation non participante. Il s’agit à la fois de documents diffusés sur des blogs et sur des réseaux sociaux, et d’interactions entre les membres des communautés virtuelles.
23Nous avons également mené 25 entretiens semi-directifs avec des contestataires de la publicité environnementale. Les entretiens complètent l’étude netnographique et apportent une précision dans les informations collectées, grâce notamment aux interactions avec les enquêtés (Hennink et al., 2010). Le choix d’individus ayant déjà un positionnement d’opposition à la publicité environnementale se justifie par la volonté d’approfondir la compréhension du phénomène de la contestation de la publicité environnementale, ses origines, manifestations chez les consommateurs, et conséquences. Les individus interrogés (voir tableau 1) sont des membres des groupes de contestataires de la publicité environnementale (Rap, casseurs de pub, reposeurs, paysages de France, amis de la terre), et des bloggeurs ayant déjà contesté ce type de publicités. Nous avons utilisé la « saturation » comme critère d’arrêt des interviews (Miles et Huberman, 2003).
Echantillon des contestataires interrogés
Prénom | Tranche d’âge | Engagement |
---|---|---|
Olivier | 45-65 ans | Membre de l’association « casseurs de pub » |
Gérard | 25-45 ans | Membre de plusieurs associations de contestation |
Kevin | 25-45 ans | Membre de plusieurs associations de contestation |
Cédric | 25-45 ans | Administrateur d’une page de contestation sur les réseaux sociaux |
Antonin | 25-45 ans | Membre de plusieurs associations de contestation : Rap, déboulonneurs |
Alexandre | 18-25 ans | Administrateur d’une page de contestation sur les réseaux sociaux |
Cecile | 45-65 ans | Membre de l’association « Rap » |
Charlotte | 18-25 ans | Membre de plusieurs associations de contestation : Rap, déboulonneurs |
Elise | 25-45 ans | Membre de l’association « Rap » |
Marc | 18-25 ans | Membre de l’association « casseurs de pub » |
Florient | 18-25 ans | Administrateur d’une page de contestation sur les réseaux sociaux |
Georges | 18-25 ans | Bloggeur |
Henri | 25-45 ans | Membre de l’association « déboulonneurs » |
Isabelle | 18-25 ans | Membre de plusieurs associations |
Julie | 25-45 ans | Administrateur d’une page sur les réseaux sociaux |
Sarah | 25-45 ans | Membre de plusieurs associations |
Philippe | 45-65 ans | Membre de plusieurs associations : Rap, déboulonneurs |
Jean | >65 ans | Membre de l’association « Rap » |
Pierre | >65 ans | Membre de l’association « Paysage de France » |
Sophie | 18-25 ans | Membre de plusieurs associations de contestation |
Sylvain | 25-45 ans | Membre de l’association « réposeurs » |
Echantillon des contestataires interrogés
24Lors des entretiens, nous nous sommes basés sur un guide d’entretien qui a pour objectif de déterminer les motifs, les manifestations et les conséquences de la contestation de la publicité environnementale sur le comportement du consommateur (voir annexe 1). Nous avons présenté aux répondants des exemples concrets de publicités environnementales existantes sur le marché afin d’identifier les éléments appréciés ainsi que ceux qui suscitent une réaction négative. Les publicités mobilisées prennent en compte des éléments ayant fait l’objet de critiques de la part des consommateurs : la couleur verte dominante, les slogans pro-environnementaux exagérés et les auto-labels (Benoit-Moreau et al., 2010). De plus, nous avons considéré l’image d’enfants comme personnage étant donné que plusieurs entreprises ont mis en place des publicités environnementales mettant en scène des enfants (exemple : FNE, Total, EDF, Areva, Sncf). Les entretiens avec les contestataires ont été effectués en face à face, à Strasbourg, et leur durée était de trente-cinq minutes environ.
2.2 – L’étude auprès des professionnels
25Pour comprendre le point de vue des manageurs concernant le phénomène de la contestation de la publicité environnementale et afin de déterminer les conséquences éventuelles de celui-ci de sur l’entreprise, 23 entretiens semi-directifs individuels ont été réalisés avec des professionnels. L’entretien téléphonique a été privilégié et cela afin de pouvoir cibler des professionnels dans des zones géographiques françaises différentes. L’échantillon (voir tableau 2) est composé de responsables de communication dans des entreprises, de consultants en communication et de dirigeants d’agences de publicité. Aujourd’hui, les entreprises font recours à des agences de publicité spécialisées dans le développement durable pour lancer des campagnes publicitaires environnementales. Pour cette raison, nous ne sommes pas contentés d’interroger des chargés de communication dans des entreprises, et avons élargi le cercle des interviewés à des dirigeants d’agences de communication. Les entretiens ont duré trente minutes environ chacun.
Echantillon des professionnels interrogés
Identité du répondant | Lieu d’exercice | Fonction |
---|---|---|
Christophe Bultel | Consultant en communication | |
Daniel Luciani | Agence Icom | PDG |
Marine Gorllemenud | Cristalco-Daddy scure | Chargée de communication |
Lisa Buono | Novamex-Arbre verte | Chargée de communication |
Alexandre Pasche | Consultant pour L’Oreal, PSA Peugeot-Citroen, EDF et GDF-Suez. | |
Sauveur Fernandez | Consultant, enseignant et formateur en communication responsable | |
Christophe Sorin | Agence Sorin | Gérant de l’agence |
Ricky Dackouny | Agence Tarte aux poires | Directeur de l’agence |
Charlotte Arnal | Agence Patte Blanche | Dirigeante de l’agence |
Stéphanie Gentilhomme | Agence Rendez-vous RP | Dirigeante de l’agence |
Franck Bigot | Agence OCOM&CO | Directeur de l’agence |
Véronique Sauret | L’agence verte | PDG |
Jean-Louis Desmedt | Ecover | Directeur de l’entreprise |
Mathieu Combe | Natura Sciences | Fondateur et directeur des publications de Natura Sciences.com |
Fady Chamaa | Agence JWT | Directeur de l’agence |
Thomas Albisser | Agence Hop-Cube | PDG |
Leo Bonnin | Agence Grennbox | Directeur de l’agence |
Dominique Guyonnet | Cetelem | Responsable de la RSE |
Stéphance Duphoncel | Agence Amezis | Dirigeant de l’agence |
Yves Cappelaire | Consultant en communication sur la RSE | |
Gildas Bonnel | Agence Sidièse | PDG |
Mireille Lizot | Léa nature | Directrice de communication |
Solange Hemerey | Consultante et formatrice |
Echantillon des professionnels interrogés
26Les entretiens auprès des contestataires et des professionnels ont été enregistrés à l’aide d’un magnétophone puis intégralement retranscrits. Une grille d’analyse thématique a été construite pour l’ensemble des discours récoltés (netnographie et entretiens). Les données ont été traitées selon un procédé de codage thématique (Miles et Huberman, 2003). La codification a été réalisée par allers-retours successifs entre le corpus et des éléments théoriques. Vu l’importance du corpus obtenu, nous avons eu recours au logiciel Nvivo, un outil d’aide à l’analyse de discours qui permet d’organiser et d’analyser avec plus d’aisance les données.
Résultats
27L’analyse thématique des réponses a fait ressortir plusieurs idées qui se rapportent au phénomène de la contestation de la publicité environnementale. Elles se regroupent en trois thèmes (voir tableau 3). Il s’agit des motifs, des manifestations de la contestation, et de ses conséquences à la fois sur les consommateurs et sur les entreprises.
Les principaux thèmes et catégories issus de l’analyse thématique
Thèmes | Catégories |
---|---|
Les motifs de la contestation | Les éléments d’exécution publicitaire |
Le discours publicitaire | |
Le support de la publicité | |
Le scepticisme des consommateurs | |
Le cynisme des consommateurs | |
Les manifestations de la contestation | Les manifestations individuelles |
Les manifestations collectives | |
Les conséquences de la contestation | Au niveau des consommateurs |
Au niveau des entreprises |
Les principaux thèmes et catégories issus de l’analyse thématique
28Nous développons dans les sections qui vont suivre l’ensemble des résultats présentés dans le tableau 3.
3.1 – Les motifs de la contestation de la publicité environnementale
29Les motifs de la contestation sont nombreux et couvrent selon les répondants les éléments d’exécution publicitaire, le discours, le support de la communication, et enfin, le scepticisme et le cynisme des consommateurs.
3.1.1 – Les éléments d’exécution publicitaire
30Les consommateurs n’apprécient pas l’utilisation d’images d’enfants dans les publicités environnementales, jugées comme un moyen de manipulation, « moi j’ai beaucoup de problèmes avec l’utilisation des enfants dans les publicités… c’est pour manipuler les citoyens » (Kevin, 27 ans). Il s’agit selon les répondants d’une tentative pour rendre le message publicitaire plus crédible, « je suis contre l’utilisation des enfants dans les publicités en général et surtout dans ces publicités environnementales parce que les entreprises vont innocenter la publicité, les entreprises vont profiter de l’enfance seulement pour avoir une image plus crédible dans l’esprit des gens » (Cécile, 48 ans).
31De plus, la couleur verte dominante dans les publicités environnementales semble influencer négativement l’attitude des récepteurs. Les consommateurs soulignent que les entreprises utilisent cette couleur pour renforcer leur promesse écologique et verdir leur image, et qu’il s’agit souvent de greenwashing, « je remarque que toutes les entreprises utilisent aujourd’hui le vert dans les campagnes publicitaires seulement pour attirer l’attention des clients et dire qu’on est une entreprise écologique, tandis qu’en réalité ces entreprises ne le sont pas » (Julie, 28 ans).
32Par ailleurs, les consommateurs semblent accorder plus de crédibilité aux publicités environnementales contenant un label écologique. À l’inverse, dans le cas d’absence de tels signaux, la publicité est souvent considérée comme mensongère, « c’est une publicité mensongère parce qu’il n’y a aucun label qui prouve que c’est écologique. Il n’y a aucune preuve que c’est un produit écologique. Donc pour moi, c’est une publicité mensongère » (Jean, 67 ans), « le consommateur veut des labels, si le consommateur voit les labels, il sera rassuré » (Alexandre, consultant). Il semble ainsi que le consommateur fait recours aux labels pour simplifier le processus de décision. Face aux doutes que suscite la publicité environnementale, celui-ci utilise en particulier les labels officiels comme un critère d’évaluation pouvant réduire le risque lié aux produits écologiques mis en avant.
33Enfin, plusieurs publicités environnementales ont été contestées à cause de l’utilisation de visuels peu reliés au discours publicitaire, « les images et le visuel participent pour beaucoup à ce flou et laissent penser que l’activité du groupe est écologique et propre. Par exemple, les oiseaux se transforment en avion, les insectes en hélicoptères » (Tony, 28 ans). Certaines images sont considérées par les consommateurs comme une source de tromperie parce qu’elles n’illustrent pas l’allégation environnementale communiquée, « les images sont également trompeuses. Le livre qui est déplié par les enfants montre une nature épanouie, où le niveau d’eau remonte quand on parle qu’il y a 3 fois moins d’eau pour utiliser la lessive. Ces images essaient de montrer les effets positifs de la lessive sur la nature, mais encore une fois sans rien prouver » (Mickael, 33 ans).
3.1.2 – Le discours publicitaire
34Le discours publicitaire écologique est difficile à comprendre par les consommateurs. Les termes « ambigu », « obscure », « pas clair » ont été largement évoqués par les contestataires interviewés et par les communautés virtuelles, « je ne la trouve pas clair, je n’ai rien compris » (Pierre, 66 ans). Par ailleurs, les consommateurs remettent en cause la publicité environnementale à cause de l’exagération dans les promesses liées aux produits, « selon moi, les consommateurs contestent surtout l’exagération de la qualité des produits » (Franck Bigot, directeur d’agence, OCOM&CO). Il s’agit selon eux d’un « procédé de communication exagérant les propriétés et les performances environnementales d’une entreprise » (Olivier, 49 ans). Les interviewés contestent ainsi le contenu de la publicité environnementale parce qu’il véhicule une fausse image verte de l’entreprise, « la publicité environnementale est à mon avis une publicité mensongère qui essaie de nous faire convaincre qu’elle est respectueuse de l’environnement mais en réalité, elle ne l’est pas » (Alexandre, 23 ans). Par ailleurs, les consommateurs s’indignent de la stigmatisation de leurs comportements envers l’environnement et réfutent les discours axés sur la culpabilisation des individus, « marre qu’on me culpabilise parce que non je ne veux pas acheter de produits écologiques » (Henri, 35 ans), « la culpabilisation de tous les instants dans ces publicités sur les petits consommateurs que nous sommes » (Tony, 28 ans).
3.1.3 – Le support de la communication publicitaire
35Les individus remettent en cause les supports de la publicité environnementale, jugés polluants et sources de gaspillage des ressources naturelles. Plusieurs répondants sont convaincus que les supports utilisés dans le cas des publicités environnementales sont incompatibles avec le contenu des publicités, « la publicité environnementale est la publicité dont le support respecte l’environnement avec des papiers recyclés et pas d’éclairage sur l’écran pour ne pas consommer de l’énergie » (Antonin, 26 ans), « les publicités environnementales aujourd’hui ne respectent pas l’environnement parce qu’elles gaspillent de l’énergie, par exemple : les écrans numériques installés dans les métros qui consomment des centaines de Kilo watts » (Thomas, 38 ans).
3.1.4 – Le scepticisme du consommateur face à la publicité environnementale
36Le degré du scepticisme du consommateur varie selon l’identité de l’annonceur. En effet, les publicités environnementales lancées par les entreprises du secteur de l’énergie ont été les plus critiquées, « les entreprises ne méprisent plus les écologistes, comme elles le faisaient il y a quarante ans, elles ont récupéré ces revendications et en font des arguments de vente. Telle automobile est verte parce qu’elle recrache moins de CO2 que la moyenne, tel pétrolier se targue d’investir dans les énergies renouvelables » (Pierre, 66 ans). Les consommateurs sont aussi sceptiques face aux publicités lancées par les marques de distributeur, « je pense, quelle que soit la publicité environnementale lancée par Auchan ça ne me donne pas envie d’acheter le produit promu car c’est une grande industrie ; une grande industrie par définition structurellement ne peut pas être écologique » (Olivier, 49 ans). Néanmoins, les publicités environnementales provenant d’associations à but non lucratif semblent bénéficier de perceptions plus favorables de la part des consommateurs, que celles émises par les entreprises. Les associations de protection de l’environnement ont tendance à aborder les enjeux écologiques de manière plus scientifique contrairement aux entreprises qui adoptent un discours plus général.
37Par ailleurs, l’analyse fait ressortir les déterminants suivants du scepticisme du consommateur face à la publicité environnementale :1) la tendance à douter de la qualité écologique des produits mis en avant, « je doute en général de l’aspect environnemental des produits promus dans ces publicités, je ne pense pas que ce sont des produits écologiques » (Cédric, 31 ans) ; 2) des arguments peu convaincants : les entreprises n’ont pas pu convaincre les consommateurs de la crédibilité de leur message, « je ne suis pas convaincue par cette publicité car il se pourrait qu’elle soit trompeuse. La marque est très apparente et le message est beaucoup plus petit » (Sarah, 38 ans) ; 3) la difficulté à croire la publicité environnementale, « aujourd’hui les émissions de gaz à effet de serre de l’aviation représentent plus que 5% des émissions mondiales, donc comment je peux croire la publicité environnementale d’Air France ? » (Georges, 25 ans) ; et 4) l’insuffisance de l’information diffusée à travers la publicité, « la publicité écologique sera plus intéressante à partir du moment où elle modifie et ajoute plus d’informations et qu’elle cherche d’abord à informer le consommateur avant de lui faire acheter, pour cela je porte des doutes sur les publicités environnementales actuelles » (Antonin, 26 ans).
3.1.5 – Le cynisme du consommateur face à la publicité environnementale
38Plusieurs consommateurs sont cyniques envers la publicité environnementale, « on ne voit rien qu’une exploitation de l’écologie par les politiques ou par les entreprises, ces deux ne sont que des pragmatiques, profiteurs et exploiteurs de l’écologie. Pour cela je dis que je suis cynique envers les porte-paroles de l’écologie » (Daniel, 42 ans). Plusieurs déterminants du cynisme ont émergé du discours des interviewés et des messages des communautés virtuelles : 1) le doute systématique, « il ne me vient pas de publicité qui m’aurait particulièrement dérangée l’esprit, mais j’ai tendance à ne pas trop y croire en général et à douter systématiquement de ce genre de publicités » (Sarah, 38 ans). Ce doute trouve ses origines dans la motivation commerciale qui anime les entreprises, et qui, selon les répondants constitue la raison du choix d’une communication environnementale, « il est tout à fait possible que la question de l’environnement soit importante pour certaines entreprises, notamment lorsqu’il s’agit d’économie d’énergie. Mais je suis cynique de ma part, il ne s’agit que d’un phénomène de mode ou d’une stratégie marketing ; l’entreprise veut conquérir un public plus large et elle utilise des arguments qui vont heurter la sensibilité du consommateur » (Isabelle, 24 ans) ; 2) la manipulation, « la publicité environnementale est un lavage de cerveau continu qui vise à créer sans cesse de nouveaux besoins, à déverser sans cesse de nouvelles marchandises, à nous faire acheter, acheter et acheter encore, à nous rendre éternellement insatisfaits, à nous promettre un bonheur uniquement marchand » (Pierre, 66 ans) ; et enfin 3) le manque de confiance envers la publicité environnementale, « j’ai déjà acheté un produit qui a fait l’objet d’une publicité environnementale. C’est pour cela que je suis aussi cynique, j’ai déjà utilisé des liquides vaisselles ou des produits ménagers écologiques et en étudiant la composition de plus près, je ne les ai pas trouvés si écologiques que ça. Bref, je n’ai plus de confiance dans ces publicités » (Sophie, 22 ans).
3.2 – Les manifestations de la contestation de la publicité environnementale
39Les contestataires de la publicité environnementale ont recours aux réseaux sociaux pour critiquer les publicités environnementales, « on est dans le temps des réseaux sociaux, en premier lieu les consommateurs partagent leurs opinions et leurs sentiments envers ces publicités sur les réseaux sociaux » (Antonin, 26 ans). Ils ne s’appuient pas seulement sur les pages déjà existantes sur les réseaux sociaux, mais élaborent aussi de nouvelles et créent des blogs, « ça m’a fait rappeler une campagne publicitaire environnementale d’une banque. Les activistes écologiques ont découvert que cette banque finance les pires projets climaticides et les énergies fossiles à travers le monde, et ont lancé un nouveau blog tout en critiquant cette banque et cette campagne publicitaire » (Pierre, 66 ans). Les contestataires utilisent également les sites web des marques pour critiquer leurs campagnes publicitaires, « je conteste ces publicités sur Internet, sur le site de la marque » (Isabelle, 24 ans). Par ailleurs, le site de l’Observatoire Indépendant de la Publicité donne à ses membres la possibilité de dénoncer les publicités qui utilisent l’argument écologique de façon exagérée.
40Les contestataires rejettent les publicités environnementales de différentes manières. Cela passe par le recours à des autocollants pour ne pas recevoir des publicités en support papier, et à des logiciels spécifiques pour éviter les affiches publicitaires sur Internet « je mets l’autocollant Stop Pub et sur Internet je bloque les publicités par le logiciel ad block plus » (Marc, 23 ans). Il peut s’agir également de l’évitement systématique des publicités télévisées, « quand je vois des publicités environnementales à la télé, je zappe tout de suite » (Georges, 25 ans). En plus des démarches individuelles, plusieurs personnes expriment leur contestation à travers des actions collectives organisées dans un cadre associatif, « les contestataires contestent via des associations environnementales qui vont faire circuler ces remarques et l’association peut porter devant l’ARPP qui peut faire des démarches juridiques pour retirer la publicité » (Henri, 35 ans). Un exemple d’action collective cité est l’organisation du prix Pinocchio (catégorie greenwashing), un prix symbolique attribué sur la base des votes des internautes pour désigner l’entreprise qui a mené la campagne de communication la plus abusive au vu de son engagement environnemental réel.
3.3 – Les conséquences de la contestation de la publicité environnementale
41La contestation présente selon les répondants des conséquences à la fois sur les consommateurs et sur les entreprises. Chez les consommateurs, elle suscite des réactions émotionnelles et influence les comportements d’achat des produits écologiques. Au niveau des entreprises, des impacts négatifs touchant notamment l’image de la marque et la réputation de l’entreprise ont été décelés. Ils poussent souvent les manageurs à revoir leurs stratégies de communication environnementale.
3.3.1 – Au niveau des consommateurs
42L’évaluation défavorable de la publicité environnementale par les consommateurs génère des réactions affectives négatives qui varient d’un individu à un autre. Plusieurs interviewés ressentent de la déception, « je suis vraiment déçu de ces publicités, j’attendais des publicités qui sensibilisent la société et proposent des solutions pour les problèmes écologiques » (Yvan, 40 ans). D’autres expriment un sentiment de tristesse, « je suis triste parce que les entreprises n’arrêtent pas d’arnaquer et de manipuler les gens par ces publicités pour augmenter les profits » (Philippe, 53 ans). Quelques consommateurs expriment également leur contrariété, « je suis agacé et je ressens le besoin de déconstruire l’arnaque ou de repérer l’asticot qui cache l’hameçon » (Pierre, 66 ans). Plus encore, plusieurs consommateurs manifestent de la colère, « je m’énerve lorsque je vois le mensonge dans ces publicités » (Olivier, 49 ans) et éprouvent un sentiment de révolte, « je ressens qu’on est vraiment prêt à tout pour vendre aujourd’hui. Mais je trouve cela un peu révoltant qu’on puisse en arriver au point d’utiliser les problèmes de l’actualité pour mettre un produit en valeur, alors que ce n’est pas une approche forcément sincère » (Yvan, 40 ans), « ces publicités me révoltent souvent parce qu’elles sont mensongères en utilisant des images ou des phrases ambiguës qui tentent de manipuler et cacher la vraie image de l’entreprise » (Olivier, 49 ans).
43Pourtant, les consommateurs continuent à adopter des actions en faveur de l’écologie. En effet, tous les contestataires interrogés affirment qu’ils ont contribué récemment à des actions de protection de l’environnement, « on trie toujours les déchets avec ma famille, je me déplace en vélo et j’essaie toujours de réduire la consommation de l’énergie » (Alexandre, 23 ans).
44Si la publicité environnementale vise, comme toutes les autres publicités, à éveiller le désir du consommateur et le pousser à acheter, la contestation semble avoir un impact négatif sur la commercialisation des produits promus, « j’évite d’acheter ces produits promus dans ces publicités environnementales dans le cas où j’ai des doutes sur la crédibilité du message » (Charlotte, 25 ans), « les consommateurs manifestent cette contestation par une déconsommation des produits promus dans ces publicités » (Stéphane Duphoncel, Directeur d’agence, Amezis). De plus, la contestation de la publicité environnementale peut inciter les consommateurs à acheter un produit concurrent à celui promu, « je n’ai pas apprécié par exemple la publicité de Poweo, parce que je sais que le message envoyé par l’entreprise est clairement faux. J’ai décidé de tourner le dos à Poweo et m’engager avec Enercoop, une entreprise concurrente à Poweo et qui a des preuves que son électricité est d’origine renouvelable » (Antonin, 26 ans). Mais le rejet des produits respectueux de l’environnement qui ont fait l’objet d’une communication contestée ne signifie pas un rejet global de l’offre écologique par les contestataires, « je préfère acheter des produits écologiques dans la mesure du possible, mais je n’ai pas le souvenir d’avoir acheté un produit ayant fait l’objet d’une publicité environnementale contestée par moi ou par une association » (Thomas, 38 ans).
3.3.2 – Au niveau des entreprises
45Selon les professionnels, la contestation de la publicité environnementale peut avoir des impacts défavorables sur l’annonceur sur le long terme « l’entreprise sera peut-être détruite par une contestation, parce qu’au début c’est une petite association qui conteste mais après c’est un reportage sur France 2 à 20h, ce qui est grave pour l’avenir de l’entreprise » (Alexandre Pasche, consultant). Plus précisément, elle peut entacher l’image de marque non seulement auprès de ses clients mais également auprès des autres parties prenantes comme les fournisseurs et les actionnaires, « la contestation de la publicité environnementale donne une image négative aux partenaires de l’entreprise » (Lisa Buono, chargée de communication, Novamex). Les professionnels affirment que la contestation expose l’entreprise à un risque important en termes de réputation, « la contestation a un effet négatif sur la réputation de la marque, ce qui est à mon avis désastreux pour la marque » (Marine Gorllemenud, chargée de communication, Cristalco). Par ailleurs, celle-ci peut réduire la confiance des consommateurs envers l’entreprise ainsi que leur fidélité à la marque, « cette contestation attaque (…) le capital de la marque et réduit la confiance des consommateurs envers la marque, moins de confiance c’est-à-dire des clients infidèles à l’entreprise » (Christophe Bultel, consultant). Ces différents impacts négatifs amènent souvent les entreprises à revoir leurs stratégies de communication. Alors que certaines marques dont la publicité environnementale a fait l’objet d’une contestation mettent en place des changements radicaux (revoir par exemple la conception du produit) avant de communiquer de nouveau, d’autres choisissent de cesser de communiquer sur l’environnement, « plusieurs entreprises ont décidé d’arrêter de communiquer sur leur engagement. Elles croient que la communication environnementale peut s’avérer contre-productive » (Yves Cappelaire, consultant) ou continuent à le faire mais d’une façon plus discrète et plus ciblée, « ces entreprises décident de lancer leurs produits sans faire de bruit, en utilisant des publicités environnementales avec des actions directes auprès des prospects » (Lisa Buono, chargée de communication, Novamex).
Discussion
46Les résultats de notre recherche permettent d’identifier les motifs de la contestation. Ils indiquent que les consommateurs contestent la publicité environnementale dans le cas de discours ambigus et exagérant les valeurs de l’annonceur. Dans le sens des travaux antérieurs (Dekhili et Achabou, 2014), notre étude montre que les individus éprouvent souvent des difficultés à deviner la signification des allégations environnementales diffusées. Les termes utilisés par les entreprises exigent un degré de connaissance élevé, et peuvent amener les consommateurs à rejeter le discours environnemental. De plus, de nombreuses marques tentent d’exagérer l’intérêt écologique d’un produit, voire à lui créer une image responsable de toutes pièces (Chan, 2004). Elles contribuent ainsi à l’éco-confusion rendant difficile pour les consommateurs la distinction entre un message publicitaire sincère et un faux. Par conséquence, les marques à l’origine d’une communication exagérée s’exposent à un risque important en termes de réputation (Delmas et Burbano, 2011).
47Aussi, des éléments d’exécution publicitaire comme l’utilisation d’enfants comme personnage et celle d’images peu en lien avec l’objet du message suscitent des réactions négatives chez les consommateurs. Les résultats obtenus confirment également le constat de Benoit-Moreau et al. (2010) quant à l’impact négatif de la couleur verte utilisée d’une façon abusive par les annonceurs sur la perception écologique du produit et sur l’image de l’entreprise. Ils vont également dans le sens des conclusions de Monnot et Renniou (2013) qui indiquent que la manipulation, la culpabilisation et le mensonge constituent les éléments du discours environnemental les plus contestés par les consommateurs.
48Par ailleurs, et comme stipulé par Tochtermann et Schmutz (2003), le support mobilisé par l’annonceur doit être congruent avec le contenu du message publicitaire. La compatibilité entre le canal et le discours environnemental pousse les entreprises communiquant sur les qualités environnementales de leurs produits à s’interroger sur les impacts environnementaux des supports choisis.
49Nos résultats mettent aussi en évidence l’importance du label dans le message environnemental. Comme indiqué par Benoit-Moreau et al. (2010), la présence d’un label écologique dans les publicités environnementales a un effet positif sur la crédibilité perçue de la publicité d’une part, et sur l’attitude des consommateurs envers le produit et l’annonceur d’autre part. Les labels constituent une preuve qui vise à défendre la promesse de la communication. En même temps, ce constat vient relativiser les conclusions des recherches (Dekhili et Achabou, 2013) qui ont mis en évidence les insuffisances des labels écologiques et leur manque d’efficacité auprès des consommateurs.
50Le scepticisme et le cynisme du consommateur sont deux autres motifs de la contestation de la publicité environnementale. Tous deux sont ancrés dans le doute (Boyer, 2006), mais ce dernier est plus fort dans le cas du cynisme (Boyer, 2006). Les consommateurs cyniques, en particulier, soupçonnent les entreprises d’avoir d’autres motivations (d’ordre mercantile) derrière l’engagement environnemental, ce qui amène à une perte de confiance envers la publicité environnementale. Cette méfiance peut conduire à un comportement de résistance vis-à-vis de toutes les publicités environnementales, qu’elles soient crédibles et honnêtes ou mensongères (Cottet et al., 2009).
51Dans le sens des travaux de Boyer (2006, 2009) et Mohr et al. (1998), nos résultats ont permis d’identifier quatre déterminants du scepticisme à savoir : la tendance à douter, les arguments peu convaincants, la difficulté à croire la publicité environnementale et enfin, l’insuffisance de l’information. Par rapport au dernier déterminant, la quantité d’information optimale à fournir au consommateur reste une question en suspens à laquelle les entreprises devraient répondre (Philippe et Durand, 2009).
52En somme, les conclusions de notre recherche révèlent l’existence de divergences entre les attentes des consommateurs en matière de préservation de l’environnement et le discours écologique mobilisé par les entreprises, ce qui conduit à la contestation. Ces résultats rappellent la théorie de la dissonance cognitive (Festinger, 1957) qui postule que des individus confrontés à une contradiction entre deux cognitions, ressentent un inconfort mental qui les incite à retrouver un état de bien-être. Les contestataires de la publicité environnementale manifestent une sorte d’inconfort psychologique en constatant que la performance environnementale réelle de l’entreprise est éloignée du contenu du message diffusé. Il s’agit dans ce cas de préférer des éléments d’information qui soient en consonance avec ses propres attitudes. Par conséquent, l’individu va ignorer ou minimiser l’information à la source de la dissonance.
53Par ailleurs, il est important de souligner que notre étude suggère que la contestation n’a pas d’impact défavorable sur la sensibilité environnementale des consommateurs. Ce constat semble incohérent avec la théorie de la neutralisation (Sykes et Matza, 1957) qui met en avant le déni de la responsabilité écologique des opposants aux discours écologiques.
54Cependant, la contestation de la publicité environnementale peut influencer négativement le comportement de consommation des produits écologiques, même si cela semble se limiter aux produits qui ont fait l’objet de publicités environnementales contestées. Ces conclusions confortent ceux de Swaen et Vanhamme (2004) qui mentionnent que lorsque la communication environnementale est perçue défavorablement, un impact négatif sur le comportement d’achat des consommateurs se produit.
55Enfin, notre étude indique que la contestation de la publicité environnementale peut présenter un effet négatif notamment sur l’image de l’entreprise et sur sa réputation. Ces conclusions tendent à renforcer la théorie du signal (Heil et Robertson, 1991) qui postule que lorsque le signal est évalué négativement par le récepteur, un impact négatif sur la réputation de l’entreprise peut avoir lieu (Vanhamme et Grobben, 2009).
Conclusion
56D’un point de vue strictement théorique, la vocation de cette recherche reposait sur la volonté d’apporter une meilleure compréhension d’un phénomène peu étudié dans la littérature marketing : la contestation de la publicité environnementale. Plus précisément, notre recherche a identifié les motifs, manifestations et conséquences liés à la contestation. Ainsi, les résultats obtenus confirment l’effet négatif des discours publicitaires culpabilisants et exagérés sur les attitudes des individus, déjà identifié dans la littérature (Benoit-Moreau et al., 2010 ; Delmas et Burbano, 2011). De plus, notre recherche a mis en évidence de nouveaux éléments dans les annonces publicitaires qui peuvent faire l’objet de contestation de la part des consommateurs. Il s’agit notamment de l’utilisation de supports de communication polluants, d’images d’enfants et d’images ambiguës qui peuvent être considérées comme éloignées du contenu du message.
57Sur le plan managérial, il semble nécessaire de mieux appréhender la contestation de la publicité environnementale afin d’augmenter l’efficacité des messages publicitaires. Les manageurs ont intérêt à nouer un partenariat avec les organisations non gouvernementales (Delmas et Burbano, 2011). Alors que les entreprises mobilisent surtout des allégations commerciales promotionnelles, les organisations à but non lucratif tendent plus à utiliser des revendications émotionnelles (Wright et Nyberg, 2012).
58De plus, les allégations relatives aux avantages environnementaux du produit doivent être étayées par des informations scientifiques fiables et des justifications concrètes. Les labels et les indications chiffrées, détaillées et tangibles peuvent fournir aux consommateurs des preuves incontestables (Monnot et Renniou, 2013).
59De surcroit, il est nécessaire de lancer un discours pédagogique, clair et simple qui accompagne le consommateur tout en expliquant les actions pro-environnementales de l’entreprise et en précisant en quoi les produits présentent les qualités revendiquées. Les terminologies doivent être employées de manière à être facilement comprises par les consommateurs. Plusieurs allégations affichées sur les produits nécessitent une explication, par exemple dans le cas de l’étiquette "recyclable", le consommateur peut ne pas comprendre si l’emballage, le produit lui-même ou les deux sont recyclables. L’entreprise doit aussi éviter les termes très vagues (exemples : 100% écologique, 100% naturel) qui peuvent être mal interprétés par les consommateurs. De plus, le message publicitaire de la marque doit assumer les points faibles pour faire preuve de maturité auprès de ses cibles et pour que la publicité soit perçue plus favorablement. L’humilité et l’honnêteté sont nécessaires dans un discours publicitaire (Ademe, 2013) : pourquoi ne pas informer le consommateur que l’entreprise n’a pas fait le progrès requis cette année mais que l’année prochaine elle va faire un peu plus et l’année suivante encore mieux ? Aussi, les entreprises doivent éviter de se déclarer pionnières sur le marché en termes de préservation de l’environnement, les parties prenantes trouveront toujours une faille pour déjouer les pratiques environnementales de l’entreprise. En ce sens, la responsabilité écologique de la marque devrait être évaluée par des organismes indépendants.
60Par ailleurs, la réussite d’une campagne publicitaire environnementale est liée au support de la publicité utilisée qui doit être, lui aussi, respectueux de l’environnement, et cela afin de consolider l’image d’une marque responsable. Par exemple, la campagne de communication du projet "i field good" lancée en 2013 par la Fondation Nicolas Hulot a été menée en grande partie en digital (web et réseaux sociaux) ; les autres supports créés respectent des normes écologiques : t-shirts et sacs en tissus biologiques et documents de presse sur papier recyclé.
61Malgré l’intérêt des résultats obtenus, cette recherche n’est pas exempte de limites qu’il conviendra de combler dans les recherches futures. Premièrement, l’influence des caractéristiques personnelles sur la contestation n’a pas été considérée dans cette étude. Par conséquent, des recherches futures devraient se pencher sur ces variables. Deuxièmement, nous avons interrogé des consommateurs ayant déjà exprimé des réactions négatives vis-à-vis de la publicité environnementale. Les réponses de ces personnes peuvent cependant s’avérer exagérées du fait que certaines auraient pu avoir tendance à exprimer leurs personnalités à travers des comportements oppositionnels, et cela afin de se distinguer des autres et renvoyer ainsi une certaine image d’eux-mêmes (Roux, 2007). Enfin, au vu de la rareté des travaux sur le concept de la contestation, une recherche quantitative pourrait permettre d’approfondir ce sujet en testant, par le biais d’un modèle intégrateur, les relations entre les motifs de la contestation, les manifestations et les conséquences de ce phénomène sur le consommateur et sur l’entreprise.
Le guide d’entretien avec les contestataires
621. Qu’est-ce que la publicité environnementale pour vous ? Quels sont les arguments qui sont souvent mis en avant dans la publicité environnementale ?
632. Selon vous, qu’est-ce qui pousse les entreprises à utiliser une publicité qui fait référence à l’environnement ?
643. Avez-vous en tête un exemple d’une publicité environnementale que vous n’avez pas appréciée ?
65Plus précisément, quels sont les éléments qui vous ont dérangés dans cette publicité ? Comment avez-vous réagi face à cette publicité ? Qu’avez-vous ressenti ?
664. Avez-vous en tête un exemple d’une publicité environnementale que vous avez appréciée ?
67Plus précisément, quels sont les éléments que vous avez appréciés dans cette publicité ? Comment avez-vous réagi face à cette publicité ? Qu’avez-vous ressenti ?
685. Maintenant, je vais vous montrer quelques supports de publicités, et vous allez me dire, pour chacun, quels sont les éléments que vous appréciez et ceux que vous n’appréciez pas, ce que vous pensez de ces publicités (voir l’ensemble des supports utilisés à la fin de ce guide)
696. D’une manière générale, pensez-vous que vous êtes exposés à beaucoup de publicités environnementales ?
707. En dehors des entreprises, pensez-vous qu’il y a d’autres acteurs qui communiquent sur l’environnement ?
- Si oui, qui sont ces acteurs ? Que pensez-vous de ces acteurs et de la publicité environnementale qu’ils émettent ?
718. Avez-vous déjà acheté un produit qui a fait l’objet d’une publicité environnementale ?
729. Est-ce que vous avez contribué récemment à des actions de protection de l’environnement ?
7310. Etes-vous prêt à payer plus de taxes affectées directement à la défense de l’environnement ?
7411. Avez-vous l’habitude d’acheter des produits respectueux de l’environnement ? Si non, pourquoi ?
- Quels types de produits écologiques consommez-vous ?
- À quelle fréquence consommez-vous ces produits ?
75Très rarement/ 1 à 4 fois par mois/ 5 fois ou plus par mois/ tous les jours
76Données personnelles :
- Sexe
- Age
- Profession
- Lieu de résidence
Les affiches publicitaires mobilisées lors des entretiens avec les contestataires
Les affiches publicitaires mobilisées lors des entretiens avec les contestataires
Le guide d’entretien avec les professionnels
771. Selon vous, quels sont les principaux enjeux actuels de la publicité environnementale ?
782. Pensez-vous que les consommateurs, en général, apprécient les publicités environnementales ? quels sont les éléments précis qu’ils peuvent apprécier dans ces publicités ?
793. Comment les consommateurs manifestent-ils cette contestation ?
804. Quelle est l’ampleur de cette contestation selon vous ? concerne-t-elle beaucoup de consommateurs ? touche-t-elle plusieurs entreprises ?
815. Selon vous, quel est l’effet de cette contestation sur l’entreprise (image, ventes, …) ?
826. Dans quelle mesure la contestation des publicités environnementales par les consommateurs pourrait-elle pousser les entreprises à revoir leurs stratégies de communication ?
837. Dans le cas de votre entreprise, étiez-vous confronté à une contestation de l’une de vos publicités environnementales ? quels sont les éléments qui ont fait l’objet de cette contestation ? Comment votre entreprise a-t-elle répondu à cette contestation ?
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Mots-clés éditeurs : scepticisme, contestation, résistance à la publicité, publicité environnementale
Date de mise en ligne : 22/08/2018.
https://doi.org/10.3917/g2000.351.0123Notes
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[1]
La crédibilité de la source renvoie à deux dimensions selon Eisend (2002) : la fiabilité et la compétence. La fiabilité fait référence à la croyance du récepteur que la source émet une information honnête sans aucune motivation de tromperie, alors que la compétence est liée à l’expérience perçue de la source.
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[2]
Le cynisme est considéré comme un doute systématique et une suspicion de motivations cachées des entreprises (Boyer, 2006)