Couverture de G2000_283

Article de revue

Démarketing environnemental : contours conceptuels et implications managériales

Pages 15 à 32

Notes

  • [1]
    Ces auteurs ne font pas spécifiquement référence au démarketing fondé sur l’environnement. Ils identifient trois catégories de dévalorisation commerciale.
    • Le démarketing général qui permet de :
      • faire face à une pénurie temporaire (à la suite du succès non programmé d’un nouveau produit…) ;
      • gérer un excès chronique de popularité (pour préserver la beauté d’un site touristique…) ;
      • éliminer un produit (pour ne plus répondre à des demandes marginales et non rentables…).
    • Le démarketing sélectif qui concerne des segments particuliers (pour décourager la venue de prospects gênants pour l’image de l’entreprise…).
    • Le démarketing apparent qui permet, en présentant le produit comme rare, de le rendre paradoxalement plus attractif.
  • [2]
    Nous n’évoquons pas, dans cet article, le rôle possible des salariés. Après analyse des cas recensés, nous n’avons pas trouvé d’exemple de pression exercée par eux, ou leurs syndicats, pour obtenir le repositionnement commercial de l’entreprise. Cela ne veut pas dire que leur implication n’est pas réelle et décisive dans certaines structures.
  • [3]
    Dans le secteur des cosmétiques, Interbrand (cité par l’UNEP et al. [2005]) avance, par exemple, que Natura a une marque qui représente 113% de ses ventes alors que le rapport n’est que de 33% pour L’Oréal.
  • [4]
    Une enquête (TNS Media Intelligence - février 2008) note une méfiance croissante des prospects à l’égard des grands groupes. Si, en 2004, 61% des Français leur faisaient confiance pour agir dans le sens du respect de l’écologie et des populations, ils n’étaient plus que 41,3% en 2008 à considérer que ces groupes s’engageaient réellement dans cette mission.

1Le concept de démarketing est défini, par Kotler et Levy (1971), comme l’aspect du marketing qui cherche à décourager les consommateurs en général ou une certaine classe de consommateurs en particulier de manière temporaire ou permanente (p. 75)[1].

2Selon cette définition, la pratique présente une inversion des logiques de mise sur le marché. Si nous prenons le mix commercial pour illustrer ces propos, le produit est alors présenté à un prix élevé, distribué de manière limitée et ouvertement dévalorisé ou protégé.

3Peu de recherches académiques ont tenté, depuis les années 1970, de préciser la nature de cette approche paradoxale (Cullwick, 1975 ; Dubois et Evrard, 1975…). Pourtant, à l’heure où certaines matières premières commencent à se raréfier, où les déchets s’accumulent…, le démarketing liés aux questions environnementales interpelle. Dans cet article, nous proposons de définir ce type particulier de dévalorisation comme l’ensemble des logiques et pratiques commerciales qui invitent, en utilisant et/ou en défendant la cause écologique, à réduire ou à stopper la consommation de certains produits. Cette démarche n’est pas ici considérée comme un simple symétrique du marketing mix traditionnel, mais comme une pratique qui conduit au repositionnement des acteurs et de leurs produits sur le marché. Elle se démarque des autres formes de démarketing (axé sur la dévalorisation du tabac, des alcools, des armes à feux…) car, en abordant des problématiques plus variées et plus collectives, elle offre une gamme d’actions plus hétérogènes.

4Pour cerner les contours conceptuels du démarketing environnemental, nous présenterons, dans un premier temps, les différentes formes qu’il peut prendre. Nous étudierons, ensuite, les enjeux et les conditions de mise en œuvre qui le caractérisent.

Une typologie relative au démarketing environnemental

5Dressant un panorama des différentes thématiques développées en marketing, Badot et Cova (2003) positionnent divers champs d’étude innovants. Cette approche synthétique permet de repérer le marketing social comme un socle particulièrement intéressant pour étudier, au sein de la discipline, les problèmes environnementaux. Développé au début des années 1970, ce champ est défini par Kotler et al. (2002) comme l’utilisation des principes et des techniques marketing visant à influencer une audience cible pour volontairement accepter, rejeter, modifier ou abandonner un comportement au bénéfice d’individus, de groupes ou de la société dans son ensemble (p. 394). Sa large vocation permet d’intégrer dans son giron les innovations disciplinaires comme le marketing vert ou le marketing éthique.

6Pourtant, comme Peattie et Peattie (2009) le remarquent, les réponses apportées aux problématiques environnementales se résument pour l’essentiel à inciter les prospects à consommer des produits substituables et non à remettre en cause les logiques actuelles de consommation. Pour eux, le marketing doit aller plus loin. Son rôle d’interface invite ceux qui le développent à ne pas ignorer la multiplication des formes de résistance associées aux questions écologiques. Il s’agit, pour évoluer avec la société et/ou faire évoluer la société, de répondre plus concrètement aux demandes responsables de certains prospects et de favoriser l’émergence de styles de vie plus durables. C’est dans cette logique que s’inscrit la réflexion que nous proposons de mener sur la dévalorisation ou la restriction commerciale fondée sur les principes de développement durable.

7Dépassant la simple logique de classification, la typologie proposée tente de faire émerger les nombreux enjeux d’un phénomène structurel qui devrait, avec l’évolution des problèmes écologiques, se développer dans le futur. Illustrant une cause qui dépasse une seule catégorie d’acteurs, le démarketing environnemental nous invite à analyser en parallèle les politiques commerciales des entreprises et les pressions exercées sur elles par les parties prenantes (Tableau).

Tableau

Types de démarketing environnemental

Tableau
Origines et mOdalités Objectifs principaux (nOn exclusifs) | entreprises parties prenantes (jeu interactif) | | repOsitiOnnement explicite repOsitiOnnement implicite pressiOn directe pressiOn indirecte décOurager Ou limiter la cOnsOmmatiOn Démarketing engagé et interne/ externe Démarketing par les produits écologiques de l’entreprise ou de ses concurrents. Démarketing par les autorités politico-légales et les investisseurs. Démarketing institutionnel et consumériste. Démarketing par les fournisseurs-innovateurs. Démarketing par les médias, les distributeurs et les clients. réguler la cOnsOmmatiOn Démarketing de rationnement/ préservation. Démarketing politico-légal et institutionnel. Démarketing par les médias et les distributeurs. aller dans le sens du marché (pOlitique de différenciatiOn, de séductiOn…) Démarketing engagé/ démagogique et interne/externe. Démarketing par les produits écologiques de l’entreprise ou de ses concurrents. Démarketing par les investisseurs. Démarketing par les partenaires financiers. Démarketing par les distributeurs et les clients.

Types de démarketing environnemental

Le démarketing émanant des entreprises

8Dans la logique du champ d’étude retenu par Kotler et Levy, nous nous concentrerons ici sur les actions de dévalorisation ou de restriction commerciale développées par les entreprises publiques ou privées. Ces actions, quelle que soit la motivation des compagnies qui s’engagent, sont plurielles. Elles diffèrent selon le caractère explicite ou implicite du repositionnement commercial.

Le repositionnement explicite

9Ce démarketing est de nature variée. Il se caractérise par des continuums bipolaires traduisant ouvertement différents degrés d’implication et de motivation. Dans notre étude, trois principaux continuums ont été identifiés (engagé/démagogique, interne/externe et de rationnement/préservation). Présentons ces modes d’action.

  • Le démarketing engagé. Cette démarche est essentiellement développée par des entreprises publiques, des agences étatiques et des organisations non gouvernementales. Avec cette politique, les structures concernées cherchent en priorité à protéger la nature. Le calcul commercial est a priori secondaire. National Trust, le propriétaire du célèbre jardin Sissinghurst en Angleterre, refuse ainsi depuis 1997, pour protéger la flore, d’accueillir les touristes quand un certain quota est atteint. La perte de recette significative qui en découle est en partie comblée par l’abandon des dépenses publicitaires et une refonte de la politique tarifaire.
  • Le démarketing démagogique. A l’inverse de la politique précédente, nous retrouvons ici les entreprises qui encouragent ouvertement les prospects à réduire leur consommation sans prendre de mesures particulières pour les y aider. Cette attitude est régulièrement dénoncée par les organisations non gouvernementales (ONG) et les associations de consommateurs. Pour illustrer ces propos, nous pouvons rappeler le relatif agacement de ces groupes face à la campagne lancée par Carrefour en 2004 sur le thème : Arrêtons de consommer plus pour consommer mieux. Certains observateurs ont considéré que le groupe français n’était pas crédible car il n’avait pas associé, à cette campagne, un marketing stratégique et opérationnel adapté.
  • Le démarketing interne. Pour des raisons écologiques, les entreprises décident, spontanément ou sous la pression du marché, de déprécier commercialement certains de leurs produits. Cette dépréciation permet, avant le retrait des biens ou services visés, de préparer le changement de gamme ou de laisser un temps d’adaptation aux clients. Les fabricants d’ampoules à incandescence adoptent parfois cette approche pour se repositionner en proposant des ampoules fluorescentes beaucoup plus efficientes sur le plan énergétique.
  • Le démarketing externe. La communication environnementale des entreprises peut être axée sur la critique, parfois militante, de produits considérés comme peu respectueux de la nature. Les firmes assurent, dans ce cas, le démarketing de produits qu’elles ne vendent pas. Allant dans ce sens, The Body Shop dénonce depuis sa création en 1976 les produits cosmétiques développés sur la base de tests faits sur des animaux.
  • Le démarketing de rationnement. Il concerne les politiques commerciales qui visent, pour des raisons économiques, à réduire la consommation de ressources naturelles ou de produits polluants. Par exemple, quand la production des biens en question (eau, électricité…) est insuffisante par rapport à la demande, les entreprises invitent parfois leurs clients à se rationner. Ce démarketing régulateur vise essentiellement à éviter des ruptures de stocks préjudiciables, mais il permet en même temps de lancer un message environnemental qui peut sensibiliser les populations visées et contribuer au repositionnement de l’entreprise. Pacific Gas and Electric Company (PG&E), aux Etats-Unis, a déjà adopté une telle approche.
  • Le démarketing de préservation. Il traduit la priorité des critères écologiques sur les critères économiques. L’entreprise est ainsi prête à décourager des schémas de consommation considérés comme durablement préjudiciables pour l’environnement. Les centres commerciaux Migros, par exemple, invitent leurs clients en Suisse à ne pas consommer certains poissons pour ne pas compromettre la reproduction de ces espèces. Une affiche publicitaire de la compagnie montre un bateau de pêche sorti de l’eau avec une bannière indiquant : Les poissons ont aussi besoin de vacances.

Le repositionnement implicite

10Avec ce type de politique, la dévalorisation ou la restriction commerciale de certains produits est indirecte et sous-entendue. En soulignant l’originalité et l’utilité de produits verts, cette approche entraîne la dépréciation des produits plus polluants. Ce démarketing implicite vient de l’entreprise elle-même ou de ses concurrents.

  • Le démarketing par les produits écologiques de l’entreprise. Les produits verts provoquent parfois le déréférencement des produits qui ne le sont pas. Au sein même de l’entreprise engagée dans le développement durable, les défauts écologiques de la gamme traditionnelle sont mis en avant. Lafuma, en développant une stratégie fondée sur l’éco-conception, a dû gérer cette contrainte. Le slogan, L’éco-conception, c’est offrir plus, avec moins, traduit bien le changement de cap de l’entreprise et la difficulté d’associer, pendant la phase de transition, deux gammes opposées.
  • Le démarketing par les produits écologiques des concurrents. Le principe est identique à celui que nous venons de présenter. Seules l’origine et la motivation diffèrent. En effet, le lancement d’un produit vert sert bien souvent à différencier l’entreprise aux yeux des prospects. Cette différenciation engendre une dévalorisation tacite des produits concurrents qui ne répondent pas aux mêmes critères environnementaux. Stonyfield Farm, filiale du groupe Danone depuis 2003, illustre ce positionnement atypique dans le secteur agroalimentaire en Amérique du Nord. Cette entreprise, en offrant des produits biologiques et en cédant 10% de ses bénéfices annuels à des programmes environnementaux, a gagné une crédibilité qui lui a permis de prendre des parts de marché aux producteurs traditionnels et d’être aujourd’hui la troisième marque de yaourt aux Etats-Unis.

Le démarketing impulsé par les parties prenantes

11Considérant, dans la logique du marketing social, qu’il faut dépasser le champ d’application retenu par Kotler et Levy, nous proposons de compléter la typologie en présentant les opérations de dépréciation des produits jugés non environnementaux par différentes parties prenantes.

12Cet élargissement du champ se justifie pour deux raisons. Premièrement, Kotler lui-même, suite aux travaux de Bagozzi (1975), définit le marketing comme une discipline qui doit s’appliquer, au-delà de la sphère marchande, aux associations professionnelles, partis politiques, organisations non gouvernementales… Deuxièmement, les frontières des entreprises deviennent de plus en plus évanescentes. La globalisation des marchés et l’avènement de la société du savoir les obligent, bien souvent, à nouer de nombreux partenariats avec différentes parties prenantes. Il est donc légitime d’étudier les pressions directement ou indirectement exercées par ces entités sur les entreprises [2].

Les pressions directes

13La démarche vise ici le repositionnement d’une entreprise considérée comme peu respectueuse de l’environnement. L’origine de ce ciblage est variable. Elle peut être étatique, institutionnelle, consumériste ou financière. Analysons les principales logiques de fonctionnement des initiateurs de cette politique.

  • Le démarketing par les autorités politico-légales. Ces entités, nationales ou supranationales, décident ici de ne plus autoriser ou de décourager l’utilisation d’un produit. Leurs décisions ont alors un impact direct sur toutes les entreprises du secteur. En France, nous pouvons illustrer ce démarketing par le malus écologique que le gouvernement impose lors de l’achat de véhicule particulier neuf émettant plus de 160 grammes de dioxyde de carbone (CO2) par kilomètre. Fondé sur le principe du pollueur-payeur, le dispositif inflige une éco-pastille qui peut aller jusqu’à 2.600 euros par véhicule.
  • Le démarketing institutionnel. Il s’agit ici de produits spécifiquement visés par des instances internationales (Organisation des Nations Unies, Organisation Mondiale du Commerce…), des associations professionnelles (EnviroBAT, Cosmébio…) et/ou des ONG (Greenpeace, Fondation Nicolas Hulot…). Ce type de démarketing s’institutionnalise par des accords signés au cours de rencontres organisées à l’échelle nationale ou internationale. Par exemple, la Convention de Washington (Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora – CITES), signée et ratifiée par 175 pays, invite les Etats à exercer un contrôle rigoureux sur le commerce de plus de 30.000 espèces animales et végétales menacées. Elle engendre, de fait, le démarketing des produits dérivés de ces espèces.
  • Le démarketing consumériste. Alimenté par différentes formes de résistance (Certeau (de), 1984 ; Peñaloza & Price, 1993…), il se manifeste par des actions qui cherchent à faire respecter les intérêts des consommateurs et, au-delà, de l’humanité en tentant de protéger l’environnement. Pour illustrer ce cas, nous pouvons évoquer les militants qui s’opposent en France aux OGM. La couverture médiatique de leurs fauchages illégaux peut inciter certains acteurs, qu’ils soient d’accord ou non avec les méthodes employées, à reconsidérer la pertinence économique et sociale de ce type de produits.

14Au-delà du consumérisme traditionnel, qui vise à défendre les seuls intérêts des consommateurs, nous pouvons également évoquer les actions menées par certaines associations pour protéger la biodiversité. Par exemple, les publicités-chocs et les actions commandos de People for the Ethical Treatment of Animals (PETA) assurent auprès d’une certaine population le démarketing efficace des manteaux de fourrure.

  • Le démarketing par les investisseurs. Les placements socialement responsables, en cherchant à concilier les intérêts de l’entreprise et ceux de la collectivité, peuvent avoir un impact sur le repositionnement d’une firme. Par exemple, le fonds Royale CO2 de Prigest, spécialisé dans les énergies propres (solaire, éolienne…), invite à déprécier sur le plan commercial les productions de gaz industriels à effet de serre (fréon, perfluorométhane…).

Les pressions indirectes

15En valorisant des produits verts concurrents ou substituables, cette approche vise implicitement les produits qui ne s’inscrivent pas dans une logique de développement durable. Les acteurs à l’origine de cette pression indirecte sont principalement les partenaires amont ou aval des entreprises.

  • Le démarketing par les fournisseurs-innovateurs. Un progrès technologique proposé par un fournisseur permet parfois de réduire l’utilisation de ressources naturelles et/ou de limiter la détérioration du cadre naturel. Il peut, par conséquent, rendre obsolètes les produits traditionnels et provoquer leur démarketing. Pour illustrer ces propos, citons le cas de Vegeplast. Spécialisée dans la fabrication et la conception de pièces thermoplastiques issues de la transformation du maïs, cette compagnie propose depuis peu des produits 100% biodégradables. Ces substituts, aux produits plastiques traditionnels très polluants, peuvent inciter des compagnies clientes à repositionner leurs offres sur le marché.
  • Le démarketing par les partenaires financiers. La pression environnementaliste peut venir des prestataires de service de l’entreprise. Les compagnies d’assurance, les banques, les entreprises de capital-risque… encouragent parfois leurs clients à réexaminer leur politique commerciale. Même si le phénomène est embryonnaire, il symbolise une mutation originale du rôle des partenaires financiers. Donnons un exemple d’implication. Les compagnies d’assurance, conscientes des coûts engendrés par les dérèglements climatiques, commencent à favoriser les clients qui luttent contre le réchauffement de la planète. Generali, considérant que les assurés impliqués dans le développement durable engendrent moins de risque, leur accorde ainsi 30% de réduction.

Les pressions directes et/ou indirectes

16Pour conclure cette typologie, nous pouvons également identifier des politiques commerciales hybrides (démarketing-marketing ou marketing-démarketing) qui dénoncent explicitement certains produits et font, en parallèle, implicitement pression pour un repositionnement plus responsable des acteurs.

  • Le démarketing par les médias. Il est inutile ici de lister les journaux, chaînes de télévision, stations de radio… qui, régulièrement, présentent des dossiers sur les produits dits écologiques ou polluants. Ces actions, de plus en plus fréquentes, contribuent à modifier les mentalités et les critères d’achat des prospects. Les comparatifs de produits, les classements d’entreprise par rapport au développement durable, l’analyse des profils d’acteur… font évoluer les attitudes et les comportements. Ces différents dossiers provoquent parfois un relatif désintérêt pour des produits traditionnellement bien perçus. Citons pour certains prospects, après la publication ou la diffusion d’enquêtes sur la déforestation tropicale, la valorisation des meubles en bois traditionnels (chêne, sapin…) et la dévalorisation des meubles faits à partir de bois rares (palissandre, amarante…).
  • Le démarketing par les distributeurs. Jouant le rôle d’interface entre l’offre et la demande, certains systèmes de distribution tentent de sensibiliser les producteurs et les clients au développement durable. Depuis le 1er mars 2006, les 833 magasins de prêt-à-porter Promod refusent publiquement de vendre des produits confectionnés avec de la fourrure. L’enseigne utilise ce démarketing pour répondre aux attentes de certains prospects et mettre en avant une certaine responsabilité professionnelle.
  • Le démarketing par les clients. Ce type d’action illustre de manière particulière le jeu interactif des entreprises et des parties prenantes. Un client peut en effet modifier son comportement grâce au repositionnement environnemental de certaines firmes et faire pression, ensuite, pour que d’autres compagnies s’engagent également dans le développement durable. Plus globalement, cette pression est aussi bien exercée par les clients-particuliers que par les clients-entreprises. Illustrons ces deux cas de figure.

17Pour les clients-particuliers, Consoglobe invite sur son site Internet les consommateurs finals ou potentiels à apprécier la qualité de l’engagement éthique et environnemental de 70 multinationales (Baromètre Ethique et Environnement). Ce regard attentif et critique pousse parfois les entreprises à démarketer certains de leurs produits ou à modifier leur politique d’approvisionnement.

18Pour les clients-entreprises, American Apparel, proposant une gamme de vêtements éco-responsable, demande à ses fournisseurs de lui livrer du coton biologique fabriqué dans des usines où les droits des salariés sont respectés. Là-encore, la politique du client peut réorienter la politique du fournisseur.

19Les différentes facettes du démarketing environnemental présentées dans cette typologie ne sont pas exclusives. Elles se combinent parfois pour traduire plus précisément une réalité complexe et polymorphe. Une action commerciale peut à la fois relever d’un démarketing interne et engagé. De même, elle peut avoir une origine politico-légale et consumériste.

Les enjeux du démarketing environnemental

20Les défis sociétaux et environnementaux sont de plus en plus importants : croissance démographique, émergence économique de nations très peuplées, stocks limités de ressources naturelles, gestion de déchets à haut risque… Ces défis prennent une dimension particulière aujourd’hui. Selon Redefining Progress, en 2005, l’empreinte écologique de l’humanité aurait dépassé de 39% les capacités bioproductives de la Terre. De même, le World Wildfife Fund avance qu’il faudrait trois fois les ressources naturelles de la planète pour répondre aux besoins de la population mondiale si les tous les consommateurs avaient en moyenne le pouvoir d’achat et le style de vie d’un Européen.

21Face à cette situation, le rôle du marketing est appelé à évoluer. Même si les progrès techniques et technologiques permettent de moins consommer et de satisfaire des normes écologiques de plus en plus exigeantes, il semble désormais inévitable de modifier certains schémas de consommation traditionnels. En France, 75% des prospects associent eux-mêmes un comportement d’achat responsable à une réduction de leur consommation (enquête TNS Media Intelligence - février 2008).

22L’entreprise ayant à ce sujet un rôle clef à jouer, nous nous intéresserons particulièrement ici aux démarketing explicite et implicite. Les démarketing par pression directe et/ou indirecte ne sont pas, pour autant, exclus. Ils apparaissent en filigrane comme des facteurs essentiels pour comprendre les choix des dirigeants d’entreprise. Pour mieux cerner les aspects de cette complémentarité, nous étudierons dans cette partie les avantages, les inconvénients et les conditions de mise en œuvre de cette politique commerciale.

Des bénéfices de différentes natures

23Hawken, Lovins et Lovins (1999) pensent qu’il est envisageable de reconcevoir le fonctionnement industriel de nos économies en utilisant autrement les ressources naturelles. Dans le capitalisme naturel, qu’ils préconisent, les produits verts doivent permettre d’utiliser avec plus d’efficience et plus de rationalité les ressources terrestres. Cela passe par la dématérialisation partielle de la production et par le réinvestissement du gain de productivité dans le capital écologique de la planète. Même si d’autres options existent, le démarketing s’inscrit logiquement dans cette approche. Etudions, dans cette section, les avantages qu’il peut engendrer.

Une logique sociétale et environnementale

24Au niveau des nations, les différentes actions de dévalorisation ou de restriction commerciale identifiées précédemment permettent de sensibiliser les populations aux dégradations environnementales engendrées par la consommation de masse, de faciliter une meilleure utilisation des ressources naturelles, de développer à l’échelle internationale des solutions permettant de respecter davantage la biodiversité…

25Au niveau des personnes, le démarketing aide à modifier les comportements en dénonçant plus ou moins directement et objectivement les schémas de consommation excessifs, préjudiciables et polluants. Il invite ainsi les acteurs économiques à revoir leurs critères de décision. Il peut notamment :

  • Encourager certaines actions collectives pour modifier la législation (interdiction de certains produits polluants, protection des espèces menacées…) ;
  • Faire évoluer les comportements individuels (utilisation des transports en commun, réduction de la consommation d’énergie…) ;
  • Favoriser l’émergence de nouveaux produits (biocarburants, sacs en plastique biodégradables…)…

26Les modes d’action les plus utiles à ce niveau sont alors, sur la base de la typologie proposée, principalement :

  • Les démarketing interne/externe ou engagé lorsqu’ils sont développés par les entreprises ;
  • Les démarketing d’origine politico-légale, institutionnelle ou consumériste lorsqu’ils émanent des parties prenantes.

Une logique managériale

27Conscientes des enjeux environnementaux et des attentes des prospects, les firmes peuvent utiliser le démarketing pour affirmer l’originalité de leur politique. Présentons sommairement les principaux intérêts stratégiques et opérationnels du démarketing explicite (souvent inspiré, voire provoqué, par les démarketing implicite, direct et indirect) :

  • Renforcement de la stratégie de différenciation et du positionnement commercial ;
  • Développement d’un avantage concurrentiel fondé sur l’image et/ou l’innovation ;
  • Gain de notoriété dans des secteurs où la concurrence est atomisée ;
  • Appréciation, au-delà des normes sectorielles habituelles, de la valeur de la marque [3] ;
  • Promotion des produits par le biais des relations publiques (notamment pour le démarketing engagé ou fondé sur l’innovation) ;
  • Réduction des dépenses publicitaires (bouche à oreille favorable et moyens promotionnels peu coûteux [sites Internet, oriflammes…]) ;
  • Évitement d’actions hostiles menées par des organisations écologistes (appels au boycott, procès…)…

28La période semble donc favorable aux entreprises qui s’engagent dans le démarketing de produits polluants ou gourmands en ressources naturelles. Les pionniers pourraient bénéficier d’une image particulière avant que ce type de politique ne se généralise. Par contre, les consommateurs ne sont pas dupes. Très informés, ils ont les moyens de savoir si les actions des compagnies sont en phase avec les idées défendues publiquement.

Les limites et effets pervers du démarketing

29Cette politique commerciale est à l’origine d’un certain nombre d’avantages potentiels pour la collectivité et les entreprises, même si ses impacts aujourd’hui sont encore très limités. Pour apprécier le potentiel de développement du démarketing, il convient d’identifier les contraintes liées à son application.

L’ambivalence du marché

30Dans les sociétés occidentales, les populations sont globalement favorables aux produits verts. L’intention d’achat concernant ces produits peut être élevée (40% selon UNEP et al. [2005]), mais seule une petite frange de prospects (généralement les personnes les plus aisées, les plus âgées et les plus éduquées [Grinstein & Nisan, 2009]) achète ce type de produit. Outre les facteurs structurels (méfiance vis-à-vis des entreprises, manque de lisibilité des produits dits durables…), l’écart entre l’intention et le comportement traduit la difficile (r)évolution des mentalités par rapport aux questions environnementales.

31Parallèlement, en adoptant cette démarche atypique, l’entreprise va gêner certains consommateurs, concurrents, responsables politiques… Elle aura donc parfois à gérer une relative hostilité tout en prenant des risques commerciaux. Cette mise en danger, propre aux pionniers, ne peut être occultée.

Une méfiance par rapport à l’utilisation du thème écologique

32L’environnement et la pollution sont respectivement la première et la troisième préoccupations des Français (sondage TNS-Sofres - décembre 2006). Par ailleurs, ils estiment à 59% que les entreprises dont ils sont clients doivent se préoccuper de l’environnement (sondage Opinion way - décembre 2006). Pourtant, les prospects sont méfiants et peuvent percevoir ce démarketing comme un moyen d’action cynique. Pour certains, il est difficile de faire confiance aux grands groupes qui découvrent, bien tardivement, leur vocation écologique. [4] Cette vocation très médiatisée est souvent perçue comme une action de green-washing, c’est-à-dire comme une récupération des thèmes écologiques pour servir les seuls intérêts de l’entreprise. Cette pratique, de plus en plus dénoncée par les mouvements écologistes, peut :

  • Rendre inutiles les efforts promotionnels faits autour du démarketing (surtout si celui-ci est démagogique) ;
  • Discréditer l’émetteur du message et lui imposer de fortes dépenses en communication pour restaurer son image.

Une perte possible de clientèle au bénéfice de la concurrence

33Les messages à contre-courant du démarketing explicite peuvent, sur certains marchés, affaiblir la position concurrentielle de la firme. Le fait de vouloir rendre un produit moins attractif pour des raisons écologiques risque, si les consommateurs ne sont pas suffisamment préparés, de jouer contre l’entreprise engagée. Le repositionnement, fondé sur l’utilisation d’un mix inversé, peut déstabiliser les clients et brouiller l’image de la compagnie.

Une rentabilité particulièrement aléatoire

34Si l’entreprise veut réellement être le porte-parole d’un mouvement écologique ou si elle veut utiliser le démarketing explicite comme moyen de différenciation, elle doit informer et convaincre les prospects. Pour cela, elle a besoin de communiquer durablement. Cette politique de communication peut ne pas avoir d’effet ou avoir un impact commercial tardif (ambivalence du marché [point 1] et méfiance par rapport à l’utilisation du thème écologique [point 2]). Les entreprises sont donc invitées à ne pas attendre un retour sur investissement rapide.

35Dans le cas du démarketing implicite, les risques traditionnellement associés aux innovations sont encore plus forts. Il faut, en effet, que le produit soit à la fois écologique et performant pour faire face à la concurrence des produits plus classiques.

Les conditions de mise en œuvre

36Il est difficile de savoir quels sont les impacts des différents stimuli adressés aux prospects, mais la convergence des messages aide à rendre audible et crédible les discours invitant à prendre davantage en considération les questions environnementales.

37La sensibilité à ces messages est en grande partie liée au niveau de vie et d’éducation des consommateurs. Dans les pays en voie de développement, la priorité des populations est généralement donnée aux moyens de subsistance. Les questions écologiques, sauf si elles répondent à une philosophie ou à un intérêt économique particulier, ne sont pas privilégiées.

38Quel que soit le niveau de développement économique, cette politique commerciale n’aura les effets escomptés que si elle est adossée à une série de mesures stratégiques et opérationnelles. Présentons, en fonction de l’origine des acteurs, les principales logiques de mise en œuvre du démarketing environnemental.

Pour le démarketing explicite et/ou implicite

39L’entreprise peut adopter un certain nombre de mesures pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée. Sur les six principales conditions identifiées, les deux premières concernent le démarketing explicite et implicite, les trois suivantes sont spécifiques à l’approche implicite et la dernière caractérise l’approche explicite. Présentons chacune d’elles.

Faire évoluer la stratégie et la culture de l’entreprise

40L’efficacité du démarketing environnemental repose, en partie, sur l’engagement de l’organisation prise dans son intégralité. Le management durable peut difficilement se cantonner à la direction générale ou à un service dédié. Pour être véritablement appliqué, il doit s’apparenter à une philosophie gestionnaire qui se diffuse à tous les niveaux de l’entreprise. Cette vision partagée, et la relative convergence des points de vue qu’elle peut engendrer, permet d’éviter les dysfonctionnements internes liés au développement de stratégies contradictoires. Elle permet également de préciser le positionnement stratégique et commercial de l’entreprise auprès des clients et autres parties prenantes.

Jouer la transparence et mettre en place des partenariats crédibles

41Pour dissiper le scepticisme des prospects, l’entreprise peut être invitée à établir un partenariat particulier avec son public. Elle peut l’inviter à agir et à s’impliquer (pétitions, forums de discussion…). Par ce biais, certains prospects se sentent proches de l’entreprise qui défend les causes qui leur sont chères. The Body Shop a, par exemple, créé un lien quasi affectif avec bon nombre de ses clients. Ces derniers sont fiers de se détourner de produits traditionnels dénoncés par l’entreprise et d’être les ambassadeurs d’un acteur économique perçu comme responsable.

Gagner la confiance des prospects

42L’engagement de l’entreprise sera plus clairement perçu si le démarketing implicite est associé à des solutions concrètes (innovation verte, abandon de matières polluantes…) qui s’inscrivent dans la durée. De même, il gagnera en crédibilité si la démarche écologique est intégrée (conception, fabrication, commercialisation, gestion des déchets…) et si les résultats des actions de dévalorisation ou de restriction commerciale sont présentés publiquement et régulièrement.

Proposer des solutions alternatives intéressantes

43Dénoncer une consommation ou un produit non écologique a un impact extrêmement limité si les émetteurs n’offrent pas de substituts pertinents. Pour les opérations de démarketing implicite, il est important que les produits verts ne soient pas désavantagés en termes de prix, qualité, performance et confort. Si la compétitivité des éco-produits est faible, la grande majorité des prospects continuera à s’orienter vers les produits traditionnels. C’est l’une des causes d’échec des premières voitures électriques de General Motors.

Bénéficier d’une caution nationale ou internationale

44Même si la certification n’est pas indispensable, elle cautionne particulièrement le démarketing implicite de l’entreprise. En France, deux écolabels officiels sont délivrés : NF Environnement et Ecolabel européen. A l’échelle internationale, les normes ISO servent aussi de références. Par exemple, l’usine Tetra Pak de Dijon traite l’intégralité de ses déchets (99,5% par recyclage et 0,5% par valorisation avec récupération d’énergie). Cet engagement lui permet aujourd’hui de bénéficier d’un système de gestion de l’environnement certifié ISO 14 001.

Eviter les messages atones ou contradictoires

45Les consommateurs font de plus en plus l’analyse critique des logiques de communication des entreprises. Les discours insignifiants ou discordants gênent donc logiquement la mise en œuvre du démarketing explicite. Chevron, par exemple, a récemment lancé une campagne promotionnelle soulignant les prochains problèmes d’approvisionnement énergétique en avançant : Il nous a fallu 125 ans pour utiliser le premier trillion de barils de pétrole. Nous utiliserons le prochain trillion en 30 ans. Alors, pourquoi devez-vous vous en soucier ?

46Ce message prépare clairement les consommateurs au démarketing, nécessaire à terme, du pétrole et de ses produits dérivés. Cependant, la compagnie pétrolière ne fait que dénoncer un problème déjà largement présenté sur la scène publique. Elle n’offre pas de solutions concrètes et ne s’engage pas à aider ses clients à réduire leur consommation. Ce démarketing démagogique risque d’être stérile, voire d’agacer certaines parties prenantes.

Pour le démarketing par pression directe et/ou indirecte

47Concernant le démarketing environnemental émanant des parties prenantes, deux conditions semblent essentielles pour donner du poids aux discours tenus et aux actions menées.

Proposer aux prospects des messages forts et convergents

48L’intérêt de la dévalorisation ou de la restriction commerciale sera particulièrement compris et admis si la communication est récurrente et si les sources sont variées (pouvoirs publics, associations de consommateurs, organisations écologistes…). C’est la convergence des efforts de ce groupe hétérogène d’organisations qui permet généralement l’évolution des comportements de consommation. Les résultats obtenus concernant les produits artisanaux faits en ivoire sont là pour nous le rappeler. De nombreux touristes ont désormais compris que l’achat d’un souvenir ne justifiait pas la disparition de certaines espèces (narvals, rhinocéros…).

49Pour plus d’efficacité, il est naturellement préférable que les messages portent à la fois sur la protection de la biodiversité et les intérêts que peuvent en tirer les consommateurs. Le fait de mettre en avant les problèmes de santé publique, de dérèglement climatique… peut aller dans ce sens.

Faire régulièrement pression sur les dirigeants d’entreprise

50Les différentes parties prenantes sont également appelées à pousser les chefs d’établissement à modifier leur offre de produit et leur logique de fonctionnement. Elles ont pour cela des moyens de pression nombreux et souvent complémentaires (publications, forums…) qui permettent de faire évoluer le marché. Le changement de cap opéré par le monde des affaires n’est pas toujours spontané, mais il permet d’entrer progressivement dans une ère nouvelle. L’exemple des produits chimiques illustre cette évolution, même si le message écologique est parfois galvaudé.

Conclusion

51La nature exploratoire de la réflexion développée dans cet article n’a pas permis d’aborder toutes les problématiques associées au démarketing environnemental. La typologie proposée ouvre cependant la voie à de nouvelles recherches. Elle peut, par exemple, permettre d’analyser plus précisément les raisons qui conduisent les entreprises à s’orienter vers une forme particulière de dévalorisation ou de restriction commerciale. Elle offre également un socle conceptuel facilitant l’étude de la mise en œuvre des différents types identifiés.

52Nous pensons que de telles recherches complémentaires sont nécessaires car, plus qu’un outil de management atypique, cette approche commerciale traduit, pour bon nombre d’entreprises, le moyen de gérer une forte transition. Elle permet, en effet, de faire face à l’évolution des cycles industriels et commerciaux, de proposer ou de s’ajuster à de nouveaux schémas de consommation, de modifier ou d’adapter les gammes de produits…

53Au-delà de la récupération et/ou de la défense du thème écologique, le démarketing environnemental se présente ainsi comme un moyen pour réorienter la politique commerciale de l’entreprise. Cette réorientation est d’autant plus forte qu’elle résulte en partie de la pression croissante de différentes parties prenantes. La typologie dressée sur le démarketing environnemental montre bien que les acteurs sont pluriels. Les différents messages qu’ils portent lient ainsi de manière originale les sphères marchande, sociale et politique.

Bibliographie

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Date de mise en ligne : 22/03/2014

https://doi.org/10.3917/g2000.283.0015

Notes

  • [1]
    Ces auteurs ne font pas spécifiquement référence au démarketing fondé sur l’environnement. Ils identifient trois catégories de dévalorisation commerciale.
    • Le démarketing général qui permet de :
      • faire face à une pénurie temporaire (à la suite du succès non programmé d’un nouveau produit…) ;
      • gérer un excès chronique de popularité (pour préserver la beauté d’un site touristique…) ;
      • éliminer un produit (pour ne plus répondre à des demandes marginales et non rentables…).
    • Le démarketing sélectif qui concerne des segments particuliers (pour décourager la venue de prospects gênants pour l’image de l’entreprise…).
    • Le démarketing apparent qui permet, en présentant le produit comme rare, de le rendre paradoxalement plus attractif.
  • [2]
    Nous n’évoquons pas, dans cet article, le rôle possible des salariés. Après analyse des cas recensés, nous n’avons pas trouvé d’exemple de pression exercée par eux, ou leurs syndicats, pour obtenir le repositionnement commercial de l’entreprise. Cela ne veut pas dire que leur implication n’est pas réelle et décisive dans certaines structures.
  • [3]
    Dans le secteur des cosmétiques, Interbrand (cité par l’UNEP et al. [2005]) avance, par exemple, que Natura a une marque qui représente 113% de ses ventes alors que le rapport n’est que de 33% pour L’Oréal.
  • [4]
    Une enquête (TNS Media Intelligence - février 2008) note une méfiance croissante des prospects à l’égard des grands groupes. Si, en 2004, 61% des Français leur faisaient confiance pour agir dans le sens du respect de l’écologie et des populations, ils n’étaient plus que 41,3% en 2008 à considérer que ces groupes s’engageaient réellement dans cette mission.

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