Notes
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[*]
Ce texte est issu d’une intervention au séminaire de Patrick Landman, le 9 décembre 2011, à Espace analytique.
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[1]
S. Freud, « Études sur l’hystérie » (1985), dans OCPF II, Paris, PUF, 2009, p. 182 (traduction revue).
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[2]
Qui peut se traduire aussi par « gain secondaire ».
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[3]
S. Freud, « Psychanalyse et théorie de la libido », dans Résultats, idées, problèmes, II, Paris, PUF, 1985, p. 69.
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[4]
S. Freud, « Études sur l’hystérie », op. cit., p. 159.
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[5]
Ibid., p. 158.
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[6]
Ou de « fausses connexions », selon les traductions.
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[7]
S. Freud, « Études sur l’hystérie », op. cit., p. 330.
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[8]
Ibid., p. 331.
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[9]
S. Freud, Lettres à Wilhelm Fliess 1887-1904 (Lettre 112 du 6 décembre 1896), Paris, PUF, 2006.
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[10]
S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Paris, Gallimard, 1987, p. 164-165.
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[11]
Ibid., p. 165.
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[12]
S. Freud, « Remémorer, répéter, perlaborer » (1914), dans OCPF XII, Paris, PUF, 2005, p. 190.
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[13]
Ibid., p. 191.
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[14]
Ibid. (passage en italique souligné par moi).
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[15]
S. Freud, Correspondance de Freud avec le pasteur Pfister, 1909-1939, Paris, Gallimard, 1963, p. 166.
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[16]
S. Freud, Les premiers psychanalystes. Minutes de la Société psychanalytique de Vienne, I, 1906-1908, Paris, Gallimard, 1962, p. 247-248.
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[17]
S. Freud, « Remarques sur un cas de névrose de contrainte. Extrait de l’histoire de maladie », dans OCPF, IX, 1908-1909, Paris, PUF, 1998, p. 303.
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[18]
S. Freud, L’Homme aux rats. Remarque sur un cas de névrose de contrainte, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2000, p. 13.
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[19]
Ibid., p. 24.
-
[20]
S. Freud, « Le choix d’entrée dans la névrose » (1913), dans Névrose, psychose et perversion, Paris, PUF, 1973.
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[21]
S. Freud, Correspondance 1873-1939, Paris, Gallimard 1991, p. 30.
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[22]
S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, op. cit., p. 121.
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[23]
S. Freud, « Les théories sexuelles infantiles », op. cit., p. 14-27. Ce texte de 1908 est écrit après et à partir du petit Hans. Il s’agit de « théories sexuelles » (Sexualtheorien) construites par les enfants et qui accompagnent l’élaboration de leur image du corps, et non des « théories de la sexualité », selon la première traduction française erronée.
-
[24]
S. Freud, « Au-delà du principe de plaisir » (1920), dans Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1973, p. 52.
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[25]
Le lien entre la perte de l’image et l’historicité du sujet est au coeur de l’œuvre de Gisela Pankow.
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[26]
S. Freud, Lettres à Wilhelm Fliess, op. cit. (Lettre 139), p. 334-335.
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[27]
S. Freud, « Pourquoi la guerre ? » (1933), dans Résultats, idées, problèmes, II, Paris, PUF, 1985, p. 213.
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[28]
On ne trouve, à ce jour, qu’une traduction polycopiée de ce texte, qui a été publiée par Judith Dupont, dans Le Coq-Héron, en 1986.
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[29]
Lettre du 17 novembre 1924.
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[30]
Lettre du 17 janvier 1909, Correspondance Freud/Jung, T. 1 (1906-1909), Paris, Gallimard, 1975, p. 271.
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[31]
Ibid.
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[32]
G. Pankow, L’Homme et la psychose, Paris, Aubier, 1969, p. 272.
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[33]
Ce texte est paru pour la première fois, dans le numéro 4 de La Psychanalyse, consacré aux psychoses, dans une traduction de Jean Laplanche, Andrée Lehmann et Victor Smirnoff.
1 Freud n’était pas psychiatre, mais physiologiste, au départ, et il a commencé par travailler sur le système nerveux des anguilles. Puis il a suivi une formation de neurologue. Il s’est toujours senti en dehors du champ de la psychiatrie universitaire et de la pratique psychiatrique de son temps. L’apport de Freud ne concerne donc absolument pas la nosographie psychiatrique. Ce qui ne fut pas sans répercussion, nous le verrons, sur son attitude à l’égard de la psychose.
2 En revanche, il est évident que l’apport de Freud à la nosographie psychanalytique est fondamental, dès sa formation et ses premiers travaux. Déjà, dans ses Études sur l’hystérie, nous trouvons un texte intéressant datant de 1892, en conclusion du cas d’Elisabeth von R., où Freud se définit comme « psychothérapeute », tout en se démarquant des pratiques psychothérapiques qu’il a connues :
« Je n’ai pas toujours été psychothérapeute, mais j’ai été formé aux diagnostics locaux et à l’électrodiagnostic comme les autres neuropathologistes et je suis moi-même singulièrement étonné de ce que les histoires de malades que j’écris se lisent comme des nouvelles et qu’elles soient dépourvues pour ainsi dire du caractère sérieux de la scientificité. Je dois me consoler du fait que la nature de l’objet est manifestement responsable de ce résultat et non mon choix personnel ; le diagnostic local et les réactions électriques n’ont aucune valeur pour l’étude de l’hystérie, tandis qu’une présentation approfondie des processus psychiques, à la façon dont elle nous est donnée par les poètes, permet, par l’emploi de quelques rares formules psychologiques, d’obtenir une certaine intelligence du déroulement d’une hystérie. De telles histoires de malades doivent être considérées comme psychiatriques, mais elles ont sur celles-ci un avantage, précisément la relation étroite entre l’histoire de la souffrance et les symptômes de la maladie, relation que nous cherchons en vain dans les biographies d’autres psychoses [1]. »
4 Freud introduit ici une opposition fondamentale pour la suite de ses recherches : contrairement à la psychiatrie, il ne s’intéresse pas à « l’histoire de la maladie » (Krankeitgeschichte) ni celle des symptômes, mais à « l’histoire du malade » (Krankengeschichte). Il se démarque totalement de la démarche des psychiatres de son époque pour qui le malade n’est que le support de signes dont le psychiatre fait l’inventaire, indépendamment de la souffrance du sujet et de ses processus psychiques, et qui adoptent ce que Freud appellera plus tard une « position intellectualiste de savoir ». Il se centre au contraire sur « l’histoire de malade » qui est analytique, car les symptômes observés sont rapportés à l’histoire du sujet, à sa souffrance et à son vécu subjectif. Et de fait, si Freud avait été psychiatre, il n’aurait pas pu inventer la psychanalyse.
5 La curiosité de Freud, tout au long de sa formation et de ses premières expériences, va lui ouvrir des champs de réflexion et de découverte qui l’amèneront, de façon tout à fait fortuite, à la psychanalyse.
6 Tout d’abord, le stage qu’effectue Freud à La Salpêtrière (entre 1885 et 1886), dans le service de Jean-Martin Charcot qui n’était pas psychiatre, mais professeur des maladies nerveuses, lui offre une première approche du traitement de l’hystérie. Malgré l’estime et l’admiration qu’il a pour ce grand maître, Freud s’éloignera de la démarche de Charcot qui vise non pas à guérir, mais surtout à poser un diagnostic et à confirmer sa théorie neurologique de l’hystérie.
7 De retour à Vienne, Freud se constitue une clientèle privée, avec l’aide de Joseph Breuer, un médecin interniste qui soignait l’aristocratie et la grande bourgeoisie viennoise. C’est grâce à lui que Freud commence à traiter de riches patientes hystériques, notamment Frau Emmy von N. (la baronne Fanny Moser) et Elisabeth von R. Tous deux pratiquaient à l’époque essentiellement les bains, l’électrothérapie, les massages et l’hypnose.
8 En 1889, Freud décide d’aller rencontrer Hippolyte Bernheim, l’initiateur de l’École de Nancy. Ce professeur de clinique médicale générale avait été guéri d’une sciatique par un médecin de campagne, Auguste Liébault, qui pratiquait la suggestion à partir de contacts et de manipulations. Bernheim avait vu là la possibilité intéressante d’utiliser la suggestion non pas de façon expérimentale mais pour guérir : « Je définis la suggestion dans le sens le plus large : c’est l’acte par lequel une idée est introduite dans le cerveau et est acceptée par lui. » Autrement dit, une parole a cette efficacité par la suggestion qui consiste à mettre une autre personne dans une certaine position physique ou psychique. « Tout est dans la suggestion », c’est-à-dire tout est dans la relation, dans le rapport de sujet à sujet. Telle est la voie qui s’ouvre à Freud et le conduira au transfert.
9 Dans cette même période pré-analytique, Freud écrit en 1890 Le traitement psychique, texte destiné à une encyclopédie de médecine populaire. Il y tire les leçons apprises chez Charcot et chez Bernheim, tout en prenant de plus en plus ses distances par rapport à l’hypnose. Pour Freud, le traitement psychique, ce n’est pas un traitement du psychisme, mais un traitement par l’activité psychique, activité psychique qui a autant d’effets sur le corps que sur la psyché. En soulignant l’incidence du psychisme sur le corps, Freud est beaucoup plus proche de Bernheim que de Charcot qui s’intéressait essentiellement à un diagnostic différentiel.
10 Dans ce texte, Freud définit les conditions de la guérison ou les conditions de la maladie. Ces deux conditions dépendent d’une attente : cette position d’attente, de se confier, de se mettre entre les mains d’un autre ou de se déposséder de soi pour se confier à l’autre, dit-il, est susceptible de mettre en branle toute une série de forces psychiques ayant le plus grand effet sur le déclenchement et sur la guérison des affections organiques. Il définit deux dispositions psychiques de l’attente : une attente anxieuse (angstliche Erwartung), celle de ceux qui pensent qu’il ne peut rien leur arriver de bon ; et l’attente croyante (glaubige Erwartung), une force agissante qui est à la source de la guérison, par un appel à l’autre. L’attente croyante préfigure ce que Freud découvrira dans le transfert : un appel, un message adressé à l’autre, un abandon, qui peut conduire jusqu’à une aliénation à l’autre.
11 Freud observe que cette position psychique est semblable à la confiance de l’enfant à l’égard de parents aimés. Et l’on retrouve cet abandon à l’autre, cette attitude de l’enfant à l’égard des parents, dans le masochisme que Freud définit ultérieurement, en 1924 : « Le masochiste veut être traité comme un petit enfant en détresse et dépendant. » L’attente croyante peut donc mal tourner et cette attitude de croyance, de dépendance à l’égard de l’autre, peut conduire à ne pas vouloir sortir de la dépendance et à se maintenir dans la position d’un petit enfant en détresse et dépendant.
12 En 1923, dans « Psychanalyse et théorie de la libido », Freud propose une définition de la démarche psychanalytique qui permet d’évaluer tout le chemin parcouru depuis « Le traitement psychique » :
« Le procédé analytique se distingue de tous les procédés de suggestion, de persuasion et autres, en ce qu’il ne veut réprimer chez le patient aucun phénomène psychique par voie d’autorité. Il cherche à pénétrer jusqu’à l’origine du phénomène et à abolir celui-ci par la modification durable de ses conditions de naissance. […] L’élimination des symptômes de souffrance n’est pas recherchée comme but particulier, mais à la condition d’une conduite rigoureuse de l’analyse, elle se donne pour ainsi dire comme bénéfice annexe (Nebengewin [2]). L’analyste respecte la singularité du patient, ne cherche pas à le remodeler selon ses idéaux personnels à lui médecin, et se réjouit s’il peut épargner des conseils et éveiller en revanche l’initiative de l’analysé [3]. »
L’hystérie
14 C’est essentiellement le travail avec des patientes hystériques qui va faire progresser Freud jusqu’à une première ébauche de nosographie psychanalytique. Abandonnant peu à peu les bains, les massages et l’hypnose, il cherche en tâtonnant une nouvelle méthode de traitement, notamment avec Elisabeth von R. Il la fait s’allonger sur le dos et garder les yeux fermés, et il exerce des petites pressions sur son front pendant qu’elle parle.
« Je parvins ainsi, dans cette première analyse complète d’une hystérie que j’entreprenais, à un procédé que j’élevais plus tard au rang de méthode et que j’introduisis dans un but conscient, un procédé de déblaiement par strates du matériel psychique pathogène, que nous avions l’habitude de comparer à la technique d’exhumation d’une ville ensevelie [4]. »
16 La démarche de Freud est de plus en plus analytique, car pour chacune de ses patientes, il part de cette question initiale : Woher ? D’où proviennent vos douleurs ? Cette interrogation sur l’origine des douleurs concerne en même temps l’origine des postures. La question du Woher parcourra d’ailleurs toute l’œuvre de Freud, dans la mesure où il multipliera ce questionnement sur l’origine : d’où provient l’origine du sentiment de culpabilité ? Freud ne s’intéresse jamais aux effets mais aux sources.
17 Freud observe que l’attention d’Elisabeth von R. est tournée au-delà de ses douleurs, vers des pensées qui sont en relation avec ses douleurs. Freud va donc chercher ce qui se cache derrière ses douleurs. Cela l’amène à une première définition de l’hystérie, dans sa « Communication préliminaire » : « L’hystérique souffre de réminiscences », c’est-à-dire de représentations (Vorstellungen) du passé qui insistent dans le présent.
« Je mis un bon moment avant de comprendre la corrélation entre l’histoire de ses souffrances et la souffrance elle-même, laquelle devait pourtant bien être déterminée et causée par cette série d’expériences vécues. Lorsqu’on entreprend un traitement cathartique de ce genre, il faut d’abord se poser la question : l’origine et le facteur occasionnant de sa souffrance sont-ils connus de la malade [5] ? »
19 « L’histoire des souffrances » renvoie à une histoire subjective et singulière, en attente d’être historicisée. Et Freud décèle la présence d’un « secret » dans le psychisme de la malade :
« Chez Mademoiselle Elisabeth, il me parut dès le début vraisemblable qu’elle était consciente des raisons de sa souffrance, que dans sa conscience elle avait donc seulement un secret, et non un corps étranger (Fremdkörper). Quand on la regardait, on ne pouvait que penser aux paroles du poète : “Ce petit masque-là laisse présager un sens caché.” »
21 Le corps étranger renvoie à ce que tentait de faire l’hypnose ou la suggestion : introduire des pensées qui étaient en réalité des corps étrangers dans le malade. La psychanalyse n’introduit pas de corps étranger dans l’autre ; elle va seulement tenter de retrouver un secret, un secret qui est une mise en scène. Donc le secret, lui, renvoie à une scène psychique et non à un traumatisme extérieur. Si on souffre de réminiscences, c’est en effet qu’on souffre de son histoire et d’événements de son histoire.
22 Freud se met à l’écoute des paroles d’Elisabeth qui, en parlant de son père, évoque le fait que ce dernier, faute d’avoir un fils, considérait que sa fille « remplaçait pour lui un fils et un ami » (sie ersetzt). Elisabeth n’était pas une fille, mais un ersatz.
23 La parole paternelle est donc une parole d’assignation à une place impossible : être un ersatz. Et les douleurs dont souffrait Elisabeth (difficulté à se tenir debout, abasie, douleur à la cuisse droite) étaient la conséquence de cette assignation à résidence qui lui rendait une place impossible. De plus, Elisabeth était non seulement un fils et un ami pour son père, mais son infirmière préférée. Il posait sa jambe gauche sur la cuisse droite d’Elisabeth pour qu’elle lui refasse ses pansements. Dans sa plainte, elle dit à Freud : « Sie komme nicht von der Stelle ». Elle ne peut pas bouger, elle ne peut pas quitter cette place à laquelle son père l’a assignée, et qui la met dans une position d’abasie et d’impuissance.
24 Avec ce qu’il considère comme une « première analyse complète », Freud est en train de mettre en évidence l’existence d’un nouveau corps : le corps psychique, qui est marqué et délimité par des représentations venant soit du sujet, soit d’autres personnes. Ici, les représentations dont souffre Elisabeth sont celles d’une assignation à résidence par son père.
25 L’analyse démarre ici comme cure de parole, sans qu’intervienne la main de l’analyste pour mettre l’analysant ou l’analysante dans une position à la fois de détente, mais aussi de dépendance à l’égard de l’analyste.
Le rôle du transfert
26 C’est précisément le travail entrepris avec des hystériques qui va conduire Freud à déceler l’importance du transfert (Ubertragung), non seulement dans la demande de l’hystérique, mais comme ressort fondamental de la cure analytique, même si Freud n’en sera clairement conscient que beaucoup plus tard. Il n’invente pas la notion de transfert, mais il met à jour son rôle dans la position exigible de l’analyste par le patient.
27 L’hystérique qui souffre de représentations se trouve dans un état d’attente et d’adresse à l’autre. Attente qui rejoint l’état « d’attente croyante » envers un guérisseur ou quelqu’un qui pourrait enfin entendre. Et c’est avec Elisabeth von R. que Freud découvre le rôle du transfert. Les plaintes adressées au père s’adressent maintenant au psychanalyste (qui s’intitule encore psychothérapeute). Sa patiente lui fait donc occuper la place du père, ce qui permet à Freud de mettre en évidence que le transfert se fait par une fausse connexion : il emploie le terme français de « mésalliance » :
« Le désir actuel (du patient) se trouve rattaché à ma personne, passée au premier plan des préoccupations de la malade. Dans cette mésalliance, à laquelle je donne le nom de “faux-rapport [6]”, l’affect qui entre en jeu est identique à celui qui avait jadis incité ma patiente à repousser un désir interdit [7]. »
29 Cette « mésalliance » qui apparaît dans le transfert est donc une mésalliance essentiellement temporelle. Ce qui surgit comme volonté de l’analysant d’impliquer l’analyste n’est en réalité que l’affect qui revient d’un passé interdit et inavouable. Freud a alors le sentiment qu’il faut disjoindre la personne du médecin de l’investissement qui en est fait par la patiente, en introduisant ce qu’il appelle la « tierce personne » (dritte Person) qui se confond avec l’analyste et que l’analysant veut faire coïncider avec l’analyste. L’analyste est là pour représenter un tiers manquant auquel la patiente peut faire confiance. Il n’est pas là en tant que personne propre, au titre de sa singularité.
« Les malades apprenaient d’ailleurs peu à peu à bien voir que, dans de tels transferts sur la personne du médecin, il s’agissait d’une contrainte, d’une illusion, qui se dissipait avec la fin de l’analyse [8]. »
31 Pour Freud, le transfert est essentiellement un déplacement temporel du passé vers le présent, aussi bien à l’égard de l’analyste que dans la vie courante. C’est l’insistance de fragments du passé à se déplacer intemporellement dans le temps, dans la méconnaissance du présent. Une insistance qui vise à s’imposer sur la scène de la réalité actuelle. Le transfert n’est donc pas affaire de sentiment, d’un pulsionnel extatique à l’égard de l’analyste, mais, venu du fond des temps, il exprime une tentative de retrouvailles avec un passé enfoui, oublié, refoulé, et cela, à l’insu du patient ou de la patiente.
32 Autrement dit, dans sa nouvelle définition de l’hystérie, Freud découvre que le transfert est une tentative de reconstituer une foule à deux, condition pour revivre les événements du passé. Le transfert, en tant que « fausse connexion », en tant qu’action qui vient à la place de la parole, va essayer de constituer une foule à deux, comme cette foule à deux qui au départ a été celle où l’on était sans défense devant le séducteur ou celui qui a disposé de nous.
33 Ce que Freud invente, ce n’est pas le transfert, puisqu’il a constaté que dans toute suggestion, dans l’hypnose, il y a du transfert. Mais ce qu’il va inventer, c’est la névrose de transfert qui, dans le cadre de la cure, est en quelque sorte une névrose artificielle qui permet de gérer les réminiscences du sujet. Souffrir de réminiscences, c’est souffrir de quelque chose qui m’est arrivé, que je ne connais pas encore, ou que je ne peux plus connaître parce que ça a été refoulé.
34 L’hystérique et, de manière plus générale, le névrosé freudien – puisque le transfert hystérique se retrouve dans toutes les névroses freudiennes – se trouvent, par le transfert, dans un état d’attente et d’adresse à l’autre, attente de quelqu’un qui pourrait enfin entendre un message jusque-là inouï.
35 En outre, Freud découvre une dimension démesurée dans le transfert, comme il l’expose dans sa fameuse lettre à Fliess (autrefois 52 et maintenant la lettre 112). Ce qui est en jeu dans cette quête, c’est « cet autre inoubliable que nul plus tard n’arrivera à égaler sur la scène de la réalité [9] ». C’est de cet autre inoubliable que Lacan a mis en place le « grand Autre ».
36 Le transfert a une dimension de démesure qui, au-delà du message adressé, vise finalement à des retrouvailles qui permettraient de se mettre en position de ne pas être seul, mais de faire un tout avec l’autre, tentative de retrouvailles avec l’autre maternel dans lequel, dans une certaine mesure, nous n’étions pas encore un sujet séparé.
37 La technique analytique mise en place doit donc permettre de quitter le transfert spatial ou « géophilique », qui est une relation d’objet à objet, pour rétablir l’analyste sur un vecteur temporel. Dans le transfert, il ne s’agit pas d’une relation d’objet avec l’analyste, mais seulement de faire de l’analyste le support de ses représentations, de ce qui s’est vécu dans le passé et qui insiste pour se faire entendre dans le présent comme si c’était dans le présent que cela pouvait en quelque sorte se dénouer.
38 La gestion du transfert doit tendre à dénouer et déjouer cette dimension démesurée de la répétition, reconduire au passé les scènes primordiales pour qu’elle puissent être revécues et datées, millésimées. Faute de quoi, nous restons dans ce qu’on peut appeler des pensées sans le savoir, des pensées qui sont atemporelles.
La contrainte de répétition (Wiederholungszwang)
39 Les recherches de Freud, en particulier sur l’infantile, l’amènent à mettre à jour une notion capitale pour sa nosographie : la contrainte de répétition – Wiederholungszwang – qu’il est impropre de traduire par « compulsion de répétition », puisque le terme allemand Zwang signifie « contrainte ».
40 Dès les Études sur l’hystérie, en 1894, on trouve une esquisse de ce que sera la contrainte de répétition, lorsque Freud découvre que « l’hystérique souffre principalement de réminiscences », c’est-à-dire de souvenirs qui ne sont pas historicisés et qui reviennent de manière répétitive dans le vécu présent.
41 En 1905, Freud poursuit cette investigation, dans le troisième des Trois essais sur la théorie sexuelle, à propos de la trouvaille de l’objet :
« Quand la toute première satisfaction sexuelle était encore liée à l’ingestion d’aliments, la pulsion sexuelle avait dans le sein maternel un objet extérieur au corps propre, elle ne le perdit que plus tard, peut-être précisément à l’époque où il devint possible à l’enfant de former la représentation globale de la personne à laquelle appartenait l’organe qui lui procurait satisfaction. En règle générale, la pulsion sexuelle devient autoérotique et ce n’est qu’une fois le temps de latence dépassé que le rapport originel se rétablit [10]. »
43 Quand la pulsion devient autoérotique, c’est le moment du narcissisme primaire où, après ce bain de narcissisation du corps par la mère, advient la possibilité d’avoir une image globale de la personne et un retour sur soi de ce bain de narcissisation, qui élabore l’image du corps. Nous sommes là dans le registre de la pulsion d’autoconservation – ou pulsion du moi – et non dans celui de la pulsion sexuelle. Freud conclut ce paragraphe par une remarque décisive :
« Ce n’est pas sans de bonnes raisons que la figure de l’enfant qui tête le sein de sa mère est devenu le modèle de tout rapport amoureux. La découverte de l’objet (die Objektfindung) n’est à vrai dire qu’une redécouverte (Wiederfindung) [11]. »
45 Ce qu’il serait plus juste de traduire ainsi : « toute trouvaille n’est à vrai dire qu’une retrouvaille ».
46 On retrouve ici le terme Wieder qui indique la répétition et évoque le retour à l’origine. Freud poursuit : « Cet élément subsiste […] qui contribue à préparer les choix d’objets, autrement dit à rétablir le bonheur perdu. » Le verbe allemand Wiederherstellen signifie rétablir au sens de restaurer un meuble à l’identique, sens qui peut également faire penser à la Restauration en France, avec le retour des rois, le retour à l’ancien. La recherche de l’objet et du bonheur perdu est donc toujours rétrograde, elle vise à retrouver un temps antérieur et révolu. Tentative de reproduire les traces de l’expérience du plaisir originaire, avec ce que la complétude de la relation bouche/sein a pu élaborer de l’image du corps, inscrite dans la mémoire du sujet.
47 La contrainte de répétition visera donc toujours à « restaurer le bonheur perdu ». Et il ne peut y avoir de répétition que sur fond d’une première expérience de satisfaction. C’est parce qu’il y a eu une première expérience de satisfaction que l’infans visera à retrouver le bonheur perdu. Ce qui signifie que lorsque survient une faille dans le narcissisme primaire, donc dans l’élaboration de l’image du corps, le narcissisme primaire ne peut pas correctement s’élaborer, ce qui provoque un retrait de la libido du monde extérieur.
48 En 1914, c’est dans « Remémorer, répéter, perlaborer » que Freud introduit explicitement la notion de « contrainte de répétition ». Dans ce texte, il revient sur la recherche de l’objet perdu par l’analysant : « Tant qu’il poursuit le traitement, il ne peut pas s’affranchir de cette contrainte de répétition ; on comprend finalement que c’est sa manière de se remémorer [12]. »
49 Freud souligne alors l’équation entre l’agir (agieren) et la contrainte de répétition : « Plus la résistance est grande, de façon plus importante la remémoration est remplacée par l’agir [13]. » La remémoration n’est donc pas un souvenir historicisé qui renverrait au passé et remettrait le passé au passé. Elle insiste dans le présent en tant qu’elle vise à restaurer le bonheur perdu, dans l’ignorance de la temporalité, puisque l’inconscient est essentiellement zeitlos, c’est-à-dire atemporel.
50 La contrainte de répétition se présente essentiellement comme une injonction à oublier, c’est le contraire du « remember » ou « Zakhor » (souviens-toi). Injonction à oublier de façon à ne pas différencier le présent du passé. Injonction à reporter sur le présent, dans le présent, les formes et les prototypes des relations entretenues dans le passé. Oublier – au sens de méconnaître – le passé pour en faire du présent.
51 Ce texte de 1914 introduit donc à une nouvelle conception du transfert. Dans la situation analytique, le transfert n’est qu’un fragment de répétition d’un passé oublié. Non seulement il négative la personne du médecin qui n’est qu’un simple support des représentations de l’analysant, mais il vise également à s’instaurer dans tous les autres domaines des situations vécues.
52 Dans sa demande initiale, ce que l’analysant tente de faire, c’est de considérer la relation analytique comme réelle et actuelle, de la situer dans la réalité de son présent :
« L’analysé répète au lieu de se remémorer, il répète en étant soumis aux conditions de la résistance. […] Il répète tout ce qui, provenant des sources de son refoulé, s’est déjà imposé dans son être manifeste : ses inhibitions, ses attitudes ne servant à rien, ses traits de caractère pathologiques. Évidemment, il répète aussi pendant le traitement tous ses symptômes. […] Nous n’avons pas à traiter sa maladie comme une affaire d’ordre historique, mais comme une puissance actuelle. Cet état de maladie est donc amené pièce par pièce dans l’horizon et dans le domaine d’action de la cure ; et alors que le malade le vit comme quelque chose de réel et d’actuel, nous avons à y opérer le travail thérapeutique qui consiste pour une bonne part à ramener les choses au passé [14]. »
54 L’indistinction entre passé et présent conduit à répéter sans cesse l’expérience de retrouvailles avec des expériences vécues dans le passé. Répétition qui se présente essentiellement comme une injonction à oublier le passé en le confondant avec le présent, à reporter sur le présent les formes et les prototypes des relations entretenues dans le passé.
55 Dans une lettre du 22 octobre 1927 au pasteur Oskar Pfister, psychanalyste zurichois, Freud écrit : « En tant qu’analystes, nous sommes obligés d’être plus réservés et de mettre l’accent principal sur l’effort pour rendre le patient indépendant (selbständig)… [15] »
56 « Rendre le patient indépendant », c’est l’accompagner dans cet effort de désasujettissement, afin de sortir de la place assignée par les grands personnages de notre histoire ou de celle qu’on se croit assignée, dans une logique d’imputation. Passer d’une logique d’imputation à une logique d’implication, permet au sujet de construire son histoire en rendant au passé sa place de passé, car il n’y a de présent que par la présence.
57 De cette réflexion de Freud sur la résistance dans la cure psychanalytique, on peut retenir que nous souffrons de notre passé, d’un passé qui insiste au point de nous rendre parfois impossible la présence à soi et à l’autre, dans le présent de la rencontre.
La névrose de contrainte (Zwangneurose)
58 Freud fait une autre découverte nosographique, au cours de l’analyse de d’Ernst Lanzer, qui deviendra le cas de « L’Homme aux rats ». Cette cure qui débute en 1907 et au cours de laquelle Freud tient un journal lui permet de dégager ce qu’on a appelé « la névrose obsessionnelle » (Zwangneurose) mais qu’il est plus juste de traduire par « névrose de contrainte ». Exposant ce cas devant la Société psychanalytique de Vienne, Freud définit ce qu’on retrouve dans toute névrose de contrainte : « des sentiments refoulés qui sont mauvais, agressifs, hostiles, cruels (souhaits sadiques et souhaits de mort) [16] ». Ernst Lanzer souffre en effet de représentations obsédantes et dit redouter que ses parents puissent connaître ses pensées sans parole de sa part, donc des pensées sans le savoir lui-même, comme à partir d’une perception autopsychique personnelle, ce qui le prédispose au sentiment de culpabilité.
59 Quelques mois plus tard, Freud évoque l’avancée de la cure, dans ce qui deviendra « Remarques sur un cas de névrose de contrainte. Extrait de l’histoire de maladie » :
« Dans la névrose obsessionnelle, le déplacement s’opère d’une façon autre que dans l’hystérie : c’est un déplacement vers la généralisation. Alors que pour l’hystérique, il faut se demander : “Quand était-ce réel ?”, pour la névrose obsessionnelle, il faut se demander : “Quand était-ce spécifique ?”
Chez l’obsessionnel, une tendresse excessive est combinée avec de la haine ; ces deux courants qui sont en lui doivent se trouver une issue simultanément ou successivement [17]. »
61 Alors que l’hystérie souffre de réminiscences, ce dont souffre Ernst Lanzer dans sa névrose obsessionnelle, c’est de ses pensées. Il y a une pensée apatride qui n’est pas refoulée et qui est celle d’un inconscient à ciel ouvert. « Je prononce mes pensées sans les entendre », déclare l’Homme aux rats. Et Freud fait ce commentaire : « Cela est comme une projection vers l’extérieur de notre propre hypothèse selon laquelle il a des pensées sans savoir rien d’elles, cela apparaît comme une perception endopsychique du refoulé [18]. » D’un refoulé qu’il ne peut retrouver ni récupérer par une remémoration.
62 Plus loin, Freud fait une remarque importante à propos de cette dissociation de la personnalité, ou plutôt du clivage (Spaltung) qui existe chez Ernst Lanzer :
« L’inconscient est l’infantile, et il est même ce morceau de la personne qui s’est autrefois séparé d’elle, n’ayant pas participé au développement ultérieur et ayant été pour cette raison refoulé. Les rejetons de cet inconscient refoulé sont les éléments qui entretiennent ce penser involontaire en quoi consiste sa souffrance [19]. »
64 « L’inconscient est l’infantile. » Ce qui caractérise l’infantile, c’est l’impossibilité de trouver une place à soi, de faire sa propre place, et de toujours occuper la place de l’autre, ce qui est une façon de vouloir le tuer. On retrouve là l’enjeu essentiel de la folie d’Ernst Lanzer.
« Le choix d’entrée dans la névrose »
65 « Le choix d’entrée dans la névrose » est un texte de 1913, traduit et édité dans un volume intitulé Névrose, psychose et perversion [20], en 1973, bien que ce ne soit pas des catégories freudiennes.
66 L’entrée dans la névrose est pour Freud un choix subjectif, une détermination personnelle qui peut être inconsciente, certes, mais qui nous met dans une certaine position psychique. Il distingue quatre types d’entrée dans la névrose.
67 Le premier cas d’entrée dans la névrose s’attache à l’individu qui était en bonne santé parce qu’il avait un objet extérieur qui lui convenait, et qui devient névrosé dès que cet objet vient à manquer. Dans ce cas, on peut dire que le bonheur coïncide avec la santé, avec un lien à l’objet, alors que le malheur coïncide avec la névrose et la perte de l’objet aimé.
68 Le deuxième type d’entrée dans la névrose, pour Freud, est le signal déclenchant qui ne vient pas de la perte d’un objet extérieur, mais d’un effort intérieur qui est l’incapacité, l’impossibilité d’accéder au plaisir. Or, accéder au plaisir (Lust) ne va pas de soi, parce qu’accéder au plaisir, c’est risquer de perdre la maîtrise, comme on dit vulgairement au service militaire : pour prendre son pied, il faut perdre pied. L’accès au plaisir est donc angoissant, une petite mort et une perte de la représentation.
69 Le troisième type concerne ceux qui tombent malades dès qu’ils quittent l’enfance, ceux qui ne veulent pas grandir, ceux qui veulent toujours pouvoir s’appuyer sur l’autre et être dépendants, ce qu’on pourrait appeler le syndrome de Peter Pan.
70 Le quatrième choix d’entrée dans la névrose est celle dans laquelle, à la différence du deuxième cas, la quantité de libido, la quantité pulsionnelle est tellement importante qu’elle va déborder l’individu et qu’elle va restaurer les conditions de la névrose par l’incapacité de la sublimation.
71 Ce qui caractérise ces différents choix d’entrée dans la névrose, pour Freud, c’est l’incapacité à agir, l’incapacité à agir sans le secours de l’autre, sans le secours du transfert, c’est-à-dire de l’appui sur l’autre.
La construction du corps freudien et les théories sexuelles infantiles
72 L’apport de Freud sur la névrose concerne aussi l’invention du corps freudien, celui qui se construit dans l’enfance à travers les théories sexuelles infantiles. Le corps a certes un rapport à l’espace, puisque le corps est un contenant, mais il a essentiellement un rapport à la temporalité et à une mémoire du corps qui est dépositaire de son histoire.
73 D’une certaine façon, l’invention du corps freudien est liée à la culture juive dans laquelle il a été élevé et qui lui a fait prendre conscience de la dimension de la temporalité. Déjà, dans une lettre à Martha que j’ai commentée à plusieurs reprises, en 1882, Freud écrit ceci : « Ce ne fut qu’après la destruction du temple visible que l’invisible édifice du judaïsme put être construit [21]. » Cela revient à dire que ce qui constitue Israël au départ, ce n’est pas un espace ni une terre, ni du local, mais c’est une mémoire : « Écoute, Israël… » Et c’est précisément ce qui permet d’arracher le corps de l’homme au cosmos, alors que dans toute l’Antiquité grecque, le corps n’était qu’un microcosme, un fragment du cosmos. De même, aussi bien chez Platon que chez Aristote, l’intellect n’était qu’un fragment de l’intelligence divine ; il n’y avait pas d’individualité séparée, ni au plan psychique, ni au plan intellectuel. Dans la pensée antique, le corps est simplement le support des idées qui, elles, sont incréées.
74 Freud observe que le corps infantile se construit à travers des représentations qui sont les théories sexuelles infantiles. Les théories sexuelles infantiles sont au nombre de trois, et elles sont liées aux interrogations métaphysiques des enfants. Les théories sexuelles infantiles posent donc une question qui est aussi la question de l’origine : woher die Kinder kommen ? (d’où viennent les enfants ?). Et la première activité de pensée, qui n’est absolument pas gratuite mais vitale, consiste à « prévenir le retour d’événements redoutés ». En particulier, prévenir la naissance d’autres enfants qui viendrait me déstabiliser dans la relation où je suis un avec l’élément maternel. Saint Augustin, dans ses Confessions, évoque avec une grande justesse ce que peut être la haine de l’autre, chez l’enfant.
75 La première théorie est la théorie hermaphrodite ou la théorie de la femme au pénis. Dans cette théorie, l’enfant a la pensée d’un corps qui ignore le vide, qui ignore le manque. Il y a, à ce moment-là, une horreur du vide. Un jour, un schizophrène me dit : « Ma mère, c’est un trou avec de la chair autour. » Et la chair ne constitue pas un corps. Dans ce premier moment d’activité de pensée, l’enfant veut ignorer le vide et le manque. Cette théorie va donc mettre en jeu la motricité corporelle pour vérifier ce qu’il y a à l’intérieur des choses, s’il y a du vide ou du manque.
76 La seconde théorie est la théorie cloacale de la naissance, qui est en corrélation avec la première, à savoir qu’il n’y a qu’un seul orifice, l’orifice intestinal, et que l’enfant est évacué comme une selle. Autrement dit, dans ce moment d’élaboration psychique, l’enfant n’est qu’un fragment du corps de la mère. Que l’enfant ne se vive que comme fragment du corps de la mère, cela se traduit ultérieurement par l’état maniaque, l’état dans lequel il est impossible de séparer les corps et de séparer les pensées, soit qu’il y ait un corps pour deux appareils psychiques, soit qu’il y ait un appareil psychique pour deux corps. Dans tous les cas, il n’y a pas de différence entre mes pensées et celles des autres. Et c’est bien là-dessus qu’est fondée l’hypnose et la suggestion : mettre ses pensées dans la pensée de l’autre. L’hypnose et la suggestion créent donc un état maniaque.
77 La troisième théorie sexuelle infantile est celle de la théorie sadique du coït, à savoir qu’il n’y a pas de différence des sexes, mais qu’il y a une différence entre fort et faible, actif et passif, homme et femme. Je suis fort, donc je suis actif, donc je suis masculin ; je suis faible, donc je suis passif, je suis féminin. Le fort et le faible ne sont pas à l’origine de la différence des sexes, mais ils marquent des qualités psychiques qui existent chez tous les sujets.
78 Les théories sexuelles infantiles sont totalement liées au corps psychique. Elles sont inabouties puisqu’elles n’arrivent pas à reconnaître la différence des sexes, mais seulement des qualités psychiques. Elles restent donc inachevées et inachevables en tant que constructions psychiques internes de l’enfant.
De la pulsion d’emprise à la pulsion de savoir
« Le caractère infantile est en général facilement porté à la cruauté, car c’est relativement tard que se forme l’obstacle qui arrête la pulsion d’emprise devant la douleur de l’autre, par la capacité à compatir (Einfüllung), c’est-à-dire par la sublimation [22]. »
80 Même si cette notion est implicitement présente dans « Les théories sexuelles infantiles [23] », le terme de « pulsion d’emprise » apparaît pour la première fois en 1915, dans la réédition des Trois essais, qui comprend un nouveau texte intitulé « Les recherches sexuelles infantiles », où Freud approfondit la pulsion de savoir (der Wisstrieb). Il définit la pulsion d’emprise comme une pulsion de maîtrise sur autrui ou sur le monde, une violence contre le réel. Et la pulsion de savoir sera en partie la sublimation de cette pulsion d’agression à l’égard du réel. D’où le lien effectif entre la pulsion d’emprise et la sublimation, que Freud traite aussi bien dans les Trois essais que dans Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci.
81 Dans le chapitre II de « Au-delà du principe de plaisir », Freud revient sur la pulsion d’emprise, à propos de son petit-fils Ernst Wolfgang, âgé de 18 mois, dont il a observé le jeu qu’il appelle le Fort Da. Dans un premier temps, Freud a remarqué que lorsque sa mère partait, l’enfant ne pleurait pas, mais qu’il avait coutume de jeter au loin tout ce qu’il trouvait à sa portée. En même temps, il émettait avec une expression d’intérêt et de satisfaction un « o-o-o », fort et prolongé, qui, de l’avis commun de la mère et de l’observateur, n’était pas une interjection, mais signifiait « parti [24] ». Freud fait en effet le lien entre ce phonème et le mot allemand Fort qui signifie « loin », « Va-t-en ». Dans cette expérience d’impuissance et de déplaisir, ce qui l’empêche de pleurer, c’est donc cette capacité de détruire l’objet qui disparaît, sa mère. C’est ce mouvement de pulsion clastique que Freud appelle la pulsion d’emprise, un mouvement de rage impuissante contre l’indépendance de sa mère qui lui échappe. En jetant des objets, il arrive dans un premier temps à détruire la mère absente.
82 Mais après le « Fort » clastique intervient une autre étape, un second temps qui n’a pas toujours été remarqué ni suffisamment différencié du premier par les commentateurs. Dans le berceau se trouve une bobine attachée à une ficelle, et l’enfant va jouer à un autre jeu : lancer au loin la bobine, puis la ramener, en disant « Da », qui signifie « voilà ». Dans cette expérience, il ne s’agit plus de destruction, de pulsion d’emprise, mais l’enfant tente de surmonter autrement l’expérience de déplaisir provoquée par la mère manquante. Il restaure l’objet détruit par la pulsion d’emprise, en le faisant revenir.
83 Et dans cette restauration de l’objet s’opère non seulement l’élaboration de l’absence de la mère, qu’il n’a plus besoin de détruire, mais surtout un travail psychique sur lui-même, une maîtrise (Bewältigung) psychique de soi qui se substitue à la pulsion d’emprise. Maîtrise qui, à ce moment-là, dépasse la destruction et la contrainte de répétition. C’est ce que Freud appelle la pulsion d’élaboration psychique (Bewältigungstrieb), dans laquelle on peut non seulement élaborer l’absence de la mère, mais aussi s’absenter de la mère pour devenir seul, séparé du corps maternel, et ne plus se trouver dans un état de perte ou d’absence d’appui (Hilflosigkeit). Le terme « désarroi » pourrait traduire l’effet psychique de cette perte. Dans ce processus de double élaboration de l’objet et du sujet s’opère la séparation qui restitue à l’objet sa liberté.
84 Pour Freud, ce double mouvement n’est possible que par la pulsion de savoir, liée à l’arrachement maternel, qui produit du deux, là où il n’y avait encore que du un. Or, lorsqu’une mère dit à propos de son enfant : « Il me fait une grippe », elle se situe au niveau où il n’y a qu’un appareil psychique pour deux corps, dans un déni de la différence des corps et des pensées. Tel est l’état maniaque d’indifférenciation de l’un et de l’autre, qui culminera ultérieurement avec la jalousie paranoïaque.
85 L’histoire de l’élaboration de chaque corps est absolument singulière et ne ressemble à aucune autre. Elle porte l’empreinte des détresses, des abandons, des séparations exigibles qui amènent à la capacité d’entrer en relation avec autrui, la possibilité d’accéder au relatif, puisqu’il n’y a de relation que dans le relatif, et de relatif que dans la mesure où il y a relation.
86 Seule la psyché pourra assurer une continuité entre le temps vécu et l’espace habité, et non pas une structure extérieure au sujet. Si on observe un enfant qui apprend à marcher, on peut remarquer qu’il avance en se lançant maladroitement d’un point d’appui à un autre. Il vit l’espace comme du discontinu, comme un pur vide angoissant entre les points d’appui grâce auxquels il existe. C’est la psyché qui, entre ces points d’appui séparés dans l’espace, va permettre à l’enfant d’organiser une continuité temporelle par son activité psychique.
87 Toute l’éducation à la préhension et à la maîtrise de l’espace passe par l’arrachement à celui-ci et à l’intuition interne d’une temporalité qui permet d’établir des liens entre ce qui est du registre du discontinu et du rompu [25]. Le jeu du Fort-Da illustre la capacité de l’enfant à s’absenter lui-même de l’objet et à élaborer sa propre solitude, sans la vivre comme une menace d’absence définitive. Il restitue à l’objet sa qualité aléatoire et rend possible une rencontre ultérieure avec celui-ci, sur l’axe d’un temps vectorisé, le futur.
88 Les théories sexuelles infantiles, en quelque sorte, s’achèvent par la pulsion d’emprise qui, du clastique, aboutit à l’élaboration psychique de la séparation.
Freud et la psychose
89 Dans la mesure où la psychopathologie freudienne distinguait les névroses actuelles qui ne renvoient pas à une histoire passée, les névroses de transfert qui relèvent seules de l’analyse, et les psychoses qui ne connaissent pas le transfert, Freud a mis les psychoses hors du champ de la psychanalyse. Il les situe dans le cadre de névroses narcissiques, inaccessibles à l’autre et donc inaccessibles à l’analyse.
90 Rappelons que la triade névrose/psychose/perversion est étrangère à la pensée freudienne. C’est aussi pour cela que Freud va favoriser une politique de l’analyse profane, à l’écart de la psychiatrie, puisqu’il n’était pas psychiatre lui-même. En revanche la psychiatrie suisse et la psychiatrie allemande résistaient à être colonisées par la psychanalyse.
91 Nous trouvons une allusion à la psychose dans la Lettre 139 à Fliess (du 21 septembre 1897) à propos du renoncement à ses neurotica :
« Quatrièmement, j’ai été amené à constater que dans les psychoses les plus avancées, le souvenir inconscient ne jaillit pas, de sorte que le secret de l’incident de jeunesse, même dans les états les plus délirants, ne se révèle pas. Quand on constate que l’inconscient n’arrive jamais à vaincre la résistance du conscient, on cesse d’espérer que pendant l’analyse, le processus inverse puisse se produire et aboutir à une domination complète de l’inconscient par le conscient [26]. »
93 La psychose est toutefois un domaine sur lequel Freud ne s’est guère penché. Il était plus à l’aise dans le traitement des névroses et, à diverses reprises, il a nettement reconnu sa difficulté face à la psychose.
94 Ce besoin de maîtrise se retrouve lorsque Freud évoque son idée d’une communauté assujettie à « la dictature de la raison » dans « Pourquoi la guerre ? » :
« L’état idéal serait naturellement une communauté d’hommes qui auraient soumis leur vie pulsionnelle à la dictature de la raison. Rien d’autre ne saurait susciter une union si parfaite et si robuste des hommes, même s’il leur fallait renoncer à leurs liens affectifs mutuels [27]. »
96 C’est ce que nous confirme l’aveu que fait Freud, en octobre 1928, dans une lettre à Istvan Hollos, un psychiatre hongrois qui lui a envoyé Mes adieux à la Maison Jaune (texte [28] de témoignage sur sa pratique de médecin-chef dans cet établissement, qu’il dut quitter en 1925, sous le régime Horthy, en tant que juif.)
97 Après avoir remercié Istvan Hollos, Freud écrit :
« Tout en appréciant infiniment votre ton chaleureux, votre compréhension et votre mode d’abord, je me trouvai pourtant dans une sorte d’opposition qui n’était pas facile à comprendre. Je dus finalement m’avouer que la raison en était que je n’aimais pas ces malades ; en effet, ils me mettent en colère, je m’irrite de les sentir si loin de moi et de tout ce qui est humain. Une intolérance surprenante, qui fait de moi plutôt un mauvais psychiatre […] Mon attitude serait-elle la conséquence d’une prise de position de plus en plus nette dans le sens de la primauté de l’intellect, l’expression de mon hostilité à l’égard du ça ? »
99 Cette lettre de Freud à I. Hollos indique bien, parmi d’autres textes, son antipathie fondamentale à l’égard des psychotiques qui les mettaient hors champ de la psychanalyse. Quelques années plus tôt, il écrivait à Lou Andreas-Salomé : « La pratique de l’analyse ébranle toutes les structures superficielles et annule éventuellement chez l’analyste même la sublimation [29]. »
100 Lorsque l’analyste est mis à l’épreuve par un patient difficile, lorsqu’il est confronté à la folie, il peut avoir tendance à fuir la relation analytique, en se réfugiant dans la théorie, ce que j’appelle volontiers l’escapisme théorique, et que Freud appelle lui-même une « position intellectualiste de savoir », qu’il oppose à une « position psychique » d’« oscillation », en fonction des besoins du patient.
Freud et Jung
101 Vingt ans auparavant, dans une lettre à Jung du 17 janvier 1909, Freud déclarait cependant : « Nous avançons donc indubitablement, et vous serez celui qui, comme Josué, si je suis Moïse, prendrez possession de la Terre promise de la psychiatrie, que je ne peux qu’apercevoir de loin [30]. »
102 De fait, les débats entre Jung et Freud dans leur correspondance porteront souvent sur les questions de nosographie, sur une division du travail entre psychanalyse et psychiatrie, et surtout sur le projet de conquérir pour la psychanalyse le champ de la psychiatrie, monde qui était totalement étranger au neurologue Freud.
103 Ainsi, alors que Jung pense que la paranoïa est construite sur le même modèle que la dementia praecox de Kraepelin, Freud lui répond : « J’écris paranoïa et non démence précoce, car je tiens la première pour un bon type clinique, la seconde pour un mauvais terme nosographique [31]. »
104 Or le débat diagnostique demeure encore aujourd’hui, à propos du président Schreber : était-il paranoïaque ou paraphrène ?
105 La scission entre Freud et Jung, en 1913, va représenter une perte considérable pour la psychanalyse, dans la mesure où Jung part avec le champ des psychoses. Il est en train d’écrire Métamorphoses de l’âme et ses symboles, ouvrage qui signe leur séparation et qui contient l’analyse remarquable d’un cas de schizophrénie.
106 Alors que Freud privilégie le temps sur l’espace, l’histoire sur le cosmos, la séparation sur la volonté de ne faire qu’un, spécifique du monde grec, il n’en est pas de même pour Jung. Le point de départ de Jung, lié à son expérience existentielle d’une mère défaillante et dépressive et d’un père incapable, c’est que le sentiment d’exister ne peut pas naître auprès d’un autre mais, en quelque sorte, en fusionnant avec la nature.
107 Cette prise en compte de la dimension spatiale chez Jung est peut-être une des raisons qui l’ont amené à être à l’écoute de la schizophrénie, aptitude qu’il a développée très tôt, avant même de pouvoir la théoriser. Lorsqu’on lit ses textes, puis ceux de Gisela Pankow, il est clair que chez le schizophrène qui vit un corps dissocié, éclaté, le premier travail est de lui permettre de parvenir à « habiter » son corps et la totalité de son corps. Cette expérience spatiale est indispensable pour qu’il puisse ensuite entrer dans une dimension temporelle, s’orienter vers un « tu » et entrer dans sa propre histoire [32].
108 Longtemps, les psychoses ont constitué le champ de recherche de l’école de Zurich et du Burghölzi avec Eugen Bleuler, contemporain de Freud (1857-1939), qui met à jour la schizophrénie, catégorie nosologique que nous utilisons encore aujourd’hui. Bleuler la différencie de la démence précoce du Traité de psychiatrie de Kraepelin (1856-1926), autre contemporain : « Je nomme la démence précoce “Schizophrénie” parce que, comme j’espère le démontrer, le clivage (Spaltung) des diverses fonctions psychiques est un de ses caractères les plus importants. » Il faut noter que Bleuler, qui eut parmi ses assistants Abraham, Binswanger, Jung et Minkowski, auteur d’un grand livre sur la schizophrénie, est l’introducteur de la Spaltung, du clivage dans le domaine des psychoses. Freud l’importera en le généralisant.
109 Du vivant de Freud, le champ des psychoses ne relève pas de la psychanalyse, malgré quelques tentatives de Karl Abraham (1877-1925) et de Victor Tausk (1879-1919). Karl Abraham, qui succède à Jung comme président de l’API en 1913, fut assistant de Bleuler au Burghölzi et a travaillé, grâce à celui-ci, sur la démence précoce et sur la psychose maniaco-dépressive. Abraham meurt à l’âge de 48 ans, d’une leucémie. Quant à Victor Tausk, avocat de formation, dont Freud se méfiait, on lui doit un texte devenu un classique sur la schizophrénie : « De la genèse de l’appareil à influencer au cours de la schizophrénie [33]. » Tausk s’est suicidé en 1919 en se pendant et en se tirant une balle de revolver.
110 Tels sont les rares psychanalystes d’avant-guerre à s’être confrontés au champ des psychoses. Il faut noter aussi la rareté des psychiatres parmi les premiers psychanalystes. Le plaidoyer de Freud pour l’analyse profane n’est d’ailleurs pas étranger au constat d’un certain isolement de la psychanalyse de son époque, par rapport au champ de la psychiatrie.
111 En France, ce n’est que dans les années 1950 que les psychanalystes commencent à s’interroger sur la place des psychoses dans la psychanalyse. Cela se passe dans une rencontre nouvelle entre psychanalystes et psychiatres, même si la plupart des psychanalystes ont une formation de psychiatre, à la différence de Vienne.
112 Bien avant les travaux de Gisela Pankow, ceux de Tosquelles et de Jean Oury, ou ceux des Anglo-saxons, il ne faut pas oublier Eugène Minkowski, formé à Zurich, qui a publié en 1927 Le temps vécu, dans une perspective phénoménologique, puis, en 1933, La schizophrénie (Collection de l’Évolution psychiatrique). Un peu plus tard, Serge Leclaire a apporté une importante contribution à la compréhension de la psychose, avec la thèse qu’il a soutenue en 1957, et qui n’a été publiée qu’en 1999, chez Fayard, sous le titre Principe d’une psychothérapie des psychoses.
113 De ce parcours de Freud, il ressort que, s’il avait été psychiatre, il n’aurait pas pu inventer la psychanalyse et n’aurait pas créé une nouvelle nosographie, articulée à la singularité du fonctionnement psychique de chaque sujet. À travers ses tâtonnements, ses interrogations et sa démarche singulière, Freud a pu initier une nouvelle pratique du sujet fondée sur l’exercice de la parole : « Je lui laisse la parole ; je le laisse libre de son commencement. » Freud inaugure ainsi le passage du diagnostic, du regard porté sur le patient, à la parole accordée au sujet.
Mots-clés éditeurs : psychose, transfert, nosographie psychanalytique, Freud, névrose obsessionnelle, hystérie
Date de mise en ligne : 10/05/2012.
https://doi.org/10.3917/fp.023.0199Notes
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[*]
Ce texte est issu d’une intervention au séminaire de Patrick Landman, le 9 décembre 2011, à Espace analytique.
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[1]
S. Freud, « Études sur l’hystérie » (1985), dans OCPF II, Paris, PUF, 2009, p. 182 (traduction revue).
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[2]
Qui peut se traduire aussi par « gain secondaire ».
-
[3]
S. Freud, « Psychanalyse et théorie de la libido », dans Résultats, idées, problèmes, II, Paris, PUF, 1985, p. 69.
-
[4]
S. Freud, « Études sur l’hystérie », op. cit., p. 159.
-
[5]
Ibid., p. 158.
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[6]
Ou de « fausses connexions », selon les traductions.
-
[7]
S. Freud, « Études sur l’hystérie », op. cit., p. 330.
-
[8]
Ibid., p. 331.
-
[9]
S. Freud, Lettres à Wilhelm Fliess 1887-1904 (Lettre 112 du 6 décembre 1896), Paris, PUF, 2006.
-
[10]
S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Paris, Gallimard, 1987, p. 164-165.
-
[11]
Ibid., p. 165.
-
[12]
S. Freud, « Remémorer, répéter, perlaborer » (1914), dans OCPF XII, Paris, PUF, 2005, p. 190.
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[13]
Ibid., p. 191.
-
[14]
Ibid. (passage en italique souligné par moi).
-
[15]
S. Freud, Correspondance de Freud avec le pasteur Pfister, 1909-1939, Paris, Gallimard, 1963, p. 166.
-
[16]
S. Freud, Les premiers psychanalystes. Minutes de la Société psychanalytique de Vienne, I, 1906-1908, Paris, Gallimard, 1962, p. 247-248.
-
[17]
S. Freud, « Remarques sur un cas de névrose de contrainte. Extrait de l’histoire de maladie », dans OCPF, IX, 1908-1909, Paris, PUF, 1998, p. 303.
-
[18]
S. Freud, L’Homme aux rats. Remarque sur un cas de névrose de contrainte, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2000, p. 13.
-
[19]
Ibid., p. 24.
-
[20]
S. Freud, « Le choix d’entrée dans la névrose » (1913), dans Névrose, psychose et perversion, Paris, PUF, 1973.
-
[21]
S. Freud, Correspondance 1873-1939, Paris, Gallimard 1991, p. 30.
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[22]
S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, op. cit., p. 121.
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[23]
S. Freud, « Les théories sexuelles infantiles », op. cit., p. 14-27. Ce texte de 1908 est écrit après et à partir du petit Hans. Il s’agit de « théories sexuelles » (Sexualtheorien) construites par les enfants et qui accompagnent l’élaboration de leur image du corps, et non des « théories de la sexualité », selon la première traduction française erronée.
-
[24]
S. Freud, « Au-delà du principe de plaisir » (1920), dans Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1973, p. 52.
-
[25]
Le lien entre la perte de l’image et l’historicité du sujet est au coeur de l’œuvre de Gisela Pankow.
-
[26]
S. Freud, Lettres à Wilhelm Fliess, op. cit. (Lettre 139), p. 334-335.
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[27]
S. Freud, « Pourquoi la guerre ? » (1933), dans Résultats, idées, problèmes, II, Paris, PUF, 1985, p. 213.
-
[28]
On ne trouve, à ce jour, qu’une traduction polycopiée de ce texte, qui a été publiée par Judith Dupont, dans Le Coq-Héron, en 1986.
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[29]
Lettre du 17 novembre 1924.
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[30]
Lettre du 17 janvier 1909, Correspondance Freud/Jung, T. 1 (1906-1909), Paris, Gallimard, 1975, p. 271.
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[31]
Ibid.
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[32]
G. Pankow, L’Homme et la psychose, Paris, Aubier, 1969, p. 272.
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Ce texte est paru pour la première fois, dans le numéro 4 de La Psychanalyse, consacré aux psychoses, dans une traduction de Jean Laplanche, Andrée Lehmann et Victor Smirnoff.