Notes
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[1]
O. Douville, Uma melancolização do laço social ? Ágora – Estudos em Teoria Psicanalítica. Rio de Janeiro : Contra Capa, vol. VII, n° 2, 2004, p. 181.
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[2]
A. Ehrenberg, La fatigue d’être soi, Paris, Odile Jacob, 1998, p. 40.
-
[3]
Ibid., p. 41.
-
[4]
Ibid., p.41.
-
[5]
A. Ehrenberg, op. cit, p. 18.
-
[6]
Les chercheurs en théorie psychanalytique connaissent bien la franche opposition de Janet aux travaux de Freud, et surtout à l’importance que ce dernier accorde à la sexualité dans l’étiologie des névroses. Pour aller plus loin dans ce débat, voir les entrées consacrées à Pierre Janet, chez E. Roudinesco et M. Plon, Dicionário de Psicanálise. Rio de Janeiro, Jorge Zahar, 1998.
-
[7]
A. Ehrenberg, op. cit, p. 17.
-
[8]
Z. Bauman, O mal-estar na pós-modernidade (1997), Rio de Janeiro, Jorge Zahar, 1998, p. 35.
-
[9]
Z. Bauman, Modernidade líquida, (2000), Rio de Janeiro, Jorge Zahar, 2001, p. 96.
-
[10]
Ibid., p. 96.
-
[11]
S. Freud, « Rascunho G : Melancolia » (1895), dans Edição Standard das Obras Psicológicas Completas. Vol. I, Rio de Janeiro, Imago, 1976, p. 282.
-
[12]
M. Schneider, « La séduction et l´excitation consentie », in Topique, Revue Freudienne, Paris, Epi Éditeurs, nº 21, 1978, p. 107-108.
-
[13]
J.-B. Pontalis, « Atualidade do mal-estar », in Perder de vista : da fantasia de recuperação do objeto perdido. Rio de Janeiro, Jorge Zahar, 1991, p. 25.
-
[14]
Ibid., p. 23.
-
[15]
Ibid., p. 24.
-
[16]
S. Freud, « Sobre os critérios para destacar da neurastenia uma síndrome particular intitulada “neurose de angústia” » (1895 [1894]), dans Edição Standard das Obras Psicológicas Completas, vol. III, Rio de Janeiro, Imago, 1976, p. 128.
-
[17]
Ibid., p. 126.
-
[18]
Ibid., p. 128.
-
[19]
Ibid., p. 134.
-
[20]
A. Ehrenberg, op. cit., p. 250.
-
[21]
Ibid., p. 185.
-
[22]
Ibid., p. 250.
1 On ne compte plus les analyses récentes, que ce soit dans le domaine des sciences sociales ou de la psychanalyse, qui se penchent sur le mode de subjectivation de l’homme contemporain. Face à l’impact sur la subjectivité que provoquent les transformations des régulations sociales et leurs conséquences dans le domaine de la clinique psychanalytique, nous remarquons une interlocution féconde entre ces deux champs théoriques.
2 Cet article part de la prémisse selon laquelle il existe une actualité politique de la métapsychologie. Si l’on met en question une proximité épistémologique entre les sciences sociales et la psychanalyse, la réflexion concernant la thématique de la dépression approche les deux domaines, car cette rencontre se produit « autour d’une interrogation clinique sur les logiques et les effets de la subjectivation dans notre modernité [1] ». Donc, nous considérons non seulement que penser la psychanalyse dans l’actualité demande un dialogue nécessaire avec la culture contemporaine, mais aussi que l’importance qu’a la dépression partout dans le monde de nos jours fait appel à l’étude sur les investigations réalisées à ce propos par les deux champs de connaissances. Nous souhaitons partir de quelques questions soulevées par le sociologue Alain Ehrenberg, dans La fatigue d´être soi (1998), pour discuter un point que nous considérons fondamental pour penser le symptôme contemporain, à partir du regard théorico/clinique de la psychanalyse : la présence de l’excès dans la souffrance contemporaine.
3 En retraçant l’histoire de la catégorie psychiatrique de la dépression, Ehrenberg nous montre comment ce syndrome est aujourd’hui devenu l’une des formes prépondérantes du malaise psychique, qui occupe une place centrale dans la psychiatrie. Selon l’auteur, cette prédominance de la dépression indiquerait des changements significatifs des manières de subjectiver, car elle intervient au moment où entre en déclin le modèle disciplinaire qui régissait les règles, conformément aux interdits, et qui supposait une orchestration par des figures d’autorité qui faisaient jouer les normes d’une société disciplinaire, comme le démontre Foucault dans Microphysique du pouvoir (1986).
4 Le contexte de la norme disciplinaire a fait place à un monde où chacun est incité à l’initiative individuelle, à partir d’une exigence de devenir soi-même (Ehrenberg, 1998). En conséquence, nos vies ne se trouvent plus placées sous l’entière responsabilité du monde collectif mais de nous-mêmes. La libération par rapport aux exigences sociales n’a pas signifié la fin des pressions sociales. Si, auparavant, on avait la contrainte, par les interdits, on a désormais l’injonction de performance. Plutôt que de culpabiliser à cause de notre désir, nous nous reprochons de ne pas parvenir à atteindre notre idéal d’être. Un sentiment permanent de vide s’installe entre ce que nous sommes et ce que nous voulons être. Si, d’un côté, l’actualité n’est pas coupable en tant que moteur de la production de la subjectivité, le vide subjectif apparaît aujourd’hui comme l’un des effets de l’excès lui-même. Dans un monde sans médiation, on est à la merci de la logique du « tout ou rien ».
5 Nous pouvons mieux comprendre de quelle manière la libération des interdictions ne signifie pas la fin des pressions sociales, si nous analysons cette question par le moyen de la figure du surmoi. Ce sentiment de vide, d’absence d’un sens plus large pour l’existence, fruit du hiatus permanent entre ce que nous sommes et un idéal performant devant lequel nous nous sentons toujours insuffisants, mène à l’excès de surmoi présent dans l’activité de la pulsion de mort. Il est important de rappeler que le surmoi n’a pas que la fonction d´interdiction chez Freud, mais contient aussi la face de l’excès. Le surmoi n’agit pas que comme interdiction de la jouissance, mais c’est aussi lui qui joue le rôle d’accommodateur vis-à-vis de l’excès. Dans l’absence d’un idéal limitant la férocité du surmoi, celui-ci se présente sous sa face tyrannique, excessive, mortifère.
6 En effet, le surmoi est à jamais lié à la pulsion de mort. Comme le signale Rudge (2006), lorsque Freud élabore la figure du masochisme, il démontre que le surmoi, qui était apparu comme l’héritier du complexe d’Œdipe, a également un noyau primaire, ce qui situe le surmoi comme une condition archaïque dans le psychisme. Nous pensons que c’est ce moteur du surmoi qui est opératoire dans la configuration de la dépression contemporaine, lorsque le sujet se sent responsable de devoir toujours « revenir à soi-même » (Ehrenberg, 1998), à partir d’une construction de soi qui doit s’accorder aux exigences de performance et de spectaculaire.
7 Ainsi, la dépression serait une « pathologie de la responsabilité », car le déprimé se sent en-dessous de l’entreprise de l’initiative individuelle et de la responsabilité, las de devoir, en permanence, « devenir lui-même », exprimant de la sorte un sentiment d’insuffisance, comme le revers de la médaille de la demande de performance. Sa prédominance serait, par conséquent, en lien direct avec le déclin de la dimension de conflit dans le psychisme.
8 Nous souhaitons ainsi développer l’idée suivante : en circonscrivant les processus subjectifs actuels à la notion d’insuffisance, n’écarte-t-on pas la dimension de l’excès comme l’élément fondamental à la compréhension de la subjectivité contemporaine ? Lorsqu’il met en relief l’insuffisance en tant qu’élément central de l’analyse de la dépression, Ehrenberg ne prend pas en compte le trait de l’excès qui marque notre culture, de même qu’il méprise le fait que la dépression est aussi une manière psychique d’exprimer l’excès.
9 Avant d’aborder ce débat, il nous semble nécessaire de présenter un tracé historique de la dépression afin de pouvoir établir sa corrélation avec la configuration sociale de la culture contemporaine. Nous souhaitons associer ici la généalogie de la dépression à l’apparition de la neurasthénie dans les vingt dernières années du XIXe siècle. Puisque ce travail part de la prémisse selon laquelle il existe une interface actuelle féconde entre la psychanalyse et les sciences sociales, nous pensons qu’il faut saisir de quelle manière la naissance de la neurasthénie a apporté une nouvelle compréhension d’une maladie, à partir de laquelle la dimension de la psychopathologie commence à se mêler à une critique de la culture.
10 En effet, la neurasthénie a été le point de départ d’une nouvelle attention portée à la souffrance : l’attention sociale. La naissance du trouble fonctionnel a permis de placer le facteur social au premier plan de l’étiologie. Ehrenberg remonte à la notion de neurasthénie pour montrer comment l’appréhension qui explique cette pathologie en tant que « trouble fonctionnel » a rendu inopérante la référence à l’hérédité, car il s’agissait d’un « épuisement nerveux » résultant de l’agitation de la vie moderne, et non d’une dégénérescence. L’idée selon laquelle ce qui est exogène à l’organisme, ce qui vient du dehors, peut provoquer une transformation interne marque le point de départ qui permet de penser le facteur social au premier plan de l’étiologie.
11 George Beard a inventé le terme neurasthénie en la qualifiant de « maladie de la vie moderne », car ce terme exprimait l’aspect nerveux de la fatigue résultant du monde industriel. Son livre Nervous Exhaustion, paru en 1869, a eu un grand succès international à l’époque, car il montre comment surgit une nouvelle manière d’envisager la causalité des maladies nerveuses [2]. Durkheim poursuit l’argumentation de Beard, en comprenant lui-aussi que la fatigue est l’une des grandes inquiétudes de la fin du XIXe siècle, le fruit de changements fondamentaux dans la manière de vivre des citoyens de grandes villes [3]. Cette relation entre le facteur social et le domaine de la psychopathologie est devenue si étroite qu’elle a rendu difficile la distinction entre « la critique de la modernité et le diagnostic d’une pathologie [4] ». Pour comprendre comment la neurasthénie était considérée comme un effet d’une action sociale, il suffit de nous rappeler que cette jonction avec la vie sociale ne se trouvait pas, par exemple, dans l’étiologie de la mélancolie, celle-ci n’étant donc pas considérée une « maladie de la vie moderne ». Ainsi, jouent comme facteurs étiologiques, d’une part, les causes organiques et, de l’autre, les causes sociales. Le trouble fonctionnel entraîne la construction de l’idée selon laquelle la vie en société peut rendre les sujets malades, tout en réorganisant la séparation entre volontaire et involontaire. L’idée de traumatisme puise ici toute sa vigueur : une cause externe peut susciter un désordre psychique.
12 Pierre Janet, un autre neurologiste, s’est aussi penché sur cette pathologie, cependant il l’a conçue à partir de ce qu’il a nommé psychasthénie, construisant la notion de psychasthénie sur l’idée du déficit, de la « baisse de tension psychologique ». La neurasthénie était considérée comme une sorte « d’épuisement des nerfs », partant du postulat que le psychisme était régi par une « force psychologique ». Dans la psychasthénie, la synthèse psychique se dérègle et le malade succombe aux « automatismes psychologiques ». Ainsi, la maladie est-elle le résultat d’une faiblesse, un manque de force psychique. C’est l’affaiblissement de la synthèse psychologique qui mène à la réduction et au clivage de la conscience, au trouble de la personnalité connu comme étant le fruit de la division de la conscience : la double personnalité. Si le modèle de la maladie est déficitaire, la thérapie est ici une démarche réparatrice : il faut augmenter la force psychique, tout en éliminant la fatigue psychologique.
13 En suivant le modèle étiologique proposé par P. Janet pour l’investigation de la psychasthénie, Ehrenberg propose le modèle du déficit comme paradigme de la compréhension de la dépression dans l’actualité : « À partir des années 1980, la dépression est circonscrite à l’intérieur d’une problématique dominée non plus par la douleur morale, mais par l’inhibition, la lenteur et l’asthénie : l’ancienne passion triste se transforme en panne d’action, et ce dans un contexte où l’initiative individuelle devient la mesure de la personne [5]. »
14 Sur les déclinaisons de la notion de neurasthénie, l’auteur confronte deux visions distinctes : la psychasthénie de P. Janet et la psychonévrose de S. Freud, et propose de les associer aux dépressions actuelles [6]. Ainsi, en opposition à ce modèle de l’insuffisance, le modèle du conflit de Freud est présenté par l´auteur comme une autre voie vers la compréhension des pathologies. Plutôt qu’un déficit, la maladie est ici envisagée comme résultant d’un excédent, d’un excès d’excitation qui génère angoisse et culpabilité. Excès à la place de la fatigue, conflit à la place de l’insuffisance. Le symptôme névrotique est une défense contre l’angoisse et la culpabilité générées par le conflit intrapsychique. La construction du concept d’inconscient organise tout un socle théorique pour montrer qu’il y a un sujet qui s’exprime par le biais du symptôme.
15 La dépression, comme souffrance paradigmatique du sujet contemporain, est rapprochée, dans La fatigue d´être soi, du modèle janetien de l’insuffisance. L’argument consistera à montrer comment, dans le passage de la société disciplinaire à la culture de l’initiative individuelle, on discerne un déplacement de la culpabilité vers la responsabilité, comme modus operandi de la subjectivité : « Tout comme la névrose renvoyait à un individu divisé par ses conflits, marqué par la séparation entre ce qui est permis et ce qui est interdit, la dépression menace un individu apparemment affranchi des interdits, mais sans doute marqué par la séparation entre le possible et l’impossible. Si la névrose est un drame de la culpabilité, la dépression est une tragédie de l’insuffisance [7]. »
16 Le modèle du déficit est lié à la pathologie de l’initiative, dans la mesure où il concerne le fait que le sujet se sent en-dessous d’une telle exigence qui, paradoxalement, est suscitée par la liberté de choix. Il semble qu’une espèce de contresens régule les actions de la contemporanéité, mais nous sommes sous la pression de l’amplitude même des choix, qui nous a libérés de la contrainte des normes.
17 Il y a un point important à relever dans cette lecture. Lorsque l’accent est mis sur les notions de fatigue et d’insuffisance dans la circonscription subjective de la contemporanéité, la dimension de l’excès s’en trouve soustraite, caractéristique que lui attribuent divers auteurs (Baudrillard, 1986 ; Zizek, 1999 ; Lasch, 1991 ; Bauman, 1997). Observons donc de quelle manière certains chercheurs considèrent que l’excès occupe une place centrale dans la culture contemporaine.
18 Zizek présente cette caractéristique d’excès et de jouissance qui marque la contemporanéité. L’organisation sociale n’est plus régie par une hiérarchie et une réglementation rigides. La société du risque ne se plie pas aux diktats de la Nature ou de la Tradition ; il y a eu un déclin du Grand Autre, concept créé par Lacan, qui déterminerait notre place symbolique dans la culture. Les individus sont désormais prétendument libres, nos impulsions étant vécues comme une problématique sujette à nos propres options et choix.
19 Cet affranchissement des impulsions, selon Vaz (1999), met en relief la place acquise de nos jours par la responsabilité. On est en train d’opérer aujourd’hui le passage de la société régulée par la norme à la culture du risque. Les valeurs majeures de notre société semblent avoir toujours à l’horizon le risque comme la chose à éviter. Car, si tout le pouvoir de choix de futurs se trouve entre nos mains, en même temps apparaissent les bases de données sur les facteurs de risque, les études qui nous informent sur les stratégies de choix et de décision. Toute la démarche du soin dans le domaine de la santé va dans le sens d’éviter l’apparition de maladies, compte tenu de ce que l’on a ou des risques que l’on prend. Si, malgré tout, un individu tombe malade ou s’il est victime d’un évènement catastrophique, il en portera la responsabilité exclusive. Et l’on dira : cette personne avait entre les mains la possibilité d’éviter le risque, mais elle a quand même « choisi » de ne pas l’éviter.
20 Ainsi, le risque régule les codes et les rapports sociaux qui, s’ils ne sont plus tenus de répondre aux injonctions des interdictions normatives, sont obligés d’agir dans le cadre de l’évitement : les statistiques et les propagandes annoncent la probabilité des risques de certains évènements afin que le sujet puisse éviter la catastrophe, la maladie, l’effondrement.
21 Le risque se présente donc, dans l’expérience de la société contemporaine, face à un sujet coincé entre la pression du plaisir et l’information sur ce risque, que véhiculent les médias (Vaz, 1999). La norme a été remplacée par le risque dans le domaine des régulations sociales, alors que le risque entraîne la caractéristique de la responsabilité du sujet. La proposition de penser la société contemporaine à partir de la notion de la responsabilité ouvre le dialogue avec l’idée d’Ehrenberg sur la dépression en tant que « pathologie de la responsabilité ». Pour Vaz, la compréhension de la dépression par le biais de la responsabilité permet une syntonie à l’égard de la dimension de l’excès, mais non avec celle de l’insuffisance.
22 Les idées de Bauman (1998) ont également eu leur importance dans l’analyse de la dimension de l’excès dans la souffrance contemporaine. Bauman décrit le malaise contemporain en partant de l’excès et analyse l’hédonisme comme une façon de disposer de l’autre comme « source potentielle d’une expérience agréable [8] ». Si, d’un côté, la caractéristique majeure de notre culture est l’incertitude, de l’autre, la séduction du marché consommateur insère le sujet dans le circuit de l’excès. L’obsession de l’achat est certainement l’expression de l’hédonisme, mais on peut aussi bien l’envisager comme une forme de palliatif face aux incertitudes et aux manques d’assurance qui menacent le sujet.
23 Acheter de manière compulsive n’est pas seulement l’épanchement de la recherche incessante de sensations de plaisir ; c’est également une espèce de compensation du vide de sa propre subjectivité : « L’achat compulsif est aussi un rituel accompli à la lumière du jour pour exorciser les horribles apparitions des incertitudes qui hantent les nuits [9]. » Les objets de consommation se transforment ainsi en compensation face au vide : « Les objets colorés, alléchants et brillants exposés dans les vitrines des boutiques répondent bien à la quête incessante et immédiate de l’extase hédoniste, mais en même temps ils trahissent l’énorme vulnérabilité qui cherche à se faire compenser par ce type de plaisir [10]. »
24 C’est dans ce sens que nous avançons dans cet article que l’accentuation de la dimension de l’insuffisance, au détriment du trait de l’excès, finit par exclure une dimension fondamentale de l’élaboration d’une critique de la culture actuelle. En ce sens, quand il fait le lien entre la culture actuelle et le modèle du déficit, Ehrenberg associerait bien plus le sujet contemporain au schéma théorique de Janet qu’à celui de Freud. Ce faisant, il justifie le choix de cette voie théorique par le fait que le modèle de la névrose et du conflit qui occupe une place centrale dans l’explication freudienne de la souffrance psychique n’est plus la meilleure approche théorique pour une réflexion au sujet des pathologies contemporaines.
25 Il convient toutefois de rappeler que Freud ne concevait pas le psychisme exclusivement à partir de la culpabilité et du conflit. Sans aucun doute, il a été un penseur de l’excès. Alors que Janet met en évidence la diminution de la « force psychologique » dans la neurasthénie, Freud se concentrait sur l’angoisse générée par l’acte sexuel, ici envisagée comme accumulation d’excitation dans le psychisme. Néanmoins, on remarquera que l’excédent peut prendre des directions distinctes et diverses selon les différents modes de subjectivation, comme le démontre l’article de Freud, « Pulsions et destins des pulsions ».
26 Freud circonscrit donc des pathologies qui ne sont pas forcément régies par le conflit. Un exemple qui mérite notre attention est celui de la mélancolie, décrite dans le Manuscrit G (1895) comme une espèce d’« hémorragie interne », expression qui, cela va de soi, démontre la dimension de l’excès qui y est présente. Que l’on associe la mélancolie à l’anesthésie sexuelle et à l’inhibition psychique est dû au mouvement de « rétraction vers le dedans dans la sphère psychique » : « Nous n’avons aucune peine à imaginer que lorsqu´un groupe sexuel psychique subit une très forte perte d´excitation, une aspiration, pourrait-on dire, se réalise dans le psychisme et produit un effet d´appel sur la quantité d´excitation présente. Les neurones associés (au groupe) perdent forcément de leur excitation, ce qui provoque une souffrance. Une dissociation est toujours chose pénible. Un appauvrissement en excitation et en réserves se produit d´une façon qui ressemble à quelque hémorragie interne et qui se manifeste au sein des autres instincts et des autres fonctions [11]. »
27 Schneider commente ce passage du Manuscrit G en signalant que l’hémorragie interne y résulte du vécu d’une perte d’excitation. L’argument de l’auteur est que, dans cet article, l’excès d’excitation n’est pas considéré comme pathologique mais, à la différence d’autres textes, c’est la réduction de l’excitation qui produit l’état mélancolique : « Or, cette éventualité, si rarement envisagée par Freud, d´une perte du pouvoir d´excitation, avait été brièvement envisagée par lui [...] au sujet de la mélancolie et, le temps d´une évocation angoissante, l´excitation cessait de se présenter comme le danger menaçant constamment d´assaillir l´individu pour le détruire [12]. » Dans ce sens, la mélancolie est présentée comme l’excès de libido qui se matérialise dans une espèce de convulsion hémorragique indiquant un état pathologique rendu actuel par la voie de l’excès et de la non-conflictualité.
28 Un autre exemple de pathologie non liée à la dimension du conflit psychique est la conception de névrose actuelle développé par Freud dans ses écrits initiaux. J.-B. Pontalis, dans « Actualité du malaise », soulève un point curieux : avant « Le malaise dans la civilisation » (1930), Freud emploie rarement le mot malaise ; pourquoi le fait-il justement pour décrire la catégorie des névroses actuelles ? D’après l’auteur, avec la notion de névrose actuelle, Freud nous fournit une précieuse indication qui peut nous aider à comprendre le contexte du malaise dans l’actualité : « La névrose collective est-elle une névrose actuelle, au sens freudien, c’est-à-dire une névrose non-créatrice et comme vide de désir, impuissante à élaborer et à transformer ses conflits, seulement capable de générer des tensions, sans jamais prendre parti [13] ? »
29 L’actualité de la névrose actuelle peut être envisagée selon deux acceptions : dans la première, elle est actuelle parce que le déclenchement de la pathologie se produit au moment présent ; dans la seconde, actualiser revêt le sens de trouver une expression directement par la voie somatique ou dans une angoisse diffuse, sans emprunter les chemins qui mèneraient à la production d’un symptôme psychonévrotique : « Freud invoque, pour les expliquer, une “carence d’élaboration psychique”. Aucun jeu de symbolisation donc, et prévalence du registre économique : plus tension que conflit, plus extase et décharge que crise, plus expression que création, plus “agir” sur le corps et sur l’extérieur que déplacement [14]. »
30 Nous ajouterons une troisième acception du terme « actuel » à celles citées par Pontalis : la névrose actuelle peut nous en apprendre sur la souffrance qui caractérise la subjectivité actuelle. On remarque un changement dans le mode de subjectivation de l’actualité à partir de cette plus grande prégnance de la production symptomatique dans la dimension du corps plutôt que dans la sphère du conflit psychique. Avec les études freudiennes sur la névrose actuelle, outre que nous situons la question de l’excès dans la constitution symptomatique, nous nous rapprochons d’un trait essentiel pour l’analyse de la souffrance contemporaine : la dimension du corps. Ainsi, la notion freudienne de névrose actuelle indiquerait un mode de l’affaiblissement psychique différent de la psychonévrose, dont l’organisation passe par la culpabilité et le refoulement.
31 En ce sens, si, d’un côté, Ehrenberg ne voit aucune possibilité de penser la névrose freudienne dans un monde qui s’est déplacé de la culpabilité vers la responsabilité, d’un autre côté, une lecture critique de son livre révèlera qu’il ne tient pas compte du fait que le conflit et la culpabilité ne constituent pas le seul mode dans lequel Freud circonscrit la maladie psychique. Il n’y a pas un unique destin pulsionnel possible, ni une seule sorte de tourment psychique, mais bien plusieurs.
32 Quand nous proposons de mettre en valeur la névrose actuelle, il s’agit de présenter dans l’œuvre freudienne une symptomatologie plus liée à une décharge qui s’actualise dans le corps, qu’à l’opération de l’élaboration psychique : « Le conflit, au lieu d’être représenté et ainsi de s’ouvrir à la mobilité de l’interprétation, se répète dans le présent toujours accessible du corps et de la réalité, qui continuent d’offrir de nouvelles circonstances explicatives [15]. »
33 En effet, dans « Du bien-fondé à séparer de la neurasthénie un complexe de symptômes déterminé en tant que “névrose d’angoisse” », Freud montre que l’angoisse provient d’une accumulation d’excitation, dont l’origine est somatique. Cette excitation somatique est de nature sexuelle et se produit parallèlement à un décroissement de la participation psychique dans les processus sexuels : « La névrose d’angoisse est le résultat de tous ces facteurs qui empêchent l’excitation sexuelle somatique de s’exercer psychiquement [16]. » Définissant la libido à partir de sa circonscription dans le registre psychique et l’angoisse comme une dérivation de l’excès d’excitation dans la dimension corporelle, Freud indique une baisse de la libido – c’est-à-dire un affaiblissement du désir dans le psychisme –, concomitante d’une accumulation de l’excitation provenant du corps : « De toutes ces indications, à savoir qu’il s’agit d’une accumulation d’excitation, que l’angoisse qui correspond vraisemblablement à une telle excitation accumulée est de provenance somatique, si bien donc que c’est de l’excitation somatique qui est accumulée, qu’en outre cette excitation somatique est de nature sexuelle et qu’elle s’accompagne d’un décroissement de la participation psychique aux processus sexuels – toutes ces indications, dis-je, font qu’on s’attend encore mieux à ce que le mécanisme de la névrose d’angoisse soit à chercher dans la déviation de l’excitation sexuelle somatique à l’écart du psychique, et dans une utilisation anormale, causée par là, de cette excitation [17]. »
34 Ainsi, on remarque que dans cette forme de souffrance psychique, qui se caractérise par une intense décharge de l’angoisse, la voie de l’élaboration psychique se trouve inopérante, et, de ce fait, « l’excitation somatique s’accumule et est déviée par d’autres canaux qui offrent une plus grande possibilité de décharge que le parcours par le psychisme [18]. » Étant une déviation vers le corps qui s’écarte du psychisme, la névrose d’angoisse est considérée comme « le pendant somatique de l’hystérie ». Alors que l’hystérie est tenue pour psychique, étant un excès dans le corps provoqué par un conflit intrapsychique, la névrose actuelle est définie comme étant « purement somatique [19] ».
35 Si Freud force le trait sur l’excès dans la constitution du symptôme, on ne peut pas pour autant dire qu’Ehrenberg ait entièrement abandonné cette dimension. Bien qu’il mette l’accent sur la fatigue – qu’on retrouve d’ailleurs dans le titre de son livre, La fatigue d’être soi –, l’auteur montre aussi comment l’excès caractéristique de l’addiction peut être vu comme un effet de cette exigence de toujours prendre l’initiative d’agir.
36 Selon Ehrenberg, l’autre face de la dépression aujourd’hui est la manifestation de l’addiction : « À l’implosion dépressive répond l’explosion addictive, au manque de sensation du déprimé répond la recherche de sensations du drogué [20]. » L’impulsivité excessive n’est donc pas « le contraire de l’inhibition, mais le masque sous lequel se cache l’apathie, une réaction secondaire [21] ». Dépression et addiction sont les effets de l’aspect immaîtrisable de cette obligation de « devenir soi-même et de toujours prendre l’initiative d’agir [22] ». Alors que le déprimé se caractérise par l’asthénie et l’inhibition, le compulsif est pris de subites violences, de passages á l’acte explosifs et de comportements addictifs. Ainsi, l’addiction serait, tout autant que la dépression, un effet du désinvestissement de l’espace psychique du conflit. Par le biais de la compulsion addictive on peut analyser un autre mode de manifestation de l’injonction de responsabilité, qui n’est pas circonscrit au modèle du déficit, mais à la dimension de l’excès.
La décharge pulsionnelle
37 Par delà les conceptions de la mélancolie et de la névrose actuelle, la compréhension de la névrose de destin représente une autre voie nous permettant d’approcher l’excès dans la théorie freudienne. L’automatisme de répétition, caractéristique de la névrose de destin, fonctionne par le mécanisme de décharge de l’excès affectif qui déborde dans le psychisme. Lorsqu’il élabore l’idée de névrose de destin, Freud fait une espèce de retour aux névroses actuelles (Pontalis, 1991). La production symptomatique liée à cette névrose ne renvoie pas si directement à la question du corps, mais affirme, avec la notion de pulsion de mort, la prépondérance du registre économique et de la décharge affective dans la dynamique psychique. Freud ne parle pas exactement, dans ce contexte, d’une « carence d’élaboration psychique », mais il circonscrit un pulsionnel qui échappe au champ de la représentation et qui, par là même, apparaît comme un excès : la pulsion de mort.
38 En effet, le texte, « Pulsions et destins des pulsions », de 1915, posait déjà la dimension de l’excès qui fournit un socle à la formulation du concept de pulsion de mort en 1920. Dans son article de 1915, Freud met l’accent sur l’aspect de la force dans le circuit pulsionnel. Le fait qu’elle soit une force constante et qu’elle exerce une pression (Drang) sur le psychisme fait que celui-ci est poussé, à tout instant, à une exigence de travail. Les stimuli provenant des sources endogènes sont ceux qui constituent la pulsion, car il est impossible de leur échapper, ce qui les distingue des stimuli exogènes. Or, la constance de la pulsion elle-même introduit déjà le psychisme dans la dimension de l’excès, car le travail de symbolisation n’éliminera jamais totalement la source de tension issue du stimulus endogène.
39 Le texte met en exergue le postulat selon lequel la pulsion est marquée par une activité, et c’est au psychisme que revient la tâche de capturer et de relier le pulsionnel dispersé. Comme ni la capture, ni la liaison ne sont des processus totalisants, le sujet devra toujours se confronter à l’excès pulsionnel. Le circuit pulsionnel perturbe donc de manière constante le psychisme (force), l’obligeant à se lancer à la recherche d’un destin pour cet excès pulsionnel (travail).
40 Cette dimension de l’excès se radicalisera avec le concept de pulsion de mort, introduit dans la théorie freudienne par l’article « Au-delà du principe du plaisir » (Freud, 1920). Ici, l’excès se manifeste, comme nous l’avons dit, par la dimension de la répétition, obligeant le sujet à actualiser ce qui ce qui n’a pu être lié à l’occasion du traumatisme. La tâche de la libido chez l’être vivant est d’apaiser les effets néfastes de la pulsion de mort. S’il n’y a pas une pulsion à l’état pur, mais toujours le mélange des deux types de pulsion dans des proportions variables, la dispersion et la destructivité de la pulsion de mort ne peuvent être entièrement éliminées.
41 C’est en ce sens que l’on peut dire que la pulsion de mort inscrit définitivement le psychisme freudien dans la dimension de l’excès. Indiquant une région hors régulation du principe de plaisir, il n’y a pas là de tendance à maintenir constante une réserve d’énergie minimale nécessaire pour que puisse fonctionner le psychisme. Le registre de l’autoconservation est définitivement abandonné pour faire entrer le psychisme dans le registre de l’excès, au moyen duquel on suppose qu’il y a une augmentation brusque de la stimulation, sans principe régulateur menant à une diminution équilibrée.
42 Freud décrit le traumatisme comme une rupture du bouclier protecteur du psychisme face à l’excès de stimuli, faisant apparaître des situations d’angoisse, de peur et de danger. La notion de traumatisme introduit ce tournant entre plaisir et déplaisir, montrant que le psychisme possède un mouvement nécessaire de répétition du déplaisir comme forme d’élaboration du traumatique. En effet, la situation traumatique est définie à partir de l’idée qu’il y a eu un manque de liaison à l’occasion de l’événement traumatique, montrant le psychisme dans toute sa vulnérabilité, l’inscrivant par cette voie, dans la dimension de l’au-delà du principe de plaisir. Ainsi se développe l’élaboration théorique qui répond à cette nouvelle dimension – celle en dehors du principe de plaisir – indiquant comment le psychisme provoquera forcément un combat avec l’excès pulsionnel.
43 Si la lecture critique de la contemporanéité faite par les sciences sociales indique que l’actualité se présente comme une culture de l’excès, cette analyse s’est vue corroborée par l’incidence des symptômes contemporains dans la clinique psychanalytique, à partir de la notion d’excès pulsionnel. Penser un modèle déficitaire pour la subjectivité actuelle a sans doute sa pertinence, dans la mesure où s’instaure un dialogue direct avec la demande de performance. Nous disons néanmoins que la catégorie de l’excès se présente également comme voie théorique féconde, justement parce qu’elle se déplace et opère un recul critique sur l’axe « initiative/insuffisance ».
44 Le concept de pulsion de mort présente un mouvement paradoxal. D’un côté, la pulsion de mort est excès, brusque augmentation de la stimulation, sans régulation, qui rompt le bouclier protecteur du psychisme. De l’autre, ce concept a été présenté en 1920 comme un retour à l’inanimé, comme une tendance à éliminer totalement la tension, à vider le psychisme de tout stimulus. La pulsion de mort se manifeste-t-elle par l’excès de la compulsion de répétition, comme fruit du traumatique non lié qui, par conséquent, génère les quantités brutes d’énergie ou de quête du Nirvana d’un psychisme qui se veut totalement vide de toute tension ? Nous tendons à démontrer que la pulsion de mort possède cet aspect paradoxal, car elle présente simultanément les deux mouvements, soit la tendance à la décharge totale et à l’augmentation excessive des stimuli.
45 S’agissant d’une région subjective, située hors régulation du principe de plaisir, comme il n’y a pas de préoccupation de stockage minimum d’énergie pour maintenir constante une certaine quantité d’excitation, l’augmentation excessive autant que la décharge brusque sont caractéristiques de la pulsion de mort.
46 C’est en ce sens, que, lorsque nous mettons l’accent dans la théorie freudienne sur la notion de névrose actuelle et sur la formulation de la pulsion de mort s’actualisant dans la névrose de destin, nous proposons de souligner la dimension de l’excès dans la souffrance contemporaine.
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Mots-clés éditeurs : névrose de destin, contemporanéité, Excès, névrose actuelle
Date de mise en ligne : 09/06/2010
https://doi.org/10.3917/fp.019.0235Notes
-
[1]
O. Douville, Uma melancolização do laço social ? Ágora – Estudos em Teoria Psicanalítica. Rio de Janeiro : Contra Capa, vol. VII, n° 2, 2004, p. 181.
-
[2]
A. Ehrenberg, La fatigue d’être soi, Paris, Odile Jacob, 1998, p. 40.
-
[3]
Ibid., p. 41.
-
[4]
Ibid., p.41.
-
[5]
A. Ehrenberg, op. cit, p. 18.
-
[6]
Les chercheurs en théorie psychanalytique connaissent bien la franche opposition de Janet aux travaux de Freud, et surtout à l’importance que ce dernier accorde à la sexualité dans l’étiologie des névroses. Pour aller plus loin dans ce débat, voir les entrées consacrées à Pierre Janet, chez E. Roudinesco et M. Plon, Dicionário de Psicanálise. Rio de Janeiro, Jorge Zahar, 1998.
-
[7]
A. Ehrenberg, op. cit, p. 17.
-
[8]
Z. Bauman, O mal-estar na pós-modernidade (1997), Rio de Janeiro, Jorge Zahar, 1998, p. 35.
-
[9]
Z. Bauman, Modernidade líquida, (2000), Rio de Janeiro, Jorge Zahar, 2001, p. 96.
-
[10]
Ibid., p. 96.
-
[11]
S. Freud, « Rascunho G : Melancolia » (1895), dans Edição Standard das Obras Psicológicas Completas. Vol. I, Rio de Janeiro, Imago, 1976, p. 282.
-
[12]
M. Schneider, « La séduction et l´excitation consentie », in Topique, Revue Freudienne, Paris, Epi Éditeurs, nº 21, 1978, p. 107-108.
-
[13]
J.-B. Pontalis, « Atualidade do mal-estar », in Perder de vista : da fantasia de recuperação do objeto perdido. Rio de Janeiro, Jorge Zahar, 1991, p. 25.
-
[14]
Ibid., p. 23.
-
[15]
Ibid., p. 24.
-
[16]
S. Freud, « Sobre os critérios para destacar da neurastenia uma síndrome particular intitulada “neurose de angústia” » (1895 [1894]), dans Edição Standard das Obras Psicológicas Completas, vol. III, Rio de Janeiro, Imago, 1976, p. 128.
-
[17]
Ibid., p. 126.
-
[18]
Ibid., p. 128.
-
[19]
Ibid., p. 134.
-
[20]
A. Ehrenberg, op. cit., p. 250.
-
[21]
Ibid., p. 185.
-
[22]
Ibid., p. 250.