Couverture de FP_014

Article de revue

Utiliser Winnicott pour comprendre le genre (sexe social)

Pages 119 à 131

Notes

  • [1]
    Traduction Claude Boukobza, relue par Juliet Mitchell.
  • [2]
    Gender Identity Research Clinic de l’Université de Californie.
  • [3]
    D.W.Winnicott, « La créativité et ses origines », dans Jeu et réalité, trad. de Claude Monod et J.-B. Pontalis, Paris, Gallimard, coll. « Connaissance de l’inconscient », 1975, p.101-119.
  • [4]
    Les traducteurs ont retenu « éléments féminins » et « masculins ». Il me semble qu’il faut plutôt conserver les termes « éléments mâle » et « femelle » (male et femalechez Winnicott) pour comprendre la subtilité de la démonstration de Juliet Mitchell. C.B.
  • [5]
    D.W. Winnicott, The Psychoanalytic Forum, éd. John A. Lindon, International Universities Press, New-York, 1972, vol. 4.
  • [6]
    D.W. Winnicott, « L’utilisation de l’objet et le mode de relation à l’objet au travers des identifications », dans Jeu et réalité, op. cit., p. 120-131.
  • [7]
    Winnicott oppose being (être), du côté du female, à doing (faire) du côté du male. C.B.
  • [8]
    D.W. Winnicott, The Psychoanalytic Forum, op. cit.
  • [9]
    Ibid.
  • [10]
    Paris, Gallimard, coll. « Connaissance de l’inconscient », trad. Monique Novodorsqui, 1978.
  • [11]
    D.W. Winnicott, Processus de maturation chez l’enfant, Paris, Payot, 1970, p. 93-114.
  • [12]
    D.W. Winnicott, « La tendance anti-sociale », dans Déprivation et délinquance, trad. Madeleine Michelin et Lynn Rosaz, Payot, Paris, 1994, p.150-151.
  • [13]
    D.W. Winnicott, Jeu et réalité, op. cit., p.105-106.

1Depuis que le terme « genre » a été introduit, essentiellement par la Clinique Californienne du Genre [2] pour l’étude des transsexuels au début des années 1960, de nombreux psychanalystes, féministes et chercheurs en théorie du genre ont utilisé « genre » et « différence des sexes » indifféremment, comme si ces deux formulations indiquaient le même processus psychologique. Ou bien ils ont complètement évité le terme de « genre », particulièrement dans les cultures latines où il devait être traduit par « sexe social ». Cet évitement du « genre » a eu le même effet : la « différence des sexes » devait recouvrir – comme je vais le démontrer – ce qu’il importe de différencier comme deux processus différents.

2Bien que le concept de « genre » soit apparu avant la mort de Winnicott, et bien que celui-ci se soit intéressé au travail de la Clinique du Genre, ce n’était pas un terme qu’il utilisait. En tant que proche disciple des théories freudiennes, j’y fus moi-même, pendant un certain temps, très résistante. Cependant, j’en suis maintenant venue à penser que ce pourrait bien être sur ce sujet la contribution conceptuelle la plus importante à ce jour. C’est pour cela qu’il nous faut la préciser et la définir. L’article de Winnicott sur « Clivage des éléments masculins et féminins chez l’homme et chez la femme [3] » apporte, à mon sens, une contribution importante à une compréhension psychanalytique du « genre ». Il démontre très clairement, aussi, pourquoi nous devons retenir deux termes et les distinguer : « genre » et « différence des sexes ».

3En apparence, la contribution théorique manifeste de cet article de Winnicott est assez simple et n’est nouvelle que par ses détails et les points qu’elle met en valeur. Le matériel clinique, le maniement technique et les réflexions spécifiquement winnicottiennes qui les soulignent ou auxquels ils apportent une contribution cruciale sont, au contraire, difficiles et radicaux.

4La théorie manifeste est que tous les êtres humains accomplissent leur « être » en une identification primaire (c’est aussi dans Freud) avec le sein. Dans les deux sexes, il existe un élément femelle [4], non pulsionnel qui, chez le nouveau-né, est d’abord le sein, puis devient le sein désirable qui demande-à-être-mangé. L’élément mâle, dans les deux sexes, est un élément pulsionnel qui se relie (activement) et est relié (passivement) à l’objet. (Cela aussi fait écho à ce que Freud affirmait, que la libido était masculine dans les deux sexes). Jusqu’ici, à quoi cela nous mène-t-il ?

5Il y a de nombreux détails, même dans la théorie manifeste, qui la rendent plus intéressante que le compte rendu réducteur que je viens d’en donner, mais ils n’enrichissent pas l’explication théorique. En revanche, le matériel clinique, la technique analytique et les idées sous-jacentes peuvent être lus de façon à imposer d’autres explications théoriques et à ouvrir de nouvelles portes. En particulier, je voudrais mettre en lumière la compréhension qu’a Winnicott du rôle de l’environnement, qu’il a commencé par « classifier ».

6Winnicott communiqua son article à la Société Britannique le 2 Février 1966. Le discutant principal, l’anthropologue Margaret Mead, auteur de L’un et l’autre sexe. Les rôles d’homme et de femme dans la société(1949), fut enthousiaste, mais les commentaires des analystes qui assistèrent à cette soirée (certains furent publiés plus tard dans le Psychoanalytic Forum [1972]) furent confus, voire vraiment hostiles. Les réactions plutôt hostiles se concentraient sur le style particulier d’interprétation de Winnicott ; la confusion atteignit un point très élevé parce que ces auditeurs permirent (ou ne purent empêcher) que la notion de Winnicott d’« éléments mâle ou femelle » recouvre les notions de garçon et de fille, d’homme et de femme, de masculinité et de féminité. Ainsi, la discussion ne fait pas apparaître combien ce bref article est une contribution cruciale à la théorie de la signification psychologique de la bisexualité. Garçon/fille, homme/femme, masculin/féminin sont déjà constitués en termes de différence des sexes, les éléments mâle et femelle ne le sont pas ; ce sont les éléments constitutifs d’une théorie du genre.

7Surtout, je pense que ce n’est pas l’article de Winnicott qui est confus, mais que c’est le sujet qui génère la confusion et la difficulté. Comprendre pourquoi il génère la confusion reviendrait à se confronter à un aspect important du sujet. Se tenir dans la position d’une mère folle, comme Winnicott le fait ici, est se tenir dans une position choquante et qui génère la confusion. Je me centrerai sur deux éléments cruciaux : comment Winnicott interprète ce qu’il appelle « la mère-environnement » dans le transfert, et le sens des éléments mâle et femelle s’ils ne sont pas rabattus sur certains aspects de l’homme et de la femme, du garçon et de la fille.

8En réponse aux critiques, Winnicott dit ce qui suit : « Le point principal de ma communication était la façon dont il est nécessaire, à mon avis, de se confronter au facteur environnemental en termes de transfert » et : « En considérant, pour poursuivre, des détails théoriques, je permis à mes réflexions de me guider vers le concept d’éléments mâle et femelle chez le garçon et chez la fille. Je me suis trouvé vraiment enrichi par cette façon de penser, qui m’était quelque peu nouvelle, si bien qu’en considérant ce genre de problèmes, je ne pensais désormais plus à des garçons et des filles ou à des hommes et des femmes, mais aux éléments mâle et femelle qui appartenaient à chacun d’eux [5]. »

9Bien que Winnicott lui-même se soit senti quelque peu perdu à la fin des échanges en 1966, certains aspects de ses réflexions sur ce cas menèrent à son essai « L’utilisation de l’objet [6] » et à ses réflexions ultérieures sur la créativité, tant et si bien qu’en travaillant à Jeu et réalité, cela finit par former l’aspect central du chapitre « La créativité et ses origines ».

10Le patient que Winnicott ne nomme pas, que j’appellerai M.B., réussissait bien dans son travail et dans sa vie de famille, mais ne parvenait pas à terminer ses thérapies – qui avaient été nombreuses et, comme celle-ci, longues. L’interprétation déterminante vint lorsque Winnicott fit remarquer à M.B. qu’il avait entendu l’« envie du pénis » et eu l’impression qu’il parlait à une petite fille. Après une pause, M.B. répondit que si cela se savait, on penserait qu’il était fou ; Winnicott se risqua à une réponse qu’il avait hésité à faire : « Il ne s’agissait pas de vous qui en parliez à quelqu’un ; c’est moi qui vois la fille et qui entends une fille parler, alors qu’en réalité, c’est un homme qui est sur mon divan. S’il y a quelqu’un de fou, c’est moi. »

11Winnicott se met lui-même dans la position du transfert délirant : il se désigne lui-même comme la mère-environnement originelle traumatisante. Cela permet à M.B. de se sentir sain d’esprit dans un environnement fou et, bien qu’ils aient auparavant labouré une grande partie du terrain, quelque chose se déplaça : Winnicott avait accepté le transfert délirant qui donna accès au cadre environnemental qui avait traumatisé M.B.

12À un stade néonatal, à travers une identification primaire (l’élément femelle) à sa mère/sein, M.B. devait s’être ressenti omnipotent – il était son monde et son monde était lui. Une perception erronée venue de ce monde avait fait effraction dans un bouclier psychologique, comme un trauma – cette perception erronée étant à la fois prématurée et trop forte. Mais si cette perception erronée est significative, ce n’est pas parce qu’elle est une perception erronée (ce qui aurait été l’argument de la Clinique du Genre pour les transsexuels), mais parce qu’elle indiquait que le sein n’était pas en lui-même un élément d’être – la mère, et Winnicott dans le transfert délirant, étaient un sein en tant qu’élément mâle, faisant [7] et agissant. Que la perception erronée ait été un trauma est clair, parce que la « petite fille » (avec son envie du pénis, sur laquelle je reviendrai) à l’intérieur de M.B. se comporte comme un objet étranger inclus, elle a toujours à peu près deux ans et demi, c’est un isolat à l’intérieur de ce garçon qui grandit et de cet homme.

13Winnicott avait toujours souhaité entreprendre ce qu’il appelait une « classification de l’environnement » et, bien que son analyste, James Strachey, l’en dissuadât, il en fit différents essais. Brièvement, la thèse de Winnicott est que, dans la psychose et dans certaines psychopathologies, en tant que distinctes des névroses, l’environnement contraint le récepteur de ses impacts à mettre en place certaines défenses. Ces défenses sont des réponses adéquates, nécessaires pour se protéger contre le trauma. Quand la délinquance apparaît, nous assistons à un appel vers la santé mentale, à une affirmation que l’environnement a été fautif de n’être pas « suffisamment bon » sous des aspects spécifiques. Ainsi, nous pourrions tenter d’expliquer et de classifier en quoi l’environnement est malade – que l’environnement soit malade ou fou a une grande importance dans la phase de dépendance du bébé ou de l’enfant. Cet environnement doit être soigné mais, en complet contraste avec les théories qui visent à la « remémoration des souvenirs », cela ne peut être fait que par procuration, dans le patient qui a eu à se défendre contre cet environnement. La tâche du thérapeute est d’abord de repérer le trauma et de le reconnaître en accord avec le patient. C’est ce que Winnicott faisait dans sa première réponse, quand il accepta le transfert délirant où il était la mère folle.

14Nous pouvons imaginer les premiers mots de la sage-femme, du père ou du médecin à la naissance de M.B. : « C’est un garçon ! » Mais la mère de M.B. voulait une fille et elle voit ce qu’elle désire, comme en une hallucination ou un délire – le bébé garçon M.B. était sa petite fille, attendue depuis longtemps. L’intensité ici peut être folle, mais des versions plus douces du phénomène arrivent assez communément. L’intérêt de l’interprétation de Winnicott, cependant, réside dans le fait de montrer que la mère, à cause de son désir actif, utilise son sein comme un élément pulsionnel mâle. Cela peut être revécu dans le transfert, où le thérapeute a besoin de l’éprouver lui-même (comme le fait Winnicott, bien qu’avec difficulté, dans le contre-transfert). Là où Winnicott, intéressé par l’identité, par le vrai et le faux self, met l’accent sur la perception (erronée) et la (fausse) reconnaissance, je voudrais mettre l’accent sur le désir de la mère.

15Tous les discutants de « Clivage des éléments masculins et féminins chez l’homme et chez la femme » font référence de près ou de loin à l’étude des transsexuels alors en cours à la Clinique du Genre de l’Université de Californie, travail par lequel Robert Stoller devint célèbre, avec la distinction qu’il fit entre le sexe biologique et anatomique et le « genre » psychologique socialement acquis. Se référant à ce matériel clinique et à sa superstructure théorique, Masud Khan, l’un des discutants de l’exposé de Winnicott, nota : « Je pense qu’il n’y a absolument aucun doute aujourd’hui que le maniement précoce du corps par la mère, avec ses fantasmes inconscients et ses préjugés, influence et peut faire changer la cristallisation de l’identité de genre chez l’enfant. J’utilise le concept « identité de genre » intentionnellement, l’empruntant aux recherches dans ce domaine du Dr Robert Stoller qui, en fait, fournissent le support clinique le plus important au concept de Winnicott. La difficulté commence lorsque Winnicott essaie de métaphoriser la totalité de cette « empreinte sur le corps » par la mère pour accéder à un nouveau niveau de théorisation, c’est-à-dire en termes de qualité intrinsèque d’être « mâle » et « femelle » comme deux processus psychiques distincts, immuables en eux-mêmes [8]. »

16Cet usage du travail de Stoller par Khan et les autres passe largement à côté de l’essentiel. Dans l’article qu’ils discutaient, Winnicott avait d’emblée contesté toute notion d’empreinte, et il s’en démarque à nouveau dans sa réponse à Khan, montrant qu’il était évidemment tout à fait au courant du travail et des théories qui émanaient de la Clinique du Genre californienne. Il choisit de ne pas s’en servir. Il ne voit aucune force instinctive dans les éléments femelles de l’identification primaire avec le sein : « Il peut être possible de mettre en relation cette idée avec l’autre usage du mot “instinct”, qui vient de l’éthologie ; cependant, je suis très sceptique quant au fait que l’empreinte soit quelque chose qui affecte le nouveau-né humain en quoi que ce soit. Je dirai ici que je crois que la question de l’empreinte n’a rien à voir avec l’étude des relations d’objets précoces des enfants humains. Cela n’a certainement rien à faire avec le trauma de la séparation à deux ans, le point précis où son importance primordiale a été établie [9]. »

17Winnicott fait ici la distinction, comme Freud l’avait fait, entre Trieb (pulsion), qui est l’objet de la psychanalyse, et Instinkt (instinct), qui ne l’est pas. Sa référence à l’éthologie et à l’enfant de deux ans est une référence à l’œuvre de John Bowlby (et à son ami et collègue éthologiste Robert Hinde). Sa position ici, cependant, indique qu’il prend ses distances avec l’œuvre de Stoller, et Khan se trompe quand il présente celle-ci comme un soutien à celle de Winnicott.

18Jetons un coup d’œil à la contribution de Stoller, avec le cas de John, qui figure dans la deuxième partie de Recherches sur l’identité sexuelle[10] (1966), publiée dix ans plus tard sous le titre L’expérience transsexuelle. « Le garçon, âgé de sept ans, fit un dessin de deux personnes debout l’une à côté de l’autre, chacune élégamment habillée en mini-jupe et corsage, avec des chaussures à talons hauts et portant chacune un sac à main. L’une, cependant, avait des cheveux plus longs ; l’autre, avec des cheveux courts, portait un mouchoir sur lequel le nom ”John“ était inscrit, souligné de petits cœurs rouges. Les deux personnages affichaient des sourires heureux. Ils ressemblaient à des filles.

19Cependant, le patient dit que le personnage avec le mouchoir ”John“ était un garçon. En réponse à la surprise de son thérapeute (Dr N.) qui avance que ”John“ ressemble à une fille, le patient répondit : ”Que tu es bête ! C’est une fille manquée. Tu vois, un garçon manqué est une fille qui se comporte comme un garçon, et une fille manquée est un garçon qui se comporte comme une fille. C’est un garçon, mais il fait semblant d’être une fille. Il a un pénis. Il se comporte comme une fille. C’est une fille manquée. Il veut être une fille. Il fait semblant d’être la maman qui s’occupe de la maison. Il pense qu’il est une fille, même s’il a un pénis.“ Dr N. : D’où tient-il ces idées sur lui-même ?

20Patient: Sa maman et son papa lui ont dit qu’il était un garçon, mais il pense que c’est une blague. Il ne croit pas qu’il est un garçon. Il ne sait pas que son pénis fait de lui un garçon. Il savait qu’il avait un pénis. Mais il pense que chacun est né différent, tu sais, comme les flocons de neige sont tous différents. C’est sa sœur, là, près de lui. Elle dit : ”Tu es un garçon, pas une fille.“ Elle le frappe parce qu’il lui vole ses vêtements. Il est né avec sa mère. Il avait l’habitude d’aller dans les magasins de vêtements pour dames avec sa mère. Pas de copains garçons, on lui offrait des poupées. C’est pour ça qu’il a pensé qu‘il était une fille. Il s’est senti vraiment triste quand il s’est aperçu qu’il n’était pas une fille. Je ne crois pas qu’il puisse s’habituer à l’idée d’être un garçon. Vous ne pourrez jamais le convaincre, cet idiot. Il ne vous écoutera pas. Parce qu’il ne veut écouter personne à ce sujet.

21Il dit : ”Laisse tomber“ d’une voix efféminée. Il se comportera exactement comme ça – et sera une dame. Il s’habillera toujours comme ça. La police essaiera de le tuer. Il dira à la police que sa mère l’emmenait dans les magasins pour dames et que c’est pour ça qu’il pense qu’il est une dame. Il est fou de sa mère, parce qu’il ne veut pas connaître les choses de la vie. Il aurait aimé continuer à penser qu’il était une fille et ne jamais connaître la vérité. »

22Stoller et ses collègues, n’ont pas, me semble-t-il, examiné le transsexualisme dans le cadre du transfert psychanalytique ou, tout au moins, n’ont certainement pas fait d’interprétations dans le cadre du transfert-environnement, à la manière de Winnicott : « C’est moi qui suis fou. » C’est pourquoi nous pouvons seulement supposer la nécessité d’une classification différentielle des deux mères, celle de M.B. et celle de John. Nous pouvons seulement le supposer à partir des différences réelles de défenses chez M.B. et John ; et non pas (comme le suggère Khan qui compare les deux théories) parce qu’ils sont semblables.

23Stoller argumente que John n’était pas psychotique parce qu’il connaissait la différence des sexes – simplement, il ne voulait pas qu’il y ait de différence. En faisant un compte-rendu de L’expérience transsexuelle, il y a environ trente ans, j’ai opposé à Stoller l’argument que John ne connaissait pas le sens de la différence des sexes, dans laquelle chacun se tient d’un côté ou de l’autre de la frontière. Ou « Messieurs » et/ou « Dames ». Bien que chaque flocon de neige soit cristallographiquement différent d’un autre, il ne s’agit pas là de la différence au sens de la différence des sexes sur sa base binaire. Est-ce psychotique de penser que les deux sexes différents sont des flocons de neige ? Est-ce fou de contenir à l’intérieur du self d’un adulte mâle une fillette de deux anscomme un corps étranger ? Pour Winnicott, dans les deux cas, mais certainement pas de façon identique, ce seraient des défenses distinctes contre un environnement traumatisant. Cet environnement doit avoir été différemment « fou » ou fou à des stades différents du développement du récepteur – quand il est totalement ou partiellement dépendant, totalement ou partiellement omnipotent, selon qu’il se trouvait ou non que c’était son élément « être » femelle ou « actif » mâle qui était engagé.

24Nous pourrions, par exemple, faire l’hypothèse que la mère de M.B., désirant une fille activement et en mobilisant un agir « mâle », ait vu une fille dans son fils nouveau-né et que la mère de John ait vu son bébé simplement comme une extension d’elle-même. La nécessité de poser « c’est un garçon/c’est une fille » n’effleure pas la mère de John : il est simplement une partie d’elle-même, y compris et jusqu’à ce que l’en sépare son « sexe » différent démontrant qu’il ne l’est pas. Cette différence de sexe biologique (nous ne sommes pas dans le registre de la différence de sexe psychologique) viendrait signifier le « genre » et être inacceptable pour elle. S’il en était ainsi, là où le dilemme de M.B. résiderait dans le manque d’un « être » femelle suffisant, la mère de John aurait une surabondance d’« être » femelle, ne faisant pour toujours qu’un avec son bébé. Certains aspects de leur pathologie – John fait l’acte de voler les vêtements de sa sœur et imagine sa propre délinquance extrêmement active – apparaissent être un appel vers la santé ; la petite fille encapsulée en M.B. est malade quand M.B. agit en homme. Aucun des deux n’est dans le registre de la « différence des sexes », par conséquent il y a techniquement des éléments psychotiques chez les deux patients. Mais de façon différente, parce qu’ils occupent des positions différentes en ce qui concerne le « genre ». La surabondance d’« être » femelle affecte l’ensemble de la personnalité de John, sauf son « agir » mâle dans le vol et la délinquance. La probable insuffisance d’« être » dans la relation de M.B. à sa mère signifie qu’il a reçu un « agir » actif mâle qui (seulement de façon en apparence paradoxale) héberge une petite fille à l’intérieur de lui-même. M.B. a besoin d’« être », non pas d’« agir » ; John a besoin d’« agir », non pas d’« être ».

25Avant d’en dire plus à propos de l’« être » et de l’« agir », nous devons revenir sur la question de la psychopathie et de la psychose/folie versusla névrose et sur la question du « genre » versus la « différence des sexes ». C’est seulement au premier couple (psychose/folie et psychopathie) et au clivage des éléments mâle/femelle (« genre ») que l’affirmation de Winnicott – selon laquelle il s’agit de défenses contre l’environnement – s’applique. La différence des sexes doit être mise en parallèle avec la névrose, avec la prise en compte (ou pas) des implications du complexe de castration.

26Dans un article antérieur, intitulé : « Nosographie ; y a-t-il une contribution de la psychanalyse à la classification psychiatrique ? [11] », Winnicott suggère qu’un environnement traumatisant (celui qui déprive ou empiète trop tôt ou trop violemment) met en place les défenses psychotiques s’il y a privation, et met en place différentes psychopathologies s’il y a déjà eu quelque chose de bon qui a été retiré – déprivation – ou qui est refusé tout en faisant terriblement envie, ce qui induit la frustration. L’environnement traumatisant est soit celui de la privation absolue (induisant la psychose), soit celui qui déprive, tente ou frustre de façon inappropriée ou empiète (induisant la psychopathie). Ce sont différents aspects d’un environnement « fou ». La loi qui résout le complexe d’Œdipe en interdisant au sujet de tuer son père et d’épouser sa mère n’est, cependant, pas folle. À coup sûr, le complexe de castration rend effective cette loi à travers une reconnaissance traumatique que la mère (et par conséquent toutes les femmes) n’ont pas de pénis ; ce choc traumatique provoque l’angoisse de castration et l’envie du pénis, et établit le sens de la différence des sexes autour de la signification de la présence ou de l’absence du phallus. Les névroses qui prennent ici leur origine sont des transgressions – les symptômes sont des expressions du retour de désirs refoulés de ce qui est interdit. La psychologie de la différence des sexes est bien explorée par la psychanalyse ; celle du genre soit a été confondue avec la première, soit a échappé à un registre analytique.

27Tout au long de son œuvre, Winnicott a manifesté son respect à l’égard de Bowlby et de Klein (qu’il ait été en accord ou en désaccord). Ici, il tend vers quelque chose qui combine ces deux théories presque opposées. Nous avons vu qu’il ne considère pas que les apports de Bowlby ou de Stoller sur l’empreinte expliquent l’élément mâle/femelle qu’il essaie de saisir. Il connaissait aussi le travail de Klein sur la différence entre les angoisses précoces des filles et des garçons, dans lesquelles la morphologie du corps provoque l’émergence puis le contenu des fantasmes inconscients.

28La plus grande partie du travail sur le genre, qui se situe dans le cadre de la théorie des relations d’objet ou de la théorie des relations, ou qui en dépend, utilise une combinaison des fantasmes dérivant du corps ou de l’identification à un « objet » avec les prescriptions du monde social pour établir le « genre ». L’article dont il s’agit ici fait quelque chose de différent. Le cas de Winnicott, qui démontre un « clivage des éléments mâle et femelle », commence par une pathologie du genre (comme le travail de Stoller) mais poursuit en faisant une place à des éléments de genre inconscients, ce qui n’est ni une intériorisation d’attitudes sociales normatives ou aberrantes (Stoller) ni, d’autre part, l’émanation de la biologie (Klein) dans le fantasme ni, finalement, me semble-t-il, un simple espoir de Winnicott d’une combinaison des deux.

29Le déploiement du concept de « genre » à partir de la distinction faite par Stoller entre « sexe » (biologique) et genre (social) concerne le développement du petit enfant de la naissance au complexe d’œdipe – le complexe de castration de la différence des sexes n’est abordé ni dans le matériel clinique utilisé ni dans les théories du genre qui en découleront. Il y a principalement un glissement méthodologique de l’usage du pathologique (dont les traits appuyés nous permettent de déduire le normal) à un point de vue sur le normal à partir duquel nous pouvons observer les déviations, un glissement qui contribue à pathologiser l’homosexualité et à considérer à tort qu’un comportement hétérosexuel indique un savoir psychique de la différence des sexes – erreur exposée dans Aux limites de l’hétérosexualité ; l’homme-vagin, d’Adam Limentani, où il y a une identification primaire d’un bébé garçon à une mère qui est aussi un objet quand il peut prendre du plaisir.

30Il n’y a, à mon sens, aucun doute que le « genre », mais pas la « différence des sexes », est acquis (ou pas) dans les phases pré-œdipiennes ou œdipiennes, avant le complexe de castration. Cela met les « aberrations » du genre dans le registre de la psychose, en tant qu’opposée à la névrose – avec le rappel que la psychose est plus proche de la normale que la névrose. La perception de la différence des sexes du petit John de Stoller est ainsi psychotique, mais c’est une défense qui vient du champ pré-œdipien du « genre » dont l’acquisition a été empêchée par un empiètement traumatique de l’environnement, probablement, comme John et Stoller le pensent, de la « mère-environnement », pour reprendre la terminologie de Winnicott.

31Dans un article plus ancien, « La tendance anti-sociale » (1956), Winnicott commentait ainsi son travail : « J’ai tenté de dégager la relation qui existe entre le concept de Klein (position dépressive) et l’importance donnée par Bowlby à la déprivation (dans l’environnement). […] Si la définition complexe de Klein qui repose sur la compréhension de la mélancolie et qui découle de Freud et d’Abraham est nécessaire à Bowlby, il est aussi exact que l’importance donnée par Bowlby au sevrage affectif est nécessaire à la psychanalyse… [12] »

32Winnicott se réfère ici à la tendance anti-sociale dont le paradigme est le vol. John vole. Mais combiner Klein et Bowlby, comme le fait Winnicott tout au long de son œuvre, en ne se contentant pas de les amalgamer, offre la possibilité de comprendre le genre dans une perspective psychanalytique plus large et différente d’une simple addition du sexe (biologique) et du genre (social) de Stoller.

33Poursuivant sa présentation du matériel clinique dans « Clivage des éléments… », Winnicott commente : « Réfléchissant, après coup, à tout ce qui s’était passé, je demeurai perplexe; il n’y avait là rien de nouveau, ni en fait de concept théorique ni en fait de principe technique. En réalité, mon patient et moi-même, nous avions déjà foulé ce terrain. Et pourtant, il y avait bien quelque chose de nouveau […] Je décidai de m’abandonner à tout ce que cela pouvait signifier en moi-même. On trouvera dans ce chapitre ce qui en a résulté [13]. »

34Le travail dans le contre-transfert lui révèle quelque chose de nouveau sur lui-même, c’est pourquoi aussi je pense qu’il apporte quelque chose de nouveau quant à la compréhension du genre. Cela tourne autour de la défense contre la « dissociation », dont je pense qu’elle relève du « genre », alors que le « refoulement » relève de la « différence des sexes ».

35Le chapitre « Dissociation » introduit l’approche théorique qui suit immédiatement les réflexions précédentes. C’est la première fois que Winnicott se rend compte de la dissociation complète entre un(e) homme/femme et l’aspect de la personnalité de sexe opposé – la dissociation est une instance particulière du « clivage », une défense à laquelle renvoie le titre de l’article originel et de cette section rééditée comme un tout.

36« Dissociation », un terme d’abord introduit dans la psychologie, puis dans la psychiatrie à la fin du dix-neuvième siècle, est souvent utilisé pour recouvrir des humeurs et des états mentaux qu’on ne peut éprouver en même temps. De ce point de vue, Winnicott en trouve l’exemple privilégié dans l’hypomanie (ou dans le diagnostic aujourd’hui plus fréquent de « maladie bipolaire ») où l’agressivité pure et l’omnipotence ne peuvent être éprouvées en même temps que leurs opposés. Mais ici, « dissociation » signifie que M.B. ne peut faire usage de sa bisexualité – ne peut développer sa capacité à « faire » (entrer en relation et être lié) en s’appuyant sur son « être » au monde, ses éléments mâles et ses éléments femelles, sa reconnaissance des autres etleur absence en tant qu’objets séparés.

37Prenons les termes de la famille « sociabilité » (a-social, anti-social) : ils viennent tous de socius, le compagnon. Si quelqu’un est « dys »social, on entend implicitement qu’il a été social, mais que cet état s‘est effondré. Penser l’autre face de la dissociation de l’attribution sociale du genre revient à repenser le célèbre mythe attribué par Platon à Socrate : le mythe de l’amour comme la réunion de personnes entières qui étaient divisées et cherchaient sans fin leur autre moitié. Freud a questionné ce mythe dans Les trois essais pour montrer que la pulsion n’avait pas d’objet originel, qu’il n’y avait pas d’hétérosexualité naturelle. Il a réutilisé cette histoire dans Au-delà du principe de plaisir pour imaginariser les répétitions compulsives de la pulsion de mort. Dans le mythe originel, il y a trois « entiers » : femelle-mâle, femelle-femelle et mâle-mâle. Dans les découvertes de Winnicott, la première moitié est toujours l’élément « femelle », à cause de son identification originaire non pulsionnelle avec le sein-en–tant-que-monde, quel que soit le genre de la personne; la seconde est l’élément « mâle » parce qu’elle se relie à l’objet séparé. Chacun cherche à « faire un » avec le monde, à trouver son autre moitié dans quelqu’un du même ou d’un autre genre. Le fait de découvrir le lieu de cet être « femelle », avec Winnicott, après l’interprétation déterminante et la levée des résistances, libéra M.B. de la nécessité d’être un self psychiquement homosexuel aussi bien que psychiquement hétérosexuel. Cela est très différent du fait de devenir féminin parce qu’on a trouvé la mère perdue ou masculin parce qu’on est capable de l’utiliser comme objet.

38Le paradoxe apparent (et seulement apparent, bien que ce soit ce qui embrouille le lecteur ou l’auditeur) est que, du fait d’un environnement intrusif traumatisant, M.B. était incapable d’avoir un lieu pour l’élément femelle en communion avec le sein, pour le sentiment omnipotent d’avoir créé le monde. Au lieu d’un élément femelle, la vision active qu’avait sa mère de lui comme fille établissait cette fille comme un objet étranger à l’intérieur de lui-même. Il n’est pas un « homme-vagin » qui comprendrait les femmes à partir de son identification primaire, bien qu’il ait pu avoir eu à jouer parfois le rôle d’une fille dans sa famille ou dans sa relation avec son frère aîné – il n’est pas féminin, bien plutôt il n’a pas d’« être » mais, à la place, une image traumatique incluse. Cet objet étranger/envie du pénis de la petite fille n’est pas analogue à l’angoisse de castration dans le refus névrotique du complexe de castration et de la différence des sexes (ou il ne l’est que « faussement », comme chez John), il est pré-œdipien ou œdipien, l’envie de genre d’un jouet qui paraît plus gros et plus (ou autrement) puissant.

39Quand un bébé humain est conçu et quand il naît, il entre immédiatement dans l’alternative binaire ou l’un/ou l’autre : « c’est un garçon/c’est une fille », quelque chose que nous, « l’environnement », décidons sur la foi de ses organes génitaux. Cela signifie qu’une dimension biologique minime – les organes génitaux externes, le pénis ou les lèvres indiquant le vagin – est utilisée pour établir une alternative ou l’un/ou l’autre ; Winnicott utilise les termes biologiques « femelle » et « mâle », et pas les termes psycho-sociologiques « féminin » ou « masculin », et lorsque ses discutants utilisent ces derniers termes, le tableau tout entier s’effondre.

40Si, cependant, nous pouvions imaginer le point de vue du bébé, nous verrions qu’il s’éprouve lui-même non pas comme un bébé-au-monde-fille ou garçon, mais seulement comme un bébé. Si l’environnement le fait trop brusquement, trop vite ou l’un/ou l’autre, ou nomme à tort son pénis comme un vagin (l’environnement se contredisant lui-même – si cela avait été fait d’emblée, sa répétition une seconde fois n’aurait eu aucune importance), alors ce sera un trauma inassimilable. Il se défendra contre cela de différentes manières, qui pourront alors être acceptées consciemment, bien que dépourvues de la signification de la différence des sexes, comme dans la réponse de John. Ou bien cela pourra être vécu inconsciemment comme un obstacle – ce qui avait maintenu M.B. dans la répétition et dans d’interminables thérapies.

41La thèse de Winnicott n’est pas celle de Stoller ou de Bowlby, elle est plus proche de son espoir d’analyser l’environnement de l’infans comme un amalgame de la notion kleinienne des fantasmes infantiles et de l’accent qu’il mettait lui-même (comme le faisait parfois Bowlby) sur le bon – ou mauvais – environnement. Cet environnement exagère toujours l’importance des organes génitaux biologiques, mais il n’exige pas, dans cette phase pré-œdipienne, l’hétérosexualité de la reproduction sexuée.

42« Dissociation » signifie que le sujet n’a pas eu la permission de vivre avec le self qui est un bébé-au-monde-garçon ou fille. Que la mère de M.B. ou celle de John aient trop insisté sur le fait qu’ils étaient des garçons alors qu’ils étaient seulement des bébés, ou qu’elles les aient perçus comme des filles, peut s’avérer tout autant tramatique. Quand l’attribution de genre ou l’un/ou l’autre est traumatiquement imposée (trop vite, trop forte, trop aberrante), alors la dissociation protège contre elle, au prix de l’« être » de la bisexualité.

43Quand la dissociation est le mécanisme principal de défense, les pathologies sont celles de l’a-socialité. Winnicott privilégie la « mutilation » du côté de l’élément-femelle (qu’il promet d’explorer, mais sans le faire) et le « vol » du côté de l’élément mâle. Le voleur veut établir l’environnement comme lui appartenant (celui-ci doit faire un avec le voleur).

44La personne qui mutile son propre corps par des actes comme les scarifications ou les troubles alimentaires attaquerait l’environnement comme un corps pas-assez-bon. La mutilation est donc aussi a-sociale que le vol – tous deux sont des protestations contre un environnement traumatisant dans l’histoire passée du sujet.

45Le « genre », introduit normativement et graduellement dans l’enfant humain, contiendra toujours ce que cet enfant n’était pas – l’autre « ou » de l’alternative. Sa quête de l’objet sera celle de l’autre moitié, l’élément-femelle de son self-environnement perdu. C’est là que la position dépressive de Klein, le deuil (ou l’échec du deuil) de l’élément femelle perdu chez le garçon ou la fille, doivent être ajoutés au tableau – mais cela sera pour un autre jour. En attendant, Winnicott nous a permis de réaliser qu’en utilisant l’anatomie comme point de référence, l’environnement met en place la distinction de genre qu’il initie in utero et avec le trauma de la naissance, et qu’il impose ensuite traumatiquement (ou pas) tout au long de la petite enfance. La loi qui, ultérieurement, impose la différence des sexes reposera sur ce lit de différence de genre inscrite par l’environnement (« Il est vraiment un garçon, un vrai petit homme ; elle est une fille très féminine ou un garçon manqué »), mais ce n’est pas la même chose.

Notes

  • [1]
    Traduction Claude Boukobza, relue par Juliet Mitchell.
  • [2]
    Gender Identity Research Clinic de l’Université de Californie.
  • [3]
    D.W.Winnicott, « La créativité et ses origines », dans Jeu et réalité, trad. de Claude Monod et J.-B. Pontalis, Paris, Gallimard, coll. « Connaissance de l’inconscient », 1975, p.101-119.
  • [4]
    Les traducteurs ont retenu « éléments féminins » et « masculins ». Il me semble qu’il faut plutôt conserver les termes « éléments mâle » et « femelle » (male et femalechez Winnicott) pour comprendre la subtilité de la démonstration de Juliet Mitchell. C.B.
  • [5]
    D.W. Winnicott, The Psychoanalytic Forum, éd. John A. Lindon, International Universities Press, New-York, 1972, vol. 4.
  • [6]
    D.W. Winnicott, « L’utilisation de l’objet et le mode de relation à l’objet au travers des identifications », dans Jeu et réalité, op. cit., p. 120-131.
  • [7]
    Winnicott oppose being (être), du côté du female, à doing (faire) du côté du male. C.B.
  • [8]
    D.W. Winnicott, The Psychoanalytic Forum, op. cit.
  • [9]
    Ibid.
  • [10]
    Paris, Gallimard, coll. « Connaissance de l’inconscient », trad. Monique Novodorsqui, 1978.
  • [11]
    D.W. Winnicott, Processus de maturation chez l’enfant, Paris, Payot, 1970, p. 93-114.
  • [12]
    D.W. Winnicott, « La tendance anti-sociale », dans Déprivation et délinquance, trad. Madeleine Michelin et Lynn Rosaz, Payot, Paris, 1994, p.150-151.
  • [13]
    D.W. Winnicott, Jeu et réalité, op. cit., p.105-106.
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