1Dès le début de son enseignement, Lacan a jugé nécessaire de distinguer la parole de la fonction du langage.

2Comment apprécions-nous aujourd’hui une telle distinction dans sa réalité clinique ? À plus forte raison, quand celui-ci élaborera bien plus tard l’articulation des discours puis le concept de la lalangue.

3« L’effet de la parole est de réordonner les contingences passées, nous dit-il, où l’on constate le peu de liberté par où le sujet les rend présentes ». Remarque, tant fondamentale que féconde.

4Pourtant, fait décisif, c’est par le don de parole et seulement par lui qu’opère l’analyse en même temps que ce dernier la fonde et que va apparaître la réalité de ce qui advient à l’homme.

5La question suivante reste cependant non encore élucidée : comment agit le déplacement signifiant dans ce que nous relevons comme des changements dans la cure et que Lacan formulera ultérieurement comme témoignant d’un changement de discours ?

6Où gît exactement l’effet à l’œuvre et en quel registre devrait-il être spécifié ? Il est aisé de constater que notre religion sur ces interrogations n’est pas totalement faite, ceci au vu des diverses élaborations fournies par Lacan au cours de son enseignement et en dépit également des fondements déjà introduits par Freud.

7Est donc proposé ici un examen rigoureux, précis et explicite à propos du rôle et de la fonction de la parole dans la cure.

8Dans cette perspective, on ne saurait omettre néanmoins que notre modernité, sous l’effet des conditions présentes de la science, réduit de plus en plus le rôle, la fonction et les effets de la parole. Il en va, de façon identique, face à la multitude des messages diffusés de toutes parts et comble du comble : qui ne s’adressent à personne ! Il est non moins remarquable d’observer que cette situation proprement autistique tend à se développer et à cavaler avec la révolution numérique opérée aussi bien dans les entreprises que dans notre société dont l’école fait partie, voire même jusqu’au sein de notre intimité (cf. les SMS de congédiement du ou de la partenaire).

9Notons au passage que le déferlement des protocoles, règlements et contrats dictant le fonctionnement des institutions, ne fait qu’aggraver l’errance majeure de nos contemporains, plongés dans le défaut de parole.

10Alors, devant la confiscation systématique de la parole, pourrions-nous dire que la psychanalyse resterait le dernier rempart ? Car il semble bien difficile d’en trouver d’autres…