1La thématique de ce numéro 163 de Forum, articulé avec le numéro 162 publié en février 2021, est de proposer des témoignages et expériences d’acteurs qui ont entamé, mené, abouti des démarches de travail et de réflexion en s’appuyant sur l’approche DPA, Développement du Pouvoir d’Agir des Personnes et des Collectivités (DPA-PC), qui a été développée au Québec par Yann Le Bossé, et qui fait l’objet d’un certain nombre d’expérimentations comme de formations en France ou ailleurs… Ces formations au DPA-PC font aussi l’objet d’articles dans ce numéro, comme sont mises en exergue des réflexions sur le corolaire de ces démarches : la participation des personnes et des habitants des territoires, avec l’objectif de les amener à être sujets et non plus objets des politiques publiques d’action sociale. Nous avons aussi inclus deux articles s’inspirant du Pouvoir d’Agir sans se revendiquer spécifiquement de la démarche DPA -PC de Yann LE BOSSE.
L’approche DPA-PC. Entretien avec Y. LE BOSSE à propos du Développement du Pouvoir d’ Agir des Personnes et des Collectivités
2Yann Le Bossé est professeur titulaire au Département des fondements des pratiques éducation de l’Université LAVAL à Québec.
3L’entretien est réalisé par les deux coordinatrices du numéro 162, F. Defert et S. Demoutiez, nous donne à partir des questions posées, un bref historique à propos des recherches menées pendant près de 25 ans concernant le Développement du Pouvoir d’Agir des Personnes et des Collectivités, comment et pourquoi cette notion a été traduite de l’empowerment. Dans cet échange, par le biais du questionnement sont abordés, la naissance de cette définition et les auteurs ayant influencé la démarche du chercheur, de même que sa pensée à propos du travail social et de répondre à : « qu’est-ce qu’aider ? ». Il nous livre ses réflexions à propos de la formation en DPA -PC, et du sens politique qu’il donne au fait de changer le monde, d’introduire du changement de manière pragmatique dans le quotidien. L’interview se termine par l’apport de son dernier ouvrage à propos de la régulation stratégique des émotions et aussi de la recherche collaborative et du collectif.
Des expériences s’appuyant sur la démarche DPA-PC : des collectivités territoriales en réflexion sur leurs politiques sociales territoriales
4Le témoignage d’une démarche conduite par le Conseil départemental de la Gironde qui amène à « repenser le travail social », objectif à l’appui de cette démarche, à partir de l’approche DPA-PC et ce, dans la mise en œuvre des politiques d’action sociale de ce département. L’article évoque le contexte d’émergence de la démarche remontant à plusieurs années au travers de ses trois auteurs Stéphanie Castro, Nelly Deverchere et Delphine Lemonnier, respectivement assistante sociale et conseillères techniques en travail social. Elles développent les réflexions mais aussi l’ensemble des projets issus de la démarche, de même que les formations du personnel, agents et cadres, à l’approche au DPA-PC. L’article contient également le témoignage de l’assistante sociale et de son pas-à-pas vers le DPA-PC.
5Quant au Conseil départemental du Tarn-et-Garonne, il expose sa réflexion sur la mise en place du référent de parcours, dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, associée à la démarche DPA-PC dans le cadre de la formation des agents et des partenaires territoriaux , et son inscription dans l’action sociale territorialisée. Y figurent ainsi des questionnements relatifs à la façon d’accompagner, sur les territoires, les personnes, comme la posture des travailleurs sociaux et leur quête de sens. Cet article écrit par Damian Moore, Directeur Général Adjoint et Denis Carayre Directeur de l’action sociale territoriale au Conseil départemental du Tarn et Garonne montre comment un département peut se saisir d’opportunités pour la construction de solutions territorialisées.
La formation et la supervision des professionnels au DPA-PC : quand une démarche est aussi porteuse de sens pour les professionnels que pour les personnes concernées
6Fabienne Defert montre les atouts d’une démarche de formation au DPA-PC qui s’inscrit dans une triple dimension, stratégique, interactionniste, systémique, atouts dont bénéficient aussi bien les travailleurs sociaux que les personnes accompagnées. La pratique réflexive et l’art du questionnement sont au cœur de ce processus qui doit s’inscrire dans un espace-temps particulier, identifié comme tel pour être approprié par chacun.
7De même, associée à Alain Giroux dans une autre contribution, elle rend compte avec ce dernier de démarches de supervision s’appuyant sur l’approche de DPA-PC en repartant d’un bref historique de la supervision, de sa définition et de ce qu’ils ont pu expérimenter en tant que superviseur, restaurateur de mouvement avec le DPA-PC en Europe et au Québec.
Le DPA-PC : une approche visant autant de nouvelles modalités d’accompagnement des personnes que leur participation
8Sylvaine Leroux, assistante sociale et Brigitte Portal, formatrice ANDADPA, témoignent de l’accompagnement raconté par Sylvaine d’une maman et de son fils de 19 ans et du cheminement qu’elle opère – une marche après l’autre – dans son accompagnement en tenant compte de la définition des problèmes , des acteurs en contexte, des enjeux, des contextes d’application pour aller vers une démarche d’action conscientisante où la professionnelle adopte la posture de passeur et de facilitateur.
9Myriam Leleu présente une démarche conscientisante du DPA avec des aînés comme levier pour la recherche participative, passant d’objets d’une observation à sujets constructeurs d’un processus au fil de la participation dans le contexte belge de Wallonie Amie des Aînés. Elle relate comment elle a utilisé la démarche des 4 axes dans une perspective collective à partir des apports de Le Bossé et de B. Ninacs et comment des personnes aînées se mettent en mouvement et participent à une société en devenir.
10Des dispositifs participatifs qui se heurtent à un essoufflement progressif : Marjorie Lelubre se demande en quoi la recherche collaborative peut permettre de les soutenir, dans une visée de croisement et de légitimation des savoirs de chacun, et dans un objectif de transformation sociale.
11La participation des personnes vulnérables à la formation des travailleurs sociaux et à la gouvernance des institutions constitue un enjeu majeur de l’évolution des pratiques, mais aussi un défi pour les centres de formation et les espaces de concertation sur les politiques publiques d’action sociale : Marcel Jaeger, membre du Haut Conseil en Travail Social (HCTS) et auteur du rapport sur la participation des personnes accompagnées aux instances de gouvernance et à la formation des travail sociaux du HCTS en 2017, nous livre ses réflexion sur ce sujet.
Des expériences s’appuyant sur la démarche du Développement du Pouvoir d’Agir : des acteurs et chercheurs du travail social qui problématisent et expérimentent
12Bruno Goloubieff et Frédérique Goralczyk partent du modèle de l’évaluation située pour interroger la relation éducative et, par conséquent, la posture professionnelle de l’accompagnant dans un dispositif de recherche en analyse des pratiques.
13La contribution part de la problématisation pour réinterroger la posture professionnelle dans la relation éducative tout en nous donnant quelques résultats de leur recherche clinique aboutissant à l’émancipation des professionnels.
14Quand, de leur côté, Mélanie Girard, Valérie Rambour, Marie-Christine Renard et Maud Rouze convoquent Armatia Sen pour investiguer le pouvoir d’agir des consultants dans les PASS, Permanences d’Accès aux Soins de Santé. Les professionnels y développent leur mise en pratique en lien avec les situations de santé mais également en lien avec tous les facteurs appelés facteurs de reconversion comme les facteurs individuels, sociaux, environnementaux et la nécessaire négociation pour pouvoir accompagner en PASS.