La portée d’un acte de recherche peut prendre des formes très différentes. C’est l’expérience que j’en retire. En effet, mon travail réflexif à propos des personnes sans domicile fixe (SDF) a des effets sur ma pratique professionnelle. Ma façon d’appréhender la clinique sur laquelle je travaille depuis de nombreuses années en est impactée. Je mesure le saut qualitatif engendré grâce à des éléments significatifs de ma transformation identitaire. Effectivement, si mon état civil demeure inchangé au regard de l’administration, je perçois de subtiles variations au travers de ma posture, dans le cadre des missions qui me sont confiées. Il me semble néanmoins que la partie visible de la transformation ne se limite pas aux écarts que je suis en capacité de mesurer. Par exemple, je n’aborde plus les situations qui se présentent de la même manière. Autrement dit, il y aurait un avant et un après l’acte de recherche. Je reviendrai ultérieurement sur l’aspect de la temporalité dans le lien établi avec le public que j’accompagne. Je crois percevoir que la mesure du changement est également perceptible au travers du lien de communication avec les personnes qui composent mon entourage. Par ailleurs, le monde du travail social, les collègues et le public reçoivent eux aussi cette transformation. Je crois que l’action produite véhicule une incessante remise en question, laquelle possède une portée éthique. En effet, concernant les écrits, nombreux dans le travail social, leur abord se profile avec une méthodologie plus affinée et différenciée de celle acquise sur le tas…