1L’histoire de la pose des canalisations d’eau potable de la Manche a débuté localement au début du vingtième siècle, parfois avant, dans les grandes villes et les stations balnéaires de la façade occidentale. Mais, pour l’essentiel, elles furent posées au lendemain de la seconde guerre mondiale, avec la Reconstruction, qui dota très tôt les bourgs, même les plus modestes, d’un réseau. L’historique peut être découpé en deux grandes phases bien distinctes, de part et d’autre de l’année charnière 1973, année de pose maximale des canalisations dans le département.

2La courbe présentée, d’allure logistique, indique la croissance exponentielle qui s’est installée au lendemain de la guerre et poursuivie jusqu’au milieu des années 1970. Les bourgs, les campagnes les plus densément peuplées, ont alors leur adduction achevée. Les longueurs posées ont ainsi doublé tous les 5 ans durant cette époque, passant de quelques dizaines de kilomètres annuels au début, à près de 1 000 kilomètres pour 1973.

3À partir de cette période, le patrimoine connaît un ralentissement dans sa constitution et la courbe entame une phase de ralentissement, jusqu’à plafonner. La longueur annuelle posée passe alors de près de 1 000 kilomètres, à une centaine seulement au début des années 1980, accompagnant la création des zones périurbaines, et en remplacement de tronçons plus anciens. Cette époque est aussi celle de l’achèvement de la desserte en milieu rural notamment dans le Sud-Manche, ou ailleurs, pour la desserte des derniers écarts. L’évolution globale du patrimoine peut alors se résumer, en kilométrage posé, cumulé depuis l’origine, à une courbe d’allure logistique, typique de l’évolution dans le temps d’un bien d’équipement (Mélard, 1990) avec L_t la longueur totale en kilomètres, posée à un instant t en années écoulées depuis t = 0 en 1940 :

4L’allure de la courbe (modèle logistique déterminé par la méthode des trois points) montre que ce patrimoine est, pour partie, vieillissant. En effet, la moitié du réseau de la Manche date de plus de 25 ans, 25 % de plus de 30 ans et 75 % de plus de 20 ans. Se posent alors des problèmes de financement du renouvellement des infrastructures trop longtemps négligées, car enterrées.