Flux 2001/1 n° 43

Couverture de FLUX_043

Article de revue

Alcatel et les télécommunications spatiales, la lente constitution d'un pôle industriel

Pages 6 à 16

Notes

  • [1]
    François Caron, Les deux révolutions industrielles du XXe siècle, Paris, Albin Michel, 1997, p. 25.
  • [2]
    Pour le récit de la construction de la station française, voir Marie-Eve Guillon, Pleumeur-Bodou, Montreuil-Bellay, Éditions C.M.D., Questions de Mémoire n° 12, 1999, 65 p.
  • [3]
    Archives France Télécom, Dossier Documentaire, 12. 741.
  • [4]
    Marie-Eve Guillon, Pleumeur-Bodou, op. cit., p. 19.
  • [5]
    P. Mandel, « La participation de la CGE à la création de la Station de Télécommunications Spatiales de Pleumeur-Bodou », in Regards sur la France, « Le CNET et les télécommunications spatiales », n° 17-18, janvier-mars 1963, p. 103.
  • [6]
    Cette antenne sous le radôme a cessé son activité en 1985 mais elle est aujourd’hui l’élément principal du Musée des Télécommunications ouvert en 1991.
  • [7]
    Alcatel-Alsthom, Histoire de la Compagnie Générale d’Électricité, Paris, Larousse, 1992, p. 271. Il est intéressant de noter que, dans cet ouvrage, la réalisation de Pleumeur-Bodou est vue comme une prouesse uniquement française.
  • [8]
    P. Mandel, « La participation de la CGE… », op. cit., p. 109
  • [9]
    Pour une description de ces stations, voir Revue française des Télécommunications, n° 3, avril 1972, pp. 32-33 pour « Les Trois-Ilets » ; n° 11, avril 1974, pp. 40-41 pour « Rivière des Pluies. La Réunion » ; n° 12, juillet 1974, pp. 44-45 pour « Trou-Biran (La Guyane) » ; n° 22, janvier 1977, p. 22 pour « Paris-Nouméa par un double bond » ; n° 39, avril 1981, pp. 42-43 pour « Saint-Pierre et Miquelon ».
  • [10]
    Louis-Joseph Libois, Genèse et croissance des télécommunications, Paris, Masson, 1983, p. 120.
  • [11]
    Jean-Marie Chaduc et Jean Dautrey, « Pleumeur-Bodou III », Revue française des Télécommunications, n° 9, octobre 1973, pp. 32-35. Ainsi que Revue de la CGE, n° 3, 1974.
  • [12]
    « Politique industrielle par les marchés d’études (1970-1974) », 20 septembre 1974. Archives CNET-Lannion, carton H5.
  • [13]
    Michel Popot, « De nouvelles stations terriennes », Revue française des Télécommunications, n° 27, avril 1978, pp. 30-35.
  • [14]
    Revue française des Télécommunications, n° 4, juillet 1972, pp. 71-73, « Arivonimano » ; n° 5, octobre 1972, pp. 66-67, « Gandoul » ; n° 6, janvier 1973, pp. 60-61, « Abidjan par satellite ».
  • [15]
    Télécom Info, n° 164, 26 février 1979 ; Télonde, revue de Thomson-CSF, n° 3, 1981, p. 10.
  • [16]
    Revue de la CGE, n° 4, août 1974.
  • [17]
    Rapport annuel de CIT-Alcatel. Exercice 1985.
  • [18]
    Rapport annuel d’Alcatel CIT. Exercice 1992.
  • [19]
    Créée le 1er janvier 1963, Comsat regroupe quatre compagnies américaines de télécommunications (dont AT & T). Comsat gère le service des télécommunications par satellite et représente les intérêts américains dans Intelsat.
  • [20]
    IDATE, Intelsat, mai 1988, p. 4.
  • [21]
    L’Épopée Électrique, ouvrage publié pour le 75e anniversaire de la CGE, Paris, Éditions Régidée, 1973, p. 243.
  • [22]
    Télonde, revue de Thomson-CSF, n° 1, 1973, p. 11.
  • [23]
    Conférence de presse du 20 septembre 1983.
  • [24]
    Rapport annuel de la Compagnie Générale d’Électricité, 1974, 1976 et 1977.
  • [25]
    Assemblée Générale Extraordinaire du 10 avril 1986.
  • [26]
    Situation économique dans les établissements de la société Alcatel-Thomson Espace, 26 août 1985, 11 p. Archives France Télécom 95 027, carton 4. Ce document est complété par un projet de plan social conduisant au départ de 200 à 350 personnes. Ce sureffectif est lié à la fin du programme Télécom 1, à l’annulation du programme Athos et à l’attente de la commande de TDF2.
  • [27]
    Anne-Thérèse Nguyen, Les satellites français de télécommunications Télécom 1. 1978-1988, Thèse de l’École Nationale des Chartes pour le diplôme d’archiviste paléographe sous la direction de Pascal Griset, 1998, 315 p.
  • [28]
    Elie Cohen, Le Colbertisme « high tech ». Économie des Télécom et du Grand Projet, Paris, Hachette, Pluriel enquête, 1992, p. 131 ; Lionel Fleury, « Télécom 1 au service des entreprises », Revue française des télécommunications, n° 35, avril 1980, pp. 31-36.
  • [29]
    Anne-Thérèse Nguyen, Les satellites français… op. cit., p. 111.
  • [30]
    Cette nouvelle technique a été adoptée par Intelsat en 1985.
  • [31]
    Rapport d’activité de la DAII (Direction aux Affaires Industrielles et Internationales), 1978.
  • [32]
    Projet de marché n° 7935115, de 9,50 MF. Cité par Anne-Thérèse Nguyen, Les satellites français… op. cit., pp. 140-141.
  • [33]
    Ibid., p. 169.
  • [34]
    Rapport annuel de CIT-Alcatel. Exercice 1985.
  • [35]
    IDATE, Intelsat, mai 1988
  • [36]
    IDATE, Alcatel NV, octobre 1987.
  • [37]
    Rapport annuel d’Alcatel CIT. Exercice 1991. Elles échouent en 1993.
  • [38]
    Archives France Télécom, 97 056, carton 3.
  • [39]
    Communiqué de presse d’Alcatel, 1er juin 1998.
  • [40]
    Rapport annuel d’Alcatel-Alsthom. Exercice 1995.
  • [41]
    Rapport annuel d’Alcatel-Alsthom. Exercice 1997.
  • [42]
    L’Usine Nouvelle, n° 2614, 23 octobre 1997.
  • [43]
    L’Usine Nouvelle, n° 2675, 18 février 1999.
  • [44]
    Dont le premier satellite a été lancé le 29 octobre 2000 par Ariane 4.
  • [45]
    Communiqué de presse d’Alcatel, 30 juin 1998.
  • [46]
    Jean Zieger, « Les péripéties d’une intégration », Newslink, 1e trimestre 1999.
  • [47]
    L’Usine Nouvelle, n° 2692, 17 juin 1999.
  • [48]
    Jean Grenier, « Satellites et câbles sous-marins : rivalité ou partage ? » Revue française des télécommunications, n° 36, juillet 1980, pp. 49-55 ; Pascal Griset, Les révolutions de la communication, Paris, Hachette, 1991, pp. 213-215.
  • [49]
    Catherine Bertho (dir.), Histoire des télécommunications en France, Toulouse, Erès, 1984, p. 202.

1La Compagnie Générale d’Électricité, qui est devenue Alcatel-Alsthom en 1991 puis Alcatel en 1998, a été l’un des acteurs majeurs du développement de l’électronique et des télécommunications en France depuis la Seconde Guerre mondiale. Avec la commutation électronique temporelle pour les centraux téléphoniques et avec les câbles sous-marins pour les transmissions, elle a acquis une dimension internationale au point de devenir, en 1992, leader mondial des constructeurs d’équipements de télécommunications. Toutefois, au sein de ce secteur des télécommunications, les liaisons spatiales n’ont jamais été un axe privilégié. En ce sens, les développements de cette activité résultent non d’une stratégie de long terme ou d’une construction planifiée mais bien plutôt d’une constitution progressive, par phases indépendantes, d’un pôle industriel. Surtout, l’introduction de cette activité dans le groupe Alcatel est liée à une croissance externe en trois moments (1983, 1987, 1998), celle-ci s’accomplissant à la faveur de recentrages sur les métiers principaux du groupe. L’apparent paradoxe de ce mouvement de diversification-recentrage nous amène au cœur du processus des fusions qui vise à susciter les complémentarités tout en spécialisant l’entreprise dans une activité.

2Plus généralement, cette histoire s’inscrit dans les développements du système technique fondé sur l’électronique, l’informatique et l’information. Les télécommunications spatiales ne sont qu’une branche d’un système qui, par ses multiples ramifications, permet des interactions fécondes avec les autres branches et en particulier avec l’informatique (numérisation). Dans le même temps, le développement des télécommunications spatiales accompagne la demande sociale, définie comme une « aspiration latente, une sorte de revendication contenue, qui court dans l’ensemble du corps social » [1]. La demande sociale en ce domaine est croissante en termes de transmission des images télévisées (pour les Jeux Olympiques par exemple) et de téléphonie mobile, c’est-à-dire en contenus. Conscients de ces liens, les pouvoirs publics français ont favorisé le développement des deux constructeurs français de satellites, Alcatel et Matra.

Des premiers pas limités : les stations terriennes

Pleumeur-Bodou : entre l’exploit technique et la constitution d’une vitrine technologique

3Lorsque les États-Unis prévoient le lancement du premier satellite expérimental de télécommunications, Telstar, en 1961, ils entament la construction d’une station d’émission-réception à Andover dans le Maine. Mais il est nécessaire de disposer d’une station pour l’émission et la réception des signaux en Europe. La Grande-Bretagne se lance la première dans la construction de celle-ci, à Goonhilly Downs, en Cornouailles ; mais le General Post Office décide de ne pas suivre le procédé américain, ce qui se traduit par des difficultés techniques et des retards. La France, sous l’impulsion du CNET (Centre National d’Études des Télécommunications) et de son directeur Pierre Marzin, décide au printemps 1961 de construire la station terrienne de Pleumeur-Bodou [2], dans les Côtes-du-Nord, pour entrer en relation avec les États-Unis via Telstar. Une véritable course s’engage entre les deux pays pour réaliser la première transmission télévisuelle par satellite. Fin août 1961, un contrat est signé entre l’Administration des P & T et AT & T (American Telegraph and Telephon Company) pour la fourniture de plans [3] et de matériels puisque, contrairement à la Grande-Bretagne, la France a décidé de construire une station identique à celle d’Andover. Les Américains apportent plus qu’un soutien technique, ils fournissent en fait la quasi-totalité des équipements.

4Le site de Pleumeur-Bodou est choisi pour plusieurs raisons : proximité des laboratoires du CNET (qui avaient commencé leur transfert à Lannion depuis 1959), climat tempéré, sols résistants, main d’œuvre locale disponible, horizon dégagé pour les communications avec le satellite… Néanmoins, Telstar étant un satellite à défilement, les communications ne sont possibles que par phases de 20 minutes, durée où le satellite est visible simultanément par l’Europe et les États-Unis.

5La CGE (Compagnie Générale d’Électricité), qui avait réalisé la station de Nançay (Cher) pour le projet Echo (décembre 1960) est responsable du chantier qui débute en octobre 1961 [4]. « Le choix était d’autant plus justifié que la CGE offrait, par l’intermédiaire de ses branches et filiales spécialisées, une gamme étendue d’activités essentielles pour mener à bonnes fins une entreprise aussi hardie, et située dans des domaines aussi variés que l’électronique et les courants faibles, les courants forts, l’automatisme industriel, l’engineering et l’entreprise générale » [5]. La CGE est surtout choisie pour ses compétences dans les câbles d’énergie et l’appareillage industriel. Elle réalise ainsi les fondations de l’antenne et du radôme et construit le bâtiment central qui abrite le matériel électronique (dont le calculateur IBM 1620 à bandes magnétiques chargé de suivre la trajectoire du satellite). Le réseau électrique et la climatisation sont également réalisés par la CGE ainsi que le système de récupération et de purification de l’hélium (conçu spécialement pour le radôme). Le chantier est gardé par des gendarmes ce qui donne des allures de base militaire à la lande bretonne, suscitant l’inquiétude des riverains, peu informés.

6Pour mener à bien le travail, la CGE a créé deux groupes autonomes dans le cadre de son Centre de Recherches. Le premier groupe, à Marcoussis (Essonne), comprenait 35 ingénieurs et techniciens et étudiait les voies d’émission et de réception ainsi que les équipements terminaux. Ceci permit la mise au point du tube à ondes progressives de l’amplificateur de puissance de l’émetteur qui ne fut disponible qu’au tout dernier moment. Le second, à Pleumeur-Bodou, d’environ 60 personnes, exécutait les travaux d’édification de la station terrienne. Au total, la CGE a assuré le transport de 900 tonnes de matériel et la pose de plus de 120 km de câbles… Les modifications de planning ou de schémas électriques constituèrent la principale difficulté.

7Les travaux s’achevèrent le 15 juin 1962 et la station était opérationnelle le 7 juillet 1962. L’antenne-cornet, de 54 m de long et 30 m de hauteur pour 340 tonnes, qui servait à l’émission et à la réception des signaux, fut montée sous la direction des Américains à partir de pièces venues des États-Unis. Elle était protégée des intempéries par un radôme gonflé à l’hélium. Ainsi, la CGE est loin du cœur du projet technique. Tout au plus, sa contribution se limite aux travaux de génie civil effectués en un temps record et au matériel d’émission et de réception des signaux à large bande. Pourtant, par les énergies qu’elle a su mobiliser et par la rapidité des travaux d’exécution, elle en tire une célébrité nationale du fait de la médiatisation de l’événement.

8Lancé le 10 juillet par les États-Unis, le satellite Telstar est repéré grâce aux traqueurs de l’antenne-cornet [6]. À 23 h 47, la mire apparaît sur les écrans et, à 0 h 47 le 11 juillet 1962, les premières images sont reçues. Ce n’est qu’à 3 h 18 que la station anglaise réussit à son tour à capter les images retransmises des États-Unis. Ce même jour, des images sont envoyées de France vers les États-Unis et l’on peut y voir, après une allocution de Jacques Marette, ministre des P & T, Yves Montand interpréter une chanson. Le 19 octobre 1962, le général de Gaulle vient inaugurer la station, achevant de transformer en « grande victoire de la technique française » [7] l’installation d’équipements américains.

9De 1962 à 1965, les communications ne sont qu’expérimentales mais, avec le lancement d’Early Bird (Intelsat I), le 6 avril 1965, l’exploitation commerciale commence. L’Allemagne (à Raisting), l’Italie (à Fucino) et le Canada (à Mill Village) se dotent d’une antenne pour communiquer via Early Bird. La même année, l’URSS lance Molnya I qui permet, en novembre 1965, la transmission d’images de télévision de bonne qualité, utilisant le procédé SECAM, entre Paris et Moscou, via Pleumeur-Bodou.

10Si, au bout du compte, « la CGE est heureuse d’avoir pu apporter sa contribution à cette réussite éclatante » [8], c’est surtout parce que cette réalisation de prestige lui offre une vitrine pour les travaux électriques et une initiation aux problèmes des télécommunications spatiales. C’est aussi, pour le groupe, l’affirmation de la complémentarité des courants forts et des courants faibles.

Telspace, valorisation commerciale de l’expérience acquise

11Pour faire face à une demande croissante, le ministère des P & T décida, en 1968, la construction d’une seconde antenne sur le site breton de Pleumeur-Bodou. De fabrication entièrement française, elle fut étudiée par le CNET et la CGE (aux Laboratoires de Marcoussis, centre de recherche du groupe créé en 1964) et inaugurée le 29 septembre 1969. D’un diamètre de 27,5 m, elle était de type parabolique et a été démantelée en 1987. Cette réalisation permet à l’industrie française de se familiariser avec l’industrialisation des matériels de télécommunications spatiales.

12En 1969, dans le prolongement de l’expérience de Pleumeur-Bodou, les groupes CGE et Thomson, qui venaient par ailleurs de signer un accord de délimitation des secteurs d’activité le 5 juin, créèrent un Groupement d’Intérêt Économique nommé Telspace, dont le capital fut partagé à égalité. Telspace assura la coordination de la CGE (qui avait acquis entre temps Alcatel, Alsthom et la Société Générale d’Entreprises) et de Thomson (qui avait acquis, de son côté, CSF) sur un marché encore limité. Cette structure, à but commercial, est une association des compétences de la CGE en matière de génie civil (construction, câblage…) et de celles de Thomson dans les faisceaux hertziens (antenne, émetteurs…). Peu de pays souhaitaient disposer d’une station terrienne mais les marchés futurs apparaissaient prometteurs. Telspace commercialise donc des stations terriennes, le plus souvent clés en main, et sous-traite la fabrication et l’installation aux différentes filiales de la CGE et de Thomson.

13Les crédits publics alimentent la quasi-totalité des commandes reçues par l’entreprise car la France, dans une logique de « continuité territoriale », entend permettre aux départements et territoires d’outre-mer, l’accès aux services de la métropole. Les premières stations terriennes, construites d’après les modèles de Pleumeur-Bodou II et Pleumeur-Bodou III, sont installées dans les DOM-TOM : les Trois-Ilets à la Martinique en 1972 (diamètre de 26 m), Rivière des Pluies à La Réunion en 1974 (diamètre de 14,5 m), Trou-Biran en Guyane, construite en lien avec l’administration du Surinam en 1974 (diamètre de 32,5 m), Île Nou en Nouvelle-Calédonie en 1976 (diamètre de 32,5 m), Papenoo à Tahiti en 1977 (diamètre 11,8 m), Pain de Sucre à Saint-Pierre et Miquelon en 1981 (diamètre 11,8 m) [9]. Pour la station de l’Île-Nou (près de Nouméa), aucun satellite ne pouvait mettre directement en liaison Pleumeur-Bodou et la Nouvelle-Calédonie. Il fut donc nécessaire d’utiliser deux satellites et quatre stations terriennes, avec un transit des signaux par Hong-Kong. Toutes ces stations communiquent avec la métropole via les satellites du réseau Intelsat puis, une fois mis en place, par le réseau Télécom 1 de l’Administration française (1984).

14Telspace incorpore les différents progrès techniques au fur et à mesure de la « course aux performances » [10] qui se traduit par la multiplication des satellites et la construction de nouvelles antennes à Pleumeur-Bodou. Pleumeur-Bodou III, inaugurée en 1973 est la première antenne de série [11]. Station réalisée par Telspace, les matériels ont été sous-traités à CIT-Alcatel (multiplex, sources d’illuminations, récepteurs de poursuite), Alsthom-Neyrpic (antenne), Thomson-CSF mais aussi à la SAT (Société Anonyme des Télécommunications, spécialisée dans les transmissions). Pour mettre au point ces antennes, Telspace a reçu, de la part de la DGT, des marchés d’études d’un montant de 3,90 MF en 1970, 8,30 MF en 1971, 2,20 MF en 1972 et 6,90 MF en 1973 [12]. Sur le site breton, les constructions se multiplient : deux antennes en 1974 (dont l’une avec un système d’illumination à périscope), une en 1984, 1985, 1988 et 1989 portant à neuf le total des antennes installées. Parallèlement s’est ouvert le centre de transmission par satellite de Bercenay-en-Othe en 1978 [13], centre qui compte dix antennes en service en 1988. À la même date, il y en a cinq à Rambouillet (Eutelsat) et trois à Aubervilliers.

15Rapidement, d’anciennes colonies françaises font appel à Telspace pour construire des stations terriennes les mettant en relation avec les satellites d’Intelsat. L’énumération des contrats pourrait paraître fastidieuse, c’est pourquoi nous ne citerons que Madagascar (à Arivonimano), le Sénégal (à Gandoul en 1972), la Côte d’Ivoire (près d’Abidjan) [14], le Cameroun (à Zamengoe en 1976), et le Congo (à Mougouni en 1979). Cette implantation en Afrique s’explique par les facilités de financement dont bénéficient ces pays. Ainsi, lorsqu’en 1976 Telspace remporte l’appel d’offres restreint lancé par l’Administration du Togo, le financement est assuré au 2/3 par des capitaux français. De même, la station de Guinée bénéficie d’un crédit de la Banque Française du Commerce qui s’inscrit dans le cadre d’un protocole financier franco-guinéen [15]. Le Zaïre commande à Telspace un réseau intérieur de télécommunications par satellite comprenant 12 stations en 1976. Lorsqu’en 1974, en Irak, Telspace vend sa 14e station terrienne (deux antennes réalisées par Neyrpic, CIT-Alcatel fabriquant les multiplex et les récepteurs de poursuite), ce n’est que la première vente finalisée hors de l’ex-communauté française [16]. Progressivement, le marché s’élargit et Telspace construit des stations en Afrique du Sud, en Syrie, au Bangladesh… L’intérêt de ces marchés réside certes dans le chantier lui-même mais également dans les équipements complémentaires. Ainsi, au Congo, la station terrienne de Mougouni est reliée à Brazzaville par faisceaux hertziens, matériels construits par Thomson-CSF. Au Bangladesh, la station de Kaliakoir est reliée à la capitale Dacca, à 60 km, par des faisceaux hertziens de Thomson-CSF et un multiplex téléphonique de CIT-Alcatel.

16Le chiffre d’affaires de la société passe de 100 MF en 1975 à 698 MF en 1985 et 728 MF en 1986. Le nombre de stations installées passe quant à lui de 73 en 1979 à 86 en 1980, 98 en 1981 (Belgique, Bénin, République centrafricaine, Chypre, Maroc, Bangladesh, Niger) et 204 en 1982 (Corée, Espagne). Cette croissance s’explique par l’extension de la gamme de Telspace aux stations de moyenne et de petite capacité. Fin 1985, plus de 1 000 stations terriennes commandées à Telspace étaient installées ou en cours d’installation. À cette date, la société, leader européen des stations terriennes de grande capacité, employait 346 personnes [17]. Elle était le deuxième constructeur mondial de grandes stations terriennes de type Intelsat (15 % du marché mondial, derrière le japonais NEC avec 40 % du marché mondial) et troisième pour les stations domestiques de moyen diamètre avec 10 % du marché mondial contre 40 % pour le leader, Harris.

17Ces résultats doivent être tempérés par une réalité : Telspace ne réalise, au cours des années 1980, que 40 % de son chiffre d’affaires à l’étranger. Autant le nombre des contrats pourrait faire croire à une internationalisation profonde de l’activité, autant l’examen de la décomposition du chiffre d’affaires nous amène à conclure à la place, toujours prépondérante, de l’administration française des PTT. Ainsi, Telspace est retenue par la DGT (Direction Générale des Télécommunications) pour la construction des 250 stations terriennes du réseau Télécom 1. Le chiffre d’affaires tombe à 649 MF en 1987 et 464 MF en 1988 du fait de la fin de la « manne Télécom 1 » et les bénéfices passent de 7 MF à 0 en trois ans (1986 à 1988). La remontée est progressive mais, en 1992, si le chiffre d’affaires de 2 280 MF est réalisé à 50 % à l’exportation, le résultat net est négatif (300 MF de pertes) et l’établissement de Cergy doit être fermé, portant à 2 250 employés le personnel de la société. Les systèmes de Telspace sont installés dans plus de 100 pays [18], témoignant du succès de cette entreprise.

18La CGE est donc entrée dans les télécommunications spatiales par le biais des stations terriennes. Concrètement, sa participation de 50 % au GIE Telspace lui permet de réaliser des travaux de génie civil et de fournir quelques matériels de télécommunications. Si le groupe est absent de la réalisation des satellites, c’est simplement du fait de la monopolisation du secteur par les sociétés américaines regroupées dans la société Comsat [19]. L’organisation Intelsat, où la mainmise américaine était manifeste (les États-Unis ne pouvaient avoir moins de 50,6 % des voix), n’offrait aucune opportunité pour d’éventuels constructeurs européens de satellites avant 1980 : les contrats sous-traités hors des États-Unis représentaient 0 % d’Intelsat I, 2 % d’Intelsat II et 6 % d’Intelsat III [20]. En revanche, aucune contrainte n’était portée à la construction des stations terriennes.

19Pour la CGE, on est loin d’une activité intégrée à un ensemble cohérent et si, à partir de 1985, les liens sont plus forts avec le reste du groupe et l’activité plus importante, ce n’est pas le fait du développement des stations terriennes mais celui de la croissance externe qui a vu l’acquisition des usines de Thomson-CSF.

La véritable entrée dans les télécommunications spatiales : Alcatel Espace

20L’élection de François Mitterrand modifie la donne industrielle. La nationalisation des groupes industriels CGE et Thomson-Brandt, en février 1982, amène les pouvoirs publics et les industriels à envisager une reconfiguration du secteur des télécommunications. Celle-ci semble s’imposer au moment où les sureffectifs s’accumulent du fait de la fin du plan de rattrapage téléphonique en France, du changement de génération technologique dans la commutation et des lenteurs de l’essor des exportations.

L’accord avec Thomson et la constitution d’Alcatel Thomson Espace

21Au sein du secteur des télécommunications, la vitrine de CIT-Alcatel est le central de commutation électronique temporelle E10 et, pour ce qui est des transmissions, les fibres optiques. Sur le plan de la stratégie d’entreprise dans ce secteur des transmissions, le groupe de la CGE se caractérise par la domination des câbles avec en particulier les câbles sous-marins (à travers Submarcom, division commune des deux filiales, CIT-Alcatel et les Câbles de Lyon). La construction des satellites n’a pas été développée auparavant, CIT-Alcatel manquant de savoir-faire dans le domaine des faisceaux hertziens. Pourtant, dès 1973, le groupe reconnaît qu’une « analyse objective fait conclure à la complémentarité du câble et du satellite » [21]. Conséquence de l’abandon de cette branche du fait d’un marché ne permettant pas de nouveaux entrants, l’arrivée du groupe dans la fabrication des satellites ne fut pas liée à une croissance interne mais au contraire à l’acquisition de sociétés et d’usines déjà en activité.

22Le 20 septembre 1983, la CGE et Thomson annonçaient la réorganisation de leurs activités de télécommunications. À l’occasion de cet accord, les activités de télécommunications civiles de Thomson-CSF, dont les divisions Faisceaux Hertziens et Espace, passèrent dans le giron de CIT-Alcatel. Thomson n’avait créé cette division Espace que le 1er janvier 1982, au vu de la croissance du département Espace-Satellites dans le cadre de la division Faisceaux Hertziens et Liaisons spatiales. L’activité, créée en 1963, avait grandi à l’abri des commandes publiques au cours des années 1960 puis sous la protection des programmes européens dans les années 1970 [22]. Elle devait connaître un nouvel élan au début des années 1980 en raison du lancement du programme Télécom 1. Une structure transitoire fut créée, Thomson-Télécommunications, dont la responsabilité industrielle fut cédée à CIT-Alcatel mais dont le capital était détenu par l’État et Thomson durant la mise en place concrète de la fusion. Ainsi, la division Espace devint la société Alcatel-Thomson Espace (ATES) qui prit le nom d’Alcatel Espace au 31 décembre 1985, lors de l’intégration de Thomson-Télécommunications à Alcatel. De même, la division Faisceaux Hertziens devint la société Alcatel-Thomson Faisceaux Hertziens (ATFH). Par cet accord, la CGE reprit la part de 50 % que possédait Thomson dans Telspace. Le GIE fut transformé en société anonyme, filiale à 80,1 % d’ATFH, Fairchild Industries détenant les 19,9 % restants suite à un accord de participations croisées signé en 1985 et rompu en 1987.

23Comme l’indique Georges Pébereau lors de l’annonce de l’accord, « dans les stations de télécommunication par satellites, la situation est inchangée puisque Telspace préexiste à nos projets d’accord » [23]. Ce n’est pas le cas des équipements. Avec l’acquisition de la division Espace de Thomson-CSF, CIT-Alcatel devint le seul constructeur mondial d’équipements de télécommunications opérant dans l’ensemble des réseaux : câbles, faisceaux hertziens, satellites… La complémentarité était l’un des fondements de cet accord puisqu’il permettait à CIT-Alcatel d’entrer enfin dans les faisceaux hertziens. Pour CIT-Alcatel, il y a bien croissance externe puisque son domaine d’activité s’en trouve élargi. En revanche, à l’échelle du groupe de la CGE, cet accord est un recentrage sur les activités de télécommunications puisque le groupe s’est séparé de l’électroménager et des activités de défense. Le paradoxe n’est donc qu’apparent : fusion et recentrage appartiennent au même mouvement mais se situent à des niveaux différents. L’objectif est celui de la rationalisation de la production en vue de faire baisser les coûts. La concentration et la spécialisation d’Alcatel dans les télécommunications passent aussi par l’extension de l’activité aux satellites.

24En terme d’actifs industriels, les établissements concernés par la division Faisceaux Hertziens sont ceux de Levallois (2 400 employés), Cherbourg (300 employés) et Cholet (200 employés). Telspace avait une usine à Cergy-Saint-Christophe (fermée en 1992, nous l’avons vu). La division Espace apporte les usines de Toulouse (750 employés) et Meudon (250 employés). L’usine de Toulouse date de 1982 et construit les charges utiles pour les satellites de télécommunications et de télévision. Elle est la propriété de la société immobilière Tepelec qui est également transférée de Thomson à CIT-Alcatel à l’occasion de l’accord. Le CNES s’était implanté à Toulouse dès 1968, dans le cadre de la politique d’aménagement du territoire et, en 1982, ce sont environ 1 000 personnes qui y travaillent. Le Centre Spatial de Toulouse a joué un rôle de catalyseur pour les industriels régionaux. La division satellites du CNES est délocalisée à Toulouse en 1971, Matra s’y installe en 1975 et Thomson-CSF en 1982.

25La division Espace de Thomson avait réalisé un chiffre d’affaires de 400 MF en 1983. Dès 1984, celui-ci s’élève à 550 MF. Loin d’être négligeable, ce montant est pourtant à comparer au 10,8 Md (20 fois plus !) de chiffre d’affaires de la commutation en 1984, le chiffre d’affaires de CIT-Alcatel étant de 14,5 Md de Francs. Ainsi, les télécommunications spatiales ne pèsent que 4 % de l’activité de CIT-Alcatel, filiale spécialisée du groupe CGE dans les télécommunications. C’est donc à la faveur d’un accord sur la commutation que CIT-Alcatel prend le contrôle industriel d’ATES, d’ATFH et de Telspace. Cette entrée dans la fabrication des satellites est une nouveauté pour le groupe qui bénéficie toutefois de l’expérience acquise, certes récemment, par les personnels des usines de Thomson.

26Une légère nuance mérite d’être apportée à ce tableau. En effet, la CGE réalisait, depuis plusieurs années, un équipement spécialisé des satellites : les batteries. Deux filiales du groupe, la SAFT et la CIPEL, fabriquaient des batteries reposant sur le couple nickel-cadmium et développaient des batteries nickel-hydrogène et argent-hydrogène pour les applications spatiales [24]. En effet, les satellites doivent avoir une source d’énergie incorporée de façon à pouvoir traiter les signaux et les émettre vers les stations terriennes. Certes les cellules photoélectriques des panneaux solaires permettent, lorsque le satellite est éclairé, de fournir de l’énergie mais, lorsqu’il est dans l’ombre de la Terre, ce sont les batteries qui sont ses seules sources d’énergie. Spécialisées dans cette « niche technologique », les deux filiales réalisent une grande part des batteries des satellites scientifiques ou de télécommunications européens (Symphonie, Starlett, Intasat, Castor, Pollux…).

Alcatel Espace : un développement conditionné par les commandes publiques

27Pour prendre la mesure du développement des télécommunications spatiales au sein d’Alcatel, nous pouvons regarder l’évolution du chiffre d’affaires de la société Alcatel-Thomson Espace, devenue Alcatel Espace en 1986 [25]. Celui-ci est multiplié par 4,5 en 10 ans (voir tableau 1).

Tableau 1

Évolution du chiffre d’affaires, du résultat et des effectifs d’Alcatel Espace

Tableau 1
1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 Chiffre d’affaires en MF 408 550 694 821 751 1 006 1 549 1 750 1 600 1 774 Résultat net en MF - 51 + 1,9 +4 + 16 + 34 + 69,2 + 64 Effectifs 900 942 870 950 970 1 269 1 280

Évolution du chiffre d’affaires, du résultat et des effectifs d’Alcatel Espace

28De la même manière, les profits connaissent une croissance phénoménale jusqu’en 1989, puis se stabilisent. Si le chiffre d’affaires des activités de télécommunications spatiales représentait 4 % de celui d’Alcatel en 1984, la proportion monte à 5,6 % en 1987 (mais 3 % des bénéfices), et à 13,4 % en 1992 (12,6 % des bénéfices). Toutefois, à l’échelle du groupe CGE, les activités d’Alcatel Espace sont stables à environ 1 % du chiffre d’affaires total, de 1984 à 1992.

29Ces résultats s’expliquent par des succès commerciaux mais surtout par un soutien sans faille de l’administration des P & T françaises comme le montre les commandes reçues par programme au début des années 1980 [26] (tableau2).

Tableau 2

Commandes reçues par Alcatel Espace dans les grands programmes (montants exprimés en millions de francs)

Tableau 2
Montant Exercice Télécom 300 1980 SPOT 1 110 1980 TDF 1 -TVSAT 250 1981-1982
Tableau 2
Montant Exercice Intelsat VI 130 1982 Syracuse 1 700 1980 à 1985 Tele-X 270 1983

Commandes reçues par Alcatel Espace dans les grands programmes (montants exprimés en millions de francs)

30Tele-X est un projet de télévision suédoise. Syracuse 1 est le réseau militaire français. Le projet Télécom 1 [27] naît en 1978 avec trois objectifs : établir des liaisons téléphoniques et télévisées avec les DOM-TOM, établir des liaisons militaires (réseau Syracuse) et surtout offrir aux entreprises la possibilité d’entrer en contact avec des établissements dispersés [28]. « Globalement, le satellite Télécom 1 n’est pas en soi une nouveauté technologique à proprement parler. Il présente néanmoins l’originalité d’intégrer un ensemble de techniques de pointe déjà éprouvées séparément et met en œuvre un réseau terrien renouvelé pour acheminer de nouveaux types de liaison » [29].

31Dès 1978, Thomson-CSF, CIT-Alcatel et SAT avaient été associées pour étudier le système d’AMRT (Accès Multiple à Répartition dans le Temps [30]) utilisé dans le réseau public. Celui-ci offre de fait une compatibilité avec la future numérisation du réseau de télécommunications. L’administration des P & T soutient ainsi l’industrie puisque ce réseau est « l’occasion de démontrer sa position de tout premier plan sur le marché mondial des satellites ; elle pourra ainsi développer fortement ses exportations dans ce domaine en forte expansion mais où la concurrence est vive » [31]. En septembre 1979, Matra, alliée à British Aerospace, est retenue face à l’Aérospatiale pour être maître d’œuvre du projet. Thomson-CSF est chargée de réaliser les charges utiles puisqu’il s’agit du seul constructeur français national. Une partie de la charge utile est sous-traitée à DCC Ltd, filiale britannique de DCC USA (groupe Macom) [32]. Le GIE Telspace est retenu pour la construction des stations terriennes et un consortium Thomson-CSF-CIT-SAT est chargé de la réalisation de l’AMRT. Au total, la part de l’industrie française représente 60 % du budget Télécom 1. Syracuse, le réseau militaire installé à bord de Télécom 1, compte 26 stations, la première étant installée à Brest en mars 1986. Le lancement de Télécom 1 par Ariane 3 a lieu le 4 août 1984.

32En 1986, le bilan est mitigé : la mission de communications d’entreprises est un échec mais « les liaisons téléphoniques et télévisées avec l’Outre-mer et les transmissions militaires sont conformes, voire supérieures aux estimations initiales » [33]. Pour Alcatel Espace comme pour Matra, Télécom 1 est une « vitrine technologique ». Alcatel Espace participe ainsi au projet Eutelsat, réalise les systèmes de télémesure, de trajectographie et de télécommande de la sonde Giotto (lancée en 1985 pour observer la comète Halley en 1986), fabrique le système de visualisation du laboratoire Spacelab fourni par l’Agence Spatiale Européenne à la Nasa pour être embarqué sur les navettes spatiales américaines [34]. Le programme Eutelsat 2 pour la réalisation de charges utiles de quatre satellites apporte 830 MF de commandes en 1986. Alcatel Espace, associée à Ford Aerospace, réalise cinq satellites du réseau Intelsat VII. Alcatel Espace avait déjà reçu, en sous-traitance pour Ford, 1 % d’Intelsat V et, en sous-traitance pour Hughes, 3,5 % dans Intelsat VI [35].

33Maître d’œuvre pour la charge utile des trois satellites du réseau Télécom 2/Syracuse 2, Alcatel Espace réalise environ 50 % de son chiffre d’affaires avec ce seul programme au cours des années 1988-1991. Une part non négligeable est sous-traitée ce qui fait que le chiffre d’affaires donne une idée faussée de l’activité de la société, même si Alcatel Espace est le premier constructeur européen de charges utiles. Devant l’augmentation des commandes, l’usine de Toulouse est agrandie en 1987 (+ 200 emplois).

34À la suite de la reprise des activités de télécommunications d’ITT par la CGE, annoncée en juillet 1986 et signée de manière définitive en janvier 1987, Alcatel Espace a bénéficié des liens avec les nouvelles filiales. En 1987, l’entreprise est constituée de trois divisions : division équipements (conception, production), division communications civiles, division communications militaires [36]. La production comprend des systèmes intégrés de communication, des systèmes d’observation à partir de satellites, des systèmes de surveillance par satellites et surtout des systèmes de charges utiles complets pour les télécommunications, la télévision, l’observation terrestre et les satellites de recherches scientifiques. À Toulouse sont ainsi fabriqués les répéteurs, les récepteurs, les émetteurs, les filtres, les multiplexeurs, les codeurs, les processeurs, et les antennes. Les filiales d’ITT les plus impliquées dans les télécommunications spatiales étaient la SEL en Allemagne (participation au GPS avec 18 satellites) et BTM en Belgique (fabrication d’antennes, de stations de télémétrie, de systèmes de pistage en association avec des organismes internationaux comme Intelsat, Ariane, Spacelab, le CNES…). Mais SEL, comme Alcatel Câble, a accordé une priorité aux fibres optiques aux dépens des satellites, et ce malgré sa participation à la création de GESAT en décembre 1984 pour la vente d’équipements complets de satellites de télécommunications.

35En cette fin des années 1980, Alcatel a participé à de nombreux programmes spatiaux qu’ils soient nationaux comme Eole (météorologie) et Spot (télédétection), européens comme ESRO, Geos, Ulysse (scientifique), Spacelab (laboratoire spatial), Marecs (communication maritime) et Eutelsat (télécoms), ou internationaux avec Intelsat IV, IVA, VI et surtout VII (communication).

36Achevant l’intégration des filiales d’ITT à Alcatel en janvier 1990, les activités faisceaux hertziens, transmission par satellites et radiotéléphonie ont été rassemblées dans le groupe de produits Radiocommunications, Space and Defense Group. Dans le même temps, des discussions ont lieu avec Aérospatiale en vue du rapprochement des activités satellites des deux groupes [37]. Alcatel Espace participe, au début des années 1990, aux programmes Soho/Cluster (observation du soleil) et Topex-Poseidon (observation maritime de coopération entre la NASA et le CNES : l’altimètre d’Alcatel est capable, depuis l’espace, de mesurer la hauteur des vagues avec une précision de quelques centimètres), ainsi qu’au satellite Télécom 2A (qui retransmet avec succès les Jeux Olympiques d’Hiver d’Albertville en 1992)

37Entrée par la petite porte (les stations terriennes), Alcatel n’accède à la réalisation des satellites qu’au moment où sont remplies deux conditions : le desserrement de l’emprise américaine sur le secteur (ce qui permet de nouveaux entrants) et l’octroi de crédits publics, tant nationaux qu’européens. L’entrée véritable d’Alcatel dans les télécommunications spatiales est le fruit d’un accord entre deux groupes nationalisés visant à rationaliser la production des équipements de commutation. C’est donc une décision de politique industrielle directe qui ne fait, par ailleurs, qu’officialiser la politique indirecte menée par le biais des commandes publiques et des marchés d’études. La prise en charge de la construction des satellites par Alcatel n’est donc que la partie opportuniste d’un accord stratégique plus large. Le soutien des pouvoirs publics est symbolisé par les visites des ministres, telle celle de Gérard Longuet, Secrétaire d’État aux PTT, à l’usine Alcatel Espace de Toulouse le 23 mai 1986 [38].

Les changements récents

De l’équipementier au « systémier »

38En 1996, Alcatel Espace est le n° 2 mondial des charges utiles de satellite (20 % du marché mondial) et conçoit des réseaux complets de télécommunications par satellite. C’est pourquoi l’entreprise fournit des réseaux de satellites clés en main, c’est-à-dire comprenant les éléments spatiaux et terrestres. Après les systèmes de téléphonie mobile par satellite (Globalstar dont les premiers satellites ont été lancés le 14 février 1998) et de radiodiffusion numérique (WorldSpace), Alcatel a lancé le programme SkyBridge. Il s’agit d’une constellation de 64 satellites, nombre porté à 80 [39], en orbite basse, qui donne accès à de multiples services multimédia (télétravail, vidéoconférence, télé-enseignement…). Alcatel Espace assure la conception et la réalisation de ce système mais est également promoteur et fournisseur des applications et des services. La convergence des équipements et des contenus est le ressort de ce passage d’équipementier à celui de « systémier ». Alcatel Espace travaille avec la quasi-totalité des constructeurs mondiaux de satellites, et a remporté des contrats pour SESAT (Russie), NILESAT (Egypte), SINOSAT (Chine), M2A (Indonésie) et Arabsat II BSS (Ligue Arabe) [40].

39La libéralisation des marchés fait émerger de nouveaux opérateurs de télécommunications spatiales qui exigent de plus en plus des systèmes clés en main réalisés sous la responsabilité d’un seul maître d’œuvre. Par ailleurs, avec le contrat de fourniture des quatre premiers satellites de la future génération Intelsat IX, Alcatel devient, en 1997, l’un des premiers fournisseurs de cette organisation mondiale de télécommunications spatiales [41].

40Cette évolution s’explique par le changement de la demande. Pour la construction de réseaux de téléphonie mobile par exemple, les satellites doivent être nombreux et en orbite basse (1 500 km). Les satellites du réseau Globalstar de Loral, à la production desquels participent Finmeccanica, Alcatel Espace et Aérospatiale, se situent ainsi dans la fourchette de 15 à 20 millions de dollars, dont 5 à 7 millions de dollars pour la plate-forme [42]. Les petits satellites coûtent de 10 à 50 millions de francs. Pour rester dans la course aux contrats, Alcatel Space n’a pas d’autres choix que de réduire ses coûts de production, avec l’objectif de les diviser par deux. « Nous y arriverons grâce aux efforts d’industrialisation. Mais, en contrepartie, les coûts de développement se révèlent cinq fois supérieurs », analyse Henri-Paul Brochet, directeur industriel du site toulousain [43]. Pour accroître la flexibilité de la production et réduire les délais, le recours à la sous-traitance est nécessaire.

41Le passage de l’équipementier traditionnel au « systémier » correspond donc à un changement structurel des réseaux de télécommunications par satellites. L’industrialisation permet de fabriquer une série de quatre-vingt satellites avec la même plate-forme (pour SkyBridge) alors que jusqu’à présent Alcatel Space n’avait construit des satellites qu’au cas par cas. Jean Zieger, directeur industriel ingénierie d’Alcatel Space et responsable de l’usine de Cannes, a résumé cette mutation : « La haute couture fait place au prêt-à-porter ».

D’Alcatel Espace à Alcatel Space

42Le remplacement de Pierre Suard par Serge Tchuruk en 1995 se traduit, sur le plan de la stratégie industrielle, par un recentrage de l’activité sur les télécommunications. En 1998, Alcatel et Alstom sont séparées. Le 1er juillet 1998, Alcatel Space est créée par le rapprochement d’Alcatel Espace, de Sextant Avionique et d’Aerospatiale Satellites, conformément à ce qui avait été annoncé par le gouvernement en octobre 1997. Le capital est réparti entre Alcatel (51 %) et Thomson-CSF (49 %). Alcatel Space intègre également Alcatel Telspace, afin de confirmer cette orientation vers des systèmes complets. Alcatel Space a deux filiales : Alcatel Spacecom qui détient les participations dans les systèmes commerciaux (Skybridge, Europe Star [44], Euteltracs…) et Alcatel Space Industries qui gère les activités de production et de recherche [45]. Désormais, Alcatel peut réaliser par elle-même 80 % d’un satellite.

43Alcatel Space Industries comprend quatre établissements en France (Toulouse, Cannes, Nanterre, Valence) et neuf filiales dans sept pays européens. L’établissement de Cannes (ex-Aerospatiale Satellites) a été acquis en 1998 suite à l’accord entre Aerospatiale et Dasa ; il comprenait 1 400 personnes (dont 800 ingénieurs) [46]. Aujourd’hui l’usine compte 2000 employés, soit autant que celle de Toulouse. Alcatel Space a investi 150 MF afin d’étendre son établissement cannois pour accueillir les 400 ingénieurs et techniciens du programme Skybridge [47] (contrat de 5 Md de francs pour 80 satellites). Avec un total de 5 560 personnes, Alcatel Space a réalisé un chiffre d’affaires de 10,4 milliards de francs en 1998 et de 9,3 milliards en 1999 (6 % du chiffre d’affaires de l’ensemble du groupe Alcatel). En ayant pour point de comparaison les 2,9 Md de francs de chiffre d’affaires de 1996, l’opération de 1998 a amené un triplement de l’activité.

44Les filiales d’Alcatel Space sont implantées en Suisse, en Belgique, en Espagne, au Danemark, en Norvège, aux Pays-Bas et en Allemagne. Alcatel Espacio à Madrid a été créée en 1987 en lien avec le gouvernement qui souhaitait une production de plate-formes et de charges utiles sur le territoire espagnol. Actuellement la SAFT, filiale d’Alcatel spécialisée dans les batteries, effectue les développements de batteries au lithium-ion sur son site de Poitiers, batteries qui permettront de remplacer celles au nickel-hydrogène et donc d’alléger les satellites géostationnaires de 200 à 300 kg.

45Alcatel Space est aujourd’hui le premier industriel français du secteur spatial et le leader européen dans le domaine des satellites. Son PDG, Jean-Claude Husson, a dirigé auparavant le Centre Spatial de Toulouse de 1976 à 1986 et a rejoint Alcatel Espace comme directeur général de 1987 à 1994, devenant PDG à cette date. L’entreprise se place parmi les maîtres d’œuvre mondiaux de systèmes spatiaux et de satellites. L’étendue de ses savoir-faire s’applique à tous les domaines (civils ou militaires) : télécommunications, navigation, observation optique et radar, météorologie, sciences. Cette réussite est le fruit d’une histoire qui fut incertaine jusqu’au début des années 1990 pour le groupe. Fortement implanté dans les câbles de télécommunications, le groupe Alcatel n’a envisagé qu’à partir de 1990 les télécommunications spatiales comme un pôle industriel bien identifié et complémentaire du pôle câble [48]. La part prépondérante de la France à la construction d’une industrie spatiale européenne a été la grande chance des industriels français [49], dont Alcatel Espace, qui a pu croître grâce aux crédits alloués pour les satellites d’observation scientifique puis de télécommunications avant de s’ouvrir entièrement, au début des années 1990, au marché mondial.

46Résultat d’une politique industrielle de long terme des pouvoirs publics et non d’une stratégie délibérée de l’entreprise, la constitution du pôle industriel des télécommunications spatiales s’est opérée surtout grâce à l’acquisition de la division Espace de Thomson-CSF en 1983. L’organisation européenne de la production a pu être mise en œuvre suite au rachat des filiales d’ITT en 1987. Enfin, en 1998, l’accord avec l’Aérospatiale permit une nouvelle fois à Alcatel de rester parmi les leaders mondiaux du secteur. S’il fallait résumer en un mot cette stratégie, il faudrait la qualifier d’opportuniste dans le sens où ce sont des opportunités qui ont été saisies et non un schéma préconçu qui a été réalisé. Jusque vers 1980, les pouvoirs publics n’eurent pas les moyens de remettre en cause le monopole d’Intelsat et des industries américaines. Lorsque cette volonté put se concrétiser, les commandes publiques financèrent la mise en place d’une industrie digne de ce nom. Ce n’est que récemment, avec la fiabilité accrue des lanceurs (Ariane) et surtout la multiplication des opérateurs de télécommunications, que la production industrielle des satellites s’est en partie affranchie de la tutelle des crédits publics pour constituer un secteur véritablement concurrentiel. Alcatel Space, produit de la politique industrielle du début des années 1980, a su négocier ce passage au marché mondial dans de bonnes conditions.

47Les trois moments de croissance de l’activité spatiale du groupe Alcatel sont aussi des moments de recentrage du groupe sur les métiers des télécommunications. Fusions, acquisitions et recentrages appartiennent à la même logique de rationalisation de l’outil industriel et de réduction des coûts, seules garanties du maintien d’une industrie nationale de fabrication des satellites. Les réussites, toujours éphémères, d’Alcatel Space témoignent de l’adéquation des objectifs industriels des pouvoirs publics et des entreprises dans ce secteur.


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Date de mise en ligne : 01/12/2007

https://doi.org/10.3917/flux.043.0006

Notes

  • [1]
    François Caron, Les deux révolutions industrielles du XXe siècle, Paris, Albin Michel, 1997, p. 25.
  • [2]
    Pour le récit de la construction de la station française, voir Marie-Eve Guillon, Pleumeur-Bodou, Montreuil-Bellay, Éditions C.M.D., Questions de Mémoire n° 12, 1999, 65 p.
  • [3]
    Archives France Télécom, Dossier Documentaire, 12. 741.
  • [4]
    Marie-Eve Guillon, Pleumeur-Bodou, op. cit., p. 19.
  • [5]
    P. Mandel, « La participation de la CGE à la création de la Station de Télécommunications Spatiales de Pleumeur-Bodou », in Regards sur la France, « Le CNET et les télécommunications spatiales », n° 17-18, janvier-mars 1963, p. 103.
  • [6]
    Cette antenne sous le radôme a cessé son activité en 1985 mais elle est aujourd’hui l’élément principal du Musée des Télécommunications ouvert en 1991.
  • [7]
    Alcatel-Alsthom, Histoire de la Compagnie Générale d’Électricité, Paris, Larousse, 1992, p. 271. Il est intéressant de noter que, dans cet ouvrage, la réalisation de Pleumeur-Bodou est vue comme une prouesse uniquement française.
  • [8]
    P. Mandel, « La participation de la CGE… », op. cit., p. 109
  • [9]
    Pour une description de ces stations, voir Revue française des Télécommunications, n° 3, avril 1972, pp. 32-33 pour « Les Trois-Ilets » ; n° 11, avril 1974, pp. 40-41 pour « Rivière des Pluies. La Réunion » ; n° 12, juillet 1974, pp. 44-45 pour « Trou-Biran (La Guyane) » ; n° 22, janvier 1977, p. 22 pour « Paris-Nouméa par un double bond » ; n° 39, avril 1981, pp. 42-43 pour « Saint-Pierre et Miquelon ».
  • [10]
    Louis-Joseph Libois, Genèse et croissance des télécommunications, Paris, Masson, 1983, p. 120.
  • [11]
    Jean-Marie Chaduc et Jean Dautrey, « Pleumeur-Bodou III », Revue française des Télécommunications, n° 9, octobre 1973, pp. 32-35. Ainsi que Revue de la CGE, n° 3, 1974.
  • [12]
    « Politique industrielle par les marchés d’études (1970-1974) », 20 septembre 1974. Archives CNET-Lannion, carton H5.
  • [13]
    Michel Popot, « De nouvelles stations terriennes », Revue française des Télécommunications, n° 27, avril 1978, pp. 30-35.
  • [14]
    Revue française des Télécommunications, n° 4, juillet 1972, pp. 71-73, « Arivonimano » ; n° 5, octobre 1972, pp. 66-67, « Gandoul » ; n° 6, janvier 1973, pp. 60-61, « Abidjan par satellite ».
  • [15]
    Télécom Info, n° 164, 26 février 1979 ; Télonde, revue de Thomson-CSF, n° 3, 1981, p. 10.
  • [16]
    Revue de la CGE, n° 4, août 1974.
  • [17]
    Rapport annuel de CIT-Alcatel. Exercice 1985.
  • [18]
    Rapport annuel d’Alcatel CIT. Exercice 1992.
  • [19]
    Créée le 1er janvier 1963, Comsat regroupe quatre compagnies américaines de télécommunications (dont AT & T). Comsat gère le service des télécommunications par satellite et représente les intérêts américains dans Intelsat.
  • [20]
    IDATE, Intelsat, mai 1988, p. 4.
  • [21]
    L’Épopée Électrique, ouvrage publié pour le 75e anniversaire de la CGE, Paris, Éditions Régidée, 1973, p. 243.
  • [22]
    Télonde, revue de Thomson-CSF, n° 1, 1973, p. 11.
  • [23]
    Conférence de presse du 20 septembre 1983.
  • [24]
    Rapport annuel de la Compagnie Générale d’Électricité, 1974, 1976 et 1977.
  • [25]
    Assemblée Générale Extraordinaire du 10 avril 1986.
  • [26]
    Situation économique dans les établissements de la société Alcatel-Thomson Espace, 26 août 1985, 11 p. Archives France Télécom 95 027, carton 4. Ce document est complété par un projet de plan social conduisant au départ de 200 à 350 personnes. Ce sureffectif est lié à la fin du programme Télécom 1, à l’annulation du programme Athos et à l’attente de la commande de TDF2.
  • [27]
    Anne-Thérèse Nguyen, Les satellites français de télécommunications Télécom 1. 1978-1988, Thèse de l’École Nationale des Chartes pour le diplôme d’archiviste paléographe sous la direction de Pascal Griset, 1998, 315 p.
  • [28]
    Elie Cohen, Le Colbertisme « high tech ». Économie des Télécom et du Grand Projet, Paris, Hachette, Pluriel enquête, 1992, p. 131 ; Lionel Fleury, « Télécom 1 au service des entreprises », Revue française des télécommunications, n° 35, avril 1980, pp. 31-36.
  • [29]
    Anne-Thérèse Nguyen, Les satellites français… op. cit., p. 111.
  • [30]
    Cette nouvelle technique a été adoptée par Intelsat en 1985.
  • [31]
    Rapport d’activité de la DAII (Direction aux Affaires Industrielles et Internationales), 1978.
  • [32]
    Projet de marché n° 7935115, de 9,50 MF. Cité par Anne-Thérèse Nguyen, Les satellites français… op. cit., pp. 140-141.
  • [33]
    Ibid., p. 169.
  • [34]
    Rapport annuel de CIT-Alcatel. Exercice 1985.
  • [35]
    IDATE, Intelsat, mai 1988
  • [36]
    IDATE, Alcatel NV, octobre 1987.
  • [37]
    Rapport annuel d’Alcatel CIT. Exercice 1991. Elles échouent en 1993.
  • [38]
    Archives France Télécom, 97 056, carton 3.
  • [39]
    Communiqué de presse d’Alcatel, 1er juin 1998.
  • [40]
    Rapport annuel d’Alcatel-Alsthom. Exercice 1995.
  • [41]
    Rapport annuel d’Alcatel-Alsthom. Exercice 1997.
  • [42]
    L’Usine Nouvelle, n° 2614, 23 octobre 1997.
  • [43]
    L’Usine Nouvelle, n° 2675, 18 février 1999.
  • [44]
    Dont le premier satellite a été lancé le 29 octobre 2000 par Ariane 4.
  • [45]
    Communiqué de presse d’Alcatel, 30 juin 1998.
  • [46]
    Jean Zieger, « Les péripéties d’une intégration », Newslink, 1e trimestre 1999.
  • [47]
    L’Usine Nouvelle, n° 2692, 17 juin 1999.
  • [48]
    Jean Grenier, « Satellites et câbles sous-marins : rivalité ou partage ? » Revue française des télécommunications, n° 36, juillet 1980, pp. 49-55 ; Pascal Griset, Les révolutions de la communication, Paris, Hachette, 1991, pp. 213-215.
  • [49]
    Catherine Bertho (dir.), Histoire des télécommunications en France, Toulouse, Erès, 1984, p. 202.

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