Notes
-
[1]
Daniel Rivet, Le Maghreb à l'épreuve de la colonisation, Paris, Hachette Littérature, 2002, 459 p. (p. 211).
-
[2]
Lieutenant-colonel Huot, « L'œuvre sociale de la France au Maroc », Le Musée Social, n°4, avril 1924, pp. 121-147.
-
[3]
Capitaine Lyautey, « Du rôle social de l'officier dans le service militaire universel », La Revue des deux mondes, 15 mars 1891.
-
[4]
À savoir la Direction des Affaires indigènes et des services de renseignements, de même que le Service des Contrôles civils.
-
[5]
Emmanuel Blanchard et Sylvie Thénault, « Quel « monde du contact » ? Pour une histoire sociale de l'Algérie pendant la période coloniale », Le Mouvement Social, n° 236, mars 2011, pp. 3-7.
-
[6]
Mohammed Amine Benabdallah, « Repenser d'administration », in 1956-1996, quarante ans d'administration, REMALD, Thèmes actuels n° 6, 1996, pp. 7-12 (p. 10).
-
[7]
Roger Homo, « La pacification du Maroc », in La renaissance du Maroc - Dix ans de Protectorat, Rabat, Résidence Générale de la République Française au Maroc, 1923, pp. 79-174 (p. 103).
-
[8]
La phase de soumission militaire dura en fait de 1907 à 1934 et coûta la vie à près de 100 000 Marocains et à plus de 20 000 militaires (soldats et officiers) du corps de conquête français, dont la moitié de continentaux. Chiffres cités par Daniel Rivet, Le Maghreb à l'épreuve de la colonisation, Paris, Hachette Littératures, coll. Pluriel, 2003, 459 p. (p. 219).
-
[9]
Ainsi, avant l'établissement du Protectorat et durant les premiers temps de ce dernier, on faisait la différence entre les zones sous contrôle direct de l'État chérifien (bled makhzen) et les zones considérées comme en dissidence (bled siba.)
-
[10]
Cf. Paul Doury, Lyautey, un saharien atypique, Paris, L'Harmattan, coll. Mémoire du XXe siècle, 2002, 304 p.
-
[11]
« Le but recherché par les récentes colonnes est de disjoindre le bloc des tribus encore insoumises du Moyen-Atlas et du Haut Atlas (à savoir deux blocs, un premier entre Taza et Moulouya - le second, entre la région de Meknès et celle de Tadla). Ce sont les régions les plus âpres et les plus difficiles du Maroc à tous les égards. Mais, avec du temps, de la patience et de la méthode, nous en viendrons également à bout ». Augustin Bernard, « Une nouvelle étape de l'occupation française au Maroc », Annales de Géographie, t. 26, n° 142, 1917, pp. 306-308 (p. 308).
-
[12]
Augustin Bernard, « La France au Maroc », Annales de Géographie, t. 26, n° 142, 1917, pp. 42-58 (p. 55).
-
[13]
Joseph Chailley, « La France et sa politique indigène en Afrique du Nord », France-Maroc, 15 avril 1919, pp. 89-92 (p. 90).
-
[14]
Daniel Rivet, Le Maghreb à l'épreuve de la colonisation, op. cit., p. 219.
-
[15]
Augustin Bernard, « La France au Maroc », op. cit., p. 55.
-
[16]
Ibid., p. 56.
-
[17]
Ibid, p. 57.
-
[18]
Lieutenant-colonel Huot, « La politique indigène - politique du nord et politique du sud », in La renaissance du Maroc - Dix ans de Protectorat, Rabat, Résidence Générale de la République Française au Maroc, 1923, pp. 175-184 (p. 182).
-
[19]
Roger Homo, « La pacification du Maroc », op. cit., p. 127.
-
[20]
Ibid., p. 127.
-
[21]
Jacques Berque, « Cent vingt-cinq ans de sociologie maghrébine », Annales E.S.C., n° 3, 1956, pp. 297-324 (p. 299).
-
[22]
Chiffre cité par Jacques Frémeaux, Les Bureaux arabes dans l'Algérie de la conquête, Paris, Denoël, coll. L'Aventure coloniale de la France, 1993, 310 p. (p. 38).
-
[23]
Louis-Léon-César Faidherbe, 1818-1889. « Officier pauvre », il a fait campagne en Algérie de 1842 à 1847, « [étudiant] le fonctionnement des bureaux arabes et le monde musulman », avant de diriger avec brio la colonie du Sénégal de 1854 à 1864 : « Il légua pour gouverner les territoires nés de la colonie que sa méthode avait créée, une méthode analogue. Elle tient en un mot : connaître ». A. Villard cité par Robert Delavignette, « Faidherbe », in Les Techniciens de la colonisation, Paris, PUF, 1946, 321 p. (pp. 75-92, p. 91).
-
[24]
Georges Hardy, « L'enseignement », in La renaissance du Maroc - Dix ans de Protectorat, Rabat, Résidence Générale de la République Française au Maroc, 1923, pp. 198-207 (p. 203).
-
[25]
Georges Hardy pour l'histoire — Jean Célérier, la géographie — E. Michaux-Bellaire, la sociologie. Cf. pour ce dernier, « Conférences faites au cours préparatoire du Service des affaires indigènes », Les Archives marocaines - publication de la mission scientifique du Maroc, tome XXVII, 1927, pp. I-IV et 1-337. « L'historien Michaux-Bellaire reste sociologue par l'intention ; son souci du concret, sa clairvoyance à l'égard des formules mystiques dégradées par la pratique religieuse teintée de magie, sauve aux yeux du sociologue moderne ses travaux d'histoire pure. » Georges Nicolas, « La sociologie rurale au Maroc pendant les cinquante dernières années : évolution des thèmes de recherche », Tiers-Monde, 1961, tome 2, n° 8, pp. 527-543 (p. 532).
-
[26]
Jacques Gandini, Ouarzazate au temps du Protectorat. http://www.ouarzazate-1928-1956.com/affaires-indigenes-a.i/index.html.
-
[27]
Les Catroux, Berriau, Huot, d'Ivry, Doury, etc. Général de Boisboissel, Dans l'ombre de Lyautey, Paris, André Bonne édit., 1953, 367 p.
-
[28]
Commandant R. Peyronnet, Livre d'or des officiers des Affaires indigènes, Alger, Imprimerie Algérienne, 1930, tome II, 982 p. (p. 538).
-
[29]
« Combien d'heures j'ai passées à l'écouter, l'admirant, à la fois humain et novateur ». Hubert Lyautey, « Discours prononcé à l'occasion des obsèques du colonel Berriau », France-Maroc, 15 janvier 1919, pp. 28-29 (p. 28).
-
[30]
Hubert Lyautey, Paroles d'action : Madagascar, Sud-Oranais, Oran, Maroc (1900-1926). Paris, Armand Colin, 1927. p. 380.
-
[31]
« Je me demandais si je pourrais me résoudre à prendre la parole et un frère ne parle pas sur la tombe de son frère, et nous étions unis, Berriau et moi, d'une amitié fraternelle ». Hubert Lyautey, discours prononcé à l'occasion du décès du colonel Berriau, Paroles d'action : Madagascar, Sud-Oranais, Oran, Maroc (1900-1926), op. cit. (p. 274).
-
[32]
« Le paiement du tribu à Zenaga », La Croix, 25 juin 1903.
-
[33]
Aimé des indigènes parce qu'il les aimait et les comprenait, il allait rendre au Général Lyautey des services inappréciables. Confident sûr et solide de tous les chefs indigènes, militaire convaincu et passionné, politique souple et persuasif, il fournissait un effort magnifique et fructueux : c'est parce qu'il avait ce don, cette véritable divination de l'âme indigène qu'il faut l'agent de liaison incomparable entre ce peuple et nous, la cheville ouvrière de la politique du Protectorat. » Commandant R. Peyronnet, Livre d'or des officiers des Affaires indigènes, op. cit., p. 539.
-
[34]
Cf. Jean-Yves Puyo, « Lyautey et la politique forestière du Protectorat marocain : des influences leplaysiennes « tardives » ? », op. cit.
-
[35]
Conférence du colonel Berriau au Centre de perfectionnement de Meknès, mai 1918. Cité par J.R., « Les services spéciaux, de l'Afrique du Nord et du Levant », La Revue militaire, juin 1922, pp. 114-117 (p. 116).
-
[36]
Gabriel Hanotaux, « La politique colonisatrice de la France », France-Maroc, n° 10-11, octobre-novembre 1918, pp. 293-300 (p. 300).
-
[37]
Nommé en 1899, il y côtoya le Père de Foucauld qui résida un temps dans son cercle militaire.
-
[38]
Jacques Ladreit de Lacharrière, « Vers la roche tarpéienne », France-Maroc, décembre 1925, pp. 232-236 (p. 234).
-
[39]
Mutation importante à coup sûr, en raison de l'expérience marocaine du colonel Huot, mais qui ne pouvait modifier l'état d'esprit des autres membres du gouvernement. » Julien Luccioni, « De Lyautey à Steeg : un témoignage », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, n° 36, 1983, pp. 65-73 (p. 72).
-
[40]
Les caractéristiques essentielles de la politique indigène, a dit le Maréchal Lyautey, sont la générosité et la sympathie ». Lieutenant-colonel Huot, « La politique indigène-politique du nord et politique du sud », in La renaissance du Maroc-Dix ans de Protectorat, op. cit., pp. 175-184 (p. 182).
-
[41]
Ibid., p. 182.
-
[42]
On a cru rappeler dans le texte du Dahir le principe de l'incessibilité du droit d'usage, qui, au Maroc comme en Algérie et en Tunisie, ne doit être exercé que par les anciens occupants du sol, c'est-à-dire par les indigènes musulmans, à l'exclusion des étrangers (Européens, Israélites-Algériens, etc.). » Paul Boudy, projet de Dahir « forestier », juin 1917. Direction des Affaires indigènes, art. 75 - Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
-
[43]
Le foncier relève du Makhzen mais l'usufruit est laissé à des communautés locales en contrepartie de la mobilisation de leurs hommes lors des conflits militaires.
-
[44]
Julien Luccioni, « De Lyautey à Steeg : un témoignage », op. cit.
-
[45]
André Leroy, « L'agriculture - la colonisation », in La renaissance du Maroc - Dix ans de Protectorat, op. cit., pp. 281-293 (p. 284).
-
[46]
Courrier du directeur des Affaires indigènes au secrétaire général du Protectorat, 6 juin 1922. Direction des Affaires indigènes, art. 319b. Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
-
[47]
Courrier du contrôleur civil chef de l'annexe des Zaërs à propos du parcours en forêt - cas des Zemmour, 4 octobre 1937. Direction de l'intérieur, art. 596 - Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
-
[48]
Ibidem.
-
[49]
Thibaudet, courrier du 22 février 1937 au contrôleur civil, chef de la circonscription de Khemisset. Direction de l'intérieur, art. 596 - Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
-
[50]
« L'absence de toute réglementation attire également un nombre rapidement croissant d'Européens dont la seule ressource est l'élevage de troupeaux sur les pâturages de forêt. Leurs installations sur des terrains voisins des forêts constituant une façade qui ne saurait échapper à personne. Or [...] les troupeaux qu'ils envoient en forêt sont d'un nombre considérable ». Courrier de Paul Boudy au directeur des Affaires politiques, 22 février 1937. Direction de l'intérieur, art. 596 - Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
-
[51]
Cercle de Tiflet, dans la province de Khémisset, située à l'ouest de Rabat (région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër).
-
[52]
Rapport du 15 juin 1922, signé Communaux, chef du contrôle civil des Zemmour, au secrétaire général du Protectorat (Peysonnel), à propos d'un courrier du Directeur des Affaires indigènes s'élevant contre le contenu du procès-verbal d'une commission de pacage. Direction des Affaires Indigènes, art. 319 b - Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
-
[53]
Ibid.
-
[54]
Courrier du secrétaire général du Protectorat au directeur des Affaires indigènes et du service des Renseignement, 26 mai 1922 Direction des Affaires Indigènes, art. 319 b - Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
-
[55]
Colonel Huot, courrier au secrétaire général du Protectorat, 6 juin 1922. Direction des Affaires Indigènes, art. 319 b - Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
-
[56]
Ibid.
-
[57]
Labadie-Lagraves, Le mensonge marocain, Casablanca, Imprimerie ouvrière, 1925, 397 p. (p. 232).
-
[58]
Paris, Librairie Plon, 1935, 358 p.
-
[59]
Paris, Flammarion, coll. L'Aventure vécue, 1954, 251 p.
-
[60]
Cité par Jacques Gandini, Ouarzazate au temps du Protectorat, op. cit.
-
[61]
Cf. Jean Lartéguy, La tragédie du Maroc interdit, Paris, éditions Les 4 fils Aymon, 1957, 190 p.
-
[62]
Daniel Rivet, Lyautey et l'institution du Protectorat français au Maroc, 1912-1925, Paris, L'Harmattan, 1996, tome 1, 267 p. (p. 199).
-
[63]
Jean-Yves Puyo, « Lyautey et la politique forestière du Protectorat marocain : des influences leplaysiennes « tardives » ? », in Frédéric Le Play - parcours, audience, héritage, A. Savoye & F. Cardoni (dir.), Paris, ParisTechn, coll. Sciences Sociales, 2007, 325 p. (pp. 239-262).
-
[64]
Jacques Berque, « Cent vingt-cinq ans de sociologie maghrébine », op. cit., p. 316.
-
[65]
Ibid., p. 302.
-
[66]
Sur cet épisode de sa vie, se référer à son article « Entrée dans le bureau arabe » (in Jean Duvignaud (dir.), Nomades et vagabonds, Paris, Bourgois, coll. 10/18, 1975, pp. 113-139) mais aussi à l'analyse qu'en fait Jacques Frémeaux, grand spécialiste de ces mêmes bureaux, dans « Missionnaire en burnous bleu », Revue du monde musulman et de la Méditerranée, n° 83-84, 1997, pp. 67-73.
-
[67]
Georges Nicolas, « La sociologie rurale au Maroc pendant les cinquante dernières années : évolution des thèmes de recherche », op. cit.
1 Au sein de la très importante ossature administrative française, chargée tant de l'organisation « pratique » du pays que d'insuffler dans la politique indigène « l'esprit du Protectorat à la manière de Lyautey » [1] les services du contrôle politique ont joué un rôle crucial. En effet, leur intervention directe (et argumentée), plus particulièrement durant les premiers temps de la prise de possession française, a permis l'élaboration d'une politique rurale habile, gage d'une certaine paix « politique » au sein des espaces ruraux marocains nouvellement soumis. Ce service administratif est incarné durant les années Lyautey par ses deux directeurs successifs, les colonels Berriau puis Huot. Choisis personnellement par le futur maréchal, ils ont su défendre avec un certain succès les intérêts de la population locale contre les visées des colons ou encore, par exemple, des cadres du corps forestier marocain. Célèbres tant au Maroc qu'en métropole pour leur savoir-faire et leur défense publique de l'œuvre du protectorat [2] ils nous semblent incarner parfaitement la figure de l'officier sensible aux « préoccupations sociales », appelée de ses vœux en 1891 par le jeune capitaine Lyautey [3]
2 La présente contribution, basée en partie sur l'exploitation des archives administratives du Protectorat, se propose donc de redécouvrir, à travers l'évocation des services du contrôle politique [4] ce savoir-faire administratif fortement teinté de préoccupations sociales, qui fit toute la particularité mais aussi le « succès » (du moins par rapport au voisin algérien) de la politique menée alors par la France au Maroc. À notre sens, ces services ont pleinement participé de ce monde du contact, cher à Emmanuel Blanchard et Sylvie Thénault [5] rassemblant les « agents de l'autorité », les intellectuels et notables marocains, les cadres et membres subalternes de l'administration du Protectorat, entre autres. Ceux-ci ont fait que cette « éclipse » de 44 ans dans l'histoire marocaine a, par la suite, été considérée par certains Marocains comme à la fois « [...] un modèle [et] une esquisse à faire évoluer [par ses légataires] dans le but de répondre aux besoins du pays de nouveau indépendant » [6]
La méthode Lyautey
3 En 1917, soit cinq ans après la nomination du général Lyautey au poste de Résident général en charge de la direction du Protectorat français dans l'empire chérifien, le géographe Augustin Bernard publiait dans les Annales de géographie un long article consacré à « la France au Maroc ». L'auteur se proposait notamment d'analyser « la méthode Lyautey », à savoir ses caractéristiques et ses résultats.
4 Soulignons préalablement que la période de la Première Guerre mondiale coïncida avec des moments de grandes difficultés pour la puissance tutélaire. Débutée modestement avec l'envoi en août 1907 d'un corps expéditionnaire à Casablanca (août 1907), la main mise française sur l'empire chérifien se renforça par la suite progressivement en écartant les visées concurrentes allemandes sur ce même pays et en s'entendant avec l'autre puissance européenne voisine, l'Espagne. L'accord franco-espagnol du 27 novembre 1912 consacrait une scission en deux du pays, avec au nord une zone d'influence espagnole se limitant à la région montagneuse du Rif, le Maroc espagnol, les 9/10ièmes restant de l'empire chérifien passant sous le contrôle de la France. Par le traité de Fès (30 mars 1912) signé avec les autorités chérifiennes, cette dernière obtenait les mains libres tant sur le plan administratif du territoire que politique et militaire, s'adjugeant « [...] le droit d'être l'intermédiaire [du sultan] dans les relations diplomatiques tant au Maroc qu'à l'étranger, avec les puissances étrangères » [7] Le déclenchement de la Première Guerre mondiale allait toutefois interrompre les grandes opérations militaires de conquête territoriale chargées, officiellement, de l'extension du Makhzen au profit du Sultan du Maroc [8] Le terme de Makhzen (ou encore Maghzen) signifie en même temps l'État chérifien - dont l'ensemble des composantes de son administration gouvernementale - de même que la partie du territoire sur laquelle s'exerce effectivement l'autorité du gouvernement central marocain [9] Refusant de suivre les instructions lui ordonnant de se replier sur les villes côtières, Lyautey concentrait les troupes militaires restantes sur le « Maroc utile », à savoir le triangle Fès-Casablanca-Marrakech correspondant au Maroc occidental des plaines et collines [10] Il limita par la suite son action militaire au lancement d'opérations militaires plus modestes, sous la forme de groupes mobiles de taille réduite [11] ainsi qu'à la création de quelques postes militaires avancés.
5 Signalons déjà qu'Augustin Bernard ne cherche pas à faire œuvre d'angélisme : la méthode Lyautey, « c'est la combinaison constante de la politique et de la force » [12] nécessitant à la fois du tact, du doigté et une parfaite connaissance des sociétés indigènes, « si variées et si complexes ». Pour ce, le rôle primordial joué par les services du contrôle politique est mis en avant, ces derniers étant chargés de rallier avec habileté les notables locaux susceptibles d'exercer leur autorité sur la population indigène au profit des occupants français. Sur ce point, Lyautey lui-même réussît pleinement, en rehaussant le prestige et les pouvoirs (théoriques) du sultan mais aussi de certains autres grands nobles marocains, comme le Glaoui de Marrakech : « [...] le présent habilement rattaché au passé, les chefs maintenus et entourés d'un prestige et d'une magnificence jamais connus, la religion respectée et honorée, les biens habous restaurés et protégés, etc. Le progrès apparaissait abrité derrière le drapeau del'Islam. » [13] Pour Daniel Rivet, alors que la Tunisie sous protectorat ressemblait à une super préfecture française plantée dans un vieil état ottoman, le Maroc évoquait plutôt le royaume arabe dont rêva Napoléon III « [...] mais taillé à la dimension d'un personnage hors série, Lyautey — et à l'aune d'un empire musulman, non d'une régence barbaresque » [14]
6 Le volet politique est doublé d'opérations plus nobles telles que la mise en place d'un service médical, l'ouverture d'écoles, la réalisation d'opérations d'utilité publique comme l'aménagement de points d'eau ou encore l'achat sur place, à un prix juste, des denrées nécessaires à l'alimentation des troupes. Il s'agit en fait selon l'auteur « [de] créer une solidarité d'intérêts entreles occupants français] et les populations soumises ou hésitantes » [15] En fait, Augustin Bernard s'inscrit fidèlement dans les discours coloniaux de l'époque qui recommandent le recours à la force pour dominer le monde musulman : « Il faut, « pour sauver la face », faire parler la poudre et prouver qu'un bon musulman ne se soumet aux infidèles que contraint par la force » [16] Mais le géographe voyait aussi dans le panel de réalisations impulsées par Lyautey non pas une politique de races mais le souhait de se calquer au mieux sur les genres de vie (notion très chère aux géographes vidaliens), « [produit] des conditions géographiques et historiques dans lesquelles sont placés les divers groupements » [17]
7 Aussi, au sein du dispositif Lyautey, les services du contrôle jouèrent-ils un rôle crucial en permettant, notamment dans les zones rurales nouvellement soumises, de maintenir un fragile équilibre politique rendant « supportable » la main mise française sur l'état chérifien et ce, non sans mal : « Si la politique indigène est un levier puissant, son maniement est des plus délicats » [18]
Des bureaux arabes algériens aux services du contrôle du protectorat
8 Les services chargés du contrôle politique du Protectorat français au Maroc se répartissaient en deux entités distinctes, soit la Direction des affaires indigènes et des services de renseignements d'une part, ainsi que le Service des contrôles civils, rattaché directement au secrétariat général du Protectorat. Le premier rassemblait les contrôleurs militaires, appelés officiers de renseignement ou encore officiers des Affaires indigènes (A.I.) ; ils exerçaient dans les régions soumises à l'autorité militaire, à savoir les périmètres compris dans la zone du front, « [...] au contact des insoumis, où l'action militaire est prépondérante [...] ou encore nécessaire pour rassurer les indigènes et les confirmer dans leurs bonnes dispositions ou parer à des retours de flamme possibles » [19] Ces officiers étaient responsables du maintien de l'ordre dans leur poste, annexe ou cercle militaire. De même, ils étaient chargés d'étudier les populations insoumises, et, selon les termes de l'époque, grâce à leur en confiance, de procéder à leur organisation en n'oubliant jamais « [que] les adversaires du moment seront les demain des indigènes soumis qui redonneront de la vie aux champs désertés, participeront à la sécurité du pays, paieront l'impôt et combattront à nos côtés » [20]
9 Les périmètres, considérés comme durablement pacifiés et désormais ouverts par décision « résidentielle » à la colonisation et aux transactions économiques, formaient la zone dite intérieure. Les officiers de renseignements laissaient alors place à des contrôleurs civils chargés d'informer la Résidence générale sur tout ce qui touchait à l'organisation administrative et judiciaire. Investis dans leur circonscription des fonctions d'officier de police judiciaire et d'officier d'état civil, ils étaient aussi responsables du maintien de l'ordre, à l'exemple des officiers des A.I. Pour cela, ils pouvaient disposer de troupes supplétives (les mokhazenis) ou recourir à la gendarmerie ainsi qu'aux troupes militaires.
10 Contrôleurs civils et militaires jouèrent un rôle que l'on peut estimer fondamental dans la pérennisation du Protectorat. Au nombre de 200 à la fin des années 1930 sur un territoire qui représentait la moitié de la surface du royaume marocain, les officiers des A.I. sont les descendants en ligne droite des officiers des célèbres Bureaux arabes algériens. Loin de nous l'idée de juger à charge ou à décharge leur action passée au Maghreb, nombreux étant les auteurs ayant écrit sur ce sujet (les Jacques Frémeaux, Daniel Rivet, Xavier Yacono ou encore Jacques Berque). Comme le souligne ce dernier en 1956, l'institution du Bureau arabe « [était] la pièce maîtresse d'un système dont les méthodes et le style n'ont pas encorefini d'émouvoir la controverse » [21]. Échiquier essentiel du contrôle du territoire colonial algérien entre 1844 et 1870, les missions allouées aux officiers des Bureaux arabes s'avéraient multiples : certes, en premier lieu, le renseignement et la surveillance des chefs indigènes, mais aussi le contrôle de la justice musulmane, des écoles, des mosquées, le paiement des impôts, l'exécution des travaux d'intérêts généraux (comme les édifices publics, les routes, ponts, barrages, etc.), la surveillance de l'état sanitaire de la population, la réalisation régulière de l'inventaire des ressources agricoles, hydrauliques et minières, le suivi de la population, etc. Aussi, cette charge de travail considérable nécessitait-elle obligatoirement des individus capables d'échanger en arabe dialectal. En Algérie, ce corps attira de nombreux éléments de qualité avec 60 % d'officiers issus de Saint-Cyr et Polytechnique, appelés à fournir par la suite les futurs officiers supérieurs de l'armée française, soit une proportion très importante [22] Le plus célèbre d'entre eux est sans aucun doute le futur général Faidherbe [23] le grand organisateur du Sénégal, inspirateur par la suite des Gallieni et autres Lyautey.
11 Dans le cas du Protectorat marocain, les officiers des A.I. pouvaient provenir de deux horizons différents. D'une part, on retrouvait des anciens de ces mêmes services algériens et tunisiens, notamment durant les premiers temps du Protectorat ; s'ils avaient donné par le passé satisfaction, ils rejoignaient directement leur affectation. Et d'autre part, les A.I. recevaient des volontaires issus d'autres corps de l'armée française ; dans ce cas, les candidats, mélangés à leurs collègues du contrôle civil, passaient par un temps de formation de 9 mois au sein d'un centre de perfectionnement destinés aux officiers des renseignements, dans les premières années situé à Meknès puis transféré Rabat. À partir de février 1920, leur formation intégrait le tout nouveau Institut des Hautes Etudes Marocaines (Rabat), créé par la volonté de Lyautey et dirigé dans un premier temps par l'historien Georges Hardy : il s'agissait de donner aux futurs étudiants une culture islamique « [...] et en même temps de leur former l'esprit, de les initier aux recherches personnelles, de leur inspirer le goût de la précision et de la vraie logique [...] par là se prépareront les cadres administratifs, judicaires, économiques qui comprendront parfaitement les intentions de la nation protectrice et qui établiront une précieuse liaison entre elle et la population du Maroc. » [24] Les 25 à 35 officiers formant généralement une promotion suivaient une grande diversité de cours donnés par les meilleurs spécialistes locaux, certes de langues (arabe et berbère) mais aussi d'histoire, de géographie et de sociologie [25] S'ajoutaient des enseignements sur la culture islamique et les institutions musulmanes, de même que des notions relevant de l'aménagement forestier, du génie civil, de l'agriculture et de l'élevage ou encore de l'hygiène domestique. Ce cycle de formation se concluait par un examen général dont la réussite et le rang de sortie conditionnaient le choix de l'affectation. À sa sortie de l'école, l'officier des A.I., le plus souvent lieutenant ou parfois capitaine, prenait en charge un Poste. Par la suite, « les chefs d'Annexe étaient capitaines, les chefs de Circonscription étaient capitaines ou commandants, les chefs de Cercle, commandants ou lieutenants-colonels. Les chefs de Région étaient des officiers généraux. » [26]
Les premiers temps des services du contrôle
12 Pour diriger les services administratifs et techniques mis en place par l'établissement du protectorat, Lyautey ne laissait à personne la responsabilité de recruter les cadres supérieurs de son administration. Comme le souligne le général de Boisboissel, ce fut notamment à l'occasion de ses commandements exercés en Algérie qu'il repéra un grand nombre de ses futurs collaborateurs de l'épisode marocain [27] Les services du contrôle n'échappèrent pas à cette pratique, ses deux premiers directeurs étant des hommes bien connus de Lyautey. Évoquons en premier lieu la figure du colonel Berriau, à savoir le premier directeur de la Direction des affaires indigènes et du service des renseignements du protectorat, entre 1915 et fin 1919. Lyautey, alors en charge du commandement du grand Sud-Oranais à Aïn-Sefra, l'avait rencontré pour la première fois en octobre 1903 à l'occasion d'une tournée d'inspection de la frontière algéro-marocaine ; Berriau, jeune lieutenant, servait depuis 1898 au sein du service algérien des A.I.. Et selon le commandant Peyronnet, « [...] c'est de cette entrevue que jaillit l'étincelle qui allait unir le futur Résident Général du Maroc et le jeune lieutenant » [28] Rapidement, Berriau devint même un grand familier du futur Résident général, ce dernier le conviant régulièrement à sa table [29] ; il s'y retrouvait alors en compagnie d'autres futures « figures » de l'Armée d'Afrique, tels Poueymirau, Dumas et Henrys, « tous gais compagnons, pleins d'entrain » [30] À noter qu'à propos de Berriau, Lyautey recourrait même à la figure du « frère » [31] !
13 Le journal La Croix, grand média catholique d'hier et d'aujourd'hui, nous laisse une description intéressante du jeune officier « en situation », « au contact », dans ces confins frontaliers alors très animés par des accrochages militaires sévères et autres razzias montées par des éléments marocains se refugiant de l'autre côté de la frontière une fois leurs méfaits exercés. Dans cet extrait, il s'agissait de mettre à l'amende des tribus marocaines frontalières, vaincues par les troupes françaises : « Le lieutenant Berriau consulte un carnet, indique un chiffre. Alors l'Arabe, qui est entré le premier et qui a la barbe grise, tire de son burnous un paquet de linge qu'il démaillote lentement et dont il vide le contenu sur le tapis de ses mains tremblantes. Ce sont des douros marocains en argent, des demi-douros, des quarts de douros et d'autres pièces blanches, la plupart espagnoles, une cascade de petite monnaie qu'il faut ranger en piles, compter et recompter, vérifier plusieurs fois. C'est tout un travail. Quand il est terminé, on compare les additions, puis on échange quelques paroles pour déclarer de part et d'autre qu'on est bien d'accord [...] Les Figuiguiens, la tête basse, regardent disparaître leur argent ; ils ne soufflent mot, mais il n'est que trop aisé de deviner ce qu'ils pensent. La leçon leur parait dure. » [32]
14 Berriau était appelé au Maroc dès l'automne 1907, combattant alors à Casablanca à la tête d'un goum formé des soldats indigènes de son cercle militaire du Sud-oranais. Il assura par la suite les fonctions importantes de chef du cabinet politique du Résident général, avant d'être promu à la tête de la direction des services du contrôle, quelques huit années plus tard [33] Il allait y jouer un rôle très important, déjà en imposant ses idées au moment de la définition de la politique agro-silvo-pastorale du Protectorat [34] mais aussi en participant directement à la formation des cadres civils et militaires des services du contrôle : « Avoir du bon sens, être actif, ingénieux, poli, comprendre l'âme indigène » [35] tel était son crédo. De même, Berriau était à son époque considéré comme le meilleur disciple de Lyautey et son plus fameux propagandiste. Ainsi, s'il avouait aisément que son supérieur n'était pas l'inventeur de cette doctrine coloniale, il n'en défendait pas moins le fait que son supérieur en incarnait son plus efficace promoteur, en ayant su au Maroc « [...] pénétrer tous les esprits de sa foi puissante. C'est la collaboration complète et constante du Protecteur et du Protégé [en italique dans le texte original]. En un mot, c'est l'union entre les gouvernements et les populations pour un but unique, une meilleure adaptation du territoire, de ses richesses, de son avenir, pour un plus haut idéal commun de prospérité et de civilisation » [36].
15 À sa disparition subite en décembre 1919, Berriau était remplacé par un autre homme de grande expérience, le lieutenant-colonel Huot. Lui même ancien des A.I. d'Algérie [37] son parcours se calquait fidèlement sur celui de son prédécesseur : remarqué dès 1906 par Lyautey qui le nomma chef du bureau des A.I. de Mecheria (province d'Oran), il combattit au Maroc en 1909, avant d'y être rappelé en 1915 pour créer le centre de renseignements de Tanger. Après un rappel en France en 1916, il rejoignait les services du contrôle du Protectorat marocain en août 1919 avant d'en assurer la direction de janvier 1920 à janvier 1926. Notons que son départ de la tête de ce service correspondit à la disgrâce de Lyautey, désavoué pour sa gestion de la révolte des tribus du Rif, menée par Abd el-Krim, et rappelé en métropole en octobre 1925. Pour certains auteurs, ce long et sanglant conflit découlait en grande partie d'un échec des services du contrôle du Protectorat, affaiblis par des pertes cruelles en hommes d'expérience durant la Première Guerre mondiale : « Peut-être manqua-t-on en certaines occasions, du doigté nécessaire. On ne s'improvise pas officier de Renseignements, tel que l'a si complètement défini un de leurs maîtres, le colonel Berriau, dressé à l'école du maître Lyautey. Et ce qui subsistait en 1914 de l'équipe qui avait fait le Maroc, avait été fauché par la guerre. Avant de reconstituer un pareil instrument, il faut du temps, et ici les bonnes volontés les plus dévouées ne peuvent suppléer à l'expérience, pour prévenir ou mater la dissidence » [38]. Aussi, dès sa prise de fonction en remplacement de Lyautey, le nouveau Résident général Théodore Steeg, précédemment gouverneur de l'Algérie, confirmait dans leurs fonctions l'ensemble de l'ancienne « équipe Lyautey » à l'exception très remarquée du colonel Huot, remplacé par le commandant Duclos, un ancien de l'administration algérienne que Steeg connaissait personnellement [39].
La « touche » des services du contrôle dans la politique générale du protectorat
16 Le 27 février 1923, Huot donnait au Musée social une conférence sur l'œuvre sociale de la France au Maroc [40] L'auteur y présentait ainsi les devoirs et missions de l'officier des A.I. : ce dernier a pour premier objectif la défense des indigènes contre les abus et les injustices, « [...] comme un tuteur le doit à son pupille [mais sans toutefois tomber dans] l'indigènophilie à outrance [...] Il devra déployer une activité inlassable pour connaître ses gens, déterminer leurs besoins, écouter leurs doléances et y remédier ; avoir en toutes circonstances de la clairvoyance et du jugement, un commandement ferme, calme et juste : être surtout d'une dignité morale parfaite. » [41] Au Maroc, cette défense consista principalement à refreiner les demandes du lobby colonialiste, à savoir plus de terres agricoles à mettre en valeur et un accès libre au domaine forestier.
17 Précisons préalablement que la colonisation dans les espaces ruraux a porté exclusivement sur les terres agricoles, le dahir forestier du 10 octobre 1917 ayant « sorti » en théorie les colons du domaine forestier [42] Au Maroc, elle prit deux formes : d'une part, on trouvait une colonisation dite privée, reposant sur des achats de terres à des propriétaires marocains, suivant « le droit commun » et sans intervention de l'Administration. Et d'autre part, la Direction générale de l'Agriculture et le Service des domaines mirent en place dès 1918 une colonisation officielle : les futurs périmètres ouverts aux colons étaient prélevés pour moitié sur le domaine privé de l'État chérifien (biens relevant du Makhzen et terres guich [43]),et pour un quart chacun, sur des terres faisant l'objet de la pleine propriété privative (ou terres melck [44]), ainsi que sur des terres collectives. En contrepartie de ces prélèvements, les communautés locales se voyaient octroyer « un droit de pleine propriété sur la partie qui leur était laissée » [45] alors que jusque-là, elles n'étaient sensées disposer que d'un droit de jouissance perpétuelle sur ces mêmes périmètres...
18 Dans les faits, l'exclusion des colons européens des forêts ne fut jamais strictement appliquée. Très rapidement, les usagers européens allaient être tolérés, ce qui, dès 1922, révoltait Huot : « Je souhaite que le Maroc ne connaisse pas, comme l'Algérie, la calamité des incendies de forêt dus à la malveillance indigène, mais j'aperçois, dans l'abandon prématuré du droit de parcours des indigènes dans les forêts domaniales au profit de la colonisation européenne, une cause de mécontentement qui pourrait engendrer cette calamité et je dis : soyons prudents et contentons-nous, pour le moment, d'appliquer les textes en vigueur » [46]. Les Eaux et Forêts marocains furent même parfois accusés par les services du contrôle de fermer les yeux sur ce détournement de la loi au profit des colons, à l'exemple de cette dénonciation virulente de 1937 : « La Direction des Eaux et Forêts n'a jamais fait respecter strictement ce texte ; en effet, de nombreux Européens au vu et su du Service forestier, font pâturer leurs bêtes en forêt en les inscrivant au nom d'un usager marocain » [47]. Et le contrôleur civil de citer les noms des propriétaires européens de ces troupeaux très officieusement admis au parcours, les agents des Eaux et forêts étant en effet dans l'obligation, « [...] devant la négligence de la plupart de ces messieurs, de leur adresser des correspondances pour les inviter à payer les droits » [48] À noter que le garde général des Eaux et Forêts chargé de ces peuplements ne nia pas les faits reprochés [49] Plus tard durant les années 1930, le directeur du service marocain des Eaux et Forêts, Paul Boudy, se voyait dans l'obligation de reconnaître les torts de son administration, tout en réaffirmant son souhait de travailler en commun avec les services du contrôle afin de faire appliquer cette fois-ci « strictement » l'arrêté viziriel du 15 janvier 1921 sur le parcours en forêt [50]...
19 Mais pour compliquer encore plus les choses, signalons qu'en ce qui concerne cette question de l'autorisation du pâturage sous couvert forestier, contrôleurs civils et contrôleurs militaires pouvaient être d'avis opposés ! C'est ce que montre bien l'exemple suivant, datant de juin 1922, à propos de l'organisation du pâturage dans le vaste massif forestier de la Mamora [51] On apprend dans un échange de courriers entre la direction des A.I. (donc, « les militaires ») et le service des Renseignements (le contrôle civil) que ce dernier désirait autoriser la présence de troupeaux « européens » en forêt, ce qui était totalement proscrit par l'arrêté de 1921. Le contrôle civil se retranchait derrière le fait que les besoins locaux en pâturage étant considérés comme satisfaits, rien ne s'opposait à l'introduction en forêt de ces bêtes « exogènes », sinon la difficulté de définir spatialement les parcours réservés aux Européens « [...] dont les exploitations sont toutes éloignées les unes des autres » [52] En retour, le contrôleur civil tentait d'allumer un contre-feu en dénonçant l'âpreté fiscale de l'administration forestière, accusée de vouloir fixer des redevances de pacage excessives : « [...] c'est là où se trouve le vrai danger au point de vue politique. Une innovation trop lourde à supporter révolterait les indigènes, indubitablement [souligné dans le texte original] » [53] Cet épisode eut par la suite un grand retentissement avec une poursuite des échanges épistolaires entre le secrétaire général du Protectorat et les directeurs des A.I. et du service des Renseignements, le premier s'alarmant des répercussions très graves que pourraient engendrer dans les milieux indigènes d'une part, l'application d'une redevance réclamée « [...] à des usagers qui, jusqu'à ce jour, n'ont rien payé » [54], et d'autre part, le désir des colons européens d'être admis au pacage en forêt. La réponse de Huot fut ferme et très claire : les colons sont exclus du droit au parcours, « [...] même si ces tiers acquièrent des immeubles ou droits immobiliers sur les territoires desdites tribus » [55]. De même, dans les cas où il demeurerait des périmètres susceptibles d'être pâturés non utilisés, il n'est pas question que ceux-ci soient mis à disposition de la Colonisation ; au contraire, ils devront être utilisés afin « [d'] augmenter le nombre des animaux du troupeau familial (sans redevance) et par voie de conséquence, [de] diminuer le nombre des animaux susceptibles d'être taxés » [56].
20 Pour conclure, par cette défense constante des intérêts de la population indigène, les services du contrôle furent constamment confrontés à l'hostilité déclarée du lobby colonial, à l'exemple du lieutenant-colonel Huot, exécré par certains de ses représentants : « Une décision récente de la Direction des collectivités indigènes vient d'interdire toute vente par des possesseurs indigènes à des acquéreurs européens : le colonel Huot vient de jeter le masque. » [57] Notons toutefois qu'avec le Maroc, la figure de l'officier des A.I. tutoiera le mythe, conséquence d'une ample littérature plus ou romancée qui, jusqu'aux années 1950, rencontra un très large public, tels le Henry de Bournazel (le seigneur rouge du Tafilalet) de l'académicien Henri Bordeaux [58] ou encore Goumier de l'Atlas de Jacques Weygand [59]. Et cette figure « du bon père » dévoué corps et âme à ses administrés a perduré jusqu'à nos jours, telle cette éloge des membres des services du contrôle due à Hassan II, interpellé en 1989 par le journaliste Jean Daniel du Nouvel Observateur à propos de la question du coût de la construction de la Grande Mosquée de Casablanca : « C'est là qu'intervient une sorte nostalgie. Oui !, je vais vous surprendre, j'en arrive dans ces moments-là, tenez-vous bien, à regretter ces contrôleurs civils et ses officiers des Affaires Indigènes qui, sous le régime honni de la colonisation, n'en avaient pas moins une connaissance intime de l'âme marocaine et de l'islamisme qui l'irrigue. Ce n'est pas de leur côté qu'on aurait trouvé des hommes pour sous-estimer la dimension spirituelle et collective d'un élan qui, ailleurs, a débouché sur la construction de vos cathédrales. » [60] Notons que malgré cette reconnaissance locale des mérites de ces personnels, ils connurent toutefois au moment de l'indépendance marocaine leur lot de drames, avec les enlèvements dans le grand sud marocain du lieutenant Perrin et du capitaine Moureau, tous deux officiers des A.I., suivis de l'assassinat de ce dernier après sept mois d'une détention reconnue alors par tous comme particulièrement abjecte [61].
21 Au final, selon Daniel Rivet, le sociologue Jacques Berque, dans un article fameux consacré à « Cent vingt-cinq ans de sociologie la sociologie maghrébine », aurait détecté une influence leplaysienne au sein des bureaux arabes [62] Or, comme nous l'avons déjà souligné dans un travail précédent [63] Jacques Berque se limite en fait à rendre hommage au volet « outil de connaissance » que représente la très importante littérature des bureaux arabes « [qui] regorge de matériaux bruts. Elle n'a malheureusement pas été continuée, même au Maroc » [64] Toutefois, les matériaux recueillis s'avèreraient très inégaux, faute de « méthode » : « L'enquête est trop engagée, trop contiguë, si je puis dire, à son objet. Elle pêche par utilitarisme et impressionnisme. Elle ambitionne au mieux, un échantillonnage de recettes. Manquant pour la plupart de formation scientifique, ces chercheurs s'en tenaient à ce qu'ils croyaient être les seuls moteurs de l'indigène par rapport à nous et parfois même de l'indigène pour Affaires indigènes ! Mais comment leur reprocher de n'avoir pas été plus loin ? L'ethnologie n'était pas née. » [65] Nous laisserons aux spécialistes le soin de juger si ces seules remarques de Jacques Berque permettent d'accoler un label « leplaysien » aux investigations de certains de ces officiers. Mais quoi qu'il en soit, ces multiples rapports et mémoires signés par les membres des services du contrôle méritent d'être découvert ou redécouverts, à l'exemple des travaux de jeunesse mieux connus de ce même Jacques Berque, contrôleur civil du Protectorat [66] ou de Robert Montagne, officier des A.I. [67].
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Notes
-
[1]
Daniel Rivet, Le Maghreb à l'épreuve de la colonisation, Paris, Hachette Littérature, 2002, 459 p. (p. 211).
-
[2]
Lieutenant-colonel Huot, « L'œuvre sociale de la France au Maroc », Le Musée Social, n°4, avril 1924, pp. 121-147.
-
[3]
Capitaine Lyautey, « Du rôle social de l'officier dans le service militaire universel », La Revue des deux mondes, 15 mars 1891.
-
[4]
À savoir la Direction des Affaires indigènes et des services de renseignements, de même que le Service des Contrôles civils.
-
[5]
Emmanuel Blanchard et Sylvie Thénault, « Quel « monde du contact » ? Pour une histoire sociale de l'Algérie pendant la période coloniale », Le Mouvement Social, n° 236, mars 2011, pp. 3-7.
-
[6]
Mohammed Amine Benabdallah, « Repenser d'administration », in 1956-1996, quarante ans d'administration, REMALD, Thèmes actuels n° 6, 1996, pp. 7-12 (p. 10).
-
[7]
Roger Homo, « La pacification du Maroc », in La renaissance du Maroc - Dix ans de Protectorat, Rabat, Résidence Générale de la République Française au Maroc, 1923, pp. 79-174 (p. 103).
-
[8]
La phase de soumission militaire dura en fait de 1907 à 1934 et coûta la vie à près de 100 000 Marocains et à plus de 20 000 militaires (soldats et officiers) du corps de conquête français, dont la moitié de continentaux. Chiffres cités par Daniel Rivet, Le Maghreb à l'épreuve de la colonisation, Paris, Hachette Littératures, coll. Pluriel, 2003, 459 p. (p. 219).
-
[9]
Ainsi, avant l'établissement du Protectorat et durant les premiers temps de ce dernier, on faisait la différence entre les zones sous contrôle direct de l'État chérifien (bled makhzen) et les zones considérées comme en dissidence (bled siba.)
-
[10]
Cf. Paul Doury, Lyautey, un saharien atypique, Paris, L'Harmattan, coll. Mémoire du XXe siècle, 2002, 304 p.
-
[11]
« Le but recherché par les récentes colonnes est de disjoindre le bloc des tribus encore insoumises du Moyen-Atlas et du Haut Atlas (à savoir deux blocs, un premier entre Taza et Moulouya - le second, entre la région de Meknès et celle de Tadla). Ce sont les régions les plus âpres et les plus difficiles du Maroc à tous les égards. Mais, avec du temps, de la patience et de la méthode, nous en viendrons également à bout ». Augustin Bernard, « Une nouvelle étape de l'occupation française au Maroc », Annales de Géographie, t. 26, n° 142, 1917, pp. 306-308 (p. 308).
-
[12]
Augustin Bernard, « La France au Maroc », Annales de Géographie, t. 26, n° 142, 1917, pp. 42-58 (p. 55).
-
[13]
Joseph Chailley, « La France et sa politique indigène en Afrique du Nord », France-Maroc, 15 avril 1919, pp. 89-92 (p. 90).
-
[14]
Daniel Rivet, Le Maghreb à l'épreuve de la colonisation, op. cit., p. 219.
-
[15]
Augustin Bernard, « La France au Maroc », op. cit., p. 55.
-
[16]
Ibid., p. 56.
-
[17]
Ibid, p. 57.
-
[18]
Lieutenant-colonel Huot, « La politique indigène - politique du nord et politique du sud », in La renaissance du Maroc - Dix ans de Protectorat, Rabat, Résidence Générale de la République Française au Maroc, 1923, pp. 175-184 (p. 182).
-
[19]
Roger Homo, « La pacification du Maroc », op. cit., p. 127.
-
[20]
Ibid., p. 127.
-
[21]
Jacques Berque, « Cent vingt-cinq ans de sociologie maghrébine », Annales E.S.C., n° 3, 1956, pp. 297-324 (p. 299).
-
[22]
Chiffre cité par Jacques Frémeaux, Les Bureaux arabes dans l'Algérie de la conquête, Paris, Denoël, coll. L'Aventure coloniale de la France, 1993, 310 p. (p. 38).
-
[23]
Louis-Léon-César Faidherbe, 1818-1889. « Officier pauvre », il a fait campagne en Algérie de 1842 à 1847, « [étudiant] le fonctionnement des bureaux arabes et le monde musulman », avant de diriger avec brio la colonie du Sénégal de 1854 à 1864 : « Il légua pour gouverner les territoires nés de la colonie que sa méthode avait créée, une méthode analogue. Elle tient en un mot : connaître ». A. Villard cité par Robert Delavignette, « Faidherbe », in Les Techniciens de la colonisation, Paris, PUF, 1946, 321 p. (pp. 75-92, p. 91).
-
[24]
Georges Hardy, « L'enseignement », in La renaissance du Maroc - Dix ans de Protectorat, Rabat, Résidence Générale de la République Française au Maroc, 1923, pp. 198-207 (p. 203).
-
[25]
Georges Hardy pour l'histoire — Jean Célérier, la géographie — E. Michaux-Bellaire, la sociologie. Cf. pour ce dernier, « Conférences faites au cours préparatoire du Service des affaires indigènes », Les Archives marocaines - publication de la mission scientifique du Maroc, tome XXVII, 1927, pp. I-IV et 1-337. « L'historien Michaux-Bellaire reste sociologue par l'intention ; son souci du concret, sa clairvoyance à l'égard des formules mystiques dégradées par la pratique religieuse teintée de magie, sauve aux yeux du sociologue moderne ses travaux d'histoire pure. » Georges Nicolas, « La sociologie rurale au Maroc pendant les cinquante dernières années : évolution des thèmes de recherche », Tiers-Monde, 1961, tome 2, n° 8, pp. 527-543 (p. 532).
-
[26]
Jacques Gandini, Ouarzazate au temps du Protectorat. http://www.ouarzazate-1928-1956.com/affaires-indigenes-a.i/index.html.
-
[27]
Les Catroux, Berriau, Huot, d'Ivry, Doury, etc. Général de Boisboissel, Dans l'ombre de Lyautey, Paris, André Bonne édit., 1953, 367 p.
-
[28]
Commandant R. Peyronnet, Livre d'or des officiers des Affaires indigènes, Alger, Imprimerie Algérienne, 1930, tome II, 982 p. (p. 538).
-
[29]
« Combien d'heures j'ai passées à l'écouter, l'admirant, à la fois humain et novateur ». Hubert Lyautey, « Discours prononcé à l'occasion des obsèques du colonel Berriau », France-Maroc, 15 janvier 1919, pp. 28-29 (p. 28).
-
[30]
Hubert Lyautey, Paroles d'action : Madagascar, Sud-Oranais, Oran, Maroc (1900-1926). Paris, Armand Colin, 1927. p. 380.
-
[31]
« Je me demandais si je pourrais me résoudre à prendre la parole et un frère ne parle pas sur la tombe de son frère, et nous étions unis, Berriau et moi, d'une amitié fraternelle ». Hubert Lyautey, discours prononcé à l'occasion du décès du colonel Berriau, Paroles d'action : Madagascar, Sud-Oranais, Oran, Maroc (1900-1926), op. cit. (p. 274).
-
[32]
« Le paiement du tribu à Zenaga », La Croix, 25 juin 1903.
-
[33]
Aimé des indigènes parce qu'il les aimait et les comprenait, il allait rendre au Général Lyautey des services inappréciables. Confident sûr et solide de tous les chefs indigènes, militaire convaincu et passionné, politique souple et persuasif, il fournissait un effort magnifique et fructueux : c'est parce qu'il avait ce don, cette véritable divination de l'âme indigène qu'il faut l'agent de liaison incomparable entre ce peuple et nous, la cheville ouvrière de la politique du Protectorat. » Commandant R. Peyronnet, Livre d'or des officiers des Affaires indigènes, op. cit., p. 539.
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[34]
Cf. Jean-Yves Puyo, « Lyautey et la politique forestière du Protectorat marocain : des influences leplaysiennes « tardives » ? », op. cit.
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[35]
Conférence du colonel Berriau au Centre de perfectionnement de Meknès, mai 1918. Cité par J.R., « Les services spéciaux, de l'Afrique du Nord et du Levant », La Revue militaire, juin 1922, pp. 114-117 (p. 116).
-
[36]
Gabriel Hanotaux, « La politique colonisatrice de la France », France-Maroc, n° 10-11, octobre-novembre 1918, pp. 293-300 (p. 300).
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[37]
Nommé en 1899, il y côtoya le Père de Foucauld qui résida un temps dans son cercle militaire.
-
[38]
Jacques Ladreit de Lacharrière, « Vers la roche tarpéienne », France-Maroc, décembre 1925, pp. 232-236 (p. 234).
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[39]
Mutation importante à coup sûr, en raison de l'expérience marocaine du colonel Huot, mais qui ne pouvait modifier l'état d'esprit des autres membres du gouvernement. » Julien Luccioni, « De Lyautey à Steeg : un témoignage », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, n° 36, 1983, pp. 65-73 (p. 72).
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[40]
Les caractéristiques essentielles de la politique indigène, a dit le Maréchal Lyautey, sont la générosité et la sympathie ». Lieutenant-colonel Huot, « La politique indigène-politique du nord et politique du sud », in La renaissance du Maroc-Dix ans de Protectorat, op. cit., pp. 175-184 (p. 182).
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[41]
Ibid., p. 182.
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[42]
On a cru rappeler dans le texte du Dahir le principe de l'incessibilité du droit d'usage, qui, au Maroc comme en Algérie et en Tunisie, ne doit être exercé que par les anciens occupants du sol, c'est-à-dire par les indigènes musulmans, à l'exclusion des étrangers (Européens, Israélites-Algériens, etc.). » Paul Boudy, projet de Dahir « forestier », juin 1917. Direction des Affaires indigènes, art. 75 - Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
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[43]
Le foncier relève du Makhzen mais l'usufruit est laissé à des communautés locales en contrepartie de la mobilisation de leurs hommes lors des conflits militaires.
-
[44]
Julien Luccioni, « De Lyautey à Steeg : un témoignage », op. cit.
-
[45]
André Leroy, « L'agriculture - la colonisation », in La renaissance du Maroc - Dix ans de Protectorat, op. cit., pp. 281-293 (p. 284).
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[46]
Courrier du directeur des Affaires indigènes au secrétaire général du Protectorat, 6 juin 1922. Direction des Affaires indigènes, art. 319b. Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
-
[47]
Courrier du contrôleur civil chef de l'annexe des Zaërs à propos du parcours en forêt - cas des Zemmour, 4 octobre 1937. Direction de l'intérieur, art. 596 - Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
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[48]
Ibidem.
-
[49]
Thibaudet, courrier du 22 février 1937 au contrôleur civil, chef de la circonscription de Khemisset. Direction de l'intérieur, art. 596 - Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
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[50]
« L'absence de toute réglementation attire également un nombre rapidement croissant d'Européens dont la seule ressource est l'élevage de troupeaux sur les pâturages de forêt. Leurs installations sur des terrains voisins des forêts constituant une façade qui ne saurait échapper à personne. Or [...] les troupeaux qu'ils envoient en forêt sont d'un nombre considérable ». Courrier de Paul Boudy au directeur des Affaires politiques, 22 février 1937. Direction de l'intérieur, art. 596 - Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
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[51]
Cercle de Tiflet, dans la province de Khémisset, située à l'ouest de Rabat (région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër).
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[52]
Rapport du 15 juin 1922, signé Communaux, chef du contrôle civil des Zemmour, au secrétaire général du Protectorat (Peysonnel), à propos d'un courrier du Directeur des Affaires indigènes s'élevant contre le contenu du procès-verbal d'une commission de pacage. Direction des Affaires Indigènes, art. 319 b - Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
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[53]
Ibid.
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[54]
Courrier du secrétaire général du Protectorat au directeur des Affaires indigènes et du service des Renseignement, 26 mai 1922 Direction des Affaires Indigènes, art. 319 b - Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
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[55]
Colonel Huot, courrier au secrétaire général du Protectorat, 6 juin 1922. Direction des Affaires Indigènes, art. 319 b - Fonds Maroc, Arch. diplo. Nantes.
-
[56]
Ibid.
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[57]
Labadie-Lagraves, Le mensonge marocain, Casablanca, Imprimerie ouvrière, 1925, 397 p. (p. 232).
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[58]
Paris, Librairie Plon, 1935, 358 p.
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[59]
Paris, Flammarion, coll. L'Aventure vécue, 1954, 251 p.
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[60]
Cité par Jacques Gandini, Ouarzazate au temps du Protectorat, op. cit.
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[61]
Cf. Jean Lartéguy, La tragédie du Maroc interdit, Paris, éditions Les 4 fils Aymon, 1957, 190 p.
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[62]
Daniel Rivet, Lyautey et l'institution du Protectorat français au Maroc, 1912-1925, Paris, L'Harmattan, 1996, tome 1, 267 p. (p. 199).
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[63]
Jean-Yves Puyo, « Lyautey et la politique forestière du Protectorat marocain : des influences leplaysiennes « tardives » ? », in Frédéric Le Play - parcours, audience, héritage, A. Savoye & F. Cardoni (dir.), Paris, ParisTechn, coll. Sciences Sociales, 2007, 325 p. (pp. 239-262).
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[64]
Jacques Berque, « Cent vingt-cinq ans de sociologie maghrébine », op. cit., p. 316.
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[65]
Ibid., p. 302.
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[66]
Sur cet épisode de sa vie, se référer à son article « Entrée dans le bureau arabe » (in Jean Duvignaud (dir.), Nomades et vagabonds, Paris, Bourgois, coll. 10/18, 1975, pp. 113-139) mais aussi à l'analyse qu'en fait Jacques Frémeaux, grand spécialiste de ces mêmes bureaux, dans « Missionnaire en burnous bleu », Revue du monde musulman et de la Méditerranée, n° 83-84, 1997, pp. 67-73.
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[67]
Georges Nicolas, « La sociologie rurale au Maroc pendant les cinquante dernières années : évolution des thèmes de recherche », op. cit.