Notes
-
[1]
B. Kalaora et A. Savoye, Les inventeurs oubliés, Seyssel, Champ Vallon, 1989.
-
[2]
Cf. M. Nouvel, Les idées sociales de F. Le Play : réseaux de diffusion, réception critique et incidences politiques sous le Second Empire, thèse de doctorat en histoire, Université Montpellier III, 2006 ; J.-L. Coronel de Boissezon, Frédéric Le Play face au droit. Une critique de la codification et de la centralisation au XIXe siècle, thèse de doctorat en droit, Université Paris XI, 2008.
-
[3]
A. Houtin, Le Père Hyacinthe, Paris, E. Nourry, 1920-1922, 3 tomes. Bien qu'ancien, ce livre reste une référence incontournable, Hyacinthe Loyson n'ayant guère fait l'objet depuis de travaux scientifiques approfondis. Citons : L. Portier, Christianisme, églises et religions : le dossier Hyacinthe Loyson, Louvain-la-Neuve, Centre d'histoire des religions, 1982 ; V. Zuber, « Hyacinthe Loyson, d'un catholicisme à l'autre... », dans A. Dierkens (dir.), L'intelligentsia européenne en mutation (1850-1875), Éd. de l'Université de Bruxelles, 9/1998, p. 197-214.
-
[4]
La correspondance de Loyson à Le Play est conservée à la Bibliothèque de l'institut, à Paris : Ms 6063, feuillets 205 à 262. Nous adressons nos vifs remerciements à Matthieu Brejon de Lavergnée qui a eu l'amabilité de mettre à notre disposition la transcription intégrale de ces lettres. La correspondance de Le Play à Loyson est conservée à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève : Ms. Fr. 2961, f° 27-143. Sauf indication contraire, les lettres citées dans cet article proviennent de ces deux fonds.
-
[5]
A. Houtin, op. cit., 1922, t. 3, p. 149 : « La revue qui se donne comme l'héritière et la continuatrice de Le Play, La Réforme sociale, n'a pas accepté de publier sa correspondance, même en partie. »
-
[6]
F. Le Play, La Réforme sociale en France déduite de l'observation comparée des peuples européens, Paris, Plon, 1864, 2 tomes. [La Réforme sociale dans la suite du texte].
-
[7]
A. Houtin, op. cit., 1920, t. 1, p. 182.
-
[8]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 24 juillet 1865.
-
[9]
M. Nouvel, Frédéric Le Play, une réforme sociale sous le Second Empire, Paris, Économica, 2009.
-
[10]
Notice biographique dans J.-P. Chantin (dir.), Les marges du Christianisme, Paris, Beauchesne, 2001, p. 166. Vicaire à la paroisse de Saint-Sulpice à Paris (1856-1857), Hyacinthe prônait déjà la liberté épiscopale, la tolérance à l'égard des autres religions et des libres-penseurs, et la liberté d'expression à l'intérieur de l'Église.
-
[11]
A. Houtin, op. cit., 1920, t. 1, p. 182-183.
-
[12]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 13 mai 1866.
-
[13]
Cité dans H. Cordey, Edmond de Pressensé et son temps, Lausanne, Bridel, 1916, p. 418.
-
[14]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 1er oct. 1866.
-
[15]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 27 sept. 1866.
-
[16]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 12 sept. 1866. Hyacinthe le recommande aussi auprès de l'abbé Captier (frère du père Captier) et de l'abbé Sire.
-
[17]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 21 sept. 1866.
-
[18]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 18 nov. 1865.
-
[19]
A. Houtin, op. cit., 1920, t. 1, p. 184.
-
[20]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 20 oct. 1866, citée dans ibid., p. 184-185.
-
[21]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 5 oct. 1867, citée dans ibid., p. 189-190.
-
[22]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 27 sept. 1866.
-
[23]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 13 avril 1866.
-
[24]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 27 sept. 1866.
-
[25]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 13 avril 1866.
-
[26]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 18 nov. 1865.
-
[27]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 8 juin 1866.
-
[28]
28 H. Loyson, Conférences à Notre-Dame : Avent 1866, Paris, Albanel, 1868, n° 1, 2 déc. 1866, p. 3.
-
[29]
H. Loyson, Conférences à Notre-Dame : Avent 1866, n° 6, 6 janv. 1866, p. 4.
-
[30]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 28 déc. 1868. Il cite notamment des extraits de la Genèse.
-
[31]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, s.d. [vers 1869]. Au terme de sa réflexion, Le Play écrit en 1869 à Hyacinthe : « J'ai fini mon grand travail qui se réduit à recommander la pratique du Décalogue. »
-
[32]
Cf. M. Nouvel, « F. Le Play, réforme sociale et re-christianisation sous le Second Empire », dans B. Béthouart et G. Cholvy (dir.). La Christianisation à travers l'histoire, Boulogne-sur-mer, Université du Littoral, 2009, p. 157-176.
-
[33]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 4 oct. 1867 : « Il est malheureux que le peuple catholique s'en tienne généralement à l'Évangile. Les protestants, mieux avisés, tirent de l'Ancien Testament une force incomparable pour ordonner la vie publique. »
-
[34]
H. Loyson, Conférences à Notre-Dame : Avent 1866, n° 2, 9 déc. 1866, « Exorde », p. 1.
-
[35]
Hyacinthe – comme Le Play (lettres des 20 sept. 1867 et 21 août 1868) – critique ici aussi bien les adeptes de la pensée de Rousseau que ceux qui utilisent le darwinisme et le mythe du « bon sauvage » hérité du XVIIIe siècle pour défendre l'idée d'un homme naturellement bon. Pour le contexte intellectuel, voir les études rassemblées dans I. Poutrin (dir.), Le XIXe siècle : Science, politique et tradition, Paris, Berger-Levrault, 1995.
-
[36]
À la science positiviste d'Auguste Comte et de John Stuart Mill – conception rationaliste de l'Univers d'où tout surnaturel est exclu –, Hyacinthe oppose la science sociale leplaysienne qui, portée par un désir « positif » de Vérité, invite à défendre la religion chrétienne « révélée ». Ancien adepte d'A. Comte, Léon Donnat se serait, selon Le Play, dont il est alors un proche collaborateur, converti au catholicisme à la lumière des « faits » (lettre de Le Play, 30 mars 1866).
-
[37]
H. Loyson, Conférences à Notre-Dame : Avent 1866, n° 5, p. 9. Cf. M. Nouvel, « L'éducation dans La Réforme sociale », dans J.-F. Marchat (dir.), Le Play, économie sociale et éducation(s), colloque de Limoges, 5-6 oct. 2006 [actes sur cédérom].
-
[38]
H. Loyson, Conférences à Notre-Dame : Avent 1866, n° 5, p. 9.
-
[39]
Ibidem.
-
[40]
H. Loyson, Conférences à Notre-Dame : Avent 1866, n° 3, 16 déc. 1866, p. 3. Sur cette question des mœurs, voir A. Corbin, Les filles de noce. Misère sexuelle et prostitution (19 et 20e siècles), Paris, Aubier Montaigne, 1978.
-
[41]
F. Le Play, La Réforme sociale, 1866, 2e éd., t. 1, p. 277.
-
[42]
Dans la Réforme sociale (1864), Le Play dénonce les adeptes du « scepticisme » qui combattent la religion et nient son utilité pour les sociétés modernes en vertu d'arguments empruntés à la science, l'histoire et à l'expérience (t. 1, chap. 1 : « La Religion », § 1 : « Trois objections des sceptiques »).
-
[43]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 15 déc. 1867.
-
[44]
H. Loyson, Conférences à Notre-Dame : Avent 1867, Paris, Albanel, 1867, n° 1, p. 27.
-
[45]
Ibidem.
-
[46]
Idem, p. 21.
-
[47]
Idem, p. 23.
-
[48]
A. Houtin, op. cit., 1920, p. 187.
-
[49]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 21 sept. 1866.
-
[50]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 21 sept. 1866.
-
[51]
Lettres de Le Play à Hyacinthe, 1er janv. et 1er déc. 1867.
-
[52]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 15 nov. 1867. À Malines, le 6 sept. 1867, dans une conférence intitulée L'Éducation des classes ouvrières, Hyacinthe aborde une première fois la question ouvrière. Renvoyant aux travaux de Le Play, il souligne le caractère fécond d'une éducation professionnelle délivrée dans le cadre d'un atelier.
-
[53]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 4 oct. 1867.
-
[54]
Plus tard, Le Play fera lui-même la promotion des discours de Notre-Dame dans l'entourage de l'empereur, et même auprès de ce dernier (lettre de Le Play à Hyacinthe, 25 fév. 1869).
-
[55]
A. Houtin, op. cit., 1920, p. 184.
-
[56]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 27 oct. 1866, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 184.
-
[57]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 6 fév. 1868.
-
[58]
En pleine polémique, Hyacinthe s'est prononcé en faveur du pouvoir temporel du pape. Cf. V. Zuber, « Hyacinthe Loyson... », art. cité.
-
[59]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 7 fév. 1868.
-
[60]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 7 fév. 1868.
-
[61]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 30 mars 1868, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 183.
-
[62]
Mgr Dupanloup est notamment célèbre pour son interprétation libérale du Syllabus (1864) qui visait à réconcilier l'Église de France avec les autorités romaines.
-
[63]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, nov. 1868. Dans les premières éditions de la Réforme sociale, Le Play dénonçait davantage les « erreurs » commises dans le passé par les catholiques que leur attitude présente.
-
[64]
A. Houtin, op. cit., 1920, p. 183.
-
[65]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 12 août 1866.
-
[66]
A. Houtin, op. cit., 1920, p. 188.
-
[67]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 6 sept. 1868.
-
[68]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 30 déc. 1867.
-
[69]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 12 août 1866.
-
[70]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 6 nov. 1868.
-
[71]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 6 nov. 1868.
-
[72]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 31 déc. 1867. Parmi les « amis » les plus proches de Le Play, on trouve, outre Cochin et Montalembert, Albert de Saint-Léger, Charles de Ribbe, Denys Benoist dAzy et Léon Donnat. Cf. M. Nouvel, Frédéric Le Play, une réforme sociale..., op. cit.
-
[73]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 29 déc. 1868.
-
[74]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 9 août 1866.
-
[75]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 17 nov. 1866.
-
[76]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 19 juin 1869, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 298-299. Dans les milieux catholiques, la participation du célèbre orateur au congrès fit débat. Celui-ci y retrouve notamment leur ami commun le père Gratry, ainsi que l'ancien saint-simonien Michel Chevalier.
-
[77]
Lettre de Hyacinthe à Pressensé, 7 sept. 1869, citée dans H. Cordey, op. cit., p. 414.
-
[78]
Cf. M. Nouvel, « F, Le Play, réforme sociale et re-christianisation... », art. cité.
-
[79]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 5 mai 1866 : « Les religieux doivent restreindre leur action, lorsque les laïques font suffisamment leur devoir sur un sujet déterminé. »
-
[80]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 24 janv. 1867.
-
[81]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, nov. 1868.
-
[82]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 24 janv. 1867.
-
[83]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 6 nov. 1868.
-
[84]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 11 nov. 1868.
-
[85]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, nov. 1868.
-
[86]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 6 nov. 1868.
-
[87]
Musée Arbaud, Aix-en-Provence, fonds de Ribbe, lettre de Le Play à C. de Ribbe, mai 1866.
-
[88]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, nov. 1868.
-
[89]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 6 nov. 1868.
-
[90]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 22 juillet 1869.
-
[91]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 5 oct. 1867.
-
[92]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 23 août 1869.
-
[93]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 23 août 1869.
-
[94]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 23 sept. 1866.
-
[95]
F. Le Play, La Réforme sociale [1864], p. 362.
-
[96]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 6 sept. 1868. « Les sujets que vous traitez dans le second livre [...] pourront me servir de préparation à mes prochaines conférences. Je veux parler cette année de l'Église, et je tiendrai à le faire d'une manière pratique et en l'envisageant plutôt dans les faits que dans les idées et dans le présent que dans le passé. »
-
[97]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 5 oct. 1867, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 189 (à propos du discours de Malines, 1867).
-
[98]
Lettres de Hyacinthe à Le Play, 10 juillet et 30 sept. 1869.
-
[99]
F. Le Play, La Réforme sociale [1864], t. 1, p. 4 ; t. 2, p. 340.
-
[100]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 20 août 1869.
-
[101]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 5 oct. 1867, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 190.
-
[102]
Ibid., p. 357.
-
[103]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 25 fév. 1869.
-
[104]
Le Temps, 20 sept. 1869 ; Le Journal des débats, 21 sept. 1869.
-
[105]
Lettre de Hyacinthe à Pressensé, 26 sept. 1869, citée dans H. Cordey, op. cit., p. 416.
-
[106]
Lettre de Montalembert, 9 oct. 1869, citée dans P. Lecanuet, Montalembert, Paris, Poussielgue, 1902, t. 3, p. 453.
-
[107]
Cité dans P. Pierrard, Louis Veuillot, Paris, Beauchesne, 1998, p. 94-96.
-
[108]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 24 sept. 1869, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 326.
-
[109]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 326.
-
[110]
« Qui pourrait vous blâmer... Si vous n'allez pas trop loin ? Mais si cette lettre était un premier pas dans la voie où l'on sort de l'Église, je ne vous en serais pas moins attachée ; mais je serais désolée [...]. Comment vous entendez régler votre vie ? » (Lettre de Mme de Forbin d'Oppède, sept. 1869, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, t. 1, p. 326).
-
[111]
H. Cordey, op. cit., p. 419.
-
[112]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, entre le 7 et le 13 juin 1870.
-
[113]
A. Houtin, op. cit., 1922, p. 16.
-
[114]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 3 fév. 1868, citée dans A. Houtin, op. cit., 1922, p. 315.
-
[115]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 28 mars 1871, citée dans A. Houtin, op. cit., 1922, p. 320.
-
[116]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 12 juin 1869, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 315.
-
[117]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 27 sept. 1870.
-
[118]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 28 mars 1871, citée dans A. Houtin, op. cit., p. 320.
-
[119]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 28 mars 1871, citée dans A. Houtin, op. cit., p. 320. Et Le Play d'avancer un argument historique : « Cette situation était fort commune aux grands siècles de l'Église. On différait profondément sur les formes et les dogmes ; mais on s'accordait par la charité et le dévouement aux ouailles qui sont le vrai fonds de la doctrine de Jésus-Christ. »
-
[120]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 20 oct. 1866, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 185.
-
[121]
Le Play s'apprête à publier L'Organisation du travail (Tours, Mame, 1870).
-
[122]
H. Cordey, op. cit., p. 419.
-
[123]
Expression utilisée par Hyacinthe dans une lettre adressée à Le Play le 7 février 1867.
-
[124]
H. Loyson, Journal, 26 juillet 1870, cité dans A. Houtin, op. cit., 1922, p. 38-39.
-
[125]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 26 juillet 1870, citée dans A. Houtin, op. cit., 1922, p. 39.
-
[126]
La France, 30 juillet 1870, et Le Journal des débats, 31 juillet 1870.
-
[127]
Lettre inédite de Hyacinthe à Le Play, s.d. [vers 1870].
-
[128]
A. Houtin, op. cit., 1922, p. 421. « La lettre du 28 mars 1871 fut peut-être la dernière de cette correspondance. [...] Après cette date, il n'est plus question de F. Le Play dans le journal. »
-
[129]
H. Loyson, Journal, cité dans A. Houtin, op. cit., 1922, p. 421.
-
[130]
A. Houtin, op. cit., 1922, p. 313.
-
[131]
E. de Curzon, 1899, p. 232, cité dans A. Houtin, op. cit., 1922, p. 313.
-
[132]
Voir L. Baunard, La Foi et ses victoires, 1884 ; abbé A. Riche, Frédéric Le Play, 1891.
-
[133]
Voir M. Brejon de Lavergnée, « Le Play et les milieux catholiques », dans A. Savoye et F. Cardoni (dir.), Frédéric Le Play. Parcours, audience, héritage, Paris, École des Mines, 2007, p. 159-180.
1Longtemps « oublié », Frédéric Le Play bénéficie aujourd'hui d'un vrai regain d'intérêt dont témoigne depuis plusieurs années la multiplication d'ouvrages et de travaux, initiée par Bernard Kalaora et Antoine Savoye [1] dans les milieux de la sociologie, et poursuivie dans des domaines aussi variés que l'histoire, le droit ou les sciences de l'éducation. À la faveur de ces recherches nouvelles, le monde scientifique découvre ou redécouvre un enquêteur novateur, un penseur engagé mais aussi un homme public entièrement voué à un projet social qu'il promeut dans le cadre d'un vaste réseau relationnel [2]. Parmi ses illustres correspondants, le R.P. carme Charles Loyson (1827-1912) – qui a pris le nom de frère Hyacinthe en 1858 – se distingue par le caractère atypique de son parcours intellectuel et spirituel.
2« Biographie officielle » avalisée par Charles Loyson, le livre d'Albert Houtin consacre un long passage aux liens d'amitié qui unissent Frédéric Le Play au père Hyacinthe durant les dernières années du Second Empire, années fortement marquées par les préparatifs du premier concile du Vatican [3]. Pour élaborer son récit rétrospectif, Houtin s'appuie sur la correspondance entre Le Play et Loyson et le journal tenu par ce dernier. Cependant, nombre de lettres ont échappé à ses investigations et restent à ce jour inédites [4]. Évoquée en 1922, la publication de l'intégralité de cette correspondance dans la revue La Réforme sociale n'a jamais vu le jour, la rédaction de l'époque considérant Hyacinthe Loyson comme un sujet par trop brûlant [5].
3Il est vrai qu'en leur temps, les prises de positions du père Hyacinthe à l'égard de l'Église romaine et du dogme catholique ont fait grand bruit. Publiés à partir de 1871, ses projets de rénovation du catholicisme ont suscité la polémique et marqué durablement les esprits. Les réflexions qu'il exprime alors sont le fruit d'un cheminement spirituel entamé de longue date dont témoigne, dès le milieu des années 1860, sa correspondance avec Le Play.
4Ainsi, échangée à l'heure où les catholiques français se divisent sur les notions de liberté et de modernité, l'abondante correspondance entre Le Play et Loyson se révèle précieuse pour rendre compte des pensées de Hyacinthe aussi bien que des idées de Le Play en matière de religion, de réforme et d'Église. À une époque où l'auteur promeut activement sa Réforme sociale [6], ce corpus de lettres inédites éclaire en particulier le regard porté par le religieux sur le projet social leplaysien.
5Dans leurs échanges, deux grandes périodes se dessinent : la première, faite d'influence réciproque (1865-1867), les mène vers une seconde de fort rapprochement amical et intellectuel (1868-1869), qui ne parvient pas cependant à éviter la rupture en 1871.
Le Play et Hyacinthe : une lutte d'influence ?
6Selon Albert Houtin, la rencontre entre Le Play et Hyacinthe aurait eu lieu en 1866 [7] Retrouvée dans les « papiers Le Play », une lettre du père Hyacinthe démontre cependant que leurs premiers échanges épistolaires remontent à l'année 1865 [8]. À cette époque, Le Play, conseiller d'État depuis 1856, vient de se voir désigné commissaire général de l'Exposition universelle prévue pour l'année 1867. Réputé pour son ouvrage de science sociale intitulé Les Ouvriers européens paru en 1855, il vient de publier La Réforme sociale, un ouvrage porteur d'un projet de société d'essence empirique qui divise les milieux intellectuels et politiques [9]. D'un point de vue idéologique, l'auteur laisse transparaître ses affinités avec les courants catholiques libéraux auxquels appartiennent ses plus proches amis tels qu'Augustin Cochin et Charles de Montalembert. Encouragé par le succès de ses travaux, l'auteur prépare la seconde édition de la Réforme sociale au moment où il entame sa correspondance avec Charles Loyson.
7Carme déchaussé depuis 1860, réputé pour ses idées libérales et son éloquence, le père Hyacinthe, fort du soutien de l'archevêque de Paris Monseigneur Darboy, est en charge des conférences de l'Avent à Notre-Dame [10]. Données pour l'Avent 1864, ses premières prédications ont obtenu un franc succès auprès des élites venues nombreuses, et notamment auprès de la jeunesse parisienne. Alors qu'il prépare ses prochaines conférences, l'orateur est, dès 1865, sollicité par l'auteur de la Réforme sociale : celui-ci désire lui soumettre les épreuves de la future réédition de son livre. Une telle démarche n'est pas exceptionnelle de la part de Le Play qui recherche, depuis la première heure, ce qu'il appelle des autorités sociales – c'est-à-dire des personnalités qui seraient dignes, d'un point de vue intellectuel comme personnel, de lui prodiguer leurs conseils.
8Comme l'explique Albert Houtin, les deux hommes cherchent dès leur rencontre à se « convertir » l'un l'autre : d'un côté, « Le Play [espère] gagner à son système de réforme sociale l'éloquent orateur de Notre-Dame » ; de l'autre, « le Père Hyacinthe [désire] convertir Le Play qui [est] spiritualiste, et l'amener, au nom de la science sociale, à proclamer la supériorité du catholicisme romain, “la religion de la France” comme disait Le Play, sur les autres confessions chrétiennes » [11]. Le célèbre prédicateur a donc l'ambition de mettre la science sociale leplaysienne au service de la réhabilitation du catholicisme romain, en incitant notamment l'enquêteur à corriger ses ouvrages.
Réformer la chaire : vers des prédications leplaysiennes ?
9À compter de 1866, les échanges épistolaires entre les deux hommes se font plus réguliers et leurs rencontres assez fréquentes. Si chacun entend beaucoup apprendre de l'autre [12], leurs relations se trouvent parfois entravées par les contraintes de la Règle auxquelles doit se soumettre le père carme. En questionnement perpétuel depuis son entrée dans les ordres, le religieux confie à son correspondant le sentiment de malaise qu'il ressent au sein d'un carmel qu'il considère de plus en plus comme une « prison de l'âme » [13].
10De vive voix ou, à défaut d'entrevue, par voie épistolaire, les deux hommes débattent de leurs travaux respectifs : « Nous causerons de mon travail, puisque vous le voulez bien, mais aussi de votre nouveau Plan que je porterai avec moi. » [14] Ils s'entretiennent de faits de religion et s'interrogent sur leurs rapports à la modernité. Sur ces sujets, Hyacinthe fait figure de spécialiste aux yeux de Le Play. Le plus souvent à partir de questions soulevées par la Réforme sociale, leur champ de discussion s'élargit pour embrasser des problèmes généraux mêlant faits de société et morale sociale.
11Dès cette époque, les deux hommes ont un objectif commun : promouvoir les principes du christianisme et les bonnes mœurs. Depuis ses premières investigations, Le Play a toujours considéré son oeuvre comme un travail de recherche destiné à éclairer les débats de son temps et procurer des arguments nouveaux aux personnalités habituées des tribunes. Par la science sociale, il rejoint dans leur combat les apologètes : c'est donc naturellement qu'il met ses travaux à la disposition de l'orateur de Notre-Dame.
12Séduit par la démarche leplaysienne, Hyacinthe fait, de son côté, la promotion de la Réforme sociale auprès des ecclésiastiques. Par onde de proximité, il diffuse l'ouvrage et entreprend de recruter de nouveaux correcteurs, spécialistes des questions religieuses : « Vous voulez bien me demander de vous signaler parmi mes amis, ceux qui me paraissent [le] plus à même de lire avec fruits, et au besoin, d'annoter la Réforme sociale. » [15] Il le recommande par exemple à son ami le père Captier qui inspire grandement confiance à Le Play : il « [...] sera comme vous un des solides promoteurs de la Réforme. » [16] C'est ainsi que Hyacinthe procure son aide à l'auteur pour tisser un réseau de sympathisants dans les milieux ecclésiastiques.
13À titre personnel, Hyacinthe déclare trouver dans la Réforme sociale un « véritable objet d'étude » [17], une source de réflexion, voire d'inspiration pour des sujets tels que la famille, la religion et même la société en général : « Il y a là une véritable mine à exploiter. » [18] Dès cette époque, l'influence de Le Play sur Hyacinthe se fait d'ailleurs sentir à travers ses conférences de l'Avent, comme le confirme Albert Houtin : « Le Play l'influença certainement beaucoup dans le choix des sujets des deux Avents de 1866 et 1867 et dans la manière dont il les traita. » [19]
La science sociale au crédit de la religion
14Fort de ses travaux, Le Play souhaite voir Hyacinthe renouveler la manière dont sont construites et étayées les prédications de son temps. L'orateur de Notre-Dame doit les rendre moins dogmatiques, plus sociales et plus contemporaines : « Le haut enseignement qu'encourage notre éminent archevêque doit être plus expérimental que métaphysique [...]. Je voudrais que tout tendit directement à montrer la corruption présente et à signaler le moyen de réforme. » [20]
15L'auteur conseille ainsi au père Hyacinthe de parler de choses « prouvables », intelligibles par tous, et d'utiliser les enseignements de la science sociale à des fins d'apologétique pour combattre les sceptiques sur leur propre terrain, celui de la Raison :
La science sociale infiniment plus que la métaphysique, est l'arme ou l'instrument du prédicateur chrétien. La métaphysique est à sa place lorsqu'il s'agit de faire, pour une société croyante, la théorie de ses convictions [...]. Elle est impuissante pour une société plongée, comme la nôtre, dans le scepticisme [...]. Cherchez donc, mon cher Père, dans la science sociale, c'est-à-dire dans les faits sociaux actuels interprétés par les lumières de la théologie, le point de départ de vos futures conférences de Paris et surtout de Rome, je suis à votre disposition pour vous signaler les faits actuels que j'ai étudiés [21].
17Pour Le Play, il ne s'agit en aucun cas d'une mise à l'épreuve scientifique du contenu des Écritures, ni même d'une remise en question de la validité des dogmes ; l'objectif est de mettre à profit les enseignements délivrés par la science sociale et de démontrer, faits à l'appui, combien les principes du christianisme président à l'organisation des sociétés prospères.
18Dès 1866, Hyacinthe admet l'utilité de la science sociale pour les hommes d'Église appelés à défendre la religion dans le monde moderne : « Quant à l'intérêt pour le prêtre catholique de constater ainsi par les faits les grandes lois divines et humaines qui président à l'existence individuelle et sociale d'ici-bas, il est de premier ordre. » [22] Visiblement convaincu par les arguments de l'auteur, le religieux semble déterminé à faire usage de la science leplaysienne : « Je serai heureux et fier de me mettre à votre école pour cette science des sociétés humaines, qui ne devrait pas plus être étrangère à l'intelligence du prêtre catholique qu'elle ne peut être indifférente à son cœur. » [23] Le prédicateur se dit prêt à « [...] compléter la science métaphysique du dogme par cette science positive et pratique de l'observation » [24] qui combat, à armes égales, la fausse science positiviste : « Votre science est une science expérimentale et positive, dans la vraie portée du mot ; son accent est celui de l'impartialité et de la bienveillance. » [25]
19Attaché aux questions de méthode, l'auteur de la Réforme sociale s'efforce également de « guider » son correspondant dans le choix de ses sujets. En 1865, alors que Hyacinthe prépare ses prochaines conférences, il lui offre plusieurs de ses ouvrages. En accusant réception, l'ecclésiastique lui assure qu'il les consultera : « Je tâcherai de l'utiliser pour mon prochain travail de l'Avent. Nous en causerons. » [26] Cependant, cette année-là, l'influence de Le Play sur Hyacinthe n'est pas encore très grande ; il n'assiste d'ailleurs pas aux prêches de l'Avent.
20L'année suivante en revanche, les deux hommes semblent plus liés : ils se rencontrent plus régulièrement et s'entretiennent davantage des conférences de Notre-Dame, comme en témoigne cette lettre de Hyacinthe adressée à Le Play : « Je suis désireux de prendre une de vos excellentes leçons. » [27] Durant l'Avent, les deux hommes se voient même entre chaque conférence pour discuter de la soirée passée et des dimanches à venir. Le Play devient un auditeur assidu ; il se rend à Notre-Dame en compagnie de son fils et de plusieurs de ses amis de la Société d'économie sociale. Comme pour accéder aux requêtes de son ami, le religieux annonce, en ouverture de sa première prédication le 2 décembre 1866, qu'il va traiter du « côté religieux des questions sociales » [28]. L'orateur envisage d'autant plus volontiers de développer ces thématiques qu'il est à cette époque peu enclin à parler de dogmes, étant en proie, sur un plan personnel, aux doutes et aux remises en cause d'ordre spirituel.
De la science sociale à la morale chrétienne
21Du point de vue de la manière, l'influence de Le Play paraît manifeste dès 1866. À l'appui de ses réflexions, Hyacinthe cite les faits et parle de lois sociales présidant au bon fonctionnement des sociétés. C'est le cas notamment lorsqu'il est question du foyer domestique, sujet central dans l'œuvre leplaysienne :
Le foyer domestique doit être transmis, mais pourquoi ? D'abord, parce que c'est un fait. On veut des faits aujourd'hui et on a raison : c'est dans les faits qu'on peut recueillir les idées et les lois [...]. Du reste, cette tradition du foyer domestique n'est pas seulement dans le passé, elle est dans le présent. Elle existe dans l'Europe entière. [C'est] une loi de la civilisation contemporaine [29].
23Par ailleurs, non content de citer les Évangiles, Hyacinthe se réfère directement à l'Ancien testament, affirmant que « [...] la Bible est par excellence le Livre de la famille » [30]. Là encore, l'influence de Le Play est manifeste. Celui-ci considère que la science sociale met en évidence les vérités sociales enseignées dans l'Ancien Testament et que la science sociale conduit à reconnaître dans « la loi de Moïse interprétée par Jésus-Christ » [31] les fondements de la morale essentielle aux sociétés humaines [32]. C'est pourquoi il encourage le clergé catholique à imiter les protestants dans leur étude des écrits bibliques [33].
24Du point de vue des idées, Hyacinthe défend publiquement des principes chers à Le Play. Il prône le maintien de la famille traditionnelle et chrétienne, et présente cette dernière comme l'élément clef de la résolution des questions du temps, tant sociales que religieuses : « C'est la famille, c'est la société domestique qui renferme toujours, mais surtout à notre époque, la solution des grandes questions de la société civile et de la société religieuse. » [34] Pour l'ecclésiastique, les problèmes sociaux sont principalement d'origine morale, tandis que la famille chrétienne, source intemporelle de stabilité et d'harmonie, se dégrade. La primauté doit donc être donnée – si ce n'est rendue – à l'éducation morale pour combattre le péché originel dont l'existence est faussement niée par certaines écoles nouvelles qui développent à tort l'hypothèse de la nature droite, intègre de l'individu [35].
25À ce sujet, Hyacinthe renvoie explicitement à la Réforme sociale qui confirme, à ses yeux, la réalité du péché originel :
L'individu ne naît point bon ; il naît dans le péché originel. Celui qui, dans l'éducation, ne tiendra pas compte de ce point de départ, fera une œuvre chimérique et mauvaise. J'ai besoin de remercier l'auteur de ce beau et bon livre, La Réforme sociale en France, livre de véritable philosophie positive, celui-là ! qui parle des faits sans les fausser et qui les regarde avec la raison de l'observateur et avec le cœur de l'homme de bien [36]. Dans ce livre, une des choses qui m'a le plus touché, c'est le noble courage avec lequel l'auteur a posé comme base de l'éducation et de tous les progrès sociaux, le dogme du péché originel [37].
27Le prédicateur souligne alors une complémentarité de méthode qui invite religieux et scientifiques à travailler de concert à la rénovation des mœurs. De son point de vue, la science sociale peut éclairer d'un regard neuf des débats anciens, récemment relancés par la parution de thèses nouvelles ancrées dans la modernité rationaliste : « Moi, je dis le dogme, parce que je suis prêtre et que je parle au nom de l'Église ; lui, il a dit le fait parce qu'il est homme et qu'il parle au nom de l'expérience – Eh bien, c'est un dogme et c'est un fait : un dogme parce que Dieu l'a révélé ; un fait parce que l'expérience le constate. » [38]
28Hyacinthe appelle ensuite à renforcer l'autorité paternelle en charge de l'éducation morale des enfants et, par effets successifs, de la moralisation générale de la société. Là encore les auditeurs de l'époque pouvaient déceler dans le discours du prédicateur quelques accents leplaysiens : « Vos enfants, tels que la nature vous les donne, ce sont des barbares, et c'est à vous de les civiliser ! Telle est la grande œuvre des pères de famille, et ce qui élève si haut la société domestique en face de la société civile et de la société religieuse. » [39]
29Poursuivant sur la société conjugale, Hyacinthe se prononce contre les mariages hors de l'amour qui ont pour effet d'encourager l'amour hors du mariage et la corruption des mœurs : « L'amour cesse [alors] d'être un sentiment vertueux pour devenir une passion déréglée. » Chantre de la vertu et gardienne des mœurs domestiques, la femme devient la première victime de ce système qui détruit les fondements moraux de la société : « L'amour hors du mariage tend à faire disparaître le vrai type de l'épouse, ce type souverainement moralisateur, rayonnant d'une grâce tout à la fois si séduisante et si pure. L'amour hors du mariage tend à réaliser le type de la courtisane. » [40] Pour asseoir son argumentaire, Hyacinthe mentionne les faits – édifiants à ses yeux – rapportés par Le Play dans la Réforme sociale [41].
30À l'occasion des conférences de l'Avent 1867, l'influence de Le Play est encore plus visible. Pour combattre le scepticisme [42], Hyacinthe s'appuie sur la science sociale, ce qui lui vaut les félicitations de son ami et correspondant : « La preuve expérimentale de la conservation actuelle de l'esprit religieux a fait merveille. Cela fait encore plus d'effet en discours qu'en écrits. C'est la vraie méthode devant les sceptiques qui croient de bonne foi que la religion est une institution fossile. » [43] Le prédicateur insiste ensuite sur l'importance et l'urgence des réformes sociales qui prévalent, à ses yeux, sur les réformes politiques : « Le besoin des réformes sociales se fait sentir plus vivement que jamais à l'heure où je vous parle. » [44] II est nécessaire, selon lui, de lutter contre l'immoralité sous toutes ses formes, en commençant par restaurer la famille traditionnelle et chrétienne : « Les réformes urgentes et décisives sont les réformes de la vie domestique. » [45]
31Dans le détail, l'orateur aborde certaines thématiques emblématiques du combat leplaysien, à commencer par la liberté de tester en faveur de laquelle il se prononce publiquement : « La société civile a l'obligation de régler les formes et de protéger les effets de cet acte [testamentaire] ; mais elle ne peut toucher au droit lui-même et ravir au père de famille la liberté de tester. » [46] Pour défendre ce régime légal, l'orateur met en avant l'argument métaphysique, l'immortalité de l'âme qui relie les deux mondes, et légitime le fait d'exaucer les volontés d'une personne passée dans « l'autre monde ». En accord avec Le Play, Hyacinthe revient aussi sur la nécessité de conforter l'autorité paternelle, seul rempart contre le péché originel et l'immoralité contemporaine, en permettant au chef de famille d'exhéréder les enfants indignes de son héritage : « Le seul remède efficace est de remettre entre les mains du père la plénitude du pouvoir nécessaire pour réprimer le mal et promouvoir le bien au sein de la société qu'il gouverne. » [47] Pour mieux convaincre son auditoire, Hyacinthe se réfère une nouvelle fois à l'Ancien Testament, et notamment à la Genèse (XLXII, 31) qui donne selon lui un exemple probant d'application féconde de cette liberté et de son pouvoir de punition.
32Ainsi, tout en adaptant sa manière de construire ses prédications, Hyacinthe défend-il en chaire nombre d'idées développées dans la Réforme sociale, notamment en matière d'organisation familiale. Alors qu'il ne cite que très peu d'auteurs, l'orateur se réfère plusieurs fois à Le Play et renvoie sans détour à la seconde édition, toute récente, de son livre. « Il est [donc] facile de constater dans ses conférences l'influence de M. Le Play » note Albert Houtin [48]. Cette influence, Hyacinthe l'assume pleinement, comme il l'écrit à son ami : « Je m'assimile tellement plusieurs de vos idées fondamentales que l'on va dire à Notre-Dame que j'ai été à votre école : ce qui du reste fera honneur, sinon au maître, du moins au disciple. » [49] Déclarant dans sa correspondance souhaiter « le succès pratique des idées de l'ouvrage » [50], le prédicateur participe d'ailleurs, par ses hommages publics et récurrents, de la campagne réformatrice leplaysienne, en usant de son autorité notamment auprès des élites catholiques.
33Au fil des mois, Le Play semble être parvenu à attirer progressivement le religieux sur le terrain social. À l'occasion de l'Avent 1866 consacré au foyer domestique, il lui conseille d'insister davantage sur les conséquences du Code civil ; l'année suivante, Hyacinthe développe plus longuement ce thème, ce qui lui vaut les promptes félicitations de l'auteur [51]. De même, ce dernier invite son ami à parler du patronage, de la condition ouvrière et de la future Exposition universelle durant laquelle cette institution devrait être mise à l'honneur par le biais de prix spéciaux. Soucieux de l'aider à approfondir sa pensée, l'auteur de la Réforme sociale lui fait parvenir ses travaux : « Vous aurez sans doute l'obligation de parler cette année des rapports du maître et de l'ouvrier. J'ai donc pensé qu'il vous serait utile d'avoir communication de notre travail. Vous y trouverez le vrai fondement des bons rapports civils. » [52]
34Le Play encourage donc Hyacinthe à militer ouvertement, en chaire, en faveur de la réforme sociale. Un tel glissement de préoccupation se justifie, selon lui, dans la mesure où « [...] la religion, indispensable aux rapports du foyer, est plus indispensable à ceux de la vie publique [...] ; la religion seule peut inspirer le dévouement, le respect [...] » et garantir par ce biais le bon fonctionnement des sociétés humaines [53]. Ainsi satisfait des conférences données par son ami et conscient de son autorité, Le Play renvoie, dans les rééditions de sa Réforme sociale, à l'édition des prédications de Notre-Dame [54].
35L'influence de l'auteur sur le tribun de Notre-Dame n'est cependant pas sans limite, notamment d'un point de vue méthodologique. Il « [...] n'a pu amener le Père Hyacinthe à supprimer toute métaphysique de ses discours » écrit A. Houtin [55]. Certes, Hyacinthe accepte le combat positif réclamé par son temps et se dit prêt à utiliser les faits apportés par la science sociale. Toutefois, fidèle à la tradition de son Église, le religieux défend les enseignements de la métaphysique et préfère prôner la complémentarité des démarches théologique, intellectuelle et scientifique :
Je ne voudrais pas bannir la métaphysique, d'abord parce que mon esprit est ainsi fait dans ses dernières profondeurs, et puis parce que je crois [...] que son abandon est une des causes de la décadence intellectuelle de notre âge. Mais je sens qu'il faut l'appuyer et la compléter par l'expérience, et qu'il y a, si j'ose m'exprimer de la sorte, tout un positivisme moral et chrétien à opposer aux faux positivismes de nos adversaires [56].
37Nonobstant ces quelques réserves émises par Hyacinthe, l'influence de Le Play sur celui-ci paraît indéniable ; elle n'est pas pour autant à sens unique. Profitant de son rôle de correcteur de la Réforme sociale, le religieux s'efforce en effet de « guider » son correspondant sur des chemins qu'il considère comme plus favorables pour le catholicisme romain.
« Corriger » la Réforme sociale : vers un projet catholique ?
38Dans une lettre de février 1868, Hyacinthe reproche explicitement à Le Play de ne pas mentionner dans son livre les bonnes institutions de l'État romain et de préférer la critique – même justifiée – à l'éloge pourtant mérité. La lacune est patente selon lui lorsqu'il est question de la liberté testamentaire :
J'ai emporté avec moi La Réforme sociale, et j'achève les observations que je vous soumettrai dans quelques jours. Je me permets de vous signaler dès aujourd'hui le silence que vous gardez sur les institutions actuelles de l'État Romain, en fait de liberté testamentaire. Ces institutions si conformes à vos idées, en pleine vigueur dans la capitale du catholicisme, sont quelque chose de trop remarquable pour que vous n'en disiez rien dans votre édition définitive [...]. Vous bravez trop courageusement les préjugés de vos contemporains sur les idées mal comprises qui les égarent, pour ne pas les braver aussi sur ce qu'ils appellent le cléricalisme ; et tout en indiquant par rapport à Rome les desiderata, vous devez, selon moi, marquer ce qu'il y a là de juste, de grand et d'utile [57].
40Alors que la question romaine est toujours d'actualité, le prédicateur souhaite-t-il justifier le pouvoir temporel du pape en valorisant les institutions d'un État pontifical qui pourrait offrir un modèle de société [58] ? Pour sa défense, Le Play lui objecte que la liberté testamentaire n'est pas propre à l'État romain : « La liberté testamentaire est une institution non exclusivement romaine, mais italienne [...]. Si vous pensez qu'il faut faire une mention spéciale de l'État romain, je chercherai l'occasion dans ma 4e éd. quoiqu'il soit difficile de louer spécialement Rome de ce qui lui est commun avec le reste de la Péninsule. » [59] Sensible à ses critiques, l'enquêteur méthodique rappelle ainsi à son ami qu'il se doit de rester objectif : « Je dois éviter de devenir un clérical partial. » Pour trancher le débat, il invite cependant l'ecclésiastique à recueillir sur place, à Rome, des faits susceptibles de les convaincre tous deux, n'excluant pas, le cas échéant, de modifier son texte : « Vous allez voir Rome, cher Père et ami, trouvez-y une vertu, une bonne institution qui lui est propre ; et vous me trouverez empressé de le signaler. » [60]
41Hyacinthe estime par ailleurs que Le Play n'est pas assez catégorique lorsqu'il conclut par les faits à la supériorité du catholicisme romain. Si cette fois l'auteur de la Réforme sociale en convient et se dit prêt à accuser le trait concernant la fécondité du message catholique, il déclare néanmoins qu'il se doit de rester juste et prévoit en conséquence d'insister davantage sur les vices actuels de l'application, vices qui expliquent d'ailleurs le désaveu des contemporains. « Je me conformerai complètement à vos conseils, écrit-il. [...] J'espère, pour l'éloge comme pour la critique, trouver la mesure juste, si j'ai le bonheur de relire avec vous le manuscrit. » [61] Favorable au catholicisme romain, Le Play accepte donc de clarifier ses propos, tout en veillant à ne pas se laisser « récupérer » par les milieux cléricaux. Refusant de se voir assimilé à un apologète, il revendique auprès de Hyacinthe son statut de scientifique indépendant.
42Toutefois, les échanges qu'il entretient avec le religieux depuis 1865 ne sont pas sans incidence sur ses travaux et ses prises de position, notamment en matière de religion. Une évolution est ainsi perceptible à travers un extrait de la troisième édition de la Réforme sociale que l'auteur soumet au prédicateur. Quoiqu'indulgent à l'égard du pape – dans un esprit qui n'est pas sans rappeler celui de son ami Dupanloup [62]–, Le Play développe dans ce nouveau passage une critique virulente à l'encontre des ultramontains français dont il fustige, faits à l'appui, l'intolérance et l'esprit autoritaire :
L'esprit d'intolérance inculqué à notre race (§62) par le règne de Louis XIV et le régime de la terreur jettent de nos jours certains catholiques français dans des excès de zèle qu'ignoraient nos ancêtres et que ne connaissent pas davantage les catholiques fervents de l'Allemagne et de l'Amérique du Nord. Ces tendances s'exagèrent encore à la vue des attentats commis contre un souverain pontife dont l'histoire signalera les talents et les vertus [63].
44C'est ainsi qu'à travers sa correspondance, Hyacinthe encourage Le Play à donner à sa Réforme sociale un accent « plus catholique » et plus engagé. Il l'incite à souligner davantage la supériorité du message catholique et l'invite à prendre position – au titre de savant – dans les débats contemporains qui divisent alors l'Église de France. Or, s'il résiste sur le principe, l'auteur ne reste pas insensible aux arguments de son ami qui le conduisent à corriger, partiellement, son œuvre. Finalement, si chacun conserve son indépendance intellectuelle, les rapports qu'entretiennent les deux hommes semblent bien « [...] leur [donner] l'un sur l'autre une grande autorité » [64], tout au moins au cours des premières années qui voient naître leur amitié.
Le Play et Hyacinthe : un même combat ?
45Quand arrive la fin de l'année 1867, les rencontres entre les deux hommes se font de plus en plus fréquentes, ponctuées de déjeuners et même de dîners en dépit de la règle du carmel : « Ma Règle ne sera jamais un obstacle à ce que j'entretienne avec vous des rapports qui me sont infiniment précieux, écrit Hyacinthe. Elle me laisse, il est vrai, bien peu de liberté [...] mais, il ne saurait y avoir de règle sans exception [...] et il ne saurait y avoir d'exception mieux motivée. » [65]
46À cette époque, Le Play est au faîte de sa carrière publique. Au sortir de l'Exposition universelle qu'il a magistralement organisée, il a été nommé sénateur. Pour le père Hyacinthe, la réussite n'est pas moins grande : « D'année en année, le succès des conférences de Notre-Dame était allé grandissant : il fut cette fois à son comble et montra le P. Hyacinthe en pleine gloire. L'énorme foule débordait maintenant toute la nef. » [66]
47Nombre d'idées communes lient alors les deux hommes et scellent leur amitié. Hyacinthe s'enthousiasme de plus en plus pour la Réforme sociale – « Je pourrai donner toute mon attention à ce beau livre que je regarde comme l'un des plus importants de notre époque » [67] – et se félicite de l'entrée de Le Play au Sénat, bien conscient des services qu'une telle promotion rendra à la campagne réformatrice de l'auteur : « Je veux être des premiers à vous féliciter, ou plutôt à me féliciter avec vous. [...] Il y a une influence nouvelle créée à vos idées. C'est La Réforme sociale qui entre avec vous dans le premier corps de l'État. » [68]
48Le religieux considère l'ouvrage de Le Play comme une œuvre à même de servir des desseins supérieurs : « Nous causerons de cette Réforme sociale, pour laquelle je vous crois de plus en plus une mission très providentielle dans ce siècle et dans ce pays. » [69] Porté par le seul désir de découvrir la Vérité, le savant aurait pour mission – quasi-mystique – de guider les sociétés modernes sur les chemins de l'harmonie et de la foi : « Je me rallie de plus en plus à vos doctrines et à l'esprit éminemment chrétien qui les anime. Je sens que vous faites l'œuvre de Dieu, et que vous êtes un de ses envoyés à ce siècle troublé. » [70]
49Hyacinthe est-il sur le point de souscrire pleinement à la cause leplaysienne ? Face aux éloges appuyés de l'ecclésiastique, l'auteur de la Réforme socialene cache pas sa satisfaction : « Vous me réconfortez beaucoup au milieu de mon dur labeur, en m'annonçant que l'accord de nos travaux et de nos sentiments, en ce qui touche la propagation du Vrai, unit de plus en plus votre âme à la mienne en Jésus-Christ. » [71] Plus que jamais, Le Play nourrit l'espoir d'intégrer Hyacinthe au sein de son réseau de militants réformateurs : « Je compte bien, lui écrit-il [après sa nomination au Sénat], me servir de ma nouvelle situation pour me dévouer plus efficacement avec vous et avec mes amis qui deviendront les vôtres, à la réforme sociale. » [72] Mois après mois, l'orateur n'a de cesse d'apporter son soutien aux entreprises de l'auteur de la Réforme sociale : « Je sens que nous sommes ouvriers de la même œuvre, et que nous travaillons à l'édification de la même Jérusalem. » [73] Mais quelle œuvre le religieux souhaite-t-il précisément accomplir : la réforme sociale leplaysienne ou bien une œuvre plus générale, plus mystique ? De son côté, Le Play se sent-il en parfait accord avec son correspondant ?
50Préoccupés l'un comme l'autre de réforme morale, les deux hommes dénoncent unanimement la corruption contemporaine qui désole le pays – en milieu urbain comme en milieu rural – et condamnent une « [...] société (moderne) où l'on ne s'occupe guère que d'intérêts matériels » [74]. Tous deux acceptent la société moderne mais réfutent ses excès et ses dysfonctionnements liés, selon eux, à un rejet excessif de la société ancienne. Selon Le Play, l'union de la tradition et de la modernité dans les sociétés est recommandée par l'expérience. Du point de vue de Hyacinthe, il s'agit d'une vérité enseignée par l'Évangile : « Je désire éclaircir [...] ces relations du passé avec l'esprit moderne. Je crois que les deux excès sont à redouter, et que l'homme parfait est celui dont parle l'Évangile, et qui unit dans le bon trésor de son cœur et de sa pensée les choses anciennes et les choses nouvelles. » [75] Catholiques convaincus – soit par les faits, soit par la foi –, tous deux dénoncent par ailleurs les doctrines intransigeantes et prônent la tolérance. Le Play soutient ainsi Hyacinthe lorsque, le 24 juin 1869, celui-ci se rend au Congrès de la Ligue pour la paix ouvert à toutes les sensibilités politiques ou religieuses [76].
51En 1869, dans une lettre adressée au pasteur Edmond de Pressensé, le père Hyacinthe résume l'idée clef qui sous-tend alors ses engagements : « Ce n'est ni l'ultramontanisme absolutiste, ni l'ultramontanisme libéral, ni le gallicanisme césarien qui ont l'avenir dans le catholicisme ; c'est le gallicanisme libéral. » [77] Cette pensée pourrait tout autant être attribuée à Le Play qui ne cache pas non plus à l'époque sa préférence pour un catholicisme libéral et gallican [78].
52Souhaitant mettre à profit leurs préoccupations communes et fédérer leurs réseaux respectifs, l'auteur de la Réforme sociale projette dès 1867 de réaliser une Union des hommes de bonne volonté voués à la réforme des sociétés modernes. Attaché à « l'apostolat des laïcs » – qui implique une revalorisation de leur rôle dans la conduite des sociétés chrétiennes [79], Le Play souhaite réunir religieux et simples citoyens autour d'un projet social commun : « Depuis que j'ai le bonheur de vous connaître, je comprends de mieux en mieux la fécondité de cette primitive Église où les laïques et les clercs étaient unis par une commune et constante pensée de dévouement. » [80]
Unir les clercs et les laïcs : vers une « action commune » [81] ?
53Dès le mois de janvier 1867, Le Play prie Hyacinthe de solliciter ses amis ecclésiastiques pour leur proposer d'unir leurs forces : « Concertons-nous donc sans cesse avec vos amis d'Oullins, d'Arcueil, de Saint-Sulpice pour combattre le règne du Mal et l'Empire du péché originel. » [82] À la fin de l'année 1868, le temps est venu pour le penseur de concrétiser son projet : « Notre temps ne verra pas la restauration de la Vérité, si une douzaine de clercs et de laïcs ne s'unissent pas pour organiser un apostolat spécial. » [83] Hyacinthe partage visiblement son point de vue : « Les circonstances, dit-il, sont trop graves et trop pressantes pour ne pas agir en commun. » [84]
54Il s'agit d'abord de définir un tronc commun d'idées à défendre, et Le Play d'insister sur leur dimension sociale : « Tâchez en attendant de plus grandes réunions de me donner souvent une soirée pour arrêter de concert les termes du Credo social qui doit servir de base à l'Union. » [85] D'un point de vue méthodologique et stratégique, l'auteur propose de conjuguer les vertus du Livre et de la Chaire dont les langages « doivent se transformer pour réagir contre de tels fléaux » [86].
Une Union du « Livre » et de la « Chaire » ?
55Comme il l'écrit à l'un de ses plus proches collaborateurs, Le Play estime que « [...] la vraie propagande n'est pas faite par un livre, [et qu'elle] s'exerce par le travail personnel de l'apostolat, ou par les discours des orateurs. » Il convient cependant « [...] qu'il faut une base, que cette base doit être établie par un livre qui soit à la science sociale ce que les traités spéciaux sont aux sciences physiques. » [87] Mais pour qu'il devienne la clef de voûte de leur future Union, le Livre de référence – en l'occurrence la Réforme sociale – doit être revu en sorte de convenir à l'ensemble des militants. Le texte défini, chacun devra mettre son talent et sa position sociale au service de son message réformateur : « Il faudrait mettre le Livre dans les mains de tous ceux qui peuvent le lire utilement ; propager les doctrines par la parole et par la presse périodique. » [88]
56Chacun aurait en quelque sorte son rôle à tenir. Peu enclin à prendre la parole en public, Le Play, pour sa part, « rétablit l'évidence des faits » [89] par le biais d'enquêtes réalisées personnellement ou dans le cadre de la Société d'économie sociale. Le savant-écrivain prépare ainsi « [...] les matériaux que l'orateur mettra en œuvre. » [90] Au premier rang des orateurs à même de « convertir » les foules, il place Hyacinthe dont l'éloquence est célèbre au-delà des frontières. À Paris comme ailleurs, le prédicateur a donc pour mission de diffuser « [...] les principes sociaux que l'observation enseigne » [91]. Il doit devenir un guide moral et spirituel pour les familles de la bourgeoisie qui viennent l'écouter mais aussi pour les foyers plus modestes. L'orateur a ici tout un « [...] apostolat bien utile à faire au sein des masses » [92], apostolat pour lequel il peut puiser dans les travaux leplaysiens : « Vous trouverez dans mon ouvrage des arguments, ou plutôt des faits qui s'adressent également aux deux classes en présence [...]. Comment faire arriver ces masses autour de la Chaire ? Comment même faire parvenir le Livre jusqu'à elles ? » [93]
57Conscient des difficultés que lui crée sa condition de laïc auprès des milieux ecclésiastiques, Le Play souhaite faire de Hyacinthe un véritable ambassadeur de la Réforme auprès des hommes d'Église appelés à se « convertir » à la science sociale pour réaliser eux-mêmes des enquêtes de terrain. « Si le catholicisme, selon sa méthode favorite, persiste à chercher exclusivement dans les clercs, l'autorité que vous voulez bien accorder à un laïque, tout insuffisant qu'il soit, il faut qu'il oblige ses clercs à étudier les sociétés contemporaines, comme ce laïque l'a fait, avec le concours de ses amis. » [94] Estimé pour son comportement exemplaire, Hyacinthe se ferait dès lors l'instigateur d'une réforme des mentalités au sein du clergé français, appelant ses confrères à respecter – et à promouvoir – les valeurs de charité, de dévouement et de tolérance, et à réhabiliter par leurs actes un catholicisme discrédité, selon Le Play, par plusieurs siècles d'immoralité ecclésiastique. Ainsi vaut-il mieux dans ce domaine « [...] compter sur l'exemple que sur les préceptes » [95]. Secondé par ses amis, le père Hyacinthe participerait donc à la mise en œuvre dans les milieux d'élite, et notamment dans les cercles catholiques, de la réforme morale proposée par la Réforme sociale.
58Le tribun de Notre-Dame apparaît alors sinon comme un militant, du moins comme un sympathisant de la réforme promue par Le Play ; plus que jamais, les travaux leplaysiens sont pour lui une source d'inspiration, notamment pour ses conférences [96]. Satisfait des « progrès » accomplis par l'orateur, Le Play se prépare à admettre Hyacinthe au rang de ses plus fidèles disciples. « En vous voyant arriver de plus en plus dans l'ordre d'idées qui me paraît être l'unique moyen de salut dans la situation dangereuse où nous tombons, je ne crois pas m'abuser en disant que votre talent devient plus utile, plus populaire et que, par conséquent, il s'élève. » [97] Cependant, des différences d'opinion viennent semer le trouble entre les deux hommes.
Une Union pour quelle « réforme » ?
59Si tous deux estiment regarder dans la même direction et œuvrer à la même cause pour le bien public, des divergences apparaissent quand il est question de la place à accorder à une réforme proprement religieuse. Le Play et Hyacinthe mènent-ils tout à fait le même combat ? Se font-ils la même idée de la réforme nécessaire à la France ?
60Dans ses lettres, le religieux assure de « [...] son dévouement pratique à la triple réforme religieuse, morale et sociale » et aime à parler de « réforme chrétienne. » [98] Mettant volontiers l'accent sur la dimension religieuse de ses entreprises, il considère la réforme religieuse comme un préalable indispensable à toute réforme morale et sociale plus générale. Pour Le Play au contraire, « la réforme sociale [a] pour point de départ la réforme des mœurs » [99], réforme morale – qui touche aux comportements individuels – indépendante de toute rénovation spécifique relative à l'Église romaine, son organisation ou ses dogmes. Peu à peu, les deux hommes prennent conscience de leur différence de points de vue, comme en témoigne cette lettre de Hyacinthe d'août 1869 :
Je me persuade de plus en plus que je suis appelé à servir la même cause que vous. Seulement, vous vous arrêtez plus spécialement au côté moral et social, tandis que j'étudie plus directement le côté religieux, ecclésiastique et confessionnel. Or, je suis convaincu qu'il y a là de grandes et urgentes réformes à faire et que, sans ces réformes, la réforme sociale sera elle-même impraticable [100].
62Par ailleurs, si Hyacinthe souscrit aux propositions législatives de Le Play, il ne les considère pas comme fondamentales, à la différence de celui-ci qui mène, dans le même temps, une active propagande auprès des élites politiques, en vue d'obtenir les libertés fondamentales, publiques et sociales, et surtout la mise en place de la liberté testamentaire, seule garante, à ses yeux, de la pérennité des foyers, des ateliers et des sociétés. Estimant qu'une rénovation des mœurs ne portera ses fruits qu'à la faveur d'un contexte législatif propice à l'éclosion des bons comportements, l'auteur défend dans la Réforme sociale une réforme tant « matérielle » [101] que morale : « La réforme se produira par l'action simultanée de la loi et des mœurs. » [102]
63Vues sous cet angle, les actions envisagées par le père Hyacinthe ne concerneraient que le volet moral du projet de Le Play, en dépit des efforts produits par celui-ci pour harmoniser leurs engagements. En effet, lettre après lettre, l'auteur n'a eu de cesse de chercher à « convertir » son ami à des réformes plus « politiques » et juridiques, les lui présentant comme liées à un meilleur respect du Décalogue : « Le respect de Dieu, du Père et de la Femme, ce qui nous manque le plus, est entravé par la loi civile. Les institutions encouragent même en une foule de points la violation de ces trois formes de respect. » [103]
64Ainsi, quoique tous deux promoteurs de la Réforme, Le Play et Hyacinthe ne semblent pas mener tout à fait la même « campagne ». Les deux hommes tentent, il est vrai, de concilier leurs points de vue et de fédérer leurs actions au profit d'un credo commun essentiellement moral. Néanmoins, à mesure que le Concile approche, un fossé se creuse. Au vu de l'actualité religieuse, Hyacinthe s'interroge sur la meilleure posture à prendre. De sa décision dépend la mise en œuvre concrète des projets d'union leplaysienne.
Partir ou se soumettre : une rupture inévitable ?
65Face à ce qu'il considère comme des dérives émanant des autorités romaines, Hyacinthe démissionne de l'ordre des Carmes le 20 septembre 1869 et rend sa décision publique à travers deux feuilles réputées pour leurs opinions libérales : Le Temps et Le Journal des débats [104]. Dans l'entourage de l'orateur, les réactions sont contrastées, comme celui-ci le rapporte à son ami le pasteur Edmond de Pressensé : « J'ai beaucoup de visites, beaucoup de lettres surtout. Les uns me blâment, les autres m'approuvent ; quelques-uns m'injurient ; beaucoup prient pour moi. » [105] Parmi ceux qui le blâment, le « chef » des catholiques libéraux, Charles de Montalembert, déclare « [...] condamner sans réserve » [106] l'attitude radicale de l'ecclésiastique ; au nombre de ceux qui l'approuvent, Pressensé encourage au contraire le religieux à refuser tout compromis ; à l'autre bout de l'échiquier, au premier rang de ceux qui l'injurient, l'ultramontain Louis Veuillot fustige plus que jamais dans L'Univers les prises de position du « renégat » [107], tandis que, parmi ceux qui prient pour lui, la marquise de Forbin d'Oppède peine à dissimuler ses inquiétudes quant à l'avenir de Hyacinthe dans l'Église. Dès lors, au cœur de la polémique, comment Le Play se positionne-t-il ?
De la compassion à l'inquiétude
66Dès la parution de la lettre de Hyacinthe dans Le Temps, Le Play – que le religieux n'a visiblement pas consulté avant de prendre sa décision – se montre compréhensif : « Je fais des vœux bien ardents pour que votre détermination vous assure la paix de l'âme dont vous avez besoin pour votre satisfaction personnelle d'abord, puis pour l'accomplissement de votre mission. » [108] Touché par ces propos bienveillants, Hyacinthe le nomme dans ses lettres, à partir de cette date, mon vrai ami. Fort critique lui-même à l'égard des congrégations religieuses et du clergé régulier, l'auteur de la Réforme sociale respecte une décision qui, en vérité, ne le choque guère. Son objectif reste la réforme sociale, et il n'est pas sûr que la nouvelle position de Hyacinthe nuise à leur combat commun : le prédicateur ne peut-il pas servir la Réforme en tant que religieux dans le siècle ? N'aura-t-il pas à l'avenir davantage de liberté ? Pour cela, il faut néanmoins que l'ancien carme retrouve une chaire : « Je désire non moins ardemment [lui écrit-il], dans l'intérêt de la Réforme sociale de l'Europe, que la hiérarchie catholique vous laisse la liberté de continuer votre propagande, comme simple prêtre séculier. » [109]
67Si Le Play recommande alors à Loyson de rester dans l'Église, ce n'est vraisemblablement pas pour des questions de légalité ou de fidélité filiale, comme cela peut être le cas pour leurs amis communs catholiques, Montalembert, Cochin ou Mme de Forbin d'Oppède [110] ; c'est dans l'intérêt de la réforme sociale à laquelle tous deux aspirent. Si l'Église interdisait définitivement à l'orateur de prêcher, ce serait fort dommageable tant pour la Réforme – qui se trouverait privée de la tribune de Notre-Dame – que pour l'Église elle-même qui donnerait l'image d'une institution intolérante.
68Les mois passent, et Le Play se laisse gagner par l'inquiétude. Depuis sa démission, Hyacinthe « cherche sa voie » [111] et perd un temps précieux qu'il aurait mieux valu mettre au service de la Réforme : « Vous devez vous créer une situation dans laquelle vous pourrez d'une manière ou d'une autre employer vos talents à la Réforme que l'Europe attend. » [112] Lettre après lettre, Le Play se fait plus insistant, et alors que Loyson souhaite attendre les résultats du Concile « [...] dans le silence et dans la prière, et par-dessus tout dans la paix », l'auteur de la Réforme sociale le supplie d'employer « [...] ses loisirs à des conférences publiques sur des questions sociales » [113], questions moins polémiques que les questions religieuses, plus urgentes aussi que celles-ci.
69Ainsi ressurgissent, dans toute leur âpreté, les divergences de points de vue évoquées auparavant entre les deux hommes ; elles semblent désormais mettre en péril leur projet d'action commune.
Du différend à la rupture
70En juillet 1870, Le Play fait part à Hyacinthe de ses attentes à l'égard du prochain concile. De son point de vue, l'Église devrait y traiter des questions du temps et envisager les problèmes religieux sous un angle plus social : « Je me persuade que, pour être un grand événement de l'histoire, le concile de Rome doit être plus social que théologique. » Les prélats devraient notamment se pencher sur les questions de religion et de modernité, à la manière des catholiques anglais, car « [...] les questions urgentes ne concernent guère le dogme, ni même la discipline, mais doivent surtout avoir pour objet les rapports de la religion avec les sociétés de notre temps. » [114] Tout en appelant les croyants à faire front commun contre le scepticisme, la hiérarchie catholique devrait s'exprimer sur la question sociale et prendre l'initiative d'un retour à la morale.
71Certes, à l'annonce des résultats du concile, Le Play se montre, comme Hyacinthe, très critique : « Je conviens que le catholicisme est très mal dirigé par les chefs actuels. » [115] Il juge sévèrement les autorités romaines et le parti qui jouit de toute leur faveur, déclarant par ailleurs croire de plus en plus « [...] à mesure que l'expérience arrive, à l'infaillibilité de Jésus-Christ. » [116] Cependant, comme en 1869, l'auteur invite son ami à la modération et à la patience. Il s'agirait pour Hyacinthe d'un choix pragmatique, dans le seul but de rendre à la réforme sociale la tribune dont elle a tant besoin :
Si les circonstances ne vous avaient pas enlevé l'usage de la chaire, vous auriez eu à remplir une mission de premier ordre, à laquelle rien ne peut suppléer. Je fais des vœux bien ardents pour que vous repreniez le pouvoir de travailler à notre salut [...]. Il y a un nombre infini d'auditeurs autour des chaires [117].
73Comme Le Play s'est lui-même contraint à conserver sa place au Sénat malgré une ambiance pesante et un entourage idéologiquement hostile, Hyacinthe devrait agir en militant de la Réforme et rester dans le giron de l'Église romaine.
74Dans un contexte de scepticisme croissant, Hyacinthe se garderait ainsi d'affaiblir le catholicisme en divisant les fidèles : « Les catholiques perdront toute influence si, pour ramener cette pratique, ils se divisent en protestant contre l'autorité et la hiérarchie. » Le prédicateur devrait renoncer à toute rénovation « de l'extérieur » car « [...] un catholique ne peut être utile qu'en marchant officiellement avec le pape et les conciles ; ou bien il doit se faire protestant, au détriment de son ascendant personnel sur l'ensemble de la nation. » [118]
75L'ancien carme ne ferait en cela qu'imiter la plupart des clercs français qui, dans l'attente de jours meilleurs, s'efforcent de faire le bien autour d'eux et de diffuser de proche en proche les vrais principes du christianisme : « Le sentiment de réforme qui vous anime est juste en principe : mais vous errez dans votre pratique. Les innombrables évêques qui courbent la tête en gémissant sont plus dans le Vrai, ou plutôt dans le bien pratique. » [119] La réforme morale s'accomplirait « par le bas », par la force de l'exemplarité.
76En choisissant d'écarter – pour un temps tout au moins – les problèmes de dogme et d'institution, Hyacinthe aurait tout le loisir d'avancer sur le terrain social. Face aux élites du pays rassemblées au pied de la chaire, il défendrait, en toute liberté, les remèdes identifiés par l'enquête méthodique et prodiguerait un enseignement plus social que théologique. Par ses prêches, il encouragerait la formation de familles-souches modèles appelées à devenir elles-mêmes des vecteurs de la rénovation sociétale : « La réforme doit être surtout demandée à la famille, au dévouement des père et mère, éclairée par la religion, appuyée sur la propriété libre et individuelle [...]. La famille-souche rurale est l'agent réformateur par excellence. » [120]
77Plus que jamais voué à la réforme sociale [121], Le Play ne perd donc pas espoir de rallier l'ancien tribun de Notre-Dame à sa cause. S'efforçant de sauver leur projet d'union, l'auteur implore son ami de revenir sur sa protestation de septembre 1869 et propose de faire intervenir en sa faveur quelques relations bien en cour à Rome, comme Augustin Cochin.
78Influencé tant par Le Play que par ses amis catholiques libéraux, Loyson, en proie au doute, envisage en mai 1870 de se soumettre afin d'œuvrer « de l'intérieur » à la rénovation du catholicisme : « Le moine défroqué se demandait s'il ne devait pas rentrer officiellement dans l'Église, dont il ne s'était jamais séparé de cœur et par laquelle il n'avait pas été régulièrement excommunié. Il semblait prêt à reprendre le chemin de son couvent, afin de pouvoir, dans cette position moins isolée, travailler mieux à la réformation de l'Église. » [122] Ce revirement aurait certes satisfait Le Play mais il ne l'aurait pas totalement convaincu, le prédicateur se laissant toujours guider dans ses choix par des considérations d'ordre purement religieux.
79Mais Hyacinthe campe sur ses positions radicales et choisit de défendre le catholicisme et son Église – institution intemporelle – contre « les abus de l'homme » [123]. Au pragmatisme, il préfère la Vérité ; à la soumission, sa liberté de parole :
Autant que par le passé, je suis catholique et prêtre, et décidé à dévouer mon existence entière au règne de Dieu parmi les hommes, sans aucun désir des honneurs ou de la fortune. Mais je ne peux en aucune manière revenir sur la protestation que j'ai élevée au mois de septembre dernier contre des abus et des excès qui n'ont fait que s'accroître [124].
81Dans l'absolu, le prédicateur ne souhaite pas quitter l'Église romaine, mais dans les faits, il refuse de modérer ses propos et attend de ses chefs davantage de tolérance : « Il me faudrait comme dans les beaux temps de l'Église un évêque assez courageux pour m'admettre à ces conditions, dans les rangs de son clergé. S'en trouvera-t-il ? » [125]
82Inquiet pour ses projets, Le Play reprend la plume en juillet 1870 pour supplier encore l'orateur de reprendre la parole et d'employer ses talents à la grande cause de la réforme sociale. Mais, quelques jours plus tard, loin de tempérer ses agissements, Hyacinthe fait paraître dans la presse une protestation publique contre l'infaillibilité pontificale [126]. Cette fois, la rupture avec Rome est consommée et Hyacinthe opte résolument pour la réforme religieuse : « Je porte toujours le plus grand intérêt à la réforme sociale pour laquelle vous écrivez et agissez si noblement. Tout ce que je vous reproche, c'est de penser que la réforme sociale soit possible sans la réforme religieuse. » [127] Les échanges épistolaires entre les deux hommes, continus depuis 1865, cessent dès lors définitivement. « Le père partit pour Rome le 1er avril [1871], et il ne reprit peut-être pas la discussion » [128], commente Albert Houtin.
83Devant la « perte » d'un allié si précieux, Le Play ne cache pas sa déception. La décision de l'ancien carme prive définitivement la réforme sociale d'une tribune exceptionnelle et d'un orateur de talent. Cependant, la déception est partagée à en croire ces quelques mots écrits par Loyson dans son Journal, pour marquer le décès de l'auteur de la Réforme sociale, le 6 avril 1882 : « M. Le Play, mon infidèle ami, est mort hier matin. » [129]
Conclusion
84Inédite – pour la plus grande partie – et peu étudiée jusqu'ici, la correspondance de Frédéric Le Play et du P. Hyacinthe permet de découvrir deux personnalités engagées, indépendantes et atypiques, nouant d'étroites relations amicales et intellectuelles au crépuscule du Second Empire. S'ils s'influencent mutuellement dès leurs premiers échanges, aucun des deux ne parvient finalement à « convertir » l'autre. Plus âgé, disposant d'un corpus d'idées arrêté et d'un réseau richement étoffé, l'auteur de la Réforme sociale semble pouvoir – au moment de leur rencontre – prendre l'ascendant sur le père carme, orateur brillant mais en proie au doute : il obtient aisément que ce dernier reformule ses conférences dans un sens plus conforme aux aspirations sociales et pratiques de la Réforme. Toutefois, des divergences de points de vue sur celle-ci conduisent les deux hommes à emprunter des chemins différents : toujours fidèle à ses résolutions premières, Le Play revendique son statut de scientifique reconverti en penseur social, tandis que Hyacinthe, malgré ses différends avec Rome, continue à se comporter en homme d'Église. Le prédicateur ne devient donc jamais un vrai « disciple » de l'auteur ; l'auteur refuse définitivement de suivre le prédicateur sur la voie de la rénovation catholique.
85Si elle nous éclaire sur les liens peu connus tissés entre Hyacinthe et Le Play à la veille du concile de Vatican I, cette correspondance est aussi une source de premier ordre sur les opinions de ce dernier à l'égard de la religion et de l'Église. Tout comme des travaux récents ont permis de remettre en cause l'image d'un Le Play « réactionnaire », nombre de lettres proposées ici contredisent celle d'un penseur ultramontain sous le Second Empire. Il est vrai que, depuis sa mort, « [...] les écrivains catholiques revendiquent Frédéric Le Play comme une des gloires de l'ultramontanisme » [130], à la suite d'Emmanuel de Curzon qui, en 1899, écrivait : « Le Play fut toujours soumis, non seulement à l'Église, mais au Pape personnellement, dont il défendait l'infaillibilité contre les membres éminents du clergé, qui étaient ses amis, très dévoués et qui finirent par revenir de leur erreur. » [131] Selon certains auteurs, le penseur aurait même souscrit au Syllabus à la fin de sa vie... [132]
86Le Play a-t-il ainsi évolué vers un catholicisme plus intransigeant [133] ? Certes, en 1868, sous l'influence de Hyacinthe, le penseur accepte de mettre en évidence les faits prouvant la supériorité du catholicisme. N'est-ce alors qu'une simple « correction », ou bien le début d'une évolution idéologique ? L'auteur de la Réforme sociale et l'orateur de Notre-Dame empruntent-ils ensuite des chemins aussi divergents, l'un hors du catholicisme romain, l'autre vers l'ultra-montanisme ? Seule une étude approfondie du parcours des deux hommes dans la première décennie de la Troisième République permettrait de répondre à ces questions.
Notes
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[1]
B. Kalaora et A. Savoye, Les inventeurs oubliés, Seyssel, Champ Vallon, 1989.
-
[2]
Cf. M. Nouvel, Les idées sociales de F. Le Play : réseaux de diffusion, réception critique et incidences politiques sous le Second Empire, thèse de doctorat en histoire, Université Montpellier III, 2006 ; J.-L. Coronel de Boissezon, Frédéric Le Play face au droit. Une critique de la codification et de la centralisation au XIXe siècle, thèse de doctorat en droit, Université Paris XI, 2008.
-
[3]
A. Houtin, Le Père Hyacinthe, Paris, E. Nourry, 1920-1922, 3 tomes. Bien qu'ancien, ce livre reste une référence incontournable, Hyacinthe Loyson n'ayant guère fait l'objet depuis de travaux scientifiques approfondis. Citons : L. Portier, Christianisme, églises et religions : le dossier Hyacinthe Loyson, Louvain-la-Neuve, Centre d'histoire des religions, 1982 ; V. Zuber, « Hyacinthe Loyson, d'un catholicisme à l'autre... », dans A. Dierkens (dir.), L'intelligentsia européenne en mutation (1850-1875), Éd. de l'Université de Bruxelles, 9/1998, p. 197-214.
-
[4]
La correspondance de Loyson à Le Play est conservée à la Bibliothèque de l'institut, à Paris : Ms 6063, feuillets 205 à 262. Nous adressons nos vifs remerciements à Matthieu Brejon de Lavergnée qui a eu l'amabilité de mettre à notre disposition la transcription intégrale de ces lettres. La correspondance de Le Play à Loyson est conservée à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève : Ms. Fr. 2961, f° 27-143. Sauf indication contraire, les lettres citées dans cet article proviennent de ces deux fonds.
-
[5]
A. Houtin, op. cit., 1922, t. 3, p. 149 : « La revue qui se donne comme l'héritière et la continuatrice de Le Play, La Réforme sociale, n'a pas accepté de publier sa correspondance, même en partie. »
-
[6]
F. Le Play, La Réforme sociale en France déduite de l'observation comparée des peuples européens, Paris, Plon, 1864, 2 tomes. [La Réforme sociale dans la suite du texte].
-
[7]
A. Houtin, op. cit., 1920, t. 1, p. 182.
-
[8]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 24 juillet 1865.
-
[9]
M. Nouvel, Frédéric Le Play, une réforme sociale sous le Second Empire, Paris, Économica, 2009.
-
[10]
Notice biographique dans J.-P. Chantin (dir.), Les marges du Christianisme, Paris, Beauchesne, 2001, p. 166. Vicaire à la paroisse de Saint-Sulpice à Paris (1856-1857), Hyacinthe prônait déjà la liberté épiscopale, la tolérance à l'égard des autres religions et des libres-penseurs, et la liberté d'expression à l'intérieur de l'Église.
-
[11]
A. Houtin, op. cit., 1920, t. 1, p. 182-183.
-
[12]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 13 mai 1866.
-
[13]
Cité dans H. Cordey, Edmond de Pressensé et son temps, Lausanne, Bridel, 1916, p. 418.
-
[14]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 1er oct. 1866.
-
[15]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 27 sept. 1866.
-
[16]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 12 sept. 1866. Hyacinthe le recommande aussi auprès de l'abbé Captier (frère du père Captier) et de l'abbé Sire.
-
[17]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 21 sept. 1866.
-
[18]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 18 nov. 1865.
-
[19]
A. Houtin, op. cit., 1920, t. 1, p. 184.
-
[20]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 20 oct. 1866, citée dans ibid., p. 184-185.
-
[21]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 5 oct. 1867, citée dans ibid., p. 189-190.
-
[22]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 27 sept. 1866.
-
[23]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 13 avril 1866.
-
[24]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 27 sept. 1866.
-
[25]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 13 avril 1866.
-
[26]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 18 nov. 1865.
-
[27]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 8 juin 1866.
-
[28]
28 H. Loyson, Conférences à Notre-Dame : Avent 1866, Paris, Albanel, 1868, n° 1, 2 déc. 1866, p. 3.
-
[29]
H. Loyson, Conférences à Notre-Dame : Avent 1866, n° 6, 6 janv. 1866, p. 4.
-
[30]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 28 déc. 1868. Il cite notamment des extraits de la Genèse.
-
[31]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, s.d. [vers 1869]. Au terme de sa réflexion, Le Play écrit en 1869 à Hyacinthe : « J'ai fini mon grand travail qui se réduit à recommander la pratique du Décalogue. »
-
[32]
Cf. M. Nouvel, « F. Le Play, réforme sociale et re-christianisation sous le Second Empire », dans B. Béthouart et G. Cholvy (dir.). La Christianisation à travers l'histoire, Boulogne-sur-mer, Université du Littoral, 2009, p. 157-176.
-
[33]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 4 oct. 1867 : « Il est malheureux que le peuple catholique s'en tienne généralement à l'Évangile. Les protestants, mieux avisés, tirent de l'Ancien Testament une force incomparable pour ordonner la vie publique. »
-
[34]
H. Loyson, Conférences à Notre-Dame : Avent 1866, n° 2, 9 déc. 1866, « Exorde », p. 1.
-
[35]
Hyacinthe – comme Le Play (lettres des 20 sept. 1867 et 21 août 1868) – critique ici aussi bien les adeptes de la pensée de Rousseau que ceux qui utilisent le darwinisme et le mythe du « bon sauvage » hérité du XVIIIe siècle pour défendre l'idée d'un homme naturellement bon. Pour le contexte intellectuel, voir les études rassemblées dans I. Poutrin (dir.), Le XIXe siècle : Science, politique et tradition, Paris, Berger-Levrault, 1995.
-
[36]
À la science positiviste d'Auguste Comte et de John Stuart Mill – conception rationaliste de l'Univers d'où tout surnaturel est exclu –, Hyacinthe oppose la science sociale leplaysienne qui, portée par un désir « positif » de Vérité, invite à défendre la religion chrétienne « révélée ». Ancien adepte d'A. Comte, Léon Donnat se serait, selon Le Play, dont il est alors un proche collaborateur, converti au catholicisme à la lumière des « faits » (lettre de Le Play, 30 mars 1866).
-
[37]
H. Loyson, Conférences à Notre-Dame : Avent 1866, n° 5, p. 9. Cf. M. Nouvel, « L'éducation dans La Réforme sociale », dans J.-F. Marchat (dir.), Le Play, économie sociale et éducation(s), colloque de Limoges, 5-6 oct. 2006 [actes sur cédérom].
-
[38]
H. Loyson, Conférences à Notre-Dame : Avent 1866, n° 5, p. 9.
-
[39]
Ibidem.
-
[40]
H. Loyson, Conférences à Notre-Dame : Avent 1866, n° 3, 16 déc. 1866, p. 3. Sur cette question des mœurs, voir A. Corbin, Les filles de noce. Misère sexuelle et prostitution (19 et 20e siècles), Paris, Aubier Montaigne, 1978.
-
[41]
F. Le Play, La Réforme sociale, 1866, 2e éd., t. 1, p. 277.
-
[42]
Dans la Réforme sociale (1864), Le Play dénonce les adeptes du « scepticisme » qui combattent la religion et nient son utilité pour les sociétés modernes en vertu d'arguments empruntés à la science, l'histoire et à l'expérience (t. 1, chap. 1 : « La Religion », § 1 : « Trois objections des sceptiques »).
-
[43]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 15 déc. 1867.
-
[44]
H. Loyson, Conférences à Notre-Dame : Avent 1867, Paris, Albanel, 1867, n° 1, p. 27.
-
[45]
Ibidem.
-
[46]
Idem, p. 21.
-
[47]
Idem, p. 23.
-
[48]
A. Houtin, op. cit., 1920, p. 187.
-
[49]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 21 sept. 1866.
-
[50]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 21 sept. 1866.
-
[51]
Lettres de Le Play à Hyacinthe, 1er janv. et 1er déc. 1867.
-
[52]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 15 nov. 1867. À Malines, le 6 sept. 1867, dans une conférence intitulée L'Éducation des classes ouvrières, Hyacinthe aborde une première fois la question ouvrière. Renvoyant aux travaux de Le Play, il souligne le caractère fécond d'une éducation professionnelle délivrée dans le cadre d'un atelier.
-
[53]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 4 oct. 1867.
-
[54]
Plus tard, Le Play fera lui-même la promotion des discours de Notre-Dame dans l'entourage de l'empereur, et même auprès de ce dernier (lettre de Le Play à Hyacinthe, 25 fév. 1869).
-
[55]
A. Houtin, op. cit., 1920, p. 184.
-
[56]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 27 oct. 1866, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 184.
-
[57]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 6 fév. 1868.
-
[58]
En pleine polémique, Hyacinthe s'est prononcé en faveur du pouvoir temporel du pape. Cf. V. Zuber, « Hyacinthe Loyson... », art. cité.
-
[59]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 7 fév. 1868.
-
[60]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 7 fév. 1868.
-
[61]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 30 mars 1868, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 183.
-
[62]
Mgr Dupanloup est notamment célèbre pour son interprétation libérale du Syllabus (1864) qui visait à réconcilier l'Église de France avec les autorités romaines.
-
[63]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, nov. 1868. Dans les premières éditions de la Réforme sociale, Le Play dénonçait davantage les « erreurs » commises dans le passé par les catholiques que leur attitude présente.
-
[64]
A. Houtin, op. cit., 1920, p. 183.
-
[65]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 12 août 1866.
-
[66]
A. Houtin, op. cit., 1920, p. 188.
-
[67]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 6 sept. 1868.
-
[68]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 30 déc. 1867.
-
[69]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 12 août 1866.
-
[70]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 6 nov. 1868.
-
[71]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 6 nov. 1868.
-
[72]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 31 déc. 1867. Parmi les « amis » les plus proches de Le Play, on trouve, outre Cochin et Montalembert, Albert de Saint-Léger, Charles de Ribbe, Denys Benoist dAzy et Léon Donnat. Cf. M. Nouvel, Frédéric Le Play, une réforme sociale..., op. cit.
-
[73]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 29 déc. 1868.
-
[74]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 9 août 1866.
-
[75]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 17 nov. 1866.
-
[76]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 19 juin 1869, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 298-299. Dans les milieux catholiques, la participation du célèbre orateur au congrès fit débat. Celui-ci y retrouve notamment leur ami commun le père Gratry, ainsi que l'ancien saint-simonien Michel Chevalier.
-
[77]
Lettre de Hyacinthe à Pressensé, 7 sept. 1869, citée dans H. Cordey, op. cit., p. 414.
-
[78]
Cf. M. Nouvel, « F, Le Play, réforme sociale et re-christianisation... », art. cité.
-
[79]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 5 mai 1866 : « Les religieux doivent restreindre leur action, lorsque les laïques font suffisamment leur devoir sur un sujet déterminé. »
-
[80]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 24 janv. 1867.
-
[81]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, nov. 1868.
-
[82]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 24 janv. 1867.
-
[83]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 6 nov. 1868.
-
[84]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 11 nov. 1868.
-
[85]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, nov. 1868.
-
[86]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 6 nov. 1868.
-
[87]
Musée Arbaud, Aix-en-Provence, fonds de Ribbe, lettre de Le Play à C. de Ribbe, mai 1866.
-
[88]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, nov. 1868.
-
[89]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 6 nov. 1868.
-
[90]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 22 juillet 1869.
-
[91]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 5 oct. 1867.
-
[92]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 23 août 1869.
-
[93]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 23 août 1869.
-
[94]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 23 sept. 1866.
-
[95]
F. Le Play, La Réforme sociale [1864], p. 362.
-
[96]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 6 sept. 1868. « Les sujets que vous traitez dans le second livre [...] pourront me servir de préparation à mes prochaines conférences. Je veux parler cette année de l'Église, et je tiendrai à le faire d'une manière pratique et en l'envisageant plutôt dans les faits que dans les idées et dans le présent que dans le passé. »
-
[97]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 5 oct. 1867, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 189 (à propos du discours de Malines, 1867).
-
[98]
Lettres de Hyacinthe à Le Play, 10 juillet et 30 sept. 1869.
-
[99]
F. Le Play, La Réforme sociale [1864], t. 1, p. 4 ; t. 2, p. 340.
-
[100]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 20 août 1869.
-
[101]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 5 oct. 1867, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 190.
-
[102]
Ibid., p. 357.
-
[103]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 25 fév. 1869.
-
[104]
Le Temps, 20 sept. 1869 ; Le Journal des débats, 21 sept. 1869.
-
[105]
Lettre de Hyacinthe à Pressensé, 26 sept. 1869, citée dans H. Cordey, op. cit., p. 416.
-
[106]
Lettre de Montalembert, 9 oct. 1869, citée dans P. Lecanuet, Montalembert, Paris, Poussielgue, 1902, t. 3, p. 453.
-
[107]
Cité dans P. Pierrard, Louis Veuillot, Paris, Beauchesne, 1998, p. 94-96.
-
[108]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 24 sept. 1869, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 326.
-
[109]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 326.
-
[110]
« Qui pourrait vous blâmer... Si vous n'allez pas trop loin ? Mais si cette lettre était un premier pas dans la voie où l'on sort de l'Église, je ne vous en serais pas moins attachée ; mais je serais désolée [...]. Comment vous entendez régler votre vie ? » (Lettre de Mme de Forbin d'Oppède, sept. 1869, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, t. 1, p. 326).
-
[111]
H. Cordey, op. cit., p. 419.
-
[112]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, entre le 7 et le 13 juin 1870.
-
[113]
A. Houtin, op. cit., 1922, p. 16.
-
[114]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 3 fév. 1868, citée dans A. Houtin, op. cit., 1922, p. 315.
-
[115]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 28 mars 1871, citée dans A. Houtin, op. cit., 1922, p. 320.
-
[116]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 12 juin 1869, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 315.
-
[117]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 27 sept. 1870.
-
[118]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 28 mars 1871, citée dans A. Houtin, op. cit., p. 320.
-
[119]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 28 mars 1871, citée dans A. Houtin, op. cit., p. 320. Et Le Play d'avancer un argument historique : « Cette situation était fort commune aux grands siècles de l'Église. On différait profondément sur les formes et les dogmes ; mais on s'accordait par la charité et le dévouement aux ouailles qui sont le vrai fonds de la doctrine de Jésus-Christ. »
-
[120]
Lettre de Le Play à Hyacinthe, 20 oct. 1866, citée dans A. Houtin, op. cit., 1920, p. 185.
-
[121]
Le Play s'apprête à publier L'Organisation du travail (Tours, Mame, 1870).
-
[122]
H. Cordey, op. cit., p. 419.
-
[123]
Expression utilisée par Hyacinthe dans une lettre adressée à Le Play le 7 février 1867.
-
[124]
H. Loyson, Journal, 26 juillet 1870, cité dans A. Houtin, op. cit., 1922, p. 38-39.
-
[125]
Lettre de Hyacinthe à Le Play, 26 juillet 1870, citée dans A. Houtin, op. cit., 1922, p. 39.
-
[126]
La France, 30 juillet 1870, et Le Journal des débats, 31 juillet 1870.
-
[127]
Lettre inédite de Hyacinthe à Le Play, s.d. [vers 1870].
-
[128]
A. Houtin, op. cit., 1922, p. 421. « La lettre du 28 mars 1871 fut peut-être la dernière de cette correspondance. [...] Après cette date, il n'est plus question de F. Le Play dans le journal. »
-
[129]
H. Loyson, Journal, cité dans A. Houtin, op. cit., 1922, p. 421.
-
[130]
A. Houtin, op. cit., 1922, p. 313.
-
[131]
E. de Curzon, 1899, p. 232, cité dans A. Houtin, op. cit., 1922, p. 313.
-
[132]
Voir L. Baunard, La Foi et ses victoires, 1884 ; abbé A. Riche, Frédéric Le Play, 1891.
-
[133]
Voir M. Brejon de Lavergnée, « Le Play et les milieux catholiques », dans A. Savoye et F. Cardoni (dir.), Frédéric Le Play. Parcours, audience, héritage, Paris, École des Mines, 2007, p. 159-180.