Notes
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[*]
Elian Cuvillier est professeur de Nouveau Testament à la Faculté de théologie protestante de Montpellier.
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[1]
Sur ce sujet, cf. Christian Grappe et Alfred Marx, Le sacrifice. Vocation et subversion du sacrifice dans les deux Testaments, Genève, Labor et Fides, 1998.
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[2]
André Wénin, Pas seulement de pain… Violence et Alliance dans la Bible, Paris, Cerf, 1998, p. 11.
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[3]
Pour le Nouveau Testament, cf. Michel Quesnel, Yves-Marie Blanchard, Claude Tassin, éd., Nourriture et repas dans les milieux juifs et chrétiens de l’Antiquité. Mélanges offerts au Professeur Charles Perrot, Paris, Cerf, 1999.
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[4]
Mt 3, 4 ; 4, 1-11 ; 5, 6 ; 6, 11 ; 6, 16-18 ; 6, 25-26.31 ; 7, 9-10 ; 8, 11 ; 9, 9-19 ; 10, 9-10.42 ; 11, 18-19 ; 12, 1-8 ; 14, 16-21 ; 15, 2.20 ; 15, 26-27 ; 15, 32-38 ; 16, 5-12 ; 21, 18-22 ; 22, 1-14 ; 23, 6 ; 24, 38-39 ; 24, 45-51 ; 25, 1-13 ; 25, 31-46 ; 26, 6-13 ; 26, 17-29 ; 26, 42 ; 27, 34.48.
-
[5]
D’autres regroupement thématiques sont évidemment envisageables ; les cinq proposés prétendent d’autant moins à l’exclusivité qu’ils n’intègrent pas toutes les références répertoriées à la note 4.
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[6]
TOB.
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[7]
De manière significative, Matthieu ne reprend même pas Mc 2, 27 : « Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat » !
-
[8]
On rappellera que dans le judaïsme rabbinique des années 80, Os 6, 6 doit servir à consoler Israël après la destruction du Temple : « On rapporte que Johannan ben Zakkaï sortait un jour de Jérusalem accompagné de son disciple Rabbi Joshua ben Hananiah. À la vue du Temple en ruines, Joshua s’écria : “Malheur à nous car le lieu où les iniquités d’Israël furent expiées est détruit.” Johannan répondit : “Ne sois pas dans l’affliction, mon fils, car nous avons une expiation qui a autant de valeur : des actes de miséricorde, car, selon l’Écriture : c’est l’amour que je veux et non le sacrifice” », cité par William D. Davies, Pour comprendre le Sermon sur la Montagne, Paris, Seuil, 1970, p. 99).
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[9]
Sur le passage et son cadre religieux, voir Alfred Marx et Christian Grappe, op. cit., p. 50 sqq.
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[10]
Ce que dira plus tard, à sa manière – c’est-à-dire de façon polémique –, la Didaché, cf. 8, 1 : « Que vos jeûnes n’aient pas lieu en même temps que ceux des hypocrites ».
-
[11]
Traduction NBS.
Avant-propos
1Manger et boire : deux actes fondamentaux de l’existence humaine au travers desquels se jouent la vie et la mort de l’individu, non seulement sur un plan physique mais également sur un plan psychologique. L’être humain traduit quelque chose de sa compréhension de lui-même et du monde dans le rapport qu’il entretient à la nourriture (ainsi le boulimique ou l’anorexique). Dans sa façon de sélectionner la nourriture (ce qui se mange et ne se mange pas) de la préparer (crue, cuite, apprêtée de telle ou telle manière), de la manger (les rituels qui, dans toutes les sociétés humaines, entourent la prise de nourriture) et de la partager avec d’autres (la commensalité), se joue, non seulement un point de jonction essentiel entre nature et culture, mais également un rapport à soi-même et à l’autre incluant l’existence physique, psychologique, sociale ou religieuse de l’individu. Sans oublier, dans le domaine religieux, les relations complexes unissant nourriture, sang, violence et sacrifice [1].
2Dans la Bible, « le manger et le boire forment […] un fil rouge du récit global [2] » depuis la Genèse, avec son arbre de vie qui nourrit les premiers humains, jusqu’à l’Apocalypse où on retrouve cet arbre au centre de la Nouvelle Jérusalem. Sans parler évidemment des innombrables repas qui, de l’Ancien au Nouveau Testament [3] scandent les récits bibliques. Il n’est donc pas surprenant que l’Évangile de Matthieu soit constamment traversé, du début à la fin, d’allusions à la nourriture et aux repas. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous avons recensé près de trente passages (du simple logion à la péricope entière [4]) qui parlent de prise de nourriture ou de repas. Une enquête rapide à travers l’ensemble de ces occurrences permet d’identifier cinq entrées possibles [5] qui permettent de rendre compte de la richesse de ce thème de la nourriture et du repas dans l’Évangile de Matthieu.
- Les récits mentionnant la « faim » de Jésus et de ses disciples (Mt 4, 1-11 ; 12, 1-8 ; 21, 18-22).
- Les paroles sur la nourriture et le jeûne dans le Sermon sur la Montagne (Mt 5, 6 ; 6, 11 ; 6, 16-18 ; 6, 25-34 ; 7, 7-11).
- Les récits mentionnant des « repas » de Jésus (Mt 9, 9-19 ; 26, 6-13 ; 26, 17-29).
- La « section des pains » (14, 13–16, 12) et ses multiples allusions à la nourriture et aux repas (Mt 14, 15-21 ; 15, 1-20 ; 15, 21-28 ; 15, 32-39 ; 16, 5-12).
- Le thème de la faim, du manger et du boire, de l’excès de table et du repas de noce dans les paraboles de Jésus, en particulier dans le discours eschatologique (Mt 22, 1-14 ; 24, 37-41 ; 24, 45-51 ; 25, 1-13 ; 25, 31-46).
3Le projet est de montrer quelle compréhension du rapport à la faim, à la nourriture et au repas se donne à connaître et, conjointement, quelle compréhension de Dieu et de l’homme (quelle « théologie » et quelle « anthropologie ») est déployée. Pour la méthodologie, nous empruntons de façon libre aux outils de la narratologie, mais, plus fondamentalement peut-être, nous nous mettons à l’écoute des détails du texte, au plus près de ses signifiants, à travers ce qu’on pourrait appeler une lecture psycho-anthropologique du récit biblique. C’est-à-dire une écoute du texte dans son propos sur ce qui constitue l’être humain en profondeur, ce qui le structure au plan symbolique au sens que ce terme prend dans la psychanalyse lacano-freudienne. Une lecture partielle et sans aucun doute partiale (nous dirions « subjective ») dont nous espérons simplement qu’elle rend compte d’une écoute possible de récits dont la potentialité de sens n’est évidemment pas réductible à l’interprétation qui en est faite ici.
1 – La « faim » de Jésus et de ses disciples (Mt 4, 1-11 ; 12, 1-8 ; 21, 18-22)
4À trois reprises, le narrateur utilise le verbe peinaô (avoir faim) pour indiquer la faim de Jésus et de ses disciples : 4, 2, epeinasen ; 12, 1, epeinasan ; 21, 18, epeinasen (cf. également 25, 35.37.42.44 : epeinasa et peivônta deux fois, passages sur lesquels nous reviendrons à la fin de cette première partie). Ces trois mentions renvoient à trois épisodes dont l’analyse constitue l’objet du présent chapitre.
1.1 – La « faim » de Jésus comme discours d’incarnation (Mt 4, 1-11)
5Faisant suite au récit du baptême, le récit de la tentation permet de vérifier ou d’éprouver la qualité de « fils » attribuée à Jésus depuis la révélation du baptême (Mt 3, 13-17) : comment celui que la voix du ciel a proclamé « Fils bien-aimé » (3, 17) est-il « Fils de Dieu » ? (4, 3.6). Cinq remarques en lien avec notre thème sur ce récit.
6(1) La première tentation est relative à la nourriture. La faim est la première expérience du manque et le jeûne que vit Jésus en constitue une traversée. En se soumettant à la privation de nourriture, le Jésus de Matthieu subit rien moins que l’épreuve de l’incarnation.
7(2) Le tentateur propose à Jésus de résorber l’expérience du manque, constitutive de l’humanité, par l’expérience de la toute-puissance qui est négation de la réalité commune (dans le monde des hommes une pierre ne se transforme jamais en pain). Sous forme d’un défi, il propose la disparition du manque en convoquant la puissance divine supposée demeurer dans la personne de Jésus. En somme, le tentateur déclare qu’est « Fils de Dieu » celui qui échappe à la condition humaine : ne plus connaître ni la faim (v. 3) ni la mort (v. 6) et recevoir le pouvoir (v. 9).
8(3) À la tentation qui propose de ne plus connaître l’épreuve de la faim qu’expérimente tout homme, Jésus oppose son refus, fissurant ainsi la figure du Dieu définie par le tentateur. Jésus n’est « Fils de Dieu » qu’en renonçant à être « dieu » au sens où le terme définit le contraire de ce qu’est l’homme. Il n’est « Fils de Dieu » qu’en refusant en tout premier lieu le prodige permettant d’apaiser artificiellement la faim. Jésus refuse en somme le déni de la réalité.
9(4) Outre ce refus de la toute-puissance, Jésus déplace la problématique de la faim du plan physiologique au plan métaphorique : non seulement, il ne succombe pas à la tentation du prodige qui n’est ni plus ni moins que la négation de la réalité, mais en outre il ne se laisse pas capturer par la fascination du simple assouvissement de la faim physique. Celle-ci est métaphore de la faim véritable. Se nourrir en vérité c’est écouter la parole de Dieu.
10(5) L’épisode se termine par la mention « des anges vinrent auprès de Jésus et le servaient » (v. 11). On doit comprendre ici qu’ils viennent lui apporter de la nourriture (cf. Mt 8, 15 ; 25, 44 ; et 1 R 19, -8 où l’ange nourrit Élie pour lui permettre de marcher 40 jours et 40 nuits vers le Mont Horeb). On peut aussi entendre que Jésus est nourri dans le désert comme le peuple autrefois recevait la manne. Au « Fils » qui refuse de transformer les pierres en pain, Dieu accorde la nourriture nécessaire. Le Fils ne « force » pas le Père, il fait confiance en sa parole et reçoit de surcroît la nourriture du corps (cf. 6, 33). Il n’y a donc pas négation du besoin physique.
11Le récit de la tentation trace ainsi quatre directions : (1) le refus de la toute-puissance laquelle est déni de la réalité ; (2) l’ouverture sur une écoute métaphorique des signifiants : la « nourriture » véritable c’est l’écoute de la parole de Dieu ; (3) cette ouverture au symbolique n’est pas négation du besoin physique ; (4) est nourri celui qui, ne succombant pas à la tentation du refus de la limite, se sait dépendant de l’Autre.
1.2 – La « faim » des disciples au risque de l’interprétation de Jésus (12, 1-8)
12Le récit de la tentation a dénoncé un premier risque de déshumanisation (risque si on se réfère à Gn 3, 5) : le désir de puissance et le refus des limites comme dénis de la réalité. Le « Fils de Dieu » y résiste en empruntant la voie de l’incarnation supposant acceptation du manque et confiance en une altérité secourable. Le récit des épis arrachés le jour du sabbat (Mt 12, 1-8) met en scène une seconde tentation de déshumanisation de l’humain : le rapport dévoyé à la Loi entravant chez l’homme ce qui est du côté de la vie pour le lier à une règle asservissante et mortifère. Cinq remarques à l’appui de cette lecture.
13(1) Dans Mt, la péricope se trouve directement reliée au logion de 11, 28-30. Mt 12, 1-8 se présente ainsi comme l’illustration directe de l’affirmation selon laquelle le « joug » – métaphore souvent utilisée dans la tradition juive pour désigner la Loi – de Jésus est « facile à porter et [s]on fardeau léger [6] » (11, 30). En 12, 1-8 sont donc opposés le « joug » des pharisiens et le « joug » de Jésus. Autrement dit, ce n’est plus à la Loi de Moïse telle que les pharisiens en sont les dépositaires qu’il faut obéir (dont il faut se charger) mais à la Loi (i.e., au « joug ») de Jésus (cf. Mt 5, 21-48 : « Vous avez entendu qu’il a été dit […]. Mais moi je vous dis […] »). On est ici au cœur du changement radical de paradigme que propose Matthieu : ce n’est plus la Torah mais le Messie qui est au centre de la piété.
14(2) Les disciples sont caractérisés par trois déterminations : ils ont faim ; ils arrachent des épis ; ils mangent. Ils ne sont donc pas confrontés à la tentation de nier leurs limites en demandant par exemple à Jésus de les nourrir miraculeusement (cf. à l’inverse Mt 14, 28-33 où Pierre demande à Jésus de marcher sur les eaux). Ils font simplement ce que chacun fait au quotidien : ils assument pleinement leur humanité. Ils sont dans le « besoin » de nourriture et ils l’assouvissent en humains, c’est-à-dire par un « travail » qui consiste à arracher les épis avant de les manger.
15(3) Les disciples sont accusés de transgresser la règle du sabbat. Premièrement et principalement, du point de vue des pharisiens tels qu’ils sont mis en scène par Matthieu ; ils ne se soumettent pas à une obéissance stricte, légaliste, aurait-on envie de dire. Mais les disciples semblent aussi transgresser le sens premier du sabbat, son sens fondamental pourrait-on dire. Originellement, le sabbat est en effet compris comme un temps de rupture avec l’activité quotidienne, avec le besoin quotidien de nourriture, de travail, d’activité. Il fait intervenir de l’écart, de la différence, de la distance par rapport au quotidien. En d’autres termes, le sabbat fait passer du besoin (par exemple de nourriture) au désir (de se « nourrir » de la parole de Dieu). Les disciples semblent s’en tenir à l’assouvissement de leur besoin primaire. Un besoin certes important mais non vital, en ce sens que s’ils avaient attendu la fin du sabbat pour manger, ils ne seraient pas morts !
16(4) Pourtant Jésus justifie ses disciples. D’abord de la transgression de la lettre du sabbat telle que les pharisiens la défendent. Ici, le lien avec ce qui précède (le « joug » léger) indique bien que ce qui est en jeu c’est un rapport perverti à la loi du sabbat. Elle ne se soucie pas de l’humain mais de l’application stricte d’une règle. Elle ne se soucie pas du sens à donner au sabbat comme temps de mise à distance de l’activité quotidienne, possibilité de métaphoriser son agir, de penser différemment le rapport au monde, aux choses et aux autres. Le seul souci est l’application de la règle. Or ici, Jésus est clair : sa parole fait autorité pour refonder un rapport à la Loi qui libère de son caractère mortifère.
17(5) Mais de façon plus fondamentale, notre hypothèse est que la parole de Jésus lève l’accusation selon laquelle les disciples transgressent l’esprit même du commandement du sabbat. Pour affirmer cela nous nous appuyons sur le constat de l’étendue de l’argumentation par laquelle le Jésus matthéen justifie l’attitude de ses disciples (6 versets sur les 8 que contient la péricope). Cette longue argumentation a pour effet de donner à l’attitude des disciples une épaisseur qu’elle ne possède pas dans la narration lapidaire du v. 1 (« Ses disciples qui avaient faim, se mirent à arracher des épis et à manger »). Il aurait pourtant suffi que Jésus affirme qu’il ne faut pas appliquer la Loi de façon casuiste et légaliste, qu’il en appelle au souci de l’autre constitutif de la Loi mosaïque [7]. Au lieu de cela, le Jésus matthéen répond par un long détour, pas moins de quatre arguments dont l’essentiel peut se résumer ainsi :
- v. 3-4 : en faisant ce qu’ils font les disciples remémorent rien moins qu’une situation où David a sauvé la vie de ses compagnons en danger de mort (1 S 21,3-7) ; ils accomplissent un geste assimilé à un geste de salut ;
- v. 5-6 : ils sont, dans le même mouvement, « prêtres » de Jésus, plus grand que le Temple ;
- v. 7 : ils accomplissement également la parole prophétique d’Osée dont ils reçoivent une interprétation autorisée [8] ;
- v. 8 : ils sont sous l’autorité souveraine du Fils de l’homme.
18Concluons. Pas plus qu’apaiser la faim ne suppose d’en appeler à une toute-puissance divine qui est déni de la réalité, la Loi n’exige qu’on entrave ce qui en l’homme relève de son humanité au nom d’une obéissance aveugle, oubliant que le commandement a été fait pour le bonheur de l’homme. L’autorité du « Fils » qui a assumé pleinement l’humanité et ses limites libère les disciples des règles mortifères qui entravent leur vie d’hommes. En même temps, la parole du Fils de l’homme donne du sens à l’agir des disciples, interprétant leur geste non comme simple « besoin » de nourriture mais comme rien moins qu’accomplissement des prophéties. En arrachant des épis un jour de sabbat, parce qu’ils avaient faim, les disciples – du point de vue du récit évangélique – se sont tout simplement mis sous l’autorité du Fils de l’homme et de sa parole. Est-il exagéré de dire qu’en transgressant la lettre du sabbat les disciples en accomplissent l’esprit si l’on se souvient que Jésus est celui qui donne le « repos » (v. 28 : anapauô, verbe – substantif anapausis –, souvent utilisé dans la LXX pour indiquer le repos du sabbat, cf. Ex 23, 12) ? Quoi qu’il en soit, ce surplus de sens donné au geste des disciples est donné par la parole de l’interprète autorisé de la Loi qu’est Jésus.
1.3 – Faim de Jésus et malédiction du figuier (Mt 21, 18-22)
19Jésus passe devant un figuier. Il a faim. Il ne trouve rien. Il ordonne et le figuier sèche. Ses disciples ébahis l’interrogent sur ce prodige. Il répond que foi et prière peuvent les rendre capables de prodiges plus grands encore. Deux questions se posent alors : Jésus aurait-il finalement cédé à la tentation de la toute-puissance ou, à tout le moins, la frustration créerait-elle chez lui une violence vengeresse ? Les disciples seraient-ils invités, en fin de compte à entrer dans la logique de la demande de puissance ? Trois remarques sur cet épisode.
20(1) Notons d’abord que Jésus ne fait pas venir des figues sur un arbre qui n’en possède pas. Il n’y a donc pas déni de la réalité (il ne fait pas pousser « miraculeusement » des figues) mais, au contraire, prise en compte de celle-ci comme pour constater qu’il ne peut pas en aller autrement. La parole de Jésus entérine un état de fait : elle révèle la mort du figuier en la rendant visible. On reconnaît l’arbre à ses fruits dit ailleurs en substance le Jésus matthéen (cf. Mt 7, 15-20). Pourquoi donc s’obstinerait-on ici à attendre de cet arbre ce qu’il ne peut pas donner. Là résiderait le déni de la réalité !
21(2) Ensuite, l’encadrement de l’épisode invite le lecteur à entendre le figuier comme une métaphore du Temple. Certes Matthieu ne reprend pas la construction marcienne « en sandwich » (cf. Mc 11, 12-14 et 20-25). Dans Matthieu, l’épisode des vendeurs chassés du Temple (Mt 21, 12-17) et celui de la controverse sur l’autorité (Mt 21, 23-27) encadrent notre récit (Mt 21, 18-22). Pourtant, le sens n’en est pas moins évident que dans Marc : les figues que Jésus n’a pas trouvées, ce sont bien ces fruits qu’il était en droit d’attendre de l’institution religieuse du Temple. Il n’a donc pas été nourri par elle.
22(3) Enfin, les disciples sont invités à avoir la foi qui permet de recevoir tout ce qu’on demande. Mais que demander ? L’assouvissement du fantasme de toute-puissance (cf. Mt 21, 22, « tout ce que vous demanderez ») ou l’ouverture à la volonté de Dieu ? Le récit global offre une réponse à mon sens assez claire. Pour ne nous en tenir qu’à trois passages en lien direct avec notre thème, en amont, c’est le « donne-nous notre pain quotidien » (Mt 6, 11) du « Notre Père » et l’invitation à vivre dans la confiance en cherchant prioritairement le Royaume de Dieu (cf. Mt 6, 25-34) ; en aval c’est le « s’il est possible que cette coupe s’éloigne, toutefois non pas ce que je veux mais ce que tu veux » (Mt 26, 42) de Jésus. Bref, l’enjeu est le suivant : à lire l’épisode coupé de son contexte narratif large et étroit, on a un réinvestissement d’une figure puissante du Messie et une invitation faite aux disciples à se situer dans sa lignée ; le thaumaturge tout-puissant qu’est Jésus peut combler la frustration de ses disciples en les faisant participer à sa puissance. À replacer l’épisode dans son cadre narratif, on poursuit les axes précédemment entrevus : refus de la toute-puissance ; confiance dans une extériorité bienveillante ; métaphorisation. Quant à la prière elle n’est pas satisfaction des pulsions et frustrations infantiles mais ouverture au désir de l’Autre.
1.4 – Ouverture : se laisser nourrir par les autres
23Indiquons seulement deux références qui abordent la question de la faim et de la nourriture en dehors des textes que nous venons d’analyser. Ces deux références confirment les perspectives entrevues (à savoir les axes que sont refus de la toute-puissance, confiance en un autre, métaphorisation des signifiants sans pour autant nier le « besoin » physique). En Mt 25, 31-46, après les trois récits que nous venons de lire, c’est le « Fils de l’homme » glorieux qui s’identifie à l’un de ces « petits » affamés qui ne doivent leur survie qu’à ceux qui les nourrissent. Une image anticipée par les recommandations de Jésus aux disciples dans le discours missionnaire : invités à partir sans rien prendre en route car l’ouvrier « mérite sa nourriture » (10, 10), ils se retrouvent liés à ceux qui voudront bien leur donner un « verre d’eau » en leur qualité de « petits » et de « disciples » (cf. Mt 10, 42).
2 – Les récits des « repas » de Jésus (Mt 9, 9-19 ; 26, 6-13 ; 26, 17-29)
24Trois fois dans le premier Évangile Jésus se trouve « à table » (verbe anakeimai avec Jésus pour sujet : 9, 10 ; 26, 7 et 20 ; autre emploi du verbe : 22, 10-11, un passage sur lequel nous reviendrons en conclusion) : le repas avec Lévi (Mt 9, 9-19), le repas chez Simon le lépreux (Mt 26, 6-13) et le dernier repas avec ses disciples (Mt 26, 17-29).
2.1 – Le repas avec Lévi (Mt 9 ,9-19)
25Sur l’épisode de l’appel et du repas chez Lévi, nous faisons cinq remarques en lien avec notre thème.
26(1) Dans cet espace de « la maison » (v. 10), c’est non seulement le repas avec les pécheurs qui se déroule mais aussi la controverse sur le jeûne. Toujours la problématique de la nourriture.
27(2) Pour un pharisien de la fin du premier siècle, la scène du repas de Jésus avec les pécheurs est scandaleuse. Ce qui est en jeu c’est l’identité sociale et religieuse. Ceux avec qui l’on mange sont ceux que l’on reconnaît comme appartenant au même univers, au même groupe. La commensalité et ses limites structurent la représentation du monde et permettent un vivre ensemble cohérent : il y a le permis et le défendu, ceux avec qui il n’est pas possible de manger (païens et juifs impies).
28(3) Le v. 13 (Jésus n’est pas venu appeler les « justes » mais les « pécheurs ») est une ré-interprétation du messianisme juif. Seuls ceux qui se préparent à sa venue, qui se purifient et obéissent à la Loi, accueillent le Messie. Ici, au contraire, ceux pour qui il n’est pas normalement venu sont les premiers et uniques bénéficiaires de cette venue : les impurs et les pécheurs. Dit autrement : entendre l’appel du Messie/Jésus suppose d’abord une compréhension de soi comme pécheur.
29(4) C’est dans ce cadre qu’il faut interpréter la citation d’Osée : en mangeant avec les pécheurs Jésus manifeste la grâce miséricordieuse de Dieu. En partageant la table de communion il montre une autre voie d’accès que la logique de séparation entre le pur et l’impur. Jésus devient ici la personnification de la miséricorde. Les disciples de Jésus sont désormais dans cette logique : il y a toujours une identification par le partage des tables. Mais le critère n’est plus le même : d’un côté la Loi éthique qui assure le maintien dans l’alliance même en l’absence de Temple. De l’autre la christologie au nom de laquelle tous sont appelés, c’est-à-dire tous ceux qui se reconnaissent pécheurs (la « miséricorde » selon Matthieu, laquelle n’est plus une « œuvre de justice » des hommes mais l’appel même de Dieu).
30(5) À propos de la controverse sur le jeûne [9] : les disciples n’ont pas à jeûner quand l’époux est là. Le « jeûne » n’est pas une règle qui a son sens en elle-même mais par rapport à la personne du Christ ; il ne se comprend pas comme une marque religieuse identitaire (cf. les trois piliers de la piété que sont le jeûne, l’offrande et la prière), mais se vit dans un rapport existentiel à la personne de l’époux. La pertinence du jeûne est liée à la christologie, c’est-à-dire ordonnée à la personne de Jésus. La pratique du jeûne ne suit plus le calendrier liturgique pharisien, baptiste ou même essénien. Il est ordonné à un nouveau temps, celui inauguré par l’événement pascal [10]. Lorsque les disciples de Jésus jeûnent, ils ne font donc pas la même chose que les pharisiens ou les disciples du Baptiste. Leur pratique de ce rite relève d’un ordre de choses totalement nouveau. En outre, le Sermon sur la Montagne (cf. Mt 6,16-18) a indiqué l’esprit dans lequel doit se vivre le jeûne : cela ne doit pas se voir car ce qui est en jeu relève non pas du signe visible (le marqueur religieux) mais d’une expérience ou l’intime est en « je(u) » (devant le « Père Céleste » qui voit « dans le secret »). Ainsi, le jeûne ne relève plus du rite religieux mais de la vie intime. Il est en quelque sorte métaphorisé : il y a un temps de l’expérience de la présence (jouissance ?) avec l’époux, puis le temps de l’absence où l’on jeûne dans le secret de sa chambre.
31Contrepoint : Jean-Baptiste l’ascète et Jésus le glouton (Mt 11, 18-19)
Car Jean est venu : il ne mangeait ni ne buvait, et l’on dit : « Il a un démon ! » Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant et l’on dit : « C’est un glouton et un buveur, un ami des collecteurs de taxes, des pécheurs ! » Mais la Sagesse a été justifiée par ses œuvres [11].
33De Jean-Baptiste le monde ne voit que le démoniaque car son attitude est incompréhensible dès lors qu’elle n’entre pas dans le cadre défini par le religieux officiel. Il est donc « possédé » dès lors qu’il s’oppose au pouvoir religieux en place (même accusation contre Jésus qui encadre celle portant contre Jean-Baptiste, cf. 9, 32-34 et 12, 22-30).
34De Jésus, le monde ne voit que ce qui relève du « besoin », de l’immédiateté, de la luxure (il se goinfre avec les pécheurs) sans percevoir ce que signifie son attitude (il communie avec tous ceux qui se savent perdus). On ne retient que l’aspect scandaleux de son geste mais on ne l’interprète pas : on reste dans la fascination idolâtre de l’image.
35Mais, dans les deux cas, « la Sagesse est justifiée par ses œuvres » qu’on pourrait traduire : on reconnaît l’arbre à ses fruits, c’est-à-dire aux effets de vie ou de mort dans l’existence de ceux qui entendent Jean-Baptiste ou croisent Jésus.
2.2 – Le repas à Béthanie (Mt 26, 6-13)
36L’épisode de l’onction à Béthanie est un récit riche de sens. En fonction du thème qui nous occupe, nous limitons notre lecture à trois remarques.
37(1) Dans le geste de la femme les disciples ne discernent ni onction royale ni geste amoureux, mais gaspillage. Leur jugement se situe dans l’ordre de la rentabilité et de la morale : le parfum perd toute signification symbolique pour être ramené à sa simple valeur marchande. Ce que souligne Matthieu c’est que la logique comptable, même utilisée pour les causes justes, passe à côté d’une dimension fondamentale de la vie humaine. À savoir que les gestes ont du sens et que celui-ci n’est pas appréciable à l’aune de la seule valeur marchande qu’il met en jeu, ni même de la morale commune au plus grand nombre.
38(2) Jésus interprète le geste comme signifiant (v. 10-13). Dans sa singularité, il est une « belle œuvre », non pas pour un collectif (les pauvres), mais pour un singulier (Jésus). Autrement dit, la loi morale demeure mais ne relève pas du même ordre que celui de la rencontre entre un « je » et un « tu ». La rencontre c’est l’instant où le temps de ce monde est mis entre parenthèses, où les règles de ce monde sont suspendues. Un temps où se joue l’essentiel de ce qui fait l’existence véritable de l’individu. C’est un temps qu’on ne possède pas, qu’on ne maîtrise pas et qu’on ne peut faire advenir selon sa volonté (alors qu’aller vers les pauvres peut se décider à tout moment). C’est un temps qu’on reçoit et à la rencontre duquel il faut savoir aller dans l’instant où il se manifeste à nous, pour lequel aussi il faut tout donner et tout perdre. Dans ce geste excessif, la femme atteste que le temps de la rencontre est venu pour elle, que là se joue l’essentiel de son existence. Voilà pourquoi, aux yeux de Jésus, il prend une signification particulière en lien avec l’essentiel même de sa mission : la Passion. Le geste de la femme reçoit une signification qui le dépasse dans sa singularité historique même. Pour chacune et chacun des auditeurs futurs de l’Évangile, par delà les lieux et les temps, il devient « signifiant ».
39(3) Le geste de la femme a lieu pendant le repas. Le repas est donc le lieu privilégié de cette rencontre qui fait non seulement éclater les frontières du pur et de l’impur (cf. Lévi et les pécheurs ; Simon le lépreux) mais qui hiérarchise les valeurs : l’éthique est seconde par rapport à l’instant de la rencontre où se joue l’identité des sujets. Le repas est un temps privilégié car il suspend l’ordre de ce monde pour ouvrir au temps de la rencontre.
2.3 – Le dernier repas de Jésus (Mt 26,17-29)
40Là encore, nous limitons notre lecture de cet épisode clé du récit de la Passion à cinq remarques.
41(1) Mt 26, 17-29. C’est « chez un tel » (v. 18 : pros ton deîna) que les disciples vont préparer le repas de la Pâque. Matthieu s’éloigne du scénario assez complexe de Marc 14, 13-14, « un homme portant une cruche d’eau », « propriétaire » de la maison… La concision de la description et la façon indéfinie dont est caractérisée l’hôte fait peut-être sens : n’est-ce pas, potentiellement, chez tout homme (« un tel », i.e., untel ou unetelle, chaque lecteur) que Jésus et ses disciples peuvent venir « manger la Pâque » (cf. Ap 3, 20) ?
42(2) L’annonce de la trahison de Judas et l’institution du « dernier repas » se situent pendant le même repas. Outre que Judas est ainsi pleinement participant au repas pascal, il est notable qu’un lien étroit s’établit (par le truchement du repas de communion) entre trahison et pardon des péchés : celui qui va bientôt « livrer un sang innocent » (Mt 27, 4) est, de manière anticipée, bénéficiaire du sang de l’alliance répandu pour le pardon des péchés.
43(3) À la question de chacun de ses disciples, « Est-ce moi Seigneur ? », Jésus répond : « Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c’est celui qui me livrera » (v. 23). Or, le narrateur ne précise pas que c’est Judas qui met la main dans le plat. Il y a ici un non-dit du texte que le lecteur s’empresse généralement de combler en suivant par exemple l’Évangile de Jean : « Qui est-ce ? Jésus lui répond : c’est celui pour qui je tremperai moi-même le morceau et à qui je le donnerai. Il trempe le morceau, le prend et le donne à Judas, fils de Simon l’Iscariote » (Jn 13, 25-26). Ici, le narrateur laisse ce non-dit comme un blanc du récit. En fait, tous les disciples ont forcément mis la main dans le plat avec Jésus puisque c’est ainsi qu’alors on partageait le repas ! Risquons une interprétation de ce « blanc » : pour l’évangéliste, il n’y a pas d’un côté le « traître » et de l’autre les « fidèles ». Il n’y a que des disciples qui ont la capacité de « livrer » leur maître.
44(4) Matthieu, à la suite de Marc, met en scène la Pâque de Jésus. Pour l’évangéliste, le repas que Jésus prend avec ses disciples est bien un repas pascal, le repas de la fête juive. Or, en insérant ici le partage du pain et de la coupe, Matthieu montre que la fête effectivement célébrée par Jésus et ses disciples est la fête du Messie, sa Pâque, son « passage » de la mort à la vie et à la libération qu’il offre à ceux qui mangent avec lui. Ce récit préfigure donc le banquet céleste où celui qui est absent aujourd’hui et se donne dans du pain et du vin, comme dans le récit qui en est fait, sera de nouveau présent auprès des siens. Dans cette attente, le langage liturgique permet d’affirmer que l’absent est mystérieusement présent au milieu des siens. Dans le partage des paroles du Maître désormais absent, et le partage du pain et de la coupe, le Christ atteste sa présence particulière au milieu des siens dans l’attente d’une communion nouvelle dans le Règne de Dieu. Il s’agit désormais de vivre la présence de Dieu et de son envoyé au sein même de leur absence, d’avancer à la lumière d’une parole et à la faveur d’un signe, l’une et l’autre caractérisés par la fragilité.
45(5) La « section des pains » (14, 13–16, 12), en particulier à travers les deux récits de multiplication des pains, anticipe ce qui se joue dans le dernier repas : ouverture universaliste (cf. Mt 14, 16-21 et 15, 32-38 : les deux multiplications ; 15, 21-28 : la femme cananéenne), dépassement de la question du pur et de l’impur (cf. Mt 15, 1-20, controverse sur le pur et l’impur), métaphorisation de la nourriture comme enseignement (cf. Mt 16, 5-12 : le levain des pharisiens). Le dernier repas explicite, ce qui est au cœur de ce processus, c’est la personne même du Christ qui, dans le même mouvement, se donne comme nourriture en se retirant (en mourant) c’est-à-dire en privant ses disciples de la possibilité de le posséder (Jésus ne « gave » pas ses disciples, il les nourrit ; il ne les « comble » pas, il les met en mouvement vers les autres, cf. Mt 28, 16-20).
Conclusion : être ou non participant au repas du fils (Mt 22, 11-14)
46Terminons ce parcours thématique par un rapide regard sur la parabole des invités à la noce (22, 1-14). Elle met en scène un roi qui organise des noces pour son « fils » (la portée christologique de l’allusion est évidente). Suite au refus des premiers invités, « méchants et bons » (v. 10) se retrouvent invités à la noce. La précision est essentielle. Elle signifie que, désormais, ce ne sont donc plus la bonté/justice ou la méchanceté/injustice qui constituent le critère d’invitation : tous « bons et méchants » se retrouvent en effet invités (v. 10 : anakeimenôn). Pourtant la parabole se poursuit par la visite du roi qui chasse de la salle de noce celui des convives qui n’avait pas « d’habit de noce » (v. 11-14, cf. v. 11). Il est cependant significatif que le critère d’exclusion explicitement mentionné ne soit plus la méchanceté ou l’injustice (et, en retour, le critère d’inclusion, la bonté ou la justice) mais bien le vêtement de noce.
47Sans rentrer dans le débat sur l’histoire de l’interprétation de l’image, nous proposons ici de le comprendre sous un angle anthropologique : il est reproché à l’homme de ne pas admettre qu’il a besoin d’être « revêtu » d’un autre vêtement que les siens propres, autrement dit, de ne pas se reconnaître dépendant d’une instance qui le revendique. Son silence atteste qu’il est replié sur lui-même, incapable d’entrer en dialogue avec l’autre qui est venu à sa rencontre. En fait cet invité ne participe pas au repas de noce du « fils ». Il n’est pas dans le « désir » de l’époux mais dans le simple « besoin » de nourriture. Or, Matthieu ne cesse de dire que le repas avec Jésus est l’opportunité pour qu’advienne autre chose dans l’existence des convives. Mais que ce repas ne peut être lieu de communion que s’il est lieu de la rencontre avec l’autre, lieu de l’expérience de l’altérité.
Notes
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[*]
Elian Cuvillier est professeur de Nouveau Testament à la Faculté de théologie protestante de Montpellier.
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[1]
Sur ce sujet, cf. Christian Grappe et Alfred Marx, Le sacrifice. Vocation et subversion du sacrifice dans les deux Testaments, Genève, Labor et Fides, 1998.
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[2]
André Wénin, Pas seulement de pain… Violence et Alliance dans la Bible, Paris, Cerf, 1998, p. 11.
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[3]
Pour le Nouveau Testament, cf. Michel Quesnel, Yves-Marie Blanchard, Claude Tassin, éd., Nourriture et repas dans les milieux juifs et chrétiens de l’Antiquité. Mélanges offerts au Professeur Charles Perrot, Paris, Cerf, 1999.
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[4]
Mt 3, 4 ; 4, 1-11 ; 5, 6 ; 6, 11 ; 6, 16-18 ; 6, 25-26.31 ; 7, 9-10 ; 8, 11 ; 9, 9-19 ; 10, 9-10.42 ; 11, 18-19 ; 12, 1-8 ; 14, 16-21 ; 15, 2.20 ; 15, 26-27 ; 15, 32-38 ; 16, 5-12 ; 21, 18-22 ; 22, 1-14 ; 23, 6 ; 24, 38-39 ; 24, 45-51 ; 25, 1-13 ; 25, 31-46 ; 26, 6-13 ; 26, 17-29 ; 26, 42 ; 27, 34.48.
-
[5]
D’autres regroupement thématiques sont évidemment envisageables ; les cinq proposés prétendent d’autant moins à l’exclusivité qu’ils n’intègrent pas toutes les références répertoriées à la note 4.
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[6]
TOB.
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[7]
De manière significative, Matthieu ne reprend même pas Mc 2, 27 : « Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat » !
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[8]
On rappellera que dans le judaïsme rabbinique des années 80, Os 6, 6 doit servir à consoler Israël après la destruction du Temple : « On rapporte que Johannan ben Zakkaï sortait un jour de Jérusalem accompagné de son disciple Rabbi Joshua ben Hananiah. À la vue du Temple en ruines, Joshua s’écria : “Malheur à nous car le lieu où les iniquités d’Israël furent expiées est détruit.” Johannan répondit : “Ne sois pas dans l’affliction, mon fils, car nous avons une expiation qui a autant de valeur : des actes de miséricorde, car, selon l’Écriture : c’est l’amour que je veux et non le sacrifice” », cité par William D. Davies, Pour comprendre le Sermon sur la Montagne, Paris, Seuil, 1970, p. 99).
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[9]
Sur le passage et son cadre religieux, voir Alfred Marx et Christian Grappe, op. cit., p. 50 sqq.
-
[10]
Ce que dira plus tard, à sa manière – c’est-à-dire de façon polémique –, la Didaché, cf. 8, 1 : « Que vos jeûnes n’aient pas lieu en même temps que ceux des hypocrites ».
-
[11]
Traduction NBS.