Notes
-
[1]
Pour une analyse des pratiques et des instruments de l’anthropométrie et des figures emblématiques de la discipline [cf. Alphonse Bertillon (1853-1914) et Cesare Lombroso (1835-1909)], nous faisons référence à la communication « L’anthropologue physique au travail : le corps et sa mesure entre science et croyance » de G. Boëtch et F. Tamarozzi, dans le cadre du 127e Congrès des Sociétés savantes du cths : « Le travail et les hommes », avril 2002.
-
[2]
La vulgarisation du savoir médical au sein de la société a permis, entre autres, l’exploitation commerciale de ces connaissances. Notons, par ailleurs, dans un autre domaine, qu’en France l’industrie de la mode a entamé en 2003-2004 une campagne de mensuration visant l’analyse en trois dimensions de la morphologie de la population entre cinq et soixante-dix ans, pour définir les nouvelles tailles du prêt-à-porter.
-
[3]
Nous remercions pour leur lecture attentive Francine Fourmaux et Denis-Michel Boell.
-
[4]
Nous entendons par « gynométrie » l’étude des proportions et les techniques de mensuration du corps féminin.
-
[5]
Le jury du concours final de Miss Italia peut arriver à réunir soixante membres dont la composition change au fil des épreuves, étalées sur une semaine. L’organisation de Miss France, de son côté, fait appel, pour l’unique soirée d’élection, à douze personnalités triées sur le volet.
-
[6]
Une sélection de ses photographies est reproduite dans le catalogue de l’exposition « Federico Patellani 1911-1977. La plus belle c’est toi », mars-juin 2003, Centre national de la photographie, Paris.
-
[7]
Ces données peuvent selon les concours devoir s’accompagner d’une ou plusieurs photographies qui présentent la candidate dans des poses favorables (de pied en bikini, portrait aux cheveux relevés, avec ou sans talons…) au jugement, comme dans le cas de Miss Asie France et Miss World France.
-
[8]
Se reporter, entre autres, au site Internet : http :/www.0plus0.com/article.php?sid=147 17/10/02
-
[9]
Le reportage de F. Patellani nous montre des candidates aux jambes, aux aisselles et au « maillot » velus.
-
[10]
Parmi les nombreux exemples possibles l’association des maillots de bain Catalina au titre de Miss Amérique nous semble particulièrement intéressante. Depuis les années cinquante, en effet, la silhouette de la beauté américaine est dessinée par ce maillot que les concurrentes des différents États continuent à porter bien après la soirée de l’élection.
-
[11]
Se reporter au documentaire Miss Germany à travers les époques, de Lothar Schröder, Allemagne, 2002, présenté sur arte le 8 décembre 2002.
-
[12]
La duchesse de Windsor disait que l’on n’est jamais trop riche et que l’on n’est jamais trop maigre.
-
[13]
Le tabou de la chirurgie esthétique semble avoir été dépassé ; la Miss peut inscrire « formellement sur le corps les valeurs culturelles propres au groupe de référence dominant selon un processus similaire à d’autres techniques qui embellissent (coiffure, vêtements, maquillage) » [Maisonneuve, Bruchon-Schweitzer, 1981 : 61].
-
[14]
Émission télévisée (rai 1) consacrée aux Miss en 2000.
-
[15]
Émission « Strip-tease » sur France 3, documentaire : « Comme un poisson dans l’eau », sur la préparation d’une élection régionale à Aix-les-Bains, diffusé en 2003.
- [16]
-
[17]
Des proverbes dans la société traditionnelle sont instructifs sur la physiognomonie [Loux, Richard, 1978 : 11-42]. Les expressions du visage, le regard permettraient – attestent certains auteurs – « d’apprécier la valeur physique, intellectuelle et morale de l’être humain » [Des Vignes Rouges, 1937].
-
[18]
Extrait des statuts – règlement du Comité Miss France – Jean-Louis Giordano. http ://perso.wanadoo.fr/comitemissfrance/htms/regl.tm 23/09/03.
1La multiplicité des expériences de la vie en société oblige les hommes à affiner leurs instruments d’observation et de compréhension du monde. La connaissance passe alors par un classement des éléments qui composent l’univers. Cette catégorisation ne se réduit pas à la simplification des réalités complexes ; elle permet, en fait, de les normaliser, pour aboutir à une généralisation des données, à une accessibilité des savoirs [Maily, 1946]. La recherche de standardisation culturelle est aussi, grâce à la comparaison, celle de la distinction et de la sélection. La mesure règle ce principe.
2Le corps humain n’échappe pas à cette démarche ; c’est, d’ailleurs, par son biais que se sont effectuées les premières expériences sur la morphologie humaine : au xixe siècle, l’anthropologie physique a cherché à différencier les races et à mettre en évidence les prédispositions héréditaires [1]. Si la médecine s’est aussi intéressée à l’anatomie des hommes, elle a utilisé, également, plus tard, les indices de masse corporelle, les normes nutritionnelles et morphologiques, comme outils de prévention et de soin. La psychologie sociale a, de son côté, sondé l’impact des stéréotypes et des représentations anatomiques, tant sur l’individu que sur le groupe. L’attention métrique portée au corps ne s’arrête pas qu’à un intérêt scientifique, elle est également l’apanage du politique, du commercial [2] et de l’art. Nos perceptions de la vénusté ne sont pas épargnées par ce « besoin taxophilique » [Morris, 1978 : 279]. Depuis « l’âge de l’humanisme, la recherche des proportions se double d’observations anatomiques. Inlassables, les artistes scrutent le corps, le mesurent, s’efforcent d’établir des règles » [Borel, 1992 : 31]. Soucieux de représenter le corps, ils cherchent le modèle idéal dont les mesures « parfaites » sont véhiculées par leurs productions et prennent des formes différentes selon les époques [Hubert, 2000]. Le corps, et en particulier le corps féminin, a toujours fasciné : les peintres, les photographes en ont fait leur modèle, les écrivains, leur muse, les publicitaires, leur argument de vente… De l’art sacré jusqu’à la pornographie, la beauté conserve un statut ambigu. Les sciences sociales sensibles en général aux questionnements sur le corps [Duret, Roussel, 2003] restent réservées quant à cet objet d’étude : « ne sachant ni vraiment l’évaluer ni en mesurer précisément les effets, activités auxquelles le sens commun n’a pourtant de cesse de se livrer, le sociologue préfère le plus souvent faire comme s’il n’avait pas d’importance » [Duret, 1999 : 88].
3Les scientifiques français ignorent le plus souvent les Miss et autres ambassadrices de charme. Pourtant Jackie Assayag [1999] insiste sur le fait que sous l’apparente légèreté du sujet se cachent des interrogations pertinentes sur les conditions de la femme, bien loin d’être futiles. En 2001, à Salsomaggiore (Italie), nous avons observé les élections de Miss Italia, exemplaires pour comprendre comment se mettent en place les mécanismes de la sélection et de l’évaluation de la beauté [Monjaret, Tamarozzi, à paraître].
4Ces concours se présentent comme de véritables fabriques : le corps des jeunes femmes est façonné par de nombreuses épreuves combinant des exercices de modelage et d’expression corporelle à des séances d’évaluation. L’appréciation de la beauté semble s’effectuer dans le double mouvement du corps regardé et du corps exposé, qui aboutit au classement des postulantes. Les progressives éliminations des candidates (dans les étapes régionales et nationales des compétitions) conduisent à la consécration de la lauréate qui a réussi à incarner l’idéal esthétique de la parfaite féminité.
5Il nous semble que le choix du beau ne relève entièrement ni du domaine subjectif, ni du domaine objectif : nous nous proposons, ici, de cerner le processus d’expertise et les outils de sa mise en œuvre, car nous nous demandons si cette opération lente et délicate n’est pas un mélange savant de critères, allant du mesurable au non-mesurable [3].
Mesurer le corps
6La poursuite du rêve de la parfaite « gynométrie » [4] semble traverser les siècles et les continents. Ainsi, dans l’Inde traditionnelle, la danseuse doit exhiber autour de sa taille trois plis arrondis et gracieux. En France, les seins de Joséphine Bonaparte auraient donné la forme de la coupe à champagne. Si le corps sert de modèle, il est aussi mesuré : par exemple, les « bonnes » proportions des beautés nordiques, et en particulier de leurs jambes et de leur buste (2/3 et 1/3 de la hauteur totale de la femme), font fantasmer les hommes méditerranéens. De façon plus extrême, il peut être modelé pour approcher un idéal culturel et historique de vénusté. Jacques Gélis [1984] et France Borel [1992] rappellent les différentes formes de manipulations possibles et les objets utilisés (habits, postiches, chaussures, bandages, bistouris…), en conséquence, pour le transformer. Leur liste variée et complexe semble négliger les outils de mesure et de calibrage, indispensables à l’estimation des interventions esthétiques souhaitées. Le corps de la Miss est, a fortiori, soumis à la mesure, le rôle des jurys est essentiel dans cette opération, souvent préliminaire, de contrôle.
• Rêve de la parfaite « gynométrie »
7Au sein d’un même concours se succèdent plusieurs instances de jugement [5] : une fois passé les sélections régionales, les jeunes femmes doivent se montrer à des yeux de plus en plus qualifiés, choisis pour leur compétence ; en effet, la spécialisation du jury s’accroît au fil des étapes : les professionnels de la beauté et de la santé, les artistes et les spectateurs réunis décortiquent la jeune fille « sous toutes les coutures », préparant leur vote.
8Pour l’élection de Miss Italia, les instances de jugements sont multiples ; le jury technique [6] a été composé, après la Seconde Guerre mondiale, par des professionnels de la santé chargés de vérifier les mensurations des concurrentes. En 1949, l’Institut d’éducation physique « Physicol » assurera, au nom de ses compétences, cette visite médicale. Un reportage photographique réalisé par Federico Patellani [Bolognesi, Calvenzi, 2002] nous montre des médecins et des infirmières qui, parés de blouses blanches, inspectent la dentition, pèsent et mesurent (poitrine, taille, hanche, cuisse, cheville). Comme le fait remarquer Paul Ginzborg [1989], l’Italie de l’après-guerre est sensible à l’image d’efficacité et de performance qui vient des États-Unis, les attitudes des experts et leurs équipements renvoient volontairement à ce modèle. La toise, le mètre, le compas sont sortis pour l’occasion. Toute la rigueur de la mesure est mobilisée pour offrir, à la Nation, une Miss aussi belle que saine.
9Le chiffre magique 90/60/90, indiquant les tours de poitrine, de taille et de hanches, a formalisé pendant longtemps la silhouette recherchée. Il n’est aboli qu’en 1990, à l’initiative du président du jury, étant considéré désuet et insuffisant quant à la définition de la beauté contemporaine. Depuis cette date, la commission technique est formée par des professionnels du monde de la mode et du show-business ayant, pour tout instrument de mesure, leur regard d’experts.
10Cependant, avant les finales de Salsomaggiore, d’autres présélections, régionales et nationales, sont effectuées dans le peloton des concurrentes : d’une manière radicale sont exclues de la compétition les jeunes trop maigres, celles qui ont un handicap défigurant ou encore celles à la morale douteuse. Nous reviendrons sur ces critères sélectifs qui contribuent, en général, à l’appréciation de la beauté de la Miss.
11Aujourd’hui, les instruments de mesure sont utilisés avec plus de discrétion lors des présélections. Toujours présents, ils s’enrichissent de cartes signalétiques et de photographies. Le comité de Miss France, dès le formulaire d’inscription – structuré comme une véritable fiche technique – demande à la candidate de fournir sur l’honneur une longue liste de renseignements, entre autres, sur sa constitution physique, son état de santé et sur sa conduite [7].
12Bien que les règlements des concours stipulent que les mensurations ne sont pas des critères exclusifs, parmi les membres du comité de Miss France 2002, on comptait le paléontologue Yves Coppens [8], expert de la morphologie humaine. Ce dernier, charmé par la beauté et la fraîcheur des concurrentes, avoue, aux journalistes qui l’ont interviewé, « n’avoir qu’un tout petit peu usé de son œil anthropologique ». À partir de certaines parties du corps (traits du visage, taille, jambes, poils, etc.), il compare Sylvie Tellier, l’élue, à « Lucy » et ne manque pas de souligner l’évolution humaine, montrant que les critères de beauté varient sensiblement d’une époque à l’autre : différentes caractéristiques physiques sont privilégiées selon les cas, le corps fait, donc, l’objet d’une parcellisation qui se renouvelle en fonction des valeurs du moment [Fourmaux, 2001 : 209].
• La partie pour le tout
13En 1939, la première édition de Miss Italia primait le visage et surtout l’éclat du sourire. Les dents, mais plus encore la bouche, participent de manière implicite aux jeux de séduction communément admis et pratiqués. En 1946, la Miss était évaluée dans son entier, son corps est soumis à une mesure qui contraint à son morcellement. Pour juger de ses caractéristiques physiques, il faut cesser de le considérer comme un tout ; il devient un ensemble de parties. Ainsi, ces dernières sont modelées et « dressées » : on polit visage et corps ; on épile ou pas les poils selon la mode du moment [9] ; on coiffe les cheveux [Monjaret, 1989]. Pour que le corps puisse plaire, on adoucit les angles, on ajoute ou on élimine ce qui dépasse (nez, oreilles, poitrine), on efface des traits « raciaux » trop marqués, on fait briller la peau [Baudrillard, 1970 : 255]. L’objectif est de le rendre souple, sans pesanteur, de lui ôter sa corporéité. « Docile, le corps se prête aux métamorphoses. Nous sommes continuellement en train d’expérimenter. De façon ludique, masques, bijoux, parures, vêtement dilatent, contractent, défigurent, magnifient le corps ou certaines de ses parties » [Borel, 1992 : 34].
14De même, les jambes se livrent aux regards et aux jeux de la ressemblance : gainées, placées, embellies par les collants ou les crèmes, elles font l’orgueil de tout corps de bal, de toute parade de majorettes, de toute troupe de Miss.
15Autrefois, la candidate devait effectuer seule les choix de ses tenues et de ses coiffures, tout en se conformant au modèle attendu, voire imposé par le comité. Aujourd’hui, les nombreux sponsors, parfois membres du jury, prennent en charge avec les organisateurs la garde-robe, le « styling » et le maquillage des concurrentes pour lier leur marque à l’événement [10]. L’économique est donc loin d’être absent dans les critères de choix : par exemple, les jambes peuvent être à l’honneur quand les sponsors du concours sont des fabricants de collants. Le port de maillots ou de toilettes « griffés » suscite des émotions dont les publicitaires et les industriels mesurent l’impact commercial.
16Parfois, les préférences esthétiques pour l’une ou l’autre des parties du corps se combinent à des intérêts politiques. Ainsi, dans l’Allemagne de l’après-guerre, il faut attendre 1957 pour assister au retour des blondes [11], la blondeur ayant été considérée comme le stigmate de l’aryanité.
17Le corps de la Miss, ses tenues et sa parure n’ont cessé d’évoluer. Faire leur histoire serait faire l’histoire de la société et de la culture qui les ont produites. Claude Fischler [1993 : 360] cite Roberta Pollack Seid [1989] lorsqu’il retrace les métamorphoses des lauréates du concours Miss America. À la lecture des mensurations des élues entre 1920 et 1970, on remarque tout de suite la différence de taille des concurrentes américaines, sensiblement plus grande que celle des Européennes. On assiste, par ailleurs, à leur progressif amincissement, bien que, depuis les débuts du concours, la gagnante ait généralement présenté un poids inférieur à la moyenne nationale. Il faut voir dans ce diktat de la minceur l’influence d’une mode qui trouvait en Poirier et Coco Chanel ses créateurs, et dans les stars et les femmes du « beau monde », ses égéries [12]. Dans le contexte des échanges globalisés, peut-on encore parler de stéréotypes localisés du beau et de ses critères spécifiques ? Ou doit-on plutôt convenir d’une uniformisation de la beauté mondiale, qui impliquerait une mondialisation [Assayag : 1999] des critères de mesure ? Le questionnement reste ouvert. Cependant, on peut remarquer dans le concours français l’émergence de « types exotiques » représentés par les ressortissantes des départements d’outre-mer, et dans le concours « Miss Italia nel mondo », la recherche du « type italien » à travers les jeunes femmes de la communauté vivant à l’étranger.
Vers le non-mesurable
18Que cela soit au niveau local ou global, les Miss, au premier abord, se ressemblent toutes. Elles forment une « brochette » de beauté qui se décline dans la gamme des apparences. Ceci aide à les définir comme une « classe » dont l’ensemble des éléments possède « des propriétés communes qui les rendent similaires, mais non identiques » [Morris, 1978 : 280]. Les organisateurs utilisent l’uniforme, soulignant efficacement les caractéristiques propres à chaque corps, ce qui rend possible la comparaison. Les jeunes femmes défilent dans différentes tenues, souvent semblables, voire identiques. Habillée du simple maillot de bain, la candidate s’expose et est exposée parmi ses camarades. Elle est identifiée par un numéro qui permet de la reconnaître sans véritablement la connaître ; on évalue son corps comme on pourrait évaluer les proportions d’un bel animal. Paradoxalement, les instruments des juges sont aussi les armes de séduction de la Miss. Par exemple, le maillot de bain, apparat le plus simple de la manifestation, sert à la fois les logiques de l’évaluation et celle de la mise en spectacle de la Miss. « La poursuite des formes consacrées comme idéales » se mêle à « la recherche d’une apparence plus personnelle » [Duret, Roussel, 2003 : 61].
19Appartenir au groupe et s’en distancier caractérise les attitudes que les candidates auront à tenir. Tout au long du concours, les différentes séquences des élections conduisent chacune à un progressif dévoilement, à la déclinaison de son identité : elles tenteront de séduire le public, se présenteront sous différentes facettes, suivant les critères d’un modèle idéal imposé ou affirmant des qualités personnelles. Oscillant entre subjectif et objectif, entre la norme et l’exception [Monjaret, Tamarozzi, à paraître], on passe du mesurable au non-mesurable.
• Vue d’ensemble
20Si chaque partie du corps suscite une attention particulière, la silhouette n’est pas pour autant délaissée. Elle offre la possibilité d’un examen physique d’ensemble, et comme le précise d’ailleurs Lindoro, curiste à Salsomaggiore : « Une belle silhouette, on la reconnaît par-derrière, car de dos, on ne peut pas tricher. » L’élancé d’une ligne et la démarche gracieuse dévoilent la personne. À travers la danse, les défilés et tout type d’exercice physique, les concurrentes exposent leurs atouts et les membres du jury évaluent d’autres caractéristiques que la simple plastique : la grâce, l’équilibre des masses musculaires, l’élégance… Le « tout » est une autre clé de lecture et, par là même, de distinction des candidates.
21Lors des démonstrations, le corps des Miss est mesuré, leur apparence scrutée. Chaque critère est passé en revue par le jury à la recherche d’un équilibre entre naturel et artifice, d’une élégance entre la ligne et les formes. « L’observateur vérifie d’abord cette “personnalité généreuse” dans l’ostentation des apparences : élégance, toilettes, maquillage, accessoires, postures corporelles, etc. Mieux : chevelure, visage, poitrine, hanches, jambes en sont les signes les plus éloquents ; il ne semble pas qu’il y ait chez elles de distinction claire entre surface et profondeur, entre authenticité et artifice » [Assayag, 1999 : 80]. Valentina Patruno, « Miss Italia nel mondo 2001 », apparaît pour certains informateurs comme une « belle fille », ce qui sous-entend qu’elle « est pulpeuse, qu’elle a des fesses, des hanches et de la poitrine ». Elle réunit jeunesse et maturité [Borel, 1992]. Les règlements des concours sont, sur ce point, très différents. Celui de Miss Italia, par exemple, permet aux candidates qui n’ont pas atteint le podium de se représenter à deux ou plusieurs années d’intervalle. Plus récemment (1994), il consent l’accès aux jeunes épouses et mères. Quand la maturité n’est pas là, elle se fabrique de la même manière que les photographies de presse : « L’habitude des mensurations et la capacité de “vieillir” des femmes jeunes, c’est-à-dire de donner à des femmes de 18-24 ans l’allure de maturité et d’“expertise” de femmes plus “mûres”, indiquent ce jeu de construction de la femme érotisée construite par des hommes et pour des hommes » [Baudry, 1997 : 147].
22La Miss est façonnée pour lui faire atteindre une certaine perfection esthétique [13]. Elle devient une image. D’ailleurs, lors de l’élection du millénaire 1990/2000, Vittorio Sgarbi, critique d’art, homme de télévision et politiquement engagé, ose la comparaison des Miss titrées avec des portraits féminins de prestigieux tableaux appartenant à l’histoire de l’art [14] : Botticelli, le Parmesan, Degas et d’autres sont cités, établissant ainsi un lien entre le passé et le présent, faisant de la Miss une figure atemporelle. Paradoxalement, la lauréate est d’abord attachée à l’année de son élection et le restera à vie. Elle représente une époque. Ainsi, les idéaux esthétiques fluctuent [Hubert, 2000].
23« La beauté est dans l’esprit de celui qui contemple » [Morris, 1978 : 278] ; canonique, elle naît principalement d’un jugement consensuel entre membres du jury (du comité et populaire compris). Selon François Dagognet, « la richesse de la mesure vient de ce qu’elle impose un esprit communautaire : non seulement les expérimentateurs pourront, grâce à elle, échanger leurs résultats et les comparer, mais l’intelligence d’une chose ne peut jaillir que de la comparaison avec ses semblables : il n’est pas de compréhension possible de la “particularité”, encore moins de la “singularité” qui étonne. Il faut, donc, apprendre à rapporter toute chose à ses proches (le rationnel entraîne le relationnel) » [1993 : 142].
24La règle de la beauté n’est pas absolue [Morin, 1987 : 61]. Elle se fait et se défait au gré des nouveaux impératifs de mode, des représentations du corps, pérennes ou émergentes, ainsi que de principes moraux. Le concours est, donc, avant tout, une mise à l’épreuve, physique et morale, de la jeune fille : le corps est l’instrument de sa métamorphose en femme, mais aussi le porteur des codes sociaux.
• Sain de corps…
25L’identification au canon est un travail délicat pour la candidate qui doit conjointement jouer entre se conformer au modèle du beau et dévoiler juste le nécessaire de sa personne. « Les mensurations corporelles peuvent […] être une façon de persuader l’autre de sa beauté […] tout en conservant une distance face aux stéréotypes corporels attendus » [Duret, Roussel, 2003 : 61], parce que toute référence au corps est une référence à l’intime. Malgré cette liberté, elle est cependant guidée dans son parcours. Les bulletins qu’elle aura à remplir ou les questions qui lui seront posées par le comité d’organisation donnent un aperçu des critères de sélection qui formalisent le canon idéal. Ainsi, dans celui du Comité Miss France (Geneviève de Fontenay, Endemol) disponible sur Internet, parmi les nombreuses rubriques ayant trait à la morphologie des jeunes femmes, l’une d’elles confirme son souci d’une recherche esthétique : « Avez-vous une imperfection physique ? Si oui, laquelle ? » Seul le dépouillement des questionnaires pourrait nous éclairer sur le regard que les candidates portent sur leur propre corps et la façon dont elles nomment et caractérisent leur imperfection. Mais cela reste à faire. Cependant, que dire des notions d’imperfection et de perfection, de laideur et de beauté, appliquées aux candidates de ces concours ? Que ces deux notions bipolaires fonctionnent en écho et qu’elles ont leur propre ambiguïté. Le défaut peut se manifester par un manque ou par un « en trop ». Il peut être effaçable ou ineffaçable, mais dans tous les cas, comme la perfection, il rend unique. Il est une raison d’exclusion quand il produit une disharmonie ou un motif de choix quand « cette blessure […] qui devient lumière » [Ribon, 1995 : 19] contribue à l’harmonie et à la grâce de la personne dans son ensemble. Malgré cela, la question de la laideur, plus encore que celle de la beauté, est évitée, car elle pose un problème supplémentaire de définition, dû à un refoulement collectif, un tabou social.
26Tout du moins, la Miss doit être en bonne santé, ni trop grosse, ni trop maigre, ce qui sous-entend qu’elle suit un régime alimentaire équilibré où la gourmandise, quand elle est sage, est un signe de vitalité [15]. Dans certains concours comme celui de Miss World France, les conditions médicales sont clairement posées dans le règlement : « Attention, afin de lutter contre l’anorexie (maladie malheureusement à la mode), nous refusons toute candidate qui accusera un rapport poids/taille anormal, ou qui nous semblera trop maigre sur ses photos. » [16] Une fois admise à concourir, la candidate ne doit plus être suspectée d’être malade. Andrea, masseur des établissements thermaux de Salsomaggiore, explique que cet état de fait implique qu’il n’y ait pas de professionnels de la santé dans le jury : « Les miss […] ce n’est pas nous qui les préparons, pourtant elles doivent être stressées. On pourrait faire quelque chose, mais par rapport aux autres, à ceux de la publicité par exemple, nous nous ne sommes pas considérés comme des professionnels de la beauté, mais presque comme des médecins, et il ne faut pas dire que les miss sont malades… [rire] », et ce, même s’il est courant de préparer le corps de la Miss par des massages ; comme nous dit Sergio Morelli, « les corps sont faits comme de la pâte à modeler ». Aujourd’hui, sans doute par réaction à ces diktats de la minceur et de la santé, se développent des concours du type Miss obèse, Miss transsexuel.
• … et sain d’esprit
27Comme le corps, l’esprit est sondé. Les atouts physiques ne suffisent pas à faire une Miss, il lui faut des bagages intellectuels. Les fiches d’inscription détaillées, quand elles existent, ce qui n’est pas le cas pour Miss Italia, sont en cela significatives. Diplômes, langues étrangères, formations en cours, professions font partie des rubriques mentionnées. Les loisirs et les passions peuvent être aussi demandés. Le comité d’organisation se chargera par la suite de tester leur culture générale qui doit, précise le règlement de Miss World France, « correspondre à leur âge et à leur milieu social ». Jusqu’où va donc la mesure de l’esprit, de l’intelligence ? Le qi deviendra-t-il un critère d’admission ?
28Les candidates ne doivent donc pas se présenter comme des poupées écervelées, elles doivent également faire preuve de « bonne moralité », de savoir-vivre autant que de savoir-être. Ne pas avoir posé nues pour des photographies de charme ou pornographiques est l’une des conditions. La pudeur est de bon ton. La convenance se joue dans l’équilibre du montré et du caché. Esthétique et qualités morales se combinent pour définir les caractères de la beauté idéale [Hubert, 2000 : 56]. « La chasteté fait la beauté », dit un proverbe français. Mais « si la beauté morale entraîne la beauté physique, l’inverse n’est pas toujours vrai » [Loux, Richard, 1978 : 22]. La Miss est donc une femme intègre. Après la mise à plat de ces données identitaires, en quelque sorte mesurables, l’examen se poursuit pour départager les lauréates sans intégrer, en principe, les critères sociaux, confessionnels et raciaux.
• Au-delà du corps… une âme
29Le corps permet, d’une certaine manière, d’ausculter l’âme, d’apprécier le « je-ne-sais-quoi » qui fait parfois la différence [Morin, 1987 : 60-62]. C’est la légèreté de l’être qui se dégage, ainsi que ce quelque chose d’indéfinissable qui séduit le jury et provoque un trouble. « Quand les mots ne suffisent pas, quand le langage est impuissant à décrire le réel, la notion de commensurabilité trouve, elle aussi, ses limites » [Bernardis, Hagène, 1995 : 9]. En fait, n’est-ce pas tout simplement la personnalité, qui émane de l’individu ? Sa présence sur scène, son regard, le son de sa voix, un petit rien laissent entrevoir sa personnalité, voire deviner un tempérament [17]. Ainsi, « la taille et les mensurations doivent être harmonieuses, mais ne sont pas des motifs de refus de candidates, afin de préserver la personnalité des jeunes filles » [18]. « Le corps n’est pas qu’une silhouette inerte. Il se présente au regard d’autrui pourvu de signes multiples et changeants » [Bruchon-Schweitzer, 1989 : 11]. L’interrelation est à la base du jeu de séduction : « Tout désir, toute jouissance modifient la perception de la substance du corps, son poids, sa densité, sa gestuelle » [Borel, 1992 : 40]. La subjectivité et l’objectivité conjointes établissent les modalités de choix de la Miss, qui réussit à se singulariser dans l’uniformité. La souplesse de l’expertise peut conduire le public à s’étonner de la proposition finale, susciter les jalousies. Certains s’amusent à la remettre en question. Sur Internet, une rumeur circule à propos de la non-conformité de la taille de Miss France 2002. Geneviève de Fontenay aurait affirmé « qu’il était exclu que Miss France 2002 se fasse re-mesurer », comme le demandait une candidate évincée. Dès lors, « la juste mesure ne consiste-t-elle pas à considérer la mesure comme un essai toujours renouvelé sur la connaissance approchée » [Bernardis, Hagène, 1995 : 7] ?
Cartes officielles des Miss (1997, 1999, 2002, 2003, 2004, 2005). (© Comité Miss France, Geneviève et Xavier de Fontenay, cartes reproduites avec l’aimable autorisation de Geneviève de Fontenay).
La Miss, mesure du corps social
30La construction des critères de beauté de la Miss et par là même des représentations du corps s’établit entre le mesurable et le non-mesurable, qui se mêlent tout au long de l’événement. C’est ainsi que se formalise la norme d’exception [Monjaret, Tamarozzi, à paraître].
31« Explicites ou implicites, connues ou secrètes, les normes de la beauté existent. Elles permettent aux cultures de forger leur identité dans un modèle » [Borel, 1992 : 31]. Le corps et ses normes deviennent étalons de la société. « C’est donc le corps, le seul instrument de mesure dont on ne puisse se passer, celui que les autres supposent, à la fois sensible et raisonnable, mesureur et mesuré […] » [Comte-Sponville, 1995 : 94]. Les modèles féminins changent ou se reproduisent selon les époques et les valeurs associées à la féminité [Fourmaux, 2001 ; Duret, Roussel, 2003]. Replètes ou filiformes, les morphologies se transforment au gré des régimes alimentaires [Shorter, 1984 ; Fischler, 1993] et font évoluer les normes esthétiques. Le corps physique permet alors de mesurer le corps social, les échelles de valeur : « L’idéal de la beauté et sa mesure sont toujours l’expression de la situation de la libido dans une société, situation nécessairement vouée au changement. Les images du corps ne sont pas des entités rigides : nous construisons et reconstruisons sans cesse notre image » [Borel, 1992 : 30-31]. C’est ce qui faire dire à Desmond Morris [1978] que le titre de Miss Monde est dépourvu de sens, qu’il efface les données culturelles et peut contredire les stéréotypes locaux [Ballerino Cohen, Wilk, Stoeltje, 1996 ; Assayag, 1999].
32De nos jours, dans les concours, nationaux ou internationaux, les critères qui permettent de classer les candidates visent principalement à la valorisation de canons qui véhiculés par les médias sont propices au développement des marchés mondiaux de la mode et de la beauté. La mesure des corps appartient à des logiques d’organisation sociale [Baudrillard, 1970], économique et, sans doute, politique. « Il est dans la nature de la mesure de devenir “commune mesure” […]. La commune mesure est une réalité éminemment politique. C’est ce à partir de quoi un groupe s’institue comme société, ce qui définit ses codes, ce qui les pacifie et lui fournit les instruments de sa régularisation. C’est aussi bien ce pour quoi on se bat, on se dispute, on se déchire, ce qu’il faut contrôler si l’on veut détenir le pouvoir et se rendre maître de la norme. Aussi l’étude des sociétés modernes ne saurait-elle tendre vers le dégagement de ce qui en constituerait le principe, elle devrait plutôt les déployer selon les multiples sociétés qui les composent, afin d’étudier comment s’articulent entre elles les différentes pratiques de la commune mesure […] Il reste à s’interroger sur le rapport norme/démocratie » [Ewald, 1995 : 84-85].
33Ainsi donc, les élections de Miss sont de bons observatoires de la formalisation des normes, en particulier de la norme d’exception qui s’élabore dans la tension entre mesurable et non-mesurable, universel et culturel, global et local. ?
Bibliographie
Références bibliographiques
- Assayag Jackie, 1999, « La “glocalisation” du beau. Miss Monde en Inde, 1996 », Terrain, 32 : 67-82.
- Ballerino Cohen Colleen, Richard Wilk, Beverly Stoeltje, 1996, Beauty Queens on the globe stage. Gender, Contests and Power, Londres-New York, Routledge.
- Baudrillard Jean, 1970, La société de consommation, Paris, Denoël.
- Baudry Patrick, 1997, La pornographie et ses images, Paris, Armand Colin.
- – 1998, « Mise en scène du désir », in Jean Duvignaud et Chérif Khaznadar, Le corps tabou, Paris, mcm, coll. « L’Internationale de l’imaginaire » : 169-179.
- Bernardis Marie-Agnès, Hagène Bernard, 1995, « De la mesure », Mesure et démesure, Catalogue de l’exposition, Paris, Cité des sciences et de l’industrie : 7-10.
- Bolognesi Kitti, Giovanna Calvenzi (dir.), 2002, Federico Patellani. La più bella sei tu. La plus belle c’est toi, Rome, Pelitti Associati.
- Borel France, 1992, Le vêtement incarné. Les métamorphoses du corps, Paris, Calmann-Levy.
- Bruchon-Schweitzer Marilou, 1989, « “Ce qui est beau est bon.” L’efficacité d’un stéréotype social », Ethnologie française, 2 : 111-117.
- Comte-Sponville André, 1995, « Mesure et démesure », in Mesure et démesure, Catalogue de l’exposition, Paris, Cité des sciences et de l’industrie : 87-95.
- Dagognet François, 1993, Réflexion sur la mesure, Éd. Encre Marine.
- Des Vignes Rouges Jean, 1937, Je lis dans les yeux, Paris, Les Éditions de France.
- Duret Pascal, 1999, Les jeunes et l’identité masculine, Paris, puf.
- Duret Pascal, Peggy Roussel, 2003, Le corps et ses sociologies, Paris, Nathan, coll. « Université ».
- Ewald François, 1995, « La mesure et la norme », Mesure et démesure, Catalogue de l’exposition, Paris, Cité des sciences et de l’industrie : 71-85.
- Fischler Claude, 1993, L’homnivore, Paris, Odile Jacob.
- Fourmaux Francine, 2001, Les filles des Folies. Ethnologie d’un music-hall parisien : usages du corps dans un espace de prodigalités, Thèse de doctorat, Paris X-Nanterre.
- Gélis Jacques, 1984, « Refaire le corps. Les déformations volontaires du corps de l’enfant à la naissance », Ethnologie française, 1 : 7-28.
- Ginborg Paul, 1989, Storia dell’Italia dal dopo guerra a oggi. Società e politica 1943-1988, Turin, Einaudi.
- Hubert Annie, 2000, « Du corps pesant au corps léger : approche anthropologique des formes », in Gilles Boëtch et Dominique Chevé (dir.), Le corps dans tous ses états. Regards anthropologiques, Paris, Éd. du cnrs : 53-59.
- Loux Françoise, Philippe Richard, 1978, Sagesse du corps. La santé et la maladie dans les proverbes français, Paris, G.-P. Maisonneuve et Larose.
- Maily Jacques, 1946, La normalisation, Paris, Dunod.
- Monjaret Anne, 1989, « Le sens du poil », in Marie-Lise Beffa et Roberte Hamayon, Les figures du corps, Nanterre, Société d’ethnologie : 129-144.
- Monjaret Anne, Federica Tamarozzi, « La Regola dell’Eccezione », in Gianluigi Bravo, Piercarlo Grimaldi, Tradizione e Postmodernità, Vercelli, L’Orso Edizioni, à paraître.
- Morin Edgar, 1987, « Les archétypes et la séduction », in Nicole Czechowski, Véronique Nahoum-Grappe (dir.), Fatale beauté, une évidence, une énigme, Paris, Éd. Autrement 91 : 58-63.
- Morris Desmond, 1978, La clé des gestes, Paris, Grasset.
- Ribon Michel, 1995, Archipel de la laideur. Essai sur l’art et la laideur, Paris, Éditions Kimé.
Mots-clés éditeurs : élection, beauté, corps, Miss, mesure
Date de mise en ligne : 03/10/2007.
https://doi.org/10.3917/ethn.053.0425Notes
-
[1]
Pour une analyse des pratiques et des instruments de l’anthropométrie et des figures emblématiques de la discipline [cf. Alphonse Bertillon (1853-1914) et Cesare Lombroso (1835-1909)], nous faisons référence à la communication « L’anthropologue physique au travail : le corps et sa mesure entre science et croyance » de G. Boëtch et F. Tamarozzi, dans le cadre du 127e Congrès des Sociétés savantes du cths : « Le travail et les hommes », avril 2002.
-
[2]
La vulgarisation du savoir médical au sein de la société a permis, entre autres, l’exploitation commerciale de ces connaissances. Notons, par ailleurs, dans un autre domaine, qu’en France l’industrie de la mode a entamé en 2003-2004 une campagne de mensuration visant l’analyse en trois dimensions de la morphologie de la population entre cinq et soixante-dix ans, pour définir les nouvelles tailles du prêt-à-porter.
-
[3]
Nous remercions pour leur lecture attentive Francine Fourmaux et Denis-Michel Boell.
-
[4]
Nous entendons par « gynométrie » l’étude des proportions et les techniques de mensuration du corps féminin.
-
[5]
Le jury du concours final de Miss Italia peut arriver à réunir soixante membres dont la composition change au fil des épreuves, étalées sur une semaine. L’organisation de Miss France, de son côté, fait appel, pour l’unique soirée d’élection, à douze personnalités triées sur le volet.
-
[6]
Une sélection de ses photographies est reproduite dans le catalogue de l’exposition « Federico Patellani 1911-1977. La plus belle c’est toi », mars-juin 2003, Centre national de la photographie, Paris.
-
[7]
Ces données peuvent selon les concours devoir s’accompagner d’une ou plusieurs photographies qui présentent la candidate dans des poses favorables (de pied en bikini, portrait aux cheveux relevés, avec ou sans talons…) au jugement, comme dans le cas de Miss Asie France et Miss World France.
-
[8]
Se reporter, entre autres, au site Internet : http :/www.0plus0.com/article.php?sid=147 17/10/02
-
[9]
Le reportage de F. Patellani nous montre des candidates aux jambes, aux aisselles et au « maillot » velus.
-
[10]
Parmi les nombreux exemples possibles l’association des maillots de bain Catalina au titre de Miss Amérique nous semble particulièrement intéressante. Depuis les années cinquante, en effet, la silhouette de la beauté américaine est dessinée par ce maillot que les concurrentes des différents États continuent à porter bien après la soirée de l’élection.
-
[11]
Se reporter au documentaire Miss Germany à travers les époques, de Lothar Schröder, Allemagne, 2002, présenté sur arte le 8 décembre 2002.
-
[12]
La duchesse de Windsor disait que l’on n’est jamais trop riche et que l’on n’est jamais trop maigre.
-
[13]
Le tabou de la chirurgie esthétique semble avoir été dépassé ; la Miss peut inscrire « formellement sur le corps les valeurs culturelles propres au groupe de référence dominant selon un processus similaire à d’autres techniques qui embellissent (coiffure, vêtements, maquillage) » [Maisonneuve, Bruchon-Schweitzer, 1981 : 61].
-
[14]
Émission télévisée (rai 1) consacrée aux Miss en 2000.
-
[15]
Émission « Strip-tease » sur France 3, documentaire : « Comme un poisson dans l’eau », sur la préparation d’une élection régionale à Aix-les-Bains, diffusé en 2003.
- [16]
-
[17]
Des proverbes dans la société traditionnelle sont instructifs sur la physiognomonie [Loux, Richard, 1978 : 11-42]. Les expressions du visage, le regard permettraient – attestent certains auteurs – « d’apprécier la valeur physique, intellectuelle et morale de l’être humain » [Des Vignes Rouges, 1937].
-
[18]
Extrait des statuts – règlement du Comité Miss France – Jean-Louis Giordano. http ://perso.wanadoo.fr/comitemissfrance/htms/regl.tm 23/09/03.