Notes
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[1]
Case traditionnelle à toit en palme et pilotis, construite sur les lagons.
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[2]
Le développement du tourisme à la Réunion se heurte à un ensemble de contraintes : saturation rapide des vols aériens, tarifs élevés en comparaison de ceux en vigueur vers les Antilles, capacité d’accueil en lits limitée, désinvestissement des grands groupes internationaux, ralentissement des investissements touristiques suite aux modifications des lois de défiscalisation, coût élevé de la main-d’œuvre par rapport à celle des îles voisines constituent autant de facteurs qui menacent sérieusement le développement de l’activité touristique de l’île de la Réunion.
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[3]
En effet, ils sont moins de 500 000 par an à venir à la Réunion pour une population de 700 000 insulaires. En outre, l’analyse de la structure des vacanciers révèle la présence très importante, aux côtés du tourisme d’agrément, d’une autre forme de tourisme dite « affinitaire ». Il s’agit de venir retrouver de la famille sur l’île ou de rendre visite à des amis. Cette spécificité concerne plus d’un tiers du nombre global de touristes. Les chiffres annuels donnés par le Comité régional du tourisme (ctr) sont de 134 000 pour l’année 2000. Ces données peuvent être affinées en se rapportant aux travaux d’Isabelle Musso, doctorante en géographie à l’université de la Réunion, qui distinguent entre les formes du tourisme affinitaire zoreille et créole. Elle en trace le portrait type. Le touriste affinitaire zoreille a plus de cinquante ans, il séjourne chez ses enfants ou chez des amis pour des durées de séjour plus courtes que celles du touriste affinitaire créole. Plus jeunes, les créoles viennent à la Réunion en famille pour retrouver des parents. C’est par exemple le cas de tous les fonctionnaires bénéficiant tous les trois ans d’une prise en charge pour le voyage.
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[4]
Même s’il faut souligner qu’à la Réunion le débat sur le statut de l’île ne porte guère sur l’indépendance, mais plutôt sur l’élargissement des prérogatives régionales, tout en restant au sein de la République (moyen de vouloir le beurre et l’argent du beurre, une liberté de gestion et le rmi).
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[5]
Les campagnes d’affichage des slogans comme « L’île intense » ou « Blasé !? » (sur fond de paysage vertigineux) ont pour terrain Paris plus que l’île elle-même.
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[6]
Guide chamoniard réputé, Philippe Colas réalisa les premières sur les principaux sommets de l’île et contribua largement à l’équipement de ces voies. Aujourd’hui, il est à la tête de cette entreprise florissante.
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[7]
Émeric Baucheron, champion de spéléologie sous-marine, vint à la Réunion pour développer cette activité puis impulsa également le canyoning.
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[8]
Certains hauts lieux touristiques comme le volcan, Cilaos, piton Maïdo, rivière Langevin, constituent des passages quasi obligés.
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[9]
Le Gros Morne, la Roche écrite, et le Grand Bénare.
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[10]
Le constat quasi rituel que l’on pouvait trouver dans tout mémoire de dea ou toute thèse tenait en une phrase : « Les Réunionnais tournent le dos à la mer ».
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[11]
Lieu privilégié assorti des conditions idéales pour exercer le surf.
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[12]
S’ils sont surnommés « gros », Gilbert et Sully sont avant tout costauds et trapus et n’hésitent pas à se servir de ces atouts pour expulser, le cas échéant, les surfeurs touristes indésirables.
-
[13]
Pour un inventaire des anecdotes qui parcourent les spots de surf réunionnais, voir Adolphe Maillot : Le surf, paradoxe en mouvement, maîtrise du département d’anthropologie et d’ethnologie, Université de la Réunion, 2001.
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[14]
Le body-board est une planche sur laquelle le « glisseur », muni de palmes, est couché. Morey Boogie est le nom de l’inventeur de ce type de « surfing horizontal ». Pour distinguer les body-boards issus de sa propre fabrication de ceux qui seront fabriqués ultérieurement, on appelle les premiers des « morey ».
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[15]
Dossier « Tourisme » de Télézap, 27 août 2001.
1Bien à l’est de Madagascar, en plein océan Indien, sur le vingt-et-unième parallèle, l’île de la Réunion peut passer, vue de Paris, c’est-à-dire à plus de dix mille kilomètres, pour un éden tropical avec ces accessoires incontournables : eau turquoise, farés [1] sur pilotis, plages de sable fin bordées de cocotiers. La Réunion en est le pur démenti : plages réduites, reliefs volcaniques abrupts, accueil d’une relative indifférence, même si le tourisme constitue aujourd’hui une recette primordiale pour l’économie de l’île.
2Comment combler ce déficit de stéréotypes balnéaires dont on sait qu’ils conditionnent fortement le choix des touristes pour les îles ? 80 % des touristes se rendant à la Réunion proviennent de la métropole. Cette particularité du développement touristique renvoie ainsi, par-delà les contraintes économiques [2], à deux questions qui méritent développement : d’une part, la question identitaire posée aux Réunionnais confrontés à d’autres Français très différents d’eux (« Si eux sont les Français, alors nous, qui sommes-nous ? ») ; d’autre part, la question soulevée par les organismes de tourisme visant à promouvoir (voire à construire de toutes pièces) des différences culturelles pour renforcer l’exotisme d’une île française. Réunionnais et touristes ne peuvent espérer desserrer l’emprise des stéréotypes et assignations identitaires par lesquels mutuellement ils se définissent qu’en échangeant leurs conceptions concernant différentialisme et universalisme, région et nation.
Tourisme à la Réunion : identité nationale et identité locale
3Les acteurs du tourisme (opérateurs, etc.) ont du mal à échapper à deux écueils.
4Le premier, celui d’enfermer les représentations du touriste dans des stéréotypes alimentant aux yeux des Réunionnais l’imaginaire de l’invasion « coloniale ». Réaction irrationnelle, si on envisage le nombre des vacanciers et la structure de ce flux [3].
5Le second, symétrique du premier, est celui de confiner les Réunionnais dans des stéréotypes porteurs d’exotisme. Cette menace s’appuie sur un net regroupement des hébergements hôteliers accueillant les touristes d’agrément sur la côte ouest (Saint-Gilles, La Saline, Saint-Leu, Étang salé) en plein « fief zoreille ». Le modèle de gestion des différences culturelles, qui accentue l’altérité entre créoles et touristes, est structuré par la distance spatiale. En effet, les zoreilles de « Santa Bourbonna » (c’est-à-dire de Saint-Gilles, ville ainsi baptisée péjorativement par les créoles parodiant le sit-com américain « Santa-Barbara ») conservent un mode de vie très proche de celui des métropolitains. Souvent, en tant que purs villégiateurs, seul compte pour ces touristes l’appel de la plage. La visite d’un marché vaguement local où ils pourront acheter un artisanat importé de Madagascar suffira à satisfaire leur appétit d’exotisme. D’autres, plus aventuriers ou sportifs, partiront en excursion en altitude dans les « hauts » (cirques de Mafate, Salazie, Cilaos) au cœur des terres créoles. Ces Indiana Jones rejoindront volontiers les créoles dans leur critique de la colonisation vacancière des plages. Toutefois, leurs raisons d’amertume diffèrent. Le voyageur découvreur reprochera la sur-fréquentation des lieux en termes d’« entassement », de « concentration ». La principale nuisance, pour lui, c’est la présence de l’autre et l’image insupportable qu’elle lui renvoie de son manque de singularité. Les créoles reprocheront plutôt l’appropriation du territoire et la constitution de véritables enclaves. Ils ne se retrouvent guère dans l’opposition construite entre le modernisme factice des « resorts » et des « clubs » des stations balnéaires des « Bains » (Saint-Gilles les Bains, Étang salé les Bains), « l’authenticité » des villages des « hauts » qui ne prennent vie dans le discours des promoteurs touristiques qu’en termes de « respect des traditions », de lieux où « le temps s’est arrêté ». Le développement touristique est en somme perçu comme une assignation des « hauts » à un rôle de conservatoire de la Réunion d’hier que l’on pourrait visiter depuis les stations balnéaires tournées, elles, vers le futur. Il s’agit bien sûr d’une caricature de la vie sur l’île : tous les zoreilles n’habitent pas la côte ouest, tous les créoles ne résident pas dans les « hauts ».
6Cette attitude critique n’est pas unanime et les habitants de Saint-Gilles ou de la Saline sont gagnés à la cause du tourisme balnéaire, convaincus de l’intérêt des retombées économiques directes ou indirectes de l’activité de ce secteur. Par contre, l’indifférence et même les réticences envers les touristes croissent dans les lieux qui en reçoivent peu (sur la côte est) ou qui se sentent exclus comme, par exemple, à Saint-Louis, ancienne cité de la canne à sucre fortement touchée par le chômage. La protestation contre le tourisme est alors inséparable du plaidoyer pour l’industrie meurtrie et agonisante. Chômage des uns et opulence des autres – notamment les complexes hôteliers – contrastent et renforcent l’idée d’un abandon des plus démunis. Il faut donc mesurer que tout discours touristique soulignant les particularités et les différences culturelles court également le risque de servir de levier à l’effervescence politique identitaire. Le tourisme, parce qu’il attire surtout des Français, peut paradoxalement avoir comme effet d’arc-bouter la construction des identités locales dos à la France. Ainsi, le discours de promotion touristique définissant de l’extérieur les créoles comme attachés à leurs racines, à leur patrimoine et à leurs traditions, fait précisément écho au discours politique visant davantage d’autonomie au nom du monopole de la mythique authenticité créole. Les slogans touristiques sur l’authenticité des sites et des communautés peuvent basculer en des slogans politiques générant du pouvoir chez ceux qui se prévalent d’« appartenir à » ou même de détenir le monopole de la pseudo-culture authentique [4]. En outre, si les touristes sont des Français et les créoles des Réunionnais, se pose avec acuité le statut du zoreille souvent défini en terme de « ni-ni ». D’une manière bien moins marquée mais finalement similaire qu’en Corse, aux Caraïbes où à la Guyane, il ne peut guère se prétendre dépositaire d’une culture propre.
Les limites de la diversification de l’offre touristique
7La riposte essentielle du dispositif touristique réunionnais face au déficit de plages consiste à proposer des services polyvalents et des vacances sportives. Même s’ils ne sont pas encore les plus nombreux, les touristes sportifs sont les plus voyants (parapente, vtt, canyoning) et leur présence contribue au sentiment de dépossession de l’île. Arrivés sur les sites de loisir de pleine nature avant les touristes locaux, les touristes métropolitains semblent être là en terrain conquis. Les créoles résidant au pied des lieux de pratique ne manquent pas de brocarder ces touristes affairés pris dans le rythme trépidant des vacances sportives. D’où la formule en jargon « anglo-créole » employée pour souligner l’étrangeté du touriste sportif pressé quand il demande son chemin sans même s’arrêter : « Té, kwé nous fé, Don’t speed, mi bois mon zafér d’abord » (« Hé, qu’est-ce que tu nous fais, ne presse pas, je finis mon verre d’abord »), ainsi que les plaisanteries des locaux à leur égard : « Moin lé point zabdos, moin lé bien gras, mais afole pas mon bougr’, mi suis pas moll’ » (« Regarde j’ai pas d’abdominaux, je suis bien gras, mais ne t’inquiète pas, je ne suis pas faible »). Enfin, les locaux profitent parfois d’un mot ayant deux significations distinctes, une dans le parler local, l’autre en français : ainsi, demander à des touristes sportifs si pour courir si longtemps ils ont besoin d’une « pile plate », leur permet à la fois de suggérer un compliment lié à la métaphore du générateur d’énergie, et de marquer le contresens en brandissant une petite bouteille plate (la fameuse « pile plate » le plus souvent de « rhum charrette », alcool de consommation courante, ou de whisky), ce qui entraîne à coup sûr l’hilarité des comparses. Les activités de pleine nature ou activités de l’« extrême », fer de lance de la politique de communication du Comité du tourisme de la Réunion (ctr), s’adressent donc en fait à une cible des plus restreinte : les cadres métropolitains actifs [5]. Ainsi, on ne peut espérer faire du canyoning au-dessus d’un certain âge, de la course d’arêtes en dessous d’un seuil minimal de condition physique ou s’initier en famille au parapente. La plupart des entreprises qui parient sur cette forme de tourisme sportif sont le plus souvent gérées par des zoreilles et les créoles ne se privent pas de remarquer que les retombées des ressources naturelles de l’île leur échappent. Nous touchons là à une limite des fonctions économiques du tourisme sportif. Annoncé comme un remède salvateur face à la crise réunionnaise de l’emploi, il profite prioritairement à de nouveaux arrivants sans véritablement participer à une mobilisation des sans-emploi locaux. L’encouragement des pouvoirs publics à travers de vastes campagnes publicitaires comme celle du slogan « La Réunion intense », sert prioritairement un « lobby » aux mains des zoreilles, visant une clientèle métropolitaine. Pourtant, une nouvelle tendance s’ébauche et des entreprises comme Ric à Ric (spécialisée dans la course d’arêtes en montagne [6]), Réunion sensation (spécialisée dans la spéléologie [7] et le canyoning) ou encore Kalanoro (spécialisée dans les descentes en kayak ou en raft) commencent à avoir des touristes locaux dans leur clientèle. Les habitudes de loisir des Réunionnais sont donc elles-mêmes en pleine mutation. Le loisir dominical a été longtemps le cadre de l’incontournable repas en famille (qu’il s’opère à la « case » ou en pique-nique). Sans disparaître, ce rituel s’accompagne de circulations plus longues et plus fréquentes. En outre, la venue d’amis ou de membres de la famille (« Kréopolitains ») de métropole est une source puissante de stimulation dans l’organisation des loisirs des autochtones. Transformés en guides ou en « tour operators » pour leur proches de passage sur l’île, les Réunionnais en profitent pour itinérer [8].
Les interactions au quotidien entre touristes et Réunionnais
8L’activité touristique se distribue donc autour de deux pôles : d’un côté, celui du farniente, de l’autre, celui de l’activisme sportif intense. Mais ce clivage est artificiel, car la question posée est moins celle du choix entre, d’une part, l’engagement physique et la mobilité, et, d’autre part, la villégiature et le repos, que celle de la liberté de découverte pour le touriste ou de l’orientation des attentes. Sur ce point, sportifs extrêmes et spécialistes de la sieste prolongée se rejoignent, tant leur découverte de la Réunion s’opère le plus souvent hors contexte, et de manière largement guidée. Si on imagine aisément que le villégiateur dans son hôtel soit coupé de la vie des Réunionnais, comment expliquer pareille similitude chez son homologue sportif de pleine nature ? Le rapport au temps prive le sportif de la connaissance de l’environnement qu’il traverse. Il est toujours en mouvement et ne prend guère le risque de laisser sa course se transformer en promenade au gré des rencontres et de leurs aubaines. Il lui faut tenir son programme. Il n’a donc pas le temps de flâner et encore moins de se laisser happer par l’imprévu. Si vous rencontrez de tels touristes qui reviennent des cirques de Cilaos (au sud), de Salazie (accessible par le nord-est) ou de Mafate (le plus reculé, dominé par le massif du piton des Neiges [9]), leur premier commentaire ne ressortira ni à la végétation, aux échanges avec les Réunionnais, mais au temps qu’ils ont mis pour les traverser. Plus vite sont-ils allés (le minimum est de dépasser les indications de durée des marches données dans les guides), plus satisfaits sont-ils. L’apprentissage de l’autre, de la simple tolérance au plaisir d’être ensemble, suppose a minima d’accepter une rupture de rythme. Mais le développement du tourisme à la Réunion nécessite aussi de désenclaver les lieux d’hébergement, ce qui suppose que les touristes ne soient pas parqués dans des « ghettos » de luxe qui les coupent de la population comme on peut le voir ailleurs (Baléares, île Maurice…). Pour montrer le chemin accompli et celui qui reste à faire en matière d’échanges entre locaux et touristes, nous nous appuierons sur l’étude ethnographique des espaces balnéaires et des activités physiques qui s’y déroulent. Celles-ci, souvent décrites comme une occasion d’immédiate sociabilité et de médiation entre différentes cultures, peuvent a priori servir au quotidien d’espace de renforcement des identités culturelles.
9Nous allons développer deux situations contrastées : tout d’abord, celle de la plage de Saint-Leu où la revendication identitaire locale passe par le détour de l’appropriation du surf par les créoles ; ensuite celle de la plage d’Étang salé où, à l’opposé, peuvent cohabiter sur un même espace culture traditionnelle du « carry feu de bois » et sports fun.
10Après avoir longtemps délaissé l’espace nautique [10], il arrive que les insulaires en revendiquent l’exclusivité. Cette aspiration s’appuie de manière disparate sur les questions d’environnement comme la dégradation du lagon et la destruction des coraux (sans trop d’intensité car ils ne sont pas les derniers à attenter aux sites par la pêche à pied sur le corail), mais elle culmine et se radicalise dans les pratiques de loisirs sportifs nautiques, en particulier sur certains « spots » [11] de surf. Celui de Saint-Leu par exemple est réputé autant pour la qualité de ses vagues que pour l’existence d’une bande locale opérant une appropriation quasi privative du site : la bande de « Sully Laroche », « gros Gilbert » [12] et Tarzan « le roi du spot » veille à ce qu’aucun touriste « métro » ne vienne profaner « leurs » vagues. Il n’existe même pas d’épreuve initiatique à franchir (comme par exemple réussir à surfer de grosses déferlantes ou à l’endroit où les coraux affleurent) : les touristes sont purement et simplement congédiés, considérés comme « interdits de séjour », quel que soit leur niveau d’excellence. Le respect des règles de priorité sur l’eau entre surfeurs n’a plus cours (celui qui est en haut de la vague – au peak – a théoriquement la priorité sur celui qui est en dessous – dans le bowl), mais, règle élémentaire, le respect est dû au surfeur autochtone. Sachant qu’ils ont du mal à se contrôler, Sully Laroche, Gros Gilbert et Tarzan préviennent les importuns que s’ils ne sortent pas de l’eau dans les cinq minutes, ils vont se faire écraser la tête contre le corail. Quand ils coupent allègrement la priorité aux « étrangers », ce n’est à leurs yeux que justice : « Ferm’ out guèl, mi fais sakt mi veux, moi mi lé dans mon jardin » (« Ferme-la, je fais ce que je veux, je suis dans mon jardin ») ou encore « Nous sa montre a ou kolèr La Réunion » (« Je vais te montrer ce que c’est qu’un Réunionnais en colère »). En tant que « roi », Tarzan se doit tout particulièrement de montrer une image de dur des plus intimidantes. Grise mine et air renfrogné vont de soi, même si intérieurement il jubile. Lorsque ni les avertissements verbaux ni la carrure des surfeurs autochtones ne suffisent à dissuader les visiteurs les plus téméraires, il arrive alors que les crics sortent des coffres de voitures pour une « totoch » (bagarre) dont la règle d’or est de n’avoir peur de rien, de ne rien craindre. Défaillir équivaut à perdre sa réputation. Ainsi, à Saint-Leu, on raconte [13] la triste histoire de E.P., surfer local, avec une respectable notoriété de bagarreur et promis à un bel avenir sur le spot. Pourtant un jour, E.P. coupe la vague à un touriste qui immédiatement lui enjoint de sortir pour régler ça entre hommes. Une telle agressivité déconcerte E.P., ce genre d’invitation étant d’habitude lancée par les locaux. Il laisse donc prudemment « l’étranger » sortir en premier. Celui-ci s’avère, hors de l’eau, être une force de la nature, qui de surcroît s’échauffe pour le combat avec des mouvements de karatéka confirmé. E.P. préfère alors rester dans l’eau. Une heure passe, puis deux, puis trois ; épuisé et transi, il regrette maintenant d’avoir coupé la priorité. Il s’affaiblit de plus en plus et l’étranger est toujours là à l’attendre. Alors E.P. sort de l’eau le plus loin possible et quitte la plage précipitamment sans demander son reste. Cette humiliation publique le disqualifie durablement, car il n’a pas su tenir son rang dans la bande. Les étrangers non francophones venus surfer sur ces vagues réputées sont paradoxalement pris à partie en français (« Eh tu parles pas français, et moi je parle pas anglais, alors dégage ! »), alors que les « métros » sont éconduits sur le même thème, mais en créole (« Eh a ou caus’ pas Kréol, mi cause pas français, mi cock a ou »). Ce qui démontre que ces autochtones sont capables, dans un registre stratégique, de se présenter comme Français pour éconduire les étrangers alors qu’avec les zoreilles, ils se vivent exclusivement en « Kréol ». Pour déjouer la surveillance des indigènes, Australiens, Anglais ou métropolitains viennent surfer aux aurores. Dès sept heures, commence une session matinale où se croise sur les vagues une petite troupe cosmopolite, qui établit rapidement une complicité à partir des intimidations subies (« Vous aussi vous avez eu la visite de la compagnie créole ? » « Oh Tarzan himself and his Zoo »).
11Cette menace est-elle pour autant considérée comme intolérable ? Non. Vécu comme une activité qui exalte la prise de risque, le surf est présenté comme une de plus à affronter. Même si dans les faits les touristes surfeurs adoptent une tactique d’évitement qui peut aller jusqu’à la fuite (digne mais sans traîner) à l’arrivée de « Tarzan et de ses gorilles », ils ne manqueront pas de se vanter sur les autres plages de s’être arrêtés pour surfer à Saint-Leu. En insistant sur le but atteint (« L’essentiel, c’est de surfer à Saint-Leu ») et en passant sous silence l’horaire, ils retournent une humiliation réelle en épreuve passée avec succès. En définitive, chacun semble trouver son compte dans les formes de sociabilité établies, les locaux en imposant leur loi, les touristes en tirant en définitive gloire de leur dérobade.
12Il est au contraire des plages où touristes, zoreilles et créoles cohabitent harmonieusement.
13Les créoles ont pour habitude de manger en famille sur la plage. Au moins trois générations, souvent quatre, se retrouvent pour ces repas qui ressemblent plus à de véritables festins qu’à de simples pique-niques. Plusieurs conditions doivent être réunies : la proximité d’un parking pour pouvoir transporter facilement les victuailles et les lourdes casseroles nécessaires au traditionnel et incontournable « carry feu de bois » ; l’ombre des filaos pour pouvoir faire la sieste ; un lagon clos et peu profond pour baigner les marmailles en sécurité (accessoirement un bloc douche-sanitaires).
14Une observation ethnographique prolongée sur une année montre plusieurs variations. La fréquentation touristique croît pendant les périodes de vacances scolaires métropolitaines, mais perdure peu ou prou de janvier à décembre. De mai à octobre (l’hiver réunionnais), les créoles ne vont presque plus à la plage, alors que la fréquentation des zoreilles ne diminue guère (la température de l’eau ne descend qu’exceptionnellement au-dessous de vingt degrés). Durant la saison hivernale, un vent constant modifie les activités (température extérieure d’une vingtaine de degrés en milieu de journée). Ainsi, alors que les terrains de volley-ball ne sont plus montés, s’élèvent au-dessus du lagon une armée de cerfs-volants, tels des monstres terrifiants menaçant le village.
15À l’échelle de l’activité hebdomadaire, la plage, occupée en semaine par les touristes, se « créolise » le week-end. C’est donc un week-end des fêtes de Noël où la plage accueille tout à la fois les vacanciers, les zoreilles et les créoles, que nous allons décrire.
168 h 30 : des familles créoles encore peu nombreuses prennent possession des meilleures places, sous les filaos. Certaines utilisent du mobilier de camping, les anciens placent leur fauteuil de plage à l’ombre mais pas forcément face à la mer.
179 h 30 : bien qu’on dénombre moins de pique-nique qu’à Grande Anse (la plage du « sud sauvage »), il aura suffi d’une heure pour que les ombrages se remplissent, que les plats mitonnent dans les marmites. La traversée sans sandales de l’étendue brûlante de sable noir entre la route et la mer relève déjà de l’exploit, et de malheureux touristes, régulièrement piégés dans cette épreuve, deviennent la risée des locaux. Cette langue de sable qui sépare le lagon fermé de la grande mer est un espace très convoité. On peut en effet tout à la fois observer, côté lagon, les marmailles pataugeant dans la mare et, de l’autre côté, les surfeurs dansant sur l’écume. Les enfants créoles et zoreilles s’amusent ensemble, se mêlant à ceux des touristes.
1810 h 30 : les surfeurs terminent leur session matinale sur la barre de corail. Les plus jeunes (de cinq à huit-neuf ans) continuent à s’entraîner au body-board (morey) [14] dans la mousse près du bord. Les touristes, bien que dérangés par ces planches qui déboulent sur les vagues et perturbent le calme de leur baignade, ne manquent pas d’être séduits par la précocité des adeptes de la glisse.
1911 h 30 : les familles résidentes d’Étang salé et des environs quittent la plage pour regagner la fraîcheur de leur maison. La chaleur devient difficilement supportable, plus grand monde ne s’aventure hors des parasols. Les familles créoles se réfugient à l’ombre des filaos pour entamer un repas qui durera plusieurs heures. L’épicerie-bar qui fournit des boissons fraîches ressemble à une ruche. La diversité des personnes qui fréquentent l’établissement et la variété des produits disponibles dans un si petit espace en font un lieu de spectacle permanent. Un habitué avait lancé un slogan parodique de la Samaritaine « Mi trouv’ tout’ chez les Ah-youn » (« On trouve de tout chez les Ah-youn »), quand il avait obtenu, hébété, un sachet de fraises qu’il avait demandé par pur défi. On y vient pour regarder autant que pour acheter. Les locaux vont « chez la Chinoise » pour se réapprovisionner en bière « Dodo » (« La Dodo lé là », annonce en créole une peinture murale) et pour s’amuser du comportement étrange des touristes hésitant longuement entre deux crèmes solaires. Ces derniers, avant de rentrer au « Caro Beach resort », font le plein de fruits. « La mère Ah-youn » qui, imperturbablement, trône à la caisse, n’en perd pas une. Vu l’étroitesse des allées, les corps se frôlent, les distances proxémiques sont abolies.
2013 h 30 : toutes les activités sont suspendues. La torpeur gagne. Les cris isolés deviennent plus perceptibles. Inutile d’espérer regagner la route sans chaussures.
2115 h-16 h : arrivée échelonnée pour l’après-midi des résidents d’Étang salé. Ceux-ci qui, en semaine, ont leur place quasi « attribuée », sont, en week-end, confrontés à une situation d’anonymat. Il leur faut paradoxalement trouver une place et s’intégrer à cette société du dimanche. À l’opposé des personnes qui arrivent de loin, ils marquent leur proximité par un équipement minimal, une serviette ou un paréo et voilà tout.
2217 h 30 : les familles quittent la plage dans un flux ininterrompu qui les porte lentement jusqu’aux voitures. Les enfants s’essuient pour se débarrasser du sable noir qui colle au corps. Après une inspection de détail, ils auront le droit de s’asseoir sur les sièges arrière. Restent sur la plage des pêcheurs « au moulinet » ou « à la gaulette », installés au bout de la langue de sable, des surfeurs qui se délectent de l’approche de la « sunset session » et des résidents d’Étang salé en attente du coucher de soleil. Celui-ci arrive vite. À six heures trente il est encore haut au-dessus de l’horizon ; à sept heures, il a disparu. Le rideau se ferme sur un dimanche.
23Touristes, zoreilles et créoles n’ont eu finalement durant cette journée que peu de relations. Celles-ci se cantonnent aux jeux des jeunes enfants dans « la pataugeoire » laissant en dehors les parents. D’une manière plus soutenue, les pêcheurs échangent sur leur savoir-faire. Les locaux donnent des conseils sans retenue.
24La présence des touristes n’est pas sans conséquences sur les représentations qu’ont les locaux de leur propre identité.
25Les petits malheurs des touristes confrontés à la brûlure du sable et du soleil renforcent le sentiment d’identité réunionnais des zoreilles et leur proximité avec les créoles, fiers de pouvoir dire qu’ils habitent là toute l’année (nous ne connaissons pas un seul zoreille qui ne soit vexé d’être pris pour un touriste, et si tel est le cas, qui ne s’obstine à dissiper la méprise, si possible en créole).
26Ces mêmes petits malheurs ont d’autres conséquences, plus surprenantes : ils semblent conduire les créoles à des amalgames accrus entre touristes et zoreilles, trouvant alors à ces derniers un air de famille appuyé avec les premiers, d’où un renforcement d’altérité et la tentation du repli sur soi de ces « mi-mi »..
Discussion et conclusion
27Les représentations propres au touriste d’agrément qui a choisi comme destination la Réunion pour venir y chercher de belles plages, ne peuvent la plupart du temps aboutir qu’au sentiment de se sentir « berné sur la marchandise » [15]. Comment le mythe balnéaire peut-il survivre à la quasi-absence de plages ?
28D’une part, ces stéréotypes sont entretenus par les récits de vacances des touristes. Nous avons mené, en 2001, une enquête basée sur des questions ouvertes auprès de 32 clients de l’hôtel « Apollonia » de Saint-Leu au sujet de leur choix de cartes postales et de leur contenu. Ce type d’écrit est révélateur du rêve des touristes, ainsi que de l’image qu’ils aimeraient donner de leurs vacances. La plupart (81 %) des personnes interrogées déclarent faire référence à la catégorie « ciel bleu, mer belle », alors qu’ils sont moins de un sur deux à mentionner la montagne. Il semble bien que les cartes soient rédigées en tenant compte des idées reçues de leurs destinataires. Certains ne cachent pas donner des nouvelles s’apparentant plus à des prospectus d’agences publicitaires qu’au bulletin réel de Météo-France. Les réponses fournies par ces entretiens révèlent (en particulier pour les touristes venant pour la première fois sur l’île) une préférence marquée pour les paysages maritimes ou pour des cartes postales avec plusieurs fenêtres présentant des paysages variés, au détriment des paysages montagneux (exception faite pour le volcan).
29D’autre part, les catalogues touristiques diffusés en métropole et les cartes postales locales entretiennent le mythe à la faveur d’images réussissant, par un cadrage sophistiqué, à montrer une enfilade de palmiers jonchant un lagon. Ce mythe est d’autant plus vivace qu’il est trompeur, qu’il promet ce qui n’existe pas et qu’il encourage photographes et touristes à l’entretenir d’un commun accord. Pourquoi la Réunion ne se vendrait-elle pas par d’autres atouts qui reposeraient sur la diversité des climats et des paysages, allant, sur peu de distance, du maritime au montagneux ? Il est vain d’y opposer la mer à la montagne : il serait préférable d’associer les deux. Cette alternative entre mer et montagne est aussi liée à la nature des plans d’aménagement de l’île qui comportent le risque d’une dualité. Le développement du tourisme ne peut sans risque vouloir viser, dans « les bains », une rupture avec le passé, tandis que, dans les « hauts », il le figerait.
30Enfin, discours et représentations touristiques comportent sur le plan de l’appartenance de la Réunion à la France diverses ambiguïtés entretenant tant bien que mal un double discours entre le supposé unanimisme républicain et la pseudo-authenticité créole. L’une d’elles est d’inviter le touriste à venir visiter un pays (et pas simplement un département français) où l’on parle français. Le rapport à la langue vise tout à la fois à sécuriser le voyageur timoré en lui rappelant qu’il pourra s’exprimer et se faire comprendre aisément, mais aussi à allécher le touriste en mal d’exotisme en soulignant la vitalité du patois créole. Autre ambiguïté : celle du mode de gestion de la différence culturelle vantant l’authenticité d’une culture créole au singulier, alors que celle-ci s’avère multiple. L’erreur provient d’une mauvaise évaluation de l’étendue du multiculturalisme réunionnais. La Réunion comme ensemble de communautés (cafres, créole blanche, tamoule, zarabe, chinoise, zoreille…) a pour socle un idéal interactionnel fondé sur la tolérance et la proximité. Le tutoiement et l’expression présente sur toutes les lèvres « Mi di aou » (« C’est moi qui te le dis ») sont ici de rigueur. Vouvoyer quelqu’un est en soi vraiment vouloir lui signifier une distance importante. Les limites à l’intégration des touristes cantonnés dans les lieux de concentration des zoreilles amènent parfois les habitants à passer à côté de cet idéal intercommunautaire. ?
Bibliographie
Références bibliographiques
- Barrieu René, Axel Hoareau, 2000, Enquête de fréquentation sur la période 1990-1999, contribution à une politique touristique pour la Réunion, Conseil régional, Saint-Denis.
- Benjamin Didier, Henry Godart, 1999, Les outre-mers français, Paris, Orphys.
- Chateaureynaud Yves, André Lapierre, 1996, Aspect du sport à la Réunion, Talence, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine.
- Colliez Jean-Paul, 1995, « Fréquentation touristique 1997 », Économie de la Réunion, 95 : 11-11.
- Duret Pascal, Muriel Augustini, 2000, « Quelles identités pour les jeunes de l’océan Indien ? », Agora, 20 : 13-22.
- Fontaine Guy, 1999, « Le tourisme réunionnais en 1996 et ses acteurs », in Philippe Viollier, L’espace local et les acteurs du tourisme, Presses universitaires de Rennes.
- Gay Jean-Christophe, Patrick Bouchet, 1998, « Les hauts de la Réunion conquis par les loisirs », Mappemonde, 51 : 31-37.
- Gruzinski Serge, 1999, La pensée métisse, Paris, Fayard.
- Guebourg Jean-Louis, 1999, Petites îles et archipels de l’océan Indien, Paris, Karthala.
- Live Yu-Sion, 1999, « Sociologie de la Réunion », in Bernard Chérubini, La recherche anthropologique à la Réunion, vingt années de travaux de coopérations régionales, L’Harmattan.
- Musso Isabelle, 1998, La Réunion et ses touristes : l’invention d’un nouvel espace touristique ?, dea Géographie, Université de la Réunion.
- Racaut Sylvie, 1998, Tourisme et développement, Observatoire du développement de la Réunion, 34.
- Urbain Jean-Didier, 1993, L’idiot du voyage, Paris, Payot.
- – 1996, Sur la plage, Paris, Payot.
Notes
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[1]
Case traditionnelle à toit en palme et pilotis, construite sur les lagons.
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[2]
Le développement du tourisme à la Réunion se heurte à un ensemble de contraintes : saturation rapide des vols aériens, tarifs élevés en comparaison de ceux en vigueur vers les Antilles, capacité d’accueil en lits limitée, désinvestissement des grands groupes internationaux, ralentissement des investissements touristiques suite aux modifications des lois de défiscalisation, coût élevé de la main-d’œuvre par rapport à celle des îles voisines constituent autant de facteurs qui menacent sérieusement le développement de l’activité touristique de l’île de la Réunion.
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[3]
En effet, ils sont moins de 500 000 par an à venir à la Réunion pour une population de 700 000 insulaires. En outre, l’analyse de la structure des vacanciers révèle la présence très importante, aux côtés du tourisme d’agrément, d’une autre forme de tourisme dite « affinitaire ». Il s’agit de venir retrouver de la famille sur l’île ou de rendre visite à des amis. Cette spécificité concerne plus d’un tiers du nombre global de touristes. Les chiffres annuels donnés par le Comité régional du tourisme (ctr) sont de 134 000 pour l’année 2000. Ces données peuvent être affinées en se rapportant aux travaux d’Isabelle Musso, doctorante en géographie à l’université de la Réunion, qui distinguent entre les formes du tourisme affinitaire zoreille et créole. Elle en trace le portrait type. Le touriste affinitaire zoreille a plus de cinquante ans, il séjourne chez ses enfants ou chez des amis pour des durées de séjour plus courtes que celles du touriste affinitaire créole. Plus jeunes, les créoles viennent à la Réunion en famille pour retrouver des parents. C’est par exemple le cas de tous les fonctionnaires bénéficiant tous les trois ans d’une prise en charge pour le voyage.
-
[4]
Même s’il faut souligner qu’à la Réunion le débat sur le statut de l’île ne porte guère sur l’indépendance, mais plutôt sur l’élargissement des prérogatives régionales, tout en restant au sein de la République (moyen de vouloir le beurre et l’argent du beurre, une liberté de gestion et le rmi).
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[5]
Les campagnes d’affichage des slogans comme « L’île intense » ou « Blasé !? » (sur fond de paysage vertigineux) ont pour terrain Paris plus que l’île elle-même.
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[6]
Guide chamoniard réputé, Philippe Colas réalisa les premières sur les principaux sommets de l’île et contribua largement à l’équipement de ces voies. Aujourd’hui, il est à la tête de cette entreprise florissante.
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[7]
Émeric Baucheron, champion de spéléologie sous-marine, vint à la Réunion pour développer cette activité puis impulsa également le canyoning.
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[8]
Certains hauts lieux touristiques comme le volcan, Cilaos, piton Maïdo, rivière Langevin, constituent des passages quasi obligés.
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[9]
Le Gros Morne, la Roche écrite, et le Grand Bénare.
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[10]
Le constat quasi rituel que l’on pouvait trouver dans tout mémoire de dea ou toute thèse tenait en une phrase : « Les Réunionnais tournent le dos à la mer ».
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[11]
Lieu privilégié assorti des conditions idéales pour exercer le surf.
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[12]
S’ils sont surnommés « gros », Gilbert et Sully sont avant tout costauds et trapus et n’hésitent pas à se servir de ces atouts pour expulser, le cas échéant, les surfeurs touristes indésirables.
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[13]
Pour un inventaire des anecdotes qui parcourent les spots de surf réunionnais, voir Adolphe Maillot : Le surf, paradoxe en mouvement, maîtrise du département d’anthropologie et d’ethnologie, Université de la Réunion, 2001.
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[14]
Le body-board est une planche sur laquelle le « glisseur », muni de palmes, est couché. Morey Boogie est le nom de l’inventeur de ce type de « surfing horizontal ». Pour distinguer les body-boards issus de sa propre fabrication de ceux qui seront fabriqués ultérieurement, on appelle les premiers des « morey ».
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[15]
Dossier « Tourisme » de Télézap, 27 août 2001.