Notes
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[1]
Association of Cycle Campers, qui fut fondée à Londres en 1875 et considérée comme la première association de camping [Bousquet, 1945].
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[2]
E.T. Seton est le fondateur du mouvement Woodcraft (« science des bois ») que l’on considère comme antérieur au scoutisme de Baden-Powell. Son mouvement prend appui sur sa formation de naturaliste et la vie des Indiens d’Amérique du Nord. Il deviendra une forme politique de contestation sociale en Grande-Bretagne sous l’impulsion de John Hargrave (qui fondera le Kibbo Kift) et des Chemises vertes prenant appui sur les thèses économistes du major Douglas [Sirost, 2000].
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[3]
Ces deux organismes diffuseront un nombre considérable de licences de camping après la Seconde Guerre mondiale. Cet exemple laisse entrevoir une influence idéologique et associative des Russes blancs dans la formation des usages du loisir en France.
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[4]
Respectivement président et vice-président du ccf.
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[5]
Pour propager en France le goût de la vie au grand air, brochure des statuts et de propagande éditée en 1913.
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[6]
[Ibid.]
-
[7]
Cela est particulièrement flagrant dans le libellé des statuts : « Il a été nommé le 15 mars 1910 à Paris, sous le titre de : Camping Club Français une société qui, dans un triple but physique, moral et esthétique, se propose de propager et de développer le goût du camping et de la vie en plein air. 1o Au moyen de conférences, brochures, revues… 2o En fournissant à ses adhérents, les moyens de pratiquer le camping dans toutes les conditions requises de confort et de sécurité, des facilités d’acquisition de tous articles et ustensiles constituant le matériel de campement. 3o Par des démarches auprès des pouvoirs publics et des autorités locales, etc., etc. » La présence des visées morale et esthétique, ainsi que la médiatisation de l’activité rendent bien compte du côtoiement d’une filière pédagogique et d’un affranchissement de ce genre d’instance. Le camping introduit ainsi du jeu dans le rouage institutionnel.
-
[8]
« Le matériel de camping », 1913, Revue mensuelle du tcf, octobre : 442-444.
-
[9]
« Les boy-scouts », 1911, Bulletin du Camping club français, 3 : 4 à 7. On trouve dans ce bulletin un long texte du lieutenant Dubreuil du 31e régiment d’infanterie qui oriente largement sa vision du camping vers une formation des hommes par l’excursion et non comme un futile objet de plaisir. Il est particulièrement intéressant de noter cette dichotomie permanente entre deux formes de camping : l’un assujetti à la formation morale et mis en principes pédagogiques, l’autre comme un moyen d’accéder au frivole dont le corps est le siège.
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[10]
« Où en sommes-nous ? Rapport de M. André Moine, secrétaire général du Camping club français », 1914, Bulletin du Camping club français : 11.
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[11]
« Assemblée générale annuelle du 15 février 1914 », 1914, Bulletin du Camping club français : 6.
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[12]
« 50 ans du ccdf, de Camping », 1960, Camping Voyages, mars : 20-23. Lire également A. Poupard [1998 : 9-12]. Voir la notice historique du catalogue Partridge. Tout pour le camping (1952), où L. Partridge se caractérise comme « campeur depuis l’année 1906. Créateur en 1912 de l’industrie du camping ».
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[13]
Statuts réédités en 1913.
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[14]
En 1912, les frères Charles et Henri Bonnamaux sont chargés d’établir le premier manuel de camping, distribué dans les écoles à plus de 5 000 exemplaires.
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[15]
Bulletin du Camping club français, 1914 : 1-7. Le club commence à constituer un répertoire des sites de camping accessibles par l’intermédiaire de ses correspondants.
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[16]
« Les réunions du mardi », 1924, Le Campeur. Bulletin d’informations et de propagande des campeurs du tcf, 1 : 5-6.
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[17]
« Nos réunions », 1914, Bulletin du Camping club français, avril : 4.
-
[18]
Union cyclotouriste de Touraine. Bulletin officiel, 1931, 4. Le sous-titre du bulletin fait apparaître : « Voyages, randonnées, cyclotechnie, camping, photographie ».
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[19]
Camping, décembre 1927.
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[20]
« Une belle soirée », Camping, février 1928.
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[21]
« Nos réunions », Camping, mars 1928.
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[22]
« Comité du 06/12/1927 », Camping, janvier 1928.
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[23]
« Réunions amicales », Camping, mai 1929.
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[24]
Revue mensuelle du tcf, novembre 1905 : « Indispensable aux touristes, cyclistes et motocyclistes, leur permettant d’emporter sur leur machine du linge de rechange : 2 chemises, 2 gilets de flanelle, 2 paires de bas, quelques mouchoirs et de menus objets de toilette. Léger, souple, en tissu imperméable, peut se fixer au guidon ou à la selle. »
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[25]
Tente, édredon, oreiller, lampe à cuire avec bouillotte, casseroles, boîte à condiment, fourchette, cuiller, récipient en toile imperméable, couteau, sacoche, d’un poids total de 3,450 kg coûtant 128,50 F.
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[26]
« Extrait du livre de M.J. Manchon, l’Aviron, Coll. Sports pour tous, Ed. Nilsson », 1910, Bulletin mensuel du Canoë club, 52. Ce bulletin comme ceux des cyclotouristes confirme que l’on a affaire en ce début de siècle à une famille de « plein-airistes », adhérant à plusieurs clubs, et non à un cloisonnement des pratiques.
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[27]
« Réunion nautique du 25 juin », 1911, Bulletin mensuel du Canoë club, 65.
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[28]
« Le matériel de camping », 1913, Revue mensuelle du tcf.
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[29]
« Camping à L’Isle-Adam », 1913, Revue mensuelle du tcf.
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[30]
« La manifestation du 15 avril à Chanteloup », 1928, Revue mensuelle du tcf, 403.
-
[31]
Ce syndicat de presse groupe l’ensemble des organes des associations de plein air de France.
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[32]
« Le baptême des tentes », 1914, Bulletin du Camping club français : « C’est une idée charmante qui nous a été suggérée par quelques-uns de nos camarades : donner un nom à sa tente, c’est se l’approprier un peu plus, la personnifier davantage, sans compter que cette mode ouvrira parfois quelque horizon indiscret sur le caractère de l’occupant et servira d’indice aux chefs de camp pour le groupement des campeurs. Aussi, pour apporter un peu d’ordre dans ces appellations, le comité a-t-il décidé l’ouverture d’un registre d’inscription des noms de tentes et des fanions personnels. »
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[33]
« Grands concours ouverts à tous les campeurs », 1930, Camping.
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[34]
Cela consiste essentiellement à adhérer à une famille, marquée par un partage des expériences, des usages et des valeurs.
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[35]
« Le matériel de camping », 1913, Revue mensuelle du tcf.
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[36]
« Où en sommes-nous ? », 1914, Bulletin du Camping club français.
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[37]
En 1930, Jean Susse deviendra le président de la société des Campeurs de France qui fusionnera en 1936 pour former le Camping club de France. Jean Susse reprendra le bulletin Camping de la société pour en faire une revue autonome autour de laquelle il fondera une maison d’édition couvrant l’ensemble du camping en France jusqu’en 1970. Le guide de camping Susse est toujours publié aujourd’hui, avec un tirage annuel de 50 000 exemplaires.
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[38]
Sports camping. Revue professionnelle d’articles de sports, janvier 1937, publiée par Camping (fondée en 1923). La revue est « destinée à servir de lien entre les différents membres de la corporation du sport ».
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[39]
Sports camping, juin 1937. Parmi le comité de la Chambre syndicale on retrouve Jean Susse nommé secrétaire adjoint et A. Mahuzier trésorier adjoint.
-
[40]
Partridge. Tout pour le camping. Catalogue 1952.
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[41]
Roger Beaumont, Catalogue randonnée, 1937-1977.
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[42]
André Jamet, Camping alpinisme, 1935, catalogue no 15, Manufacture Alpes-Sports.
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[43]
Manufacture parisienne de bâches et tentes H. Peyron, Catalogue 1937. On peut y lire que la maison fut fondée en 1918 et qu’elle est le « fournisseur du ministère de la Guerre, des ptt, des chemins de fer de l’État, de nombreux groupements sportifs, missions et colonies de vacances ».
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[44]
Ce groupement est fondé en décembre 1925 à la suite d’une scission d’avec le tcf. On lui doit la revue Camping qui peu à peu agrégera les différentes associations de plein air et les mouvements de jeunesse, pour aboutir à la création d’une fédération de camping [Sirost, 1999].
1N’y aurait-il pas dans la pratique du camping cette prédisposition anthropologique à côtoyer ses lointains ancêtres et les populations natives essaimées aux quatre coins de la planète [Bidault et Giraud, 1946] ? Le caractère précaire du refuge perdu au sein d’une nature perçue comme entité cosmogonique semble en effet unir différentes époques et diverses expériences. Pourtant, même si de tout temps on a su utiliser une science du campement – les armées, par exemple –, le camping reste une invention récente liée à l’urbanisation et à l’industrialisation de la société occidentale. Cette contradiction aux yeux de l’histoire fait déclarer à J. Bousquet : « Le camping est à la fois la chose la plus ancienne et la plus récente. » [1945 : 11] Pourtant le camping est un phénomène que l’on peut dater. Le mot apparaît en France en juillet 1903 à travers la presse sportive. L’article du journal L’Auto portant sur les campements sportifs des Anglais insiste sur l’origine et la culture britannique d’un mode de vie : « Les Anglais ont le génie de ces organisations en plein air. Depuis longtemps le goût du camping out et du bivouac lointain a pris dans le Royaume-Uni des proportions considérables. » [Uzanne, 1903 :1] Afin de caractériser cette culture de la nature, O. Uzanne utilise différents vocables : « une science de sauvages », un retour à la « vie primitive », l’expression d’une « gaieté excessive ». La convocation simultanée du bricolage [Lévi-Strauss, 1962] permanent, de l’intégration du savoir des populations natives, et des ambiances sensibles en prise à la nature tisse les caractéristiques du phénomène. En outre, l’article fait référence au développement d’un tissu associatif pionnier dont les adhérents sont tournés vers la nature : « Les cyclotouristes anglais tendent à devenir de plus en plus des “Robin-Wood” de grand chemin. L’auberge ne peut leur suffire désormais car ces assoiffés de grand air ne peuvent gîter dans des chambres d’hôtels dès qu’ils sont carrément mis en rupture de logis. Ils veulent encore et toujours camper largement, en pleine nature, et ne plus s’enfermer dans des muraires où ils croiraient ressentir un début d’asphyxie. Il existe depuis quelque temps à Londres une association de cycle campers ou autrement dit de cyclistes amoureux du campement. Cette association compte déjà plus de 250 membres. » [1] [Uzanne, op. cit.] C’est à ce contexte qu’il faut s’attacher pour comprendre l’émergence d’une pratique.
Sensibilités à la nature et contexte idéologique du camping
2Dans le contexte de l’époque, le camping relève d’une double réaction au progrès technique et à l’atmosphère des grandes villes. D’une part, le camping sert les intérêts d’un hygiénisme moral. Camper revient à faire provision d’air et de soleil afin de se régénérer. En retour d’un séjour en nature, le campeur sort fortifié pour défendre les intérêts de la nation et être productif dans son travail ou assaini des plaisirs subversifs de la ville. L’acte de camper participe à sa manière aux luttes menées contre l’alcoolisme, la tuberculose ou la syphilis [Corbin, 1978, 1982]. D’autre part, faire du camping correspond à une démocratisation de l’attente sentimentale portée par le romantisme [Delon, 1995]. Les temps d’attente liés à la vie moderne et la multiplication pour tout un chacun des supports imagés et écrits contribuent à développer un sentiment de nature. Cette double perspective de construction de l’environnement social par la domestication de la nature ou en fusionnant avec elle s’épanche dans un large contexte idéologique où baigne le camping à sa naissance.
3On trouve déjà ces visions de la nature dans les mouvements millénaristes et utopistes de retour à la terre mère au xixe siècle. Que ce soit dans le désir anglo-saxon de conquérir un nouvel éden ou dans la perspective germanique de former un nouvel Adam [Mosse, 1997] bercé par le primitivisme originel, ces mouvements convergent vers la même croyance en un monde nouveau et meilleur. En Grande-Bretagne et aux usa, ce sont les Young Men’s Christian Associations (ymca) qui développent cet idéal à travers des pratiques du corps en milieu naturel. L’un des protagonistes du mouvement, Luther Halsey Gulick [2], sur les conseils de son ami E.T. Seton, fonde les Girl Guides [Eells’, 1986]. Intervenant dans les établissements des ymca, Gulick établit un camp de quarante tentes à Thames River en 1887. Son programme se fondera sur l’indianisme, influencera le mouvement des Boy Scouts et jettera pour partie les bases du camping organisé aux usa. L’influence de ce mouvement sur le camping en France sera importante. Les Unions chrétiennes de jeunes gens (ucjg) contribueront à l’essor des nouvelles pédagogies anglo-saxonnes. Nombre de cadres partent se former en Grande-Bretagne ou à Springfield aux usa tels que S. Williamson [Cholvy, 1999 : 106-107]. Les conséquences de ces voyages de formation seront la mise en place d’une véritable pédagogie de la tente dans le but de former ce que l’on appelle alors l’« homme nouveau ». En 1906, la Fédération française des associations chrétiennes d’étudiants (fface) propose, sous l’égide de Charles Grauss, l’expérience du camp Domino où l’on emmène quelques jeunes vivre sous la tente. Par la présence cosmogonique des éléments naturels, les tâches ménagères, les bains de nature, les jeux collectifs et l’évangélisation organisent les journées. D’autre part, les ucjg servent de cadre de référence au développement des premiers mouvements français du scoutisme : les éclaireurs [Baubérot, 1997]. D’autres membres des ucjg tels que les frères Bonnamaux et L. Partridge fondent la Coopérative d’excursions qui participe largement à la mise au point du premier matériel de camping en France. Enfin, nombre de ces personnalités siègent à la commission de camping du Touring Club de France qui se crée en 1912.
4La seconde influence nous vient d’Allemagne et de Suisse. Face à la montée des grandes villes, l’Allemagne et l’Autriche réagissent en proposant aux populations urbaines des pratiques corporelles telles que la randonnée et la cure de nature s’érigeant en véritable « contre-culture », si l’on peut user d’un tel anachronisme. Pratiquer l’hygiène naturiste, la marche en forêt, la baignade en rivière deviennent des façons de contester la société des pères dominée par le progrès. Le camping apparaît ici comme un habile outil pour prolonger les moments passés au contact de la nature. Des mouvements comme les Wandervögel [Blüher, 1994] et les Amis de la Nature alternent longues randonnées et moments de relâchement autour d’un feu de camp ou près d’un cours d’eau. En se séchant au soleil et en profitant des bienfaits de l’air, on pratique la nudité. Parfois les adeptes de ces cures de nature forment de petites communautés perméables aux idéologies contestataires de l’ordre social établi. Tel est le cas au début du siècle, à Ascona dans le Tessin, d’une communauté d’anarchistes qui investit quelques hectares qu’elle baptise Monte Verità [Green, 1986]. Le site devient vite un petit village où l’on pratique le naturisme, le végétarisme, la danse, le théâtre de plein air, les religions orientales, la psychothérapie et la cure de soleil. Ces idées et ces pratiques se diffusent à travers deux vecteurs dans les milieux des campeurs français : d’une part, il faut signaler l’importance du Club vosgien assujetti à l’occupation allemande de l’Alsace qui contribue à développer des adeptes des Wandervögel et des Amis de la Nature. D’autre part, ces idées sont reprises par les futurs organes du tourisme de masse en France que sont la Fédération sportive et gymnique du travail (fsgt) et Tourisme et travail [3]. Il faut enfin souligner la paternité allemande des auberges de jeunesse, mouvement qui influencera largement les milieux du camping en France.
Le temps des pionniers
5Doyen des clubs de camping, le Camping club français (ccf) est fondé le 15 mars 1910. Ce sont « quelques jeunes gens de l’Union chrétienne de jeunes gens » [Henrionnet, 1992] à Paris qui le fondent. On peut se poser la question du lien qu’entretient le club en 1910 avec la coopérative d’excursions de l’ucjg de Paris. La forte proportion d’étudiants et de jeunes dans ces premiers clubs (par exemple au Canoë club) laisse supposer des liens avec la fface. Un célèbre pionnier, Louis Partridge, appartient à la fois à l’ucjg de Paris, aux Éclaireurs unionistes et au ccf. De même, on sait que Francis Young et Georges Rodriguez [4] (cadres des ucjg) participent à la formation des Éclaireurs de France. En dépit de ces liens forts, le Camping club français s’inscrit en rupture avec une obédience purement religieuse. Il ne s’agit plus d’éduquer directement la jeunesse par une mise en équation du comportement, mais d’aider matériellement les campeurs à faire « des provisions de force et de gaieté » [5]. De même, il ne s’agit plus uniquement d’un petit groupement de jeunes, mais d’une organisation qui se donne pour objectif le développement du camping à l’échelle de la France. L’autre rupture intéressante se lit dans l’usage simultané des expressions « plein air » et « grand air ». En formant les jeunes éclaireurs par des cadres qu’il fournit, le ccf garde une visée pédagogique. Mais en s’affranchissant d’une institution surplombante et en étendant son espace d’action, le club rêve de grands espaces et use de cette image pour sa démonstration : « On peut sans danger coucher et dormir au grand air, lorsqu’on sait comment le faire. » [6] À côté d’une systématique pédagogique, réalisée dans un cadre institué, on met en œuvre un système d’échange des impressions et des astuces grâce au partage de l’expérience vécue [7].
6Toutefois, ces orientations sont essentiellement d’ordre matériel. En suscitant une vocation chez les fabricants, le souci de développement du matériel semble être à l’origine du club : « Un article de M. Georges Benoît-Lévy, paru dans la revue d’août 1909, signalait l’existence d’un matériel de ce genre en Angleterre. Cet article a été à l’origine de la création du Camping club français qui s’était donné comme premier objectif de faire connaître en France ce matériel et d’amener nos constructeurs à le fabriquer. » [8] Examinons les liens qui font du ccf un probable successeur de la Coopérative d’excursions. Il nous faut réaffirmer le rôle joué par le ccf dans le développement des mouvements de jeunesse, en particulier les Éclaireurs de France (edf) et les Éclaireurs unionistes (eu). Dans son bulletin de juillet 1911, le ccf ne laisse aucun doute sur les relations à établir avec le développement du scoutisme en France. Un article intitulé « Les boy-scouts » fait état du récent succès du mouvement de jeunesse en France et de sa bonne connaissance par le ccf. À vrai dire, il s’agit, pour le club, d’un enjeu de formation : « Le Camping club ne peut manquer d’apporter tout son concours à une œuvre basée en grande partie sur l’application du sport auquel il s’est consacré […]. Que tous ceux qui comprennent l’importance nationale de l’œuvre que nous voulons organiser et la répercussion qu’elle aura sur le développement du corps et du caractère de nos enfants, viennent à nous, et nous apportent leur concours comme organisateurs de comités locaux ou comme instructeurs, et qu’ils nous écrivent sans retard pour recevoir les directions nécessaires. » [9]
7Avec son système de correspondants, le ccf est à même de contribuer au développement des mouvements de jeunesse. L’appel pour la formation des jeunes éclaireurs ne tardera pas à se faire entendre au sein du club. En 1914, André Moine évoque dans un long compte rendu la participation active du ccf à la formation de la jeunesse : « Il est une œuvre patriotique dont je puis dire que, si elle n’est pas, à proprement parler, la fille de notre Camping club, elle en est au moins la nièce, mais une nièce qui fait à sa famille le plus grand honneur : c’est l’Association des éclaireurs de France. Lorsque, à la fin de 1911 et au début de 1912, l’idée prit corps de créer dans notre pays, à l’instar des boy-scouts anglais, ces patrouilles d’éclaireurs qui sillonnent chaque dimanche les routes de France, c’est dans nos rangs, c’est parmi nous qu’on trouva les premiers militants. Vous accourûtes au premier appel, mon cher président [Francis Young], et vous, mon cher Rodriguez, qui êtes l’âme même de notre Camping club et dont je voudrais que tous ici proclament avec moi le magnifique dévouement à notre belle œuvre. Aujourd’hui, dans les divers comités locaux, plusieurs d’entre nous apportent à l’Association des éclaireurs de France leur concours précieux, et j’en pourrais citer qui, tel notre trop modeste et très zélé collègue Jourdan, initient, chaque dimanche d’été, nos jeunes éclaireurs parisiens aux infinies douceurs du camping. » [10]
8Les liens que tissent le ccf et les mouvements de jeunesse se situent ainsi à la fois au niveau de l’encadrement et de la formation des jeunes, le camping constituant une école et une réserve de cadres pour la jeunesse. On voit donc apparaître une filiation forte entre les ucjg et le ccf dans l’émergence des mouvements de jeunesse. D’autre part, il semble que le ccf succède à la Coopérative d’excursions, du moins en 1914. Il est en effet spécifié dans le compte rendu de l’assemblée générale annuelle : « Le comité fait part à l’assemblée de ses projets d’organisation de location du matériel. M. Partridge fait savoir que le Camping club pourrait aisément utiliser le matériel qui a servi à un groupement de campeurs pédestres, dont il a fait partie il y a quelques années. » [11] Or, le groupement pédestre auquel il est fait référence n’est autre que la Coopérative d’excursions avec laquelle L. Partridge réalise ses premières expériences de fabricant [12]. Il semble donc qu’ici la filiation soit opérante. Enfin, pour revenir aux buts matériels du ccf lors de sa fondation, il semble que l’esprit de « coopérative » soit un élément important dans la constitution du club. G. Benoît-Lévy, dans l’article qui influencera la formation du ccf [1909], s’affiche comme adhérent de l’Amateur camping club de Grande-Bretagne. Le club anglais dispose d’une « association des vacances coopératives » qui permet à tout un chacun, sans privilège de classe ni visée d’œuvre sociale quelconque, de bénéficier de vacances et d’excursions. On développe ainsi des sites d’hébergement, un accès aux transports, ainsi que le matériel de camping. De la même manière le ccf proposera dans ses statuts d’éveiller « l’esprit d’initiative chez les constructeurs de matériel de campement, et les amènera à la création de types de tentes réellement portatives, résistantes et insensibles aux tentatives de pénétration plus ou moins pacifiques de la pluie » [13]. Nous l’avons vu, le club trouve grâce à Louis Partridge une réponse probante à ce problème. Mais, en regardant la composition des membres présents à l’assemblée générale annuelle de 1914, on trouve également les noms de Monjardet, de P. et E. Monneret et de Maréchal, eux aussi fabricants de matériel, ainsi que plusieurs membres du tcf [14]. Le pari semble bien engagé.
9La première préoccupation était celle du matériel, l’autre est celle des terrains. En 1914, le club dispose de deux camps permanents dans la région parisienne, à Montigny-sur-Loing et à Dourdan. Le club publie dans ce même bulletin [15] un règlement des camps qui se focalise sur la responsabilité d’un chef de camp, des horaires pendant lesquels il est interdit de faire du bruit, une réglementation des feux, des corvées d’eau et de sanitaires, la propreté du camp et une taxation. On retrouve là ce qui compose aujourd’hui l’essentiel des règlements des terrains de camping en France. Mais surtout on met en place un personnage clé : le chef de camp, sorte d’animateur responsable. Cette figure est portée dans les différents domaines du camping par des personnages cristallisateurs tels que Louis Partridge pour le matériel, Jean Loiseau pour la randonnée et Jean Susse pour la presse [Sirost, 1999]. Le ccf se présente ainsi comme le club charnière se situant à l’intersection des mouvements de jeunesse et du développement moderne du camping. Par les liens qu’il tisse avec le tcf, les Éclaireurs de France et la Grande-Bretagne, il se positionne idéalement pour promouvoir et diffuser le camping en France. Groupant d’importantes personnalités du monde associatif, développant un répertoire des camps, organisant une réglementation, regroupant les premiers fabricants de matériel, formant la jeunesse et organisant la propagande du camping par des causeries, des démonstrations, des sorties et des salons, le ccf préfigure en concentré ce qui peut advenir du camping en France.
La sociabilité des cafés
10Les premiers temps de la constitution de sociétés de camping se caractérisent par le rassemblement de faibles effectifs dans des groupes hautement affinitaires. La fréquence et la durée de ces rassemblements sont le moyen privilégié pour commémorer, préparer et partager les expériences vécues. Ce triple jeu de la temporalité est fondamental à la compréhension du mode de fonctionnement du camping. La recherche d’un local pour le club ou d’une salle de réunions est une démarche importante qui pèse sur l’organisation et l’activité des clubs de camping. L’une des constantes de cette démarche réside dans l’obtention d’une arrière-salle de café où l’association se réunit une à deux fois par semaine. On apprend que « les campeurs du tcf se réunissent tous les mardis soir de 9 à 11 heures, au Café du nouveau siècle, 104 rue de Rivoli à l’angle de la rue des Halles. Une salle spéciale leur est réservée. […] ce sont des réunions dépourvues de tout protocole. On y fait connaissance, des relations s’y nouent, des amitiés s’y forment. On parle des promenades, des voyages effectués, on fait des projets pour la belle saison, on échange des impressions ; on se communique le résultat de ses expériences ; on parle de camping, bicyclette, voiture, canoë, photographie et chacun se retire avec, dans son bagage de campeur, quelque chose de plus qu’il n’avait en arrivant » [16]. En ce qui concerne le ccf, les réunions « ont lieu deux fois par mois, le 1er et le 3e jeudi, à 9 heures du soir, au café Terminus (angle de la Cour de Rome, gare Saint-Lazare) » [17]. Cette tendance semble généralisée aux sociétés de cyclotourisme, comme l’Union cyclotouriste de Touraine, dont le siège à Tours se situe à la Brasserie Grüber [18]. Comme on le sait, les cafés et leurs arrière-salles ont constitué au xixe siècle un espace de sociabilité et de culture. Les colporteurs y laissent leurs ouvrages à vendre et les almanachs [Bihl-Willette, 1997]. On y lit le journal, on y fait passer des tracts et on y colle des affiches. On y expose des œuvres d’inconnus, on y rencontre des groupes d’étudiants, des cercles littéraires avant-gardistes [Seigel, 1991]. L’homme de la rue y reçoit l’absinthe de l’oubli. La chansonnette, la rencontre et la grivoiserie [Gauthier, 1992] font des cafés un moyen de court-circuiter les attentes langoureuses du romantisme.
11Le café offre une alternative où se joue le théâtre social des existences, loin des conventions aseptisées par la morale. On les qualifie de lieux de débauche et de perversion contribuant à la dégénérescence de la jeunesse et des ouvriers. Ce sont également des endroits où le corps se donne à voir, s’offre en spectacle [Condemi, 1992 ; Rauch, 1992]. Le café, c’est aussi un formidable véhicule de l’information, on y découvre nouveaux aliments, boissons et tabacs. Il permet aussi la diffusion de la presse et le recueil d’informations à proximité des gares. Enfin, bien des arrière-salles hébergent des sociétés savantes, politiques [de Langle, 1990]. En outre, les associations de tutelle des clubs de camping comme le Club alpin français fonctionnent sur le mode des sociétés savantes [Chaline, 1998]. Nulle surprise alors à ce que les associations se réunissent dans les cafés, y recrutent de nouveaux membres, y diffusent bulletins ou tracts, et y affichent leurs sorties de week-end. L’horaire d’ouverture des cafés permet de se réunir le soir et de se rapprocher des lieux de transit tels que les gares.
12Qu’y font réellement les clubs de camping ? Les Campeurs de France qui tiennent leur permanence au « Café du Dragon d’Or, 2 rue de Grenelle, Paris (6e) » [19] nous donnent des éléments de réponse. Dans les arrière-salles des cafés se déroulent des causeries agrémentées de projections : « Notre camarade Maurice Chatel, le jeudi 19 janvier, au café Étienne-Marcel, nous a fait une conférence-projections sur 15 jours de camping dans les Alpes suisses. Les campeurs étaient venus nombreux à cette intéressante soirée et nous nous comptions 80 quand Chatel prit la parole. Notre camarade a une grande qualité, c’est de rendre vivant son voyage, en relatant les menus incidents qui pimentent le récit et lui donnent un caractère personnel et en illustrant sa causerie de ces si belles vues qui jalonnent son itinéraire. Tout le monde s’est apitoyé sur le mauvais temps à Bricolla, sur la chute de Chatel, sur leurs ennuis à la douane italienne, s’est émerveillé du spectacle du Cervin, de ce curieux Zermatt, et il nous semblait, à la fin de la soirée, que nous avions, nous aussi, fait ce magnifique voyage. […] ce bref résumé est impuissant à décrire les talents du conférencier, les amusantes anecdotes qui émaillaient son récit et tout le plaisir qu’ont éprouvé les spectateurs devant les projections si bien réussies. » [20]
13Deux constantes émergent de ces réunions : l’intensité du récit et celle des images permettant une véritable transfiguration de l’expérience vécue. Par le mécanisme de la causerie, c’est en effet toute une assemblée qui est transportée vers l’ailleurs. De ce point de vue, il est remarquable de voir les éléments de sympathie que couvre l’itinéraire vécu. L’expérience de l’itinéraire est véritablement transcendée par les incidents de parcours qui pimentent le récit. Le café, espace de circulation de la conversation désuète, voit se former autour de ce fonds commun et banal de l’existence toute l’intensité qui conduit le campeur vers son but. Il est intéressant de voir que le café, emblème de l’air vicié, est également le vecteur du transport vers le grand air. La mise en scène qui conduit au dépaysement collectif est parfois très poussée : « M. Loiseau : camping des Compagnons Voyageurs en 1927. Petite sceynette comique interprétée par les Compagnons Voyageurs au cours des projections. » [21] Dans ces soirées, on discute également de matériel de camping et de technique, en tentant de convertir certains fabricants aux besoins des campeurs : « Pour augmenter l’intérêt de nos réunions mensuelles, les séances de projections photographiques seront précédées de causeries sur le matériel de camping ; mais nous désirons que chacun prenne part à la causerie et fasse profiter tout le monde de son expérience personnelle sur telle ou telle partie de l’équipement. Les fabricants de matériel sont également conviés à ces réunions pour y exposer leurs vues et faire connaître leurs innovations. Un compte rendu pratique de ces réunions paraîtra dans la revue. » [22] Les réunions deviennent alors l’occasion privilégiée d’entretenir un lien entre les difficultés matérielles du pratiquant, les astuces du campeur chevronné et le fabricant. Une véritable culture technique se diffuse oralement, dans l’anecdote, le petit récit de vie ou la nouveauté matérielle qui sont autant de vecteurs de transmission de l’expérience vécue. Sans doute faut-il voir ici un moment clé dans la propagation de ce que M. Mauss appelle des « habitudes » [1991].
14Il est remarquable de voir que la revue Camping prend le relais de ces réunions en publiant des annonces et des comptes rendus. La diffusion du conseil pratique occupe, aux côtés de l’image, de l’itinéraire et du récit, une place prépondérante dont le succès n’est pas démenti. C’est ce que nous montrent les réunions du ccf à la Brasserie Grüber : « Le succès de nos réunions hebdomadaires s’affirme, et cela s’explique ! Sans compter le bénéfice des renseignements et des tuyaux qui y circulent, c’est un plaisir toujours nouveau de se retrouver entre camarades, d’échanger impressions et souvenirs de camping et de projeter ensemble de nouvelles randonnées. » [23] La fonction de ces réunions est essentielle. Les campeurs peuvent ainsi mettre en réseau un système d’alarme [Goffman, 1973 : 227] sur les spots de camping, les démarches administratives, la fonctionnalité du matériel, les préparations de randonnées, en passant par les supports imagés, les bribes de récits de vie, les petites astuces techniques et les voyages. Ces différents supports viennent imprimer l’esprit camping. Ils sont en quelque sorte les dépôts matériels de l’âme du campeur.
Démonstrations et culture technique
15Un autre des aspects essentiels du développement du camping en France est celui des propagandes et des démonstrations de matériel. Le tcf s’intéresse très tôt au problème en proposant dès 1905 le « paquetage Touring Club » [24]. Avant les articles consacrés aux démonstrations, le lecteur passe par des descriptifs du matériel observé en Grande-Bretagne [Benoît-Lévy, 1909] [25]. Le prix relativement élevé du premier matériel de camping oblige les campeurs en France à s’adapter sous une forme de coopérative. Tel est le cas de la Coopérative d’excursions qui propose au début de grandes tentes collectives pouvant accueillir jusqu’à trente campeurs. Il n’est donc pas surprenant que, face au coût élevé, à la pénurie de matériel français et aux conditions de campement en collectivité, tout ce qui touche à la nouveauté fascine. Face au dénuement, la moindre originalité revêt une fonction « magique ». Il semble que ce soit la Coopérative d’excursions qui commence la première la série des démonstrations de matériel [Poupard, 1998]. Les démonstrations du tcf débutent en 1912, date de création de sa commission de camping. Il semble que cette action soit dynamisée par le Canoë club qui « provoque ou organise le camping » [26]. Le 25 juin 1911, une réunion nautique est organisée aux îles de Noisiel « pour y déjeuner en camping ». La visite du « camping, dressé au fond d’une petite crique » [27] compose une partie du programme.
16Inspiré par ce type d’échange qui sert de propagande, le tcf organise en 1913 avec le Camping club français une manifestation à L’Isle-Adam où « on a pu voir ce matériel en plein air et habité, ce qui constitue la meilleure des démonstrations ; et à côté du matériel anglais, on a pu voir, ne lui cédant en rien, du matériel construit en France » [28]. Ces démonstrations revêtent une allure officielle avec désignation d’un jury et une remise de prix : « À côté des tentes extrêmement ingénieuses présentées par M. Hervieu, réunissant toutes les conditions du confortable, mais exigeant des moyens de transport assez puissants, nous avons pu examiner dans les modèles présentés par les maisons Monjardet, Monneret, Partridge et Tunmer […] divers modèles extrêmement pratiques, remarquables par leur légèreté, n’excluant pas le confortable, depuis la tente Cottage pour deux et trois campeurs, avec double toit, tapis caoutchouté isolant du sol, le tout pesant de 5 à 6 kilos, jusqu’à la petite tente Brunnarius pour la montagne, pesant 1 400 grammes et pouvant presque se loger dans la poche. […] c’est avec plaisir que, à côté du matériel des maisons anglaises, nos maîtres en la matière, nous avons vu apparaître pour la première fois des tentes de fabrication française aussi légères et aussi pratiques. […] cette manifestation, une des premières qu’il ait été donné de voir en France, fera, espérons-le, beaucoup pour la cause du camping. » [29]
17Ce genre de démonstration permet ainsi aux premiers fabricants de se faire connaître, d’être au plus près des préoccupations des campeurs en campant eux-mêmes et de commencer à commercialiser le matériel de camping sous le couvert d’associations reconnues. Le tcf inaugure là une longue série d’expositions de matériel de camping avec des réunions annuelles à Chanteloup [30] où l’on fera intervenir en 1928 la presse sportive par l’intermédiaire de Victor Breyer, éminent représentant du syndicat de la presse sportive et touristique [31]. Cet attachement au matériel prend une forme particulièrement symbolique au sein du ccf qui propose des baptêmes des tentes [32]. Les lieux d’exposition de matériel seront aussi ceux des rallyes entre campeurs. Ainsi, on fera coïncider par la suite les réunions de camping du week-end avec des démonstrations techniques de matériel. Chanteloup et L’Isle-Adam deviennent alors des sites où les badauds peuvent rencontrer un autre monde. Ce sont de véritables lieux de spectacles amplifiés par l’écho des concours. Ainsi en mai 1930 : « Le samedi soir, à 21 heures, concours d’illumination des tentes (bougies, acétylène, électricité, etc.). À 21 h 30, grand concert par appareils de tsf (section automobile des Campeurs de France). Le dimanche matin, vers 9 h 30, grand concours de camping, doté de nombreux prix en espèces et en matériel par la Chambre syndicale du camping (inscription le samedi soir). Règlement et concours chez tous les fabricants de matériel. Ce concours sera photographié et filmé. » [33] L’objet manufacturé générera une socialité du camp, qui se traduit par la génération d’une ambiance. On peut aller jusqu’à dire que le regard porté sur le matériel cache ainsi une sensibilité « dionysiaque » [Maffesoli, 1982], où la démonstration technique s’efface au profit de l’expression du moment. Il est intéressant de voir que la démonstration de l’objet manufacturé de camping introduit un nouvel usage de la scène publique. À côté des fabricants chez qui l’on affiche les concours et chez qui l’on récupère des bulletins d’engagement, la revue Camping joue le rôle de médiateur dans la préparation et la commémoration de ces moments. On peut penser que l’« esprit campeur » [34] s’inscrit, entre autres, dans l’usage dérivé de l’objet. Enfin, la photographie et la filmographie qui s’attachent à l’événement renforcent la puissance visuelle de l’objet. Ces réunions se développeront par la suite sous la forme de rallyes et de rassemblements annuels des différentes sociétés de camping. Il faut y voir une préfiguration du « village de toile » des années 1950, prémices du camping sédentaire de masse.
Salons et foires du camping
18À côté des démonstrations de propagande rapidement détournées en moments intenses d’expression de l’être-ensemble, le commerce de l’objet manufacturé s’organise autour de la conquête d’espaces d’exposition. Très tôt les campeurs s’organisent pour investir les différents salons afin de promouvoir leur activité. En 1913, on peut lire dans la revue du tcf : « Nous apprenons avec plaisir que le ccf a obtenu la concession d’une salle au salon de l’Automobile et des Sports, qui s’ouvrira au Grand Palais, le 17 octobre. Nous y reverrons certainement les plus caractéristiques des modèles de tentes adoptés par ses sociétaires. » [35] Le Camping club français, qui se donne pour objectif la fabrication de matériel de camping en France, est particulièrement sensible à ce genre d’investigation. De ce fait il noue des relations solides avec les associations susceptibles de répondre à cette demande : « Merci encore aux nombreux amis que nous avons au Touring Club, à l’Automobile Club, à l’Aéro-Club, au Canoë Club. » Aussi, toutes les occasions sont bonnes et l’on n’hésite pas à exposer le matériel de camping dans les salons nautiques, automobiles, aéronautiques, à la Foire de Paris. Ici encore, l’objet génère la sympathie des visiteurs : « En cette fin d’année 1913, deux occasions vraiment excellentes se sont offertes à nous de prouver à la fois la vitalité de notre Club et l’ingéniosité de nos fabricants français de matériel de campement. Au salon de l’Automobile comme au salon de l’Aviation où des stands très vastes nous avaient été si gracieusement consentis, nous avons vu, d’une part, exposer du matériel léger tout à fait confortable, et, d’autre part, la foule s’empresser autour de nous pour obtenir sur notre œuvre des éclaircissements. Nous sommes en droit d’espérer qu’à l’Exposition internationale de Lyon à laquelle nous avons été obligeamment conviés, notre stand obtiendra un succès aussi décisif. » [36]
19Il faut remarquer que l’industrie du camping des débuts s’inspire des industries automobile, aéronautique et nautique qui sont à la pointe des recherches appliquées. Ces salons feront sentir aux campeurs que les foules sont curieuses des pratiques du camping ; les clubs se voient obligés de faire des conférences et de produire des manuels, voire de demander à la presse de servir de relais. De même, la société des Campeurs de France exposera son matériel dans les différentes foires et salons. Journaliste, campeur et fabricant sont ainsi largement intriqués. Jean Susse [37] renforcera ce lien en éditant la revue Sports camping en janvier 1937, consacrant une partie de la presse de camping uniquement aux détaillants d’articles de sports [38]. En 1937, sous son impulsion est fondée la Chambre syndicale des fabricants et négociants en matériel de camping [39]. Grâce à cet organe, les démonstrations de matériel trouvent plus facilement un cadre d’exposition. Ce lien conforté amènera tout naturellement la création du Salon des sports et du camping en 1950.
Le catalogage des objets manufacturés, un récit de vie
20Les catalogues des fabricants et détaillants de matériel sont bien souvent des bréviaires autobiographiques. Louis Partridge dans son catalogue de 1952 raconte son histoire qui coïncide avec les origines du camping : « Épris de plein air, fervent adepte du retour à la nature, Partridge, avec des amis de même goût, prenait part dès le début du siècle, à des excursions : visite de lieux pittoresques, repas en commun avec les moyens du bord, couchage dans les granges. La recherche du gîte astreignait à une reconnaissance préalable des lieux, une entente avec le fermier ! Les lieux visités n’offraient pas toujours à proximité des possibilités de couchage, parfois il fallait reprendre la route. Pour être libérés de cette servitude, Partridge proposa à ses amis d’emporter le gîte dans leurs sacs. Les tentes du commerce, destinées aux coloniaux, pesaient alors 30 kg pour deux personnes, impossible d’y songer ! Partridge confectionna une tente qu’il étrenna, avec 14 de ses amis, à Pâques 1906. C’est ainsi qu’en France naquit le camping. Une deuxième tente devint nécessaire, puis une troisième. Le camping était lancé, il faisait son chemin. Le Touring Club de France demandait à deux de ses amis, Charles et Henri Bonnamaux, de rédiger un manuel de camping. La même année, c’était en 1912, Partridge ouvrait un atelier de fabrication de tentes et matériel de camping. » [40]
21L. Partridge exposait dans son magasin les photographies de ses rencontres avec des aventuriers illustres comme P.-É. Victor et le commandant Charcot. Son petit atelier où il employait un ouvrier jouxtait le magasin. On entrait pour du sur-mesure. Les magasins de camping participaient à la diffusion des ouvrages et manuels, les affichant en vitrine. Enfin, L. Partridge sera le premier à mettre au point un système de location de matériel. Ce genre de notice est spécifique aux premiers fabricants de matériel. Roger Beaumont dans son catalogue de 1977 récidive : « Avril 1937. Roger Beaumont crée Randonnée dans un local vaste pour l’époque, face au square Montholon. Responsable du Club Paris-Nord du Centre laïque des auberges de jeunesse, Père Aub’ à l’auberge de jeunesse de Villeneuve-sur-Auvers, R.B. est aussi animateur du groupe des Campeurs-randonneurs du Camping club de France. » [41] Il assurera à partir de 1947, et pour vingt ans, la présidence de la Commission technique des sentiers de grande randonnée. Par son parcours de vie, il se distingue comme un fabricant spécialiste du matériel de randonnée. André Jamet affiche sa sérénité dans son catalogue de 1935 : « C’est sous la direction d’un campeur et alpiniste que sont fabriquées dans un atelier moderne toute une gamme de tentes, réunissant les conditions maximum de légèreté et de confortable. Aussi notre matériel vous offre toute garantie et mille détails, fruit de remarques que nous avons pu faire pendant de longues randonnées. » [42] H. Peyron mise sur ses relations avec l’expédition française partie en Himalaya en 1936 et sur le scoutisme en insistant sur une sensibilité commune : « Aimez-vous la nature et ses verts horizons… Le soleil radieux… La vie saine en plein air loin des bruits de la ville ?… Alors… Faites du camping !! » [43] D’autres fabricants ont leur vie étroitement mêlée à cette aventure du camping, comme Robert Andrault, ingénieur, qui campe pour la première fois en 1908 ; en 1938, ayant perdu tout espoir de trouver sa vocation professionnelle dans une grande société, il fonde sans réelle expérience son magasin À la Belle Étoile. Il met au point des tentes-jouets pour enfants, la tente Véga primée par le tcf et des tentes polaires conçues spécialement pour les expéditions polaires françaises. Les magasins La Hutte connaissent un succès bien plus retentissant [Beguin, 1993], fondés en 1922 sous l’impulsion du révérend père Sevin et d’Édouard de Macedo, commissaire général des Scouts de France. Les catalogues racontent des histoires de vie, mais produisent également des images sous forme de dessins et de schémas, puis de photographies. On peut dire qu’ils participent à une vaste échelle à la vie sociale des campeurs et sont un vecteur de diffusion des pratiques particulièrement important [Martin, 1992 : 106].
L’autonomisation d’un projet
22Le projet initial développé par le Camping club français regroupe différentes formes de pratiques : un camping éducatif pour les jeunes, un camping itinérant pour les aventuriers, un camping de masse via le développement d’une industrie touristique. En dépit de cette diversité, le projet initial du club aboutira. Après avoir fusionné avec le groupement des Campeurs de France [44] en 1936 pour fonder le Camping club de France (ccdf), l’association fédérera les usages du camping en France après avoir fédéré les esprits. L’ « esprit campeur » s’agrégera progressivement autour d’un personnage détenteur de l’expérience vécue dans la nature : le vieux campeur, personnage édifié à travers les récits des pionniers. Des personnalités telles que les frères Bonnamaux, Louis Partridge, Jean Loiseau, Jean Susse cristallisent ce personnage détenteur de l’expérience. Ce n’est pas par hasard si une culture orale les concernant circule toujours dans les milieux du camping et compose un univers mythique. Le label Vieux campeur unifiera le commerce de l’objet manufacturé de camping, la presse spécialisée et l’accès généralisé aux lieux de pratique via les guides de camping. Surtout, l’« esprit campeur » et l’explosion démocratisée du récit (guides, presse, objets) se conjugueront en une mise en œuvre clé, fondatrice du camping : le village de toile. Que ce soit à l’occasion de démonstrations, à travers les expérimentations pédagogiques, lors des réunions de club ou pendant les exhibitions des salons, un village se forme, unifiant espaces et sensibilités. Le chef de village légitime par sa présence l’empreinte de ce lieu de nulle part. Ces petites utopies trouveront leur version la plus aboutie au début des années 1950 à travers l’émergence du Club Méditerranée et des Villages Vacances Familles [Guignand et Singer, 1989]. C’est certainement la recherche sans cesse renouvelée en période estivale de cette empreinte invisible, mais indélébile qui pousse aujourd’hui sept millions de Français à vivre sous la tente. ?
Bibliographie
Références bibliographiques
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- Uzanne Octave, 1903, « La vie sportive en plein air. Les campements », L’Auto, 1017.
Notes
-
[1]
Association of Cycle Campers, qui fut fondée à Londres en 1875 et considérée comme la première association de camping [Bousquet, 1945].
-
[2]
E.T. Seton est le fondateur du mouvement Woodcraft (« science des bois ») que l’on considère comme antérieur au scoutisme de Baden-Powell. Son mouvement prend appui sur sa formation de naturaliste et la vie des Indiens d’Amérique du Nord. Il deviendra une forme politique de contestation sociale en Grande-Bretagne sous l’impulsion de John Hargrave (qui fondera le Kibbo Kift) et des Chemises vertes prenant appui sur les thèses économistes du major Douglas [Sirost, 2000].
-
[3]
Ces deux organismes diffuseront un nombre considérable de licences de camping après la Seconde Guerre mondiale. Cet exemple laisse entrevoir une influence idéologique et associative des Russes blancs dans la formation des usages du loisir en France.
-
[4]
Respectivement président et vice-président du ccf.
-
[5]
Pour propager en France le goût de la vie au grand air, brochure des statuts et de propagande éditée en 1913.
-
[6]
[Ibid.]
-
[7]
Cela est particulièrement flagrant dans le libellé des statuts : « Il a été nommé le 15 mars 1910 à Paris, sous le titre de : Camping Club Français une société qui, dans un triple but physique, moral et esthétique, se propose de propager et de développer le goût du camping et de la vie en plein air. 1o Au moyen de conférences, brochures, revues… 2o En fournissant à ses adhérents, les moyens de pratiquer le camping dans toutes les conditions requises de confort et de sécurité, des facilités d’acquisition de tous articles et ustensiles constituant le matériel de campement. 3o Par des démarches auprès des pouvoirs publics et des autorités locales, etc., etc. » La présence des visées morale et esthétique, ainsi que la médiatisation de l’activité rendent bien compte du côtoiement d’une filière pédagogique et d’un affranchissement de ce genre d’instance. Le camping introduit ainsi du jeu dans le rouage institutionnel.
-
[8]
« Le matériel de camping », 1913, Revue mensuelle du tcf, octobre : 442-444.
-
[9]
« Les boy-scouts », 1911, Bulletin du Camping club français, 3 : 4 à 7. On trouve dans ce bulletin un long texte du lieutenant Dubreuil du 31e régiment d’infanterie qui oriente largement sa vision du camping vers une formation des hommes par l’excursion et non comme un futile objet de plaisir. Il est particulièrement intéressant de noter cette dichotomie permanente entre deux formes de camping : l’un assujetti à la formation morale et mis en principes pédagogiques, l’autre comme un moyen d’accéder au frivole dont le corps est le siège.
-
[10]
« Où en sommes-nous ? Rapport de M. André Moine, secrétaire général du Camping club français », 1914, Bulletin du Camping club français : 11.
-
[11]
« Assemblée générale annuelle du 15 février 1914 », 1914, Bulletin du Camping club français : 6.
-
[12]
« 50 ans du ccdf, de Camping », 1960, Camping Voyages, mars : 20-23. Lire également A. Poupard [1998 : 9-12]. Voir la notice historique du catalogue Partridge. Tout pour le camping (1952), où L. Partridge se caractérise comme « campeur depuis l’année 1906. Créateur en 1912 de l’industrie du camping ».
-
[13]
Statuts réédités en 1913.
-
[14]
En 1912, les frères Charles et Henri Bonnamaux sont chargés d’établir le premier manuel de camping, distribué dans les écoles à plus de 5 000 exemplaires.
-
[15]
Bulletin du Camping club français, 1914 : 1-7. Le club commence à constituer un répertoire des sites de camping accessibles par l’intermédiaire de ses correspondants.
-
[16]
« Les réunions du mardi », 1924, Le Campeur. Bulletin d’informations et de propagande des campeurs du tcf, 1 : 5-6.
-
[17]
« Nos réunions », 1914, Bulletin du Camping club français, avril : 4.
-
[18]
Union cyclotouriste de Touraine. Bulletin officiel, 1931, 4. Le sous-titre du bulletin fait apparaître : « Voyages, randonnées, cyclotechnie, camping, photographie ».
-
[19]
Camping, décembre 1927.
-
[20]
« Une belle soirée », Camping, février 1928.
-
[21]
« Nos réunions », Camping, mars 1928.
-
[22]
« Comité du 06/12/1927 », Camping, janvier 1928.
-
[23]
« Réunions amicales », Camping, mai 1929.
-
[24]
Revue mensuelle du tcf, novembre 1905 : « Indispensable aux touristes, cyclistes et motocyclistes, leur permettant d’emporter sur leur machine du linge de rechange : 2 chemises, 2 gilets de flanelle, 2 paires de bas, quelques mouchoirs et de menus objets de toilette. Léger, souple, en tissu imperméable, peut se fixer au guidon ou à la selle. »
-
[25]
Tente, édredon, oreiller, lampe à cuire avec bouillotte, casseroles, boîte à condiment, fourchette, cuiller, récipient en toile imperméable, couteau, sacoche, d’un poids total de 3,450 kg coûtant 128,50 F.
-
[26]
« Extrait du livre de M.J. Manchon, l’Aviron, Coll. Sports pour tous, Ed. Nilsson », 1910, Bulletin mensuel du Canoë club, 52. Ce bulletin comme ceux des cyclotouristes confirme que l’on a affaire en ce début de siècle à une famille de « plein-airistes », adhérant à plusieurs clubs, et non à un cloisonnement des pratiques.
-
[27]
« Réunion nautique du 25 juin », 1911, Bulletin mensuel du Canoë club, 65.
-
[28]
« Le matériel de camping », 1913, Revue mensuelle du tcf.
-
[29]
« Camping à L’Isle-Adam », 1913, Revue mensuelle du tcf.
-
[30]
« La manifestation du 15 avril à Chanteloup », 1928, Revue mensuelle du tcf, 403.
-
[31]
Ce syndicat de presse groupe l’ensemble des organes des associations de plein air de France.
-
[32]
« Le baptême des tentes », 1914, Bulletin du Camping club français : « C’est une idée charmante qui nous a été suggérée par quelques-uns de nos camarades : donner un nom à sa tente, c’est se l’approprier un peu plus, la personnifier davantage, sans compter que cette mode ouvrira parfois quelque horizon indiscret sur le caractère de l’occupant et servira d’indice aux chefs de camp pour le groupement des campeurs. Aussi, pour apporter un peu d’ordre dans ces appellations, le comité a-t-il décidé l’ouverture d’un registre d’inscription des noms de tentes et des fanions personnels. »
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[33]
« Grands concours ouverts à tous les campeurs », 1930, Camping.
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[34]
Cela consiste essentiellement à adhérer à une famille, marquée par un partage des expériences, des usages et des valeurs.
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[35]
« Le matériel de camping », 1913, Revue mensuelle du tcf.
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[36]
« Où en sommes-nous ? », 1914, Bulletin du Camping club français.
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[37]
En 1930, Jean Susse deviendra le président de la société des Campeurs de France qui fusionnera en 1936 pour former le Camping club de France. Jean Susse reprendra le bulletin Camping de la société pour en faire une revue autonome autour de laquelle il fondera une maison d’édition couvrant l’ensemble du camping en France jusqu’en 1970. Le guide de camping Susse est toujours publié aujourd’hui, avec un tirage annuel de 50 000 exemplaires.
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[38]
Sports camping. Revue professionnelle d’articles de sports, janvier 1937, publiée par Camping (fondée en 1923). La revue est « destinée à servir de lien entre les différents membres de la corporation du sport ».
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[39]
Sports camping, juin 1937. Parmi le comité de la Chambre syndicale on retrouve Jean Susse nommé secrétaire adjoint et A. Mahuzier trésorier adjoint.
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[40]
Partridge. Tout pour le camping. Catalogue 1952.
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[41]
Roger Beaumont, Catalogue randonnée, 1937-1977.
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[42]
André Jamet, Camping alpinisme, 1935, catalogue no 15, Manufacture Alpes-Sports.
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[43]
Manufacture parisienne de bâches et tentes H. Peyron, Catalogue 1937. On peut y lire que la maison fut fondée en 1918 et qu’elle est le « fournisseur du ministère de la Guerre, des ptt, des chemins de fer de l’État, de nombreux groupements sportifs, missions et colonies de vacances ».
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[44]
Ce groupement est fondé en décembre 1925 à la suite d’une scission d’avec le tcf. On lui doit la revue Camping qui peu à peu agrégera les différentes associations de plein air et les mouvements de jeunesse, pour aboutir à la création d’une fédération de camping [Sirost, 1999].