Notes
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[1]
Projet d’amendement : http://now.org/resource/equal-rights-ammendment/ [sic] (Consulté le 13 décembre 2015).
1Alors qu’il n’a pas encore officialisé sa candidature aux primaires en vue de l’élection présidentielle de 2016, Ben Carson publie une tribune dans un supplément du Washington Times pour rendre à Phyllis Schlafly un hommage appuyé et saluer son action en faveur des valeurs traditionnelles :
For the last 90 years she has been a tireless advocate for the nuclear family, for traditional marriage and for common-sense conservatism that resists injecting government into every aspect of our lives. She fought battles most lacked the courage to fight, and time and again she won.
3Activiste conservatrice, opposante à l’avortement et pourfendeuse du féminisme, Schlafly, ainsi que le rappelle Carson, s’est engagée dans la défense de la famille traditionnelle et des valeurs morales, mais également contre les immixtions de l’État dans la vie des citoyens : elle est en faveur d’une intervention étatique limitée. Carson n’est pas le seul à se montrer reconnaissant envers Schlafly : de manière générale, les élus du Parti républicain semblent ne pas tarir d’éloges à son égard. Ainsi, lors de l’Annual Weyrich Awards Dinner de février 2015, événement où elle se voit décerner le Paul Weyrich Award — prix attribué chaque année à une personnalité dominante du conservatisme en l’honneur de son action — pour l’ensemble de son parcours, les figures républicaines de premier plan se pressent pour saluer unanimement l’action de celle qui, leader du mouvement conservateur américain, a fait de la lutte pour les valeurs traditionnelles et la défense de la famille le combat de toute une vie (Hughbanks). Le mois suivant, c’est le sénateur de l’Alabama, Pete Sessions, qui fait son éloge à la tribune du Sénat :
For more than one-half century, Phyllis Schlafly has been a leading voice in defense of our Constitution, our values, and our way of life. Fearlessly, tirelessly, Phyllis has championed the American family and American values […]. Her 1964 book, “A Choice Not an Echo,” took direct aim at the establishment class and helped pave the way for Goldwater and Reagan.
5À en croire ces hommages — dont l’un est officiellement consigné dans les minutes des travaux parlementaires —, Schlafly serait une figure tutélaire du Grand Old Party (GOP), unanimement reconnue par ses élus. Pour autant, ses relations avec le GOP sont très loin de n’avoir été que cordiales : depuis son entrée dans le combat pour la défense de la famille traditionnelle, tout son parcours montre au contraire qu’elle ne s’est jamais lassée de ferrailler contre le GOP.
6Originaire de la ville d’Alton dans l’Illinois, avocate, mère de six enfants et catholique fervente, Schlafly est certes une activiste engagée dans la défense d’une conception traditionnelle de la famille nucléaire. Au-delà de la dimension strictement morale de la famille traditionnelle, elle voit en cette dernière le fondement d’une économie saine et la condition nécessaire à la prospérité économique : « [The nuclear family] is an economic entity that can support itself, and did support itself and built the greatest middle class in the history of the world » (Wetzstein 2). Ainsi, son action en faveur des valeurs traditionnelles comporte une dimension économique en ce qu’elle vise à promouvoir l’autosuffisance (self-reliance). En cela, Schlafly fait donc le lien entre conservatisme économique et conservatisme moral. C’est dans ce cadre également qu’elle bataille contre le féminisme et ses fers de lance, notamment la National Organization for Women (NOW) et sa fondatrice, Betty Friedan, et organise l’opposition à la ratification de l’Equal Rights Amendment (ERA) voté en 1972 qui, selon elle, met en péril l’indépendance financière dont les femmes peuvent jouir grâce au mariage (Schlafly 1973).
7Cependant, elle est tout autant impliquée dans la politique électorale, comme en témoigne sa tentative de briguer le siège de représentante du 21e district de l’Illinois à la Chambre lors de l’élection générale de novembre 1952. Si elle parvient à battre les candidats de l’appareil républicain et à obtenir l’investiture du GOP lors de l’élection primaire, elle s’incline devant le candidat démocrate Melvin Price (Critchlow 59). En dépit de cette défaite à l’élection générale, elle acquiert la conviction que sa victoire à la primaire est un signe fort du fait qu’il est possible de réformer le Parti républicain, et d’en infléchir la ligne idéologique pour en faire un parti conservateur. Anticommuniste convaincue, elle est également membre fondateur de la Cardinal Mindszenty Foundation, organisation anticommuniste établie à Saint Louis dans le Missouri en 1958, au sein de laquelle elle met en place un programme d’études visant à organiser la lutte contre le communisme sur le terrain en formant les activistes acquis à la cause. En 1960, elle est élue présidente du chapitre de l’Illinois de la National Federation of Republican Women (NFRW), puis vice-présidente de la fédération au niveau national en 1964, avant de se faire écarter au profit d’une candidate plus modérée dans la course à la présidence en 1967. Surtout, elle organise la mobilisation autour de la candidature de Barry Goldwater lors des primaires républicaines de 1964 et publie à l’occasion A Choice Not an Echo, publication diffusée à plus de trois millions d’exemplaires au cours de cette même année (Critchlow 3).
8Bien qu’elle soit une figure de premier plan du conservatisme américain, Schlafly a curieusement fait l’objet de peu de travaux universitaires. Son parcours est très abondamment évoqué en revanche dans des publications conservatrices à destination du grand public. Outre l’entrée qui lui est consacrée dans American Conservatism: an Encyclopedia paru en 2006 (Froehnen et al. 767-9), Richard Viguerie — qui développe le publipostage politique (direct mail) pour fédérer les forces de la Nouvelle Droite à partir des années 1970 — lui réserve une place de choix dans le chapitre « The New Leaders » de son livre de 1981, The New Right We’re Ready to Lead, et ne renonce à aucune hyperbole pour évoquer son action :
She and her determined group of housewives and mothers have taken on and defeated the entire U.S. establishment, including three U.S. presidents, the Congress, the news media, organized labor, the foundations, and every liberal group you can name, from Common Cause to the National Organization for Women. Phyllis is an excellent example of a true leader.
10Deux décennies plus tard, il salue son action pour mettre en échec le processus de ratification de l’ERA grâce au mouvement STOP ERA (Viguerie 2004).
11Les publications universitaires sur le Parti républicain et le conservatisme n’accordent qu’une importance relative au parcours de Schlafly, qu’elles évoquent principalement en lien avec la mobilisation des électeurs républicains autour de la candidature de Goldwater lors des primaires de 1964, et STOP ERA. Certains ouvrages restituent à Schlafly la place qu’elle mérite dans l’historiographie de la droite américaine. Sans verser dans l’éloge ni le portrait à charge, ils font ressortir avec une grande rigueur scientifique ce qui constitue l’apport réel de l’auteure de A Choice Not an Echo. Dans son analyse du rôle de Schlafly dans la campagne de 1964, Mason s’intéresse à la façon dont la diffusion du pamphlet a été mise à profit dans la mobilisation de l’électorat républicain en faveur de la candidature de Goldwater. Selon lui, le facteur essentiel dans l’investiture du sénateur de l’Arizona ne fut pas tant la teneur du discours que le formidable dispositif de mobilisation sur le terrain et au sein des fédérations républicaines de chaque état (Mason 191). Kabaservice s’attarde quant à lui sur la tentative malheureuse de Schlafly de se faire élire présidente de la NFRW, un épisode essentiel qui semble cependant être ignoré des autres auteurs (Kabaservice 203-7). Enfin, Gottfried est certainement celui qui examine le parcours de Schlafly avec le plus de nuance. Tout en lui accordant une place importante dans l’histoire du conservatisme et du Parti républicain, il relativise toutefois son influence dans la résurgence du conservatisme dans la vie politique américaine, en réfutant l’idée avancée par Critchlow que son action, menée conjointement avec les forces de la Nouvelle Droite et l’équipe de Reagan, constitue une « contre-révolution ». Pour l’auteur, au-delà de l’influence réelle de l’action de Schlafly, son parcours est digne d’intérêt en ce qu’il illustre une des spécificités de la droite américaine depuis la seconde moitié du xxe siècle, à savoir l’affirmation d’un conservatisme de terrain (grassroots conservatism) qui porte l’accent sur les stratégies de mobilisation et de formation des citoyens de la base (Gottfried 88).
12Peu d’articles scientifiques ont en revanche été consacrés spécifiquement à Schlafly. Dans son étude du rôle de NOW dans la défense des femmes qui se retrouvent en détresse financière suite au décès de leur mari — les « displaced homemakers » —, Levenstein analyse la stratégie de Schlafly pour discréditer l’action du Older Women’s Rights Committee (OWRC) au sein de NOW en faveur d’un projet de loi de protection des veuves. L’auteure y montre comment Schlafly est parvenue à coopter le projet de l’OWRC pour l’intégrer à sa stratégie de mise en échec de l’ERA, et à se réapproprier ses arguments tout en attaquant NOW et les féministes. Plus récemment, l’analyse que propose Miller des arguments déployés par Schlafly pour disqualifier l’ERA démontre qu’en portant l’accent sur les conséquences défavorables qu’il entraînerait, sa stratégie rhétorique a permis de connoter de façon négative le principe de « libération » avancé par ses défenseurs, ce qui a fait apparaître la libération comme une servitude, et la préservation des rôles de genre traditionnels comme seule garantie de la liberté (Miller).
13L’ouvrage de référence sur le parcours politique et militant de Schlafly est sans nul doute celui de l’historien Donald T. Critchlow. Seul travail universitaire consacré à l’auteur de A Choice Not an Echo, l’ouvrage retrace son action depuis les années 1950 jusqu’à la période contemporaine avec une très grande rigueur. En suivant l’évolution de Schlafly, il explore l’histoire de la droite républicaine au cours de la seconde moitié du xxe siècle pour souligner, entre autres, que les femmes y ont joué un rôle crucial car elles ont contribué à opérer la synthèse entre le libertarisme économique, les valeurs traditionnelles et l’autorité morale divine (Critchlow 5-8).
14En examinant trois épisodes clef de sa carrière — la campagne de Goldwater en 1964, l’élection de la présidente de la NFRW en 1967 et la campagne de STOP ERA — la présente étude retrace le parcours de Schlafly à l’aune des affrontements entre la frange des conservateurs modérés de l’establishment républicain et celle des orthodoxes, pour développer l’argument que l’échec de Schlafly à recentrer le GOP autour de paradigmes politiques conservateurs, tout autant que sa victoire sur le terrain, mettent en lumière la domination des modérés sur le parti. Outre les ouvrages généraux sur le conservatisme et le Parti républicain, elle s’appuie pour ce faire sur un ensemble de sources journalistiques tirées de la presse de référence ayant chroniqué le parcours de Schlafly.
L’engagement de Phyllis Schlafly au service du conservatisme « orthodoxe-révolutionnaire »
15Pour prendre toute la mesure de l’action de Schlafly, il faut s’attarder sur les deux tendances du conservatisme qui s’affrontent au sein du GOP. Le paradigme défini par Sam Tanenhaus dans The Death of Conservatism permet de saisir ces dynamiques. Selon l’auteur, depuis sa résurgence à partir des années cinquante, le conservatisme américain comprend deux sensibilités très nettement identifiées : le « conservatisme burkien » (Burkean conservatism) d’une part, et ce qu’il désigne comme « conservatisme de mouvement » (movement conservatism) d’autre part. La première sensibilité est portée par des hommes et des femmes dont la conception de la politique est définie par une certaine forme de réalisme, l’adhésion à la nécessité du consensus et la foi en l’intervention raisonnée de l’État, dans la lignée des positions d’Edmund Burke dans ses Reflections on the Revolution in France de 1790. La seconde est incarnée par des hommes et femmes dont l’action politique a pour objectif la refonte de la société par la mise en application stricte et rigoureuse des principes du conservatisme : il s’agit donc d’un conservatisme « orthodoxe ». Tant sur le plan rhétorique que stratégique, leur approche de l’exercice du pouvoir est radicale : ils ne reconnaissent aucune vertu positive à l’intervention de l’État dans les domaines économique et social et se considèrent les garants de la « pureté » idéologique du conservatisme. Ce conservatisme, par opposition au conservatisme burkien, est donc par essence révolutionnaire car il prône un changement radical de la société dans les domaines économique, social, religieux et culturel tout à la fois. Ainsi, le terme de « conservatisme orthodoxe-révolutionnaire », qui n’est oxymore qu’en apparence, est donc préféré à « conservatisme de mouvement » parce qu’il suggère plus nettement l’idée du changement total des fondements de la société comme finalité de l’action politique (dimension révolutionnaire), par le strict respect des canons du conservatisme (dimension orthodoxe).
16Schlafly appartient sans nul doute à la frange des orthodoxes-révolutionnaires : outre son attachement aux valeurs de la famille traditionnelle, elle est farouchement opposée à l’héritage du New Deal dans lequel elle voit un avatar du socialisme et les forces de la subversion de la société américaine et de ses valeurs socle (Critchlow 60-1). Après son arrivée à Washington, D.C. en 1945, l’American Enterprise Association — qui devint l’American Enterprise Institute en 1955 — lui offre son premier emploi en tant qu’analyste politique. Si elle est une conservatrice plutôt modérée au moment d’intégrer l’association, elle en ressort une conservatrice acquise à la libre entreprise et au laissez-faire économique, et une opposante farouche au New Deal et à Franklin D. Roosevelt (Critchlow 27). Par la suite, et de façon plus marquée à partir des années 1950, elle travaille sans relâche au repositionnement du Parti républicain sur les principes du conservatisme sous sa forme la plus orthodoxe, notamment lors des élections présidentielles.
17À l’époque, les élus acquis au consensus sociolibéral (liberal consensus) — position politique centriste qui selon Arthur M. Schlesinger constitue le « centre vital » de la vie politique américaine depuis Roosevelt — dominent très largement le Parti républicain. La majorité reconnaît les vertus du New Deal, à telle enseigne que le GOP peine à se démarquer du Parti démocrate : seuls les désaccords sur le degré d’intervention de l’État et la constitutionnalité de certaines mesures du New Deal permettent de différencier les deux partis (Mason 53-4). Suite à sa défaite contre Truman à l’élection présidentielle de novembre 1948, Thomas Dewey affirme sans détours :
It is perfectly clear that only a progressive, forward-looking Republican Party can provide the leadership this country needs and must eventually get […]. In 1948, our platform was unanimously voted without one dissent at the national convention. It must mean something. Unless it was designed to deceive, its various sections say and mean that we are a liberal and progressive party.
19Ce faisant, il affirme non seulement que le GOP est acquis aux valeurs du sociolibéralisme, mais il y voit également la seule formule politique susceptible de répondre aux enjeux auxquels le pays est confronté.
20Les partisans du conservatisme orthodoxe-révolutionnaire y voient au contraire la raison des quatre échecs consécutifs des candidats républicains à l’élection présidentielle. Schlafly ajoute sa voix au concert de ceux qui dénoncent la mainmise des partisans du New Deal sur le GOP (Critchlow 60-1). En 1952, elle s’implique aux côtés de son époux dans la campagne du sénateur Robert A. Taft dans les primaires de 1952 et se montre particulièrement critique à l’endroit de l’Administration Eisenhower entre 1953 et 1961 — sans jamais toutefois s’opposer de manière frontale au président — notamment lorsqu’il invite officiellement le président Khrouchtchev en 1959 (Critchlow 87-8).
La mobilisation autour de la candidature du sénateur Barry Goldwater (janvier-novembre 1964)
21Au lendemain de la défaite des républicains à l’élection présidentielle de 1960, Schlafly est nommée pour siéger parmi les 47 membres du comité pour la reconstruction du GOP de l’Illinois, mais ce n’est qu’en 1964 que son combat en faveur du conservatisme orthodoxe-révolutionnaire prend toute son ampleur car elle voit en Barry Goldwater, sénateur de l’Arizona, le candidat susceptible de proposer un projet politique qui tranche avec celui du Parti démocrate et de permettre au GOP de se définir une identité propre.
22Lors de l’élection présidentielle de 1960, elle lui avait apporté son soutien au moment où la base conservatrice tentait de le convaincre de se lancer dans la course à l’investiture afin d’écarter la candidature de Nixon, jugé trop modéré. Alors que l’investiture de ce dernier semble acquise, les membres de la NFRW sont invités, lors d’un congrès tenu le 31 mars 1960, à désigner celui qui leur semble être le meilleur colistier. À cette occasion, Schlafly ne manque pas de souligner les qualités humaines et politiques de Goldwater : « He’s a man of very fine principles and a good vote getter » (Smith 1960). Par la suite, l’accord passé le 22 juillet 1960 entre Nixon et Nelson Rockefeller — par lequel le candidat républicain promet, entre autres, de s’engager activement dans la défense des droits civiques —, provoque l’ire de la Présidente de l’IFRW qui organise une réception réunissant les républicaines les plus ferventes de l’Illinois en l’honneur de Goldwater, afin que celui-ci prenne fermement position contre ce qu’elle estime être « la Trahison de la Cinquième Avenue » (Fifth Avenue Sellout) (Critchlow 115). En janvier 1964, lorsque Goldwater rend public son souhait de se lancer dans la course à l’investiture républicaine, Schlafly est plus que décidée à rallier une majorité de républicains à la candidature de celui qui apparaît à ses yeux comme le seul susceptible de proposer un projet proprement conservateur.
23Pour Schlafly, Goldwater permettrait enfin au Parti républicain de proposer « un choix et non un écho » (A Choice, Not an Echo), titre du pamphlet qu’elle publie au printemps 1964 (Schlafly 1964). Outre les charges qu’elle porte contre le sociolibéralisme et ses dérives, elle réserve l’essentiel de ses piques à la frange modérée du GOP. En effet, A Choice Not an Echo est une longue diatribe contre l’appareil républicain de la côte Est dont elle dénonce la mainmise sur le parti et sur le processus de nomination des candidats à la présidentielle depuis 1940. Long de 126 pages, le pamphlet accrédite la thèse d’un complot ourdi par les acteurs de la finance internationale qui auraient le pouvoir de piper les dés du jeu politique (Schlafly 1964, 103-4). Selon elle, en refusant de donner l’investiture à un candidat capable d’engager un débat sur les questions de fond essentielles, ces « faiseurs de roi de l’ombre » se rendent coupables de connivence avec les démocrates : « The secret kingmakers have made common cause with the Democrats who have had everything to gain and nothing to lose if Republicans made a weak campaign » (Schlafly 1964, 26). L’objectif de Schlafly est donc de permettre que le Parti républicain se repositionne sur des bases idéologiques conservatrices pour s’extraire du Centre vital et de le contraindre à se montrer beaucoup plus combatif à l’égard du Parti démocrate en affirmant sa différence sur les questions importantes.
24Convaincue que Rockefeller n’est pas du tout à la hauteur de la tâche, elle enjoint les Républicains à réfléchir à la personnalité la plus à même de remporter le match contre le président sortant : « The question for Republicans in 1964 is, at this crucial point in American history, will we send in our bat boy? Or will we send in our Babe Ruth—a man who is not afraid or forbidden to take a good cut at all the major issues of the day? » (Schlafly 1964, 28). L’investiture d’un candidat capable de prendre ces questions à bras-le-corps permettrait par ailleurs de redonner son dynamisme à la vie politique en offrant la possibilité d’une vraie concurrence (Schlafly 1964, 28-9).
25Court, rapidement lisible et facile à diffuser — il mesure 10,5 cm sur 16 cm —, A Choice Not an Echo constitue, pendant les primaires de 1964, l’outil de campagne principal des conservateurs qui le distribuent à la sortie des meetings des concurrents de Goldwater, comme lors de celui de Rockefeller à Anaheim le 20 mai 1964 (Greenberg). Le livre connaît un tel succès que le secrétaire national du Parti démocrate intervient auprès du Fair Campaign Practices Committee pour que celui-ci exige du GOP qu’il le désavoue (L.A. Times, 09/10/1964).
26La stratégie la plus probante pour attirer l’attention de l’électorat semble donc être celle qui consiste à développer un propos polémique et aborder de front son adversaire. En publiant A Choice Not an Echo, Schlafly donne le ton à l’approche communicationnelle des républicains conservateurs pour la campagne de 1964 et au-delà, se révélant ainsi pionnière dans l’art de créer la controverse. En attaquant les modérés, elle formalise également un des principes directeurs de la stratégie politique des républicains conservateurs contemporains : les charges lancées contre les « me, too Republicans » — sobriquet dont les conservateurs affublent ceux des républicains acquis aux fondamentaux du New Deal —, préfigurent les salves de figures médiatiques conservatrices comme Rush Limbaugh ou Bill O’Reilly à l’encontre de ceux qu’ils considèrent comme les « RINOS », les « Republicans In Name Only », c’est-à-dire ceux qui ne sont que des « républicains de papier ».
27Après la sortie du pamphlet, elle porte ses efforts sur une tactique visant à constituer une majorité de délégués conservateurs à la Convention Nationale des Républicains prévue le 13 juillet suivant à San Francisco. Pour cela, elle se fait élire le 14 avril et enjoint les membres de l’IFRW à faire de même le mois suivant (Chicago Tribune, 18/05/1964). Son action semble porter ses fruits puisque lors de la convention, l’aile dure du parti est adoubée, les modérés sont temporairement mis en échec et Rockefeller quitte la scène sous les huées des partisans de la frange ultra-droitière. Si les conservateurs-orthodoxes parviennent à investir un candidat qu’ils reconnaissent comme l’un des leurs, leur stratégie les mène toutefois à un échec cuisant le 3 novembre 1964, quand Goldwater s’incline devant Johnson en ne l’emportant que dans six états contre quarante-quatre, et en ne recueillant que 27 175 754 voix contre 43 127 041.
À l’assaut du Parti républicain : la campagne pour la présidence de la National Federation of Republican Women (printemps-automne 1967)
28Pour autant, les républicains les plus conservateurs refusent de jeter l’éponge et poursuivent leur action pour faire infléchir la ligne directrice du parti vers les valeurs du conservatisme. Parmi eux, Schlafly se montre plus que déterminée à remettre les troupes en ordre de marche pour permettre à la frange conservatrice du GOP de prendre le contrôle du parti. En mai 1967, elle présente sa candidature à la présidence de la NFRW dont les quelque 500 000 membres pèsent de tout leur poids dans le processus de désignation du candidat pendant les conventions. Elle est opposée à Gladys O’Donnell, républicaine modérée de Long Beach en Californie, qui se définit comme une républicaine ordinaire : « [I am] a garden variety Republican who wants the party to move away from emotional politics » (N.Y. Times, 03/05/1967). L’élection à la fonction de présidente de la NFRW et la campagne qui la précède fournissent un exemple typique des tensions qui traversent le Parti républicain au milieu des années soixante : la crainte des modérées que Schlafly gagne la présidence de la fédération et qu’elle puisse ainsi se trouver en position de faire nommer un conservateur radical lors de la convention rend l’atmosphère des débats électrique (Kabaservice 203-204). En mars, Schlafly dénonce le choix de la commission de désignation : « [It is] another attempt by the New York liberals to purge from office those who wholeheartedly supported Senator Goldwater in 1964 » (Foley). La désignation de O’Donnell faisant l’objet d’une contestation, le choix de la nouvelle présidente est donc soumis au vote des groupes membres lors du Congrès biannuel de la NFRW, prévu les 5 et 6 mai dans la capitale fédérale.
29Pendant la campagne, l’affrontement est sans merci. Le camp de Schlafly profite du flou de la procédure de vote pour multiplier le nombre de voix en sa faveur (Henry). De façon à discréditer l’establishment républicain, Schlafly n’hésite pas non plus à accuser O’Donnell d’avoir menti dans sa lettre d’information en affirmant que Ray C. Bliss, président du Republican National Committee (RNC), soutenait sa candidature par crainte de l’influence néfaste qu’elle pourrait exercer (N.Y. Times, 03/05/1967). Du côté des partisans de O’Donnell, on tente de convaincre la concurrente de retirer sa candidature au prétexte que, mère de famille, elle ne serait pas en mesure de consacrer l’intégralité de son temps à sa fonction (Henry). Le spectre de la dissension plane sur les débats, chacune menaçant de quitter la NFRW avec ses troupes, et les membres de premier rang de la Fédération se rallient à O’Donnell par peur des divisions.
30Début mai, c’est elle qui remporte la présidence de la NFRW par 1 910 voix contre 1 494 (Kabaservice 206) ; Schlafly est défaite. S’ensuit alors une tentative de mettre en cause le camp de la présidente nouvellement élue en l’accusant d’avoir contribué à des irrégularités dans le déroulement du vote, notamment en faisant venir des bus entiers de femmes pour les faire voter alors qu’elles n’étaient pas habilitées à participer au vote (Smith). Schlafly contraint le secrétaire national du RNC à prendre parti pour l’une des deux factions en demandant un audit de la campagne, ce qui lui est refusé. Sa démarche n’était cependant pas destinée à obtenir la révision du vote mais à alerter l’opinion publique sur les irrégularités du vote : « In making the complaint to Bliss, Mrs. Schlafly said she did not expect him to change the election, but wanted to focus public opinion on the alleged irregularities » (Washington Post, 11/05/1967). L’essentiel de la démarche ne réside donc pas dans l’obtention du résultat affiché mais en ce qu’elle constitue une opération de communication donnant de la visibilité au conservatisme, tout en mettant l’adversaire dans la difficulté.
31Le double échec de 1967 confirme à Schlafly que l’avenir du conservatisme se joue en dehors de l’appareil républicain, même s’il faut garder l’objectif de le faire changer. La NFRW étant irrémédiablement sous le contrôle des modérés, elle en fait sécession à l’été 1967. Toutefois, elle fait montre d’une grande habileté : au lieu de demander à ses soutiens de quitter la Fédération, elle encourage les clubs de femmes républicaines membres du NFRW à ne payer à la Fédération que la cotisation minimum et à envoyer le reste à l’Eagle Trust Fund qu’elle crée pour l’occasion (Weaver). En août 1967, le New York Times estime que, s’il est suivi, l’appel de Schlafly pourrait détourner 45 000 dollars des coffres de la Fédération vers des actions de soutien aux candidats républicains au niveau local dont le projet obéit aux canons du conservatisme orthodoxe, et non plus aux candidats soutenus par l’establishment républicain traditionnel (Weaver). Elle se montre donc stratège politique consommée, capable de mettre en difficulté les institutions du GOP au nom de la pureté idéologique. En parallèle, elle lance sa lettre d’information mensuelle de quatre pages, The Phyllis Schlafly Report (Washington Post, 12/08/1967).
32Écartée de l’appareil républicain au niveau national, Schlafly retrouve son énergie grâce à la victoire de la candidate conservatrice Angela Lombardi au poste de présidente de la California Federation of Republican Women par 1 066 voix contre 942 au mois d’octobre (New York Times, 14/10/1967), qui achève de la convaincre que le conservatisme est bien en train de gagner du terrain surtout au niveau local. Cette victoire s’inscrit dans un mouvement d’expansion du conservatisme dans l’état, gouverné depuis janvier 1967 par Ronald W. Reagan et où les Young Republicans, Republican Assembly et United Republicans of California, élisent également des dirigeants issus de la frange conservatrice du parti. Elle reprend donc son travail de mobilisation des femmes sur le terrain et, en février 1968, convoque ses troupes à l’Eagle Conference of Republican Women, congrès destiné à établir une stratégie qui permette à la frange conservatrice du GOP de prendre le contrôle du parti lors de la Convention Nationale des Républicains à Miami au mois d’août suivant.
La mise en échec de l’Equal Rights Amendment (1972-1977)
33Après les échéances politiques de la fin des années soixante qui, dans une certaine mesure, ont été celles de l’échec, le début des années soixante-dix offre à Schlafly une victoire incontestée. En couplant l’utilisation du publipostage à celle du téléphone, elle parvient à mettre en échec la ratification de l’amendement à la Constitution sur l’égalité des droits, l’Equal Rights Amendment (ERA) qui dispose que l’égalité des droits ne saurait être refusée ou limitée par le gouvernement fédéral ou les États sur la base du sexe [1]. Il est voté par une majorité écrasante de 354 à 23 à la Chambre en octobre 1971, puis au Sénat (84 à 8) en mars 1972 (Viguerie 2004, 137), avec le soutien des démocrates sociolibéraux et de certains Républicains échaudés par l’épreuve de force du passage du Civil Rights Act de 1964 dont ils étaient ressortis affaiblis. Si l’amendement est voté par un Congrès où les Démocrates sont majoritaires, il reçoit également le soutien de Nixon, comme le rappelle ce dernier au chef de la minorité républicaine au Sénat le 12 mars 1972 :
As a Senator in 1951, I cosponsored a Resolution incorporating the original Amendment; in July of 1968 I reaffirmed my support for it as a candidate for the Presidency. Throughout twenty-one years I have not altered my belief that equal rights for women warrant a Constitutional guarantee—and I therefore continue to favor the enactment of the Constitutional Amendment to achieve this goal.
35Suite au vote, le processus de ratification par les États est lancé avec une rapidité telle qu’un an après seulement, 30 états sur les 38 requis l’ont ratifié — tout semble donc indiquer que la ratification est chose acquise.
36Dès le passage de l’amendement, Schlafly lance une offensive pour tirer la sonnette d’alarme sur ce qu’elle considère comme les dangers cachés d’un amendement qui n’est anodin qu’en apparence. À partir de février 1972, chaque numéro de The Phyllis Schlafly Report, distribué à quelques 3 000 abonnés, est consacré en partie à la dénonciation des méfaits de l’ERA. Au cours des huit années suivantes, les abonnés à la lettre lisent des exposés méticuleux des menaces que fait peser l’amendement sur l’équilibre de la famille. Parmi celles-ci, Schlafly insiste sur la possible participation des femmes à la conscription, la fermeture des droits à la retraite des veuves, l’ouverture du mariage aux homosexuels et le financement de l’avortement par l’État fédéral (Viguerie 138). Quand elle lance l’assaut contre l’ERA, le combat semble perdu d’avance tant le dispositif communicationnel dont elle dispose est dérisoire : « In regard to alternative media […] when we got into the ERA fight all we had was the telephone and The Phyllis Schlafly Report » (Viguerie 2004, 139). Le lectorat de la lettre d’information est certes très limité ; il est cependant composé d’éléments parmi les plus dynamiques, les plus impliqués dans la vie de la cité, et surtout les plus dévoués à la cause conservatrice. Il s’agit principalement d’activistes dont bon nombre ont été aux côtés de Schlafly lors de la campagne qu’elle a menée en 1967 pour le poste de présidente de la NFRW. Grâce au zèle de ses abonnées, elle parvient à faire connaître sa cause auprès des législateurs des différents États afin qu’ils rejettent la ratification de l’amendement dans leurs assemblées. C’est celle de l’Oklahoma qui donne à Schlafly sa première victoire en rejetant l’amendement, 52 à 36, le 29 mars 1972 (New York Times, 30/04/1972).
37En septembre 1972, elle fonde le mouvement STOP ERA à St Louis (Missouri) lors d’une convention qui réunit une petite centaine de femmes originaires de trente États. Elle développe alors une stratégie communicationnelle sans égale, par l’élaboration d’un répertoire argumentaire (argument repertoire) simple et maniable dont elle arme les activistes du mouvement : « I laid down the party line on how to argue ERA, and how to debate it. And then everybody who wanted to defeat it pretty soon saw that my arguments were reliable and effective » (Viguerie 2004, 139). Il s’agit d’ancrer l’opposition à l’amendement dans des considérations d’ordre pratique et de montrer la façon dont il est susceptible d’affecter le quotidien des femmes, en évitant de rentrer dans des arguments théoriques et abstraits. Ce faisant, elle entraîne la femme au foyer à la prise de parole dans les médias et au formatage du discours conservateur (Micklethwait & Wooldridge 81).
38À l’origine, STOP ERA constitue un mouvement plutôt informel, sans réelle structure ni hiérarchie. De plus en plus convaincue que la lutte contre l’ERA ne constitue qu’une partie infime d’un mouvement latent de plus grande envergure, en 1975 Schlafly transforme STOP ERA en The Eagle Forum, organisation pour la promotion des valeurs traditionnelles ; son action s’étend au-delà de la mise en échec de l’amendement qui ne constitue d’ailleurs plus une menace dans bon nombre d’États, à l’exception de l’Illinois dont l’assemblée organise une audience sur la ratification le 27 avril 1976. L’opération de protestation populaire qu’orchestre l’organisation constitue un tour de force sans précédent : à cette occasion, les troupes de Schlafly parviennent à rallier les associations religieuses à leur cause. Outre le fait d’être parvenue à les faire s’engager politiquement — phénomène qui marque un réel tournant dans la structuration de la Nouvelle Droite dans son ensemble —, Schlafly engage un processus de décloisonnement confessionnel en ralliant les différentes dénominations protestantes à un combat engagé initialement par des catholiques et des juifs (Micklethwait & Wooldridge 84).
39Le combat pour faire dérailler le processus de ratification de l’ERA fait la preuve que la stratégie de ciblage des questions uniques s’avère particulièrement efficace pour contourner l’obstacle que constituent les allégeances idéologiques et faire émerger des coalitions regroupant des individus de confessions et d’affiliations politiques très diverses. La stratégie ayant permis de faire échouer la ratification de l’ERA met l’accent sur l’objectif à atteindre et fait disparaître les lignes idéologiques, ce qui permet à chacun de rejoindre le combat sans crainte d’être incongru, comme le résume très justement Schlafly elle-même : « I let people support my cause for the reason of their choice » (Viguerie 2004, 144). C’est précisément cette stratégie qui permet au conservatisme de devenir plus qu’un mouvement de terrain et de lui faire pénétrer les arcanes de Washington.
Conclusion
40Au final, bien que l’action de Schlafly pour promouvoir le conservatisme orthodoxe au sein du Parti républicain et forcer ce dernier à un repositionnement sur une ligne idéologique conservatrice lui assure quelques victoires ponctuelles — comme la mobilisation des électeurs républicains en faveur de la candidature de Goldwater en 1964 —, c’est son action sur le terrain, et non à l’intérieur du parti, qui lui offre sa plus grande victoire. Ses tentatives infructueuses de faire prendre un virage conservateur au GOP illustrent tout autant la force du consensus sociolibéral et le poids des modérés en son sein au cours des années cinquante et soixante, que le fait que le radicalisme dont est empreinte son action s’accorde mal avec les logiques institutionnelles des partis politiques. Bien qu’elle ne soit pas inexistante, son influence sur le Parti républicain demeure marginale et ne permet pas d’infléchir durablement sa ligne idéologique, comme en témoigne par exemple la nécessité de déployer des efforts continuels pour imposer l’opposition à l’avortement dans l’élaboration de la plate-forme républicaine lors des élections présidentielles.
41En ultime analyse, si bon nombre d’élus républicains voient en elle une sorte de pasionaria du GOP, ce dernier n’a jamais fait de Schlafly l’une des siennes. Elle est certes parvenue à repousser les limites du champ de l’activisme pour l’étendre jusqu’à la sphère des instances du parti, mais son importance dans le jeu politique de la seconde moitié du xxe siècle réside pour la plus grande partie dans sa formidable capacité à susciter l’enthousiasme et l’adhésion de la base conservatrice sur le terrain au sein d’un dispositif de mobilisation à l’efficacité redoutable.
Bibliographie
Sources primaires
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Sources secondaires
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- Tanenhaus, Sam. The End of Conservatism. New York: Random House, 2009.
Notes
-
[1]
Projet d’amendement : http://now.org/resource/equal-rights-ammendment/ [sic] (Consulté le 13 décembre 2015).