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E. Porge, Amour, désir, jouissance. Le moment de la sublimation, Toulouse, érès, 2020.
1Quelle est la place de la sublimation dans l’expérience analytique ? Cette question qui traverse les débats de la communauté analytique est abordée par Erik Porge dans son livre Amour, désir, jouissance, Le moment de la sublimation, qui fait suite à deux textes précédents où il examine déjà le devenir de la pulsion dans la psychanalyse de Freud à Lacan, ainsi que la place de ce terme dans la pratique analytique. Il s’agit d’un retour au concept de sublimation à partir d’une question, celle des raisons de l’abandon de ce terme, notamment dans l’orientation lacanienne. La question est de savoir si cet abandon est justifié.
2Il y a, dans ce livre, avant tout une méthode, celle de la recherche systématique des références à la sublimation introduite par Freud, comme destin de la pulsion sans refoulement.
3On s’aperçoit que le devenir de ce terme est complexe dans l’œuvre de Lacan. Une place essentielle lui est réservée dans le séminaire L’éthique, notamment avec la proposition selon laquelle la sublimation révèle la nature de la pulsion. Le contexte de ce séminaire donne un aperçu de la position de Lacan à l’époque sur la connexion entre la sublimation et l’amour courtois, connexion que Lacan n’abandonne jamais puisqu’il y reviendra plus tard dans son enseignement. Mais à côté de ce développement de Lacan, une nouvelle perspective s’ouvre si on examine le lien entre sublimation, fantasme et pulsion.
4C’est un des axes choisis par ce livre qui introduit la sublimation à propos de la question posée par Lacan à la fin du séminaire Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse : comment un sujet vit-il la pulsion après la traversée du fantasme ?
5Selon Erik Porge, la sublimation serait le nom de l’articulation entre le fantasme et la pulsion. Se pose en effet, à partir de la lecture de son livre, une interrogation pour le lecteur qui est celle du lien entre la sublimation et l’avènement du désir de l’analyste. Le développement concerne le lien entre fantasme et pulsion, notamment la façon dont s’opère le passage de l’un à l’autre à la fin de l’analyse. Ce qui est souligné, c’est comment le devenir du fantasme dans la pulsion implique un autre état du fantasme mais aussi de la pulsion. La sublimation dans cette perspective serait le tour du trou pulsionnel.
6Si on suit Lacan, on remarque un autre axe dans l’approche de la sublimation, qui est celui de la coupure, évoqué dans le séminaire L’identification. C’est ce qui va amener Erik Porge à évoquer la sublimation dans une autre perspective, soit comme le nom de la coupure qui opère le détachement de la coalescence entre le sujet supposé savoir et la structure clinique.
7Cela est démontré par la double coupure, celle entre le savoir et la vérité d’une part et la coupure interne au signifiant d’autre part, celle qui produit un trou dans le savoir. L’effet de ce trou est que le sujet interroge le savoir. La coupure défait donc la coalescence. Ce sont deux temps d’une même coupure en double boucle. Cela est mis en évidence dans les quatre discours, et c’est une dimension essentielle dans l’approche de la sublimation.
8L’articulation entre savoir et vérité est mise en perspective à partir de l’introduction du réel du sexe et la disjonction qu’il produit entre vérité et savoir. C’est une disjonction en rapport à l’opacité sexuelle.
9L’auteur prend appui, pour le démontrer, sur la division harmonique et le support qu’elle fournit pour écrire le rapport : savoir comme a et vérité comme 1. En ce sens, l’objet a est identifié au savoir, car il manque à la complétude de l’Autre. Le 1 est l’unité supposée à l’Autre, garantie de la vérité. Le a est posé comme désir de savoir. C’est ce qui démontre l’hétérogénéité entre savoir et vérité dans les quatre discours, suivant la conception de Lacan.
10Cela fait coupure à la coalescence entre savoir textuel et savoir référentiel et se démontre par l’incommensurable entre vérité et savoir. On peut considérer que cette question traverse l’ouvrage, mais il faut souligner que ce serait limiter le propos de le réduire à cette question.
11C’est ainsi que l’auteur aborde la question cruciale de l’écriture comme sublimation. On s’aperçoit en effet qu’il est impossible de poser l’identité entre écriture et sublimation. Est alors proposée une idée précise qui pose la condition de l’écriture comme sublimation, alors que celle-ci est avancée comme écriture qui fait bord au trou. Un des appuis pour le démontrer est la proposition de Lacan dans le séminaire Le désir et son interprétation où il définit la sublimation comme équivalence entre le désir et la lettre.
12Reprenons le retour à Freud, à partir de la sublimation comme destin pulsionnel. Elle suppose un accomplissement de la pulsion sans refoulement et inhibée quant au but. La sublimation est alors proposée comme référence au sexuel, en faisant la distinction entre idéalisation et sublimation. L’idéalisation concerne l’objet de la pulsion, la sublimation concerne le but. En même temps, l’auteur montre la particularité de la sublimation, qui est la dérivation vers des buts sociaux reconnus.
13Il s’avère que le séminaire Le désir et son interprétation comporte une référence essentielle quant à la sublimation, qui est la « forme même dans laquelle se coule le désir ». L’auteur reprend donc cette référence et sépare différents moments dans l’œuvre de Lacan, ses changements, et leurs incidences sur la conception de la sublimation. C’est ainsi qu’il montre la différence avec le séminaire L’éthique où est posé que la sublimation élève l’objet à la dignité de la Chose.
14C’est ce qui justifie un développement de l’auteur autour de la Chose et de la fonction essentielle du vide pour désigner la sublimation. Il apparaît en effet que Lacan n’exclut pas le lien entre la sublimation et l’imaginaire de la reconnaissance sociale, mais il ne la réduit pas non plus à cette dernière.
15La suite du livre donne un autre relief au terme de sublimation avec l’exploration des liens entre les séminaires L’éthique et D’un Autre à l’autre, à partir de l’objet a comme ce qui vient chatouiller la Chose de l’intérieur que Lacan pose dans son lien à l’œuvre d’art.
16L’auteur explore la synchronie entre l’élévation, l’avènement de l’objet et la Chose en situant l’élévation dans son lien avec la production de la Chose. La sublimation est posée comme satisfaction sans refoulement.
17Il est également très instructif de relever la question de la limite et de la béance entre corps et logique, entre discontinuité et constance. La Chose est en effet une structure constante, de même qu’il y a une constante de la pulsion.
18Il y a donc la sublimation comme élévation de l’objet à la dignité de la Chose, puis ce qui fait limite, ce qui fait soustraction.
19Il y a donc d’une part l’Un de ce qui existe, d’autre part le trou, la perte. On pourrait dès lors se demander si la sublimation n’est pas un savoir-faire avec le trou.
20Un parcours autour de l’objet a s’impose, comme le fait l’auteur, qui avance que c’est dans la répétition de la non commune mesure entre l’objet a et l’Un que la sublimation participe à la satisfaction. La place de l’objet a devient un enjeu théorique fondamental dans la conception qu’on peut se faire de la sublimation.
21À partir de là, est abordée la sublimation suivant les développements du séminaire La logique du fantasme, où se dessine tout spécialement la place de la sublimation dans son rapport à la logique du fantasme. C’est ainsi qu’on perçoit le lien entre répétition et sublimation, les deux étant corrélées à la satisfaction. Erik Porge rappelle ici les propos de Lacan pour qui la sublimation n’est pas forcément liée à une œuvre d’art. En effet, contrairement au sens commun, la sublimation a rapport avec la répétition du manque. La sublimation, comme l’affirme l’auteur, est satisfaction de la répétition dans la même mesure que la réalisation subjective du rapport sexuel.
22Un lien se vérifie entre vider le sens comme visée de l’analyse et la sublimation qui tourne autour du vide de la Chose.
23Parmi les nouveautés de ce livre, on pourra saisir la logique temporelle de la sublimation, son rapport à la répétition, au temps logique, avec le caractère collectif qui est autre chose que la reconnaissance sociale d’une œuvre. En effet, il y a un lien entre sublimation et logique collective.
24Ce livre ouvre des questions sur la pratique de l’analyse : le devenir de la pulsion serait-il la pulsion sans refoulement, donc un équivalent de la sublimation ? La sublimation serait-elle un quatrième terme permettant de nouer imaginaire, symbolique et réel, à la manière du symptôme ? Y a-t-il des différences dans le rapport à la sublimation entre les hommes et les femmes ?
25Dans tous les cas, l’auteur avance sérieusement une thèse qui pose l’existence d’une sublimation propre à l’analyse, liée à un savoir faire le tour de ce à quoi se réduit le sujet supposé savoir.
26Il y a réalisation d’un désir dans la sublimation et ce qui est proposé est que le désir de l’analyste participe de la sublimation sans s’y équivaloir. C’est un des axes privilégiés, celui qui consiste à interroger le désir de l’analyste dans son rapport à la sublimation. S’impose alors la question sur l’identification au symptôme et le sinthome.
27La sublimation n’est pas définie comme identique au désir mais plutôt comme articulation entre désir et jouissance et compatible avec l’identification au symptôme chez l’analyste dans la pratique de l’analyse.
28Un cas particulier est abordé à partir de la littérature, c’est Jean-Jacques Rousseau, dans le but de faire percevoir l’intrication entre sublimation et identification au symptôme. On constate dès lors une nouveauté. Alors que Lacan avance la formule « s’identifier à son symptôme » comme but de l’analyse, l’auteur se propose d’examiner l’identification au symptôme chez Rousseau, ce qui ouvre à la question de l’identification au symptôme dans la psychose. Rousseau démontre la protection envers la jouissance de l’Autre par l’écriture. Cela soulève la question de savoir si la fixation de l’écriture est une identification au symptôme.
29Par ailleurs, l’auteur souligne le fondement commun entre l’identification au symptôme et la sublimation dans l’impossible du rapport sexuel et dans les identifications sexuées. C’est ce qui justifie un développement autour du séminaire Les non-dupes errent. L’élaboration sur le nombre d’or et l’idée que la sublimation est une façon de chiffrer l’objet a est convaincante.
30Ce qui est également inédit est le lien particulier que l’auteur établit entre le désir de l’analyste, l’interprétation et la sublimation. Cela soulève la question de la place du fantasme de l’analyste dans l’expérience analytique.
31Suivant la perspective freudienne, Porge aborde la sublimation du point de vue de la pulsion – « la sublimation comme devenir de la pulsion » –, mais aussi du point de vue du désir de l’analyste. Elle est posée en lien avec le désir de l’analyste et avec la satisfaction. La sublimation, suivant cette proposition, est le soutien du désir de l’analyste, et la satisfaction propre à la sublimation est celle de la répétition de la lettre à trois de l’écriture borroméenne.
32Plutôt que d’aborder la sublimation comme résultat d’une analyse, Erik Porge démontre la pertinence de son usage dès l’application de la règle fondamentale : il s’agit d’élever à la dignité de la Chose, le désir d’Autre chose. Ainsi, la sublimation est d’emblée dans l’analyse, liée à la règle fondamentale. Ce serait une sublimation propre à la pratique, et non pas à son résultat ni à sa visée. La sublimation n’est donc pas posée comme ce qu’il s’agit d’obtenir, et elle se distingue du désir de l’analyste tout en y participant.
33L’auteur le dit autrement quand il pose la sublimation, à partir du séminaire D’un Autre à l’autre, comme le propre de celui qui a pu faire le tour de ce à quoi se réduit le sujet supposé savoir. La sublimation est ainsi définie comme coupure et l’auteur va jusqu’à avancer une structure nodale de la sublimation. Dans l’analyse, elle suppose donc de tenir compte de la pulsion et non pas seulement du registre des signifiants.
34Après ce parcours, le texte débouche sur la question en apparence évidente mais complexe : qu’est-ce que se dire lacanien ? Si, comme le soutient Porge, se dire lacanien relève d’un impossible, que veut dire se dire ou être lacanien ? L’auteur souligne les paradoxes à se dire lacanien.
35La réponse de Porge est que cela revient à se dire analyste, à se situer sur le bord du manque à être. S’affirmer lacanien, c’est manquer à être lacanien. Mais la solution ne passe pas par ne pas le dire. La meilleure solution serait en effet de prendre l’impossible à dire dans sa dimension positive, signe d’un réel qui reste à articuler. La proposition de l’auteur est donc de le situer non pas du côté du savoir mais du côté du désir.
36Par ailleurs, Erik Porge affirme que les lacaniens sont ceux qui s’accordent sur le fait qu’il y a un dire lacanien. Néanmoins, il souligne les divergences sur des questions fondamentales et sur des orientations à la fois théoriques et inscrites dans des débats actuels. Il essaie de poser une série de conditions de ce qui serait requis pour se dire lacanien. On remarque ainsi le retour à Freud et les thèses qui jalonnent ce retour. En même temps, il souligne l’absence de garantie à se poser comme lacanien, car être lacanien correspond à la logique du pas-tout. Se dire lacanien est donc marqué par un défaut par rapport à un tout. À la question en apparence évidente de se dire lacanien, l’auteur répond logiquement : on est pas-tout lacanien. C’est le signe d’une dimension asymptotique. On tend à l’être sans le devenir complètement.
37Cela a à voir, comme cela est mis en valeur, avec l’autorisation concernant l’analyste mais aussi l’être sexué. La condition de l’avènement de ce dire est rendue possible par un acte. L’auteur introduit sur ce point un sujet à controverse, car il pose la dimension d’une identification. La question qu’on se pose comme lecteur est de savoir si cette identification ne supplée pas à l’identification à l’analyste et ce que serait la spécificité de cette identification.
38L’auteur avance qu’il s’agit d’une identification de désir supporté par un fantasme, comme c’est le cas de tout désir. Le « se dire lacanien » inscrit cette identification de désir dans la sublimation spécifique de l’analyste, caractérisée par la satisfaction de la répétition d’une identité de différence, celle du trait unaire. C’est ce qui conduit à soutenir le désir de l’analyste comme supporté d’un fantasme et c’est ce avec quoi il interprète.
39Dans ce sens, l’auteur aborde la division qui caractérise le sujet entre savoir et vérité, pour montrer qu’il en va de même dans la communauté analytique et dans les liens entre les analystes.
40Une place est réservée à la formation de l’analyste, à l’intension et à l’extension de la psychanalyse. C’est ainsi qu’est repris le séminaire XI, où Lacan pose l’interprétation comme identique au désir, pour affirmer, à partir de là, que le désir de l’analyste est identique à son interprétation.
41Dès lors, c’est la question cruciale de l’interprétation qui est reprise, comme écart entre ce que l’analyste dit et ce que le sujet retient, écart entre savoir et vérité. En effet, même l’interprétation minimale « je ne te le fais pas dire » est sujette à interprétation de la part du sujet. Donc l’inconscient interprète, l’analyste tend à rectifier cette interprétation, puis le sujet interprète l’interprétation de l’analyste.
42C’est là que l’auteur, à la page 116 de son livre, avance une thèse, inédite, selon laquelle l’interprétation dans l’analyse part d’un fantasme, celui de l’analyste, et va contre le fantasme de l’analysant : c’est « fantasme contre fantasme ». Il fait référence à l’écho, un des axes d’un autre de ses ouvrages, et donc à la pulsion invocante dans l’interprétation et au dire hors sens.
43À la suite de ce que peut vouloir dire être lacanien, l’auteur se réfère à l’intension-extension de la psychanalyse. C’est une manière de reprendre la question de Lacan sur ce que la psychanalyse nous enseigne, et comment l’enseigner. La passe, la présentation de malades, le contrôle sont alors convoqués pour mieux démontrer le rapport entre l’individuel et le collectif et entre les deux la fonction de l’écrit.
44En ce qui concerne la psychanalyse en intension, racine de l’expérience d’extension, on pourra suivre un commentaire détaillé des deux versions de la Proposition du 9 octobre. De l’intension à l’extension, il est question de l’analyste, non seulement dans son rapport à l’acte, mais vis-à-vis du monde.
45Erik Porge propose le raccord de deux moments dans la Proposition qui concernent le passage de la géométrie projective au plan projectif. Cela permet de saisir l’objet a en ce qui constitue l’anticipation d’une autre modalité de plan projectif tel que Lacan l’avance en 1979.
46Ce qui est donc posé, c’est l’articulation ternaire de l’intension et de l’extension, ce qui justifie le terme de nouage qui crée une surface à laquelle Lacan se réfère en 1979, la surface de Boy. Cette surface représente le ternaire intension, extension et leur nouage. La question est alors posée de savoir si la sublimation est à situer dans la surface ou sur le nœud.
47Est alors soulignée la simultanéité dans l’abord de l’acte, d’une part par rapport au sexuel et d’autre part par rapport à l’acte analytique. C’est intéressant, car la simultanéité n’est pas seulement chronologique, mais est abordée par Porge du point de vue de la structure : lien à la castration, soit à la béance du non-rapport sexuel.
48Il développe alors la distinction faite par Lacan, à partir du séminaire La logique du fantasme, entre l’acte sexuel et le rapport sexuel, soit ce qui va amener Lacan à poser qu’il n’y a pas de rapport sexuel alors qu’il y a acte sexuel. Est ensuite abordée la question cruciale du rapport entre analysant et analyste : y a-t-il une écriture possible ? La question concerne la possibilité d’un rapport analytique qui ferait différence avec le non-rapport sexuel entre les sexes et qui serait de l’ordre du rapport sexuel entre les générations voisines. Il l’explique du fait d’un changement de discours, du discours hystérique, comme discours de l’analysant, au discours de l’analyste, à la fin. Un changement de discours est-il l’équivalent d’un rapport ? Qu’il y ait rapport signifie-t-il rapport sexuel ?
49Notons par ailleurs un passage important entre s’autoriser, s’hystoriser, résonances avec hystérie et avec oser, ce qu’Erik Porge condense en une phrase : « S’autoriser à oser dans la passe. »
50S’ensuit un développement sur l’articulation dans l’analyse entre le savoir et la vérité, et ce qui change permet le passage du discours hystérique au discours analytique. Est posé avec Lacan que la vérité reste symptôme, et il n’y a donc pas de substitution complète de la vérité par le savoir. La substitution complète serait le savoir absolu de Hegel.
51Est reprise alors la référence de Lacan à propos de la vérité menteuse, en faisant remarquer qu’elle permet de démontrer le passage du discours hystérique au discours analytique : il y a un ratage entre les deux discours qui est lié à la fin de l’analyse. Après avoir exploré les possibilités de rapport entre le discours hystérique et le discours analytique, l’auteur conclut sur la nécessité de l’acte. L’acte est donc mis à la place du ratage du rapport entre analysant et analyste.
52J’en viens à ce qui passe d’une génération à une autre. Cet ouvrage interroge l’idée qu’il y a rapport entre trois générations. À propos donc du rapport ou pas, l’auteur aborde le branchement des formules de la sexuation et le non-rapport sexuel d’une part et ce qui fait du rapport ou pas entre l’analyste et l’analysant d’autre part. C’est dans ce sens qu’on peut aussi lire le branchement des formules de la sexuation avec les quatre discours et la question de l’autorisation de l’analyste. Puis, dans la même direction, on saisira l’articulation entre les formules de la sexuation et le nœud borroméen avec une lecture précise du séminaire Les non-dupes errent.
53Évidemment, il faut faire mention de la passion de l’ignorance, comme rapport au savoir, refus de savoir, mais aussi comme rapport au non-savoir, soit à la vérité et au désir de savoir. Si Lacan met le désir de savoir en rapport avec le désir de l’Autre et non en rapport avec la pulsion, cela soulève la question centrale du lien entre le désir et le désir de savoir. Erik Porge se réfère à l’horreur de savoir, et même à l’horreur de l’acte. Puis il passe au « je n’en veux rien savoir », articulant la docte ignorance, ne pas savoir comme dynamique vers le savoir.
54Pour conclure, Amour, désir, jouissance, Le moment de la sublimation est un livre incontournable pour tous ceux qui s’intéressent au devenir de la sublimation non seulement comme concept chez Freud ou Lacan mais dans la pratique analytique de nos jours.
Notes
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[1]
E. Porge, Amour, désir, jouissance. Le moment de la sublimation, Toulouse, érès, 2020.