Notes
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[1]
Hermann Nothnagel (1841-1905), Specielle Pathologie und Therapie, Vienne, A. Hölder, 1894-1901, 24 volumes.
-
[2]
Beiträge zur Kinderheilkunde aus dem I. öffentlichen Kinderkrankeninstitute in Wien (« Contributions à la pédiatrie du premier Institut pour enfants malades public à Vienne »).
-
[3]
S. Freud et O. Rie, Klinische Studie über die halbseitige Cerebrallähmung der Kinder, Wien, Verlag Moritz Perles, 1891.
-
[4]
Ernest Jones détaille ces différentes publications dans le chapitre qu’il consacre au « Freud neurologue » de sa biographie. La vie et l’œuvre de Sigmund Freud. I. Les jeunes années, 1856-1900, Paris, Puf, coll. « Quadrige », 2006, p. 238-239.
-
[5]
W. J. Little (1862), On the Influence of Abnormal Parturition, Difficult Labours, Premature Birth, and Asphyxia Neanatorum on the Mental and Physical Condition of the Child (Transactions London Obstetrical Society).
-
[6]
S. Freud, « Les diplégies cérébrales infantiles », Revue neurologique, n° 8, 1893, p. 177-183.
-
[7]
S. Freud (1893), « Über familiäre Formen von cerebralen Diplegien » (Des formes familiales de diplégies cérébrales), Neurologisches Centralblatt, n° 15, p. 512-515 et n° 16, p. 542-547.
-
[8]
P. Marie, « Compte rendu de lecture des Contributions à l’étude des diplégies cérébrales de l’enfance (conjointement avec la maladie de Little) par Sigm. Freud Wien 1893 », Revue neurologique, I, 1893, p. 643-644.
-
[9]
É. Rosenthal (1892), Contribution à l’étude des diplégies cérébrales de l’enfance, thèse de Lyon (médaille d’argent). Freud cite également ce travail comme élaboré sous son influence dans le supplément à la recension de ses travaux scientifiques écrits en 1897, G.W., I, p. 488.
-
[10]
Ce dernier paragraphe est rendu in extenso par E. Jones, op. cit., p. 239.
-
[11]
É. Brissaud, « Sur les mécanismes psychiques des phénomènes hystériques J. Breuer et Sigm. Freud. Neurologisches Centralblatt n° 1 & 2, 1893 », Revue neurologique, I, 1893, p. 36.
-
[12]
S. Freud (1895), « Obsessions et phobies. Leur mécanisme psychique et leur étiologie », Revue neurologique, III, n° 2, 1895, p. 33-38.
-
[13]
S. Freud (1896), « L’hérédité et l’étiologie des névroses », Revue neurologique, IV, n° 6, 1896, p. 161-169.
-
[14]
S. Freud (1893), « Charcot », Wiener medizinischer Wochenschrift, n° 37, que Freud résume ainsi dans le recension de 1897 de ses articles scientifiques : « Nécrologie du maître de la neurologie décédé en 1893, dont l’auteur compta parmi ses élèves » (In Inhaltsangaben der Wissenschaftlichen arbeiten des privatdocenten Dr. Sigm. Freud 1877-1897 [publication manuscrite de 1897, G. W., I, p. 463-488].)
-
[15]
Nous soulignons.
-
[16]
J.-M. Charcot, Leçons sur les maladies du système nerveux faites à la Salpêtrière, tome III, 1887, p. 15-16. Leçon prononcée en 1882 à l’occasion de la création de la chaire de neurologie de la Salpêtrière.
-
[17]
S. Freud, Lettres à Fließ, 1887-1904, Paris, Puf, 2006.
-
[18]
Article écrit pour le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, publié sous la direction d’Amédée Dechambre, p. 200-237. http://www2.biusante.parisdescartes.fr/livanc/?cote=extbnfdechambrex049&p=204&do=page
-
[19]
Le nom propre, nous rappelle le Grevisse, n’a pas de signification véritable, de définition ; il se rattache à ce qu’il désigne par un lien qui n’est pas sémantique, mais par une convention qui lui est particulière » (Le bon usage, 1986, § 451, p. 703). Asémantique et hors sens, le nom propre suppose de nombreuses descriptions. Ici nous n’en retiendrons qu’une : « Ce qu’on entend ordinairement par nom propre est une marque conventionnelle d’identification sociale telle qu’elle puisse dégager constamment et de manière unique un individu unique » (É. Benveniste, Problèmes de linguistique générale, II, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1976, p. 200).
-
[20]
Freud utilise ici le terme français.
-
[21]
S. Freud (1893), Zur Kenntnis der cerebralen Diplegien des Kindesalters. Im Anschluss an die Little’sche Krankheit (Contribution à la connaissance des diplégies cérébrales infantiles. En complément de la maladie de Little), Leipzig & Wien, Franz Deuticke, 168 pages. http://archive.org/stream/39002086347052.med.yale.edu - page/n9/mode/2up
-
[22]
J.-M. Charcot et P. Richer, Les difformes et les malades dans l’art, Éditions Lecrosnier et Babé, 1889, p. 42-43. https://archive.org/stream/lesdifformesetl00richgoog - page/n62/mode/2up
-
[23]
Un siècle plus tard, on peut toujours se prévaloir d’un savoir sans nommer ceux qui nous ont précédé dans la carrière. http://cartelfr.louvre.fr/pub/fr/pdf/31924_mois120.pdf
-
[24]
S. Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne, traduction de S. Jankélévitch, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 1972, p. 76.
-
[25]
« Anémie et hyperémie dans la moelle épinière ».
-
[26]
T. Meynert (1884), Psychiatrie. Klinik der Erkrankungen des Vorderhirns, begründet auf dessen Bau, Leistungen und Ernährung, Traduction de Bernard Sachs, 1885, Psychiatry : a Clinical Treatise on Diseases of the Fore-Brain Based upon a Study of its Structure, Functions, and Nutrition.
-
[27]
E. Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud. I. Les jeunes années, 1856-1900, op. cit., p. 223.
-
[28]
F. Alexander, « A voice from the past. Some remarks on Dr Bernard Sachs’ protest against psychoanalysis », American Journal of Psychiatry, 13(1), juillet 1933, p. 193-200. C’est une réponse à l’article publié peu avant par Bernard Sachs : « The false claims of the psychoanalyst. A review and a protest », American Journal of Psychiatry, 1933, XII, 728 n.
-
[29]
B. Sachs, « Die Hirnlähmungen der Kinder », Sammlung Klinischer Vorträge, Innere Medicin, n° 16, p. 435-490.
-
[30]
L’index bibliographique de cet article est élaboré, mentionne-t-il, à partir des recensements de la littérature scientifique du livre de Jules Cotard (Études des maladies cérébrales et mentales, tome II, préface de Jules Falret, Paris, 1891) et de celui de Freud et Rie (1891).
-
[31]
H. F. Ellenberger, Histoire de la découverte de l’inconscient, Paris, Fayard 1994, p. 455. Ellenberger cite ici l’ouvrage de Bernard Sachs, Barnay Sachs (1858-1944), New York, édition privée, 1949, p. 55.
-
[32]
Cité par D.P. Perl, « Barney Sachs and the history of the neuropathologic description of Tay-Sachs Disease », dans Robert J. Desnick et Michael M. Kaback (sous la direction de), Tay-Sachs Disease, Academic Press, 2001, p. 14.
1 Au début de l’année 1895, Freud est sollicité par le professeur Hermann Nothnagel, éminent pathologiste viennois et fervent soutien académique de Freud, pour la rédaction du volume consacré à la paralysie cérébrale infantile dans l’encyclopédie médicale qu’il dirige. Ce travail deviendra le neuvième tome de la monumentale encyclopédie médicale Specielle Pathologie und Therapie élaborée pendant huit années sous sa direction.
2Elle comportera à son terme vingt-quatre volumes et rassemblera tous les grands noms présents ou futurs de la médecine austro-allemande [1].
3 Freud accueillit cependant la demande de Nothnagel avec circonspection, mais impossible de se récuser, l’homme a trop de poids dans la Vienne médicale de la fin de ce siècle, l’offre est flatteuse et c’est l’occasion d’avancer dans la course au titre de professeur tant convoité, auquel il n’accédera que sept ans plus tard. Pourtant Freud rechigne et la correspondance avec Fließ s’en fait abondamment l’écho. Après dix années de pratique en neuropédiatrie à la consultation ambulatoire de l’institut Kassowitz, il est en train de tourner la page de cet exercice et les deux traités établis en 1891 et 1893 lui apparaissent suffisants à l’exposition de ses travaux. En collaboration avec Oskar Rie, il a publié aux archives de l’institut que dirige Max Kassowitz [2] un premier traité sur les hémiplégies cérébrales infantiles [3]. Sa publication fut précédée de la parution en « bonnes feuilles » du huitième chapitre du livre réparti en trois articles originaux dans les numéros 5, 6 et 7 de la Wiener Medizinische Wochenschrift sous le titre Cerebral Kinderlähmung und Poliomyelitis infantilis [4].
4Freud complète deux ans plus tard ce premier tour d’horizon sur les paralysies cérébrales de l’enfant par un ouvrage sur les diplégies cérébrales infantiles. Il y propose une extension du modèle de la diplégie spastique de l’enfant inventé par le chirurgien orthopédiste britannique William John Little [5] trente ans plus tôt. La publication de l’ouvrage est précédée par la parution le 30 avril 1893 d’un exposé rédigé en français pour la Revue neurologique, fondée par Charcot, sous le titre « Les diplégies cérébrales infantiles [6] », dont Pierre Marie assure la rédaction et qui lui offre l’ouverture du huitième numéro. Il donne une version en allemand de ce résumé au Neurologisches Centralblatt sous le titre « Über familiäre Formen von cerebralen Diplegien [7] », parue elle en deux parties dans les numéros 15 et 16 cette même année.
5 La réception de ce deuxième volume consacré aux paralysies cérébrales chez l’enfant est très favorable et le compte rendu de Pierre Marie [8] dans sa propre revue est de ce point de vue éloquent :
« Les lecteurs de la revue Neurologique connaissent déjà en partie par l’article de J. [sic] Freud, publié dans le n° 8, les opinions de l’auteur sur cette question des diplégies de l’enfance à laquelle il a consacré d’importants travaux. C’est ainsi que le nouveau volume est jusqu’à un certain point le complément du mémoire publié il y a deux ans par Freud et O. Rie sur la paralysie hémilatérale des enfants. Une thèse passée tout récemment par E. Rosenthal [9] devant la faculté de Lyon et inspirée par Freud est également le reflet de ses idées sur la question des diplégies cérébrales infantiles.
Pour en revenir au livre sur lequel nous appelons ici l’attention, il débute par un chapitre dans lequel, après avoir fait l’historique de la question, l’auteur expose sa propre manière de l’envisager. Puis viennent cinquante-trois observations personnelles à l’appui desquelles sont, dans le chapitre suivant, analysés les différents symptômes ; un tableau synoptique résume d’une façon commode ces cinquante-trois observations. Ensuite sont exposées l’anatomie et la physiologie pathologiques, le diagnostic différentiel, les formes familiales et héréditaires à la connaissance desquelles Freud a apporté d’importantes contributions.
Enfin un dernier chapitre donne une vue d’ensemble sur les principales conclusions que tire l’auteur de l’étude approfondie à laquelle il s’est livré. Cette monographie est sans conteste le travail le plus complet, le plus exact et le mieux pensé qui ait paru jusqu’à présent sur la question si confuse et si peu connue des diplégies cérébrales infantiles [10]. »
7 Pierre Marie saura donner au neurologue Freud une place de choix dans sa revue. Ainsi, pour la seule année 1893, on note, outre l’article cité, la publication d’un compte rendu d’Édouard Brissaud des premiers travaux de Freud et Breuer sur « Les mécanismes psychiques des phénomènes hystériques [11] » tout récemment parus au début de l’année, et qui deviendront l’introduction des Études sur l’hystérie à paraître deux ans plus tard. En 1895, la revue accueillera l’article « Obsessions et phobies. Leur mécanisme psychique et leur étiologie [12] » et en 1896 « L’hérédité et l’étiologie des névroses [13] », ces trois articles successifs ayant été rédigés par Freud, semble-t-il, directement en français.
8 Outre l’article nécrologique consacré à Charcot [14], l’année 1893 voit paraître deux autres articles de neurologie clinique. Le premier, une brève notation, paraîtra sous le titre « Über ein Symptom, das häufig die Enuresis nocturna der Kinder begleitet » (Sur un symptôme qui accompagne fréquemment l’énurésie nocturne chez les enfants) dans le vingt et unième numéro du Neurologisches Centralblatt. Freud, dans la recension de 1897 de ses travaux scientifiques, le résume ainsi : « Dans près de la moitié des cas on trouve chez les enfants affectés d’énurésie une hypertonie des extrémités inférieures inexpliquée quant à sa signification et son lien avec elle ». Plus charpenté et d’une tout autre ambition est l’article publié en français dans les Archives de neurologie de Charcot sous le titre « Quelques considérations pour une étude comparative des paralysies motrices organiques et hystériques ». L’article est en gestation depuis le séjour parisien de 1886, il a été tôt annoncé et longtemps différé, pour des motifs explicites puisqu’il s’agit de produire la critique du lésionnel dans l’hystérie, et plus précisément de la notion charcotienne de lésion fonctionnelle ou dynamique dans l’hystérie. S’il n’est pas le lieu ici d’en déployer l’argumentaire et ses conséquences, on peut confronter, pour en souligner l’enjeu, une des propositions de chacun. Ainsi, pour contenir les névroses et singulièrement l’hystérique dans les rets de la neurologie en devenir, Charcot se doit d’affirmer :
« Il est un autre grand fait dans l’histoire des névroses en général et de l’hystérie en particulier qui montre bien que ces affections ne forment pas, dans la pathologie, une classe à part, gouvernée par d’autres lois physiologiques que les lois communes. C’est que leur symptomatologie se rapproche toujours et souvent très étroitement de celle qui se rattache aux maladies à lésions matérielles. Et la ressemblance est parfois si frappante qu’elle rend le diagnostic des plus ardus. On a quelquefois désigné, sous le nom de neuromimésie, cette propriété qu’ont les affections sine materia de simuler les maladies organiques. Entre l’hémianesthésie vulgaire des hystériques et celle qui relève d’une lésion en foyer l’analogie est frappante. Au fond c’est le même syndrome. Même ressemblance entre la paraplégie spasmodique des hystériques et celle qui relève d’une lésion organique spinale (impuissance motrice, rigidité, exagération des réflexes tendineux, conservation du relief musculaire). Or cette ressemblance qui désespère parfois le clinicien doit servir d’enseignement au pathologiste qui, derrière le syndrome commun, entrevoit une analogie de siège anatomique, et, mutatis mutandis, localise la lésion dynamique [15] d’après les données fournies par l’examen de la lésion organique correspondante. Et ceci nous conduit à reconnaître que les principes qui régissent l’ensemble de la pathologie sont applicables aux névroses, et que, là aussi, on doit chercher à compléter l’observation en pensant anatomiquement et physiologiquement [16]. »
10 En s’autorisant à passer sur le terrain de la psychologie, qu’on ne saurait éviter quand on traite de l’hystérie, ajoute-t-il, Freud propose de s’exonérer de la dette anatomo-physiologique pour produire la théorie psychologique de la paralysie hystérique :
« Considérée psychologiquement, la paralysie de bras consiste dans le fait que la conception du bras ne peut pas entrer en association avec les autres idées qui constituent le moi dont le corps de l’individu forme la partie la plus importante. La lésion serait donc l’abolition de l’accessibilité associative de la conception de bras. Le bras se comporte comme s’il n’existait pas pour le jeu des associations. Assurément si les conditions matérielles, qui correspondent à la conception du bras, se trouvent profondément altérées, cette conception sera perdue aussi, mais j’ai à montrer qu’elle peut être inaccessible sans qu’elle soit détruite, et sans que son substratum matériel (le tissu nerveux de la région correspondante de l’écorce) soit endommagé. »
12 C’est dans ce contexte d’écriture et d’élaboration qu’il faut considérer l’embarras de Freud à revenir, à la demande de Nothnagel, sur la présentation de ses travaux, ses recherches et ses résultats dans le domaine des paralysies cérébrales de l’enfant. La correspondance avec Fließ au fil de ces deux années de procrastination autour d’un projet insupportable est des plus éclairantes et nous la recensons ici dans son intégralité [17].
13 Lettre du 27 avril 1895 (p. 166)
« Il faudra bien que je m’attaque aux paralysies infantiles pour Nothnagel, mais mon intérêt est fixé ailleurs. »
My heart is in the coffin here with Caesar (Jules César, acte III, scène 2).
15 (Dans la même lettre, plus haut, expliquant la citation : « Scientifiquement, je suis dans une fâcheuse position, car obnubilé par la “psychologie à l’usage du neurologue” qui régulièrement m’absorbe totalement jusqu’à ce que, vraiment surmené, je sois obligé de m’interrompre. Je ne suis jamais passé par une préoccupation d’un intérêt aussi élevé. Est-ce que ça va donner quelque chose ? Je l’espère, mais cela est difficile à dire. »)
16 Lettre du 31 octobre 1895 (p. 190)
« Je suis en ce moment passablement vidé, je suis d’ailleurs forcé de mettre la chose de côté (la lettre vient en réponse aux remarques de Fließ sur l’Entwurf qu’il lui a adressées dans la lettre du 8 octobre) pour deux mois, parce que je dois écrire d’ici 1896 pour Nothnagel les paralysies infantiles dont il n’y a pas un mot de rédigé jusqu’à présent. (Jetzt bin ich ziemlich ausgepumpt, muß auch für zwei Monate die Sache beiseite legen, weil ich die Kinderlähmungen für Nothnagel bis 1896 schreiben muß, von denen bis jetzt kein Wort dasteht.) »
18 Lettre du 16 avril 1896 (p. 235)
« Je n’ai malheureusement pas encore pu me mettre aux paralysies infantiles. Il faut pourtant que cela se fasse, non ? Fâche-toi donc. (Zu den Kinderlähmungen habe ich mich leider noch nicht entschließen können. Es muß aber doch sein ? Schimpf einmal !) »
20 Lettre du 15 juillet 1896 (p. 250)
« Le travail pour Nothnagel est et va être atroce, il n’est pas achevé et va rester longtemps ainsi. (Die Nothnagel-Arbeit ist ekelhaft und wird es werden, unfertig und wird es noch lange bleiben.) »
22 Lettre du 22 novembre 1896 (p. 261)
« Dans quelques semaines, j’en aurai fini avec la corvée pour Nothnagel. (Ich bin mit meiner Pein für Nothnagel in wenigen Wochen fertig.) »
24 Lettre du 3 janvier 1897 (p. 280)
« La monographie pour Nothnagel sera achevée dans deux semaines. »
26 Lettre du 8 février 1897 (p. 292-293)
« Breuer, qu’ils appellent le bon, ne peut laisser passer une occasion de troubler le bien-être le plus innocent. Il a reçu mon livre et là-dessus il a rendu visite à ma femme pour lui demander quelle avait bien pu être l’attitude de l’éditeur face aux dimensions inattendues du travail. L’éditeur, qui est l’objet de son souci, et Nothnagel m’ont assuré que cela ne faisait rien, que le tout allait sûrement très bien se vendre. Car l’ouvrage est effectivement devenu trop gros pour rentrer dans le cadre de la collection. Compte tenu de cette disproportion, je te remercie particulièrement de ton jugement amical, toi le « brusque », et il ne me reste à te dire mon étonnement de ce que tu aies pu finalement en faire le tour en si peu de jour…
Je dois rectifier une nouvelle de la dernière fois. J’étais récemment chez Nothnagel pour lui remettre à titre de remerciement un exemplaire, et il me fit part spontanément de ce qui reste pour l’instant un secret : lui et Krafft-Ebing m’ont proposé (avec Frankl-Hochwart) au grade de professeur et il m’a montré le document ou étaient apposées leurs signatures. Il a ajouté qu’ils feraient tous deux seuls parvenir la proposition au ministère si le collège ne devait pas se joindre à eux.
En homme raisonnable, il ajouta : Vous connaissez les difficultés. Peut-être aura-t-on seulement réussi à mettre votre nom sur le tapis. – Nous savons tous qu’il est fort peu vraisemblable que le ministère donne suite à la proposition.
Peut-être la proposition a-t-elle été présentée à la séance d’hier. Ce qui me fait plaisir dans cette affaire, c’est que je peux continuer à tenir ces deux hommes pour des gens honnêtes, car en réalité s’ils m’avaient ignoré, il m’aurait été difficile d’avoir une bonne opinion d’eux. »
28 Comme le laisse constater ce recueil d’extraits de lettres à son ami Fließ, Freud accepte la proposition de Nothnagel à contrecœur, bien qu’il y pressente un surcroît de notoriété et la possibilité d’y adosser sa demande au professorat. L’embarras tient davantage à l’engagement intellectuel – scientifique – qui supplante son intérêt antérieur pour la neurologie dans ses deux acceptions, neuro-anatomique, abandonnée elle de longue date, et neuropathologique, qui ont persisté comme centre d’intérêt et de pratique dans sa consultation régulière de neuropédiatrie jusqu’au mitan de cette époque. Dès lors, la rédaction de l’enquête neurologique traditionnelle et du recueil clinique qui en découle semble devenir un fardeau, une corvée dit-il. Paradoxalement, loin de limiter sa production elle l’étend : en résulte un ouvrage de fort volume. Le paradoxe n’est qu’apparent puisque l’ampleur de l’ouvrage tient à la sommation des informations contenues dans les deux essais précédents sur le même sujet, alors qu’un élagage pour une présentation plus concise et ramassée eût demandé un tout autre effort. La remarque de Breuer contenait sans doute cette critique bien mal accueillie par l’auteur.
29 Ce texte est le dernier dans la veine de la neuropathologie et l’introduction que nous présentons ici, singulièrement le point final. Dix ans après l’abandon de la neuro-anatomie, Freud met un terme tant à sa pratique de la neuropédiatrie – c’est la fin de ses interventions bihebdomadaires à la clinique de Max Kassowitz – qu’à la transmission des connaissances en neuropathologie accumulées dans ce domaine avec ce dernier ouvrage. Désormais c’est l’élaboration méta-neurologique, celle que donnent à lire l’Esquisse et le septième chapitre de la Traumdeutung, qui le tyrannise et rend insupportable le retour à la voie récemment abandonnée.
30 L’analyse de cette introduction montre comment Freud s’appuie, le reprenant et l’amplifiant, sur le texte que Pierre Marie a consacré en 1888 à l’hémiplégie spasmodique infantile [18].
31En attribuant au Infantile Cerebrallähmung le statut de nom propre, de nomen proprium [19], Freud rejoint la proposition de Marie pour qui la paralysie cérébrale infantile occupe en nosologie une place mal définie mais jouit en clinique d’une individualité bien caractérisée. Freud cependant ne se contente pas de le constater à son tour, il vient interroger cet écart. Il le formule à sa façon : « Le terme “paralysie cérébrale infantile” n’est rien d’autre qu’un artifice de notre classification nosographique, une étiquette [20] que nous attribuons à un groupe d’états pathologiques. » Pertinence clinique contre aberration nosologique, et c’est la pertinence clinique, ou plutôt la force de l’habitude qui fait conservatoire d’une nomination. Elle accède à cette fonction de label, dépourvu de sens au regard de son contenu mais perpétuant un geste clinique. Elle accumule en un même lieu un ensemble hétéroclite de symptômes et de syndromes qui ne trouveraient pas leur place ailleurs. Recomposé, l’oxymore freudien aurait valeur de Witz : un nom propre inapproprié. Ici, l’invention est collective, nous dit Freud, aucun nom propre ne peut à l’instar de la maladie de Basedow honorer l’un de ses inventeurs, il faut dès lors élever le nom de la maladie au rang de nom propre en lieu et place de celui d’un inventeur collectif innommable. A contrario pour les diplégies de l’enfant [21], le nom de Little, inventeur de la diplégie spastique de l’enfant, la plus commune d’entre elles, ne pouvait à lui seul assumer l’entièreté du syndrome. Le texte de Freud s’inscrivait alors nommément en complément, en annexe de la maladie de Little (c’est le sous-titre de l’ouvrage : Im Anschluss an die Little’sche Krankheit), et par cette amplification réduisait la portée du nom de l’inventeur.
32 Au-delà de l’introduction et pour conclure sur cette référence, le texte de Pierre Marie servira encore de matrice aux références historiques récapitulées dans le premier chapitre du livre. Ce passage académique obligé n’est d’ailleurs pas très éloigné de celui produit lors de la mouture du texte écrit avec Oscar Rie en 1891. Freud y ajoute cependant la référence à l’œuvre de Ribera, qui doit retenir un instant notre attention.
« Un tableau devenu célèbre du peintre espagnol Ribera (1588-1656) prouve, à ceux qui en douteraient encore, que l’hémiplégie infantile existait bien avant que l’attention des observateurs médicaux ne se porte sur elle.
Ein berühmt gewordene Gemälde (Im Louvre zu Paris, genannt le Pied-Bot) des spanischen Malers Ribera (1588-1656) kann denen, die etwa daran gezweifelt hätten, beweisen, dass die hemiplegische Kinderlähmung lange vorher bestanden hatte, ehe sie die Aufmerksamkeit ärztlicher Beobachter auf sich vor. »
34 Cette notation est aussi directement tirée de l’article de Pierre Marie, qui nous ouvre à la référence première :
« Il semble utile de rechercher chez les auteurs du siècle dernier les observations isolées ayant trait à l’affection qui nous occupe, car aucun à notre connaissance n’a essayé d’en faire une étude particulière. Que l’hémiplégie infantile ait existé de tout temps, cela ne fait d’ailleurs aucun doute, et à ce point de vie le meilleur document est incontestablement comme l’a fait remarquer le professeur Charcot, le célèbre tableau du Pied-Bot de Ribera (1588-1659) (Musée du Louvre, salle Lacaze), qui peut à bon droit passer pour un exemple typique de cette infirmité. »
36 Marie, en 1888, puisait aux sources d’un inédit ; le texte de Charcot ne paraîtra que l’année suivante dans le recueil écrit avec Paul Richer, son ancien interne, fin dessinateur et illustrateur, sous le titre Les difformes et les malades dans l’art [22].
« On peut voir au Louvre un tableau célèbre de Ribera connu sous la dénomination du Pied-bot. Il montre en effet un jeune mendiant atteint de cette infirmité, et le pied droit difforme ne pose à terre que par les orteils ; c’est donc le pied-bot équin représenté avec la plus grande vérité. Mais ce n’est pas tout : le médecin qui examine ce tableau reconnaît en outre que la main droite qui retient le chapeau n’est point normale.
Son attitude, parfaitement caractéristique, dénote qu’elle est atteinte d’une déformation analogue à celle du pied, bien que les doigts, placés en perspective, disparaissent sous le bord du chapeau. Le membre tout entier est roide, et son mouvement est empreint d’une gaucherie bien typique. Donc, du même côté du corps, le membre supérieur et le membre inférieur sont atteints de contracture avec déformation permanente, et les caractères sont tels que nous n’éprouvons aucun embarras à prononcer le diagnostic d’hémiplégie infantile, résultant d’une atrophie cérébrale portant sur l’hémisphère du côté opposé. L’expression niaise de la physionomie vient compléter le tableau en nous révélant le développement incomplet des facultés intellectuelles qui accompagne d’ordinaire cette affection. »
38 L’effacement de la référence charcotienne [23] décisive a valeur de symptôme à ce moment du texte, d’autant qu’elle est incontournable à l’heure de la récapitulation historique à laquelle ouvre ce détour pictural. L’alacrité du regard du maître est ici capturée par le disciple.
39 On se souviendra ici opportunément de ce lapsus, tiré à l’évidence de sa propre expérience, que Freud publiera dans sa Psychopathologie de la vie quotidienne et qui s’apparente, nous dit-il, à l’oubli d’un nom, Namenvergessen :
« ll s’agit maintenant d’un exemple anodin et dans lequel les mobiles du lapsus n’ont pu être tirés suffisamment au clair. Je le cite cependant à cause de l’évidence du mécanisme qui a présidé à la formation de ce lapsus.
Un Allemand voyageant en Italie a besoin d’une courroie pour serrer sa malle quelque peu détériorée. Il consulte le dictionnaire et trouve que la traduction italienne du mot “courroie” est coreggia. “Je retiendrai facilement ce mot, se dit-il, en pensant au peintre” (Correggio). Il entre dans une boutique et demande : une ribera.
Il n’a sans doute pas réussi à remplacer dans sa mémoire le mot allemand par sa traduction italienne, mais ses efforts n’ont pas été tout à fait vains. Il savait qu’il devait penser au nom d’un peintre italien, pour se rappeler le mot dont il avait besoin ; mais au lieu de retenir le nom Corregio qui ressemble le plus au mot coreggia, il évoqua le nom Ribera qui se rapproche du mot allemand Riemen (courroie). Il va sans dire que j’aurais pu tout aussi bien citer cet exemple comme un exemple de simple oubli d’un nom propre [24]. »
41 Pour analyser l’état contemporain de la nosographie neurologique internationale, à l’époque pour l’essentiel franco-allemande et anglo-saxonne, Freud propose la lecture des têtes de chapitre d’un ouvrage, récemment paru, présenté comme ce que l’on fait de mieux en matière de description des maladies neurologiques de l’enfance et de le désigner sous ce titre Handbuch der Nervenkrankheiten im Kinderalter, sans plus de précision d’auteur.
« Les noms de maladie qui font les titres de chapitre de nos traités de neuropathologie ont une valeur logique très inégale et sont d’origine très variée. Si pour une grande part ils proviennent bien sûr de l’observation clinique, ils représentent cependant des degrés différents dans la maîtrise intellectuelle du matériel clinique. C’est ainsi que j’ai trouvé dans un Traité des maladies nerveuses de l’enfance récemment paru et classé au sommet du savoir neurologique actuel, des titres comme : convulsions, maux de tête, troubles du sommeil, etc. Cela pour les symptômes ; tout travail clinique commence par la désignation et le recueil des principaux symptômes. D’autres chapitres s’intitulent : migraine, formes de chorée, idiotie ; voilà pour les complexes symptomatiques (syndromes), combinaisons plus ou moins constantes de plusieurs symptômes isolés. Il n’y a pas de délimitation précise tracée entre symptôme et syndrome. »
43 Aucun ouvrage de langue allemande ne correspond à un tel titre dans la littérature scientifique de l’époque, semble-t-il, et il faudra attendre 1912 pour qu’il en paraisse un sous la plume du neurologue allemand Ludwig Bruns assisté de deux coauteurs d’envergure, le neurologue et psychiatre Theodor Ziehen et le psychiatre August Cramer (Berlin, S. Karger).
44 Le seul livre qui fasse équivalence dans le recensement bibliographique (Literaturverzichniss) en fin d’ouvrage est celui de Bernard Sachs paru en 1895 à New York sous le titre : A Treatise on the Nervous Diseases of Children. La simple lecture de sa présentation suffit pour s’assurer qu’il s’agit bien de l’ouvrage auquel Freud se réfère, sans le nommer, pas davantage que son auteur. Le catalogue des symptômes et des syndromes est ici présent au grand complet tels que nommés et rapportés par Freud. S’il fallait une preuve supplémentaire on retiendra la seule note en bas de page de l’introduction :
« Outre les différentes entités pathologiques décrites ci-dessus, notre traité en contient encore d’autres telles que l’anémie cérébrale ou l’hyperhémie cérébrale, qui ne sont en rien des constructions physiologiques et qu’il vaudrait mieux abandonner. »
46 Elle renvoie sans conteste au chapitre xv de l’ouvrage, intitulé « Anaemia and hyperaemia in spinal chord [25] » (p. 284-288).
47 Le titre d’abord, que Freud nous propose abrégé dans sa bibliographie. Le livre de Bernard Sachs s’intitule A Treatise on the Nervous Diseases of Children for Physicians and Students.
48 L’ouvrage lui-même. C’est un volume de quelque six cent soixante-six pages recensant la somme des connaissances de l’époque en deux parties. La première est un tour d’horizon général sur les maladies nerveuses de l’enfant et leur expression symptomatique. La seconde étudie les maladies infantiles organiques du système nerveux d’origine spinale et cérébrale.
49 On constate que Freud y occupe une place référentielle de choix, puisqu’il est cité dans l’ouvrage à dix-sept reprises et mentionné pour trois ouvrages différents, les deux ouvrages neuropédiatriques de 1891 et 1893 et sa contribution à l’étude de l’aphasie de 1891. Le livre est bien sûr recensé dans la bibliothèque de Freud mais sans dédicace particulière. Du catalogue de la Freud’s Library on retiendra que Bernard Sachs collabora avec Freud dès 1884 à la traduction de son article « Eine neue Methode zum Studium des Faserverlaufs im Centralnervensystem » (paru une première fois dans le Centralblatt für die medizinischen Wissenschaften, 1884, 22 (11), p. 161-163) pour la revue Brain (1884, 7(25), p. 86-88) sous le titre : « A new histological method for the study of nerve-tracts in the brain and spinal chord ».
50 L’auteur donc. Freud et Sachs se rencontrent dans le laboratoire de Meynert, où le cadet (Sachs est né en 1858) effectue l’un des nombreux stages qu’il poursuivit dans les grandes capitales de la neurologie européenne, à l’instar d’O.L. Darkschewitsch, le condisciple russe, premier coauteur de Freud qu’il retrouva chez Charcot. Sachs, qui parlait couramment allemand, poursuit sa formation médicale, débutée à Harvard, à partir de 1878 par une longue résidence à Strasbourg, où enseignaient alors les meilleurs, Waldeyer en anatomie, Recklinghausen en pathologie et Kussmaul en médecine. Le parcours en neurologie inclura ensuite, outre Goltz à Strasbourg également, Westphal à Berlin, Meynert à Vienne, Charcot à Paris et, last but not least, Hughlings Jackson à Londres. Son retour définitif aux États-Unis s’effectue en 1884, date à laquelle paraît la cotraduction de l’article de Freud, après un parcours de six années dans les capitales de la médecine et de la neurologie européennes. Il s’établira ensuite avec succès au Mount Sinai Hospital, d’abord comme consultant en 1893, dans la première consultation du pays dédiée à la neurologie en tant que spécialité indépendante. En 1900, il prendra la tête du département hospitalier consacré à la pathologie neurologique nouvellement créé alors. S’il fut dès 1884 le traducteur de Freud, il fut également celui de Meynert et de son traité de psychiatrie, publié en 1884 et traduit par Sachs dès 1885 [26]. En 1887, il contribue, révélant sa prévalence dans la population juive originaire d’Europe de l’Est à forte endogamie, à l’invention de la maladie qui porte désormais son nom, maladie de Tay-Sachs, maladie génétique marquée par un déficit intellectuel sévère et une cécité héréditaires dans la population ashkénaze. Cette nomination fait aujourd’hui l’essentiel de sa renommée.
51 Jones doute manifestement du travail en commun des deux élèves de Meynert :
« Bernard Sachs a parlé du temps que lui-même et Freud passèrent ensemble chez Meynert en 1882. Étant donné que Freud ne commença à travailler qu’à partir de l’été suivant dans ce service, s’ils se rencontrèrent vraiment en 1882, ce ne fut que pour fumer une cigarette [27]. »
53 La citation par Jones, à cet endroit, de la protestation de Sachs à l’égard de la psychanalyse est peut-être le motif de cette récusation peu étayée du lien noué entre les deux hommes à l’époque. Bernard Sachs manifesta en effet dans les années 1930 une hostilité soutenue à l’égard de la psychanalyse, suffisante pour que Franz Alexander lui consacre une réponse répertoriée dans la bibliothèque de Freud [28]. En dépit de cette récusation, Jones fait argument de l’autorité scientifique du même Bernard Sachs pour qualifier le travail de Freud : « Notons pourtant que l’ensemble du travail (327 pages) formait un traité dont Bernard Sachs put dire qu’il était “magistral et complet”. »
54 À cette époque, est constant l’intérêt que Sachs porte aux travaux de Freud, qui constituent, nous l’avons vu, une référence importante dans ses propres travaux. Ainsi, dans l’article qu’il fit paraître simultanément à Berlin et à New York sur les paralysies cérébrales infantiles [29], Sachs exploite explicitement l’index bibliographique paru dans l’ouvrage de Freud et de Rie de 1891 [30].
55 Dans son autobiographie, parue cinq ans après sa disparition, en 1849, Sachs évoque cette époque viennoise de son parcours de formation. Ellenberger [31] s’en fait une première fois l’écho à propos du portrait de Meynert.
« Bernard Sachs qui travailla dans son laboratoire en même temps que Freud lui attribua un extérieur assez frappant, une énorme tête juchée sur un petit corps, une chevelure ébouriffée qui avait la fâcheuse habitude de lui tomber sur le front et qu’il devait sans cesse repousser en arrière. »
57 On trouve un autre écho de cette relation entre les deux hommes dans cette même autobiographie :
« Freud travailla dur à l’anatomie, comme nous le firent tous, et bien que ses théories l’en éloignèrent, dans la dernière lettre qu’il m’écrivit, quelques mois seulement avant sa mort, il reconnut qu’il ne s’était jamais défait de son intérêt pour la neurologie organique. Il a été à l’évidence profondément marqué par sa formation initiale. Il serait souhaitable que certains de ses plus proches disciples aient une formation similaire [32]. »
59 Si, comme bien souvent, l’introduction d’un ouvrage est écrite au terme de la rédaction de l’ensemble, on peut considérer ce court texte comme le dernier écrit par Freud dans le domaine de la neurologie, dont il s’éloigne alors, pour ne plus y revenir.
Notes
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[1]
Hermann Nothnagel (1841-1905), Specielle Pathologie und Therapie, Vienne, A. Hölder, 1894-1901, 24 volumes.
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[2]
Beiträge zur Kinderheilkunde aus dem I. öffentlichen Kinderkrankeninstitute in Wien (« Contributions à la pédiatrie du premier Institut pour enfants malades public à Vienne »).
-
[3]
S. Freud et O. Rie, Klinische Studie über die halbseitige Cerebrallähmung der Kinder, Wien, Verlag Moritz Perles, 1891.
-
[4]
Ernest Jones détaille ces différentes publications dans le chapitre qu’il consacre au « Freud neurologue » de sa biographie. La vie et l’œuvre de Sigmund Freud. I. Les jeunes années, 1856-1900, Paris, Puf, coll. « Quadrige », 2006, p. 238-239.
-
[5]
W. J. Little (1862), On the Influence of Abnormal Parturition, Difficult Labours, Premature Birth, and Asphyxia Neanatorum on the Mental and Physical Condition of the Child (Transactions London Obstetrical Society).
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[6]
S. Freud, « Les diplégies cérébrales infantiles », Revue neurologique, n° 8, 1893, p. 177-183.
-
[7]
S. Freud (1893), « Über familiäre Formen von cerebralen Diplegien » (Des formes familiales de diplégies cérébrales), Neurologisches Centralblatt, n° 15, p. 512-515 et n° 16, p. 542-547.
-
[8]
P. Marie, « Compte rendu de lecture des Contributions à l’étude des diplégies cérébrales de l’enfance (conjointement avec la maladie de Little) par Sigm. Freud Wien 1893 », Revue neurologique, I, 1893, p. 643-644.
-
[9]
É. Rosenthal (1892), Contribution à l’étude des diplégies cérébrales de l’enfance, thèse de Lyon (médaille d’argent). Freud cite également ce travail comme élaboré sous son influence dans le supplément à la recension de ses travaux scientifiques écrits en 1897, G.W., I, p. 488.
-
[10]
Ce dernier paragraphe est rendu in extenso par E. Jones, op. cit., p. 239.
-
[11]
É. Brissaud, « Sur les mécanismes psychiques des phénomènes hystériques J. Breuer et Sigm. Freud. Neurologisches Centralblatt n° 1 & 2, 1893 », Revue neurologique, I, 1893, p. 36.
-
[12]
S. Freud (1895), « Obsessions et phobies. Leur mécanisme psychique et leur étiologie », Revue neurologique, III, n° 2, 1895, p. 33-38.
-
[13]
S. Freud (1896), « L’hérédité et l’étiologie des névroses », Revue neurologique, IV, n° 6, 1896, p. 161-169.
-
[14]
S. Freud (1893), « Charcot », Wiener medizinischer Wochenschrift, n° 37, que Freud résume ainsi dans le recension de 1897 de ses articles scientifiques : « Nécrologie du maître de la neurologie décédé en 1893, dont l’auteur compta parmi ses élèves » (In Inhaltsangaben der Wissenschaftlichen arbeiten des privatdocenten Dr. Sigm. Freud 1877-1897 [publication manuscrite de 1897, G. W., I, p. 463-488].)
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[15]
Nous soulignons.
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[16]
J.-M. Charcot, Leçons sur les maladies du système nerveux faites à la Salpêtrière, tome III, 1887, p. 15-16. Leçon prononcée en 1882 à l’occasion de la création de la chaire de neurologie de la Salpêtrière.
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[17]
S. Freud, Lettres à Fließ, 1887-1904, Paris, Puf, 2006.
-
[18]
Article écrit pour le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, publié sous la direction d’Amédée Dechambre, p. 200-237. http://www2.biusante.parisdescartes.fr/livanc/?cote=extbnfdechambrex049&p=204&do=page
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[19]
Le nom propre, nous rappelle le Grevisse, n’a pas de signification véritable, de définition ; il se rattache à ce qu’il désigne par un lien qui n’est pas sémantique, mais par une convention qui lui est particulière » (Le bon usage, 1986, § 451, p. 703). Asémantique et hors sens, le nom propre suppose de nombreuses descriptions. Ici nous n’en retiendrons qu’une : « Ce qu’on entend ordinairement par nom propre est une marque conventionnelle d’identification sociale telle qu’elle puisse dégager constamment et de manière unique un individu unique » (É. Benveniste, Problèmes de linguistique générale, II, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1976, p. 200).
-
[20]
Freud utilise ici le terme français.
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[21]
S. Freud (1893), Zur Kenntnis der cerebralen Diplegien des Kindesalters. Im Anschluss an die Little’sche Krankheit (Contribution à la connaissance des diplégies cérébrales infantiles. En complément de la maladie de Little), Leipzig & Wien, Franz Deuticke, 168 pages. http://archive.org/stream/39002086347052.med.yale.edu - page/n9/mode/2up
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[22]
J.-M. Charcot et P. Richer, Les difformes et les malades dans l’art, Éditions Lecrosnier et Babé, 1889, p. 42-43. https://archive.org/stream/lesdifformesetl00richgoog - page/n62/mode/2up
-
[23]
Un siècle plus tard, on peut toujours se prévaloir d’un savoir sans nommer ceux qui nous ont précédé dans la carrière. http://cartelfr.louvre.fr/pub/fr/pdf/31924_mois120.pdf
-
[24]
S. Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne, traduction de S. Jankélévitch, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 1972, p. 76.
-
[25]
« Anémie et hyperémie dans la moelle épinière ».
-
[26]
T. Meynert (1884), Psychiatrie. Klinik der Erkrankungen des Vorderhirns, begründet auf dessen Bau, Leistungen und Ernährung, Traduction de Bernard Sachs, 1885, Psychiatry : a Clinical Treatise on Diseases of the Fore-Brain Based upon a Study of its Structure, Functions, and Nutrition.
-
[27]
E. Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud. I. Les jeunes années, 1856-1900, op. cit., p. 223.
-
[28]
F. Alexander, « A voice from the past. Some remarks on Dr Bernard Sachs’ protest against psychoanalysis », American Journal of Psychiatry, 13(1), juillet 1933, p. 193-200. C’est une réponse à l’article publié peu avant par Bernard Sachs : « The false claims of the psychoanalyst. A review and a protest », American Journal of Psychiatry, 1933, XII, 728 n.
-
[29]
B. Sachs, « Die Hirnlähmungen der Kinder », Sammlung Klinischer Vorträge, Innere Medicin, n° 16, p. 435-490.
-
[30]
L’index bibliographique de cet article est élaboré, mentionne-t-il, à partir des recensements de la littérature scientifique du livre de Jules Cotard (Études des maladies cérébrales et mentales, tome II, préface de Jules Falret, Paris, 1891) et de celui de Freud et Rie (1891).
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[31]
H. F. Ellenberger, Histoire de la découverte de l’inconscient, Paris, Fayard 1994, p. 455. Ellenberger cite ici l’ouvrage de Bernard Sachs, Barnay Sachs (1858-1944), New York, édition privée, 1949, p. 55.
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[32]
Cité par D.P. Perl, « Barney Sachs and the history of the neuropathologic description of Tay-Sachs Disease », dans Robert J. Desnick et Michael M. Kaback (sous la direction de), Tay-Sachs Disease, Academic Press, 2001, p. 14.