Essaim 2016/1 n° 36

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Article de revue

Sublimation, substitution et angoisse sociale (Partie 1)

Pages 7 à 26

Notes

  • [1]
    Traduction et notes d’Isabelle Châtelet. Cet article est paru en juillet 1931 dans The International Journal of Psycho-Analysis, vol. XII, 3e partie. [La traduction de cet article prend appui sur les traductions de Freud en anglais, auxquelles Glover se réfère dans la plupart des cas, et compte tenu de l’état lacunaire à l’époque des traductions en français. Néanmoins, les traductions françaises consultées des textes mentionnés ont été indiquées. (N.d.T.)] La deuxième partie traduite du texte est publiée sur le site de la revue Essaim, www.essaim.net
  • [2]
    S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle [1905, 5e éd. citée 1922], trad. par Philippe Koeppel, Paris, Gallimard, 1987 ; Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci [1919], trad. par Janine Altounian et coll., Paris, Gallimard, 1991 ; « Les psychonévroses de défense » (1894) ; « Actions de contrainte et exercices religieux » (1907) ; « Caractère et érotisme anal » (1908) ; « Les fantasmes hystériques et leur relation à la bisexualité » (1908) ; « La morale sexuelle “culturelle” et la nervosité moderne » (1908) ; « Un rêve comme preuve » (1913), « Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle » ; « Pour introduire le narcissisme » (1914) ; « Pulsions et destins des pulsions » (1915) ; « Le refoulement » (1915) ; « L’inconscient » (1915) [pour tous ces textes, E. Glover cite seulement des pages dans les volumes I, II, III, IV des Collected Papers] ; Conférences d’introduction à la psychanalyse [1916-1917], trad. par Fernand Cambon, Paris, Gallimard, 1999 ; Au-delà du principe de plaisir [1920], trad. fr. par J. Altounian et coll., Paris, Puf, 2010 ; Psychologie des foules et analyse du moi [1921], trad. fr. par J. Altounian et coll., Paris, Puf, 2010.
  • [3]
    Ces lignes résultent d’une compilation des textes de Freud publiés avant 1923. Elles ne consistent pas entièrement en citations, bien que parfois la formulation freudienne ait été reprise. Dans d’autres cas, on a paraphrasé : par endroits, les implications d’un énoncé sont présentées à la place de l’énoncé lui-même.
  • [4]
    Dr S. Bernfeld, « Remarques sur la “sublimation” » (1922), trad. fr. par Claude Lorrain ici même.
  • [5]
    M. Klein, « Les situations d’angoisse de l’enfant et leur reflet dans une œuvre d’art et dans l’élan créateur » (1929), trad. par Marguerite Derrida, dans Essais de psychanalyse, 1921-1945, Paris, Payot, 1968, p. 262.
  • [6]
    E.F. Sharpe, « Certains aspects de la sublimation et du délire » (1930), trad. de l’anglais par Marie-Lise Lauth et Rachel Samacher dans Ella Sharpe lue par Lacan, avec la traduction inédite des écrits d’Ella Sharpe, Paris, Hermann, 2007, p. 123.
  • [7]
    Valuation est le terme employé par Glover, qui semble n’avoir plus cours aujourd’hui. Il peut désigner l’évaluation, voire la valorisation (attribution de valeur). Plus loin, Glover emploie indifféremment value et valuation. Je remercie Mary McLoughlin pour m’avoir encouragée à opter pour « valeur ». (N.d.T.)
  • [8]
    S. Bernfeld, « Remarques sur la “sublimation” », art. cité.
  • [9]
    E. Jones, Papers on Psycho-Analysis, 1923, p. 20, 34, 50-52, 115-116, 127, 157, 193-198, 209, 216, 247, 257-258, 275, 324-326, 355, 359, 362, 606-607, 657.
  • [10]
    S. Freud, Inhibition, symptôme et angoisse (éd. all. [1926]), trad. par Michel Tort, Paris, Puf, 1951, p. 70.
  • [11]
    Ibid., p. 85-86.
  • [12]
    E. Jones, Papers on Psycho-Analysis, op. cit.
  • [13]
    S. Freud, Inhibition, symptôme et angoisse, op. cit., p. 41-42.
  • [14]
    S. Bernfeld, « Remarques sur la “sublimation” », art. cité.
  • [15]
    S. Freud, Malaise dans la civilisation [1930], trad. de l’allemand par Aline Weill, Paris, Payot, 2010, p. 66-67.
  • [16]
    S. Freud, Inhibition, symptôme et angoisse, op. cit., p. 70.
  • [17]
    E. Jones, « The anxiety character », Medical Review of Reviews, 1930, XXXVI, 3, p. 177.
  • [18]
    Sublimation et caractérologie. Le concept de caractère et, en particulier, de caractère névrotique a constamment fait difficulté dans ce contexte. On pourrait évincer cette difficulté en se débarrassant en même temps du terme. Il se peut que ce terme ait désormais perdu de son utilité et ne soit plus nécessaire ni adapté à l’abord métapsychologique. J’abonde dans ce sens, bien que la place manque ici pour en discuter. En outre, si nous abandonnions maintenant la terminologie du caractère, nous serions sans doute confrontés à une contre-attaque des caractérologues. Ils pourraient exercer des représailles en nous suggérant de renoncer au terme sublimation. De toute façon, il y a là certainement de bonnes raisons de remanier avec soin notre terminologie pour éliminer la confusion due au chevauchement des termes.
  • [19]
    E. Jones, « The theory of symbolism », dans Papers on Psycho-Analysis, op. cit., p. 203.
  • [20]
    En écrivant cet article, je remarque que Sterba (« Zur Problematik der Sublimierungslehre », Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse, 1930, 3/4, p. 371) insiste sur l’ordre chronologique des mécanismes. Non seulement il classe différents types de sublimation par ordre d’apparition, mais il considère que la formation réactionnelle doit nécessairement être précédée par la sublimation au sens de « désexualisation ».
  • [21]
    M. Klein, « Infant analysis », International Journal of Psycho-Analysis, 1926, VII, p. 31. [Voir aussi « L’analyse des jeunes enfants » (1923), dans Essais de psychanalyse, 1921-1945, op. cit., p. 123-124. (N.d.T.)]
  • [22]
    J. Glover, « Recent advances in the relation of psycho-analysis to education », Proceedings of Teachers’ Conference, Londres, 22 janvier 1924.
  • [23]
    E. Jones, « The theory of symbolism », art. cité.
  • [24]
    M. Klein, « Infant analysis », art. cité.
  • [25]
    M. Klein, « L’importance de la formation du symbole dans le développement du moi » (1930), trad. de l’anglais dans Essais de psychanalyse, 1921-1945, op. cit., p. 263, ici 265.

1 L’élaboration du concept de sublimation est passée par deux étapes successives. Jusqu’en 1923, l’intérêt pour la sublimation fut d’ordre essentiellement phénoménologique. On avait avancé quelques propositions générales sur son mécanisme, mais ce qui avait été dit de ses aspects dynamiques s’était pratiquement limité au lien qu’elle avait avec le « retour du refoulé » et, en dernier ressort, avec la formation de symptôme. À partir de 1923, l’intérêt s’est concentré sur les énergies en jeu et la nature de leur modification. On admet en général qu’avant 1923 on était très confus quand il s’agissait de définir la nature exacte de la sublimation. Depuis, cette confusion a augmenté plus qu’elle n’a diminué. Il ne semble pas faire de doute que ce soit dû en partie à l’accent mis récemment sur les éléments dynamiques. Autrement dit, notre confusion vient de ce que nous sommes forcés, en nous occupant de ces éléments-là, de nous défaire des aspects plus familiers (et donc psychologiquement plus confortables) de la sublimation, qui sont d’ordre descriptif. Afin d’éviter cette source de confusion, je propose de traiter ces deux étapes séparément.

2 Définitions. Une définition concise de ce qu’a été la sublimation jusqu’en 1923 reviendrait à ceci : un processus psychique inconscient en vertu duquel le but de la pulsion sexuelle est modifié avant qu’un objet vienne la satisfaire.

3 Afin d’entrer dans toutes les difficultés qui se présentent à nous, comparons cette définition avec une autre, plus large : la sublimation est le terme appliqué à un groupe de processus inconscients qui ont ceci en commun de résulter de privations, internes ou externes, faisant subir à la libido d’objet une déviation plus ou moins complète, que ce soit une modification ou une inhibition [2]. Dans la très grande majorité des cas, le nouveau but est différent ou dépourvu de satisfaction sexuelle : il est asexuel ou non sexuel. Dans certains cas, toutefois, un certain degré de satisfaction de la pulsion sexuelle d’origine peut être considéré comme une sublimation ou comme un premier pas vers la sublimation à condition qu’une très grande part de ses composantes d’origine et tous les buts génitaux-sexuels adultes soient inhibés ou déviés, par exemple les pulsions inhibées quant au but et les relations sociales entre individus de même sexe. Troisième cas de figure, qui n’est pas à distinguer de la sublimation mais qui a un lien plus étroit avec les buts directs non inhibés, celui de l’état amoureux extrême : la surestimation de l’objet est telle qu’elle ne peut être distinguée de la dévotion pour une idée abstraite. Les nouveaux buts sont, dans un nombre important de cas, particulièrement chez l’adulte, non seulement non sexuels (bien que psychiquement liés à des buts sexuels) mais carrément culturels : ils sont « plus élevés » au sens éthique, moins égoïstes et sont plus reconnus socialement que le but d’origine. Néanmoins, il se peut que des sublimations soient en mesure d’entraver l’adaptation sociale, comme celles de l’érotisme anal – l’entêtement, la pingrerie, etc. Il y a en général une relation anaclitique des pulsions sublimées avec les pulsions du moi. On ne parvient jamais à la repérer en cherchant à décrire le nouveau mode, qui peut se révéler n’être qu’un but du moi ; autrement dit, la relation psychique du nouveau but au but sexuel d’origine peut être extrêmement éloignée.

4 Passons aux énergies : une très grande partie des énergies en question ont leur source dans les zones érogènes, c’est-à-dire qu’elles sont issues des composantes de la sexualité infantile, dans laquelle l’objet passe d’un objet primordial, partie du corps propre, à un objet externe tout à fait secondaire. Ces composantes des pulsions se prêtent à la sublimation du fait qu’elles peuvent agir à la place les unes des autres et qu’elles changent d’objet librement. Les énergies issues de ces zones d’excitation ne perdent pas leur force dans le processus de déplacement. À cause, en partie, de la source des instincts sublimés, à savoir les zones érogènes principalement, et en partie d’autres facteurs constitutionnels, la capacité à sublimer est congénitalement variable et est limitée par la tendance congénitale à la fixation. Autrement dit, la sublimation dépend en proportion directe de la plasticité de la libido. Des facteurs acquis affectant la plasticité affectent aussi la capacité de sublimer.

5 Pour finir, voici comment s’organise le processus : la sublimation est exigée par la même instance du moi qui pousse au refoulement, mais la quantité de sublimation n’est pas nécessairement en proportion directe de la force de cette exigence. La tâche qui consiste à opérer une sublimation est, comme pour le refoulement, une activité du moi. Le lien général de la sublimation au refoulement est celui d’une auxiliaire, en ce qu’elle satisfait les attentes du moi sans entraîner le refoulement ; mais le refoulement existant n’est pas perdu pour autant. Une forme de sublimation partage avec le refoulement le mécanisme du contre-investissement [3].

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8 Nous sommes désormais à même d’étudier en détail ce sujet en l’abordant de façon systématique.

9 Complexité du mécanisme. Partons d’abord de l’idée que la sublimation est non pas un mécanisme unique mais un groupe de mécanismes. Voici les avantages de ce point de départ : il exclut la nécessité de formuler une définition concise et susceptible de nous empêtrer ; il indique la possibilité que d’apparentes contradictions soient dues à une comparaison injustifiable entre les composantes des différents mécanismes. Le meilleur exemple en est ici l’apparente contradiction, ou l’incertitude, soulignée par Bernfeld [4] et d’autres : ils nous rappellent qu’il est arrivé à Freud d’affirmer que la sublimation est un exemple particulier de formation réactionnelle et que, selon l’assertion qui en découle, la formation réactionnelle est à considérer comme un cas particulier de sublimation. Soit dit en passant, on peut également réduire la difficulté en tenant compte du rapport de la sublimation avec le contre-investissement du refoulement. Troisièmement, ce point de départ nous donne de la marge pour une recherche ultérieure. Par exemple, ce que l’on sait de plus en plus sur le fonctionnement du surmoi nous oblige à envisager jusqu’à quel point des éléments de culpabilité jouent un rôle décisif dans les processus de sublimation. En particulier, des articles récents de Melanie Klein [5] et d’Ella Freeman Sharpe [6] suggèrent que certains phénomènes de « réparation » presque stéréotypés contribuent en même temps à faire naître et à procurer un débouché aux besoins créatifs dont le but est, en dernier ressort, non sexuel. Melanie Klein, par exemple, a montré combien le désir de « transformer en bien » les motions destructrices envers la mère était à la base d’un besoin contraignant de peindre le portrait des parents ; et Ella F. Sharpe a montré que danser, dans un cas, représentait la réanimation du phallus du père, c’est-à-dire était la « restitution » de « ce que l’hostilité de la patiente voulait détruire, emporter de la mère ».

10 Évidemment, nous ne devons pas nous précipiter pour conclure. Il faut tout d’abord nous demander si la réparation est toujours partie prenante de la situation et souvent le seul élément qui importe. Si c’est le cas, nous aurons à décider si cela peut justifier une nomenclature spéciale. En admettant que les besoins de réparation aient un rôle décisif dans certaines sublimations, qu’elles soient artistiques, professionnelles ou autres, on pourrait trouver plus approprié de tenir compte de ce fait à partir d’un système clé, le surmoi par exemple. Ou encore nous pourrions faire dépendre cela de la rubrique générale de la substitution. Nous pourrions, entre autres, cataloguer les sublimations en nous rapportant à la situation psychique qui a principalement déterminé les ultimes manifestations de l’instinct, par exemple les sublimations expiatoires. C’est trop facilement, en fait, que nous pouvons évoquer quantité de mécanismes alors que nous devons parler avec plus d’économie et donc plus de justesse des différentes composantes d’un unique mécanisme principal, une composante « substitution », par exemple, ou un « déterminant substitution ».

11 Valeur culturelle. Venons-en à la valeur culturelle de la sublimation [7]. C’est un problème qui ne peut être escamoté. Dans l’ensemble, Freud s’est prononcé fortement en faveur d’une valeur sociale, éthique et culturelle des sublimations, mais il n’a fait entrer que très peu d’exemples dans la discussion. Bernfeld, en particulier, a été gêné à ce niveau et a montré que les activités des enfants et des adultes relèvent du même processus, qu’elles aient affaire à des objets artistiques, scientifiques ou à des objets sans valeur [8]. Il préconise l’emploi du terme sublimation pour tout détournement du but de la libido d’objet qui a lieu sans refoulement et qui est en accord avec le moi. À ses yeux, c’est un détournement qui est au service d’un but du moi (bien que le but du moi puisse, bien entendu, avoir déjà eu une existence). Le premier point, c’est-à-dire la définition en rapport avec le refoulement, ne prend pas suffisamment en compte le rapport, d’un côté, entre contre-investissement et refoulement et, de l’autre côté, entre contre-investissement et sublimation. Le second critère, à savoir le rapport avec les buts du moi, nous oblige à distinguer les buts du moi dans l’enfance de ceux dans la vie adulte. Il est vrai qu’en appliquant une norme adulte aux activités des enfants, on peut finir par ôter toute valeur culturelle à une grande part de leurs sublimations, mais nous ne sommes pas en droit d’appliquer cette norme. À moins de pouvoir établir un ensemble de valeurs du moi pour chaque étape du développement, nous devons considérer que les activités substitutives de l’enfance ont de la valeur, soit de façon immédiate, soit de façon potentielle. En outre, même en affirmant pouvoir établir des échelles de valeurs culturelles appropriées, nous ne pouvons pas faire avancer le problème beaucoup plus loin, à moins d’établir en même temps une échelle associée de critères pathologiques. Autrement dit, même si nous pouvons dire que certains buts sont sans valeur pour l’enfant lui-même, il ne s’ensuivrait pas qu’ils soient pathogènes. Dans l’ensemble, il semblerait qu’il n’y ait aucune objection à l’adoption d’une valeur culturelle des sublimations pour autant que les pulsions sublimées ont une relation anaclitique avec les pulsions du moi et que ces pulsions du moi représentent des normes extérieures appropriées ou s’y rapportent. De l’autre côté, eu égard aux produits de substitution, la valeur culturelle paraît n’avoir aucune justification. Et nous ne pouvons pas laisser de côté le fait que Freud a insisté surtout sur le simple détournement d’un but sexuel au profit d’un but qui ne l’est pas. Nous pouvons donc entreprendre de classer les substitutions selon, respectivement, qu’elles ont une valeur culturelle, ou qu’elles sont neutres, ou sans valeur, ou nocives, mais dans ce cas nous devons avoir une compréhension exacte des rapports entre sublimation, substitution et formation de symptôme. Après tout, quand nous disons que la formation de symptôme peut être attribuée à un conflit psychique, nous reconnaissons aussi l’existence de certaines valeurs sociales. La maladie, comme le remarque Freud, est essentiellement une « conception pratique ».

12 Jusqu’ici, nous avons considéré deux aspects du problème, d’une part, celui de savoir si la sublimation doit inclure un groupe de mécanismes et, d’autre part, celui de savoir si sa valeur culturelle était justifiée. Une considération de poids va nous montrer que la seconde question renforce l’importance de la première. On soutient souvent que, par exemple, les activités d’un faux-monnayeur, même habile, sont médiocres et dommageables pour la société, d’où l’on déduit que l’on ne peut pas attribuer de valeur culturelle à la sublimation dans tous les cas de figure. À beaucoup d’égards cet argument n’est pas solide. On peut dire que la modification du but des instincts est déjà accomplie dans l’art de la gravure, tandis que la conversion de l’art à des fins antisociales est une sorte d’élaboration secondaire, qui engage des processus préconscients. Ou bien que les instincts satisfaits dans une activité antisociale restent non modifiés et se distinguent des instincts modifiés qui sont satisfaits par la pratique de la gravure. Ou encore que ces activités antisociales représentent une alliance entre une sublimation réelle et une régression infantile. Néanmoins, on pourrait soutenir que, si nous adoptons ce point de vue, nous n’avons pas le droit de prétendre que les besoins « réparateurs » selon le modèle de Sharpe et Klein sont primordiaux dans la sublimation. Il est vrai que l’élément de « réparation », à la différence de l’élément antisocial, n’est jamais (pré)conscient, et qu’il peut donc avoir un lien plus étroit avec la sublimation, par exemple avec son organisation. Mais on pourrait aussi bien le considérer comme une manipulation secondaire des processus de sublimation, et non pas comme ce qui les motive en tout premier lieu. Quoi qu’il en soit, il est évident qu’un classement des résultats de la sublimation doit faire l’objet d’une recherche. Il est donc possible d’imposer à la classification des sublimations une limite précise au groupe qu’elles constituent ; ou, mieux, de limiter le nombre d’éléments que l’on peut dire partie prenante des processus de sublimation.

13 Sublimation et remplacement d’objet. Venons-en au soubassement de la définition. Lorsque la sublimation a une valeur culturelle, la connaissance est forcément prise pour l’objet autant que pour le but de la pulsion. Or, à strictement parler, elle n’entre pas dans l’affaire. Je suis en train de suggérer cependant que, à moins de prendre les « buts » dans une acception très large, nous ne pouvons éviter de faire attention aux objets des buts sublimés. À strictement parler, le but de tout instinct est la satisfaction. Si nous adoptons cette idée, alors le changement de satisfaction qu’apporte la sublimation, à savoir le passage d’une satisfaction sexuelle à une satisfaction qui ne l’est pas, nous permet de laisser l’objet de côté. Et il est vrai que dans le cas des pulsions sexuelles, en particulier de leurs composantes, l’objet est la caractéristique de l’instinct qui varie le plus. Par ailleurs, lorsque nous pensons aux buts instinctuels, nous avons l’habitude de les envisager à l’aune du comportement, c’est-à-dire en termes de mode de satisfaction. C’est selon ce mode que le degré de la relation psychique au but d’origine est préservé. Or, puisque nous savons que la sublimation peut avoir une fonction protectrice dans l’économie mentale, dans la mesure où elle offre une issue aux quantités d’énergie mobilisées et où elle empêche le blocage et le conflit, nous sommes obligés de savoir si, indépendamment de l’absence de satisfaction sexuelle dans une activité sublimée, le degré de la relation psychique préservé par le nouveau mode varie en éloignement et donc en valeur protectrice. Et il est indubitable que le degré d’éloignement psychique présente de grandes variations pour les différentes sublimations reconnues. La pulsion de curiosité sexuelle infantile à l’endroit des objets œdipiens, quand elle est convertie en curiosité scientifique pour les mœurs sexuelles des adultes, non seulement a certainement subi une déviation de but (il n’y a pas de satisfaction sexuelle dans la seconde activité), mais a aussi changé d’objet. La façon de regarder ou d’écouter n’a toutefois pas été transformée de manière appréciable. Dans le cas de la curiosité scientifique pour les habitudes sexuelles des abeilles, par exemple, la relation psychique à la situation de stimulation d’origine est encore plus éloignée, non pas par rapport au but ou au mode, mais par rapport au remplacement des objets. Si c’est un objet abstrait tel que la curiosité pour le concept de sublimation qui est substitué, la relation sera toujours plus éloignée. Lorsque les sublimations de l’érotisme anal prennent la forme de collection d’objets, la valeur sociale et culturelle est déterminée par la nature de l’objet, et non pas uniquement par le fait que la composante sexuelle du but est devenue une composante non sexuelle. La façon de collectionner peut changer légèrement, mais l’objet, lui, peut varier et consister en éditions originales précieuses ou bien en collections privées de feuilles abîmées, voire en définitions de la sublimation.

14 De plus, l’idée que l’objet est le trait d’un instinct sexuel qui varie le plus est vraie, par comparaison, entre autres, avec les pulsions de faim, où l’objet doit tôt ou tard avoir affaire au but d’origine de la satisfaction. À long terme, il y a peu de chance de satisfaire une pulsion de faim si l’on mange la nappe ou si on lit le récit des fêtes de Lucullus. Néanmoins, bien que les objets sexuels soient en un sens facilement modifiés et qu’une pulsion sublimée n’ait pas forcément besoin de revenir en arrière, l’importance de la fixation aux objets œdipiens réduit considérablement la valeur de cet énoncé, c’est-à-dire que les éléments refoulés peuvent en dernier ressort déterminer le choix d’un objet substitutif. Et vous remarquerez que dans trois groupes spéciaux de sublimations (activités inhibées quant au but, homosexualité sublimée et dévotion pour des idéalisations d’objet), l’importance de l’éloignement psychique n’est pas aussi grande que lorsque les composantes pulsionnelles sont déviées.

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17 Substitution et déplacement. Faisons un pas de plus en examinant le principal processus psychique à l’œuvre dans la déviation. Toutefois, puisque les termes substitution et remplacement ont été employés jusque-là sans définition, nous avons raison, à mon avis, de laisser de côté plus ample considération sur la sublimation tant que nous n’avons pas pris position sur la nature des instincts déviés en général. Nous devons en particulier être au clair sur la nature du « déplacement », sans quoi ce sera difficile de décrire le rapport de la sublimation, respectivement, au « symbolisme », au « retour du refoulé » et à la « formation de symptôme ». Commençons par le déplacement : je m’aperçois qu’environ vingt-cinq termes sont employés dans les traductions anglaises et dans les textes originaux, qui expriment tous tel ou tel aspect du mécanisme de déplacement, et bien qu’ils puissent être regroupés sous les rubriques du « déplacement », du « remplacement » et de la « substitution », il y a beaucoup de chevauchements. Il en résulte que la signification du terme substitution devient passablement nébuleuse.

18 Quant à la base de toutes ces définitions, nous nous rabattons sur les unités de représentation instinctuelle, à savoir le contenu psychique et les charges d’énergie psychique. Ces dernières sont, au sens clinique, de loin les plus importantes et nous approuvons, pour autant que ces charges sont appréhendées dans la conscience en dehors des éléments idéatifs, leur appellation d’« affects ». Si l’on se souvient de cela, il est évident que le terme déplacement est le plus complet des trois mentionnés. Il implique non seulement la transposition (mouvement, décharge, rayonnement, détournement, désorganisation, transfert) de l’affect (intensité, accent), mais aussi le remplacement (la substitution) d’une idée ou d’un élément par un autre. L’élément substitué est plus adapté ou moins inacceptable que ne l’était l’élément d’origine, au départ plus trivial, plus quelconque, voire sans importance, c’est-à-dire plus éloigné psychiquement. Le remplacement d’éléments implique la transposition de l’affect, mais ces termes ne sont pas interchangeables. Nous ne pouvons pas toujours employer le terme remplacement au sens de l’affect. Dans la sublimation, comme Ernest Jones l’a signalé [9], les énergies sexuelles sont non pas remplacées mais détournées. D’un autre côté, bien que « remplacement » soit le terme exact pour la désorganisation des éléments, « produit de remplacement » est quelquefois employé dans le même sens que « produit de substitution » ou « formation substitutive ». Le terme substitution, de nouveau, bien qu’il soit fréquemment appliqué à des formations mentales organisées, est de temps à autre employé (dans certaines définitions du symbolisme) dans un sens qui est déjà attaché à « déplacement » (ou « remplacement ») d’éléments. Il vaudrait mieux réserver le terme remplacement à cet aspect du mécanisme général du déplacement qui concerne les éléments idéatifs. Ce remplacement d’éléments peut être observé non seulement dans les processus de communication entre différents systèmes psychiques (rêves, mots d’esprit, symbolisme, etc.), mais aussi dans les communications à l’intérieur d’un seul système (formes allusives d’expression verbale [pcs]). Le terme substitution peut alors être réservé aux rapports entre des processus mentaux organisés (distincts des éléments) dans différents systèmes psychiques, par exemple la substitution de systèmes idéatifs préconscients à des organisations fantasmatiques inconscientes. À l’origine, Freud pensait que la substitution concernait la représentation idéative de l’instinct après le refoulement. À ses yeux, les formations de substitut étaient semblables aux fantasmes inconscients, mais plus fortement organisées qu’eux. Les formations de substitut et les symptômes impliquaient le retour du refoulé. Toutefois, il y avait beaucoup de formes de substitution différentes et, à l’époque, il ne considérait pas que substitution et formation de symptôme coïncidassent toujours. Par exemple, elles coïncidaient dans l’hystérie de conversion mais pas dans la névrose obsessionnelle. Dans la névrose obsessionnelle, la substitution par formation réactionnelle précédait la formation de symptôme et s’en distinguait par le contenu. Plus tard, toutefois, et c’est le résultat de sa réévaluation des caractéristiques de la « défense » mentale [10], il indiqua qu’il est préférable d’attribuer au processus de défense ce qui a été dit concernant la formation de symptôme et de prendre la formation de symptôme et la formation de substitut pour des termes synonymes. Il pourra affirmer, par exemple, qu’à certaines conditions le remplacement d’un élément (par exemple le père par le loup) peut être considéré comme un symptôme.

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21 Arrivés à ce point, on pourrait objecter qu’il est inutile de s’étendre sur cette question, que la sublimation se rapporte au destin de certaines composantes instinctuelles qui ne sont pas traitées par le refoulement, que nous n’avons que faire des rapports existant entre les formations organisées et que, pour autant que la sublimation est concernée, tout ce que nous avons à prendre en compte, c’est le rôle du déplacement ou du symbolisme. Mais la question n’est pas si simple. À propos du premier point, Freud a affirmé que la coopération entre pulsions conscientes et pulsions inconscientes existe, même lorsque les secondes sont soumises au refoulement, si la situation permet à la pulsion inconsciente d’agir en harmonie avec l’une des tendances qui a le contrôle. Le refoulement, dit-il, est alors écarté eu égard à cette constellation singulière et cette coopération aboutit à des réalisations d’une particulière perfection. Deuxièmement, les mécanismes de réparation qui, selon des auteurs récents, ont un rôle important dans la sublimation sont des formations de substitut qui répondent, de façon très nette, à des fantasmes inconscients fortement organisés. Troisièmement, nous dit Freud, les sublimations des composantes de l’érotisme anal ont un rôle important dans la détermination des résultats de certains cérémonials obsessionnels onanistes.

22 Formation réactionnelle. Si l’on veut établir un rapport simple entre, d’un côté, pulsion non refoulée et sublimation et, de l’autre côté, entre pulsion refoulée et formation de substitut (ou de symptôme), la plus grande difficulté tient à la façon vague dont on définit le sens de « formation réactionnelle ». Pour résoudre cette difficulté, nous devons envisager le phénomène du contre-investissement. Nous savons que le contre-investissement est d’abord le mécanisme du refoulement primaire. À la suite de situations psychiques d’une gravité exceptionnelle (qu’elles soient traumatiques d’emblée ou de façon potentielle), l’entrée dans le système préconscient (pcs) est refusée aux manifestations de l’instinct, cependant que dans le système pcs nous trouvons l’investissement d’idées éloignées psychiquement, dans une certaine mesure, du groupe traumatique. Nous reconnaissons également dans le contre-investissement un aspect du refoulement réel. Mais ici il est combiné avec le « retrait de l’investissement » des éléments pcs. Et l’on soutient en général que l’énergie du contre-investissement provient de l’investissement des éléments refoulés. Si le contre-investissement implique les manifestations d’un élément ou d’un intérêt situé à l’exact opposé, nous avons l’habitude de décrire cela comme une « formation réactionnelle » – bien que l’emploi du terme formation ne soit pas tout à fait justifié, sauf s’il s’agit d’un système de manifestations – ou, en tout cas, comme étant en rapport avec un contre-investissement qui persiste. À l’aune des critères du déplacement, tous les contre-investissements sont des déplacements et les formations réactionnelles ne sont qu’un cas particulier de déplacement à l’opposé.

23 Le problème s’est trouvé en partie éclairci par un propos récent de Freud sur la formation réactionnelle : celle-ci est à considérer comme un mécanisme de défense distinct du refoulement [11]. Mais alors nous devons être en mesure de fournir une bonne raison métapsychologique à ce changement. Est-ce parce que nous en avons trop mis jusqu’ici dans le refoulement et que nous voulons désormais en isoler un aspect particulier, à savoir le contre-investissement qui va dans la direction opposée ? Ou est-ce simplement que d’un point de vue clinique il est plus pertinent d’élever une forme particulière de contre-investissement au statut d’un mécanisme indépendant ? Il y a des arguments en faveur de cette dernière supposition. Le trait le plus frappant de l’hystérie est le retrait de l’investissement (ou désinvestissement). Certes, il y a des contre-investissements dans l’hystérie ; ils suivent les lignes du déplacement mais varient en éloignement psychique. D’un autre côté, nous trouvons dans la névrose obsessionnelle une plus ou moins grande incapacité à désinvestir en même temps qu’une exploitation extrême du contre-investissement, en particulier le long d’une ligne précise de déplacement qui passe par des manifestations opposées. Cela veut dire que le degré d’éloignement psychique est plus ou moins fixe. Dans un cas, nous avons un mécanisme labile (dont l’exemple est donné par le contre-investissement variable des stimuli externes observé dans l’hystérie) ; dans un autre, nous avons un contre-investissement organisé, intégré de façon plus ou moins permanente dans le moi. En d’autres termes, si la formation réactionnelle est un mécanisme de défense indépendant, ce doit être au sens d’un produit de substitution ayant une organisation plus ou moins permanente, en cela distinct de la labilité du contre-investissement hystérique. De ce point de vue, nous sommes autorisés à classer les divers produits de substitution selon leur profondeur et la permanence de leur rapport à la structure du moi. Par exemple, à en juger par leur degré de résistance à l’analyse, nous pouvons ordonner par ordre de permanence les manifestations psychiques suivantes : les formations de caractère normal, les formations de caractère névrotique, nombre de formations obsessionnelles et les formations réactionnelles de l’hystérie. Peut-être que des critères de cette sorte peuvent être appliqués avantageusement aux processus de la sublimation.

24 Sublimation et formation réactionnelle. En attendant, récapitulons les rapports possibles entre sublimation et formation réactionnelle à la lumière de notre analyse du déplacement. D’abord en ce qui concerne les éléments : si la formation réactionnelle est simplement une forme de contre-investissement de certains éléments idéatifs, alors c’est a priori une forme de déplacement et elle a cela en commun avec la sublimation. Mais, dans ce cas, il est difficile de soutenir que la sublimation se rapporte uniquement à des éléments non refoulés. Si, toutefois, la formation réactionnelle est une formation psychique organisée, alors nous pouvons la distinguer de la sublimation, à condition que nous nous contentions de prendre celle-ci simplement pour une variante du déplacement. Si nous prenons les sublimations pour des formations psychiques elles-mêmes organisées, alors nous pouvons justifier l’emploi d’un terme particulier, « sublimation », à la seule condition que nous puissions distinguer la sublimation d’autres formations organisées, par exemple les formations réactionnelles, les formations de caractère et les formations de symptôme. Manifestement, on rencontrerait alors des difficultés parce que nous avons l’habitude de prendre les formations de caractère pour des sublimations, en l’occurrence des sublimations de l’érotisme anal. Eu égard à la sublimation et à la formation de symptôme, il semblerait que cette distinction doive être tenue pour une certitude. Cependant, elle n’est en aucun cas axiomatique, j’espère le montrer.

25 Pour ce qui concerne les énergies, maintenant : le rapport avec la formation de symptôme est de nouveau important ici. Envisageons l’idée selon laquelle la sublimation se rapporte seulement aux instincts non refoulés. Si on l’adopte, alors on peut définitivement distinguer la sublimation des formations réactionnelles organisées parce que les secondes ont assurément affaire aux instincts qui ont subi le refoulement. Dans ce cas, cependant, les rapports de la sublimation avec la formation de caractère sont de nouveau obscurs. Selon les définitions existantes, certaines formations de caractère sont des moyens par lesquels un individu peut, dans une large mesure, se dispenser du refoulement. Et la sublimation en elle-même ne recouvrira pas le phénomène de la formation de caractère. En tout cas, lorsque nous parlons d’un individu qui se dispense du refoulement, nous pensons au refoulement réel. Peut-être que nous ferions bien d’éviter cet emploi vague du terme refoulement et parler de phénomènes de sublimation en termes quantitatifs. Nous pourrions dire, par exemple, qu’une sublimation s’applique uniquement au transfert complet d’un investissement initial dans un élément de remplacement.

26 Pour conclure notre examen de la formation réactionnelle en rapport avec la sublimation, nous pouvons nous souvenir de ce qu’Ernest Jones a toujours déduit de la distinction entre ces mécanismes [12]. Il a affirmé que la sublimation représente la continuation, après modification, de motions positives inconscientes uniquement, tandis que les formations réactionnelles comportent aussi certains éléments qui tiennent à la réaction du moi. Bien entendu, il admettrait que le produit final, dans les deux cas, montre que le but est détourné et que la distinction, comme il le signale, tient essentiellement à la source des instincts concernés. Les instincts positifs sublimés appartiennent, à l’origine, au groupe de l’appétence ; les formations réactionnelles comportent des motions positives mais comportent aussi des représentants d’instincts réactifs. En insistant sur la source des instincts et en se demandant s’ils opèrent directement ou par l’intermédiaire du moi, il nous a apporté une solution apparemment simple à la question. Selon sa conception, le détournement du but ne serait pas exclusivement une caractéristique de la sublimation.

27 Si tentante que soit cette définition, elle rencontre certaines difficultés. Si, comme on l’a suggéré, il y a des activités créatrices qui se révèlent avoir été stimulées par des besoins de réparation, nous avons alors l’exemple d’un besoin apparemment positif (l’envie de créer), qui fonctionne non pas seulement dans un sens réactif mais d’une manière qui rappelle le mécanisme obsessionnel de l’annulation [13]. Dans l’annulation obsessionnelle, rappelez-vous, un représentant de l’instinct est suivi d’un autre, calculé pour « annuler », ou « expier », ou « effacer » le précédent. Cela indique que nous avons peut-être fait dépendre et faisons toujours dépendre de la formation réactionnelle des phénomènes qui exigent une catégorie séparée.

28 Sublimation et formation de symptôme. Approfondissons maintenant les rapports de la formation de symptôme et de la sublimation. Rappelons-nous que le trait principal de la sublimation était le changement de but. Or, dans une grande majorité d’exemples, un symptôme parvient, entre autres résultats, à modifier les buts des pulsions – le substitut qui en résulte est apparemment non sexuel et, en dehors de rares cas, ne s’accompagne pas de satisfaction sexuelle. On peut essayer de se tirer de cette difficulté en disant, comme Bernfeld l’a fait [14], qu’une sublimation est l’opposé d’un symptôme, que les énergies ne sont pas en conflit mais travaillent ensemble à accroître l’activité du moi. Eh bien, à moins d’y associer une valeur culturelle, on n’a pas découvert de caractéristique unique ; dans certaines phases des névroses, les activités de l’individu peuvent être tout à fait excessives. Néanmoins, il y a ici, en tout cas, une sorte d’accord. Force est de reconnaître que les énergies chez l’obsessionnel sont dépensées dans des activités triviales. Les symptômes, nous dit Freud, sont ou bien nocifs, ou bien inutiles pour la vie dans son ensemble, ils peuvent aussi être insupportables pour l’individu et le plonger dans la détresse ou la souffrance. Ces remarques ne paraissent pas être applicables aux sublimations. Mais ces critères sont descriptifs (sociaux et cliniques) et non métapsychologiques.

29 Critères de plaisir-peine. Quoi qu’il en soit, le critère de différenciation plaisir-peine exige qu’on l’évalue. La satisfaction apportée par les activités sublimées passe pour réduire l’Unlust ou accroître le Lust, tandis que les symptômes (en dehors des bénéfices primaires ou secondaires) provoquent l’Unlust. Voilà une distinction prometteuse, semble-t-il, bien que l’on soit obligé de se demander si par le passé on n’en a pas trop fait une certitude. Freud souligne dans ses derniers travaux [15], il est vrai, l’importance de la sublimation comme méthode pour empêcher la souffrance psychique et, en ce sens, il la rattache à l’opération du principe de plaisir (par rapport à son aspect de réalité). Il a pris soin de signaler dans ce même ouvrage que nous ne pouvons pas estimer quelle est la part tenue dans ces processus culturels par l’entière suppression de la satisfaction instinctuelle ou par le refoulement. En dernier lieu, j’espère montrer que si nous menons une recherche sur les données avec suffisamment d’attention, il n’est absolument pas vrai que la sublimation ne s’accompagne pas d’une tension psychique de l’ordre de l’Unlust.

30 On peut ici trouver à redire car, mis à part les valeurs sociales, nous avons bien des moyens de faire la distinction entre un symptôme et une sublimation. On dira, en particulier, qu’un symptôme est une construction frontière, qui a un pied dans le moi et l’autre dans le ça [16]. Ou, pour le formuler autrement, c’est une formation de compromis, nourrie non seulement par des énergies qui passent par le moi mais aussi par des énergies qui viennent immédiatement du ça. Il est également rejeté par le moi. Autant d’énoncés qui ne posent pas de problème. Nous pouvons également admettre que beaucoup de formations réactionnelles et la plupart des sublimations paraissent être acceptées par le moi sans difficulté. Pourtant, il est vrai aussi que beaucoup d’activités du caractère normal tout comme la plupart des activités du caractère névrotique sont acceptées par le moi sans difficulté. Pourtant, les activités du caractère névrotique ne sont généralement pas considérées comme des sublimations, pas plus qu’elles n’ont la même structure que les symptômes. Le fait que des formations du caractère névrotique telles que des sublimations sont acceptées par le moi a été commenté par Ernest Jones [17], qui finit par dire : « Il est probable qu’il n’y ait pas de distinction nette et facile entre les deux. » Toutefois, il pense que les changements qui se produisent à la faveur de la sublimation sont plus définitifs et intrinsèques, tandis que dans les formations du caractère névrotique la nature sexuelle de la pulsion est maintenue, sous le couvert, simplement, du contact qu’elle a établi avec le moi. Dans la mesure où Jones fait appel à la « désexualisation » de la pulsion sexuelle, cette façon de voir est sans doute tout à fait valable, bien qu’elle nous oblige à examiner sérieusement le concept de désexualisation. Toutefois, pour ce qui est du détournement du but, elle peut seulement prendre en compte le degré d’éloignement psychique accompli par le déplacement et, du coup, ce n’est pas une distinction tout à fait utilisable ici.

31 Sublimation et action. Nous sommes confrontés à une difficulté semblable si nous essayons de distinguer les sublimations à partir de l’expression motrice, qui en fait partie. Il est vrai que du fait de la formation de symptôme l’expression motrice de certains instincts est soit refusée, soit limitée au corps de l’individu, tandis que la sublimation fournit à l’instinct une décharge motrice libre, pourvu que le déplacement ait été opéré. Toutefois, l’expression motrice après le déplacement est également caractéristique des réactions du caractère névrotique, dont les activités s’étendent, de la même façon, à l’environnement [18].

32 Sublimation et inhibition. Peut-être qu’une approche plus fructueuse consisterait à envisager les rapports de l’inhibition en général avec la sublimation. Nous savons que tandis que certaines inhibitions sont partie prenante de la formation de symptôme, elles peuvent s’en distinguer en ce qu’elles sont des activités du moi et sont entretenues par des énergies venant du moi. Pour employer des termes un peu vagues, la plupart des inhibitions passent pour résulter d’une érotisation excessive de la fonction du moi conduisant à la perturbation de cette fonction (par exemple les troubles de la vision) ; et pour ce qui est des buts sexuels, les sublimations peuvent être considérées comme des extensions par le moi de certaines fonctions érotiques (leur composante principale). Le lecteur peut se souvenir ici d’une proposition stimulante d’Ernest Jones [19] : la sublimation représente une répétition ontogénétique d’un stade du développement de l’homme primitif lorsque l’énergie sexuelle était d’abord dirigée vers des canaux non sexuels, entre autres le travail. Ces rapports apparemment opposés entre sublimation et inhibition méritent une investigation plus poussée.

33 Cela mis à part, le rapport entre sublimation et inhibition met en évidence un aspect dans l’étude des mécanismes instinctuels qui n’a pas encore fait l’objet d’une attention suffisante : l’ordre chronologique du développement des modifications de l’instinct. Par exemple, nous savons que les inhibitions sont la dernière ligne de défense face à l’instinct qui a échappé au refoulement, c’est-à-dire qu’elles interviennent juste avant l’activité motrice. Ce serait donc possible d’introduire un élément chronologique dans l’idée que l’on se fait de la sublimation ; elle a lieu peut-être à un moment précis, probablement tardif, dans le cours d’une série de modifications instinctuelles ou de défenses. Sa venue précéderait, bien entendu, l’inhibition [20].

34 Melanie Klein a analysé en détail, il y a quelques années, les rapports de la sublimation et de l’inhibition [21]. Bien que sa théorisation soit alors en partie fondée sur des idées qui existaient déjà sur la nature de l’angoisse, idées que Freud a modifiées depuis, ses véritables découvertes n’ont pas perdu de leur valeur. Elle met en évidence, entre autres, le fait que les inhibitions ont tendance à faire leur apparition là où une libido superflue est attachée à une sublimation existante. (Elle entend par sublimation le transfert d’un investissement libidinal à une activité du moi, le parcours étant déterminé par un déplacement sexuel-symbolique.) Cette conception souligne l’importance de l’ordre chronologique et, entre parenthèses, étaye la vérité d’une proposition générale avancée par James Glover [22], selon laquelle une inhibition recouvre un talent caché. Elle a même une importance plus grande à un autre égard : elle attire l’attention sur le rôle des sublimations en tant que conducteurs d’investissements libidinaux excessifs (pathogènes). Bien entendu, on savait déjà que dans les névroses obsessionnelles les sublimations agissaient en tant que conducteurs pour les symptômes. Cependant, le travail de Melanie Klein sur les « changements de goût » [d’intérêt pour une occupation] des enfants indiquait une exploitation plus générale de cette activité conductrice. En outre, il est aisé de voir que les sublimations peuvent avoir un rôle de conducteurs dans des constellations antisociales (par exemple, les activités d’un faux-monnayeur expérimenté). À partir de là, il semble essentiel d’accorder une plus grande attention aux aspects cliniques de la sublimation avant d’essayer de définir ses rapports avec la formation de symptôme et la formation du caractère névrotique.

35 *

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37 Sublimation et symbolisme. Le recours à l’expression « activité conductrice » nous conduit au problème peut-être le plus difficile : le rapport entre sublimation et symbolisme. À strictement parler, il se peut que nous l’ayons traité en parlant du déplacement, mais il aurait également pu être traité à bon escient avec la formation de symptôme. On aurait pu dire, par exemple, que les sublimations n’agissent pas en tant que conducteurs pour les symptômes, au contraire du symbolisme. C’est probablement vrai pour leur façon de se manifester, mais pas en ce qui concerne les énergies. Ernest Jones a signalé à cet égard que seul le transfert de l’énergie psychique est le trait qui importe dans la sublimation, tandis que dans le symbolisme toute l’importance du complexe original est conservée sans modification et simplement transférée à une idée secondaire [23]. Toutefois, il reconnaît que des idées sublimées peuvent temporairement régresser et basculer jusqu’à devenir de simples symboles de complexes. Du point de vue descriptif, par conséquent, cette distinction ne nous aide pas à sortir de nos difficultés actuelles. Dans les deux cas, il en résulte un déplacement ou un changement de but. Toute distinction fondamentale doit apparemment en passer par les énergies. Cette façon de voir invaliderait complètement toute forme de définition culturelle. Les jugements culturels seraient alors une question de goût individuel.

38 Melanie Klein a repris récemment le problème à nouveaux frais [24]. Si j’ai bien saisi ce qu’elle avance, on ne peut comprendre le phénomène de la sublimation sans le rapporter constamment aux éléments qui s’y rattachent, la fixation et le refoulement. Les étapes sont les suivantes : identification primaire – investissement sexuel-symbolique – sublimation. Le refoulement peut avoir un rôle décisif pour trois raisons : en premier lieu, en conduisant à la distinction entre identification et symbolisme (la fixation a ici un effet de retardement sur tout le développement ultérieur), deuxièmement, en empêchant le passage progressif du symbolisme à la sublimation (ici la fixation est déterminante et il en résulte une formation du symptôme) et, troisièmement, en empiétant sur les sublimations existantes lorsque celles-ci sont investies plus tard d’un excès de libido (ici c’est l’inhibition qui en résulte). L’approche de Melanie Klein est beaucoup plus complète que tout ce qui a été tenté jusqu’à présent, mais elle ne résout pas le problème de la distinction entre investissement sexuel du symbolique par les tendances du moi et sublimation. Le seul critère qu’elle avance, la présence ou l’absence d’une « tonalité de plaisir sexuel », ne s’applique apparemment qu’à la distinction entre identifications primaires sur la base d’une tonalité de plaisir et intérêt symbolique pour certaines activités, et non pas aux rapports entre symbolisme et sublimation. En l’absence d’autres critères, la distinction qu’elle avance entre sublimation et formation de symptôme n’est pas aussi commode qu’elle peut paraître à première vue. En fait, on est de plus en plus amené à penser que le maintien de la sublimation comme terme métapsychologique indépendant peut se justifier à la seule condition de pouvoir établir un changement intrinsèque dans la nature de l’énergie, comme l’a suggéré Ernest Jones en distinguant la sublimation de la formation réactionnelle. Néanmoins, l’une des découvertes de Melanie Klein est extrêmement éclairante [25]. Elle signale que le mouvement qui pousse à l’identification des activités du moi avec les activités directement sexuelles vient de l’angoisse primaire que l’enfant éprouve à mesure que se développent ses relations d’objet. Il y a, apparemment, une quantité optimale de cette angoisse, mais si elle est en excès au stade précoce, elle entraîne un retard important dans l’activité symbolique et, en dernier ressort, dans la sublimation.

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40 * *

41 Résumé. Nous pouvons désormais tenter de résumer les résultats de cette trop longue analyse. Nous avons commencé par examiner l’état de l’opinion à propos de la sublimation jusqu’en 1923. En faisaient partie la définition, puis la description du mécanisme psychique et de son rapport avec d’autres manifestations psychiques. Nous avons accordé assez peu d’attention aux modifications subies par les énergies en jeu, parce que cet aspect relève bien plus de la seconde étape, c’est-à-dire de 1923 jusqu’à maintenant. Il n’y a eu qu’un petit nombre d’apports aux aspects plus généraux de la sublimation depuis 1923.

42 Première conclusion, inévitable : les premières élaborations du concept de sublimation se sont accompagnées d’une très grande confusion. La seconde : nous ne sommes pas encore sortis de cette confusion. Nous ne sommes arrivés à rien qui soit exclusivement caractéristique de son mécanisme. Si nous ramenons la sublimation à la question du déplacement, maintenir cette expression tautologique ne servirait à rien. Si nous insistons sur les valeurs culturelles, nous ne pouvons pas nous contenter de la définir simplement comme un « détournement de but ». Si nous souhaitons donc introduire un élément culturel, nous pouvons toujours le faire, mais cela implique un ensemble de mécanismes et nous ne sommes pas en mesure de circonscrire avec exactitude cette formation complexe. En outre, si nous incluons une part de substitution dans la sublimation, nous avons alors des difficultés pour la distinguer d’autres substitutions organisées (qu’elles soient d’ordre caractérologique ou symptomatique). Et nous n’avons donc plus les moyens de discerner les rapports de la sublimation avec le refoulé et avec l’instinct non refoulé.

43 Cependant, l’existence de cette confusion nous incite à chercher une méthode précise d’évaluation. Par exemple, le degré d’éloignement psychique par rapport à la pulsion d’origine semble être un élément important dans la sublimation, mais nous sommes incapables de l’estimer avec précision, à cause du symbolisme qui est également partie prenante. Et si nous devons prendre au sérieux le degré d’éloignement, ce serait souhaitable de ne pas faire entrer la simple inhibition de but et l’idéalisation d’objet dans la catégorie des processus sublimés. Pour ce qui concerne le rapport avec les formations psychiques organisées, une piste prometteuse consisterait à mener une recherche sur les rapports des différentes formations avec les principaux systèmes psychiques (par exemple le surmoi). De même, la place de la sublimation dans une hiérarchie (ou dans une suite chronologique) de mécanismes psychiques mériterait d’être explorée.

44 Pour ce qui concerne l’énergie, bien que nous ayons à peine effleuré cette question, certaines possibilités se sont présentées d’elles-mêmes. Un élément quantitatif dans le déplacement permettrait une classification, dans laquelle la sublimation serait caractérisée par un transfert complet des investissements. L’idée vient naturellement d’une intervention (de façon indépendante ou concurrente) d’un élément qualitatif. On penche pour l’idée d’un changement qualitatif de l’énergie qui pourrait se révéler comme le seul critère métapsychologique valable de la sublimation. Illustration de cet élément qualitatif : le processus de désexualisation, à prendre en compte par la suite. Finalement, il est évident qu’il y a beaucoup à gagner dans l’examen des sources des instincts en jeu, en particulier dans celui du rapport entre les instincts réactifs et les instincts susceptibles d’être sublimés.

45 Pour conclure, nous devons nous souvenir de deux erreurs possibles dans l’abord du problème. Avant tout, il se peut que nous ayons été obnubilés par les valeurs culturelles. Peut-être que nous devrions définir la sublimation uniquement en fonction de sa valeur protectrice (en lien avec la maladie, principalement). La sublimation pourrait donc être considérée comme le processus qui permet le maximum de protection contre la maladie avec un minimum de dépense d’énergie. En dernier lieu, l’élément de valeur sociale nous rappelle qu’en essayant de définir la sublimation en termes purement métapsychologiques nous tentons peut-être l’impossible. Si, comme le pense Ella F. Sharpe, la sublimation et la culture sont limitrophes, ce serait déraisonnable d’espérer faire entrer la sublimation dans une définition métapsychologique concise.


Date de mise en ligne : 24/03/2016

https://doi.org/10.3917/ess.036.0007

Notes

  • [1]
    Traduction et notes d’Isabelle Châtelet. Cet article est paru en juillet 1931 dans The International Journal of Psycho-Analysis, vol. XII, 3e partie. [La traduction de cet article prend appui sur les traductions de Freud en anglais, auxquelles Glover se réfère dans la plupart des cas, et compte tenu de l’état lacunaire à l’époque des traductions en français. Néanmoins, les traductions françaises consultées des textes mentionnés ont été indiquées. (N.d.T.)] La deuxième partie traduite du texte est publiée sur le site de la revue Essaim, www.essaim.net
  • [2]
    S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle [1905, 5e éd. citée 1922], trad. par Philippe Koeppel, Paris, Gallimard, 1987 ; Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci [1919], trad. par Janine Altounian et coll., Paris, Gallimard, 1991 ; « Les psychonévroses de défense » (1894) ; « Actions de contrainte et exercices religieux » (1907) ; « Caractère et érotisme anal » (1908) ; « Les fantasmes hystériques et leur relation à la bisexualité » (1908) ; « La morale sexuelle “culturelle” et la nervosité moderne » (1908) ; « Un rêve comme preuve » (1913), « Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle » ; « Pour introduire le narcissisme » (1914) ; « Pulsions et destins des pulsions » (1915) ; « Le refoulement » (1915) ; « L’inconscient » (1915) [pour tous ces textes, E. Glover cite seulement des pages dans les volumes I, II, III, IV des Collected Papers] ; Conférences d’introduction à la psychanalyse [1916-1917], trad. par Fernand Cambon, Paris, Gallimard, 1999 ; Au-delà du principe de plaisir [1920], trad. fr. par J. Altounian et coll., Paris, Puf, 2010 ; Psychologie des foules et analyse du moi [1921], trad. fr. par J. Altounian et coll., Paris, Puf, 2010.
  • [3]
    Ces lignes résultent d’une compilation des textes de Freud publiés avant 1923. Elles ne consistent pas entièrement en citations, bien que parfois la formulation freudienne ait été reprise. Dans d’autres cas, on a paraphrasé : par endroits, les implications d’un énoncé sont présentées à la place de l’énoncé lui-même.
  • [4]
    Dr S. Bernfeld, « Remarques sur la “sublimation” » (1922), trad. fr. par Claude Lorrain ici même.
  • [5]
    M. Klein, « Les situations d’angoisse de l’enfant et leur reflet dans une œuvre d’art et dans l’élan créateur » (1929), trad. par Marguerite Derrida, dans Essais de psychanalyse, 1921-1945, Paris, Payot, 1968, p. 262.
  • [6]
    E.F. Sharpe, « Certains aspects de la sublimation et du délire » (1930), trad. de l’anglais par Marie-Lise Lauth et Rachel Samacher dans Ella Sharpe lue par Lacan, avec la traduction inédite des écrits d’Ella Sharpe, Paris, Hermann, 2007, p. 123.
  • [7]
    Valuation est le terme employé par Glover, qui semble n’avoir plus cours aujourd’hui. Il peut désigner l’évaluation, voire la valorisation (attribution de valeur). Plus loin, Glover emploie indifféremment value et valuation. Je remercie Mary McLoughlin pour m’avoir encouragée à opter pour « valeur ». (N.d.T.)
  • [8]
    S. Bernfeld, « Remarques sur la “sublimation” », art. cité.
  • [9]
    E. Jones, Papers on Psycho-Analysis, 1923, p. 20, 34, 50-52, 115-116, 127, 157, 193-198, 209, 216, 247, 257-258, 275, 324-326, 355, 359, 362, 606-607, 657.
  • [10]
    S. Freud, Inhibition, symptôme et angoisse (éd. all. [1926]), trad. par Michel Tort, Paris, Puf, 1951, p. 70.
  • [11]
    Ibid., p. 85-86.
  • [12]
    E. Jones, Papers on Psycho-Analysis, op. cit.
  • [13]
    S. Freud, Inhibition, symptôme et angoisse, op. cit., p. 41-42.
  • [14]
    S. Bernfeld, « Remarques sur la “sublimation” », art. cité.
  • [15]
    S. Freud, Malaise dans la civilisation [1930], trad. de l’allemand par Aline Weill, Paris, Payot, 2010, p. 66-67.
  • [16]
    S. Freud, Inhibition, symptôme et angoisse, op. cit., p. 70.
  • [17]
    E. Jones, « The anxiety character », Medical Review of Reviews, 1930, XXXVI, 3, p. 177.
  • [18]
    Sublimation et caractérologie. Le concept de caractère et, en particulier, de caractère névrotique a constamment fait difficulté dans ce contexte. On pourrait évincer cette difficulté en se débarrassant en même temps du terme. Il se peut que ce terme ait désormais perdu de son utilité et ne soit plus nécessaire ni adapté à l’abord métapsychologique. J’abonde dans ce sens, bien que la place manque ici pour en discuter. En outre, si nous abandonnions maintenant la terminologie du caractère, nous serions sans doute confrontés à une contre-attaque des caractérologues. Ils pourraient exercer des représailles en nous suggérant de renoncer au terme sublimation. De toute façon, il y a là certainement de bonnes raisons de remanier avec soin notre terminologie pour éliminer la confusion due au chevauchement des termes.
  • [19]
    E. Jones, « The theory of symbolism », dans Papers on Psycho-Analysis, op. cit., p. 203.
  • [20]
    En écrivant cet article, je remarque que Sterba (« Zur Problematik der Sublimierungslehre », Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse, 1930, 3/4, p. 371) insiste sur l’ordre chronologique des mécanismes. Non seulement il classe différents types de sublimation par ordre d’apparition, mais il considère que la formation réactionnelle doit nécessairement être précédée par la sublimation au sens de « désexualisation ».
  • [21]
    M. Klein, « Infant analysis », International Journal of Psycho-Analysis, 1926, VII, p. 31. [Voir aussi « L’analyse des jeunes enfants » (1923), dans Essais de psychanalyse, 1921-1945, op. cit., p. 123-124. (N.d.T.)]
  • [22]
    J. Glover, « Recent advances in the relation of psycho-analysis to education », Proceedings of Teachers’ Conference, Londres, 22 janvier 1924.
  • [23]
    E. Jones, « The theory of symbolism », art. cité.
  • [24]
    M. Klein, « Infant analysis », art. cité.
  • [25]
    M. Klein, « L’importance de la formation du symbole dans le développement du moi » (1930), trad. de l’anglais dans Essais de psychanalyse, 1921-1945, op. cit., p. 263, ici 265.

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