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Article de revue

Faire converger projet métropolitain et stratégies universitaires : l'autre grand chantier de Montpellier ?

Pages 37 à 57

Notes

  • [*]
    Alexandre Brun, maître de conférences, umr 5281 « art-dev », département de géographie et d’aménagement de l’Université Paul Valéry Montpellier
    alexandre.brun@univ-montp3.fr
  • [**]
    Stéphane Coursière, ingénieur d’études, umr 5281 « art-dev »
    stephane.coursiere@univ-montp3.fr
  • [1]
  • [2]
    Conférence de Jean-Paul Volle, Montpellier La Ville inventée, ensam, le 17 octobre 2012.
  • [3]
    Interview de Yannick Tondut, directeur général délégué des services de la Ville de Montpellier en charge du développement. Source : Université et Territoires, n° 65, p.8.
  • [4]
    Le site d’Agropolis est l’un des derniers à avoir été inauguré au nord de Montpellier (1992). Ce projet témoigne d’une volonté de regrouper les sites scientifiques dans un même territoire (éloigné du centre).
  • [5]
    La Défense Nationale était l’un des grands propriétaires de Montpellier. Le génie était localisé à la caserne Joffre, l’artillerie à la caserne Guillot et l’infanterie de l’autre côté du Verdanson. Les terrains du Polygone ont été rachetés par la municipalité en 1978 et 1979. Trente ans plus tard, la Ville s’est à nouveau portée acquéreur de bâtiments situés dans le sud-ouest de la ville afin de mettre en œuvre un programme de 2 500 logements et d’un parc urbain traversés par la future ligne de tramway (n° 5).
  • [6]
    Selon le géographe Georges Roques. Source : http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=2181 consulté le 2 mai 2013.
  • [7]
    C’est Jean-Claude Deshons (agence Deshons Jaulmes), architecte de l’ancienne mairie en 1975 qui est aussi maître d’œuvre du campus de Montpellier 2 et de la cité universitaire Triolet entre 1967 et 1973.
  • [8]
    Sources : conférence de Philippe Jaulmes, séminaire du master « Urbanisme et projets de territoire », Montpellier 3, mars 2012, et « Philippe Jaulmes, acteur et témoin d’une œuvre architecturale », Le Dit de l’UPV, juin 2011, n° 125, p. 9.
  • [9]
    Le classement international Greenmetric Ranking of World Universities place la première université française (Bretagne Sud) au 69ème rang sur 178. Seules quelques universités, comme celle de Nantes, ont été associées à l’élaboration des Agenda 21 des métropoles. Source : Environnement Magazine, juin 2012, n° 1708, p. 22-24.
  • [10]
    Entretien avec Jean-Pierre Foubert, ancien conseiller technique de Georges Frêche, le 3 mai 2013.
  • [11]
    Avec d’autres Régions comme l’Aquitaine et Rhône-Alpes notamment. Source : entretien avec Alain Beauvais, président de la Région Basse-Normandie, président de la Commission esr au sein de l’Association des Régions de France, Urbanisme, hors série n°43, novembre 2012, p.19-20.
  • [12]
    Lors du colloque « L’avenir des relations entre collectivités territoriales et universités » d’Aixen-Provence les 3 et 4 décembre 2009, Daniel Vitry, directeur de la Mission « Université » de la Caisse des Dépôts a confirmé la signature d’une cinquantaine de conventions de partenariats avec les universités et les pres. Cet enjeu immobilier a été « intégré par de grands groupes comme Bouygues » a de son côté affirmé Dominique Jego, directeur du Pôle Universitaire à Bouygues efe. Les modalités précises de la mise en œuvre des partenariats public-privé prévus au titre de la seconde tranche de travaux à Montpellier restent à définir.
  • [13]
    Selon Anne Fraïsse, présidente de l’Université Paul-Valéry, pour qui « l’autonomie est un leurre » : « le gouvernement [Fillon] nous a promis des marges de manœuvre supplémentaires dès lors qu’il nous aurait transféré l’ensemble de la masse salariale. Sauf que ce transfert a été pensé comme un outil destiné à réduire nos personnels ». Source : www.directmontpellier.com le 20 novembre 2012.
  • [14]
  • [15]
    Le rapport de synthèse « 12 Campus du xixe siècle » (mesr) indique que 93 500 m² seront créés et 45 800 m² seront réhabilités (p. 36). Certains projets n’étaient alors pas pris en compte.
  • [16]
    Dans le cadre du concours « Université et Urbanisme à Montpellier Sud de France », 6 groupements ont été sélectionnés pour participer à l’élaboration d’un schéma directeur du futur campus de Montpellier. Le jury a préconisé en octobre 2010 de classer deux vainqueurs ex aequo, ce qui n’est pas fréquent. Le pres umsf a signé en décembre 2010 un marché avec les 2 groupements vainqueurs. Le cabinet Hargreaves a été choisi pour son projet « Connexions-Hydropolis » centré sur le pôle de compétitivité sur l’eau. N+B Architectes a été remarqué pour son projet « Un campus habité pour une ville sensorielle ». Le pres umsf et la Ville de Montpellier coordonnent les deux équipes avec l’objectif commun d’aboutir fin 2012 à un schéma opposable. Source : Atelier Campus, 1er mars 2011.
  • [17]
    insee, Repères pour l’économie du Languedoc-Roussillon, n° 4, février 2000, 4 p.
  • [18]
    Avec 21 laboratoires d’excellence et 9 équipements d’excellence, la Région s’affirme sur des thématiques comme la chimie, la santé et l’agronomie. La plupart des projets sont situés dans l’agglomération et concerne, à quelques exceptions près (archéologie à Lattes par exemple) des programmes susceptibles de déboucher sur des brevets. Source : http://www.enseignementsuprecherche.gouv.fr/cid56718/investissements-d-avenir-en-languedoc-roussillon.html consulté le 15 mars 2012.
  • [19]
    L’Université Montpellier 3 a proposé qu’une fédération d’universités soit constituée ; cette solution permettait à chaque université de garder la main sur ses spécialités tout en progressant sur des projets collectifs ciblés. Cependant la Région et le ministère y étaient opposés car les économies de moyens espérées étaient limitées.
  • [20]
    Entretien avec un membre du conseil scientifique de l’Université Montpellier 3, le 9 mars 2013. La Région a ainsi accordé en avril 2013 un financement au projet de centre spatial de Saint-Priest de Montpellier 2. Source : http://www.univ-montp2.fr/lum2/actualites-de-l-um2/4577-lum2-poursuit-sa-conquete-de-l-espace-2 consulté le 7 mai 2013.
  • [21]
    Le Premier ministre a annoncé en février 2012 les résultats de la deuxième vague des appels à projets d’idex. Le Languedoc-Roussillon est le seul à échouer au Sud (« Idex Bordeaux » en Aquitaine, « Aix-Marseille University Idex » en Provence-Alpes-Côte d’Azur et « Université de Toulouse » en Midi-Pyrénées). Source : mesr, février 2012.
  • [22]
    La faculté de médecine de Nîmes est restée sous le giron de l’Université Montpellier 1 et son iufm sous celui de l’Université Montpellier 2.
  • [23]
    En revanche, le divorce institutionnel contraste avec la géographie humaine. « Près de la moitié des nouveaux arrivants, depuis 1999, se sont installés dans l’espace métropolitain qui relie Sète à l’ouest à Alès à l’est, en passant par Montpellier et Nîmes, constatent Bernié-Boissard et Chevalier (2011). Autrement dit, les deux tiers de la population vivent des aires urbaines qui tendent à se souder du fait du développement des zones résidentielles. » (op. cit., p. 143).
  • [24]

1Montpellier comptait moins de 100 000 habitants après guerre. La croissance urbaine et démographique de la ville a débuté dans les années 1960. Sous l’impulsion de François Delmas, maire de 1959 à 1977, de grandes opérations d’urbanisme ont été mises en œuvre afin de répondre à l’arrivée massive des rapatriés d’Afrique du Nord, à la nécessaire diversification de l’économie locale et à la modernisation des infrastructures routières. La politique volontariste de la municipalité et la situation géographique de la ville font de cette dernière le pivot de l’aménagement du territoire dans le Languedoc. À ce titre, l’État a créé dans la périphérie de Montpellier les campus Triolet et Paul Valéry, séparés l’un de l’autre par la route de Mende. Ces sites, mal desservis par les transports en commun, sont localisés au-delà de la Via Domitia au Nord de la ville, à l’écart des services urbains et des facultés historiques. Le quartier « Hôpitaux-Facultés » s’est toutefois révélé être un des moteurs de l’extension urbaine et l’une des portes d’entrée d’une ville, alors davantage tournée en direction des garrigues que vers la mer.

2Le décollage de Montpellier remonte aux années 1960 (rapatriés d’Afrique du Nord, installation d’ibm en 1964) mais le début des années 1980 constitue un tournant pour la ville. Georges Frêche, qui a succédé à François Delmas en 1977, avait pour ambition de faire de Montpellier une capitale régionale. Dans cette perspective, cet universitaire a mené à bien de grands projets à commencer par la construction du quartier d’Antigone. Le centre de gravité de Montpellier s’est ainsi déplacé vers le sud-est, ce qui a eu pour effet d’éloigner un peu plus les deux campus de la route de Mende (1960) et celui d’AgroPolis (1990), du centre ville – où logent bon nombre d’étudiants. La création de la première ligne de tramway, voulue par Georges Frêche pour désenclaver l’ouest et en particulier la zup de la Paillade, a en partie soulagé les usagers sans permettre cependant de répondre pleinement à son objectif initial : les campus, autrefois imaginés par l’équipe Egger-Jaulmes et Deshons, sont toujours mal desservis, vieillissants et dépourvus d’agrafes urbaines avec les quartiers alentours faute en particulier à l’absence d’espaces publics de qualité.

3Au-delà des cas des campus de la route de Mende et d’AgroPolis, les stratégies immobilières des universités se sont diversifiées au cours des quinze dernières années suivant un double processus d’implantations supplémentaires dans la partie nouvelle de la ville (construction du Centre Richter sur les rives du Lez), et de « retour » en centre ville (requalification des anciens hospices de Saint-Charles place Albert 1er). La localisation de Richter fait ainsi écho à l’évolution d’un projet montpelliérain, dont le Lez à partir d’Antigone et l’avenue Raymond Dugrand (ex-route de la Mer) constituent aujourd’hui un axe clef en direction de Palavas-les-Flots. Le choix de réinvestir Saint-Charles s’inscrit davantage dans le cadre du renouvellement urbain du vieux Montpellier, un autre volet – jusqu’à présent secondaire – de la politique urbaine de la municipalité. On voit mal cependant en quoi les établissements d’enseignement supérieur et de recherche jouent aujourd’hui un rôle dans le projet urbain de Montpellier. L’« Opération Campus » débutée en 2009 paraît déconnectée des ambitions désormais métropolitaines de la municipalité à cause de problèmes de gouvernance, alors qu’elle recouvre de multiples enjeux en matière de logements, d’environnement et de transport, précisément à l’échelle métropolitaine.

4Cet article repose sur l’examen de l’Opération Campus au prisme de la politique d’urbanisme de Montpellier. Outre l’exploitation des diagnostics et des projets d’aménagement relatifs aux universités montpelliéraines, il s’appuie sur l’analyse géographique des sites et des projets immobiliers universitaires ainsi que sur la visite des centres existants (situation, dessertes par les transports en commun, état général des bâtiments, etc.). Une série d’entretiens a également été réalisée auprès d’une dizaine d’acteurs locaux (architectes, conseillers techniques de la Ville…) entre 2011 et 2013.

5L’article opère un retour sur les grandes étapes de l’expansion montpelliéraine depuis les années 1960 auxquelles les grands ensembles universitaires ont largement contribué, avant d’analyser l’articulation (ou plutôt l’absence d’articulation) entre les projets immobiliers universitaires et la politique urbaine de la ville dans un contexte d’autonomisation, hier, des collectivités territoriales, et, aujourd’hui, des universités.

Genèse et ancrage territorial de l’université montpellieraine dans et hors les murs

Montpellier, une ville de tradition universitaire qui concentre la majorité des établissements d’enseignement supérieur et de recherche du Languedoc-Roussillon

6À l’origine le seigneur de Montpellier, Guilhem VIII, a accordé en 1180 à quiconque le droit d’exercer et d’enseigner la médecine. En 1220, le cardinal Conrad a fondé la plus ancienne École de médecine en exercice du monde occidental. Les juristes se sont organisés vers 1260. L’université de Montpellier a regroupé les Écoles de médecine, d’arts et de droit en 1289 [1]. L’enseignement de la théologie (1421), puis des sciences (1809) et de la pharmacie s’y ajoutent successivement et contribuent à lui donner une réputation d’excellence en Europe.

7Cet héritage explique au moins en partie que Montpellier était déjà au début des années 1950 l’une des huit villes de province qui comptait plus de 5 000 étudiants avec Bordeaux, Lyon, Aix-en-Provence, Toulouse et Lille (Vassal, 1969). Elle n’était alors classée qu’au vingtième rang des villes françaises (90 000 habitants). En 1970, les anciennes facultés ont formé trois universités distinctes à savoir les Universités de Montpellier 1 (médecine, pharmacie, droit, sciences politiques, économie et gestion), Montpellier 2 (sciences et techniques) et Montpellier 3 (lettres, arts, langues et sciences humaines). Pour paraphraser Baron (2010, p. 95), l’« ambiance universitaire » est élevée à Montpellier où près d’un habitant sur cinq y est aujourd’hui étudiant (55 000 étudiants et plus de 3 000 enseignants-chercheurs et chercheurs sur 255 000 habitants en 2010).

8À l’échelon régional, l’enseignement supérieur et la recherche jouent un rôle capital. « Dans un contexte où le taux de chômage structurel est l’un des plus élevés de France (12,8 % au 2e trimestre 2010, source insee), et où le pib par habitant est l’un des plus faibles (23 923), le marché de l’emploi est soutenu par le tourisme et la création d’entreprises. Cette situation contrastée conduit les collectivités à accorder une importance stratégique au développement de l’enseignement supérieur et de la recherche […] » (Aeres, 2011, p. 5).

9La plupart des établissements d’enseignement supérieur et de recherche sont situés à Montpellier. La région est le siège de 5 universités ; seules deux sont localisées à l’extérieur de Montpellier (Nîmes, Perpignan) (cf. Carte 1). Il en est de même pour les écoles, presque toutes localisées à Montpellier, excepté l’École des mines d’Alès (enstim) qui y possède toutefois une antenne. En caricaturant beaucoup, on pourrait parler de Montpellier et du désert languedocien, surtout en ce qui concerne la recherche. La plupart des dix organismes de recherche (brgm, cea, irstea, cirad, cnrs, ifremer, inra, inria, inserm, ird) sont implantés à Montpellier.

Carte 1

Répartition spatiale des universités en Languedoc-Roussillon

Carte 1

Répartition spatiale des universités en Languedoc-Roussillon

(Réalisation : S. Coursière ; Source : mesr ; 2012)

10Les forces de la métropole montpelliéraine, qui va pour le géographe Jean-Paul Volle de Sète à Alès en passant par Nîmes [2], et celles de la région Languedoc-Roussillon se confondent donc pratiquement. Au fond, seule l’Université de Perpignan Via Domitia qui collabore avec la Catalogne et cultive son propre héritage universitaire semble faire exception. Montpellier est assez comparable à Toulouse, qui accueille près de 100 000 étudiants, soit le quart de la population de son agglomération. Dans les deux cas, ces villes se trouvent dans une logique d’intérêts communs avec leurs universités.

La construction du campus en 1967, une aubaine pour une ville en plein essor

11Dans les années 1960, l’État devait répondre à la croissance des effectifs étudiants entretenue par la poussée démographique et la nécessité de former des cadres (Vassal, op. cit.). Le nombre d’étudiants est passé de 120 000 à la fin des années 1940 à 150 000 en 1950 et à un demi-million en 1968 (Musselin, 2001). « La Sorbonne, par exemple, reconstruite en 1890 pour accueillir 10 000 étudiants a du en recevoir 60 000 à la rentrée de 1967 ! » (Goldstein, 2003, p. 65). Les facultés situées dans les centres anciens ont été saturées et les locaux inadaptés aux besoins des utilisateurs en matière d’étude ou encore de logement. « La faiblesse et le retard de notre équipement universitaire au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ont poussé [les pouvoirs publics] à faire des choix résolument novateurs » (Vassal, op. cit., p. 133). Le modèle qui prévalait alors au sein de l’administration comme chez les maîtres d’œuvre était celui des campus localisés en périphérie des villes. La crainte que le milieu universitaire a inspirée après les événements de 1968 a conforté l’État d’avoir fait ce choix (Merlin, 1995).

12« La philosophie des campus reposait sur l’idée très forte de construire des villes […] assurant bien entendu les fonctions d’enseignement, celles des logements étudiants et de l’existence de toutes les aménités nécessaires à la vie quotidienne : en clair, on voulait construire la ville hors la ville, à l’exemple des campus américains et de Louvain-la-Neuve » (Hudon et Augustin, 2005, p. 105). Mais, à la différence des campus américains, le campus français correspondait plutôt à « un groupement commode de facultés et de résidences, soumis à une tutelle administrative uniforme et destiné à faire face rapidement aux besoins de l’expansion. Coupée de la cité sans pour autant conquérir son indépendance, l’université doit ainsi affronter de nouveaux problèmes que l’absence de recul ne permet pas d’apprécier exactement » prophétisait Vassal (op. cit., p. 137).

13Montpellier a été l’une des principales bénéficiaires des chantiers engagés par Paris dans le Languedoc au titre de l’aménagement du territoire (création de la Compagnie nationale d’aménagement du Bas Rhône et du Languedoc en 1955, « Mission Racine » en 1963, etc.). La construction des campus de Montpellier 2 et 3 sur la route de Mende a quant à elle renforcé le statut universitaire et scientifique de la ville, devenue depuis capitale régionale. Cette décision « parisienne » était une aubaine pour une ville moyenne alors en plein essor et à la recherche d’entreprises industrielles modernes (ibm s’y implante en 1965).

14La municipalité conservatrice d’alors, proche du pouvoir, a de son côté multiplié les opérations d’urbanisme dans le nord et le centre de la ville. Elle a par exemple modernisé la voirie suite à l’abandon des anciens tramways électriques en 1949 et a débuté la construction d’un centre commercial dans le prolongement de la Place de la Comédie, le Polygone. Elle a confié à la Société d’équipement de la région Montpelliéraine (serm), créée en 1961, la réalisation de la zup de la Paillade, récemment renommée la Mosson, en réponse au besoin de logements lié à l’accueil des rapatriés d’Afrique du Nord (serm, 2011). Entre 1962 et 1975, la population montpelliéraine est passée de 123 000 à 196 000 habitants ; aux rapatriés s’ajoutent les cadres du privé (informatique, pharmacie, tourisme) et les fonctionnaires (administrations régionales). Les nouveaux campus comptent parmi les principaux employeurs de la ville.

15Quarante ans plus tard, le réaménagement des sites universitaires du Nord de Montpellier constitue l’un des principaux chantiers de l’agglomération (cf. Carte 2). Les ensembles universitaires peinent à dialoguer avec le reste de la ville, en particulier en raison de leur caractère monofonctionnel. Le problème n’est pas propre à Montpellier : les campus sont à l’Université ce que les grands ensembles de banlieue sont à la ville résument Dubet et Sembel (1994) au sujet de Bordeaux. Ce constat vaut notamment pour Lyon où les usages universitaires n’ont pas été insérés dans des systèmes plus globaux de pratiques urbaines (Lussault, 2009).

16La décentralisation puis l’autonomie des universités (circulaire de 1989 et loi lru de 2007) ont modifié les rapports entre l’État, l’Université et les collectivités territoriales – au profit de ces dernières (Lebeau et Vadelorge, 2012). « Peu contesté depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’État doit faire face à la montée en puissance de l’Europe et des institutions locales » (Aust et Créspy, 2009, p. 915). Le lancement des plans Université 2000 (U2000) et Université du 3e millénaire dans les années 1990, et l’importance croissante des contrats de projets État-Région témoignent de l’intervention plus affirmée des institutions locales (Aust et Crespy, op. cit.).

17À Montpellier, la conduite des projets immobiliers universitaires se révèle particulièrement difficile, d’une part, en raison des désaccords entre les universités sur la stratégie à suivre, et, d’autre part, à cause de l’orientation des projets urbains davantage tournés vers la mer depuis la fin des années 1970 que vers le Nord (Anton, 2011).

Carte 2

Localisation des universités à Montpellier

Carte 2

Localisation des universités à Montpellier

« Universitariser » la ville pour favoriser ses ambitions métropolitaines

18Le Nord de Montpellier concentre 90 % des fonctions d’enseignement et de recherche sur 1/5e de la ville environ (cf. carte 3). Cependant, si « la proximité des universités est flagrante sur une carte […] elle n’est pas du tout perceptible sur le terrain [3] ». La Ville de Montpellier a donc pour ambition d’urbaniser l’université en s’appuyant sur l’Opération Campus car à la cohérence scientifique, doit répondre la cohérence urbaine. Reste que le problème n’est pas tant la conduite de ce vaste projet urbain que le contexte universitaire, particulièrement difficile.

Carte 3

Le cône universitaire de l’Opération Campus

Carte 3

Le cône universitaire de l’Opération Campus

(Réalisation : S. Coursière, 2012 ; Source : Dossier « Candidature campus umsf », 2008)

Montpellier à marche forcée vers la mer

19Montpellier n’est plus la ville repliée sur son centre historique, réduit à l’Écusson et à quelques quartiers adjacents comme c’était encore le cas dans les années 1950. Cette ville s’est en effet développée au nord et à l’ouest dans les années 1960 et 1970 en raison des opportunités foncières que ces secteurs offraient. Au-delà du quartier Boutonnet, les propriétaires étaient assez peu nombreux et les terrains encore libres de construction suffisamment vastes pour autoriser la création puis l’extension du tissu universitaire. La déprise agricole conjuguée aux crises récurrentes de la viticulture a en quelque sorte facilité la mise en chantier du futur quartier « Hôpitaux-Facultés [4] ». À l’est en revanche, les parcelles riveraines du Lez étaient inondables. L’armée, propriétaire de dizaines d’hectares, empêchait de surcroît le développement urbain vers le fleuve [5].

20Le « décollage » de Montpellier remonte aux années 1960 (rapatriés d’Afrique du Nord dès 1962, installation d’ibm en 1964…) mais il y eut une forte accélération par la suite [6]. Montpellier s’est rapidement étendue à l’est à partir de la fin des années 1970, puis vers la mer dans les années 1980. À l’emplacement du Polygone – qui désigne, en langage militaire, un champ de tir – l’équipe Delmas a engagé des études pour la construction d’un centre commercial éponyme, dans le prolongement de la place de la Comédie. « À la faveur du changement de municipalité aux élections de 1977, cette orientation majeure, au-delà du centre commercial Polygone, [n’a pas été] remise en cause et [a même constitué] le leitmotiv de la nouvelle politique d’urbanisme » (Viala et Volle, 2010, p. 33).

21Se substituant aux esquisses projetées sous la municipalité précédente, l’opération urbaine d’Antigone voulue par Georges Frêche et conçue par l’architecte catalan Ricardo Bofill a traduit le changement politique opéré. Sous la direction de Bofill et du paysagiste Michel Desvigne, Port Marianne s’est inscrit dans cette continuité spatiale dans les années 1990 ; « le cours du Lez recalibré faisant transition, selon un axe qui deviendra prioritaire pour la première ligne de tramway (Viala et Volle, op. cit., p. 33).

22Le centre de gravité de la ville s’est progressivement déplacé vers le fleuve. L’abandon en 2011 de l’ancien hôtel de ville situé à proximité du Polygone au profit de la nouvelle mairie, œuvre de François Fontès et de Jean Nouvel face à Port Marianne, en témoigne [7]. Le Lez, jadis ignoré, est devenu l’un des espaces préférés des citadins une fois assaini et transformé en parc urbain (Brun, 2010). Depuis le milieu des années 1990, Montpellier a eu pour priorité de se développer de zac en zac, sur les rives du Lez puis au long de l’avenue de Raymond Dugrand, en s’appuyant sur de grands équipements en particulier le très controversé Odysseum (Garnier, 2009).

23Seul le Centre Richter (Montpellier 1) est situé à proximité du Lez. Il n’accueille aujourd’hui qu’un quart des étudiants de Montpellier 1 sur une douzaine d’hectares alors qu’il était initialement question d’y transférer la faculté de Droit en créant un grand campus. Le conflit entre Georges Frêche, maire de Montpellier à l’origine du projet et lui-même professeur de droit romain à Montpellier 1, et Yves Loubatières, alors président de l’Université Montpellier 1, et fervent adepte du maintien en centre-ville du pôle d’enseignement du droit-sciences économiques, s’est soldé par un compromis bancal. La faculté de Droit ayant refusé de déménager à Richter, deux ufr seulement s’y sont finalement installées au milieu des années 1990. L’alternative consistant à rapatrier à Richter une partie des étudiants « excentrés » du campus Paul Valéry a, à l’époque, été écartée par le président de Montpellier 3.

24La capitale régionale a désormais des ambitions métropolitaines. Cependant, jusque dans les années 2000, l’articulation entre le projet métropolitain de Montpellier et les démarches immobilières des universités n’apparaît pas clairement. Or, comme l’a souligné Michel Lussaut, l’université n’est pas « un simple équipement parmi d’autres, qu’il faudrait avoir pour faire figure de métropole » (op. cit., p. 15). Autrement dit, la métropolisation doit reposer sur l’intégration des usages universitaires dans des systèmes plus globaux de pratiques urbaines. Dans cette perspective la Ville de Montpellier, Montpellier Agglomération et la Région Languedoc-Roussillon ont travaillé plus étroitement avec la gouvernance universitaire dans le cadre du Pôle de recherche et d’enseignement supérieur Université Montpellier Sud de France (pres-umsf).

De la création du pres-umsf à la mise œuvre des objectifs de l’Opération Campus

25À l’issue d’un appel à projets lancé en 2008 par le ministère de la Recherche et l’Enseignement supérieur auprès des grandes villes universitaires françaises, les candidatures de 12 campus – dont la candidature « Université Montpellier Sud de France » portée par les trois universités de Montpellier et Montpellier SupAgro – ont été retenues. Ce plan national de 5 milliards d’euros a pour objectif de faire émerger des campus d’excellence qui seront la vitrine de la France et renforceront l’attractivité de l’Université française à l’international.

26Le pres-umsf est un établissement public créé par décret en juin 2009. Il est composé de trois membres fondateurs à savoir les universités Montpellier 1, Montpellier 2 et Montpellier 3, et de pas moins de 12 membres associés, Montpellier SupAgro, enscm, École des mines d’Alès, l’Université de Nîmes, l’Université de Perpignan, l’ird, le cirad, le chru, l’irts, le crous de Montpellier, la Région Languedoc-Roussillon et la Ville de Montpellier. Sa mission consiste à assurer la gouvernance des projets et le suivi de l’Opération Campus.

27Cette dernière repose sur la construction et le renforcement d’ici 2020 de pôles d’excellence transdisciplinaires, tout en développant les infrastructures nécessaires à la vie étudiante. Les engagements financiers de l’État et des collectivités territoriales ont été formalisés par une convention partenariale de site et une convention d’ingénierie de projet, respectivement signées le 16 décembre 2009 et le 18 février 2010. La Ville et le pres ont pour proposition de réaliser un campus unifié de 860 hectares, aménagé sous forme de cône, partant du centre-ville historique de Montpellier (Écusson, Jardin des plantes, Institut de botanique, Faculté de médecine et de droit) et s’élargissant jusqu’aux zones vertes du nord de Montpellier (Bois de Montmaur, Parc zoologique Henri de Lunaret, Agropolis).

28Ce projet s’appuie sur cinq pôles. En partant du centre ville, le premier s’articule autour de Saint-Charles et des lieux d’implantation historiques de l’Université (siège de la future université unique de l’umsf). Le deuxième pôle associe SupAgro à la faculté de pharmacie et à la cité universitaire Boutonnet. Le troisième pôle correspond au campus Triolet (complété par un nouvel édifice dédié à la chimie) mieux agrafé à un campus de lettres et sciences humaines remodelé. Le quatrième pôle, à dominante hospitalière, accueillera la future université de médecine, et à proximité le campus de mathématiques et d’informatique de Saint-Priest. Le cinquième, AgroPolis, sera transformé afin d’être mieux desservi et spatialement plus cohérent.

29En revanche, les universités semblent avoir provisoirement renoncé en 2012 à la Maison de l’eau que les architectes d’Hargreaves (projet Connexion/HydroPolis, 2010) considéraient pourtant comme prioritaire. Cette réalisation devait matérialiser la place de leader de Montpellier sur l’eau, faciliter la structuration de la communauté scientifique puis son rapprochement avec les acteurs économiques de l’eau, et, abriter quelques-unes des nombreuses formations montpelliéraines sur l’eau (16 au total). Des directeurs d’unités de recherche ont lancé en 2012 un projet d’Institut de l’eau. Cette initiative a été saluée par les tutelles, dans la mesure où le Pôle de compétitivité à vocation mondiale sur l’eau labellisé en 2010 tarde à s’imposer en tant que structure porteuse de projets innovants. Le financement d’un bâtiment pour accueillir un tel institut n’est toutefois pas assuré et sa localisation fait débat – la solution optimale étant de construire à l’interface des campus de sciences et de lettres afin de les décloisonner tant au plan scientifique qu’urbain.

30Ces sites sont en effet repliés sur eux-mêmes. La configuration des lieux et les choix effectués à l’époque l’expliquent : les campus sont voisins mais ils sont entourés de clôtures infranchissables et sont séparés par une artère routière très fréquentée (la route de Mende). Les usagers sont privés d’importants services urbains et de dessertes pratiques par les transports en communs. La localisation des stations de la première ligne de tramway, débattue au début des années 1990, a par la suite été sévèrement critiquée par les utilisateurs du campus de lettres et sciences humaines contraints d’emprunter une navette pour s’y rendre.

31Ce campus souffre en outre d’une mauvaise image. Parfois appelé « Calcutta » à cause de la sur-fréquentation, le campus Paul Valéry, prévu initialement pour accueillir 8 000 étudiants en accueille aujourd’hui 16 000. Au grand désespoir de Philippe Jaulmes l’un de ses concepteurs, « l’augmentation massive des étudiants a entraîné la construction en urgence de bâtiments préfabriqués devenus pérennes qui font travailler étudiants et personnels dans des conditions inadaptées et l’éparpillement de certaines formations sur des sites annexes délabrés (site Saint-Louis, site Abbé de L’Épée) » (Université Paul Valéry, 2010, p. 3). De nouveaux bâtiments sans cachet ont par ailleurs été implantés à la va-vite dans les années 1980 et 1990 [8]. Le coût de la mise aux normes environnementales contraint les établissements à différer la modernisation des bâtiments (réglementations thermique et acoustique, économie d’eau…) et l’automobile s’est partout imposée [9].

32Le campus Paul Valéry est pourtant « la création la plus aboutie des constructions universitaires de Montpellier des 1960. […] Après les barres géométriques évoquant les grands ensembles des bâtiments de sciences, la faculté des lettres témoigne de solutions nouvelles plus esthétiques dans la distribution harmonieuse des masses et des vides, les axes de circulation et la mise en œuvre monumentale de la création artistique intégrée (1 % culturel) associant architectes et artistes [de renom comme] Victor Vasarely [ou] locaux […] notamment Albert Dupin avec le mur dit cyclopéen des bâtiments d’art et d’archéologie abritant la collection de moulages classée aujourd’hui au titre des monuments historiques » (Comte, Palouzié et Pinchon, 2012, p. 42). La rénovation de ce site, déjà planifiée et théoriquement financée, n’est toutefois pas la priorité de l’Opération Campus.

Le programme, le budget et le calendrier de l’Opération Campus sont remis en cause

33Le budget prévisionnel est de 325 millions d’euros affectés à Montpellier sur les comptes de l’État. Ce à quoi il faut ajouter la participation de la Région à hauteur de 162,5 millions d’euros. C’est Georges Frêche qui s’est engagé en qualité de Président de Région en faveur de l’Opération campus. Son arrivée à la tête de l’exécutif régional en 2004 coïncide pratiquement avec le Plan Campus (2007). Aussi, ce que le maire de Montpellier n’a pas pu faire (au-delà, par exemple, de la création du Salon EuroMédecine en 1985) en raison notamment de désaccords successifs avec le ministère de l’Enseignement Supérieur, le président de la Région comptait bien s’y atteler. L’ancien maire était convaincu que la réputation de Montpellier est intimement liée à l’histoire et au rayonnement de son université. C’est pourquoi il a ressuscité – grâce à la Région – plusieurs projets jadis enterrés où technopole et cités universitaires occupaient une place centrale [10].

34Son successeur en 2010, Christian Bourquin, a depuis confirmé la participation de la Région. À titre de comparaison, la Région Languedoc-Roussillon est l’une des plus investies au niveau national dans un plan de cette nature [11]. C’est dire l’importance que revêtent l’enseignement supérieur et la recherche pour cette région qui compte parmi les plus faiblement industrialisées. Des acteurs publics locaux, surtout la Ville de Montpellier et Montpellier Agglomération, participeront aussi au projet respectivement au titre de la requalification des espaces publics et pour la construction de la cinquième ligne de tramway. Le recours aux partenariats publics-privés permettra en théorie au pres d’assurer, en sus des investissements initiaux, l’entretien et la maintenance de bâtiments neufs ou réhabilités [12].

35Le pres-umsf a programmé deux partenariats publics-privés dont les études préalables sont en cours. Nombre d’experts sont réservés sur ce principe, qui avantage l’investisseur qui se voit confier la conception, la construction et la maintenance des bâtiments. Avec un loyer échelonné sur 25 ou 30 ans les établissements risquent de payer plusieurs fois le prix du bâtiment (Anton, op. cit.). Autonomes depuis peu, les Universités de Montpellier 2 et 3 craignent ne pas pouvoir faire face à leurs engagements [13]. Peuvent-elles toutefois s’appuyer exclusivement sur des partenaires publics quitte à retarder la réalisation de leurs projets ?

36Le débat mérite d’être ouvert à Montpellier car, si le gouvernement socialiste de Jean-Marc Ayraut n’a pas fondamentalement remis en cause le principe d’autonomie des universités, il a par contre opéré un « virage stratégique à haute valeur politique : le "tout ppp" (partenariats public-privé) décidé par la droite, c’est fini. Les acteurs auront dorénavant le choix. Ils pourront soit garder les ppp, si ceux-ci sont “engagés et matures” ou en cas “de très grands projets, lourds en termes de complexité et de financement” ; soit opter pour la maîtrise d’ouvrage publique (mop). Sur les 75 projets, 47 pourraient se faire hors ppp[14] ».

37Le 11 avril 2011 le conseil d’administration du pres a toutefois validé la première tranche de travaux de 180 millions d’euros aux termes de plusieurs études de programmation urbaine et architecturale. Les deux premiers projets relèvent en fait d’opérations déjà prévues et financées antérieurement par la Région à savoir la nouvelle faculté de médecine et le pôle chimie Balard. Ainsi, le premier cycle de médecine, actuellement situé dans le prolongement de la cathédrale Saint-Pierre dans le centre-ville, doit être relocalisé sur le site Arnaud de Villeneuve, au nord de Montpellier.

38Adossé au complexe hospitalier de Lapeyronie, le site de Villeneuve confortera un pôle dédié à la médecine intégrant le cnrs et l’inserm. Le pôle chimie Balard sera installé au nord du campus sur les sites du cnrs et de l’Établissement français du sang. Il regroupera autour de l’École nationale supérieure de chimie de Montpellier – actuellement à l’étroit dans le quartier Boutonnet – des instituts et certaines unités de recherche spécialisés.

39Dans cette première tranche figure aussi la rénovation en partenariat public-privé de 60 % des surfaces du campus Triolet de l’Université Montpellier 2 (début des travaux en 2013) ainsi que la réhabilitation des logements étudiants en partenariat cette fois avec le crous (cités universitaires la Colombière, le Triolet et le bâtiment D de Boutonnet) et avec SupAgro (cité des Cigales).

40La seconde tranche correspond à l’arrivée de la nouvelle ligne de tramway qui desservira la route de Mende (2016-2017). Elle comprend en particulier la construction d’un Atrium combinant bibliothèque de nouvelle génération, diversité des services aux étudiants et lieux de convivialité. L’umsf (2008) en faisait un des moteurs du renouvellement urbain. Imaginé tour à tour à l’emplacement de l’entrée du campus Paul Valéry par Garcia-Diaz pour créer une nouvelle centralité, puis à l’intersection de la rue Jeanbrau et de la route de Mende dans un objectif interuniversitaire, et, enfin, comme learning center « symbole d’un campus réunifié » par le directeur de l’Opération Campus (umsf 2011, p. 12), l’Atrium est maintenant localisé dans le campus Paul Valéry à cause de problèmes techniques innombrables et faute d’accord entre les deux campus (Anton, 2011). Cette localisation lui permettra-t-elle de remplir les objectifs initiaux de l’umsf ?

41Le partenariat entre l’umsf et la Ville s’articule de facto autour d’un projet urbain limité au quartier universitaire, en « contrepoint de l’axe métropolitain vers la mer » (umsf, 2008, p. 75). 250 000 m² y seront construits ou réhabilités [15] (cf. carte 4). Il n’est donc pas question de redéployer les équipements universitaires dans la ville mais plutôt de les arrimer au centre historique. Les péripéties de Richter ont rendu la municipalité prudente en la matière, et, après tout, l’inamovible faculté de droit et le centre Saint-Charles (Université Montpellier 3) contribuent à l’animation de l’Écusson. On est loin des ambitions des esquisses des six équipes ayant participé à l’appel à projets lancés par l’umsf en 2010 [16]. Il n’y a en vue ni technopole d’échelle métropolitaine (chère à Georges Frêche) ni programme de densification urbaine du « cône universitaire » comme le préconisent les documents de planification. L’injonction de la compacité n’a pas, pour l’instant, d’impact sur le quartier « Hôpitaux-Facultés » où les densités sont relativement faibles [17].

Carte 4

Surface des Opérations Campus de Montpellier

Carte 4

Surface des Opérations Campus de Montpellier

(Réalisation : S. Coursière, 2012 ; Source : Dossier « Candidature campus umsf », 2008)

42L’Opération Campus veut renforcer les centralités majeures (requalification des espaces publics, nouveaux landmark, etc.) et mieux les relier les unes aux autres, valoriser le potentiel foncier d’État au bénéfice du logement étudiant et ouvrir les sites universitaires. Certains d’entre eux sont très isolés comme celui de l’École d’architecture, construite en 1976. Sur la base du Schéma directeur établi par Garcia-Diaz (2008), l’Opération Campus cherche en définitive, d’une part, à développer des continuités entre les sites, et, d’autre part, à accroître la porosité des sites avec la ville, à l’échelle du « cône universitaire ».

43Il n’y a pas d’emprise foncière assez vaste dans l’agglomération pour permettre l’installation d’un campus intégré en centre ville. Au sud, les stratégies aménagistes privilégient les éco-quartiers et les appartements de « standing » avec vue sur le fleuve, en attendant un hypothétique port… Dans ce contexte, les acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche sont condamnés à s’entendre au nord. Or, les discussions tardent à déboucher sur des projets concrets et, en corollaire, le débat sur la fusion des universités s’avère problématique au point que Montpellier est une des rares métropoles sans IdEx (Initiatives d’excellence). « Le projet de sélection dans le cadre de la répartition des crédits issus du grand emprunt (Investissements d’avenir), des “campus d’excellence”, devenus IdEx, présenté dans le cadre de la fusion des universités de Montpellier, a cristallisé à la fin de l’année 2010 les difficultés rencontrées au sein du pres » (Aeres, op. cit., p. 6).

44La logique qui a prévalu a consisté à promouvoir les domaines d’excellence, à savoir la médecine et la chimie, qui ont fait la réputation du territoire tout en étant pourvoyeurs de brevets et des sources de financement des Universités de Montpellier 1 et Montpellier 2 [18]. Cela a mécaniquement placé au second rang beaucoup d’autres domaines qui, sans être délaissés, sont apparus comme des « priorités secondaires » aux yeux de leurs défenseurs. En particulier, l’Université Paul Valéry Montpellier 3 – dont la présidente actuelle est professeur de latin – pouvait craindre que certaines filières de lettres ou d’art soient reléguées au second plan dans le cadre d’une université unique que l’IdEx préfigurait [19].

45Le découpage des domaines tel qu’il s’esquissait en 2009 et 2010 était favorable aux Universités de Montpellier 1 et Montpellier 2 : l’Université Montpellier 3 aurait conservé uniquement deux facultés (lettres et sciences humaines et sociales) contre six aujourd’hui. De leurs côtés, l’Université Montpellier 1 aurait conservé toutes ses facultés (médecine, économie, droit et pharmacie), et l’Université Montpellier 2 aurait créé une seconde faculté (sciences de la terre en plus des sciences et techniques). Les recherches conduites à Montpellier 1 et Montpellier 2 sont à l’évidence perçues comme plus concrètes pour la Région dans la mesure où elles peuvent déboucher sur la création d’entreprises innovantes. En résumé, la médecine, les biotechnologies et l’agronomie avec laboratoires et paillasses « parlent » davantage aux élus régionaux que le grec ou le latin. La Région est prête à investir un euro pour deux euros de l’État mais il lui faut hiérarchiser ses actions ; les sciences peuvent lui permettre de bénéficier de retombées économiques et de renforcer l’image de territoire innovant [20].

46« Mi-novembre [2010], la présidente de l’Université Paul Valéry [a] quitt[é] les négociations en cours sur le projet IdEx, soutenue par une motion du conseil d’administration de son université. Fin décembre, le président de Région [a] adress[é] aux enseignants-chercheurs et chercheurs un courrier dans lequel il lance un ultimatum en menaçant de suspendre tous les financements de la Région sur le Contrat de Projet État-Région, dont aussi son volet Recherche et Enseignement Supérieur, et “réserve sa position” sur l’opération Campus portée par le pres. Finalement le dépôt du projet IdEx [a eu] lieu le 7 janvier 2011 après le vote des conseils d’administration des universités de Montpellier. » (Aeres, op. cit., p. 6). Mais le projet IdEx n’a pas été retenu par le jury [21]. Il existe donc un contenant (l’Opération Campus) sans contenu (IdEx). Cette situation, d’après les analyses comparatistes internationales (notamment Dang Vu, 2011), est un cas à part.

47Les problèmes de coopération régionale s’ajoutent de surcroît aux difficultés montpelliéraines. Ainsi, l’Université de Nîmes, ancienne antenne des trois universités de Montpellier est aujourd’hui indépendante [22]. La séparation entre les universités de Nîmes et de Montpellier fait écho au divorce, en matière de planification, entre les deux agglomérations qui portent chacune leur propre schéma de cohérence territoriale [23]. L’Université de Perpignan Via Domitia, qui revendique comme celle de Montpellier une histoire très ancienne et riche, tisse de son côté davantage de liens avec l’Espagne qu’avec les autres universités de la région [24]. Ce sont les unités mixtes de recherche (umr) qui permettent d’associer les enseignants-chercheurs des différents établissements régionaux, encore que les stratégies individuelles brouillent parfois la lisibilité des politiques affichées par les umr. Et, enfin, comme ailleurs, l’existence de certaines antennes locales d’universités fait débat (locaux sous-exploités, effectifs constamment faibles…). Il n’y a, au fond, pas plus de réseau universitaire à l’échelle régionale qu’il n’y a de projet cohérent à l’échelle de Montpellier.

Conclusion

48Montpellier se développe depuis les années 1990 en direction de la mer. Les quartiers nord et ouest, sans être des territoires orphelins (construction de la ligne 1 du tramway, opérations de réhabilitation des grands ensembles, construction des archives départementales à Pierres Vives…), n’ont pas été au centre de la politique urbaine. L’Opération Campus, lancée en 2008, a pour objectif de transformer le quartier universitaire en moins de dix ans afin de renforcer son attractivité. Au plan opérationnel, il s’agit de faire converger les stratégies immobilières des universités et la politique locale d’aménagement.

49L’enjeu n’est pas mince puisque, de l’Écusson à AgroPolis, il est question d’urbaniser l’université et d’« universitariser » la ville sur presque 20 % du territoire communal. La concentration des universités dans la capitale régionale ou encore la place qu’ont occupée les universitaires dans la vie politique de Montpellier (à commencer par Georges Frêche) expliquent à la fois l’importance et les difficultés de ce chantier.

50La Région a jusqu’à présent été très impliquée dans ce chantier (réalisation du pôle de chimie, projet de centre spatial…). Cependant, ses interventions privilégient les projets relevant des sciences et techniques aux dépens des lettres et des sciences humaines et sociales. Cela accentue les craintes de l’Université Paul Valéry à l’égard de la fusion programmée des universités montpelliéraines.

51La Ville et surtout l’Agglomération interviendront sans doute davantage au cours des prochaines années si toutefois Montpellier parvient à conforter son statut de métropole grâce à l’Acte 3 de la décentralisation. Elles ont aussi pour elles l’expérience de la conduite des opérations d’urbanisme (Antigone, Port Marianne, Malbosc, Pierres Vives…), des services internes étoffés et une sem régulièrement confrontée aux chantiers complexes.

52En l’absence d’un projet scientifique cohérent et consensuel, la mise en œuvre de l’Opération Campus paraît compromise. Les débats sur la fusion des universités et sur les moyens dont elles disposent l’emportent sur tous les autres. La question des ppp n’est pas réglée et la gouvernance de l’opération est controversée. C’est notamment pourquoi les décisions relatives à l’Atrium ou la Maison de l’eau sont en suspend. Dans ce contexte difficile, la municipalité s’essaie actuellement à un exercice de prospective territoriale à l’échelle du « Grand Montpellier », dans lequel l’université à toute sa place (« Montpellier 2040 » par l’équipe Secchi-Vigano-Mensia).

Bibliographie

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Mots-clés éditeurs : projet urbain, aménagement, métropole, Montpellier, renouvellement urbain, planification, Languedoc-Roussillon, campus, université

Mise en ligne 07/11/2014

https://doi.org/10.3917/esp.159.0037

Notes

  • [*]
    Alexandre Brun, maître de conférences, umr 5281 « art-dev », département de géographie et d’aménagement de l’Université Paul Valéry Montpellier
    alexandre.brun@univ-montp3.fr
  • [**]
    Stéphane Coursière, ingénieur d’études, umr 5281 « art-dev »
    stephane.coursiere@univ-montp3.fr
  • [1]
  • [2]
    Conférence de Jean-Paul Volle, Montpellier La Ville inventée, ensam, le 17 octobre 2012.
  • [3]
    Interview de Yannick Tondut, directeur général délégué des services de la Ville de Montpellier en charge du développement. Source : Université et Territoires, n° 65, p.8.
  • [4]
    Le site d’Agropolis est l’un des derniers à avoir été inauguré au nord de Montpellier (1992). Ce projet témoigne d’une volonté de regrouper les sites scientifiques dans un même territoire (éloigné du centre).
  • [5]
    La Défense Nationale était l’un des grands propriétaires de Montpellier. Le génie était localisé à la caserne Joffre, l’artillerie à la caserne Guillot et l’infanterie de l’autre côté du Verdanson. Les terrains du Polygone ont été rachetés par la municipalité en 1978 et 1979. Trente ans plus tard, la Ville s’est à nouveau portée acquéreur de bâtiments situés dans le sud-ouest de la ville afin de mettre en œuvre un programme de 2 500 logements et d’un parc urbain traversés par la future ligne de tramway (n° 5).
  • [6]
    Selon le géographe Georges Roques. Source : http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=2181 consulté le 2 mai 2013.
  • [7]
    C’est Jean-Claude Deshons (agence Deshons Jaulmes), architecte de l’ancienne mairie en 1975 qui est aussi maître d’œuvre du campus de Montpellier 2 et de la cité universitaire Triolet entre 1967 et 1973.
  • [8]
    Sources : conférence de Philippe Jaulmes, séminaire du master « Urbanisme et projets de territoire », Montpellier 3, mars 2012, et « Philippe Jaulmes, acteur et témoin d’une œuvre architecturale », Le Dit de l’UPV, juin 2011, n° 125, p. 9.
  • [9]
    Le classement international Greenmetric Ranking of World Universities place la première université française (Bretagne Sud) au 69ème rang sur 178. Seules quelques universités, comme celle de Nantes, ont été associées à l’élaboration des Agenda 21 des métropoles. Source : Environnement Magazine, juin 2012, n° 1708, p. 22-24.
  • [10]
    Entretien avec Jean-Pierre Foubert, ancien conseiller technique de Georges Frêche, le 3 mai 2013.
  • [11]
    Avec d’autres Régions comme l’Aquitaine et Rhône-Alpes notamment. Source : entretien avec Alain Beauvais, président de la Région Basse-Normandie, président de la Commission esr au sein de l’Association des Régions de France, Urbanisme, hors série n°43, novembre 2012, p.19-20.
  • [12]
    Lors du colloque « L’avenir des relations entre collectivités territoriales et universités » d’Aixen-Provence les 3 et 4 décembre 2009, Daniel Vitry, directeur de la Mission « Université » de la Caisse des Dépôts a confirmé la signature d’une cinquantaine de conventions de partenariats avec les universités et les pres. Cet enjeu immobilier a été « intégré par de grands groupes comme Bouygues » a de son côté affirmé Dominique Jego, directeur du Pôle Universitaire à Bouygues efe. Les modalités précises de la mise en œuvre des partenariats public-privé prévus au titre de la seconde tranche de travaux à Montpellier restent à définir.
  • [13]
    Selon Anne Fraïsse, présidente de l’Université Paul-Valéry, pour qui « l’autonomie est un leurre » : « le gouvernement [Fillon] nous a promis des marges de manœuvre supplémentaires dès lors qu’il nous aurait transféré l’ensemble de la masse salariale. Sauf que ce transfert a été pensé comme un outil destiné à réduire nos personnels ». Source : www.directmontpellier.com le 20 novembre 2012.
  • [14]
  • [15]
    Le rapport de synthèse « 12 Campus du xixe siècle » (mesr) indique que 93 500 m² seront créés et 45 800 m² seront réhabilités (p. 36). Certains projets n’étaient alors pas pris en compte.
  • [16]
    Dans le cadre du concours « Université et Urbanisme à Montpellier Sud de France », 6 groupements ont été sélectionnés pour participer à l’élaboration d’un schéma directeur du futur campus de Montpellier. Le jury a préconisé en octobre 2010 de classer deux vainqueurs ex aequo, ce qui n’est pas fréquent. Le pres umsf a signé en décembre 2010 un marché avec les 2 groupements vainqueurs. Le cabinet Hargreaves a été choisi pour son projet « Connexions-Hydropolis » centré sur le pôle de compétitivité sur l’eau. N+B Architectes a été remarqué pour son projet « Un campus habité pour une ville sensorielle ». Le pres umsf et la Ville de Montpellier coordonnent les deux équipes avec l’objectif commun d’aboutir fin 2012 à un schéma opposable. Source : Atelier Campus, 1er mars 2011.
  • [17]
    insee, Repères pour l’économie du Languedoc-Roussillon, n° 4, février 2000, 4 p.
  • [18]
    Avec 21 laboratoires d’excellence et 9 équipements d’excellence, la Région s’affirme sur des thématiques comme la chimie, la santé et l’agronomie. La plupart des projets sont situés dans l’agglomération et concerne, à quelques exceptions près (archéologie à Lattes par exemple) des programmes susceptibles de déboucher sur des brevets. Source : http://www.enseignementsuprecherche.gouv.fr/cid56718/investissements-d-avenir-en-languedoc-roussillon.html consulté le 15 mars 2012.
  • [19]
    L’Université Montpellier 3 a proposé qu’une fédération d’universités soit constituée ; cette solution permettait à chaque université de garder la main sur ses spécialités tout en progressant sur des projets collectifs ciblés. Cependant la Région et le ministère y étaient opposés car les économies de moyens espérées étaient limitées.
  • [20]
    Entretien avec un membre du conseil scientifique de l’Université Montpellier 3, le 9 mars 2013. La Région a ainsi accordé en avril 2013 un financement au projet de centre spatial de Saint-Priest de Montpellier 2. Source : http://www.univ-montp2.fr/lum2/actualites-de-l-um2/4577-lum2-poursuit-sa-conquete-de-l-espace-2 consulté le 7 mai 2013.
  • [21]
    Le Premier ministre a annoncé en février 2012 les résultats de la deuxième vague des appels à projets d’idex. Le Languedoc-Roussillon est le seul à échouer au Sud (« Idex Bordeaux » en Aquitaine, « Aix-Marseille University Idex » en Provence-Alpes-Côte d’Azur et « Université de Toulouse » en Midi-Pyrénées). Source : mesr, février 2012.
  • [22]
    La faculté de médecine de Nîmes est restée sous le giron de l’Université Montpellier 1 et son iufm sous celui de l’Université Montpellier 2.
  • [23]
    En revanche, le divorce institutionnel contraste avec la géographie humaine. « Près de la moitié des nouveaux arrivants, depuis 1999, se sont installés dans l’espace métropolitain qui relie Sète à l’ouest à Alès à l’est, en passant par Montpellier et Nîmes, constatent Bernié-Boissard et Chevalier (2011). Autrement dit, les deux tiers de la population vivent des aires urbaines qui tendent à se souder du fait du développement des zones résidentielles. » (op. cit., p. 143).
  • [24]
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