Couverture de ESP_144

Article de revue

Préservation de l'environnement littoral et inégalités écologiques

L'exemple du Touquet-Paris-Plage

Pages 173 à 187

Notes

  • [*]
    Valérie Deldrève, chargée de recherches en sociologie, Unité Aménités et Dynamiques des Espaces Ruraux, cemagref centre de Bordeaux
    valerie.deldreve@cemagref.fr
  • [1]
    Nous remercions V. Belhassen et Ph. Deboudt pour leur contribution au travail de terrain réalisé et J. Candau pour la relecture de cet article.
  • [2]
    Ainsi pour Charles, ce nouveau paradigme « voit dans l’homme l’instrument majeur d’une compréhension et d’une transformation de l’espace terrestre lui imposant de tenter d’assumer la responsabilité que son développement historique lui assigne dans une perspective nécessairement compréhensive » (p. 25). À l’opposé pour Jeudy, il s’agit d’« une énième étape d’un processus visant toujours davantage à encadrer et normer les comportements et l’agir collectif » (p. 9) ; la rationalisation contemporaine d’une meilleure gestion de l’environnement s’opérant sur fond de peur, à coups d’interdits.
  • [3]
    À titre de référence : le coût à l’achat d’une résidence dans la forêt s’échelonne entre 1,5 et 3,5 millions d’euros en 2007 ; et celui d’un duplex de 72 m2 à West Green est (hors taxe et frais) de 95 522 euros en 1995 et 268 567 euros en 2007.
  • [4]
    Ces adhérents sont à 99 % propriétaires, de moyenne d’âge élevée, exerçant ou ayant exercé une activité en tant que professions libérales, cadres supérieurs, journalistes…, voire, pour quelques-uns, enseignants. L’asfd est née dans les années 1970, lors de la mise en place du premier plan d’occupation des sols (pos) d’une manifestation de résidents contre un projet de résidences collectives en forêt. Elle a été reconnue d’utilité publique en 1995.
  • [5]
    L’association, qui par souci d’indépendance ne souhaite pas voir ses membres entrer dans le Conseil municipal, dispose de moyens importants issus des adhésions et subventions, qui leur permettent de recourir au service d’avocats. La notoriété de son président et de certains de ses membres lui confère par ailleurs une bonne capacité de mobilisation et audience auprès des médias.

1L’attractivité du littoral, à l’aune de la pression urbanistique et touristique exercée sur ses territoires, a pour corollaire le développement d’enjeux environnementaux forts ainsi qu’une prise de conscience politique et plus largement sociale de ces derniers. L’« écologisation » des sociétés (Kalaora, 2001) se lit notamment sur le littoral à travers l’essor des actions publiques ou collectives de préservation des espaces naturels, de mobilisations citoyennes contre les programmes de construction, de révision des plans d’occupation des sols… Elle y revêt des formes particulières liées aux enjeux naturels et sociaux propres à cette interface terre-mer et à ses multiples usages. Quelles sont ces formes et quel est leur pouvoir de régulation potentiel sur l’attractivité des territoires ? Ou plus largement quels sont les effets combinés, sur le plan social, de cette attractivité puissante et de la montée en légitimité de la cause environnementale ? Sans prétendre répondre globalement à ce double questionnement, l’article qui suit propose quelques éléments d’analyse en termes d’inégalité écologique, définie sous l’angle restrictif des inégalités d’accès aux aménités environnementales littorales [1]. Cette analyse est alimentée par les résultats d’une étude sociologique, menée dans le cadre d’un projet de recherche sur les inégalités écologiques dans les marges urbaines des communes littorales (Deboudt coord., puca-medd, 2005-2008 publié en 2010). Cette étude a permis de mettre en exergue, à travers des enquêtes qualitatives menées au Touquet, site de la Côte d’Opale doté de fortes aménités environnementales, les formes d’inégalité écologique observables. Pour commencer nous préciserons le cadrage théorique mobilisé, ainsi que la méthodologie et le terrain d’étude, pour présenter ensuite une analyse des inégalités écologiques, en termes de rapports différenciés à l’environnement littoral, de sentiments d’équité exprimés et de capacités à faire valoir sa vision de l’environnement et ses intérêts d’usagers.

Du cadrage sémantique à la problématique

2Si l’expression « inégalité écologique » est controversée, notamment par les écologues qui regrettent la dérive sémantique dont elle procède (Bellan et al., 2007), si elle est par ailleurs peu stabilisée – certains lui préférant la terminologie d’inégalité environnementale afin d’éviter la référence ambiguë à l’écologie –, son usage est, en sociologie de l’environnement, heuristiquement porteur. La reconnaissance d’un champ consacré à l’environnement en sociologie s’est faite au prix d’une remise en cause des fondements autour desquels la discipline s’était forgée : à savoir l’explication du social par le social. Il s’agissait de définir un champ d’analyse à même de s’intéresser aux préoccupations et enjeux environnementaux qui marquent la fin du xxe siècle. L’objet n’est pas ici de restituer la genèse de la sociologie de l’environnement française, d’ores et déjà étudiée de manière experte (Boudes, 2008). Il est plus modeste d’acter que celle-ci, dans son affranchissement du cadre de pensée originel, a contribué à atténuer dans le traitement des questions environnementales l’empreinte prégnante des rapports sociaux de domination, pour échapper à un certain réductionnisme social. C’est alors aux liens de voisinage étroits avec d’autres champs de l’anthropologie et de la sociologie, tel celui du risque (Douglas, 1992 ; Perretti-Wattel, 2001) ou de l’action politique (Lascoumes et Le Bourhis, 1998 ; Jobert, 1998) et des sciences (Wynne, 1994 ; Latour, 2005), que l’on doit les effets bénéfiques dans le champ de l’environnement d’une problématisation des enjeux en termes de rapports d’inégalité et de pouvoir. La réflexion, menée autour des inégalités écologiques par les politologues et sociologues depuis quelques années (Theys, 2002, 2007 ; Emelianoff, 2005 ; Laigle, 2005), fait partie des invitations à réinvestir de manière frontale le lien entre le social et l’environnement. Si la distinction établie entre ces deux sphères peut être remise en cause, comme celle, naturalisée, entre la société et la nature ou l’humain et le non-humain (Descola, 2005 ; Latour, op. cit.), il reste qu’elle renvoie, dans notre société actuelle, à des sphères politiques et sociales séparées, conduisant à des actions politiques sectorielles qui peuvent s’ignorer et ignorer leurs effets d’interaction (Theys, 2007). La notion d’inégalité écologique se décline différemment selon les contextes nationaux (Laigle et Tual, 2007). Elle est née de l’Environmental Justice, qui, portée dès les années 1980 par des mouvements sociaux aux États-Unis, est indissociable d’une perspective d’action et de dénonciation des inégalités marquées en termes d’exposition aux risques et de qualité de vie subies par les minorités ethniques et les catégories sociales les plus défavorisées (Charles et al., 2007 ; Schlosberg, 2007). En Europe, et plus spécifiquement en France, le terme d’inégalité écologique est davantage corrélé à la question de l’habitat, comme « creuset des inégalités sociales et environnementales » (Charles et al., 2007) et à celle de l’accès aux services et à la qualité de l’environnement urbain. Enfin une dernière approche, davantage développée en Allemagne, en Espagne et en Italie, est relative à l’idée d’équité territoriale et d’action publique pour compenser la vulnérabilité des territoires et l’exposition aux risques de leurs populations défavorisées (Laigle et Tual, op. cit.). Qu’il s’agisse d’injustice environnementale au sens anglo-saxon ou plutôt d’inégalité territoriale en termes de développement durable (Zaccaï, 2007), l’héritage urbain de la notion est manifeste et potentiellement porteur dans le champ de l’action publique (Diebolt et al., 2005). Il ne s’efface que récemment en France dans les orientations de recherche au profit d’une ouverture sur d’autres dimensions, plus rurales, naturelles ou littorales (Zaccaï, op. cit.).

3En bref, l’héritage de l’École de Chicago, à l’origine d’une écologie urbaine somme toute assez étrangère à l’écologie scientifique, pèse sur la notion d’inégalité écologique et, sans doute, sur les réserves émises par les écologues. En sociologie, l’enseignement des approches anthropocentrées et, parmi elles, de l’École de Chicago, confère plus de résonance à l’expression. Pour la sociologie de l’environnement plus spécifiquement, la notion d’inégalité écologique, si elle n’est pas encore érigée en concept, conduit à s’intéresser aux populations, usagers et résidents, concernés par l’exposition aux risques ou l’accès aux aménités environnementales, et aux impacts sociaux des actions collectives et publiques à visée environnementale. Elle s’inscrit donc d’emblée dans une perspective critique, voire engagée. Comme les inégalités en matière de santé ou d’éducation, elle est pour le sociologue une forme d’inégalité sociale (en tant qu’elle se cumule et se mêle à d’autres formes d’inégalités économiques et sociales), dont les composantes ne sont en aucun cas exclusivement sociales (risque nucléaire, éléments paysagers, biodiversité…) mais objet d’évaluation et de pratiques de gestion.
Ainsi définie, la notion d’inégalité écologique apporte une contribution au débat qui divise les sociologues ou philosophes sur le sens du paradigme environnemental. Selon Charles, ce dernier est révolutionnaire quant au rapport global que noue l’humanité avec le monde naturel, alors que pour Jeudy il n’est qu’une forme renouvelée de manipulation sociale (Charles et Jeudy, 2000) [2]. Peut-être pourrait-on, à l’aide de la notion d’inégalité écologique, introduire une voie médiane entre ces interprétations contrastées, une voie qui autoriserait une lecture des modalités et des effets associés de l’écologisation des sociétés. Cette voie emprunterait à la théorie de la domination sociale, mais sans exclure pour autant l’idée d’une véritable révolution dans le sens même que revêt l’environnement. C’est, en effet, parce qu’il est aujourd’hui principe d’action, source de droit et de devoir (légitime et légale) qu’il se fait instrument de domination. Dans cette voie où les formes d’inégalités socio-économiques et culturelles se cumulent entre elles, l’exposition aux risques comme l’accès aux aménités environnementales, la capacité à se mobiliser pour défendre celles-ci et les usages que l’on en a, restent affaire de revenus, de niveaux scolaires et de stigmatisation sociale.
Certes de nombreuses études ont montré que les professions et catégories sociales n’étaient pas les variables les plus explicatives du rapport à l’environnement. Kalaora (2001) remet en cause la pertinence d’une lecture socio-culturelle du rapport à l’environnement dans la mesure où « les cadres sociaux et culturels de structuration du comportement se désagrègent, entraînant une plus grande indétermination où l’individu devient le principe auto-référentiel » (p. 4). On sait aujourd’hui que certains facteurs, comme la proximité avec un lieu de nature, figurent parmi les facteurs premiers d’influence des comportements (Dobré et al., 2005). Mais on sait également qu’ils ne sont pas source d’égalité ou d’équité entre tous. Autrement dit la proximité et l’expérience du milieu naturel et de ses aménités – que confère par exemple l’habitat sur la côte – ne sont pas financièrement accessibles de manière indifférenciée selon les milieux sociaux. Et quand bien même elles pourraient l’être dans certains cas (habitats mixtes ou quartiers anciens), quelles pratiques et représentations de l’environnement induisent-elles selon les résidents-usagers ?

Quelques précisions méthodologiques

4Notre problématique soulève deux types de difficultés méthodologiques. Le premier est la désignation des indicateurs et normes qui permettent de définir les inégalités écologiques en tant qu’inégalités d’accès aux aménités. Si l’identification et les échelles de valeur de la biodiversité sont assez consensuelles au sein de l’écologie scientifique pour être objectivées, reste que cette identification est plus controversée dès lors qu’on aborde la question des aménités environnementales (paysagères, récréatives…). En réponse à cette difficulté, nous avons opté pour une approche comparative entre quartiers du Touquet et privilégié l’étude des rapports, définis en termes d’usages et de représentations, noués par les résidents de ces quartiers à l’environnement littoral et à ses aménités. Une enquête préalable réalisée dans un quartier défavorisé de Boulogne-sur-Mer avait montré combien prédominait une vision normative des aménités :

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« Ils (les résidents) ont la mer sous les yeux et ne la regardent jamais ! Ils sont privilégiés… une vue magnifique. Ils ne connaissent pas sa valeur ».
(institutionnel, 2008)

6Il nous semblait, par conséquent, important de redéfinir les aménités à travers les discours et pratiques des résidents puis de les référer aux standards dominants (valeur de la vue paysagère sur la mer, vivre au sein de la forêt…). Cette méthodologie, reposant sur des techniques d’observation et d’entretien, permettait de dépasser une seconde difficulté inhérente à l’objet d’étude. En effet, focaliser une enquête sur les aménités littorales conduit à sur-dimensionner l’importance du sujet traité par rapport à l’ensemble des pratiques effectives et préoccupations ordinaires des interviewés. Une enquête qualitative permet d’atténuer ce travers via une approche plus phénoménologique, plus « organique du vécu » (Kalaora, 1998). L’entrée « cadre de vie » s’est également imposée, plus familière aux interviewés prompts à s’exprimer en ces termes perçus comme moins réducteurs ou moins ambigus que celui d’environnement.

7Quatorze observations et 25 entretiens ont été réalisés au Touquet, dans un quartier des Dunes, dans celui de la Forêt et à la Pointe Nord. Six entretiens exploratoires ou complémentaires ont été conduits auprès des services de la mairie, de l’État, des bailleurs sociaux, agents immobiliers et commerçants. Les interviewés ont entre 20 et 70 ans, en majorité plus de 48 ans, de catégories supérieures ou employés de mairie, en activité ou retraités, résidents permanents ou très réguliers. L’échantillon constitué n’est pas statistiquement représentatif, mais diversifié en fonction du quartier d’appartenance, du genre et de l’âge, voire du type de ménage. Sa composition contrastée reflète des différences assez marquées entre quartiers.

Les quartiers du Touquet-Paris-Plage

8Le Touquet est une station balnéaire et thermale, dont plusieurs quartiers sont construits au cœur de la forêt et de dunes. Son centre-ville, derrière un front de mer bétonné, est maintenu vert et fleuri tout au long de l’année (Deboudt, 2010, chap. 4). Créée par un notaire parisien (1830), la station s’est développée au début du xxe siècle, sous l’influence de la présence anglaise. 5 000 habitants y résident de manière permanente et l’on compte plus de 30 000 âmes en saison touristique. Le prix de l’immobilier au Touquet est comparable à celui de la Côte d’Azur et les projets immobiliers grignotent peu à peu les dunes et la forêt. La zone forestière du Touquet est à l’entrée de la ville. Plantée sur 800 hectares à la fin du xixe siècle, afin de stabiliser les dunes, elle offre une alternative aux activités balnéaires. Les villas construites dans la forêt sont aussi les plus anciennes du Touquet. Ce sont pour la plupart des résidences secondaires de haut standing auxquelles la forêt – repoussée aux limites des propriétés, aménagées d’allées gravillonnées et de vastes pelouses – procure calme et isolement. Parmi les propriétaires sont surreprésentés les professions libérales et les retraités de mêmes professions ou cadres supérieurs.

9Les dunes, quant à elles, ont été le théâtre d’une série de projets immobiliers baptisés Mayvillage, West Green et Whitley, dont l’ambition était d’offrir à une clientèle « classe moyenne-supérieure » britannique et française un lieu de vie et de vacances porteur d’aménités exceptionnelles : vue sur la mer, accès direct aux dunes et à la mer, tranquillité et entre-soi (maisons individuelles ou mitoyennes en enclos fermés avec règles de copropriété). West Green a davantage retenu notre attention, car sans infrastructures excessives propres à gommer les dunes (telles qu’à Whitley), ce quartier symbolise aux yeux de ses résidents la volonté de vivre au plus près de la nature, qui « semble pénétrer au cœur des logements » dont les grandes baies vitrées s’ouvrent sur le lac autour duquel ils ont été bâtis. Des promoteurs nourrissent d’autres projets de construction dans les dunes, freinés jusqu’à présent par les propriétaires privés mobilisés au sein de l’Association de sauvegarde des forêts et des dunes (asfd).

10Les habitations collectives – logements sociaux pour la plupart – se situent, quant à elles, au nord de la ville, une situation géographique qui offre, depuis le dernier et sixième étage des résidences, un panorama sur la baie de Canche, la forêt voire le cœur de la ville. La majeure partie des 600 locataires, de classe populaire, est employée par la commune. Les logements ont été construits entre 1968 et 1975, en marge de la ville, à proximité du dépôt de matériels et de la décharge de la mairie. Au début des années 1990, l’implantation d’un hôtel 5 étoiles à quelques mètres des résidences collectives fit prendre conscience du potentiel de ce site au bord de la Canche. La commune et le bailleur entreprirent plusieurs actions pour le revaloriser et le désenclaver (entretien des espaces publics et voiries, navettes électriques, rénovation des façades, enfouissement des câbles…). La Pointe Nord fait, en outre, l’objet d’un projet, déjà ancien, de la commune : celui d’un « port nature » dédié à la plaisance, au point mort ; la baie de la Canche, site classé, bénéficiant par ailleurs de la protection de la Loi Littoral et de Natura 2000.

Diversité du rapport à l’environnement littoral : entre définition partagée et différenciation sociale

11La question du rapport à l’environnement littoral, abordée via celle du cadre de vie et des usages, s’inscrit dans une double préoccupation de recherche. La première pourrait être formulée en ces termes : si le fait de résider au Touquet confère l’accès à un cadre de vie « naturel » et plus largement à des aménités socialement valorisées, pour autant cet accès est-il également apprécié par les usagers ? Se traduit-il par des usages identiques du milieu et une même représentation de ce que sont ces aménités ? Second terme de notre réflexion, largement inspirée de la remise en cause par Kalaora (2001) d’une lecture socio-culturelle du rapport à l’environnement, cette diversité est-elle imputable à une individualisation des pratiques ou influencée par des variables sociales comme le montre Massena-Gourc (1997) à propos des activités de loisir en milieu naturel ?

12Pour les interviewés des différents quartiers, le rapport à l’environnement naturel littoral peut être qualifié d’urbain. Il ne se forge pas, il est vrai, sur l’opposition traditionnelle ville/nature, mais sur leur imbrication. Les interviewés citent tous azimuts la beauté des espaces verts, la propreté des rues et de la plage, la finesse du sable et le calme de la forêt, pour décrire leur environnement comme un équilibre entre différentes composantes, à l’essence même de la renommée du Touquet. Ils se montrent ainsi sensibles à la présence d’aménités standards tels le paysage marin, les balades au bord de l’eau, dans les dunes ou en forêt. Quel que soit le quartier d’appartenance, ces promenades sont les activités les plus citées. Les activités de plage et nautiques, quant à elles, sont exclusivement associées aux loisirs familiaux, à la présence de jeunes enfants. La question de l’accès à la plage divise par ailleurs les interviewés : très prisée l’été et valorisée par les résidents de la Pointe Nord (« c’est gratuit », « facile d’accès », « les vacances tous les jours »), elle est, en revanche, fuie par les résidents des Dunes et de la Forêt, qui l’assimilent au tourisme, à la sur-fréquentation et au front de mer urbanisé :

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« Avant c’était du bonheur mais aujourd’hui c’est plus d’ennui que de bonheur […] quand on voit la population que ramène la plage c’est trop. Vous rajoutez l’Aqualud (centre de loisirs nautiques) et là vous vous faites le tableau… ».
(résident des Dunes)

14La thalasso est mieux considérée que le centre de loisirs nautiques par ces résidents, même si peu d’entre eux disent en profiter. Elle leur semble « correspondre davantage à l’image du Touquet » et à la clientèle souhaitée, de même le centre hippique, aménagé en forêt, le tennis et le golf dans les dunes, qualifié de « très belle réussite » parfaitement intégrée dans le « décor littoral » et à leur mode de vie. Cette association de termes renvoyant les uns à la fréquentation, les autres au paysage, rappelle l’hypothèse de J. et N. Duncan (2001) selon laquelle les relations de pouvoir et l’exclusion se trouvent esthétisées à travers la mise en place d’un schéma d’aménagement paysager.

15Ainsi pour les résidents de la Pointe Nord, ces activités ne font pas partie des aménités potentielles (bien qu’ils bénéficient de cartes de réduction distribuées par la Mairie). Ils les associent d’emblée aux pratiques non partagées des résidents des autres quartiers. Elles ne sont pas envisagées en tant qu’« activités dans la nature » dans la mesure où elles ne remplissent pas le critère de gratuité qui caractérise celles qu’ils pratiquent – des loisirs de plein air, accessibles à tous :

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« … il faut dire aussi sur les activités qu’on peut faire ici, et là je parle pour moi personnellement, mais les activités qu’on aime faire sont dans la plupart des cas gratuites. Ça ne coûte rien de se promener avec ses chiens dans la forêt, ou aller se baigner dans la mer, aller voir les chevaux qui s’entraînent, des trucs comme ça quoi ».
(résidente de la Pointe Nord)

17Pour ces interviewés, l’aménité première de l’environnement est d’offrir un terrain de choix, propice aux pratiques de sociabilité, un cadre privilégié pour les sorties familiales, les pique-niques entre voisins, les jeux avec les enfants… Loin d’aspirer à l’isolement, valeur croissante des modes d’habiter, ils valorisent le lien social, entretenu par le voisinage et renforcé par les relations professionnelles entre employés de la mairie.

18Dans les quartiers des Dunes et de la Forêt, les relations de voisinage sont vécues, en revanche, sur le mode de la contrainte, parfois même comme une atteinte à la liberté individuelle lorsque les modes de cohabitation divergent. À West Green, le sentiment d’isolement est inhérent à la vue sur le lac et à la situation géographique du quartier (au cœur des dunes), ainsi qu’à la fermeture d’accès aux non-résidents. Le coût de cet isolement est élevé (cherté de la taxe foncière et de l’habitat) dans les dunes et plus encore en forêt, un coût que les propriétaires considèrent comme justifié par le caractère exceptionnel du site, dès lors toutefois qu’on préserve la qualité de cet environnement (entretien, pas de nouveaux projets immobiliers…) et notamment la quiétude qu’ils viennent y chercher [3].

19Ainsi coexistent au Touquet des modes d’habiter et de pratiquer l’environnement littoral distincts, reflets de clivages sociaux. Deux mondes, aux revenus inégaux, se côtoient sans se mélanger. Peut-on parler pour autant d’inégalité écologique ? Si l’on se réfère à la qualité et à la valeur du logement sans aucun doute, pour autant le mode de vie associé aux villas isolées de la forêt ne semble pas convoité par les résidents de la Pointe Nord :

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« Comment peut-on aimer résider au milieu de ces grandes maisons vides une grande partie de l’année, sans âme qui vive ? »
(résidente de la Pointe Nord)
Si on prend maintenant pour critère de mesure l’accès aux activités en milieu naturel, on pourrait également avancer l’existence d’inégalité écologique. Pour autant, là encore, les moins démocratiques d’entre elles ne semblent pas prisées par les locataires de la Pointe Nord. En poussant le raisonnement à l’extrême, on en arriverait à nier l’existence d’inégalités écologiques (puisque non ressenties comme telles a priori) ou à les justifier (au nom de préférences culturelles différentes). Les limites d’un tel raisonnement sont immédiates. Il pourrait donc y avoir inégalité écologique sans sentiment corrélé d’inégalité ou d’inéquité ? Une autre variable doit être prise en compte à ce stade du développement, la manière dont les résidents justifient les égalités/inégalités qu’ils objectivent.

Sentiment d’équité : entre privilège et mérite

21Si la coexistence de deux modes différenciés d’habiter et de pratiquer l’environnement littoral n’est pas conflictuelle – perçue comme complémentaire : « On a besoin d’eux (les propriétaires de résidences) comme ils ont besoin de nous » (locataire de la Pointe Nord) –, d’aucuns soulignent néanmoins les inégalités socio-économiques qui les sous-tendent :

22

« On est des employés de la mairie. Ici, c’est comme dans les hôtels : le personnel dort dans des chambres sous les toits, pendant que les clients dorment dans des suites royales ».
(résident de la Pointe Nord)

23

« On vit au Touquet, même si on n’a pas les moyens d’y vivre ».
(résident de la Pointe Nord)

24Les résidents de la Pointe Nord se disent néanmoins « privilégiés » parce qu’ils se comparent aux personnes de mêmes conditions socio-économiques :

25

« Il y a des employés de la mairie qui n’ont pas la chance d’avoir un logement au Touquet. On sait qu’on est des privilégiés… »

26Ce sentiment de privilège est également mis en exergue par les interviewés des autres quartiers :

27

« On est privilégié d’avoir un tel cadre de vie, une telle tranquillité, la nature autour de nous. On vient de la ville, alors on sait ce que c’est ».
(résidente des Dunes)

28Il est alors justifié sur le registre du mérite, de l’effort consacré, qui semble être posé comme principe premier de justice en matière d’accès à un environnement naturel de qualité, alors qu’on aurait pu attendre l’égalité au cœur des mouvements de justice environnementale, certes peu influants en France. Ce principe du mérite sous-tend toutefois deux types d’argumentaire. Le premier est de l’ordre de la contribution, impliquant un effort personnel – financier ou de l’ordre du travail bien fait –, à la qualité de vie touquettoise. Ainsi les résidents des Dunes et de la Forêt mettent l’accent sur le coût que représente pour eux le fait de vivre ou d’avoir une résidence secondaire ou principale au Touquet :

29

« C’est un privilège qui se paie à sa juste valeur ».
(résident des Dunes)

30Les locataires interviewés de la Pointe Nord citent spontanément leur participation à l’entretien et à l’embellissement de la ville et de ses espaces naturels :

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« Je dis qu’on le mérite, parce que sans nous, on sait bien, que ce ne serait pas aussi beau ».
(employé de la mairie, résident de la Pointe Nord)

32Si chacune des deux populations ne conteste pas le privilège à résider de l’autre, en revanche, la privatisation de grands espaces naturels pour des occupations parfois ponctuelles, qui interdisent l’accès au public à l’année, est dénoncée par plusieurs interviewés de la Pointe Nord :

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« Vous voyez, on n’arrête pas de construire dans la forêt et c’est des maisons qui sont quasi tout le temps vides à l’année. Alors, c’est un peu un caprice de gosse d’acheter une grande baraque ! »

34Le privilège des uns est alors vécu comme injuste, parce qu’il autorise une domestication poussée de l’environnement naturel et remet en cause son appropriation par le public.

35Par ailleurs, les interviewés de la forêt et des dunes mobilisent pour parler de mérite un second type d’argument qui tend à délégitimer certains usagers qui ne sauraient pas apprécier l’environnement à sa juste valeur :

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« Ils ne se promènent jamais dans les dunes… trop fatigant », « préfèrent pique-niquer sur la plage où ils laissent leurs déchets », « ne savent pas observer, préfèrent parler cuisine » ou « jouer au foot comme si c’était un terrain de jeu »…

37Ces propos renvoient de manière implicite aux normes de consommation socialement légitimes de l’environnement naturel. Dans ces normes, les dunes et forêts sont des espaces « refuges », une bulle à préserver et non un espace public dédié aux pratiques de sociabilité ou aux loisirs collectifs populaires : « pour ça il y a les jardins publics ! » (résident de la Forêt).
L’appréciation du paysage et le bon usage de l’environnement se définissent à partir d’une grille de lecture élitiste (Kalaora, 1998 ; Duncan et Duncan, op. cit.) assez prompte à écarter les usagers qui ne se la sont pas appropriée et mobilisent un univers référentiel en partie distinct. Elle permet alors de justifier au nom du bon usage et de la préservation de l’environnement des formes d’inégalités écologiques manifestes (privatisation d’espaces dunaires et forestiers, sélection des publics d’usagers locaux ou touristiques…), et cela d’autant que l’attractivité des communes littorales se fait contrainte. La capacité qu’ont des collectifs d’usagers à faire entendre leurs voix en la matière et à se saisir de la cause environnementale est alors déterminante pour légitimer ou délégitimer certains usages et publics.

Capacité de mobilisation pour un Touquet « originel »

38La forte attractivité du Touquet a ses contreparties, l’ensemble des interviewés, quel que soit le quartier, déplorent le coût de la vie au Touquet, les encombrements réguliers lorsque les beaux jours charrient leurs flots de touristes. Mais là s’arrête la dénonciation commune des revers et commence une lecture socialement différenciée des bénéfices et coûts environnementaux de l’attractivité du Touquet. Le clivage n’est pas bipartite – résidents de la Pointe Nord versus ceux des Dunes et de la Forêt – mais tripartite car se dessine parmi les seconds un groupe de quelque 130 membres, au positionnement plus radical, réuni au sein de l’Association de sauvegarde des forêts et des dunes (asfd) [4], dont l’objectif affiché est « de veiller à la protection de l’environnement touquettois, à la sauvegarde de son patrimoine architectural et de ses paysages et à la défense du cadre de vie des habitants ». Le clivage observé s’illustre notamment sur les projets de construction et d’aménagement urbain, le tourisme de masse et les manifestations, tel l’Enduro, course annuelle de motos dans le sable.

39Pour les résidents de la Pointe Nord, l’Enduro est une manifestation sportive et festive nécessaire à la commune. Source de revenus et d’emplois, elle n’est pas perçue comme négative sur le plan écologique dans la mesure où les deux nuisances visibles qu’elle draine, à savoir les déchets laissés sur place par la foule de visiteurs et la dégradation des plantes dans les dunes, sont immédiatement effacées par les services de la commune. Les résidents des Dunes sont plus partagés sur la question : parmi eux quelques interviewés arrivés à West Green il y a une quinzaine d’années, alors que les prix des résidences étaient moins élevés, se disent préoccupés par le piétinement des dunes, mais aussi désireux de garder le Touquet « ouvert » à des publics divers grâce notamment à des manifestations telles que l’Enduro. D’autres résidents, membres de l’asfd, luttent, quant à eux, depuis plusieurs années contre le déroulement annuel de cette manifestation. Déplacée depuis 2006 (suite à leur mobilisation) des dunes à la plage, la course de motos serait une source de pollution pour le sable, qui ne serait pas analysée (en l’absence de demande de pavillon bleu de la Mairie). Elle resterait également un facteur de dégradation pour les dunes – piétinées par le public – et l’estuaire – théâtre de campements sauvages. Les opérations de nettoyage et de réparations menées par la Mairie sont qualifiées « d’économie de Sapeur Camember, c’est-à-dire qu’on plante des oyats, on détruit les oyats, et on replante » (membre de l’asfd), une pratique au coût non négligeable qui servirait à justifier de nombreux emplois et à alimenter une stratégie qualifiée de « clientéliste ».

40Les propos tenus par les membres de l’asfd sont empreints d’une double signification : sont mises en exergue les conséquences écologiques nuisibles de l’Enduro, mais aussi l’idée récurrente que « ça ne colle pas à l’image du Touquet ». L’évènement est assimilé par certains à une « invasion du Touquet par une horde sauvage ». Par ailleurs, les évènements que l’association propose comme alternative, soit un festival de théâtre ou la fête des fleurs « comme à Nice », mobilisent des références culturelles plus conformes à l’image qu’ils souhaitent du Touquet. Il ne s’agit pas ici de remettre en cause la sensibilité écologique des membres de l’asfd, qui empreint leurs discours, mais de mettre en exergue le jeu des rapports sociaux, sans verser pour autant dans une analyse en termes de syndrome nimby (not in my back yard). Jobert (op. cit.) a montré combien ce type d’analyse, disqualifiante dans le champ de l’action publique (montée des égoïsmes locaux/l’intérêt général), occultait les politisations de proximité dont relève ce type de mobilisation. En effet, la capacité de l’association à investir le discours et les valeurs écologiques, à mener des actions juridiques, conduit à mettre l’environnement sur le devant de la scène publique touquettoise et à le constituer en objet éminemment politique. L’association entend ainsi opposer sa conception de l’intérêt général au Touquet à une autre conception portée par la Mairie (le développement économique local, répondre à la demande en logements…), avec la force d’un groupe de pression qui s’assume comme tel [5] :

41

« On en a marre de voir des constructions apparaître partout et qui détruisent notre décor. […] Maintenant on est en guerre perpétuelle mais sans violence bien sûr ».
(adhérent)

42Elle propose alors un autre projet de ville littorale : un « Touquet propre et naturel, qui aurait gardé son esprit originel ». Cette dernière expression, récurrente dans plusieurs entretiens, renvoie à la notion « d’esprit des lieux » qui selon J. et N. Duncan (op. cit.) permet de positiver des objectifs de politique paysagère, mais dissimule de fait des pratiques d’homogénéisation et d’exclusion. Les propositions alternatives de l’association (du renouvellement de l’évènementiel au développement du transport à l’énergie électrique ou à la recherche d’une modernité architecturale homogène et maîtrisée) sont le reflet d’un collectif, qui s’efforce de défendre, voire d’imposer, sa vision de la cité naturelle idéale, définissant par là même qui a le droit de cité :

« Moi je souhaite pour le Touquet qu’il y ait une vraie réflexion sur qu’est-ce qu’on peut faire de cette ville … Vous savez, le Touquet est plein de contradiction comme celle-là (l’Enduro) mais bon, la plupart du temps si l’on fait abstraction de tout ça, c’est un endroit magnifique, un peu surfait par endroits, mais tellement tranquille pour les gens comme nous ».
(adhérente)

Conclusion

43L’attractivité des sites littoraux, tel celui du Touquet où le maintien du cordon dunaire et de la forêt est menacé par la pression touristique et urbanistique, pose la question de qui a le « droit » de résider, de profiter du paysage, de se promener librement… Les réponses politiques et plus largement sociales apportées s’inscrivent dans des rapports sociaux préexistants : dans des formes de domination matérielle et symbolique dont n’est pas isolable la manière dont les interviewés disent et vivent leur environnement et ses aménités, établissent leur légitimité, et celle des autres, à en bénéficier. Au-delà des standards sous lesquels les résidents évoquent leur cadre de vie littoral, les pratiques restent relativement structurées socialement. Cela ne suffit pas à invalider l’idée d’une individualisation du rapport à l’environnement (Kalaora, 2001), mais témoigne néanmoins du maintien de clivages socio-économiques et culturels. Ces clivages se lisent aussi dans la capacité à défendre une certaine vision de l’environnement, et des valeurs écologiques et sociales qu’il doit incarner. Rien de surprenant certes à ce que les acteurs les plus aisés parviennent mieux que les autres à imposer cette vision et que cela puisse être en partie profitable à l’écologie. Ainsi sans être réductible à une nouvelle forme de manipulation sociale au sens de Jeudy (Charles et Jeudy, op. cit.), l’environnement est aujourd’hui un bien matériel et symbolique à protéger, auquel l’accès est, comme pour tout bien, socialement discriminé. Le paradigme de responsabilisation envers l’environnement, mis en exergue par Charles (Charles et Jeudy, op. cit.), contribue à légitimer ces discriminations sociales considérées comme le seul moyen de réguler l’attractivité. Le mérite, mis en avant par les interviewés, transforme ces discriminations en inégalités justes. Mais il sous-tend aussi, comme pour d’autres formes d’inégalités (Dubet, 2005), des contributions plurielles selon les acteurs et les situations. Cette variabilité, qui renvoie aussi à la diversité des inégalités écologiques, invite à les lire dans une perspective double, à la fois socio-culturelle et centrée sur les configurations locales et historicisées des usages environnementaux.

Bibliographie

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Mots-clés éditeurs : inégalités écologiques, Pas-de-Calais, sociologie de l'environnement, écologisation, sites littoraux

Mise en ligne 03/05/2011

https://doi.org/10.3917/esp.144.0173

Notes

  • [*]
    Valérie Deldrève, chargée de recherches en sociologie, Unité Aménités et Dynamiques des Espaces Ruraux, cemagref centre de Bordeaux
    valerie.deldreve@cemagref.fr
  • [1]
    Nous remercions V. Belhassen et Ph. Deboudt pour leur contribution au travail de terrain réalisé et J. Candau pour la relecture de cet article.
  • [2]
    Ainsi pour Charles, ce nouveau paradigme « voit dans l’homme l’instrument majeur d’une compréhension et d’une transformation de l’espace terrestre lui imposant de tenter d’assumer la responsabilité que son développement historique lui assigne dans une perspective nécessairement compréhensive » (p. 25). À l’opposé pour Jeudy, il s’agit d’« une énième étape d’un processus visant toujours davantage à encadrer et normer les comportements et l’agir collectif » (p. 9) ; la rationalisation contemporaine d’une meilleure gestion de l’environnement s’opérant sur fond de peur, à coups d’interdits.
  • [3]
    À titre de référence : le coût à l’achat d’une résidence dans la forêt s’échelonne entre 1,5 et 3,5 millions d’euros en 2007 ; et celui d’un duplex de 72 m2 à West Green est (hors taxe et frais) de 95 522 euros en 1995 et 268 567 euros en 2007.
  • [4]
    Ces adhérents sont à 99 % propriétaires, de moyenne d’âge élevée, exerçant ou ayant exercé une activité en tant que professions libérales, cadres supérieurs, journalistes…, voire, pour quelques-uns, enseignants. L’asfd est née dans les années 1970, lors de la mise en place du premier plan d’occupation des sols (pos) d’une manifestation de résidents contre un projet de résidences collectives en forêt. Elle a été reconnue d’utilité publique en 1995.
  • [5]
    L’association, qui par souci d’indépendance ne souhaite pas voir ses membres entrer dans le Conseil municipal, dispose de moyens importants issus des adhésions et subventions, qui leur permettent de recourir au service d’avocats. La notoriété de son président et de certains de ses membres lui confère par ailleurs une bonne capacité de mobilisation et audience auprès des médias.
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