Notes
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[*]
Malcolm Mansfield, maître de conférences, université Paris 3-Sorbonne Nouvelle
malcolm.mansfield@free.fr -
[1]
« C’est là où la mécanisation est la plus importante que l’emploi est le plus stable. C’est là où la mécanisation est la moins importante que l’emploi est le plus précaire » (Booth, 1888).
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[2]
Ces plans de la ville de Londres sont consultables sur Internet : http://booth.lse.ac.uk/
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[3]
Ces programmes d’amélioration permirent de combler un vide dans les structures de l’administration locale en l’absence de droit administratif constitué.
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[4]
D’autres démolitions suivirent à Lambeth, St George-in-the-East, Limehouse et Greenwich.
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[5]
À St George-in-the-East, la moitié des familles ouvrières vivaient dans une seule pièce. (H.J. Dyos et D.A. Reeder, 1973).
1Dans Géographie de la domination, David Harvey (2001) démontre que l’environnement urbain du capitalisme doit être considéré comme une marchandise complexe, composite et spatialement ordonnée. Ainsi, le capital investi dans toute production qui circule au cœur des villes ne saurait être pensé en dehors des différentes formes de propriété foncière qu’on y trouve. Le produit des loyers généré par les propriétés influe très directement sur l’utilité d’un grand nombre d’éléments situés à proximité. Le Londres de la fin du xixe siècle offre un exemple paradigmatique de cette complexité tant l’État s’y est retrouvé confronté à un obstacle majeur : l’immobilité de la main-d’œuvre due à la destruction partielle du parc locatif situé au cœur de la cité, qui eut pour conséquence d’empêcher la mise en phase géographique de la production et des travailleurs. Le capital dut alors composer avec les problèmes causés par la déqualification accélérée d’une main-d’œuvre soumise à une concurrence accrue sur un marché locatif en contraction.
2Ces contradictions expliquent les difficultés rencontrées par les réformateurs sociaux et ont débouché sur une refonte des problématiques liées aux politiques publiques en Grande-Bretagne, qui forment la trame de toute description du welfare state. La crise urbaine de Londres provoqua l’éclosion d’un sentiment de culpabilité au sein de la bourgeoisie, qui à son tour entraîna la rupture d’avec les dogmes des politiques victoriennes : individualisme, responsabilité personnelle et moralisation. Le traitement moderne de la pauvreté basé sur l’assurance sociale devint envisageable parce que les solutions existantes étaient inefficaces (Walters, 2000). Néanmoins, ainsi que Stedman Jones l’a montré dans sa célèbre étude (1984), ces problèmes peuvent être évalués à l’aune des préjugés de classe qui dominaient alors la pensée sur le sous-prolétariat urbain plutôt qu’en fonction d’une prétendue « prise de conscience de la pauvreté ». Hélas, l’intérêt suscité récemment par la genèse du concept de chômage brouille considérablement ce tableau, car les chercheurs ont tendance à traiter séparément les questions liées au chômage et celles concernant le logement, alors que les premières sont encastrées dans les secondes. On constate aussi une attention particulière portée à l’apparition d’une norme de « l’emploi régulier », qui peut être identifiée au besoin de stabiliser la main-d’œuvre salariée dans le système capitaliste (Castel, 1995 ; Topalov, 1994).
Or ces problèmes ne sauraient être traités séparément, comme le prouve l’accent mis sur la question du standard of life (sol) dans la pensée réformatrice de la fin du xixe siècle. Alors que la pensée sociale l’a récemment fractionné, ce concept a permis aux réformateurs sociaux d’envisager un ensemble de questions dont Yelling (1986) a décrit l’agencement dans son étude de la rénovation des quartiers insalubres (Improvement Projects) à Londres. Le présent article se fixe donc pour premier objectif de montrer que la norme de régularité n’est pas opératoire, contrairement au concept de sol. Seront ensuite analysées les origines du sol – à rechercher en dehors de Londres – puis la transformation du concept suite aux répercussions de l’emploi occasionnel sur les projets d’amélioration du logement à Londres. Enfin, il s’agira de montrer comment la généralisation par Beveridge de la question de l’emploi occasionnel a ouvert la voie à la « construction du chômage ».
La régularité : une fausse piste
3L’enquête monumentale de Charles Booth (1904) sur les conditions de vie de la classe ouvrière, publiée entre 1889 et 1903, a joué un rôle essentiel dans la reformulation des politiques sociales de cette époque. L’histoire sociale considère traditionnellement que les révélations de Booth sur l’étendue réelle de la pauvreté ont entraîné, entre autres choses, une réorientation de l’effort réformateur vers des mesures visant à faire baisser l’ampleur de l’emploi irrégulier. Booth stigmatisait les travailleurs occasionnels, mais l’importance qu’il accordait à l’emploi régulier annonçait déjà les politiques sociales modernes axées sur le concept de chômage. La norme de l’emploi régulier est l’une des principales dimensions socio-économiques du capitalisme industriel : elle s’exprime dans le remplacement de la production artisanale et agricole naturellement fluctuante par la stabilité inhérente au travail salarié dans une « économie toujours plus mécanisée [1] ». Les normes de l’emploi régulier, qui devaient s’incarner ensuite dans les principes de l’assurance sociale, peuvent être considérées comme un prolongement de pratiques des syndicats d’ouvriers qualifiés du nord industriel de l’Angleterre.
4Mais ce type d’analyse pose le problème du lien entre « chômage » et « sous-emploi » car « régularisation de l’emploi », « limitation du sous-emploi » et « construction du chômage » sont des processus indissociables. Ainsi, la question connexe de la durée minimale du travail hebdomadaire est difficilement compatible avec l’intégration sociale des pauvres. Un réformateur tel que Booth était obsédé par la nécessité d’expulser hors de Londres les travailleurs occasionnels. Son insistance sur la nécessité de « régulariser » (decasualize) les horaires des travailleurs précaires eut une influence décisive sur la définition du chômage livrée par Beveridge, que ce dernier limita plus ou moins au sous-emploi. Le stéréotype négatif du travailleur occasionnel n’a jamais disparu de tous ses écrits et on constate une véritable continuité dans la pensée réformiste malgré l’apparition d’une approche plus « sociologique » de la question du chômage.
5On peut considérer que c’est la place accordée au travail irrégulier, et non régulier, qui domine les réflexions de Booth sur Londres. Il semble difficile d’interpréter sa pensée à l’aune d’une définition de la respectabilité fondée sur le degré de régularité de l’emploi, même si ses incroyables « cartes de la pauvreté londonienne », analysées par C. Topalov (1991), semblent l’indiquer, car elles expriment la même obsession pour le sol que celle relevée dans la classification sociale qu’il avait établie (cf. Booth, 1903, chapitre 13). Sur ses cartes de la ville, la couleur des rues change en fonction du degré de pauvreté. Plus le quartier est déshérité, plus le bleu est foncé [2]. Cependant, la distinction entre les zones où vivaient des pauvres travaillant irrégulièrement (classe C) et celles habitées par des pauvres travaillant régulièrement (classe D) n’est pas visible : elles sont toutes en bleu clair. On les distingue en revanche clairement des endroits où vivent les pauvres travaillant à l’occasion (classe B, casuals), signalés en bleu foncé, différenciation que l’on retrouve dans la plupart des pages importantes de Booth (Williams, 1981, chapitre 7). Même si le sol de la classe D – les « réguliers » – est différencié de celui de la classe C – les « irréguliers » – leur pauvreté les rapproche. À l’inverse, c’est parce qu’ils ont abdiqué toute aspiration à la « régularité » que les membres de la classe B ont ce statut de paria. Leur plus grande pauvreté est donc visuellement marquée.
La pensée de Booth souligne la destruction des normes de comportement (standards of conduct) causée par la proximité et la concurrence prolongées avec les travailleurs occasionnels. Toutefois, la casse des salaires qui engendre ce changement n’est rendue possible que par la saturation des marchés du travail, qui sape structurellement la capacité des « pauvres » à résister à l’opportunisme des travailleurs occasionnels. Ces travailleurs occasionnels ont été identifiés comme un frein à l’élévation de la classe ouvrière (Mansfield, 2008). Les « cartes de la pauvreté » semblent indiquer que les gens passaient d’une zone à l’autre pour tenter d’améliorer leurs conditions de vie et expriment la conception dynamique de l’emploi contenue dans la notion de sol, c’est-à-dire la question des aspirations. Elles délimitèrent aussi le champ d’action spatial du Metropolitan Board of Works (mbw), chargé de l’amélioration des infrastructures urbaines et de la destruction des taudis. Dans un article de 1886, Booth remarquait déjà l’existence d’un groupe d’ouvriers incapable de quitter la pauvreté du centre-ville pour aller s’installer dans les banlieues alors en pleine expansion, ce qui suggère que ses conceptions en matière d’emploi irrégulier trouvaient leur source dans l’histoire de ces réformes et dans le concept du sol.
Présentation du sol
6Il va de soi que la pensée sociale privilégiait à l’époque la régulation morale aux approches plus « scientifiques » et impersonnelles requises par les politiques sociales modernes. Le fait de ne pas avoir de travail, autrement dit le chômage, n’était pas une condition suffisante pour prétendre à une aide garantie par la loi. De fait, la politique sociale anglaise était encadrée juridiquement par les Poor Laws qui avaient pour objectif précis de limiter toute aide apportée aux travailleurs « valides » (able-bodied workers). Les différentes approches philanthropiques de la régulation morale qui s’ajoutaient à l’aide publique aux pauvres anticipaient la notion de sol (Parsons, 1968, chapitre 4). La tradition malthusienne, même revue et corrigée par John Stuart Mill, associe explicitement élévation du niveau de vie et amélioration morale des ouvriers. D’abord appliqués à la classe ouvrière naissante, ces concepts ont contribué à la description des villes comme lieux de tentations immorales menant à la pauvreté extrême. Tant le malthusianisme que la doctrine du fonds des salaires de Mill minoraient l’impact des conditions de travail.
7Avec l’élévation du niveau de vie ouvrier, le nombre des très pauvres se limita progressivement à un sous-prolétariat (ou residuum) de plus en plus restreint. Les concepts de régulation morale tels que le sol se distinguèrent dès lors plus nettement de notions utilitaires telles que le « niveau de confort », en particulier dans les travaux d’Alfred Marshall. De la même manière, l’Idéalisme de T.H. Green s’opposait à la menace représentée par le matérialisme, tout comme les travaux de Bernard Bosanquet, autant de philosophes et de philanthropes qui favorisaient un sujet idéalisé, le « vrai soi », présent dans les conventions sociales du quotidien, au détriment de l’Homo economicus. Ces réflexions philosophiques formèrent l’armature théorique de l’activité de la Charity Organisation Society (cos) (Bosanquet, 1906, p. 12-53), établie au début des années 1870. Bien que convaincue de la nécessité d’aider « ceux qui avaient besoin d’aide », la cos persista à défendre les lois sur les pauvres et la tutelle morale alors que les revendications pour une meilleure prise en charge de la pauvreté s’intensifiaient.
8Si on s’en tient là, il est tentant de voir dans l’apparition soudaine de la « question des chômeurs » au milieu des années 1880 un problème conceptuel ayant eu raison de règles morales dépassées. Les « chômeurs », qui s’étaient vu proposer par la municipalité de Londres des emplois aidés en vertu de la « circulaire Chamberlain » de 1886, affluaient dans les centres d’aide et ne pouvaient plus dès lors être distingués de ceux souffrant de sous-emploi chronique. Les militants de la cos niaient farouchement l’existence d’une catégorie spécifique de chômeurs tout en soulignant avec force que l’aide apportée aux « chômeurs » se faisait selon leurs méthodes peu généreuses et à la morale sélective. Ils reconnaissaient toutefois que les marchés du travail étaient saturés de travailleurs mal payés et peu qualifiés dont l’immobilisation dans certains quartiers fut attribuée à la présence au même endroit d’organisations caritatives, de dépôts de mendicité (casual wards) et d’emplois occasionnels (Dendy, 1893).
Cependant, l’organisation de la propriété foncière à Londres avait pour conséquence de limiter les ressources publiques disponibles dans les quartiers pauvres pour traiter les graves problèmes urbains dont ils souffraient, alors que les quartiers riches bénéficiaient souvent d’exonérations fiscales confortables parce qu’ils accueillaient sur leur sol des corporations de nature caritative ou non (Offer, 1981, p. 95). Financiers et commerçants ne s’acquittaient que de faibles sommes au titre des impôts locaux, tandis que les grosses entreprises (chemin de fer, docks, usines) pouvaient reverser jusqu’à 10 % de leurs bénéfices. À la fin du siècle, les impôts locaux payés par la petite bourgeoisie commencèrent à dépasser l’impôt sur le revenu. Les propriétaires immobiliers souffraient de plus en plus financièrement (Offer, op. cit., chapitre 17). Le rétablissement de l’obligation pour les locataires de payer les impôts locaux compliqua un peu plus la situation car il empêchait d’augmenter les impôts dans les quartiers pauvres, qui avaient pourtant le plus besoin d’aide (Englander, 1983, chapitre 3). Mais ce système donna aussi le droit de vote aux locataires de logements surpeuplés dans certains districts électoraux, de sorte que les plus pauvres pouvaient potentiellement imposer par les urnes leur conception de la redistribution de la richesse (ibid.). Il est donc logique que les militants de la cos aient souligné la corrélation existant entre le faible sol des travailleurs occasionnels et leur immobilité dans certains quartiers.
Le sol en province
9Le concept de sol doit aussi beaucoup au travail de sociétés statistiques de province, qui insistaient sur la moralité des pauvres (Cullen, 1979) et sur les problèmes subis par les « pauvres respectables » du fait de voisins sales et turbulents. La remarquable enquête sociale sur Manchester réalisée par le docteur James Kay (Seed, 1982) en est la parfaite illustration. Kay avait une conception de la « police sanitaire » (Selleck, 1994, p. 68) consistant à suivre de près la vie de familles ouvrières et à réaliser des études sociales à partir de visites à domicile dans le but de révéler l’insalubrité des conditions de vie, mais ses écrits révèlent également l’influence délétère des émigrés irlandais sur les quartiers les plus pauvres de Manchester. Ces dimensions morales rappellent les positions malthusiennes du révérend Chalmers, ami de Kay (Chalmers, 1833). Kay et Chalmers cherchaient le moyen de hausser le niveau de vie des travailleurs urbains au-delà de celui des Irlandais par le biais de visites à domicile et des Missions Domestiques (Goodlad, 2001).
10Si le surpeuplement constituait une dimension fondamentale du problème de la salubrité, pour beaucoup de réformateurs les priorités absolues étaient l’évacuation des eaux usées, l’adduction d’eau potable et l’éradication des risques sanitaires, soit une stratégie de génie civil s’inspirant des nombreuses enquêtes sanitaires publiées dans la première moitié du siècle (Midwinter, 1988). Goldman (2002, chapitre 6) a souligné le rôle important des sociétés statistiques de province dans la promotion d’une stratégie sanitaire basée sur un maillage du territoire par des médecins inspecteurs de la santé (medical officers of health, moh). Suite aux épidémies du début du xixe siècle, la Social Science Association (ssa), fondée en 1857, participa aux débats sur l’opportunité d’une administration centralisée chargée de piloter les actions des moh du pays. La loi de 1848 sur la santé publique (Public Health Act) avait permis la formation d’un réseau inégal et pas toujours efficace d’autorités sanitaires locales chapeautées par l’Office général de la santé (General Board of Health) de Chadwick, mais l’action de la ssa et de ses relais provinciaux accompagna la véritable naissance d’une médecine publique avec, en 1858, le remplacement du gbh par une structure décentralisée responsable directement devant le Conseil privé de la Reine. L’administration de la santé publique se développa très rapidement, avec la nomination à Londres en 1856 de 48 médecins inspecteurs de la santé, secondés par une armée d’« inspecteurs des nuisances » (Hardy, 1993). C’est dans ce contexte que le problème des taudis surpeuplés fut enfin pris à bras-le-corps. La loi de 1866 sur l’hygiène (Sanitary Act) donna aux autorités locales le pouvoir de déclarer « nuisibles » les habitations surpeuplées en prélude à leur démolition. Mais cette législation se révéla inefficace car, d’une part, les inspecteurs ne pouvaient empêcher les entrepreneurs de construire vite des maisons de mauvaise qualité et, d’autre part, les autorités locales n’étaient pas obligées de reloger les personnes expulsées.
Aux termes du Torrens Act de 1868, inspiré par la ssa (devenue entre-temps la napss – National Association for the Promotion of Social Science), les autorités locales obtinrent le pouvoir d’obliger les propriétaires à réparer les logements insalubres sous peine de démolition, mais cette loi permissive n’eut pas plus d’effet. Quelques réussites néanmoins, comme dans les années 1860 à Glasgow et Édimbourg, où des programmes permirent l’acquisition de propriétés insalubres suivie de reconstructions. Édimbourg rasa 3 250 logements sur 34 sites différents à compter de 1867 (Smith, 1980), tandis que les notables de Glasgow assainirent pas moins de 35 hectares de zones insalubres après 1866, ce qui se solda par le déplacement de 25 375 personnes en dix ans (Allan, 1965). Ces programmes ont permis de dédommager les habitants correctement et de relancer la construction sur des bases commerciales saines. Les améliorations sanitaires se firent au prix de la destruction dramatique de logements bon marché, mais les contribuables locaux virent d’un bon œil le départ de ces pauvres, et le surpeuplement qui s’ensuivit dans les zones adjacentes ne les concernait plus. Cependant, l’exemple d’Édimbourg fut mis à profit par la cos pour démontrer l’efficacité du système de visites à domicile destiné à réduire le surpeuplement (Committee of the Public Charities, 1868, p. 7-10).
Le Gouvernement Métropolitain de la Saleté
11À Londres, les plans d’amélioration se heurtèrent d’emblée à de sérieux obstacles. Tout d’abord, le maquis des administrations locales dissuada le législateur d’inclure la capitale dans ses réformes des autorités locales en 1835 et dans les dispositions de la loi de 1848 sur la santé publique. Finalement, les principaux projets d’amélioration de 1855 furent confiés à la gestion d’un office métropolitain des travaux publics, le Metropolitan Board of Works (mbw), composé de représentants élus par les conseils de paroisses (vestries) et de districts, mais les paroisses se montrèrent incapables d’agir efficacement, le lobbying agressif de Chadwick ne faisant que renforcer l’opposition à ses projets autoritaires. Toutefois, la naissance du mbw transforma en profondeur la situation politique. Le mbw, surnommé « le Sénat des Égouts », simplifia les contours des juridictions administratives, obtint le droit d’emprunter et entreprit des travaux de drainage [3].
12Néanmoins, c’est avec l’établissement du London Common Fund (lcf), en 1867, que la question du surpeuplement revint sur le devant de la scène. Chargé d’harmoniser les impôts pour les pauvres (poor law rates), le lcf posa les fondations institutionnelles sur lesquelles la cos s’éleva deux ans plus tard. Les militants de la cos qui devenaient administrateurs des lois sur les pauvres (poor law guardians) (MacKinnon, 1987) étaient en position non seulement de coordonner l’action des organismes de charité privés, mais aussi d’influencer directement la distribution de l’aide publique aux indigents. Plus encore, la cos mit à profit la confusion entre les compétences des inspecteurs des Poor Laws et ceux de la santé pour faire appliquer également les règlements sanitaires, tels des « inspecteurs des nuisances » officieux (Harrun, 2005), et devint à ce titre l’un des principaux défenseurs de la manière forte, c’est-à-dire les démolitions des taudis, comme celles de Glasgow.
13La cos se lança donc dans la réforme des familles ouvrières selon les concepts élaborés par Chalmers (Bosanquet, 1973, p. 160-163) et ceux assez proches utilisés par les Domestic Missions, basées à Manchester (Wach, 1993). Les spécialistes du logement de la cos étaient convaincus que le taudis était fondamentalement causé par un problème moral de comportement et de faiblesse d’ambition personnelle. L’offre importante de taudis disponibles encourageait les ouvriers « non respectables » à se loger à bas prix (Yelling, op. cit., p. 12) en acceptant des conditions de vie indignes. L’insalubrité et le délabrement des logements justifiaient ainsi leur démolition et l’expulsion des habitants… La cos tenta de trouver des solutions aux problèmes rencontrés par les ouvriers respectables déplacés qui devaient se loger près de leur lieu de travail, et recommanda la mise en place de grands projets immobiliers privés bon marché permettant de réaliser des économies d’échelle. À Londres, Octavia Hill (Darley, 1990, chapitre 8) prouva par l’exemple qu’il était possible d’imposer des loyers plus élevés à des pauvres sélectionnés dès lors qu’ils étaient soumis dans leurs logements à des règlements stricts et placés sous le contrôle de receveurs des loyers. Si la relation entre propriétaire et locataire était encadrée par un système d’obligations mutuelles, il était possible d’envisager un bénéfice correct.
14Directement influencée par la cos, la loi de 1875 sur l’amélioration des logements des artisans et des travailleurs (Artisans’ and Labourers’ Dwelling Improvement Act ou Cross Act) avait pour objectif de rendre rentable l’habitat destiné à la classe ouvrière respectable en l’attirant vers les banlieues et en rebâtissant sur des sites insalubres préalablement rasés. Les ouvriers plus modestes devaient pouvoir s’installer dans les logements laissés libres dans le centre, provoquant un nivellement vers le haut du sol. Cette loi étendit à Londres l’autorisation donnée aux moh de désigner les maisons malsaines, ce qui devait permettre de se débarrasser des pires taudis situés dans des « îlots d’insalubrité ». Cette politique se concentra plutôt sur des zones de pauvreté isolées que sur celles ayant bénéficié du Torrens Act. Les zones rasées furent mises à disposition des promoteurs sans la moindre obligation concernant les futurs loyers. Le relogement fut laissé à la charge de petites entreprises philanthropiques fabriquant des « logements modèles ». Les sites dégagés devaient être suffisamment étendus pour permettre la construction d’immeubles spacieux et élevés composés de logements standardisés. On abandonna la rénovation des logements entamée après le Torrens Act, et aucune priorité au relogement ne fut accordée aux anciens locataires, vus comme des indigents et comme des délinquants ou des prostituées potentiels.
Le coût du Cross Act fut particulièrement élevé car il dédommagea généreusement les propriétaires sur la base d’un « prix du marché équitable » pour les terrains situés dans des zones ouvertes à la concurrence entre promoteurs. Aux termes de cette loi, on expulsa 22 868 personnes occupant 5 555 logements différents comprenant généralement une seule pièce. Neuf ans après le vote du texte, plus de 9 hectares sur les 16 qui avaient été rasés n’avaient pas trouvé preneur tandis que les propriétaires, pourtant dédommagés, continuaient de ne faire aucune réparation et percevaient des loyers abusifs. Confronté à l’inefficacité du système, le mbw recentra son effort sur l’amélioration des critères sanitaires des nouveaux logements prévus par le Torrens Act en augmentant les obligations des propriétaires. La loi ne facilita donc ni le relogement de la classe ouvrière respectable ni l’expulsion de la masse des travailleurs occasionnels. La concurrence élevée pour les terrains du centre-ville fit exploser les loyers au-delà de ce que les ouvriers les plus modestes pouvaient payer. Malheureusement, les entrepreneurs du bâtiment ont orienté leur activité vers les banlieues où seulement les petites classes moyennes avaient l’opportunité d’accéder à la propriété. En conséquence de l’augmentation spectaculaire du surpeuplement, le mbw abandonna les obligations en matière de reconstruction et encouragea la production de logements d’une pièce [4].
Du logement au chômage
15Notant l’incapacité des ouvriers à s’acquitter des loyers nécessaires à l’obtention d’un logement correct à Londres, et pas seulement dans le centre, le rapport de la commission royale sur le logement publié en 1885 déclencha un changement de priorités. Dans les quartiers les plus peuplés, le loyer pouvait absorber 20 % des salaires voire plus, et dans certaines zones la proportion oscillait entre 25 % et 50 % pour près de la moitié des ouvriers. Surtout, le surpeuplement n’était pas causé uniquement par les projets d’amélioration et la hausse des prix immobiliers, mais aussi par l’obligation pour les ouvriers employés irrégulièrement d’habiter à proximité de leur lieu de travail (Her Majesty’s Commissionner, 1885, p. 16). Lorsque leurs logements étaient démolis, les ouvriers avaient plutôt tendance à se battre pour conserver leurs moyens de subsistance et à s’en aller saturer un peu plus les quartiers adjacents qu’à quitter le centre, faisant empirer une situation déjà rendue critique par la construction de lignes ferroviaires, d’usines et les travaux de voirie [5]. De fait, si l’augmentation des loyers était bien le fait d’une pénurie d’habitations bon marché, le rapport reconnaissait que le manque de mobilité des ouvriers constituait un obstacle essentiel à la réforme du logement.
16Suite au rapport, on constata une inflexion très nette des principes des réformateurs sociaux. Ainsi, Beatrice Webb abandonna son travail dans une entreprise philanthropique de logements modèles, tandis qu’Octavia Hill finit par soutenir sans enthousiasme la construction de logements modèles dont la taille recommandée des pièces était plus petite que ce qu’elle aurait souhaité. Ces réformateurs refusaient « l’idée selon laquelle il existait encore chez les pauvres de l’argent disponible pour payer des loyers plus élevés qu’il serait possible d’exploiter pour leur propre bien » (Yelling, op. cit., p. 32). L’opposition farouche de Charles Booth à de nouvelles démolitions de type haussmannien était du même ordre : comme le démontraient ses cartes de la pauvreté, le développement des banlieues pouvait être encouragé par l’amélioration des transports urbains. À l’appui de sa démonstration, il utilisait une métaphore hygiéniste : « Ce serait comme des travaux de drainage sur des terres couvertes d’eau stagnante » (Booth, 1901, p. 17). Ce plan rappelait le projet d’Alfred Marshall qui visait à déplacer les petits ateliers vers la périphérie de Londres. Malheureusement, les efforts déployés entre 1859 et 1862 pour encourager les ouvriers à s’installer en banlieue se heurtèrent à la difficulté de faire coïncider horaires de train et heures de travail intermittentes (Stedman Jones, op. cit., p. 207-209).
Les démolitions révélèrent que le problème du logement londonien ne pourrait être résolu que par la réorganisation du marché du travail irrégulier. Mais la tâche était immense : sur les docks, on relevait 21 353 travailleurs pour un potentiel de 17 000 postes à plein-temps. Le port attirait une main-d’œuvre occasionnelle considérable. Quant aux ouvriers de la construction navale, charpentiers du bord, calfats, accastilleurs, fabricants de mâts, poulieurs, etc., ils avaient vu leur rythme de travail se dérégler du fait des évolutions du secteur (ibid., chapitre 4). On trouvait aussi d’importants réservoirs de travailleurs irréguliers autour des marchés de gros, des gares, des dépôts de marchandises et des chantiers de construction, et toute une population de chiffonniers, de ramoneurs, de vendeurs de bois de chauffage, de marchands des quatre-saisons, de camelots, etc. En outre, suite à la vague d’immigration des années 1880, les emplois pénibles et mal rétribués (sweated trades) augmentèrent et beaucoup d’ouvriers se retrouvèrent immobilisés à proximité de petits ateliers installés dans des pièces surpeuplées dans des immeubles insalubres parfois déclarés inhabitables (Feldman, 1994, p. 76). La sous-location pratiquée par la communauté juive et la spéculation foncière détachèrent l’évolution des loyers de la réalité du marché. Enfin, le travail des femmes compliquait un peu plus la situation dans le centre, où les docks constituaient la principale source de revenus de bien des familles ouvrières ; l’irrégularité des revenus des hommes obligeait les femmes à chercher du travail et contribuait à fixer un peu plus les familles dans cette zone (Bythell, 1978, p. 76).
Les nuisances du travail occasionnel
17L’incursion de Charles Booth dans ces problématiques relança la question du sol. Ses définitions rudimentaires du « salaire d’efficience », empruntées à l’économiste américain Walker (Whitaker, 1997) soulignaient la capacité de résistance des ouvriers face à la pression à la baisse appliquée par les employeurs sur le sol, du fait de la concurrence sévère régnant dans cet environnement urbain. D’où l’accent mis sur les effets de la mobilité limitée des ouvriers au moyen des cartes de la pauvreté. Le sol des foyers et les fluctuations des besoins en main-d’œuvre étaient placés au même niveau, ce qui constituait une nouveauté surprenante. Des aires concentriques (représentant les « facteurs d’emploi ») partant du centre de Londres étaient différenciées par des couleurs représentant le sol. Les carnets de Booth débordent de notes sur les liens entre activité laborieuse et pauvreté (Yelling, op. cit., p. 52). Les cartes montraient donc les familles dont la présence n’était pas justifiée par la demande fluctuante de main-d’œuvre dans tel ou tel métier, ce qui démontrait de manière visible que certains travailleurs occasionnels étaient bien des nuisances pour Londres.
18Les premiers chapitres des Industry Series de Booth renvoient en permanence à cette question, quoique de façon indirecte. L’auteur (1904, p. 1-4) y montre que certains ouvriers étaient dans l’incapacité d’échapper au surpeuplement malgré des salaires supérieurs au seuil de pauvreté. À l’inverse, d’autres semblaient plus à l’aise malgré des revenus modestes. Le désir des ouvriers d’avoir un logement correct est considéré comme constant (Booth, 1903, p. 5) et Booth décrit les contraintes qui les tiraillent, alors qu’ils peinent à gagner leur vie sur un marché du travail désorganisé. Mais il ne mentionne pas le rôle des démolitions dans l’aggravation de la pénurie de logements. On ne se préoccupe plus des taudis, mais des caractéristiques de leurs habitants.
19Booth pensait que les marchés du travail de Londres étaient anormalement peu sélectifs. Les ouvriers étaient contraints de se battre en permanence pour conserver un certain niveau de respectabilité. Cette pression provenait de l’immobilisation d’un sous-prolétariat occasionnel incapable de s’élever de façon définitive. Les taudis surpeuplés n’étaient plus synonymes de déchéance ; contrairement au modèle malthusien classique, c’était la saturation des marchés du travail qui était la cause de la déchéance des familles et non l’inverse. La simple présence d’une masse importante de travailleurs occasionnels suffisait à faire chuter le sol. Booth recommandait donc d’expulser les « classes superflues » et de les rééduquer dans des colonies de travail à la campagne. Cette expulsion de personnes non respectables aurait pour avantage de libérer des emplois pour « les pauvres » et surtout de faire disparaître des exemples de conduite immorale.
Cette classe de travailleurs superflus décrite par Booth n’annonce pas vraiment le concept plus impersonnel de chômage. D’un point de vue purement logique, seule une recherche d’emploi, concept encore flou, non couronnée de succès pouvait permettre de distinguer les « travailleurs irréguliers honnêtes » des occasionnels. Les « chômeurs honnêtes » étaient perdus au milieu des réserves de main-d’œuvre occasionnelle. Ce qui en dit long sur l’approche essentiellement moraliste de Booth, c’est que pendant que le William Booth de l’Armée du Salut se lamentait sur les ouvriers déshérités qui ne pouvaient même pas atteindre « le sol d’un cheval de fiacre », un autre Booth défendait le recours à un sol plus élevé comme critère d’attribution d’un logement dans le centre de Londres (Select Committee on Distress, § 10571). Cette solution était même présentée comme un moyen de sortir de la « question du chômage » en 1895 !
Conclusion
20Les années 1890 virent une transformation profonde des termes du débat sur le logement. En 1890, le tout nouveau London County Council (lcc, qui remplaça le mbw en 1888) mit sur pied un comité chargé du relogement des personnes expulsées suite aux démolitions de l’East End. La surpopulation engendrée par ces travaux prenait désormais le pas sur les préoccupations hygiénistes du début des années 1880. On revint sur les amendements au Cross Act votés en 1879, qui annulaient l’obligation de relogement des expulsés au même endroit dans des bâtiments neufs. Le lcc s’engagea directement dans la construction et la gestion de logements ouvriers à proximité immédiate des zones d’emploi, comme en témoignent plusieurs cités telles que Boundary Street Estate, située près du centre, qui offrait des logements à prix abordables, et Millbank Estate. Les règles de construction étaient assez sévères, mais une fois encore la question cruciale des loyers fut escamotée. Le lcc était incapable de décider s’il fallait faire peser le poids des impôts locaux sur le contribuable, qu’il s’agisse des anciens propriétaires ou de l’ensemble des Londoniens.
21Ces changements permirent en dernier ressort de remplacer le concept de residuum par celui de chômage. Mais ce sont les généralisations effectuées par Beveridge à partir des catégories imparfaites de Booth qui étendirent la question du travail irrégulier à l’ensemble de la main-d’œuvre de Londres. Les ouvriers de la classe B partageaient la déchéance morale et la dégradation propres à tous les travailleurs urbains. La spécificité morale de la classe B n’était que le fruit de la désorganisation des marchés du travail. Le centre de tri que constituaient les bureaux de placement, lancés en 1908, permit d’introduire de la régularité dans l’emploi. La construction du chômage comme réalité administrative put ainsi être présentée comme une tentative de fournir davantage de travail à tous les ouvriers, même si, dans les faits, il s’agissait surtout d’en proposer plus à ceux qui en cherchaient vraiment. Ce projet avait pour but de durcir les critères : travailler plus pour gagner plus et plus régulièrement.
Quelques années auparavant, Octavia Hill avait admis que la carte du logement à Londres souffrait de zones peu ou non utilisables empêchant la concentration des constructions neuves et la baisse des coûts (1883, p. 87-88). Les difficultés à insérer de grands projets immobiliers commercialement viables au centre de Londres eurent raison du désir des travailleurs irréguliers ou mal payés d’obtenir un logement de meilleure qualité. Il était impossible de densifier le tissu urbain avec des constructions standardisées. La circulation plus intense de la force de travail sur les docks rendue possible par les efforts des bureaux de placement est un exemple intéressant de solution à ce problème. Une intensification du travail devait se traduire par de meilleurs salaires et une capacité accrue de payer le loyer nécessaire pour un logement décent en centre-ville. Il était possible d’expulser le residuum de travailleurs occasionnels vers des colonies de travail. Bientôt, un discours articulé autour du « drainage des mares stagnantes de travail irrégulier » et d’une foi aveugle dans l’expertise chadwickienne allait demeurer le seul lien avec les origines hygiénistes de ces réformes soi-disant objectives qui allaient déboucher sur la construction du « chômage ».
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Mots-clés éditeurs : standard of life, taudis, cartes de la pauvreté, Londres, Charles Booth
Date de mise en ligne : 17/03/2010
https://doi.org/10.3917/esp.140.0159Notes
-
[*]
Malcolm Mansfield, maître de conférences, université Paris 3-Sorbonne Nouvelle
malcolm.mansfield@free.fr -
[1]
« C’est là où la mécanisation est la plus importante que l’emploi est le plus stable. C’est là où la mécanisation est la moins importante que l’emploi est le plus précaire » (Booth, 1888).
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[2]
Ces plans de la ville de Londres sont consultables sur Internet : http://booth.lse.ac.uk/
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[3]
Ces programmes d’amélioration permirent de combler un vide dans les structures de l’administration locale en l’absence de droit administratif constitué.
-
[4]
D’autres démolitions suivirent à Lambeth, St George-in-the-East, Limehouse et Greenwich.
-
[5]
À St George-in-the-East, la moitié des familles ouvrières vivaient dans une seule pièce. (H.J. Dyos et D.A. Reeder, 1973).