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Article de revue

Les frontières de l'isthme centraméricain, de marges symboliques à des espaces en construction

Pages 35 à 50

Notes

  • [*]
    Lucile Medina-Nicolas, agrégée de géographie, maître de conférences à l’université Montpellier III, membre du laboratoire fre 3027 (Montpellier III).
    lucile. medina@ univ-montp3. fr
  • [1]
    Guatemala-Belize, Honduras-El Salvador et Nicaragua-Colombie (frontière maritime), le quatrième entre la Colombie et l’Équateur (Donaldson et Pratt, 2004).
  • [2]
    On peut citer, en 1994, l’initiative de l’ibru de proposer une somme faisant le tour des frontières mondiales (Schofield, 1994).
  • [3]
    Le terme d’horogenèse désigne le processus de construction des frontières, leur genèse donc. Il a été proposé par Michel Foucher, à partir de la racine grecque horoi qui désigne les limites politiques du territoire d’une cité (Foucher, 1988).
  • [4]
    Principe défini au Congrès d’Angostura (1819) selon lequel les nouveaux États conservent les frontières coloniales héritées. La « possession » n’a pas été définie en termes d’occupation effective, mais par référence aux documents juridiques coloniaux.
  • [5]
    La majeure partie de l’Amérique centrale appartient alors au vice-royaume de Nouvelle-Espagne et sous l’autorité de la Capitainerie générale du Guatemala, subdivisée en provinces, tandis que le Panama est rattaché au vice-royaume de Nouvelle-Grenade.
  • [6]
    Appelé « guerre du football » en raison des tensions chauffées par une rencontre éliminatoire de la coupe du monde en juin 1969, cet affrontement militaire avait pour cause le sort désavantageux du Honduras au sein du Marché commun centraméricain et l’avancée paysanne salvadorienne.
  • [7]
    La guérilla menée par le Front sandiniste de libération nationale contre la dictature somoziste, puis à leur tour les groupes contre-révolutionnaires ont pris appui sur la frontière hondurienne et dans une moindre part sur la frontière costaricienne.
  • [8]
    Michel Foucher fait remarquer la correspondance du terme frente à la fois avec sa stratégie et son espace d’application (op. cit., p. 136).
  • [9]
    Les pays d’Amérique centrale totalisent 24 frontières maritimes (14 dans la mer des Caraïbes et 10 dans le Pacifique), le Honduras en possédant le plus (8 au total).
  • [10]
    Entretien avec Juan Carlos Montúfar Celada, directeur de l’Unité technique trinationale du Plan Trifinio, 5 mai 2007, Esquipulas, Guatemala.
  • [11]
    Entretien avec Yalili Céspedes, chargée de la coopération binationale avec le Panama, mideplan, 11 mai 2007, San José, Costa Rica.
  • [12]
    Diminutif très usité de Costaricien.

1L’International Boundaries Research Units recensait en 2004 quatre conflits sur le continent américain et il est remarquable que trois d’entre eux prennent place en Amérique centrale [1]. Celle-ci offre l’illustration qu’en marge des discours émergents sur un borderless world « les États continuent de contester et de redessiner les lignes qui les séparent de leurs voisins » (Newman et Kliot, 2000). Il est vrai qu’elle présente une configuration géographique et politique particulière : sa nature isthmique et son morcellement politique engendrent un nombre important de frontières terrestres en majorité parallèles (avoisinant 960 km pour la plus longue entre le Guatemala et le Mexique et plus souvent de l’ordre de 300 km) et plus encore de frontières maritimes. Les frontières issues des indépendances du xixe siècle demeurent l’objet de différends qui enveniment le climat politique régional et mettent en danger le processus d’intégration régionale.

2À l’heure où, partout dans le monde, les frontières s’affirment au cœur des préoccupations [2], le contexte actuel pousse les pays centraméricains à envisager leurs marges frontalières selon une perspective renouvelée. Cet intérêt nouveau va de pair avec les injonctions à la mise en œuvre de coopérations binationales dans le cadre du processus d’intégration régionale. L’attention se fixe moins sur les lignes frontières et privilégie les espaces frontaliers comme objet opératoire. La frontière est à la fois un espace physique et un construit social ; elle existe par la fonction qu’on lui assigne et dans le regard qu’on lui porte. Or un changement d’appréhension des frontières s’est opéré dans les dernières décennies du xxe siècle. La région centraméricaine est illustrative de cette dynamique, constitutive du mouvement général de construction de groupements d’intégration économique et politique. Pendant que l’on parle beaucoup de la fermeture de certaines frontières et de la matérialisation de la frontière États-Unis-Mexique, au sud de celle-ci un mouvement inverse d’ouverture est en cours, bien qu’hésitant. Un changement de fonctionnalité des frontières centraméricaines s’opère. Apparaissant jusqu’à il y a peu comme des marges symboliques entre États-nations qui s’affirmaient, les frontières sont peu à peu appréhendées comme des espaces en construction. L’analyse développée dans cet article interroge le contexte et la façon dont émergent aujourd’hui des volontés politiques promotrices de relations transnationales, pour dépasser la vision classique des frontières comme lignes de division, et au contraire valoriser les régions frontalières centraméricaines comme des espaces d’interaction privilégiée. Une première partie est consacrée à une remise en perspective de la fonction identitaire des frontières centraméricaines et des ressorts des différends frontaliers, sur la base desquels on saisit mieux l’enjeu que représente aujourd’hui la promotion de la coopération transfrontalière à l’échelle de la région, analysée dans une deuxième partie. C’est enfin vers l’échelle locale qu’il faut se tourner pour appréhender le rôle des pratiques transfrontalières, véritable ferment nourricier du développement conjoint des espaces frontaliers.

Les frontières comme marges symboliques : le poids de la fonction identitaire

Des frontières « icônes » dans le processus de construction étatique et nationale

3On saisit à travers le processus d’horogenèse [3] centraméricain la profondeur de la fonction symbolique dévolue aux frontières. Le changement de référentiel politique provoqué par l’accession à l’indépendance engendre une modification de statut et un processus de linéarisation des frontières. Les frontières post-coloniales de l’Amérique centrale sont nées en 1821 des limites tracées à l’intérieur de l’Empire espagnol, selon le principe de l’uti possidetis juris[4]. L’originalité isthmique réside dans le fait que les découpages modernes se sont appuyés sur des limites internes à la Capitainerie du Guatemala [5], subalternes et demeurées floues. Le dénominateur commun régional sera la récurrence des conflits frontaliers qui surgissent entre les nouvelles républiques, dès avant l’éclatement de la République fédérale d’Amérique centrale (1823-1838) regroupant cinq provinces (Guatemala, Salvador, Honduras, Nicaragua et Costa Rica) apparaissant sur son sceau comme autant de silhouettes de volcans, conservées sur le drapeau du Nicaragua. La similitude est frappante sur l’ensemble de l’isthme durant ce siècle : tensions à répétition sur plusieurs décennies (voire plus d’un siècle), dénonciations des accords et successions de traités. Les nouveaux États qui se constituent se heurtent à la délimitation de frontières modernes linéaires, concept quasi absent précédemment. Leur faiblesse endémique a cependant limité leur capacité à défendre leurs limites territoriales (Girot et Granados, 1996) et explique que les conflits sont arrivés rarement jusqu’à l’affrontement armé. Michel et Noëlle Demyk ont identifié quatre grands facteurs de litige : les rivalités dues aux projets de canal interocéanique, le jeu des compagnies bananières sur des régions frontalières (Honduras-Guatemala et Costa Rica-Panama), la pression démographique et l’avancée paysanne à la frontière Honduras-Salvador, et enfin le mouvement de colonisation dans le cas de la frontière nord du Guatemala (Demyk, 1981). Bon nombre de différends frontaliers s’expliquent donc par le rôle clé joué par les intérêts extra-nationaux, avec les États-Unis omniprésents, qui ont perturbé de manière directe les processus de définition territoriale.

4Ces motifs, activateurs des conflits, ne semblent cependant pas suffire à expliquer la récurrence des conflits frontaliers dans l’isthme. Cela conduit à considérer ces derniers à la lumière des processus de construction nationale, comme y invite Jacques Ancel lorsqu’il affirme qu’« il n’y a pas de problèmes de frontières, il n’est que des problèmes de nations » (1938). En Amérique centrale comme ailleurs sur le continent, les indépendances n’ont pas été le fruit d’une conscience de nationalité mûrie dans chaque province, encore moins à l’échelle de l’isthme. Les élites urbaines du xixe siècle ont essayé d’imposer les patrias chicas (Musset, 2000). Pourtant, historiens et sociologues sont d’accord sur ce point, dans les petites républiques qui accèdent à une véritable indépendance en 1838 sur le modèle importé de l’État-nation, l’État moderne précède la nation. Il faut donc considérer la question du maintien d’entités créées sur un substrat territorial donné. L’élément territorial est central dans le processus de configuration étatique ; il ne l’a sans doute pas moins été dans le processus d’édification de la « communauté imaginaire » qu’est la nation. Cette idée est exprimée par plusieurs auteurs centraméricains, pour lesquels « le territoire devient un élément constructeur et la frontière acquiert la signification d’une icône » (Garcia Buchard, 1995), cette dernière s’apparentant à un « facteur de concrétion » de l’identité nationale (Herrera Caceres, 1990). La défense des frontières semble donc avoir été instrumentalisée par les gouvernants pour susciter une mobilisation de la cohésion nationale. Elle peut être envisagée comme une « diversion » face aux difficultés internes (Demyk, op. cit.). On décèle un discours des gouvernants jouant sur le registre de l’intégrité physique de la nation, dont la menace est volontairement exagérée. Le Nicaragua du début des années 2000 en est encore un exemple édifiant.

5Bien que fixées après des processus longs et disputés, souvent par le biais d’arbitrages extérieurs, les frontières terrestres de l’Amérique centrale sont aujourd’hui pour l’essentiel stabilisées, sur la base des traités de la fin du xixe siècle (Nicaragua-Costa Rica, Mexique-Guatemala) ou beaucoup plus récents (Nicaragua-Honduras en 1960, Guatemala-Belize en 1991, Salvador-Honduras en 1992). Les déclarations conjointes réitérées par les présidents centraméricains depuis les années 1980 mettent en avant le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États comme un facteur déterminant de la paix dans la région. Cette insistance ne fait que révéler la précarité de la stabilité gagnée.

La récurrence des différends frontaliers dans le contexte régional actuel

6Depuis le début des années 1990, la région centraméricaine bénéficie d’un climat politique sans conteste pacifié et démocratisé bien que non exempt de crispations frontalières. Deux conflits avaient surtout pesé sur les relations régionales depuis les années 1960, transformant la région en véritable « poudrière » : la « guerre du football » entre le Salvador et le Honduras en 1969 [6], et le débordement de la guerre civile nicaraguayenne sur les marges frontalières du Honduras et du Costa Rica à partir de la fin des années 1970 [7]. Ils ont révélé un changement de « fonction » des espaces frontaliers centraméricains, se convertissant de périphéries en fronts stratégiques militaires [8]. Les perspectives d’apaisement sont nées d’un dialogue régional (accord d’Esquipulas II, 1987). Le gouvernement sandiniste a organisé et perdu des élections libres en 1990 au Nicaragua et les guerres civiles au Salvador et au Guatemala ont officiellement pris fin respectivement en 1992 et 1996.

7Bien que moins nombreuses, des zones de conflit latent ou déclaré persistent de la frontière mexicaine à la frontière colombienne et enveniment les relations entre États, avec une intensité renouvelée. Les problématiques ont cependant évolué, avec un déplacement des disputes vers le domaine maritime, devenu l’objet de litiges importants avec le souci des États côtiers d’établir plus précisément leurs droits territoriaux maritimes (Convention sur le droit de la mer, 1982) et la compétition croissante pour l’accès aux ressources maritimes. Sur la scène centraméricaine, les océans apparaissent bien comme « la dernière frontière dans l’expansion du système de l’État-nation » (Minghi, 1963) et l’incorporation de la dimension maritime introduit une complexité frontalière supplémentaire (Granados Chaverri, 2000) [9].

8Le différend frontalier maritime le plus aigu est celui qui oppose le Nicaragua à la Colombie et au Honduras dans la mer des Caraïbes. Le Nicaragua ne reconnaît pas la souveraineté colombienne, soutenue par le Honduras, sur l’ensemble des îles de l’archipel de San Andrés et Providencia. La sentence rendue par la Cour internationale de justice (cij) en décembre 2007 a confirmé la souveraineté actuelle, en laissant cependant en suspens le cas épineux de quatre récifs foyers de prospections pétrolières.

9Le contentieux territorial le plus important (terrestre, maritime et insulaire) subsiste entre le Belize (Honduras britannique indépendant depuis 1981) et le Guatemala, qui réclame la dévolution de près de la moitié du territoire bélizien. Fin 2007, l’Organisation des États américains (oea), lasse d’une médiation stérile, a suggéré aux deux parties de s’en remettre à la cij. Cette dernière est également intervenue pour tenter de régler le contentieux qui subsistait entre le Salvador et le Honduras. Après une sentence rendue en 1992 défavorable au Salvador, la demande de ce dernier de réexaminer la décision a été rejetée (2003). Les tensions sont restées vives (usurpations de propriétés, incidents entre patrouilles) et la délimitation des eaux du Golfe de Fonseca demeure en suspens.

10Même sur les frontières plus pacifiées, stabilité ne signifie pas absence de frictions. Outre d’autres revendications territoriales mineures, les imprécisions relatives à la faible densité du bornage sont un problème récurrent sur l’ensemble des frontières.

11Il existe une relation directe entre ces tensions et la paralysie de l’intégration centraméricaine. En 2000, Haroldo Rodas, secrétaire général du sieca (Secrétariat d’intégration économique d’Amérique centrale), ne cachait pas que « l’intégration régionale traverse de sérieuses difficultés liées aux disputes frontalières » (La Prensa, Costa Rica, 10 juin 2000). La mise en place d’une politique de développement transfrontalier à l’échelle de la région centraméricaine traduit cependant un renouvellement de leur statut, et offre une chance nouvelle de développement aux marges. Tous les indicateurs montrent combien celles-ci souffrent d’un retard de développement préoccupant. Bien qu’une analyse régionale détaillée mette en valeur des originalités profondes (la typologie des frontières centraméricaines proposée par Alan Lavell (1994) identifie cinq types de régions frontalières), ce qui rapproche les régions frontalières centraméricaines tient pour beaucoup aux difficultés qu’elles connaissent. Elles peuvent ainsi toutes être classées parmi les co-existent borderlands (Schofield, op. cit.), régions entre lesquelles « la co-existence survient quand les États-nations réduisent les conflits limitrophes encore existants à un niveau gérable », sans que ces frontières puissent être qualifiées pour autant d’interdépendantes et encore moins d’intégrées. Les efforts de coopération transfrontalière tentent de remédier précisément à cette situation.

La vision renouvelée des frontières portée par le processus d’intégration régionale

12Marginalisées de tout temps, épisodiquement objet d’intérêt stratégique, les zones frontalières de l’isthme font l’objet d’une attention nouvelle depuis une vingtaine d’années. Ce changement de regard est porté par les injonctions des instances régionales centraméricaines à promouvoir la coopération transfrontalière comme instrument de l’intégration et outil d’apaisement des conflits. La dynamique impulsée porte en elle la question du statut renouvelé des frontières et a entraîné la signature d’une série d’accords binationaux de coopération transfrontalière. Le processus d’intégration régionale est donc porteur de nouvelles opportunités territoriales, malgré une large diversité de situations aux frontières.

Recompositions territoriales autour du « développement durable frontalier »

13Les notions d’intégration régionale, de coopération binationale et de coopération transfrontalière renvoient chacune grossièrement à une échelle privilégiée d’analyse. La nouvelle phase de relance de l’intégration qui s’est amorcée en Amérique centrale dans les années 1990 prend place dans un contexte régional et mondial différent de celui des années 1960 qui avait vu la création et la faillite du premier Marché commun centraméricain (mcca) engageant le Guatemala, le Honduras, le Salvador, le Nicaragua et le Costa Rica. La réactivation de l’intégration centraméricaine, qu’il faut replacer dans un mouvement général sur le continent, est présentée à la fois comme une stratégie indispensable face à la mondialisation des échanges et comme un facteur essentiel de la stabilisation politique de la région. Malgré ses atermoiements, elle signe un élargissement au Panama et au Belize (Protocole de Tegucigalpa, 1991).

14Les premiers pas en matière de développement transfrontalier dans l’isthme centraméricain datent des années 1970, impulsés par le sieca et la Banque interaméricaine de développement (bid). Un premier diagnostic avait été élaboré en 1973 dans des bassins partagés, Golfe du Honduras, Golfe de Fonseca et fleuve San Juan. Un projet de développement tri-national fut proposé par la suite, en 1976, aux gouvernements du Guatemala, du Honduras et du Salvador sur leur aire frontalière commune, connue comme le Trifinio, avec une volonté pacificatrice. Enfin, en 1979, le Costa Rica et le Panama signèrent à leur tour un accord de coopération transfrontalière.

15La promotion de la coopération transfrontalière à l’échelle régionale est intervenue à la fin des années 1980. Un premier Accord pour le développement des aires frontalières date de 1988, peu suivi d’effet. Une étape importante a été franchie en 1995, avec la signature par les vice-présidents centraméricains d’un document intitulé « Développement durable frontalier en Amérique centrale », élaboré grâce à la coopération de l’oea, du sieca et l’appui de la Fondation pour la paix et la démocratie (funpadem). Le développement des zones frontalières y est envisagé explicitement comme un instrument d’intégration. Le texte de 1995 précise que « les projets de développement durable frontalier ont été conçus comme des instruments pour renforcer les liens socio-économiques entre pays voisins et (qu’)ils tendent à combattre la situation marginale socio-économique et politique dans laquelle se trouvent les aires de frontière ». Parmi les quinze projets envisagés, trois seulement ont fonctionné (Salvador-Guatemala-Honduras, Costa Rica-Panama, Golfe du Honduras-Guatemala), montrant la diversité des domaines d’application : collaboration des services publics frontaliers, facilitation des déplacements, gestion de l’environnement et de l’offre touristique.

16La coopération se révèle cependant lourde d’enjeux. Le cas du Guatemala illustre l’ambivalence des positions des gouvernements. Ce pays est un des pionniers dans la coopération transfrontalière et signataire du ca4 depuis 1993 (accord entre le Guatemala, le Nicaragua, le Salvador et le Honduras, qui autorise la libre circulation des personnes). Aujourd’hui dans une situation délicate de pays de transit, et sous la pression des pays du nord (États-Unis et Mexique), le Guatemala impose des restrictions d’entrée aux Salvadoriens depuis 1999 et a cherché à plusieurs reprises à rompre l’accord qui le lie à ses voisins, ce raidissement mettant à mal logiquement la dynamique de la coopération aux frontières.

Le bilan contrasté des coopérations bi-voire tri-nationales

17Les deux cas de coopération cités précédemment comme pionniers, celui de la coopération trinationale entre le Guatemala, le Salvador et le Honduras, et celui de la coopération binationale entre le Costa Rica et le Panama, se présentent à l’heure actuelle comme les plus aboutis.

18Dans le premier cas, l’aire de coopération de la région montagneuse de Montecristo, devenue emblématique, mobilise trois pays et 45 municipalités frontalières. Parmi les actions développées par la Commission trinationale du Plan Trifinio, la plus aboutie en 2007 est la gestion intégrée du Haut Bassin du Fleuve Lempa. Bien que l’existence d’un organisme de gestion trinationale [10] traduise une disposition réelle des trois pays, la mise en œuvre des actions se heurte à de nombreux obstacles, qui tiennent à la fois aux volontés politiques, à la dépendance de financements internationaux, à la difficile émergence des acteurs locaux et à la difficulté d’organisation d’un travail réellement conjoint.

19Sur la frontière Costa Rica-Panama, bien que l’institutionnalisation de la coopération entre les deux pays ait été également précoce, peu de choses existaient jusqu’au second traité de coopération signé en 1992. Ce n’est qu’à partir de 1996 qu’on observe la définition d’une stratégie d’action binationale sur les circonscriptions frontalières, déclinée en une série d’accords sectoriels signés sous l’égide des deux ministères des Relations extérieures, du ministère de la Planification du Costa Rica et du ministère de l’Économie et des Finances du Panama. Une réorientation des objectifs a eu lieu depuis, traduisant l’abandon de la logique sectorielle pour une approche territoriale et transversale [11]. Elle a impliqué l’abandon des programmes antérieurs et l’élaboration de nouveaux projets, si bien qu’aujourd’hui rares sont les actions transfrontalières abouties. Le cas du parc naturel binational La Amistad, première initiative de coopération en 1979 et englobé depuis 1990 dans une réserve de la biosphère internationale, révèle la difficulté d’une réelle gestion conjointe des périmètres frontaliers et le degré d’articulation ténu de part et d’autre de la frontière, fruit d’une autonomie jalousement conservée par chaque État. Au stade de l’élaboration du plan de gestion, l’absence d’engagement conjoint et la réalisation de deux diagnostics séparés, établis l’un par le ministère de l’Environnement et de l’Énergie du Costa Rica, l’autre par l’Autorité nationale de l’environnement du Panama, étaient déjà révélatrices. Depuis, les deux autorités administrent chacune leur portion nationale du parc et la coordination s’avère difficile. Une éphémère commission binationale du parc créée en 1988 a été réactivée officiellement en 2003. Toutefois, maintenir un calendrier de réunions et un travail commun suivis s’avère au dire des acteurs une entreprise ardue.

20Si l’on peut être critique sur les avancées réelles en matière de coopération dans les deux cas présentés, il n’en reste pas moins qu’elles manifestent un souci de rapprochement qui est loin d’être présent partout, à l’image de la coopération entre le Nicaragua et le Costa Rica, longtemps au stade d’une rhétorique formelle, en raison des contentieux territoriaux entretenus. Aucun accord binational de coopération n’existe entre ces deux États, uniquement des conventions entre certains ministères. Le Traité sur le développement durable frontalier de 1995 comportait pour cette frontière un projet de développement durable du Bassin du fleuve San Juan, resté lettre morte en l’état des querelles diplomatiques relatives au fleuve. Les relations se sont même envenimées, le Nicaragua accusant le Costa Rica de polluer le fleuve par les rejets de fabriques de jus de fruits et de fermer les yeux sur un trafic frontalier de faune et de flore. Un volet sectoriel de la coopération concerne cependant la santé, en raison de la fréquentation des centres de soins du nord du Costa Rica par les Nicaraguayens. En 1988, les autorités sanitaires des deux pays s’étaient engagées à améliorer l’attention des populations de la frange frontalière, réalisant en 1996 un diagnostic de la situation sanitaire et des équipements dans la zone frontalière. Les actions, qui concernaient surtout le dépistage de maladies (malaria et dengue), ont cependant marqué le pas depuis 1998, le seul franchissement de la frontière étant déjà difficile dans le climat tendu, y compris pour les fonctionnaires.

21L’atout de cette frontière réside cependant dans les relations anciennes tissées par les populations, dont la force conduit aujourd’hui naturellement au développement d’une coopération à l’échelle locale. Si le développement des accords binationaux va dans le même sens, avec plus ou moins d’élan, que la dynamique de l’intégration régionale, il n’en est pas de même pour la dynamique des relations étatiques et celle des relations qui se nouent autour de la frontière même. Certaines frontières objets de conflits interétatiques peuvent être le lieu d’une collaboration entre populations frontalières. Il faut donc prendre soin de distinguer ce qui relève de la coopération étatique et des pratiques sociales entretenues entre voisins, parfois de longue date, de part et d’autre de la frontière.

Construire le développement transfrontalier à l’échelle locale

22Les différences d’appréhension de la question transfrontalière sont grandes entre le niveau étatique et le niveau local. La frontière peut parfois devenir un lieu privilégié de rapprochements de proximité, institutionnalisés ou informels, qui sont le fruit de considérations pragmatiques et « court- circuitent » le niveau des administrations centrales.

Les conditions d’émergence des acteurs locaux de la coopération

23Plusieurs facteurs peuvent susciter, faciliter ou freiner la coopération entre circonscriptions locales frontalières. Par-delà les injonctions des instances centraméricaines dans ce sens, l’ancienneté des relations qui peuvent unir les populations frontalières est un vecteur vers une coopération plus conventionnelle, ajouté à la facilité qu’offre le partage d’une langue commune, l’espagnol. La prise de conscience de problématiques communes est ensuite un moteur nécessaire. À la frontière du Costa Rica et du Panama, des Journées dites « de planification opérationnelle participative », organisées par les ministères concernés, ont réuni à plusieurs reprises les acteurs locaux pour travailler sur les préoccupations de gestion et d’aménagement liées à la localisation frontalière : problèmes en relation directe avec la présence de la frontière (par exemple la gestion des ordures) ou déficiences accentuées par la position périphérique (des voies de communication, des équipements). Le principal obstacle est sans aucun doute la faible autonomie des autorités locales dans l’ensemble de l’isthme. Leur marge de manœuvre est réduite par la faible avancée en matière de décentralisation, de transfert de compétences et de moyens financiers (Melin et Claverie, 2005). Le niveau régional (départements ou provinces selon les pays) reste généralement un simple échelon de déconcentration de l’État et son faible degré d’investissement dans les projets est souligné par les autorités municipales. Ces dernières sont donc réellement impliquées (municipalités, cantons ou districts) mais elles manquent d’assise. Au Nicaragua par exemple, les conseillers municipaux sont élus au suffrage direct depuis 1990 seulement et le transfert d’une petite partie du budget gouvernemental aux circonscriptions locales n’a été voté que depuis 2003.

24À cela s’ajoute la faiblesse des ressources humaines et techniques des échelons locaux. C’est sur cet aspect que la Fondation pour la paix et la démocratie (funpadem), basée au Costa Rica, a précisément agi à partir de 1997. Dans le cadre de ses activités de « réflexion et d’action pour une nouvelle Amérique centrale », cette organisation a impulsé un projet de coopération transfrontalière désireuse de « faire prendre conscience au secteur gouvernemental (gouvernements et municipalités) et aux acteurs de la société civile de la question frontalière, et d’offrir une aide technique aux autorités gouvernementales dans la formulation de politiques frontalières et dans l’exécution des projets actuels de coopération transfrontalière » (La cooperación transfronteriza en Centroamérica. Resumen Ejecutivo, avril 1997). L’idée soutenue est qu’un projet transfrontalier fonctionne s’il vient des acteurs locaux. À cette fin, la fondation a pris en charge l’organisation de nombreuses réunions sur le terrain. Elle a financé également un programme de recherche universitaire mené par une équipe de géographes de l’Université du Costa Rica (Unidad de Investigación en Fronteras Centroamericanas) dirigée par Carlos Granados, qui a élaboré un sig des circonscriptions frontalières de toute l’Amérique centrale, offrant un outil à disposition de tous les publics intéressés pour développer la coopération transfrontalière.

25Enfin, il ne faudrait pas passer sous silence l’impulsion donnée à la participation de ce que l’on nomme la société civile sur le terrain de la coopération, depuis une dizaine d’années. La participation citoyenne dans la définition des programmes de coopération requiert cependant un apprentissage pour que les sociétés frontalières s’en approprient la pratique. L’expérience du Comité consultatif créé en 1997 par la Commission trinationale du Plan Trifinio, mais resté quasi inactif depuis, en est la preuve.

Des exemples de coopération plus ou moins institutionnalisée entre circonscriptions frontalières

26Deux cas peuvent être confrontés pour rendre compte de la diversité de situations aux frontières de l’isthme en matière de coopération et d’implication des acteurs locaux.

27La frontière du Costa Rica et du Panama est la plus pacifique et probablement la plus symétrique de la région. Le faible différentiel économique ne motive aujourd’hui ni courant migratoire ni commerce important, chaque côté de la frontière vivant surtout de l’agriculture et sans grande relation avec son voisin. On peut la qualifier de frontière « froide ». On comprend que cette situation d’ignorance mutuelle n’a pas poussé les populations locales à être porteuses d’initiatives de coopération transfrontalière. Une Commission inter-municipale pour le développement frontalier a été mise en place en 1999, mais elle n’est pas le fruit d’une initiative locale. Bien que réunissant les circonscriptions frontalières costariciennes et panaméennes, elle a été créée à l’instigation des deux États, sous l’impulsion de la funpadem. Son organisation bicéphale est significative, possédant un président de chaque côté de la frontière. Même comme organe consultatif (identifier des problèmes communs et établir des priorités), son existence a cependant le mérite de permettre un échange direct entre les acteurs locaux, dont les actions viennent encore le plus souvent en appui de programmes menés par les administrations centrales. Des groupes d’intervention participent par exemple aux opérations de réabornement, ainsi qu’à des campagnes de nettoyage à la frontière. Il est clair cependant que, tant du côté costaricien que du côté panaméen, l’impatience et le découragement augmentent devant la succession de réunions et la lenteur de l’avancement des projets au niveau étatique. La démobilisation en est une conséquence directe. On peut malgré tout observer des pratiques de services rendus, essentiellement pour l’entretien des infrastructures : les municipalités s’entraident pour refaire un chemin frontalier, se prêtent des machines. Les actions communes sont cependant peu nombreuses, l’entente sur la participation de chaque municipalité (matériel, main-d’œuvre) n’étant pas chose aisée.

28La volonté de maintenir un climat de fraternité sur cette frontière est néanmoins réelle et se traduit par l’organisation d’une célébration annuelle au poste frontalier de Paso Canoa, appelée « fête de la confraternité ». Instaurée par les deux États pour renforcer les liens d’amitié des deux peuples, l’organisation de cette fête est confiée à une association locale, avec l’appui des Instituts de tourisme des deux pays. Très appréciée par toute la population de la zone frontalière, elle célèbre, chaque 15 septembre, l’amitié tico[12]- panaméenne et est un exemple significatif d’appropriation par les populations frontalières d’une initiative venue « d’en haut ».

29La frontière Nicaragua-Costa Rica présente un visage fort différent, tant du point de vue de son fonctionnement que de l’implication plus directe des acteurs locaux. Cette frontière « vivante » sépare et à la fois met en contact des réalités économiques et sociales contrastées, entre le Nicaragua anémié et le Costa Rica surnommé la « Suisse de l’Amérique centrale ». Elle apparaît ainsi comme la ligne de discontinuité la plus profonde de l’Amérique centrale. Frontière à la fois de confrontation économique, sociale et politique, et d’intégration culturelle (présence d’une communauté nombreuse d’origine nicaraguayenne au nord du Costa Rica), ce n’est en rien surprenant si c’est là que l’intégration « par le bas » est la plus significative. Tandis que la coopération binationale avance à pas très lents, l’intensité des échanges constitue une forme d’intégration endogène et les populations frontalières apparaissent comme les artisans d’une coopération qui prend corps à l’échelle locale.

30Le climat de relations qui a souvent été tendu entre les deux gouvernements n’a pas favorisé l’épanouissement des contacts transfrontaliers, mais il ne les a pas fait disparaître. Au contraire, on peut observer dans certains rapprochements une réaction commune contre le climat d’hostilité généré depuis Managua et San José. Cela a été le cas au paroxysme de l’ultime crise à propos du fleuve San Juan, durant laquelle les conseils municipaux frontaliers des deux pays ont signé en 1999 une déclaration commune exhortant les deux gouvernements au dialogue. Cette initiative politique manifeste clairement un positionnement commun en contrepoint des manœuvres développées à l’échelle nationale. Ce qui unit les populations frontalières, c’est un sentiment d’abandon et une rancœur perceptible envers leur gouvernement central. Une Confédération des gouvernements locaux frontaliers du Nicaragua et du Costa Rica, qui réunit les onze municipalités frontalières, a été créée dans la foulée, sans le soutien des gouvernements des deux pays.

31Il existe également des rapprochements établis antérieurement, sortes de jumelages entre circonscriptions limitrophes de part et d’autre de la frontière. Le canton d’Upalá (Costa Rica) et la municipalité de Cárdenas (Nicaragua) maintiennent des relations directes depuis 1982. S’attachant aux questions les plus pratiques, ils ont développé des programmes de santé communs ou, plus simplement encore, tracé des chemins frontaliers facilitant ainsi les relations. Un autre exemple est le jumelage institutionnalisé par les petites villes de San Carlos (Nicaragua) et Los Chiles (Costa Rica), qui ont signé un accord de jumelage au milieu des années 1990, s’engageant ainsi à différents échanges de bons procédés et à « faciliter les contacts directs entre les institutions, les organisations et les entreprises intéressées et à accorder leur aide pour l’élaboration de programmes concrets de coopération » (article 4).

32Les deux frontières envisagées ici offrent donc deux modèles très différents de coopération transfrontalière au sein même de l’Amérique centrale. La coopération entre le Costa Rica et le Panamá est solidement institutionnalisée mais semble manquer de ressorts locaux, tandis que la situation qui prévaut localement à la frontière entre le Nicaragua et le Costa Rica illustre en revanche le cas d’une frontière d’aire d’interactions anciennes et d’interdépendance actuelle.

Conclusion

33L’analyse de l’isthme centraméricain montre que des frontières qui ne sont des barrières ni linguistiques ni vraiment culturelles, et qui sont très peu matérialisées, peuvent être pourtant redoutablement présentes. La question frontalière reste dans cette région du monde au cœur des problématiques régionales, même dans le contexte actuel dominé par les ratifications du traité de libre commerce avec les États-Unis (cafta). Les tensions de souveraineté territoriale entre voisins restent un élément clé et perturbateur des relations interétatiques centraméricaines. La persistance de la marginalité des régions frontalières est un facteur de risque de les voir se convertir à nouveau en théâtre de conflits, qui pourraient remettre en cause la stabilité régionale gagnée. On retrouve là une problématique largement partagée dans toute l’Amérique latine. L’analyse de cette région du monde est donc riche d’enseignements pour nourrir l’étude incontournable de la triade « frontière-territoire-identité » (Newman et Kliot, op. cit.). Elle montre combien les frontières restent au cœur de cette relation, avec une résonance particulière là où identités et territoires sont encore fragiles. On comprend aisément la volonté des instances d’intégration de promouvoir la coopération transfrontalière. D’une part, la stabilité des frontières est cruciale pour la paix et la sécurité dans la région, et d’autre part, la coopération est une chance de développement pour des marges au niveau de développement économique très faible. Il est clair cependant que le discours officiel des instances d’intégration peine à donner l’impulsion souhaitée. L’examen des frontières centraméricaines permet de mettre en lumière le jeu des forces contradictoires qui interagissent. C’est ce qui doit conduire à approfondir l’analyse des acteurs locaux (leurs marges de manœuvre, les ressorts de leur implication), car c’est sans doute à cette échelle-là, dans les pratiques transfrontalières et les interactions quotidiennes de diverses natures des populations, que se trouvent les ressorts d’un développement conjoint des territoires frontaliers.

  • Sigles

    • bid : Banque interaméricaine de développement
    • cafta : Traité de libre commerce entre l’Amérique centrale et les États-Unis
    • cij : Cour internationale de justice
    • mcca : Marché commun centraméricain
    • oea : Organisation des États américains
    • sieca : Secrétariat d’intégration économique centraméricain
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Mots-clés éditeurs : représentation, Amérique centrale, identité, frontière, coopération transfrontalière

Date de mise en ligne : 14/09/2009

https://doi.org/10.3917/esp.138.0035

Notes

  • [*]
    Lucile Medina-Nicolas, agrégée de géographie, maître de conférences à l’université Montpellier III, membre du laboratoire fre 3027 (Montpellier III).
    lucile. medina@ univ-montp3. fr
  • [1]
    Guatemala-Belize, Honduras-El Salvador et Nicaragua-Colombie (frontière maritime), le quatrième entre la Colombie et l’Équateur (Donaldson et Pratt, 2004).
  • [2]
    On peut citer, en 1994, l’initiative de l’ibru de proposer une somme faisant le tour des frontières mondiales (Schofield, 1994).
  • [3]
    Le terme d’horogenèse désigne le processus de construction des frontières, leur genèse donc. Il a été proposé par Michel Foucher, à partir de la racine grecque horoi qui désigne les limites politiques du territoire d’une cité (Foucher, 1988).
  • [4]
    Principe défini au Congrès d’Angostura (1819) selon lequel les nouveaux États conservent les frontières coloniales héritées. La « possession » n’a pas été définie en termes d’occupation effective, mais par référence aux documents juridiques coloniaux.
  • [5]
    La majeure partie de l’Amérique centrale appartient alors au vice-royaume de Nouvelle-Espagne et sous l’autorité de la Capitainerie générale du Guatemala, subdivisée en provinces, tandis que le Panama est rattaché au vice-royaume de Nouvelle-Grenade.
  • [6]
    Appelé « guerre du football » en raison des tensions chauffées par une rencontre éliminatoire de la coupe du monde en juin 1969, cet affrontement militaire avait pour cause le sort désavantageux du Honduras au sein du Marché commun centraméricain et l’avancée paysanne salvadorienne.
  • [7]
    La guérilla menée par le Front sandiniste de libération nationale contre la dictature somoziste, puis à leur tour les groupes contre-révolutionnaires ont pris appui sur la frontière hondurienne et dans une moindre part sur la frontière costaricienne.
  • [8]
    Michel Foucher fait remarquer la correspondance du terme frente à la fois avec sa stratégie et son espace d’application (op. cit., p. 136).
  • [9]
    Les pays d’Amérique centrale totalisent 24 frontières maritimes (14 dans la mer des Caraïbes et 10 dans le Pacifique), le Honduras en possédant le plus (8 au total).
  • [10]
    Entretien avec Juan Carlos Montúfar Celada, directeur de l’Unité technique trinationale du Plan Trifinio, 5 mai 2007, Esquipulas, Guatemala.
  • [11]
    Entretien avec Yalili Céspedes, chargée de la coopération binationale avec le Panama, mideplan, 11 mai 2007, San José, Costa Rica.
  • [12]
    Diminutif très usité de Costaricien.

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