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Article de revue

Les enjeux de la relation formation-emploi en Italie : la place du travail et des territoires

Pages 63 à 77

Notes

  • [*]
    Christian Azaïs, maître de conférences à l’Université de Picardie Jules Verne, chercheur à l’irises umr 7170
    christian. azaïs@ u-picardie. fr
  • [1]
    La Communauté européenne (ainsi nommée à l’époque) a lancé les premiers programmes sur la formation professionnelle et s’est intéressée à l’enseignement au milieu des années 1970 (Ertl, 2003, p. 6).
  • [2]
    « To bring the European Union closer to the people, involving locals in the development and implementation of eu policies at a regional level » (Brock et Tulasiewicz, 2000, p. 5, cité par Ertl, op. cit., p. 6).
  • [3]
    La loi du 20 mai 1970, n° 300, connue sous le nom de Statuto dei lavoratori, promulguée après l’« automne chaud » de 1969, accorde aux travailleurs des augmentations de salaire, reconnaît le droit à la semaine de 40 heures et de se réunir en assemblée (10 heures/an) pendant les heures de travail, sans réduction de salaire. Le titre de la loi est suggestif : « Normes sur la tutelle de la liberté et la dignité des travailleurs, de la liberté syndicale et de l’activité syndicale sur les lieux de travail et normes sur l’embauche ».
  • [4]
    Littéralement « Caisse d’intégration des gains ». Décret-loi 788/1945, qui instaure la cig ordinaire ; loi 1115/1968 et loi de 1972, instaurant la cig extraordinaire (cigs).
  • [5]
    Institut national de la prévoyance sociale.
  • [6]
    Que d’aucuns qualifient de « travailleurs manuels de la connaissance et de l’innovation sociale et économique du pays » (Ingignoli, s.d.). Ces travailleurs sont engagés dans des rapports de production qualifiés de « post-fordistes », i.e. d’un système dans lequel la grande entreprise (publique ou privée) externalise une part non négligeable des services professionnels mais aussi productifs (Bologna, 1998).
  • [7]
    Loi de 1984, complétée par un décret-loi de 2001.
  • [8]
    Le benchmarking (en français : étalonnage ou parangonnage) consiste à analyser les modes d’organisation des autres entreprises afin de s’en inspirer et d’en retirer les « meilleures pratiques ».
  • [9]
    http:// www. istruzione. it/ mpi/ progettoscuola/ index. shtml
  • [10]
    Par cette mesure de 1973, conquise à l’origine par les travailleurs de l’industrie métal-mécanique, tout individu a droit à 150 heures de formation. Les bénéficiaires sont appelés les « 150 ore ». Ce droit a été généralisé.
  • [11]
    Le Piémont, la Lombardie et la Vénétie représentent 30 % des inscrits ; le Latium, 14 % et la Sicile, 11,4 % (Ministerio dell’Istruzione, dell’Università e della Ricerca, 2003, p. 19).
  • [12]
  • [13]
    Le premier cycle comprend 5 ans d’école primaire et 3 ans d’école secondaire de 1er degré (scuola media inferiore), à la suite de quoi, à l’âge de 14 ans, l’élève passe un examen d’entrée dans le 2e cycle (scuola media superiore).
  • [14]
    Ce qui s’explique par une scolarité obligatoire jusqu’à 15 ans alors que l’« école moyenne inférieure » s’arrêtait à 14 ans.

1À une époque où les acteurs institutionnels européens mettent l’accent sur l’importance de la formation « tout au long de la vie » (Lisbonne 2000, Barcelone 2002), faire de l’enseignement et de la formation professionnelle [1] un moteur de l’Europe [2] (Ertl, 2003, p. 6) et une clef du développement économique (Vittadini, 2004) semble « aller de soi ». C’est a priori faire peu de cas des particularités locales et des territoires sur lesquels ces actions sont supposées s’implanter. En Italie, un vaste programme national de formation initiale et professionnelle a été lancé dès la fin de la Seconde Guerre mondiale pour pallier le manque de main-d’œuvre qualifiée. Chaque Province s’est adaptée à sa façon.

2Aujourd’hui, l’offre de formation italienne ressemble à s’y méprendre à celle des autres pays européens : diminution des sorties du système scolaire sans diplôme, forte augmentation de l’accès au secondaire supérieur et au niveau tertiaire et professionnalisation des parcours de formation (Giraud, 2004). Ces ressemblances cachent en fait de grandes différences, qui tiennent à des raisons historiques. L’unification du pays s’est faite tardivement et les histoires de chaque région et de l’État central n’obéissent pas aux mêmes temporalités. Cela se traduit par un mouvement apparemment contradictoire : une décentralisation et un poids des régions plus fort qu’en France en dépit de la présence d’un État fort à Rome. Son pouvoir est contesté par un Nord puissant, qui abrite un tissu industriel dont les fleurons se nomment fiat, Olivetti et Mediobanca, auquel s’est agrégé un réseau dense et localisé de pmi d’où sont issues Benetton, Lux Ottica ou encore Nordica, pour ne citer que les plus en vue.

3L’exemple italien présente un défi pour le chercheur en raison de sa diversité et de sa complexité, qui le rendent difficilement comparable aux autres nations européennes. En effet, sous des allures identiques au plan national, le niveau méso, régional, révèle que, peut-être plus qu’ailleurs, chaque région est le théâtre où s’affrontent les intérêts des agents sociaux.

4Dans ce texte, j’ai choisi de m’intéresser, dans un premier temps, au marché du travail, vecteur d’expression des transformations de la société italienne depuis quelques années. La configuration récente du marché du travail italien est la clef de voûte pour comprendre l’évolution de la relation formation-emploi et caractériser le régime d’emploi (Muffels et al., 2002). Des pressions contraires affectent les instruments mis en place par l’État central et les régions pour décentraliser les dispositifs de formation.

5Puis l’attention se portera sur la formation professionnelle, espace où s’expriment les attentes de tous les acteurs concernés et qui met en évidence l’importance de l’échelon territorial comme lieu où s’agencent et se confrontent avec acuité des intérêts divergents. La multiplicité des institutions donne un sentiment de désorganisation, d’empilement de niveaux dont la logique rationnelle ne saute pas toujours aux yeux de l’observateur. Seule l’analyse de ce cadre complexe permet de comprendre les conséquences de la décentralisation de l’architecture institutionnelle du système de formation-emploi et des actions de la formation et de l’emploi sur la dynamique territoriale.

6Après une période de forte conflictualité, le patronat italien a obtenu la flexibilisation du marché du travail, provoquant une éclosion de nouveaux contrats de travail. Parallèlement, les formations initiale et professionnelle devenaient le point d’ancrage d’un remodelage des échelles de régulation : dans l’entreprise, en fonction des salaires, de la qualification et des catégories d’accords (régulations conventionnelles), au niveau national, à propos de l’accès des individus à la formation et à l’emploi (régulations sociales) et, finalement, à travers les liens entre l’action publique nationale et l’échelon provincial (régulations territoriales). L’évolution de ces différents niveaux de régulation illustre le triptyque « Formation, emploi, territoire ». Cette réflexion est pour l’essentiel fondée sur une analyse originale de la littérature académique.

Le marché du travail italien : de la « rigidité » à la flexibilité

7Au début des années 1970, la législation du travail italienne comportait un certain nombre d’avantages pour les salariés. L’adoption en 1970 du Statut des travailleurs [3] était présentée par les entrepreneurs comme portant atteinte à la hiérarchie dans les entreprises, faisant courir, selon eux, le risque de l’avènement d’un gouvernement d’entreprise permettant aux salariés de partager le pouvoir avec les syndicats. « Une nouvelle ère dans les relations industrielles » s’ouvrait (Ferrera et Gualmini, 2003, p. 38). Cette loi protégeait la dignité et la liberté du travailleur, elle était aussi favorable aux activités politiques du syndicat et à l’exercice de ses droits dans les entreprises de plus de 15 salariés. L’employeur était désormais obligé de réintégrer le salarié en cas de licenciement non justifié, il ne pouvait se contenter de l’indemniser, comme le stipulait la législation de 1966.

8Cette situation complétait un traitement du chômage avantageux, destiné à contrer les effets des restructurations industrielles. Parmi les dispositifs, la cig – Cassa Integrazione Guadagni[4] – et la cigs – Cassa Integrazione Guadagni Straordinaria – sont sans nul doute les plus emblématiques.

De la cig au workfare : différents types de régulations

9Instituée par le fascisme en 1941 pour « organiser le passage de l’économie de paix à l’économie de guerre » (Maruani et al., op. cit., p. 125), la cig a joué un rôle central dans le développement régional. Instrument de régulation de l’emploi industriel (Romani, 1989, p. 19), destiné initialement aux entreprises du Nord, puis étendu à l’ensemble du pays, la cig est le fruit d’un accord passé entre les syndicats et les associations professionnelles pour éviter que les entreprises en difficulté – en raison de crise économique sectorielle ou locale, de restructuration ou de réorganisation – ne licencient. Elle assurait aux salariés mis à pied temporairement le versement d’une allocation variant entre 60 et 65 % de leur salaire, grâce à une caisse communautaire.

10Depuis 1968, deux formes de cig cohabitent :

  • la cig « ordinaire » (ou cigo), financée par le système de protection sociale – l’inps[5] – et par des cotisations des entrepreneurs. Elle joue à la fois un rôle de stabilisation de l’activité productive et contre-cyclique en termes de fluctuation de la main-d’œuvre pendant une durée maximale de douze mois (Garonna, 1989, p. 134). Cet instrument est toujours en vigueur même si ses modalités ont quelque peu évolué ;
  • la cig « extraordinaire » (cigs). Créée en 1968 et financée par l’État, elle s’applique aux restructurations ou aux reconversions d’entreprises. Les salariés des entreprises industrielles, effectuant un horaire de travail inférieur à 40 heures/semaine, reçoivent un complément de salaire pouvant atteindre 80 % des heures non travaillées, pendant deux années au maximum.
Ces dispositifs ont deux fonctions, économique et sociale mais aussi territoriale. Sur le plan territorial, ils permettent de jouer sur la limitation des mouvements migratoires du Sud « pauvre » vers le Nord « riche ».

11Par ailleurs, dans le même temps, la cig et la cigs ont ouvert la voie à la flexibilisation des rapports de travail (Maruani et al., op. cit. ; Leborgne et Lipietz, 1992), grâce à l’instauration, sous tutelle normative, d’un lien souple entre offre et demande de travail, annonçant une partition floue entre travail subordonné et travail autonome.

12Au contrat de travail caractéristique de l’ère fordiste ont succédé plusieurs situations qui juridiquement ne relèvent pas de la subordination : travailleurs du « troisième secteur », jeunes bénéficiaires d’une « bourse de travail » placés auprès d’une entreprise, stagiaires en formation et en alternance, travailleurs « socialement utiles » (travaux de services d’utilité collective employant des travailleurs au chômage), bénéficiaires de la cigs, de l’indemnité de mobilité et d’autres mesures destinées aux chômeurs. Ils partagent le fait d’avoir des statuts qui dérogent à la norme du travailleur fordiste. Trois formes, le « travail autonome de seconde génération », le travail à temps partiel et la « collaboration coordonnée et continue » (« co.co.co. ») illustrent la dénaturation du statut relié au travail.

Le « travail autonome de seconde génération »

13Modalité à part dans la typologie des rémunérations, la figure du « travailleur autonome de seconde génération » s’inscrit dans un rapport marchand. Expression de l’externalisation par les entreprises de certaines fonctions de service et de production, il est présenté comme une forme emblématique du post-fordisme [6].

14Les formes de travail « autonome de seconde génération » sont une modalité différente du salariat classique, du fait de l’abandon de la nature salariale de la rétribution et d’une absence totale de prestations sociales. Le contrat de travail est alors régi par des rapports marchands. Son rapport au travail dénote une conception du temps différente, en ce sens que s’estompe la séparation entre le temps payé et celui qui ne l’est pas, provoquant une porosité entre temps de travail et temps de vie. À l’ancienne distinction mise en exergue par la sociologie du travail « travail » et « hors travail » se substitue une division « vie rémunérée » versus « vie non rémunérée », sans que l’on arrive bien à savoir ce qui rentre dans une catégorie ou dans l’autre. La frontière entre les deux est fluide et dépend de la forme de l’organisation productive (Bologna, 1997 ; Fumagalli, 2001). L’émergence de ce que j’appelle les formes « hybrides » d’engagement au travail a de fortes chances d’entraîner à terme un impact sur les territoires où elles se produisent.

Le travail à temps partiel

15Il touche les jeunes et les femmes et s’inscrit dans une logique de flexibilisation. De nouveaux dispositifs comme les « contrats de solidarité » et les « contrats de travail et de formation » officialisent la dérégulation [7] du marché du travail.

16Ces derniers permettent l’embauche de jeunes travailleurs, entre 15 et 29 ans, dans des firmes ou des administrations non soumises à une restructuration, i.e. non éligibles à la cig. Dans le même temps, des comités régionaux pour l’emploi gèrent le temps passé au travail et en formation. Limité à deux ans, recevant un salaire variable, le titulaire du contrat peut devenir travailleur permanent au bout d’un an. Ces contrats, dont les charges sociales sont indexées sur les contrats d’embauche des apprentis, ont été bien accueillis par les employeurs (Ferrera et Gualmini, op. cit., p. 91). Il en est de même de ce qui est l’une des spécificités de l’Italie, la co.co.co.

La co.co.co. (collaboration coordonnée et continue)

17Le rapport de collaborazione coordinata e continuativa (co.co.co.) – ou travail parasubordinato – s’est largement diffusé ces dernières années. Le nombre de travailleurs impliqués est passé de 1,6 million en 1999 à 2,1 millions en 2002 (Ghera, 2003, p. 82). Le travailleur parasubordonné œuvre :

  • sans lien de subordination et sans horaire ;
  • de manière « personnelle » : il peut utiliser le travail d’un tiers, à la marge seulement ;
  • de façon continue : les prestations ne doivent être ni épisodiques, ni occasionnelles, ni sans lien entre elles ; elles visent à satisfaire un besoin du demandeur ;
  • sans utiliser ses propres outils de production.
Il reçoit une rémunération pré-fixée, de manière périodique.

18En 1973, le législateur a fait de la co.co.co. une forme atypique du travail autonome durable. Elle assure l’entrepreneur d’une continuité dans le temps du travail du collaborateur, sans lui faire supporter la programmation ni la coordination spatiale et temporelle de l’activité. Le collaborateur est astreint à un résultat, même s’il n’est pas subordonné au donneur d’ordre et que son travail intègre le cycle productif de l’entreprise (Ghera, op. cit., p. 85). La nature parasubordonnée du rapport de travail est d’ordre procédural, raison pour laquelle il n’intègre aucune norme de protection propre au travail subordonné. Néanmoins, socialement et économiquement cette forme est hybride.

19Juridiquement, les revenus de la co.co.co. sont assimilés aux revenus du travail dépendant. Toutefois, en fermant aux collaborateurs les portes de toute action de formation professionnelle ou continue, les législations fiscale et de prévoyance alimentent le flou. Son caractère individualisant n’en est que davantage souligné.

20La réforme du marché du travail, dans les années 1990, exprimant une volonté juridique et politique de réfléchir au statut des formes de mise au travail (statuto dei lavori) s’est traduite par deux tendances : l’une a consisté à étendre en particulier à la « collaboration » la protection propre au travail à temps plein et à temps indéterminé ; l’autre a laissé dans l’ombre l’alternative subordination/autonomie. Un nouveau type légal de travail coordonné et continu mais non subordonné lui a été préféré, doté d’une identité intermédiaire entre la subordination et l’autonomie. Aujourd’hui, les « modes de travail objectivés par le marché » ont supplanté les droits « subjectifs, individuels et collectifs » du Statut des travailleurs (Mariucci, 2004, p. 13).

21Après la légitimation du contrat de travail à temps déterminé (cdd) – décret-loi n° 368 de 2001 –, des contrats à temps partiel, reposant sur des bases individuelles et non collectives ou du recours au travail sur simple appel, une dégradation s’est produite, qu’illustre la suppression de l’article 18 du Statut des travailleurs. L’interdiction des licenciements arbitraires et injustifiés, préalablement en vigueur, pour les travailleurs des entreprises de plus de 15 salariés, est remplacée par le versement d’une indemnité. Dans le même esprit, l’article 13, incise 1 du décret-loi 276/2003 officialise la préférence gouvernementale pour des politiques actives et de workfare. Les termes « d’évaluation », d’« accountability » – responsabilisation –, de « benchmarking[8] » parsèment les écrits officiels, dénotant un rapprochement entre les gestions des secteurs privé et public.

22Ainsi, l’individualisation rampante va à l’encontre de toute mesure publique destinée à accroître la formation des travailleurs ; elle souligne le hiatus entre l’évolution du marché du travail et la formation. À cet ensemble, vient s’ajouter un entrelacs d’institutions, de dispositifs relevant de la compétence de l’État et des régions.

La place des régions dans le régime d’emploi

23Défini comme un « ensemble d’institutions, de régulations, de normes, de valeurs et comportements, qui détermine simultanément le niveau de production et d’emploi » (Muffels et al., 2002, p. 4), le régime d’emploi se présente dans certains pays sous les traits de la coordination et de la sécurité (Schmid, 1997, cité par Muffels et al., op. cit., p. 4), autant de conditions qui ne sont pas réunies dans le cas de l’Italie, notamment parce que la coordination fait la plupart du temps défaut entre les agences en charge de l’emploi. La sécurité, quant à elle, n’est que très rarement accordée aux « nouveaux travailleurs ».

24Pendant la décennie 1990, les réformes politiques en Italie en matière d’emploi sont allées bon train. Elles ont porté sur la privatisation et la décentralisation des services d’emploi ; l’introduction de politiques de développement local ; enfin sur la promotion de contrats de travail flexibles.

251997 est une date-charnière pour la réforme de l’embauche. Les décrets-lois sur la décentralisation administrative ont eu des conséquences institutionnelles, avec le transfert des pouvoirs de placement du ministère aux régions et aux gouvernements locaux ; opérationnelles aussi, avec l’arrivée d’intermédiaires privés de placement – après cinquante ans de monopole d’État (Ferrera et Gualmini, op. cit., p. 98) –, ce qui n’exclut pas une certaine confusion, « d’un côté, tout le monde fait tout – des Centres pour l’emploi aux communes, des universités aux écoles secondaires, des associations non reconnues aux agences privées et aux « conseillers » du travail (consulenti del lavoro) ou aux fondations – ; d’un autre, le monopole appartient aux organismes bilatéraux » (Mariucci, op. cit., p. 10).

26La répartition des tâches entre les institutions en charge de l’emploi apparaît comme une gageure. La multiplication des instances, le non-recoupement entre les tâches effectuées par chacune des agences va à l’encontre de l’idéal d’efficacité prôné. On peut y voir un moyen de délégitimer l’action publique.

27Des centres de placement ont été installés dans toutes les régions. Des intermédiaires de l’emploi aux noms les plus variés – Agence de travail, Autorité d’emploi – ont surgi. Les anciennes Agences régionales de l’emploi (coordonnées par le ministère et les anciens départements régionaux du travail) ont laissé la place à une nouvelle agence régionale dont la fonction est de contrôler, superviser et fournir de l’aide technique aux provinces qui s’engagent dans les réformes, sous l’égide du Système d’information du travail (sil) (Sistema informativo lavoro). Le sil, banque de données sur l’offre et la demande de travail, reste attentif aux dynamiques locales du marché du travail et à l’impact des politiques d’emploi (Ferrera et Gualmini, op. cit., p. 99). Il a un rôle de régulation.

28Par ailleurs, ont été instituées deux actions concertées visant l’intégration : les Commissions régionales tripartites (Commissioni Regionali Tripartite) et les Comités interinstitutionnels de coordination (Comitati Interistituzionali di Coordinamento). Les premières incluent des représentants des institutions publiques régionales, les syndicats et les organisations patronales, les secondes comprennent des représentants des différents niveaux du gouvernement local (régional, provincial et municipal). Comparées aux anciennes Commissions régionales pour l’emploi (Commissioni Regionali per l’Impiego), ces nouvelles instances pilotent la planification et la mise en place de politiques de l’emploi.

29En termes de placement, la réforme de 1997 rejoint les recommandations européennes. Les principaux bénéficiaires sont les populations les plus fragilisées sur le marché du travail – les jeunes, les femmes et les chômeurs de longue durée. Les agences privées de placement (syndicats, associations patronales, associations non lucratives, etc.) partagent le « marché » avec les organismes publics et les concurrencent. Sous le deuxième gouvernement Berlusconi (2001-2006), les compétences des agences privées se sont accrues en termes de placement, d’orientation et de sélection. La concurrence entre agences privées et publiques est stimulée, au grand dam des gouvernements régionaux et provinciaux qui se sentent menacés dans leurs attributions. Le Nord semble avoir mené plus rondement que le Sud, plus rétif aux démarches instrumentalisées, la réforme du système de placement (Ferrera et Gualmini, op. cit., p. 100).

30Dans les années 1990, l’autonomie territoriale a conduit à de nouvelles politiques de développement local, centrées sur l’emploi. Sous la bannière « Planification négociée » (Programmazione negoziata, loi n° 662/1996), se rangent différentes aides à l’entrepreneuriat local, à la valorisation des ressources locales et des capacités institutionnelles et à la création de nouveaux emplois. Ces programmes – « Pactes territoriaux » et « Contrats d’aire » – allient formation, création d’emploi, qualification et travail. Destinés à améliorer l’emploi dans les zones déprimées, ils répondent à une logique d’autonomie locale (Bellanca et al., 2004).

31Les « Pactes territoriaux » mettent en relief le développement d’entreprises, de coopératives grâce à des aides à l’emploi ; ils insistent sur les ressources spécifiques du territoire. La négociation comprend outre les partenaires traditionnels – syndicats, employeurs et gouvernement – un vaste réseau d’instances privées et publiques (banques, chambres de commerce, associations non lucratives, etc.) (Ferrera et Gualmini, op. cit., p. 101 ; Magnatti et al., 2005).

32Les « Contrats d’aire » sont des accords passés entre les administrations locales, les représentants des travailleurs et des employeurs. À l’instar des pactes territoriaux, ils cherchent à inverser la logique des transferts automatiques et indifférenciés des investissements publics et privés vers les entreprises et à donner du poids aux régions, phénomène repérable dans l’offre de formation professionnelle.

33La logique bottom-up semble découler naturellement de ces programmes. Il n’en reste pas moins que des tiraillements se produisent entre le Pouvoir central, qui « abandonne » une partie de ses prérogatives, et les régions, soucieuses de leur autonomie et pas mécontentes de rogner le pouvoir de Rome.

L’offre de formation professionnelle : les mesures en place

34L’histoire officielle de la formation professionnelle en Italie débute en 1949 (cnel, 2004, p. 187 et sq.). Elle concerne essentiellement les adultes et se résume à l’offre de cours techniques, de formations courtes destinées à satisfaire les besoins des usines d’un pays en pleine reconstruction. La loi n° 456 de 1951 jette les bases de la formation professionnelle initiale et s’adresse prioritairement aux jeunes. En 1955, l’institution de l’apprentissage oblige les bénéficiaires à suivre des cours complémentaires.

35À partir de 1960, le Fonds social européen (fse) joue un rôle essentiel pour le développement de la formation professionnelle. Un décret de 1977 et une loi-cadre de 1978 transfèrent aux régions la compétence en matière de formation professionnelle.

36La loi 285 de 1977 sur l’occupation des jeunes et les contrats de « formation-emploi », destinés à la tranche des 16-32 ans, officialise un type de contrat temporaire pour lequel le volet occupation prime sur la formation. Limité à 12 ou 24 mois, il diffère des contrats à durée déterminée par l’importance qu’il octroie à la valorisation des comportements personnels et professionnels (Ghera, op. cit., p. 78). En prévoyant une forte réduction du coût du travail et le caractère temporaire du rapport, cette mesure a provoqué une déqualification du travail dont ont pâti les chômeurs adultes (Reyneri, 1990, p. 271). À la fin de l’année 1983, une convention passée entre les syndicats et les confédérations de l’artisanat a modifié les conditions de l’apprentissage en réduisant la rémunération, mais en contrôlant plus strictement la formation offerte. C’est la première fois qu’apparaît, par voie contractuelle et sans intervention de l’autorité publique, le principe d’un salaire initial pour les jeunes, élément essentiel de la loi sur les contrats de « formation-emploi » (Reyneri, op. cit., p. 263). Entre 1977 et 1978, une série de lois sur la réorganisation industrielle, l’emploi des jeunes, la formation professionnelle indiquent un changement de cap dans la politique gouvernementale en faveur de politiques sociales actives. Toutefois, cette tendance ne s’est pas confirmée, l’ocde faisant état d’un léger recul de la part des mesures actives dans les dépenses publiques italiennes entre 1999 et 2002 (oecd, 2004).

37Une loi sur l’emploi des jeunes attribuait des fonds spéciaux aux régions désireuses de créer un système de formation professionnelle et des emplois. Des commissions régionales, composées de représentants des régions et d’associations privées, étaient chargées de recueillir les informations sur l’évolution du marché du travail en région et de proposer des formations. Des déductions d’impôts devaient encourager la demande de travail. Pour la première fois, la loi autorisait la signature de contrats particuliers pour les jeunes, liés à une formation ou à des stages. Ces lois n’ont pas vraiment été appliquées et le recours au fse fut peu fréquent (Ferrera et Gualmini, op. cit., p. 52-53).

38Depuis 1978, la formation professionnelle relève de la compétence des régions. Une attestation valide trois années d’études ; un diplôme est délivré au bout de 4 ans. Différents parcours personnalisés permettent des passerelles du lycée à la formation professionnelle pour les étudiants en apprentissage ou en alternance. Ces parcours d’études, qui visent l’insertion sur le marché du travail, peuvent se faire en alternance dans des entreprises ou des associations non lucratives, dans les lycées ou dans les Instituts professionnels régionaux (ipr) et les Centres de formation professionnelle privés [9] (cnel, op. cit., p. 190-191).

39À la fin des années 1980, les régions avaient tenté d’assumer un nouveau rôle dans la politique de l’emploi, en se rapprochant des syndicats et en agissant sur deux volets : d’un côté, sur la formation professionnelle ; d’un autre, en s’opposant aux décisions gouvernementales sur cette même politique (Reyneri, op. cit., p. 266).

40Avec l’Ordonnance ministérielle n° 477/1997, la formation des adultes devient un élément déterminant de la politique de l’emploi. Le ministère de l’Enseignement public italien instaure les Centres territoriaux permanents – ctp – (Centri Territoriali Permanenti), centres d’éducation permanente, reliés au réseau scolaire, pour des personnes de plus de 15 ans, désireuses de s’insérer ou se réinsérer sur le marché du travail. Ils offrent des cours d’alphabétisation pour adultes, des cours de l’école secondaire pour adultes (« 150 heures [10] »), des parcours intégrés d’éducation et de formation et des cours de langue pour étrangers.

41Présents sur tout le territoire, mais distribués différemment selon les régions, leur nombre est passé de 375 en 1998-1999 à 540 en 2003-2004 ; dans le même temps, celui des inscrits a plus que doublé passant de 152 019 à 403 212 (Ministerio dell’Istruzione, dell’Università e della Ricerca, 2003, p. 7, 18 ; Ministerio della Pubblica Istruzione, 2006, p. 76). La présence des ctp sur le territoire italien relève d’une politique active de la part des autorités locales. Le Nord-Est (de la Lombardie à la Vénétie), le Latium et la Sicile en abritent un grand nombre et plus de 50 % des inscrits [11]. Ce maillage territorial décentralisé correspond bien aux directives européennes en matière d’éducation.

42Depuis 2003, dix nouveaux organismes s’occupent de la formation continue des ouvriers, employés, cadres et dirigeants des entreprises italiennes – Fonds paritaires interprofessionnels pour la formation continue. Ainsi, 0,3 % des contributions versées à l’inps (« contribution pour le chômage ») est affecté à la formation continue des employés. Les Fonds peuvent financer des plans individuels de formation ou des plans sectoriels et territoriaux de formation, présentés par les entreprises.

43Les partenaires sociaux qui ont joué, ces dernières années, un rôle croissant dans la définition des politiques de formation à travers les accords de concertation institutionnelle, sociale et bilatérale, sont aujourd’hui chargés de programmer et de gérer une part importante des ressources conformément aux besoins des entreprises. Une logique de benchmarking prévaut à l’encontre de ces financements, renforcée par l’institution d’un Observatoire pour la formation continue, composé de représentants des régions, de partenaires sociaux, du ministère du Travail et des Politiques sociales et du Conseiller de la Parité de la Commission centrale pour l’emploi.

44En dépit de ces différentes réorganisations, la position des salariés italiens quant aux qualifications au début des années 2000 reste préoccupante : 36,5 % de la population ne possèdent aucun titre ; 6,5 % ont une formation universitaire et 65 %, indépendamment du niveau d’instruction, n’ont pas de qualification spécifique (Ministerio dell’Istruzione, dell’Università e della Ricerca, 2003, p. ii). Toutefois, l’objectif du gouvernement de relever les niveaux d’instruction et de formation est en passe d’être atteint puisque le taux de scolarisation des 15-18 ans atteint 84,4 % contre 78,7 % en 2001-2002 (Ministerio della Pubblica Istruzione, 2006, p. 52 [12]). Les Marches et la Basilicata sont les deux régions les plus actives avec un taux de scolarisation des 15-18 ans de 10 points supérieur à celui de la moyenne italienne (94 vs 84 %). Cette situation ne correspond pas ainsi au traditionnel clivage entre un Sud défavorisé et un Nord favorisé, pour cette classe d’âge.

Le cadre législatif et les dernières réformes

45Pendant les années 1990, la formation professionnelle est délaissée au profit de la formation continue. La loi n° 236 de 1993 lui destine 1/3 du 0,3 % de la masse salariale. La réforme de la formation professionnelle, loi n° 196 de 1997 – ou « paquet Treu » –, introduit l’accréditation pour les structures de formation, la constitution d’un Fonds interprofessionnel pour la formation continue et le début d’une certification des compétences acquises. En 1999, l’âge de la scolarité obligatoire passe à 15 ans. Tous les élèves de 4e (3a media, dans le système italien [13]) doivent s’inscrire pendant un an dans une école supérieure d’État, indépendamment de l’obtention du diplôme de l’école moyenne inférieure. La première année d’école supérieure d’État [14] devait fonctionner comme année d’orientation, centrée non pas sur des matières spécialisées mais sur des unités de formation transversales. Ce système n’a pas vraiment fonctionné, une loi de 2003, « réforme Moratti », rabaisse l’âge de la scolarité obligatoire à 14 ans. Toutefois, cette dernière présente des nouveautés significatives pour la formation professionnelle. Dans toutes les régions, des financements ont permis de rattacher la première année d’école supérieure aux organismes de formation professionnelle, dans une logique d’intégration des systèmes. En somme, les organismes de formation professionnelle perdaient la possibilité de recruter des élèves de moins de 15 ans, mais en même temps ils pouvaient s’intégrer aux instituts d’État et participer à l’élaboration de parcours scolaires.

46On a assisté à un accroissement du nombre de parcours d’éducation et de formation (istruzione e formazione), entre 2002 et 2005. Peu à peu toutes les régions se sentent concernées comme l’atteste le nombre d’étudiants qui a quasiment triplé entre 2003-2004 et 2004-2005. Initialement, en 2002-2003, cinq régions ont participé au pré-Accord-cadre, elles étaient 19, soit l’ensemble des régions italiennes, en 2004-2005.

Conclusion

47Le marché du travail italien préfigure à bien des égards des situations que les pays voisins connaissent par la suite. L’invention de catégories de travailleurs que l’on ne retrouve pas (encore ?) dans les autres pays européens est facilitée par un cadre institutionnel et législatif qui participe de la diversité. L’État central met en place une multitude d’actions visant à favoriser l’adoption de politiques actives passant ou non par des actions de formation professionnelle. Pour leur part, les régions, du fait d’une autonomie locale plus grande qu’en France, multiplient les actions de formation, sans grande concertation avec l’échelon national ni non plus avec les institutions locales. De ce fait, le « régime d’emploi » italien est un enchevêtrement d’arrangements institutionnels particulièrement difficile à cerner. Rome et les régions rivalisent quant à leurs attributions respectives, ce qui démultiplie les mesures, mais gêne la lisibilité de l’ensemble.

48Dans une perspective comparative, il conviendrait de confronter l’exemple italien aux cas anglais ou espagnol, pris dans des dynamiques de décentralisation semblables, dans le premier cas, en raison d’une volonté forte de l’État de changer la donne en matière de formation professionnelle, dans le second, en raison de l’autonomie acquise par des provinces. La comparaison permettrait de saisir le poids des dispositifs mis en place en Italie et de voir s’ils rejoignent ceux de ces pays ou s’ils s’en éloignent radicalement, ce qui infirmerait l’hypothèse de l’Italie comme un cas d’école en Europe.

49L’évolution récente de la législation sur le marché du travail italien met en évidence plusieurs facteurs : une remise en cause des acquis sociaux, la flexibilisation des relations de travail et leur individualisation. La nécessité proclamée d’élever le niveau de connaissances des travailleurs ne concerne en fait que les plus qualifiés d’entre eux.

50Depuis l’octroi aux régions de compétences dans le pilotage de l’offre de formation, une logique de responsabilisation prévaut. Les acteurs sociaux sont renvoyés face à face et les différentes sphères privées et publiques se doivent de collaborer. Toutes les Provinces ne réagissent pas de la même manière. Ce mouvement reflète le passage à une régulation conventionnelle. Celle-ci semble gagner du terrain, la régulation territoriale ne venant que corriger après coup les distorsions que le « marché » et ses acteurs ne sauraient résoudre.

51En forçant quelque peu le trait, on pourrait dire que la question du lien formation-emploi-territoires en Italie ne relève plus d’un problème de politique sociale nationale. À l’instar de l’assistance sociale, de la santé ou du logement, ces thèmes relèvent, depuis les années 1970, de la compétence des gouvernements subnationaux. Les autorités locales régionales et nationales sont alors soit investies par le pouvoir central, soit en concurrence dans le domaine spécifique de la formation professionnelle et du Welfare. Cette mise en concurrence des échelons de pouvoir dissimule mal une mise en concurrence des compétences légitimes, mais aussi des solidarités politiques pertinentes. En cela, l’Italie préfigure une évolution qui n’a que trop tendance à se généraliser ces dernières années.

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Mots-clés éditeurs : emploi, formation, disparités régionales, Italie, marché du travail

Mise en ligne 19/05/2009

https://doi.org/10.3917/esp.136.0063

Notes

  • [*]
    Christian Azaïs, maître de conférences à l’Université de Picardie Jules Verne, chercheur à l’irises umr 7170
    christian. azaïs@ u-picardie. fr
  • [1]
    La Communauté européenne (ainsi nommée à l’époque) a lancé les premiers programmes sur la formation professionnelle et s’est intéressée à l’enseignement au milieu des années 1970 (Ertl, 2003, p. 6).
  • [2]
    « To bring the European Union closer to the people, involving locals in the development and implementation of eu policies at a regional level » (Brock et Tulasiewicz, 2000, p. 5, cité par Ertl, op. cit., p. 6).
  • [3]
    La loi du 20 mai 1970, n° 300, connue sous le nom de Statuto dei lavoratori, promulguée après l’« automne chaud » de 1969, accorde aux travailleurs des augmentations de salaire, reconnaît le droit à la semaine de 40 heures et de se réunir en assemblée (10 heures/an) pendant les heures de travail, sans réduction de salaire. Le titre de la loi est suggestif : « Normes sur la tutelle de la liberté et la dignité des travailleurs, de la liberté syndicale et de l’activité syndicale sur les lieux de travail et normes sur l’embauche ».
  • [4]
    Littéralement « Caisse d’intégration des gains ». Décret-loi 788/1945, qui instaure la cig ordinaire ; loi 1115/1968 et loi de 1972, instaurant la cig extraordinaire (cigs).
  • [5]
    Institut national de la prévoyance sociale.
  • [6]
    Que d’aucuns qualifient de « travailleurs manuels de la connaissance et de l’innovation sociale et économique du pays » (Ingignoli, s.d.). Ces travailleurs sont engagés dans des rapports de production qualifiés de « post-fordistes », i.e. d’un système dans lequel la grande entreprise (publique ou privée) externalise une part non négligeable des services professionnels mais aussi productifs (Bologna, 1998).
  • [7]
    Loi de 1984, complétée par un décret-loi de 2001.
  • [8]
    Le benchmarking (en français : étalonnage ou parangonnage) consiste à analyser les modes d’organisation des autres entreprises afin de s’en inspirer et d’en retirer les « meilleures pratiques ».
  • [9]
    http:// www. istruzione. it/ mpi/ progettoscuola/ index. shtml
  • [10]
    Par cette mesure de 1973, conquise à l’origine par les travailleurs de l’industrie métal-mécanique, tout individu a droit à 150 heures de formation. Les bénéficiaires sont appelés les « 150 ore ». Ce droit a été généralisé.
  • [11]
    Le Piémont, la Lombardie et la Vénétie représentent 30 % des inscrits ; le Latium, 14 % et la Sicile, 11,4 % (Ministerio dell’Istruzione, dell’Università e della Ricerca, 2003, p. 19).
  • [12]
  • [13]
    Le premier cycle comprend 5 ans d’école primaire et 3 ans d’école secondaire de 1er degré (scuola media inferiore), à la suite de quoi, à l’âge de 14 ans, l’élève passe un examen d’entrée dans le 2e cycle (scuola media superiore).
  • [14]
    Ce qui s’explique par une scolarité obligatoire jusqu’à 15 ans alors que l’« école moyenne inférieure » s’arrêtait à 14 ans.
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