Comme chaque année bissextile, les citoyens américains vont élire leur président au terme d’un scrutin qui nous tiendra en haleine jusqu’au dernier jour dans le meilleur des cas. L’électorat semble presque parfaitement divisé entre Démocrates et Républicains. Si galvaniser sa base partisane est nécessaire pour chaque camp, ce n’est pas suffisant : il ne faut pas qu’une campagne qui mobilise dans son camp effraie au centre.
La polarisation partisane ronge la politique américaine dans un mouvement tectonique que rien ne semble pouvoir arrêter. On pourrait penser qu’elle laisse le champ libre à la création d’un parti centriste qui réunirait les modérés des deux camps, d’autant que l’institut Gallup, par exemple, annonce chaque année que le nombre d’électeurs se déclarant « Indépendants » dépasse celui des Démocrates comme des Républicains. Avec plus de 40 % d’Américains se désignant comme tels, les Indépendants seraient-ils le premier parti des États-Unis, une sorte de majorité silencieuse en mal de représentation ? En réalité, ces Indépendants sont une illusion d’optique : ils forment une masse composite et très hétérogène, regroupés sous une étiquette qui masque bien plus qu’elle ne révèle.
Les Indépendants sont en effet composés de partisans qui « penchent » vers un parti sans s’en réclamer pour autant, des deux côtés, alors qu’entre ces deux groupes de « crypto-Républicains » et de « crypto-Démocrates », on trouve un petit noyau de « vrais » Indépendants dont les proportions varient, selon les sondages, entre 7 et 15 %…