« Même si la trêve conclue fin août sous l’égide de la Russie est théoriquement toujours en vigueur à Idlib, sur le terrain, l’armée syrienne et son allié russe ont repris leur offensive. » C’est ainsi qu’une dépêche laconique annonce, le 5 décembre 2019, le début d’une nouvelle vague de bombardements sur la deuxième plus grande ville de la province, qui fait des centaines de morts, poussant, une fois de plus, des dizaines de milliers de personnes sur les routes. Parmi les familles de réfugiés, bravant la pluie et les bombes, plantant leurs tentes dans la boue de camps de fortune, combien d’entre elles avaient auparavant fui le retour du régime des Assad depuis d’autres régions de Syrie (Deraa, Alep, Homs…) ? Encore et toujours à l’œuvre, les mêmes raids, les mêmes forces armées, les mêmes destructions, les mêmes justifications. La terreur d’État combattant et ravivant la terreur djihadiste pour mieux étouffer les dernières résistances insurrectionnelles et toutes aspirations démocratiques. Tout se répète : les souffrances, la peur, l’exil. Rien n’est venu et rien ne viendra stopper l’implacable remise en selle du despote.
Après tant d’années de vaines mobilisations et de mascarades diplomatiques, le sentiment d’impuissance est si accablant que la dénonciation des crimes contre l’humanité du soi-disant tyran « malgré lui » se justifie essentiellement par le refus de lui laisser le luxe d’un silence qu’il pourrait prendre pour une capitulation définitive ou une approbation tacite de son indigne réhabilitation…