Au Venezuela, le pire semblerait toujours à venir. Le cycle de pannes électriques qui affectent de façon intermittente la majorité de la nation caribéenne est encore un autre obstacle dans un quotidien qui s’est réduit, pour une grande partie de sa population, à une course de survie. Vue d’ailleurs, cette dernière dégradation des conditions matérielles des Vénézuéliens requiert un effort d’imagination afin d’être comprise. L’inflation, les pénuries et la violence ont imposé des contraintes impensables dans des pays au degré d’urbanisation et de développement similaires. Internet, cependant, abonde en anecdotes déchirantes de provenances diverses. Malgré une couverture médiatique très partiale, fruit des passions, des antagonismes et des intérêts qui déterminent les discours sur le Venezuela à l’étranger, les effets de cette crise sont largement documentés. Réseaux sociaux, presses nationales et étrangères et discours académiques recueillent tous, à leur manière, un violent cri collectif.
Dans cette longue agonie du post-chavisme, la dernière crise énergétique est un mélange de rupture et de continuité. D’une part, la panne du 7 mars, première d’un cycle dont on ne voit pas encore la fin, est la conséquence de corruptions et de négligences gouvernementales qui durent depuis presque une décennie. En 2010, des chercheurs de l’université Simon Bolívar avaient anticipé les effets de la mauvaise gestion énergétique dans un rapport adressé aux autorités gouvernementales. D’après ce rapport, la prestation des services électriques serait en déclin depuis 2008…