Réchauffement climatique, menace nucléaire, disparition accélérée de la diversité des espèces… Autant de processus en cours dessinant un sombre avenir environnemental où l’humanité a le visage du bourreau et de la victime. Mais, dans le même temps, un défi est à relever. À l’orée du xxie siècle, où la question de l’écologie et des modalités d’un écologisme efficient est devenue cruciale, en quoi la littérature pourrait-elle être une ressource ou le lieu d’un discours singulier ? Geste culturel, elle est ce par quoi s’avance la parole de l’homme : à la fois témoin de notre rapport à la nature et lieu d’une habitation du monde, elle ne saurait être occultée. Une pensée qui s’attache à dire, à décrire ou à élaborer de nouveaux rapports entre l’homme et son environnement se doit de cerner l’imaginaire écologique dont la littérature participe pleinement.
Des écrits de David Thoreau à ceux de l’écrivain et activiste Rick Bass, une tradition littéraire soucieuse et appelant à une préservation de l’environnement existe. Classées sous le genre récemment élaboré d’éco-fiction, ces œuvres sont incontournables, au même titre que les récits de voyage, décrivant les changements profonds de nos écosystèmes. Pourtant, nous voudrions ici emprunter d’autres sentiers, plus sinueux et moins évidents, pour explorer d’autres terres littéraires afin de rejoindre ce même lieu de rencontre entre écologie et littérature. Se demandant ce que peut la littérature devant la crise écologique et comment elle se fait le témoin de notre postmodernité environnementale, il s’agira finalement d’en saisir la singularité en regard du discours scientifique et du discour…