Le douzième Forum social mondial (Fsm) s’est tenu pour la première fois dans un pays de l’hémisphère nord, du 8 au 14 août 2016, à Montréal. À la toute fin du xxe siècle, chaque année, à la fin janvier, des dirigeants d’entreprises, des intellectuels en vue et des responsables politiques se donnent rendez-vous à Davos en Suisse pour discuter des problèmes de la planète. Au même moment, le mouvement altermondialiste, né à la fin des années 1970, apparaît sur la scène internationale et refuse la « fin de l’histoire » apaisée, annoncée en 1992 par Francis Fukuyama : cette prédiction est trompeuse quand elle occulte les conflits toujours présents. C’est l’époque des grandes mobilisations contre les plans d’austérité et les traités de libre-échange avec, pour point d’orgue, la manifestation (réprimée) contre l’Organisation mondiale du commerce (Omc) à Seattle en 1999. Naît alors au Brésil l’idée d’un anti-Davos, un lieu où se retrouveraient tous ceux qui estiment qu’une alternative est possible. Selon le Français Gus Massiah, membre du Comité international du Fsm et présent à Montréal,
les mouvements sociaux, les Ong et associations de défense des droits humains perdaient beaucoup d’énergie à se concurrencer et avaient peu de contacts avec les syndicats de travailleurs… Il devenait pourtant évident que les problèmes écologiques, la sécurité alimentaire, la question du travail, la dépossession des terres étaient liés. Une instance d’élaboration d’une stratégie commune de résistance était nécessaire…