Alors que se tient en décembre 2015 à Paris la 21e conférence des Nations unies sur les changements climatiques, les représentants des nations vont tenter de négocier un accord à l’horizon de 2020. La Cop21 sera-t-elle un succès ou un échec ? Cette question importante ne nous paraît pourtant pas la plus centrale. Bien sûr, nous espérons un accord qui puisse être à la fois universel et le plus équilibré possible entre les pays du Nord et du Sud, des versements substantiels au Fonds vert qui doit permettre l’adaptation climatique et une association réelle des Ong et de la société civile à ce sommet. Mais nous avons choisi de faire un pas de côté pour évaluer comment les sciences humaines réfléchissent au changement climatique. L’occasion nous en a été donnée par un colloque, dont Esprit était partenaire, « Comment penser l’anthropocène ? », les 5 et 6 novembre 2015, organisé par le Collège de France, la Fondation de l’écologie politique et l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Le terme d’anthropocène a été forgé par deux scientifiques en 2000. Pour l’humanité, y entrer, c’est se situer dans une nouvelle ère géologique marquée par les effets systémiques, globaux et irréversibles des actions humaines sur la nature. Ce constat ne concerne pas que les géologues. L’anthropocène est d’abord une manière de qualifier les responsabilités qui incombent désormais aux êtres humains vis-à-vis de la nature et des générations à venir, et la modification des comportements individuels et collectifs que cela implique…