Il est des périodes où le corps des femmes devient un sujet d’actualité, politique, médiatique, « sociétal », comme on dit. Ce fut le cas, bien sûr, dans les années 1960 et 1970, lorsque les mouvements féministes firent du corps un sujet politique en militant pour que soient autorisés, notamment, l’avortement et la contraception. Pour que les femmes puissent contrôler leur corps, sa fonction reproductrice, pour qu’elles cessent d’être considérées exclusivement comme des mères en puissance, soumises d’une part à l’autorité de leur père ou de leur mari, de l’autre aux besoins de leurs enfants.
Aujourd’hui, à nouveau, le corps des femmes est en débat ; dans l’arène politique, sur les placards publicitaires, l’intimité fait les gros titres. Le scandale des pilules de troisième génération a, pendant des semaines, provoqué chez beaucoup une angoisse – légitime – et une prise de rendez-vous chez leur gynécologue. Il a fait de la contraception, de nouveau, un débat public, non plus sur le mode du droit (se protéger ou non) mais de ses modalités (comment se protéger) ; certains, cependant, ont pu craindre que cette remise en question – justifiée, bien que le traitement médiatique ait parfois été excessif, comme si l’on n’avait jamais su que la pilule comportait des risques – n’amène certaines femmes, surtout les plus jeunes, à se passer de contraception, dans un contexte de crise qui voit baisser les subventions aux organismes d’information comme le Planning familial, et dans lequel la contraception peut sembler chère (on ne sait pas toujours si les pilules sont remboursées, lesquelles…)…