Dans le courant des années 1970, la finance a amorcé une mutation profonde institutionnalisant une technicité de haute volée qui caractérise la période néolibérale actuelle. Les difficultés à comprendre ces nouveaux arguments mathématiques et ces nouvelles pratiques de gestion financière ont abondamment alimenté, tout naturellement, la machine universitaire, tant au niveau de l’enseignement que de la recherche, pendant une trentaine d’années. Mais on commence à se poser des questions. De nombreux intellectuels, après avoir approfondi et clarifié ces technicités, veulent faire vraiment le point et dresser le bilan des rapports de la finance avec le fonctionnement économique et social, sans se laisser impressionner par la subtilité juridique et mathématique. C’est le cas de Gaël Giraud. S’appuyant sur une remarquable connaissance de l’économie financière au plan théorique et de la gestion opérationnelle dans les salles des marchés, il est en mesure de rendre transparentes ces pratiques et de poser les questions majeures : économiques, car le bilan économique est mauvais, politiques, parce que le langage classique du libéralisme ne correspond plus à la réalité, et éthiques, à cause de l’érosion continue de la solidarité.
L’ouvrage prend la crise des subprime comme entrée en matière, ce qui donne l’occasion d’initier le lecteur à la titrisation dans un style parsemé d’anecdotes savoureuses et d’exemples édifiants sur les usages de toute cette quincaillerie de produits dérivés…