Arrêté en Serbie le 26 mai 2011, après quinze ans d’une traque trop souvent négligente, Ratko Mladic, le bourreau de Srebrenica, doit enfin répondre de ses crimes devant le Tribunal de La Haye où il a comparu pour la première fois le 3 juin 2011. Pendant que le procès se prépare, un autre général, de filiation serbe lui aussi, ronge son frein à Vienne en attendant que les juges statuent sur son sort. Le parallèle s’arrête là, car tout oppose ces deux hommes.
Appréhendé par la police autrichienne le 3 mars 2011, sur la foi d’une demande d’extradition lancée à son encontre par le parquet militaire de Belgrade, Jovan Divjak a été relâché mais interdit de sortie du territoire après versement d’une caution de 500 000 euros, collectée à l’appel de la mairie de Sarajevo. Compte tenu de l’inconsistance du dossier, de l’aveu même du ministre des Affaires étrangères autrichien, il est peu vraisemblable que Vienne donne suite à la requête de Belgrade. Cependant, chaque jour qui passe ajoute au scandale moral et au péril politique d’une accusation conçue pour troubler les esprits, raviver les rancœurs et diviser le pays.
Populaire artisan de la défense de la ville, durant le siège de quarante mois qu’elle endura d’avril 1992 à février 1996, Jovan Divjak a voué sa retraite à une fondation en faveur des orphelins de guerre de toutes origines, « Construire la Bosnie par l’éducation ». Il avait eu la lucidité et le courage de quitter l’Armée populaire yougoslave (Jna) dès qu’elle s’égara dans la « purification ethnique »…