Recevant la visite d’une amie allemande en vacances à New York, je lui conseillais une visite au Whitney Museum où venait de s’ouvrir la grande exposition Lyonel Feininger. At the Edge of the World (30 juin-16 octobre 2011). Pourquoi demanda-t-elle ? Comme toute Allemande, elle connaît bien l’œuvre de Feininger, qui a passé presque cinquante ans dans ce pays avant d’être contraint au départ par la prise de pouvoir nazi qui vilipendait son œuvre comme « art dégénéré ». Artiste célèbre en Allemagne, ayant participé aux groupes Die Brücke et Der Blaue Reiter, puis enseigné au Bauhaus, Feininger avait du mal à être reconnu dans son Amérique natale, qu’il avait quittée en 1887 à l’âge de 16 ans. Il y est mort en 1956, apprécié pour son passé mais sans influence sur la fleurissante scène artistique new-yorkaise. L’exposition au Whitney est la première rétrospective donnant à voir toutes les facettes de son œuvre depuis les années 1960. Cela vaut le déplacement, même pour une Allemande. L’œuvre donne à penser, comme on le verra. L’Américain en Allemagne, l’émigré rentré aux États-Unis : qu’est-ce qui motivait cet être singulier qu’était Lyonel Feininger ?
Mon amie allemande étant encore dubitative, je lui parlais d’autres expositions, dont celle des sculptures d’Anthony Caro sur le toit du Met qui m’avaient inspiré quelques idées sur le rapport entre la sculpture et la danse évoquées dans « Chronique transatlantique X ». Du coup, je lui conseillais une visite à Governors Island où sont installées onze sculptures de Mark di Suvero (27 mai-25 septembre 2011)…