Le film Tueurs-nés, hyperbole de la violence filmée, aurait été réalisé par Olivier Stone pour dénoncer les dérives des médias en singeant leurs pratiques. Ce film culte, dans lequel un animateur vedette de reality show se trouve pris en otage puis froidement exécuté par deux tueurs en série, a défrayé la chronique lorsque le réalisateur de Natural born killer a lui-même été assigné en justice par l’une des victimes d’une agression (doublée d’un meurtre) inspirée, selon elle, par Tueurs-nés. Effet iatrogène d’un film dénonciateur aboutissant à inspirer les actes qu’il vilipende ? Récemment, la question des conséquences comportementales des scènes de violence est réapparue en France sous une forme nouvelle avec le documentaire Le jeu de la mort, qui s’attache à dénoncer la violence engendrée par la télévision-réalité. Christophe Nick, producteur pour France Télévision du Jeu de la mort, a cherché à donner à son documentaire une force de persuasion inédite. L’objectif visé était de convaincre des risques de la téléréalité en procédant à une expérimentation inspirée d’une célèbre recherche scientifique sur la soumission à l’autorité. Incidemment, plusieurs faits marquants ont suivi la diffusion en mars 2010 : une alerte à la bombe était déclenchée suite à l’appel téléphonique d’un homme insatisfait du documentaire, tandis que deux anciens ministres déposaient plainte contre la chaîne publique et le producteur du documentaire pour « provocation directe à la commission d’atteintes volontaires à la vie et à l’intégrité de la personne »…