Avant les élections européennes le parti socialiste avait un problème majeur : l’élection présidentielle. Depuis, il en a découvert un second : la difficulté de toutes les social-démocraties à offrir une alternative crédible. Au problème français s’ajoute donc un problème européen, et il n’est pas sûr que les moyens envisagés pour résoudre le premier ne compliquent pas les solutions au second.
Plus les années passent et plus l’incompatibilité paraît augmenter entre le régime électoral et les aptitudes des socialistes. Mitterrand avait déjoué la malédiction de la présidentielle, aujourd’hui la gauche semble en mesure de prendre la présidence...du Sénat. Mais, entre-temps, la présidentielle s’est de nouveau éloignée alors qu’elle compte double depuis que Jospin a accepté qu’elle précède systématiquement les législatives. Aux explications sociologiques et psychologiques généralement avancées – difficulté de la gauche à atteindre l’étiage de 50 %, réticence à accepter un chef émancipé d’un mandat contraignant, préservation des fiefs locaux mieux assurée par des défaites nationales – se sont ajoutés deux handicaps plus récents, qui aiguisent l’inquiétude : la prolifération des présidentiables en son sein et la tactique sarkozyste de rassemblement des droites pour creuser l’écart au premier tour.
La solution la plus naturelle à la culture socialiste aurait été le retour à une critique de principe de la Ve République et la défense d’un tournant parlementariste. Mais l’élection de 2007 a drainé une très forte participation, qui a repoussé pour longtemps la fin du présidentialisme…