Le débat sur la réforme de la santé aux États-Unis fait rage depuis plusieurs mois. Les accusations ont fusé de part et d’autre de l’échiquier politique, avec une violence qui, pour un observateur extérieur, a quelque chose de profondément incompréhensible. Le président Obama a été indifféremment traité de communiste, de socialiste et de nazi. Des groupes ultraconservateurs ont profité de ce climat d’extrême tension pour attiser les flammes de la peur. Ainsi, le Independent Women’s Forum (organisation dont le site précise qu’elle a pour but de « reconstruire la société civile en promouvant les libertés économiques et politiques et la responsabilité individuelle ») a récemment lancé une campagne visant à convaincre l’opinion publique que la réforme de la santé prévue par le gouvernement allait priver des milliers d’Américaines atteintes du cancer du sein des soins qui leur sont nécessaires.
La question de la santé a en réalité souvent été déplacée, supplantée, comme souvent aux États-Unis, par un débat sur les « valeurs fondamentales de la nation » : là où les progressistes insistaient sur la notion de justice et sur celle d’égalité, les conservateurs mettaient en avant la liberté individuelle, craignant le retour du big government sur la scène politique.
Au cours de ce débat, Obama a souvent été accusé de ne pas avoir pris des positions suffisamment claires, laissant aux commissions du Congrès (cinq d’entre eux ont été chargés de proposer une loi, quatre ont déjà rendu leurs travaux) le soin de mettre en place la réforme en elle-même…