C’est le hasard des programmations. Poussé par ses anciens amis du Français qu’il a quittés depuis déjà longtemps, Michel Aumont (né en 1936) est seul sur la scène magique du Vieux-Colombier avec un journaliste. Il a accepté de raconter sa carrière, lui qui a joué les rôles les plus exigeants et inattendus en dépit de sa timidité légendaire et de sa conviction qu’il n’a rien à dire ! De l’autre côté de la Seine, Alain Françon, un philosophe venu d’Annecy, directeur du théâtre national de la Colline depuis 12 ans, monte un dernier spectacle, La Cerisaie, avec un complice d’Aumont, le comédien/metteur en scène Jean-Paul Roussillon (né en 1931) qui joue le rôle du domestique Fist. Celui-ci s’étend à la fin pendant de longues minutes sur un canapé alors que tout le monde est parti.
Mais le spectacle n’est pourtant pas fini ! Michel Aumont continuera à jouer et à passer sur les écrans où, infatigable, il est toujours prêt à se dédoubler, à passer du rôle de chef de famille ou de cuisinier convivial à celui de traître. On l’a vu des dizaines de fois en professeur pervers ou en flic corrompu (souvent l’envers de Belmondo) et dans des rôles de composition qui en ont fait un comédien populaire depuis La femme en bleu, Un dimanche à la campagne, Au Petit Marguerit jusqu’à Palais-Royal de Valérie Lemercier. Quant à Alain Françon, il poursuivra son travail de metteur en scène et Jean-Paul Roussillon fait sourire quand il laisse croire qu’il finit sa carrière sur le canapé de La Cerisai…