Les grands régulateurs autoproclamés de la planète se sont réunis le 15 novembre dans la capitale américaine pour « refonder » et « reconstruire » le système financier international ou même, dans une version plus grandiose encore, le capitalisme. Tout le monde ou presque est devenu « socialiste ». Le mal est identifié : la croyance naïve et coupable dans « l’autorégulation » des marchés. Le remède : la Régulation, consciente, dure et volontaire. Le monde va enfin se doter de règles qui vont assurer la liberté, la prospérité et la justice pour tous.
Il fut un temps où une certaine gauche française avait quand même plus d’intelligence. (Ah, où es-tu passé, Michel Rocard ?) Elle croyait possible de faire fond sur une vision complexe de la société sans pour autant renoncer à ses idéaux et à ses valeurs. Elle savait bien qu’on ne façonne pas un système social comme un architecte construit une maison, a fortiori s’il s’agit de l’économie mondiale.
Quel peut être le rôle du philosophe dans cette affaire qu’ont monopolisée les économistes, dont la science chancelle, et les hommes politiques, dont le volontarisme est loin d’être toujours servi par une rigueur morale et une autorité personnelle exemplaires ? Comme toujours, tenter d’éviter que le débat se noie dans des confusions conceptuelles. Essayons.
Pour refonder l’édifice sans avoir d’abord à le détruire, il faut trouver le moyen de le soulever. Pour cela, il faut un levier et surtout un point d’appui extérieur, comme Archimède nous l’a appris…