À la question « Quelles sont les conditions de la réussite économique ? », Kenneth Arrow répondait sans hésiter mais non sans surprendre : « Il n’y en a qu’une : la confiance. » Une conviction partagée par Maurice Allais, également prix Nobel d’économie :
Que l’on considère la mise en place de la démocratie ou celle d’une économie de marché, le facteur majeur de succès, c’est l’établissement de la confiance.
Il y a là matière à réflexion pour nous Français si complaisamment portés à cette « défiance généralisée » dont Pierre Rosanvallon fait le ressort de la « démocratie négative » autrement nommée « contre-démocratie ». Une analyse partagée dans des publications récentes par Thomas Philippon, Yann Algan et Pierre Cahuc pour qui le « déficit de confiance » serait l’épicentre de nos difficultés tant sociales qu’économiques.
La France, constatent-ils, souffre de son inaptitude à un jeu collectif libéré de l’ombre pesante du soupçon, de cette crainte paralysante de « se faire avoir » qui, dans le psychodrame social, impose la posture très ritualisée de « celui à qui on ne la fait pas ». Révélateur, ce chapeau du Monde du 9 octobre :
Le haut-commissaire aux solidarités actives a demandé aux associations de signer un texte autour de son objectif de réduction de la pauvreté. Certaines craignent le piège,
leurs responsables en redoutant d’ailleurs moins la réalité que l’infamie de passer aux yeux des extralucides du social, pour de parfaits jobards. Il est vrai que la récente affaire …