La « délégation temporaire » du pouvoir aux mains de Raúl Castro le 31 juillet dernier a relancé les spéculations : le régime pourra-t-il durer, si son leader historique venait à disparaître ?
À l’instar des « kremlinologues », les uns ont établi les bulletins de santé de Fidel Castro à partir de la couleur de ses pyjamas (passée du bleu au rouge), et les autres ont mis à jour les lignes de division au sein de l’élite en faisant remarquer que Raúl Castro portait un gilet pare-balles lorsqu’il a prononcé un discours devant ses plus fidèles officiers, à l’occasion du 45e anniversaire de la création des Forces armées révolutionnaires.
Depuis une quinzaine d’années, la réflexion universitaire est, quant à elle, engagée pour l’essentiel autour de deux concepts, appliqués de façon aussi creuse qu’obstinée au cas cubain. Le raisonnement en termes de « transition » associe de façon confuse des transformations politiques, sociales, économiques et culturelles hétérogènes – la réimplantation partielle d’un secteur de l’économie régi par la loi de l’offre et de la demande, la mise en avant de la rhétorique nationaliste au détriment des références marxiste-léninistes, le renouvellement des élites, les modes d’influence des modèles de consommation occidentaux, etc. – à une tentative de redéfinition de la nature du régime cubain. Du totalitarisme, celui-ci serait passé pour certains à « l’autoritarisme », pour d’autres au « sultanisme » ou encore au « post-totalitarisme charismatique précoce »…