La référence de Benoît XVI à Ibn Hazm ne doit rien au hasard. Elle renvoie en effet à l’inspiration profonde d’islamisants chrétiens – Louis Gardet, Henri Laoust, Roger Arnaldez et surtout Louis Massignon – qui, en vue d’encourager la résistance de l’islam au colonialisme, valorisaient les grands mystiques. À commencer par le célèbre « martyr mystique de l’islam », Al-Hallaj, dont bien des propos sont hostiles à une rationalisation hellénique de l’essence et des attributs divins. Dans ces conditions, imaginer que le pape s’est prononcé en faveur de thèses belliqueuses favorables à un affrontement entre « monde libre » et islam est erroné.