Les discriminations à l’embauche, qui en contesterait aujourd’hui l’évidence ? Un sondage de 2004 révélait d’ailleurs que pour 82 % des Français l’apparence personnelle revêtait, dans la vie professionnelle, une importance croissante. Telle est la loi des « temps hypermodernes » (Gilles Lipovetski) voués à un culte du look dont les populations d’origine étrangère sont les premières, avec les handicapés, à faire les frais, le comble du faux-semblant consistant à les écarter dans « l’intérêt » de la clientèle ou des autres salariés de l’entreprise ! Et l’on sait le rôle de ce maintien arbitraire aux lisières du monde du travail dans l’embrasement des banlieues.
En 1998, le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme avait déjà sonné l’alarme. La discrimination à l’emploi, relevait-elle, est un phénomène « largement diffusé », « profond et dissimulé » et pour cette dernière raison difficile à juguler. L’embauche est le « moment où la discrimination est la plus simple à réaliser et la plus discrète ». Peu de traces au cas par cas, mais des preuves statistiques irréfutables. À Roubaix, « sur cinq mille allocataires du Rmi, 500 ont le bac, et, sur ces 500, 90 % portent des noms à consonance arabe ». Plus généralement, à compétence égale, les difficultés d’insertion sur le marché du travail sont beaucoup plus grandes pour les jeunes étrangers, spécialement les Maghrébins, ce qui explique, pour une large part, qu’à l’heure où le taux moyen de chômage était de 12 %, il atteignait 30 % dans ce group…