1Ce n’est que vers le vie siècle que l’inhumation devient le seul mode de funérailles légal pratiqué en France. Les défunts étaient inhumés autour des chapelles, couvents, hôpitaux. Les riches pouvaient être enterrés sous le pavement de leur église, mais le petit peuple n’avait droit qu’au cimetière entourant l’église paroissiale.
2Suite à la Loi de 1881, le cimetière deviendra communal, afin de respecter la Constitution: liberté et laïcité.
3Aujourd’hui, ainsi que nous le savons tous, en ce début de millénaire, notre société a, du fait du vieillissement de la population, de l’éclatement des familles, de leur dispersion aux quatre coins du monde, du développement de la crémation, de la recherche de nouveaux rituels et de nouvelles formes et concepts d’art funéraire, besoin de concevoir une nouvelle approche des formes d’expression du souvenir.
4Nos cimetières traditionnels ne correspondent peut-être plus aux attentes des nouvelles générations. Les columbariums et Jardins du souvenir ont été imaginés par rapport aux attentes des familles qui, à l’époque, ne représentaient que 2 % de la population.
5Comment concevoir nos cimetières de demain, comment répondre à l’évolution de la crémation. C’est sur toutes ces questions que la profession se penche.
6Le cimetière, lieu de souvenir, de promenade, de mémoire, doit être aujourd’hui un espace de verdure, fleuri, agréable et reposant. Entretenir le souvenir, c’est avant tout se remémorer la personne décédée. La promenade au cimetière sera une démarche naturelle, un moment de partage par la pensée avec le défunt. C’est un lieu qui facilite le recueillement et qui peut également contribuer à perpétuer le lieu familial.
7La Chambre Syndicale Nationale de l’Art Funéraire a entrepris depuis plusieurs années une démarche de réflexion sur les pistes d’évolution de la profession funéraire. À ce titre, elle a mené un certain nombre d’études visant à bien comprendre les attentes et le vécu des familles en matière de deuil, à travailler sur le lieu du souvenir.
8Dans une commune sur cinq, un projet d’aménagement ou de création d’un cimetière est déjà en cours. En cumulant ces travaux engagés et les projets à moyen terme, c’est environ une commune sur trois qui a, ou va, réaliser une amélioration de son cimetière. Des chiffres rassurants, qu’il faut toutefois temporiser: seulement 12 % des petites communes estiment qu’elles vont entreprendre un projet à moyen terme.
9C’est dans les villes moyennes que les projets sont les plus nombreux. En effet, 33 % des communes de 2000 à 10000 habitants et 28 % de celles de 10000 à 50000 habitants semblent avoir programmé des travaux dans les cinq ans. Les grandes communes ne sont pas en reste: 20% d’entre elles réalisent ou vont réaliser un projet.
La nature des projets
10Sur 30% des communes «actives», plus de la moitié va agrandir son cimetière et plus de quatre sur dix vont créer un emplacement cinéraire.
11Un agrandissement plus présent dans les villes de 2000 à 100000 habitants, alors que la création d’espaces cinéraires semble concerner les plus grandes et les plus petites villes.
128 % des communes vont rénover leur cimetière et 6 % en créer un nouveau.
Qui sont les aménageurs?
13Dans la majorité des cas, ce sont les services internes qui vont gérer les travaux, 41 % des communes font appel à leurs services techniques ou d’aménagement des espaces verts. Cependant, on peut imaginer qu’il s’agit plutôt d’entretien courant et que lorsque les travaux prennent une certaine ampleur, elles se tournent plutôt vers des entreprises extérieures.
14Les marbriers sont les professionnels les plus souvent contactés, particulièrement dans les communes rurales, qui privilégient une démarche de proximité avec les entrepreneurs locaux. Au-delà de 10 000 habitants, les communes ne les emploient quasiment plus. Elles préfèrent faire appel à des paysagistes (23 % des communes de plus de 10 000 habitants) ou à des centres d’études techniques de l’équipement (16 %), peu demandés dans les petites villes.
1515 % des grosses agglomérations exploitent les ressources des Agences d’urbanisme et d’aménagement.
La gestion des cimetières
1698 % des communes sont opposées à un transfert de la gestion des cimetières vers le secteur privé! Les plus catégoriques sont les villes de plus de 50 000 habitants.
17Une opposition à la gestion privée qui, après analyse, semble être motivée dans les communes rurales par les habitudes et la crainte du changement.
18Dans les moyennes et les grandes villes, c’est l’argument de «défense du Service public» qui prédomine. La place de la mort et du cimetière est inscrite comme devant faire partie de l’espace public. La «perte de contrôle» sur la gestion, la «hausse des prix» et la légitimité du Maire comme interlocuteur motivent également cette levée de bouclier contre la gestion privée.
Disparité entre petites et grandes communes
19Le premier élément de conclusion de l’étude est la différence de perception entre cimetières de petites communes, gérés de manière artisanale, et cimetières de plus grandes villes, bénéficiant d’une approche plus «professionnelle»… Les problèmes et les enjeux étant différents.
20Si l’on note un taux de mortalité plus important dans les grandes villes (principalement à cause de la localisation des hôpitaux), on enterre proportionnellement davantage dans les petites communes qu’en milieu urbain.
«Tout va bien»
21Si l’on en croit les responsables des cimetières, tout va bien et les équipements seraient suffisants. Pourtant, à une époque où la crémation est en plein développement, les équipements semblent encore trop rares.
22Un quart seulement des communes proposent un columbarium, 18 % des sépultures cinéraires et 16 % des Jardins du souvenir.
23La disparité entre les petites et les grandes communes ressort ici encore de manière flagrante.
Le cimetière, «parent pauvre des communes»
24L’impression que le cimetière reste un des parents pauvres de la gestion communale persiste. Seulement 11 % des communes les plus importantes ont formé du personnel pour s’occuper des cimetières. On retrouve le même pourcentage pour celles qui disposent d’un logiciel de gestion spécifique. Dans la plupart des cas, la gestion n’est d’ailleurs pas informatisée…
25Plus inquiétant encore, 96 % des communes n’ont jamais réfléchi à la charge financière que représente le cimetière et donc aux moyens à mettre en œuvre pour l’alléger!
26Elles déclarent ne pas avoir de problème dans la gestion, et cela semble logique tant celle-ci semble être réalisée «a minima». Si les pompes funèbres restent des interlocuteurs privilégiés, cette entente n’implique pas pour autant un réel intérêt des communes pour le domaine funéraire. Dans leur grande majorité, elles n’ont rien à demander aux professionnels du secteur.
Et l’écoute des familles ?
2743 % des communes déclarent avoir mis en place des procédures de remontées de doléances. Seulement 3 % ont instauré des structures d’écoute des familles des défunts, essentiellement dans les villes de plus de 50 000 habitants.
Quel marché pour la profession ?
28D’ici cinq ans, un tiers des communes aura travaillé à l’agrandissement du cimetière, soit à la création d’un emplacement cinéraire, d’un columbarium ou d’un Jardin du souvenir, poussé essentiellement par des impératifs techniques, le manque de place ou des demandes croissantes de crémation. Mais, dans 41 % des cas, ces travaux seront réalisés par les services municipaux (peu formés, comme on l’a constaté) et non par des professionnels spécialisés dans le funéraire.
29Un motif de satisfaction tout de même: les grandes villes consultent des paysagistes et des centres d’études techniques de l’équipement.
30Le créneau exploitable aujourd’hui pour les professionnels est de vendre l’idée qu’ils peuvent être, non seulement, une force d’exécution, mais aussi et surtout, une force de conseil, de réflexion et de proposition.
31D’après le rapport d’étude réalisé par le CREDOC pour la Chambre Syndicale Nationale de l’Art Funéraire.