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Article de revue

Du bébé à l'adolescent : quand consulter un psy ?

Pages 6 à 8

English version

1 Le rôle dévolu aux psys aujourd’hui dans notre société a considérablement évolué. Pas un jour sans que leur avis soit sollicité, y compris pour les questions les plus anecdotiques ou les plus latérales par rapport à leur métier.

2 Et pourtant, cette médiatisation n’enlève rien à l’ambivalence dont ils sont toujours l’objet : on supporte mal d’avoir besoin d’eux, en même temps qu’on n’accepte pas de voir une demande à leur égard mise en attente.

3 Tout serait psy dans la vie pour certains, tandis que pour d’autres rien ne le serait.

4 Ces changements interviennent de plus dans une époque où l’augmentation des sollicitations faites aux psys coïncide avec la diminution constante, pour les années à venir, du nombre des psychiatres.

5 Par ailleurs, les motifs de consultation sont très souvent indirects ou détournés, celui ou celle qui demande étant le porte parole d’un autre, comme un train peut en cacher un autre, court-circuitant souvent les professionnels de première ligne et leur rôle essentiel d’évaluation préalable.

6 Bien souvent se trouvent confondus le normal et le pathologique, l’urgence sanitaire et la pression qui s’exerce sur un enfant ou ses parents. Penser à la mort équivaut à un risque suicidaire comme un cauchemar mériterait une psychothérapie. Une peine de cœur et une dépression ne seraient plus différenciées.

7 Alors, qui pose cette question de la consultation psy ?

8 Les parents en premier lieu.

9 Ils la posent le plus souvent aux pédiatres ou aux médecins de famille ; aux services d’aide téléphonique ; à l’institution scolaire… Lorsqu’ils sont débordés, habituellement après une longue attente où oscillent espoir et désespoir face à des signes difficiles pour eux à identifier comme normaux ou pathologiques, alors que des messages contradictoires à ce sujet affluent tant de la part des médias que du voisinage.

10 Le niveau d’inquiétude qui est le leur et leur réactivité à des signes d’appel varient bien évidemment selon les parents. C’est ce niveau qui, lorsqu’il est dépassé, va motiver la consultation.

11 Ils sont alors pleins d’attentes contradictoires. Ils espèrent un résultat immédiat avec le moins de mises en cause possible de ce qui n’est pas central dans leur plainte.

12 Il en va de même fréquemment pour les travailleurs sociaux et les professionnels de l’enseignement. La complexité des missions qui leur sont imparties engendre simultanément l’envie d’accompagner l’enfant le plus loin possible et, lorsque les limites sont atteintes de ce qui est supportable dans leur dispositif, le désir d’une réponse rapide et d’une orientation bien conseillée.

13 Enfin, pour les situations nécessitant une intervention judiciaire, les psys sont bien souvent interpellés, soit dans le cadre d’une injonction thérapeutique, soit dans celui d’une expertise destinée à éclairer le magistrat, soit encore lorsque c’est le juge qui le conseille aux parents du mineur.

14 Mais qu’en pensent les psys ?

15 Dans ce numéro sont déclinées leurs façons de concevoir leur exercice professionnel et les questions que leur pose la manière dont on s’adresse à eux. Dans quels cas et avec quels nouveaux motifs sont-ils sollicités ? À quel moment de l’évolution des troubles ? De quelles manières ? Et l’on connaît le rôle déterminant des professionnels situés en amont pour aborder ces différents points et faciliter le travail ultérieur des spécialistes psys, tout en restant en lien avec eux.

16 Alors, comment faire évoluer la situation ?

17 Tout d’abord, il convient d’améliorer les informations relatives aux réponses fournies par les psys, à leurs limites et aux dispositifs existants.

18 Il importe aussi de mieux différencier ce qui relève d’une évaluation et ce qui relève d’un traitement. C’est pourquoi la formation des professionnels au contact quotidien des enfants et des adolescents (enseignants, infirmièr(e)s scolaires, cpe, médecins de famille, pédiatres, animateurs et travailleurs sociaux…) est si importante. Elle seule peut contribuer à éviter les dramatisations ou les banalisations aussi délétères les unes que les autres, et à servir de base pour une meilleure orientation ultérieure.

19 Cette formation insiste aujourd’hui de façon consensuelle sur l’importance de la qualité des liens entre les professionnels concernés par l’enfant et l’adolescent, que l’on nomme cela travail partenarial, travail en réseau, travail de liaison…

20 Quand l’enfant, l’adolescent et/ou ses parents sont inquiets, il importe d’apporter une réponse à leur demande, même si cette réponse n’est pas forcément et immédiatement psychothérapique ou psychiatrique.

21 En période de pénurie telle que la nôtre aujourd’hui, nous devons réserver les réponses spécialisées aux situations qui en relèvent, ce qui renforce l’intérêt et la nécessité des moyens d’évaluation préalables. En outre, cela doit nous inciter à développer encore les interventions à visée préventive dans les âges charnières de la vie, en particulier dans les premiers temps de la période néonatale et ceux qui succèdent aux changements pubertaires.


Mise en ligne 01/03/2006

https://doi.org/10.3917/ep.030.0006
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