1S’il fallait formuler le principe directeur de l’immense travail accompli par Simon Perrier pendant les six années de sa présidence, ce serait celui-ci : donner à l’APPEP son autonomie. Alors que nous avions l’habitude de reconnaître dans l’Inspection un contre-pouvoir au cœur du ministère, il nous a aidés à admettre qu’elle n’est plus aujourd’hui qu’un rouage de son administration. Il nous a ainsi permis d’en tirer une leçon majeure : désormais, nous, professeurs de philosophie, ne devons compter que sur nous-mêmes. Il nous faut prendre conscience de notre force et être résolus à l’exercer. Simon Perrier a ainsi su nous mobiliser pour obtenir une recommandation ministérielle à propos du dédoublement dans les séries technologiques [1], et nous ne saluerons jamais assez sa ténacité sur cette question.
2Il est temps maintenant de sortir de notre silence ou de notre position de retrait sur des questions aussi essentielles que les questions pédagogiques. Malgré un travail de réflexion initié il y a quelques années par Simon Perrier sur les exercices proposés aux élèves dans les séries technologiques, l’APPEP s’intéresse de moins en moins au travail fait en classe et nos échanges portent rarement sur nos cours. Nous ne les évoquons jamais sur l’appepliste et, dans cette revue même, les articles de la rubrique « témoignages et suggestions » traitent plus souvent de politique scolaire que du travail mené avec les élèves. L’APPEP est pourtant une association de professeurs de philosophie et serait fortifiée par des discussions sur nos pratiques d’enseignement. Nous regrettons souvent que des sociologues ou des chercheurs de l’enseignement supérieur tiennent un discours inadéquat sur notre métier. Ils ne font qu’occuper la place que nous leur laissons.
3Cet abandon progressif explique une partie de nos difficultés à attirer nos jeunes collègues. Beaucoup d’entre eux, pris dans l’urgence des commencements et confrontés à des conditions d’enseignement souvent pénibles, sont demandeurs d’aide pour leurs cours. Ils trouvent de nombreuses ressources, de qualité très inégale, sur l’Internet, mais à peu près rien sur le site de l’APPEP.
4Nous devons donc multiplier les occasions d’échange. Dans cette perspective, un groupe de travail sur l’enseignement dans les séries technologiques a été créé. Son objectif est d’asseoir d’éventuelles propositions de changement sur un diagnostic précis des difficultés réelles rencontrées par les élèves. Là encore, il ne faut pas laisser d’autres parler à notre place de notre métier. Seuls les professeurs connaissent les difficultés, mais aussi la curiosité des élèves et savent les articuler aux exigences d’un enseignement philosophique. Tout adhérent peut participer à ce groupe de travail en envoyant un message à bn@appep.net.
5Mais nous devons aussi proposer à nos collègues des ressources utiles à leur enseignement. En prélude à cette entreprise considérable, le bureau national a décidé de répondre positivement à la demande du ministère de mettre à la disposition de nos collègues de toutes les disciplines des matériaux qui les aideront à aborder en classe les questions liées à la laïcité [2]. C’est le motif de l’appel à contribution que vous trouverez ci-dessous.
6En dépit des circonstances tragiques qui ont suscité la demande du ministère, nous nous réjouissons que l’on se tourne vers les professeurs de philosophie pour leur demander des clarifications théoriques et les ressources critiques nécessaires à la lutte contre l’obscurantisme et le fanatisme. Un hommage est ainsi rendu à leur travail. Cela implique qu’aucune interrogation ni aucune perspective d’analyse ne sauraient a priori être exclues. Les professeurs de philosophie sont ainsi amenés à exercer pleinement leur responsabilité. L’APPEP entend apporter sa contribution à cette tâche éducative et philosophique, incompatible avec l’autoritarisme et le conformisme.
726 janvier 2015